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PERIODE PERINATALE
I. Aspects psychoaffectifs de la grossesse et de la maternité
L’état psychique de la femme enceinte est bien particulier et varie au cours de la
grossesse. Dans le courant psychanalytique, la grossesse est décrite, comme peut l’être
l’adolescence, comme une crise maturative, période de conflictualité exagérée où
interviennent de multiples facteurs: hormonaux, neuropsychologiques, sociologiques,
ethnologiques qui contribuent à des aménagements conscients et inconscients de la
femme devenant mère. Alors qu’à l’adolescence l’enjeu est de renoncer à l’enfance pour
aborder l’âge adulte, au cours de la première maternité, l’enjeu est de changer de
génération, et ce de façon franche et irréversible. Instant de profonds remaniements
psychiques, la grossesse nécessite une adaptation et entraîne une mobilisation
psychique intense.
RACAMIER, en 1961, introduit le terme de maternalité, emprunté à l’anglais
motherhood, il désigne en cela «l’ensemble des processus psychoaffectifs qui se
développent et s’intègrent chez une femme lors de la maternité» (1). La maternalité
commence au désir d'enfant réalisé ou non, se poursuit pendant la grossesse et après
l'accouchement, elle s'estompe et s'arrête à la séparation psychique de la mère et de
l'enfant (vers la fin de la première année).
La maternité, cet état de transition, de crise se caractérise par des déplacements et des
réajustements d’investissements libidinaux, par l’activation ou la réactivation de conflits
inconscients et enfin fait référence à la relation première à la propre mère.
Monique BYDLOWSKI propose la notion de « transparence psychique de la
femme enceinte» caractérisée par un état de susceptibilité où des fragments de
l’inconscient viennent à la conscience et où le refoulement ne peut plus assurer sa
fonction protectrice. C’est alors que les souvenirs traumatiques du passé tendent à
envahir la conscience. L’auteur indique que la grossesse «inaugure l’expérience d’une
rencontre intime avec soi-même». Cela laisse entrevoir de grandes variations
interindividuelles: depuis la jeune femme enceinte, qui, ayant constitué un bon objet
interne lorsqu’elle était bébé aura une grossesse paisible, jusqu'à celle qui, ayant au
contraire fait précocement l’expérience de soins insuffisants risquera au cours de sa
grossesse, de revivre des angoisses primitives. (2)