Secret professionnel, secret médical
et secret partagé : un sujet sensible
Le secret médical est un sujet
toujours d’actualité. Le
texte fondamental reste la Décla-
ration Universelle des Droits de
l’Homme (1948) : «Tout individu
a droit à la vie, à la liberté et à la
sûreté de sa personne». Le Code
civil rappelle que : «Chacun a
droit au respect de sa vie privée».
Le Code pénal énonce l’obliga-
tion de secret médical pour les
professionnels de la santé et pré-
voit les sanctions pénales en cas
de manquement à cette obliga-
tion, tandis que le non respect de
la discrétion professionnelle peut
conduire l’agent à de simples
sanctions disciplinaires.
Suivant l’article 226.13 du nou-
veau Code pénal du 1er mars
1994, la révélation d’une infor-
mation à caractère secret par une
personne qui en est dépositaire,
soit par son état ou par sa pro-
fession, soit en raison d’une
fonction ou d’une mission tem-
poraire, est puni d’un an d’em-
prisonnement et de 100 000 F
d’amende.
Les obligations et les droits des
fonctionnaires ont pour origine
la loi du 13 juillet 1983. Les
obligations se déclinent en trois
grands groupes :
• obligation de servir,
• obligation de dévouement,
• obligation de réserve.
L’obligation de dévouement est
une obligation de morale profes-
sionnelle. Elle impose au fonc-
tionnaire, en particulier, une
obligation de discrétion profes-
sionnelle et de silence.
Le secret professionnel concerne
non seulement les fonctionnaires
ayant une profession soumise au
secret, principalement dans les
domaines de la santé, de la justi-
ce et du social, mais aussi les
fonctionnaires soumis au secret
en raison d’une mission spéci-
fique. Tous les renseignements
confidentiels relatifs aux per-
sonnes sont soumis au respect
du secret professionnel. Il est
ainsi imposé dans l’intérêt des
personnes alors que la discrétion
professionnelle l’est plutôt, dans
l’intérêt de l’administration.
La vigilance s’impose
A l’hôpital, le secret médical, sy-
nonyme de respect de la vie pri-
vée, pose des problèmes spéci-
fiques. L’évolution technique de
la médecine fait que le malade
n’est plus seul devant son méde-
cin. Un nombre important de
professionnels a accès aux dos-
siers médicaux. Des moyens mo-
dernes de communication, tels
l’informatique, l’usage du téléco-
pieur, l’audiovisuel, sont large-
ment utilisés. L’exercice de la mé-
decine en équipe, en réseau a
conduit à introduire en pratique
la notion de secret partagé. Le
patient qui s’adresse à l’hôpital,
est pris en charge par une équipe
de soins, y compris internes et
étudiants. Le secret se partage
avec toutes les personnes don-
nant les soins. Le secret médical
est confié à l’équipe. Mais ce
concept de “secret partagé” n’a
aucune existence juridique.
L’exercice de la médecine en
équipe, utile pour la prise en
charge globale du patient, a
conduit à prolonger cette notion
pratique de secret partagé.
Le secret partagé ne signifie tou-
tefois pas le partage complet,
sans discernement. Les éléments
à transmettre doivent rester ceux
qui sont nécessaires et pertinents
pour les soins du patient. L’auto-
risation du malade est toujours
souhaitable. De façon générale,
chaque professionnel doit se
poser la question avant tout
échange d’informations, du ca-
ractère indispensable ou non de
cette transmission et de l’utilisa-
tion qui en sera faite.
Le partage du secret avec les
proches du patient, indispen-
sable dans le cas d’enfants mi-
neurs ou de majeurs handicapés,
n’est pas obligatoire et ne doit
pas être automatique, et fait sans
discernement. Le malade peut
interdire, en effet, cette révéla-
tion. Quant au dossier médical,
c’est un document privé et confi-
dentiel. Sa transmission ou sa
consultation est utile pour éviter
de refaire des examens complé-
mentaires, par exemple, mais
l’équipe ne doit pas le communi-
quer sur simple demande.
Les risques sont réels
Les menaces auxquelles le secret
médical est exposé sont nom-
breuses. La médecine étant deve-
nue un enjeu de société, cela
pose des questions qui font l’ob-
jet de débats publics (exemples :
sida, toxicomanie, maladie de la
“vache folle”). La société, les mé-
Dans les services de soins, face aux nouveaux moyens
de communication, les professionnels doivent s’inter-
roger sur le partage des informations médicales.
L’importance du secret professionnel et, en particu-
lier le secret médical, explique les nombreux docu-
ments officiels. A méditer pour optimiser les soins.
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