
structure politique cohérente au niveau international. Nous porterons donc une attention
particulière aux implications politiques des relations -et des conflits- économiques.
Secundo, ce papier est axé sur la conviction que la portée des mutations intervenues
au niveau du système international ne peut être maîtrisée que par une nouvelle
combinaison des deux approches traditionnelles des relations internationales : la théorie
réaliste et la théorie idéaliste. Il s'agit donc modestement de laisser de côte les formulations
éclatantes, les plaidoyers brillants, les théories extrêmes. En langage littéraire, et suivant
Umberto Eco, nous ne partageons ni les approches des obsédés de l'Apocalypse, ni celles
des prôneurs hyperoptimistes de l'intégration: "l'Apocalypse est l'obsession du désaccord á
tout prix; l'intégration est la réalité concrète de ceux qui ne sont pas en désaccord. Les
apocalyptiques survivent en confectionnant des théories sur le déclin et la fin du monde;
les intégrés rarement formulent des théories mais oeuvrent plus facilement, produisent,
émettent leurs messages quotidiens á tout niveau. Les apocalyptiques, au fond, sont des
consolateurs car, dans la catastrophe générale, une communauté de super-hommes est
envisagée, capables de s'éléver, ne fût-ce que par leur refus, au-dessus de la moyenne"
†
.
La littérature scientifique internationale est, en effet, très partagée sur les caractères
du monde post-bipolaire et sur la place à attribuer aux tendances vers la régionalisation. La
première question est de savoir si nous assistons á une percée de la concentration des
pouvoirs économiques et politiques (notamment á un monde unipolaire, stable pour
certains, instable pour d'autres ) ou plutôt á une diffusion des pouvoirs dans le sens d'un
multipolarisme renforcé et durable.
Ce papier ne partage pas la perspective théorique du monde unipolaire et accepte la
thèse selon laquelle nous assistons à un retrait graduel des Etats-Unis, seule superpuissance
qui ait survécu à la fin du monde bipolaire. Certes, il ne s'agit ni d'un déclin généralisé, à la
fois économique et politique, ni d'un retour à l'isolationnisme classique. Simplement, les
USA ne sont pas en condition (et, en majorité, ils ne le veulent pas !) d'assumer un rôle
international comparable à celui qu'ils ont joué durant les premières décennies de l'après-
deuxième guerre mondiale ("le golden age" du capitalisme occidental, dont écrit Eric
Hobsbawm
‡
). Le retrait de l'ancienne puissance mondiale hégémonique ne manque pas de
†
U.Eco, Apocalittici e integrati. Bompiani, Milano,1977.
‡
E.Hobsbawm, The Age of Extremes, London 1995.