PRÉFACE
Observons-le à brûle-pourpoint: le sujet que traite
l'ouvrage du professeur Joseph EPEE EKWALLA, le
syndicalisme, pourrait surprendre un public initié et avisé.
En effet, « la fm de l'histoire» que claironne l'un des
intellectuels organiques du libéralisme triomphant de ces
dernières décennies, s'est accompagnée, du moins en
apparence, de la défaite du socialisme et du communisme et,
partant, du déclin de leurs alliés, singulièrement le
mouvement ouvrier. Avec la montée en puissance des
idéologies et forces capitalistes et, concomitamment,
l'effacement progressif de celles de gauche, on assiste un peu
partout, à travers le monde, à l'affaiblissement des syndicats
dont les oiseaux de mauvais augure annoncent d'ailleurs la
fm prochaine. Pour nombre d'analystes, « le dernier
homme» de Francis FUKUYAMA sera libéral et démocrate
mais assurément pas syndicaliste.
Produire, dans cette perspective, un livre sur le
syndicalisme, n'est-ce pas se voiler la face devant les réalités
du monde contemporain? N'est-ce pas, pour un intellectuel,
se condamner à tenir un discours éthéré, désincarné, sans
aucune prise sur la société et sans aucune possibilité d'action
sur celle-ci? Quelle serait alors l'utilité ou l'opérationnalité
d'un tel discours et d'une telle démarche?
A vrai dire, et au risque, inverse, de surprendre le
lecteur, la publication du professeur Joseph EPEE
EKW ALLA ne constitue nullement une œuvre de
circonstance, connectée à je ne sais quelle actualité récente
ou immédiate; c'est un travail qui se veut enraciné non
seulement dans la durée historique mais encore dans la
solidité et la permanence du sacro-saint principe de l'esprit
scientifique, et donc de la méthode sociologique: la rupture