III)Le régime crétois - Comment le régime crétois protège-t

Comment le régime crétois protège-t-il des
maladies cardio-vasculaires ?
La Crête, petite île de la Méditerranée, a connu au IIIe et II e millénaires avant J.-C.
une brillante civilisation, la civilisation minoenne, qui a construit de nombreux palais,
comme ceux de Cnossos, de Phaistos, et de Malia.
Aujourd'hui, elle est célèbre par l’ âge avancé auquel parvient une grande proportion
de ses habitants, et par le faible taux de mortalité dû aux maladies cardio-vasculaires. La
longévité des Crétois a donc longtemps intrigué les médecins et scientifiques : dans les années
1950, la Crête avait la plus grande espérance de vie, et il n’y a aujourd’hui que 0,04 infarctus
pour 10000 habitants.
Mais comment les Crétois sont-ils protégés contre les maladies cardio-vasculaires ?
I)Introduction
-Les découvertes
-L’étude des 7 pays
Depuis les années cinquante, diverses études épidémiologiques ont montré que des
différences de régime alimentaire jouent un rôle important dans les maladies cardio-
vasculaires. Le cholestérol avait été désigné comme étant le responsable de l’infarctus du
myocarde, qui tue 35 % des Occidentaux (en France, chaque année 170000 personnes
meurent de maladies cardio-vasculaires, soit un tiers de la mortalité globale, ce qui constitue
la première cause de mortalité) ; c’est pourquoi il était recommandé de réduire la
consommation de graisses, viandes et de fromages.
Pour faire la preuve de cette affirmation, un nutritionniste Américain, Ancel Keys
entreprit en 1956 une très importante enquête pour comparer la mortalité coronarienne et les
habitudes alimentaires de 7 pays occidentaux. Chaque pays s’engagea à faire observer un
minimum de 1000 hommes âgés de 40 à 60 ans, qui seraient suivis sur plusieurs années.
Après 10 ans de suivi, les pays d’Europe du Sud et le Japon révélaient une meilleure
espérance de vie que les pays nordiques, et la Crète affichait le taux de mortalité le plus faible
de tous les groupes (cf tableau).
De plus, la relation entre la mortalité par maladies cardio-vasculaires et taux de cholestérol
était si étroite dans tous les groupes, qu’on la considérait comme une certitude ; alors que le
taux de cholestérol des Crétois n’était pas très bas, même plus élevé que celui des Japonais,
des habitants de Corfou est presque aussi élevé que celui des Italiens (cf graphique), ce qui
était très étonnant.
Depuis ces résultats, des contrôles médicaux réguliers concernant 700 Crétois ruraux
ont montré qu’ils ont le taux le plus bas de décès par maladies cardio-vasculaires : 20 fois
moins d’infarctus que dans les autres pays occidentaux, et 12 fois moins que les Italiens.
En 1991, trente et un an après le début de l’étude, il a été constaté que 50 % des
Crétois de l’enquête initiale étaient encore en vie, alors que les Finlandais étaient tous morts.
-L’étude de Lyon
En 1988, des docteurs Français, Serge Renaud et Michel de Lorgeril, ont commencé
une étude sur 600 patients qui venaient d’avoir un infarctus, à l’hôpital cardio-vasculaire de
Lyon, pour trouver les origines de la protection dont bénéficiaient les Crétois.
Un des groupes de ces patients a reçu l’alimentation recommandée par les cardiologues et
l’American Heart Association en cas de problèmes cardio-vasculaires : ce régime faisait
baisser le taux de cholestérol et réduisait les graisses (30 % des calories provenaient des
graisses, dont 10 % de graisses saturées, 10 % de mono-insaturées et 10 % de poly-
insaturées).
Un autre groupe a reçu une alimentation du type régime crétois, riche en oméga 3 : fruits en
abondance, pain, légumes secs et verts, poisson, volaille, yaourts et fromages de chèvre et de
brebis, ainsi qu’une consommation modérée de vin.
Au bout de 27 mois d’études, les chercheurs ont constaté une baisse de 70 % à 80 %
du nombre d’infarctus dans le groupe des patients nourris au régime crétois 16 décès d’origine
cardiaque dont 8 morts soudaines dans le groupe témoin, contre 3 décès dans le groupe crétois
Taux de mortalité pour 10000 habitants dans l’étude des sept pays après 10 ans de suivi
Pays Mortalité toutes
causes
Mortalité par maladies
cardio-vasculaires
Pourcentage de mortalité
par maladies cardio-
vasculaires par rapport à
la mortalité totale
Finlande 1390 466 33.5 %
Etats-Unis 961 424 44.1 %
Pays-Bas 1134 317 27.9 %
Italie 1092 200 18.3 %
Yougoslavie 1021 145 14.2 %
Grèce (Corfou) 847 149 17.6 %
Japon 1200 61 5.1 %
Crète 627 9 1.4
et aucune mort soudaine (cf tableau). Le sang des personnes de ce dernier groupe affichait
également des taux plus élevés en éléments protecteurs (vitamines C et E, oméga 3), ainsi que
des taux d’éléments « nocifs » bien inférieurs à ceux des groupes témoins.
Comparaison entre les deux groupes
Groupe témoin Groupe
« crétois »
Nombre de personnes 303 302
Oméga 3 (acide alpha-linoléique) en % des calories 0,27 0,81
Oméga 6 (acide oléique) en % des calories 10,5 12,9
Infarctus 33 (11,2 %) 8 (2,6 %)
Insuffisances cardiaques 59 (19,5 %) 14 (4,6 %)
Décès cardiaques 16 (5,3 %) 3 (1,0 %)
Décès toutes causes 20 (6,6 %) 8 (2,6 %)
Cancers apparus après 24 mois 12 (4,0 %) 2 (0,6 %)
De plus, le risque de tous les accidents d’origine cardio-vasculaire (insuffisance
cardiaque, accidents vasculaires cérébraux, thrombo-embolies) était spectaculairement réduit.
D’autres études ont prouvé que le climat, l’hérédité, le mode de vie, l’absence de stress
et la pollution faible dont bénéficiait la Crète ne pouvait pas expliquer le résultat obtenu. C’est
pourquoi il a été déduit que l’alimentation particulière des crétois en était à l’origine. Les
bienfaits du régime crétois ont donc été vantés
-Composition
Le régime crétois « type » se compose
-d’une abondance d’aliments d’origine végétale : pain, pâtes, céréales, légumes frais,
fruits, noix.
-peu de viande mais du poisson
-d’huile d’olive comme principale matière grasse
-de vin en quantité modérée
Le menu crétois « idéal » :
Petit déjeuner
Un jus d'orange ou de pamplemousse frais
-
Une ou deux tranches de pain complet ou un bol de céréales ou une portion de gâteau de noix
-
Une cuillère de fructose ou de miel si vous le désirez
-
Un yaourt ou 1 œuf
-
Café ou thé ou tisane
Déjeuner
Crudités à l'huile d'olive ou de colza ou de noix
-
100 à 150 grammes de viande ou de volaille ou 200 grammes de poisson ou de fruits de mer
ou d'escargots
-
80 à 100 grammes de pâtes ou de riz (si vous n'en mangez pas le soir)
-
100 grammes de légumes cuits
-
Fruits si vous le désirez
-
Une ou deux tranches de pain paysan ou complet
-
Un à deux verres de vin rouge
Goûter
Fruits ou jus de fruits frais
Dîner
Soupe ou salade de légumes cuits à l'huile d'olive ou de colza ou de noix
-
80 à 100 grammes de légumineuses, de pâtes ou de riz
-
1 œuf ou 80 à 100 grammes de fromage ou 150 grammes de yaourt
-
Fruits ou desserts « sain » (à base de fruits cuits, fruits secs, miel, yaourt, fructose ou miel)
-
Une ou deux tranches de pain paysan ou complet
-
Un à deux verres de vin rouge
II)Le régime occidental
-Le cholestérol
La grande majorité des maladies cardio-vasculaires est liée à un processus lent
dénommé « athérosclérose ». L'athérosclérose a pour mécanisme la formation de plaques dans
les artères coronaires. Cette formation commence dès l'enfance mais ne s'observe guère avant
20-25 ans. La théorie la plus plausible est celle du pathologiste allemand Rudolf Virchow qui
a été émise au milieu du XIX e siècle, c'est la théorie de l'inflammation, et un des agents
d'irritation qui concourt à la formation et à la progression des plaques d'athérosclérose est
l'excès de cholestérol.
Le cholestérol est une substance grasse, proche des lipides, de la famille des stérols, et
qui ne possède qu'une forme. Il est indispensable à l’organisme. Non seulement c’est le
composant essentiel des membranes cellulaires et de la bile, mais il est aussi le précurseur des
hormones sexuelles (testostérone et œstrogène), des corticoïdes, et du calciférol. Son origine
est pour un quart l'alimentation, grâce aux aliments d’origine animale qui en apporte 300 à
700 mg par jour, et pour les trois quarts par le foie qui le synthétise en quantité importante,
l’organisme en fabrique 700 à 1250 mg par jour. Pour parvenir dans les tissus qui en ont
besoin, il doit circuler dans le sang, mais pour un lipide cela est difficile. Il faut qu'il soit
accompagné par un transporteur, des lipoprotéines. Le cholestérol circulant dans le sang, de
l'ordre de 2g par litre chez l'homme, soit 11g au total, se distribue par moitié dans les globules
rouges et pour moitié dans le plasma.
Après avoir synthétisé le cholestérol, le foie l'empaquette dans des petites billes, les
LDL, ou lipoprotéines de faible densité (1.006 à 1.063 g/l). Les LDL sont des particules
sphériques associant lipides et protéines. Elles sont constituées d'une monocouche externe où
figure une protéine particulière, l'apolipoprotéine B (apo B), entourant un noyau formé de
triglycérides et/ou d'esters de cholestérol. Une particule de LDL contient environ 3600 acides
gras, dont la moitié sont des acides gras poly insaturés (AGPI). Les LDL contiennent
également des antioxydants, dont le plus important est l'a-tocophérol (vitamineE). Ce sont les
LDL qui permettent au cholestérol d'intégrer librement la circulation sanguine et de pénétrer
dans les membranes.
Dans leur forme native, les LDL ne sont pas dangereuses, par contre lorsqu'elles sont
en grande quantité dans le sang, elles peuvent franchir la paroi des artères, et se glisser sous
l'endothélium. Dans la paroi, elles s'accumulent et subissent l'action des radicaux libres qui les
oxydent. Les macrophages sont très avides de ces LDL modifiées : ils les absorbent, ce qui
provoque leur transformation en cellules "spumeuses" (c'est-à-dire d'aspect "mousseux").
L'accumulation des cellules spumeuses dans l'intima aboutit à la formation de ce que l'on
appelle les stries lipidiques. C'est le début d'une réaction en chaîne conduisant à la formation
d'une plaque jaunâtre, dite d'athérome, de dépôt graisseux pouvant se calcifier et entraîner le
durcissement de l'artère (surtout si l’on fume), en réduisant donc son diamètre libre. Ce
rétrécissement réduit l’approvisionnement en éléments nutritifs et en oxygène du territoire du
corps irrigué par l’artère en question.
Selon l’artère touchée, l’athérosclérose se traduit par diverses manifestations. Le cœur,
lui-même est au premier rang des organes touchés, avec l’insuffisance coronaire, c’est
l’angine de poitrine, puis l’infarctus du myocarde, car les plaquettes sanguines ont tendance à
adhérer entre elles, le sang risque ainsi de s’épaissir et de former des caillots (thrombose).
L’infarctus peut être mortel s'il touche un territoire étendu du cœur. Le plus souvent, la partie
indemne du cœur supplée au déficit. Lorsque l’athérosclérose concerne une des artères
irriguant le cerveau, on risque un accident vasculaire cérébral, appelé « attaque cérébrale
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