CM Psychosociologie CM - TD Lucie Alves 2009-2010 Psychosociologie PROGRAMME Introduction I. II. III. IV. V. VI. VII. La spécificité de l’approche psychosociologique : définitions, niveaux d’analyses et méthodes. Les groupes Les normes et influences sociales La question du pouvoir La personne et l’identité sociale Les représentations sociales Exercices d’application et études de cas : o « 12 hommes en colère » (film) o « Le développement de l’Hématomicine » (étude de cas) o « Etes-vous un persuadeur ? » (QCM) o « Le service entretien du métro parisien » (étude de cas) o Extrait de « I comme Icare » (film) Bibliographie générale Evaluation du module : CC, écrit et oral. Faire dossier avec un groupe sur un sujet que l’on veut. CC : un écrit de notre choix (dossier) & un oral à l’appui Phénomène psychosocial (expérience, film, ouvrage, article…) : travail pour un dossier LISTE D’OUVRAGES : Moscovici Serge, Psychologie sociale, PUF, 1992 Maisonneuve Jean, Introduction à la psychosociologie, PUF, 2000. Bouquin Stephen (direction), Résistances au travail, Ed. Syllepses, 2008 Courpasson David et Thoenig Jean-Claude, Quand les cadres se rebiffent, Vuibert, 2008 Beauvois Jean-Léon et Robert-Vincent Joule, Soumission librement consentie, PUF, 1998 Cerclé Alain et Sonnat Alain, Psychologie Sociale, Dunod, 2002. 2 Psychosociologie INTRODUCTION Classification des sciences proposée par Jürgen Habermas dans un ouvrage Théorie de l’agir communicationnel, édition Fayard, 1987 IL Y A TROIS GRANDES CATEGORIES : THEORIE METHODOLOGIE ORIENTATION INTERET BUT VISE extension du pouvoir de l’Homme sur la nature empiricoanalytiques théorie explicative NATURE hypothéticodéductive succès efficacité connaissance technique historicoherméneutiques théorie interprétatives TRADITION interprétation et traduction, analyse de contenu entente compréhension du sens communication sociale et Intercompréhension praxéologiquescritiques science de l’activité (socio, éco… psychanalyse, psychosociologie…) ACTIVITES HUMAINES connaissance émancipatrice modification de la société, projet de libération (but : destruction des rapports figés et dissolution des apparences) observation, entretien, enquêtes d’opinion critique transformation A l’origine de la psychosociologie se sont des interventions de terrain, elle s’est constituée en tant que réponse de question sociale. L’ambition plus gde et plus vaste qui vise la transformation internationale. 3 Psychosociologie LA SPECIFICITE DE L’APPROCHE PSYCHOSOCIOLOGIQUE : DEFINITIONS, NIVEAUX D’ANALYSES ET METHODES. DEFINITIONS : Psychosociologie sociale : étude du conflit entre individu et société. Science qui est phénomène de l’idiologie et de communication. Psychosociologie : étude des groupes, organisations et institutions. Tous les ensembles concrets dans lesquels l’individu est pris et médiatise sa vie personnelle à la collectivité. L’individu passe par une institution (pas de direct). Étude de processus conscients et inconscients qui intervient dans les rapports individu/groupe (proposé par E. Enriquez). Certains ont un regard ternaire : l’objet est toujours médiatisé par l’autre. Á travers les autres on regarde le monde (cf. Sartres « l’enfer c’est les autres »), l’autre est déterminant dans la manière de percevoir l’objet. Il y a une remise en cause de la vision. METHODE ET NIVEAU D’ANALYSE : Observation : technique de recueil de données de manière directe (c.-à-d. tout noté) qui donne accès à des données dîtes « pures » cependant l’observateur à une influence dessus, ou de manière indirecte c.à.d. qu’on n’intervient pas directement mais grâce à un objet (caméra par exemple). Elle est très intéressante car elle permet une richesse de donnée mais elle coûte. Questionnaire (anonyme sinon peut être biaisé) : observation indirecte. Devient une observation filtrée par la manière de l’individu de voir les choses. Lors d’un questionnaire les gens analysent, et risquent de changer leur réponse (pour ne pas décevoir, pour avoir image de soi-même très bonne). Outils de communication avec explications obligatoires pour l’enquêter (donc amène à faire une introduction : qui on est, pour qui on travaille, objet de recherche, les données seront pour tel ou tel fin…). Toute communication est un échange d’information. IL FAUT ABSOLUMENT UNE OU DES HYPOTHESE(S) DE TRAVAIL QUI PERMETTRA DE DEFINIR LE NOMBRE DE QUESTIONS. Comment traiter les questions posées ? En faisant un tableau comme suit et en se posant les questions pour savoir ce que pourrait répondre le public. Sujet 1 Sujet 2 Sujet 3 Q1 Q2 Qn 4 Psychosociologie L’entretien : on ne peut pas en faire des centaines. o Non directif : le chercheur pose 1 ou 2 question(s) mais pas plus. o Méthode utilisée pour chercher le sens que les gens attribuent à tel ou tel comportement, activité… il faut laisser les gens parler, et rebondir sur ce qu’ils disent formant ainsi la trame de l’entretien. Il y a tjrs un tps de latence (5 à 15min) ; il faut revenir à ce que l’on souhaite en reformulant la question. o Il faut du temps : il ne peut pas être fait à la va-vite. Il faut minimum 1heure. o Prévoir comment analyser le contenu par la suite. Analyse de contenu : facilité par la recherche d’hypothèses précises. On a de plus en plus d’outils comme Ethnos (Version d’évaluation), Modalisa, Lesphinx (Version d’évaluation). L’expérimentation : il est obligatoire d’avoir une hypothèse. Elle suppose des variables. Exemple : nombre d’heure devant la télé -1h 1 à 3h +3h Groupes expérimentaux G1 G2 G3 Groupe Contrôle Recherche-action : dispositif d’expérimentation dans lequel les principaux concernés sont impliqués. Les principaux concernés peuvent produire de la connaissance. Niveaux d’analyses : o o o o INTRA-INDIVIDUEL : voir comment un individu perçoit et comment il va se comporter avec un environnement. INTERINDIVIDUEL OU SITUATIONNEL : comprendre comment les processus interindividuels se déroulent dans une situation donnée. POSITIONNEL : cerner l’effet de la position sociale dans l’interaction entre différentes catégories de personnes ou de sujets. IDEOLOGIQUE : comprendre comment se reproduisent les idiologies et les systèmes de croyance. 5 Psychosociologie LES GROUPES En 1937 les responsables d’une grande multinationale de Western Electric en à Hawthorne avaient constaté de grave disfonctionnement (absentéisme, accident du travail) alors qu’ils avaient essayé de changer un certain nombre de choses. A la suite de ce constat, ils ont fait appel à Elton Mayo (psychosociologue) pour examiner ce problème. Celui-ci avait carte blanche. Il créa un dispositif : un groupe où il ne change rien et un autre groupe où il change plusieurs choses (éclairage, pause…) et fais des relevés sur ce qui n’allait pas (pause, absences…). Au bout de quelques mois, il constate une amélioration dans les deux cas. Dès l’instant que les gens savaient qu’ils étaient dans une expérimentation, ils changèrent leur comportement. Après il a voulu en savoir d’avantage : comment fonctionne ce groupe. Il a demandé à des volontaires pour faire l’objet d’observation particulière (avec de temps en temps un entretien personnel). Les ouvriers ont changé positivement car on s’occupait d’eux. De plus il découvre qu’il y a eu un ralentissement des chaines comme avant : il émit l’hypothèse qu’il y avait une norme sou jacente dans un groupe. Elton Mayo avait mis l’accent sur le fait que quand il y a un meilleur moral, la production s’améliorait d’ellemême. Cela a été une petite révolution en sociologie. QU’EST CE QU’ON APPELLE « UN GROUPE » ? Ensemble d’individu qui interagissent entre eux et poursuivent des objectifs communs. Caractéristiques : les interrelations socio-affectives et/ou socio-opératoires, sentiment d’interdépendance et d’appartenance, objectifs communs. GROUPE PRIMAIRE (FAMILLE) : petit nombre d’individus, restreint, relations socio affective très forte et adhésion à des valeurs sociales communes. Selon Martin, dans un groupe restreint il n’y a pas d’anonymat, et la vision est individualisée, personnalisée. Il y a des buts communs, des relations fortes à tel point que des sous-groupes peuvent se créer. Indépendance des membres, et sentiment de solidarité. Différenciation des rôles. Constitution de norme interne (croyance, rites, code). GROUPE SECONDAIRE (DANS UNE ORGANISATION DE TRAVAIL) : organisation d’individus qui ont des relations socio-opératoires qui règlent les conduites avec un ensemble de convention. Organisation structurée (entreprise) avec une répartition formelle et codifiés des tâches et fonctions. Système d’autorité pour assurer la direction, le contrôle des ordres. Modalité de communication pour la circulation des infos. Définition d’un système de reconnaissance des actions de chacun. LA DYNAMIQUE DE GROUPE. Chaque groupe a une dynamique : cette conception est due à Kurt Lewin (1947). Il y a trois sources d’influence : o L’essence d’un groupe réside moins dans la similitude que la dissemblance de ses membres que dans leur interdépendance. On peut caractériser une groupe comme un tout dynamique ce qui signifie qu’un changement dans l’état d’une quelque conque partie change l’état de toutes les autres sousparties. L’action de l’individu est influencée par la relation qu’il établie avec son environnement. Cette interdépendance est appelée un champ dynamique ou une force en équilibre. 6 Psychosociologie o La manière dont individu interprète les différents facteurs de l’environnement psychologique. C’est ce qu’on appelle le champ psychologique. o A l’intérieur du groupe se développe toujours un système de tension (positive et négative) qui correspond aux jeux des désirs et de défense. Par exemple la conduite de réunion : il faut rétablir un équilibre plus ou moins stable. Un petit groupe est un vrai laboratoire social. C’est un lieu où l’on observe les comportements et où s’opèrent les changements grâce à de nombreux apprentissage. Il faut identifier les processus dynamiques et voir comment les individus vont s’approprier les principes et agir. FORCE POSITIVE – CHAMP DYNAMIQUE (équilibre plus ou moins stable) – FORCE NEGATIVE Kurt imagine deux situations : d’un côté, il prend un diététicien et propose à des ménagères de voir les biens faits diététiques grâce à un système de conférence. De l’autre côté, il prend le même nombre d’individu qu’il divise en plusieurs petit groupe. A la sortie il fait passer un questionnaire pour voir s’il y a l’effet immédiat d’acheter. C’est alors qu’on constate que dans la conférence il y a 3/10 qui disent oui alors que dans les petits groupes il y en a 7/10. Grâce à cette expérience on comprend que les petits groupes se sentent plus concernés, existés. Ils peuvent réfléchir, débattre, influencer ou être influencés, se mettre en conflit… Ce conflit permet une évolution psychologique au niveau des comportements. Le consensus amène des changements. Deux éléments THÉORIQUES: Les habitudes alimentaires font parties des normes de groupe. Si on veut les changer, il faut considérer les changements comme un processus qui arrive à un état quasi-stationnaire ou à un équilibre plus ou moins stable. Il faut agir sur le niveau de résistance de changement, et faire baiser les forces qui s’y opposent grâce à la discussion dans un petit groupe pour permettre à l’individu d’adhérer au changement, à ce qui lui est proposé. Il existe trois types de climat social: Changement Climat « autoritaire » (pas de discussion, ordre) Climat « laisser faire » (aucune directive) Climat « démocratique » (discussion de tous) Il sera plus consenti qu’accepté Pas favorable car les gens sont livrés à eux même. Le plus favorable Avec le climat « autoritaire » on peut obtenir de la quantité mais pas forcément de la qualité ce qui n’est pas le cas avec le climat « démocratique ». POUR FAVORISER L’ADHESION DE L’INDIVIDU LE CLIMAT « DEMOCRATIQUE » EST LE PLUS POSITIF. LEWIN N’A PAS REPONDU A TOUTES LES QUESTIONS COMME CELLES DE DESIRS, PROJECTIONS… L’individu n’a pas d’existence en dehors des champs sociales. Individu est entre l’expression de son désir propre et le désir d’être reconnu par les autres, de groupe. 7 Psychosociologie L’APPROCHE PSYCHANALYTIQUE Il y a cinq axes qui peuvent spécifiés l’approche psychanalytique : LE RAPPORT ENTRE REALITE PSYCHIQUE ET HISTORIQUE : Totem et tabou (1913), dans cet ouvrage Freud faisait l’hypothèse selon laquelle à l’origine il existé une horde primitive dans la quelle il y avait un grand mâle qui se réservait la possession de toutes les femmes mais ses fils se sont révoltés et le tuèrent. Pris de remord, ils auraient idéalisé cet être et l’aurait transformé en totem, en dieu qui serait garant de la communauté et de l’amour. Ils ont fait ça pour réguler la rivalité entre frères. Pour Freud, cette élévation du Totem est la naissance de la culpabilité qui se développe et création d’organisation sociale et de religion. Il n’y a pas de société sans symboles, sans légende de son créateur. Ce mythe sont les mêmes pour toutes les sociétés : chaque société a besoin de se référer à un ordre transcendant, garant d’une existence d’une société régie par des règles stables et acceptées par tous. LES DEUX PULSIONS ANTAGONISTES : EROS (GREC : AMOUR) ET THANATOS (LA MORT). Freud a défendu leur existence car pour lui ceux sont les deux pulsions qui régissent l’existence des êtres et des sociétés. La pulsion d’amour permet de conserver la substance vivante et multiplier les liens entre les être vivants, c’est ce qui fait un ordre social et humain. C’est ce qui est à la base de l’amour, la famille, l’amitié… et ces éléments sont indispensables au fondement et à la perpétuation des institutions. A l’inverse, la pulsion de mort est une réduction des tensions à l’état zéro, état inorganique et homogène. C’est la pulsion de destruction. Elle peut être tournée soit vers l’extérieur soit vers soi. Quelque qu’il en soit, la pulsion a pour visé des faire s’écrouler l’organisation social que l’homme a créer, comme par exemple la Guerre. Frustration agressivité objet (extérieur) Soi individu ou groupe (famille) LE ROLE DE L’INDIVIDU DANS L’ORGANISATION SOCIALE. Psychologie des foules et analyse du moi, Freud. Pour lui les frères culpabilisaient et idéalisaient alors que pour eux ce n’était que la force brutale. Ils créent une forme de pouvoir dérivant de la pulsion de mort éprouvée autrefois. Le leader devient l’héritier omnipotent du chef de la horde. Une civilisation se crée à partir de la violence du père et de la violence de retour du fils. Dans un autre ouvrage, L’homme Moïse et la religion monothéiste (1939), il explique que le groupe est crée par un chef aimant tous les membres d’un amour égal, ayant avec eux une relation duelle (relation de nature sexuelle), façonnant son groupe par hypnose et devenant l’objet commun du groupe placé par chacun à la place de son idéal du moi. Il naît aussi par un acte d’amour spontané de la part du chef qui procrée le groupe par parthénogenèse c.à.d. à partir d’un ovule non fécondé. Il n‘y a pas de groupe sans père. LA CIVILISATION ET L’ORGANISATION AU PRIX DU RENONCEMENT A LA SATISFACTION DES PULSIONS. Le développement du groupe donne naissance à une civilisation mais pour que le groupe puisse se former et durer il est nécessaire que la pulsion sexuelle et celle de mort soient réduites. Si les individus essayaient de satisfaire totalement leur libido (dans tous les sens du terme), ils formeraient des couples et non des groupes. Cela veut dire que la pulsion sexuelle doit se transformer en affection, en amour mutuel permettant des identifications communes unissant les êtres par un lien libidinal. La difficulté est que l’homme a une bonne somme d’agressivité (voir Freud, Malaise dans la 8 Psychosociologie civilisation, PUF) : la civilisation commence dans le crime et se termine par le renoncement aux pulsions. LE ROLE DE L’ILLUSION DANS LA CONSTRUCTION DES LIENS SOCIAUX. L’angoisse engendre un besoin d’affiliation au groupe. L’organisation sociale répond à la détresse humaine, dérivée elle-même de la détresse infantile. Le pôle transcendant (l’Etat, l’Armée, l’Administration, etc.) auquel les individus ont besoin de croire pour se sentir protégés est aussi un pôle que garantit la puissance du groupe ou l’illusion de puissance. Ce pôle transcendant manifeste au groupe son excellence par rapport à d’autres groupes (ou nations) qui tiennent le rôle de victimes émissaires, de lien de projection de phantasmes les plus archaïques (les plus violents). L’ennemi extérieur renforce la cohésion du groupe (ou la communauté). Pour Freud ce n’est là qu’une illusion et le champ social est dans son fondement le lieu du mensonge et du masquage. La vie sociale pour Freud est un drame, un évènement tragique. LE LEADERSHIP Le leader est l’individu le plus influent, le plus populaire, qui focalise l’attention. Il est la personne centrale dans un groupe. LES ATTRIBUTS DU LEADER : - Accepté par une majorité des membres. Meneur. Aptitudes à conduire le groupe. Différent d’une autorité (père, roi, patron…) 9 Psychosociologie SITUATIONS D’EFFICACITE DU LEADERSHIP : 1. 2. 3. Une situation caractérisée par un réseau de relations favorisant la circulation de l’information. Une situation avec considération des membres du groupe (climat positif). Une situation avec concentration sur la productivité du groupe. STYLE DE PARTICIPATION Une expérience avec trois modalités a été comptée. Dans une entreprise de textile connaissant des problèmes sociaux liés aux changements fréquents de tâches en fonction de la mode et des saisons. Lors de chaque changement des réactions de résistance se traduisent par : l’augmentation de l’absentéisme, des réclamations, des conflits, etc. L’instauration de primes par la direction n’a pas résolu le problème. UN PLAN D’EXPERIENCE (COCH ET FRENCH). G1 (témoin) G2 (avec participation par délégation) G3 (participation totale) Informations sur les changements (sans participation) Seuls les délégués participent L’ensemble de l’atelier participe Climat social Accepte le changement N’accepte pas le changement Accepte le changement Niveau de la production Freinage de la production Atteint la norme de production Atteint la norme de production Conclusion : la participation des salariés aux décisions permet d’améliorer le climat social et la production. LA PRISE DE DECISION DANS LES GROUPES Il y a trois mécanismes à l’œuvre : 1. UN PROCESSUS DE PENSEE GROUPALE. Conduisant les groupes avec forte cohésion à rechercher d’abord l’unité. Dans ce cas on privilégie le CONSENSUS (ou l’unité vis-à-vis de l’extérieur) et on néglige l’analyse approfondie de la situation. Ce processus existe dans les groupes persuadés d’être les meilleurs. 2. UN PROCESSUS DE NORMALISATION. Conduit le groupe vers une décision « moyenne » (vote à la majorité). Nivellement des positions des individus en vue d’un compromis : norme acceptable par tous. 3. UN PROCESSUS DE POLARISATION. Eloigne de la position moyenne et rapproche des positions tranchées, osées, plus extrêmes sur le fond du problème. Probabilité d’une hausse de la qualité de la décision. 10 Psychosociologie LES NORMES ET INFLUENCES SOCIALES DEFINITION La norme est une échelle évaluatrice indiquant une latitude acceptable et une latitude inacceptable pour le comportement, l’activité, les évènements, les croyances, etc., concernant les membres d’un groupe (selon Shérif, 1969). COMMENT SE PRODUISENT LES NORMES ? La production des normes résulte d’un mécanisme de négociation implicite à l’issue duquel les sujets finissent par ajuster leur position individuelle à celle des autres membres du groupe. L’adoption d’une norme consensuelle permet dans les situations caractérisées par l’absence de repères stables, de réduire l’incertitude de jugement et l’inconfort psychologique. Une fois établie, la norme de groupe oriente les croyances, les comportements, les perceptions et les significations attribuées à l’environnement. EFFET AUTOCINETIQUE Sujets placés dans une pièce obscure, avec un point lumineux (expérience fait en classe). Les sujets n’ont pas de repères. Lorsque que le sujet est seul il construit sa norme pour juger sa situation, alors qu’en groupe il se sert de la réponse précédente (norme de référence). Il y a une interaction interindividuelle. Les réponses convergent pour construire une espèce de norme de groupe. L’incertitude de l’individu l’amène à organiser ses réponses et a établir une valeur statistique médiane. On va alors vers le conformiste. CONFORMISME Sous l’effet d’une pression non explicité du groupe, un individu modifie ses croyances, ses attitudes ou ses conduites dans le sens de celles du groupe. L’influence du groupe peut s’exercer même quand ses croyances ne sont pas justes. L’erreur peut devenir vérité quand elle est collectivement partagée. A quoi sert-il ? Á l’intégration au groupe par l’imposition implicite du modèle du groupe. En se conformant l’individu accepte publiquement les normes dominante qui signifie d’adhésion au groupe. EFFET ASCH On demande à des sujets de juger la longueur des réglettes. Il y a neuf sujets parmi lesquels il y a un seul qui est naïf. Un sujet sur trois répond faux (environ 33%). Il y a une influence du groupe et donc un conformiste. Hypothèses : Il y a une adhésion au jugement d’autrui pour être accepté socialement et éviter les critiques, voir les sanctions. L’individu prend les opinions d’autrui pour valider ses propres jugements sur la réalité. Il réduit l’incertitude et l’angoisse, en prenant les réponses du groupe même si elles sont fausses. 11 Psychosociologie EFFET KELMAN Kelman pense qu’il y a plusieurs sortes d’influences. 1. La complaisance Une situation où le conformiste joue un rôle instrumental du point de vue de l’individu. Il n’est plus dans un rapport de pouvoir et régule dans un rapport de complaisance. Il adopte l’attitude du groupe sans être convaincu lui-même. 2. L’identification. Le sujet souhaite maintenir des relations positives avec le groupe. Le groupe est jugé est jugé attractif, méritant ainsi qu’on s’identifie à lui. Les sujets aiment appartenir à des groupes positifs, qui ont réussi. 3. L’intériorisation C’est la plus importante. L’individu adhère à l’information donnée par le groupe et intègre cette information dans le système de valeur. Il n’est plus à la superficie, il y croit. Cette influence peut alors être durable. EFFET MOSCOVICI : L’INDIVIDU PEUT-IL INFLUENCER LE GROUPE ? L’influence ne peut pas être à sens unique. La conformité n’a pas toutes les vertus qu’on lui attribue. Une reproduction trop poussée peut mener le groupe à sa perte. La conformité ne rend pas toujours le groupe efficace. Le non-conformisme peut avoir l’effet inverse c.à.d. permettre au groupe d’agir et de s’adapter. On peut rendre un groupe particulier plus efficace en donnant aux individus ou aux sous-groupes l’occasion d’agir sur le groupe. Pour Moscovici, l’innovation dans un groupe se fait à condition que le groupe autorise le non conformisme. Innovation : processus d’influence social ayant pour source une minorité ou un individu qui s’efforce soit d’introduire ou de créer des idées nouvelles, de nouveau mode de pensée ou de comportement soit de modifier des idées reçues, des attitudes traditionnelles ou des comportements. Sous groupe : petite fraction d’individu qui partage certaines opinions, jugements, valeurs ou comportements lesquels différent toujours de ceux de la majorité. A quelle condition une minorité peut innover ? 1. la création d’un conflit rompant un consensus et avoir une norme alternative 2. ouvrir une alternative 3. maintenir son comportement et ne pas céder 4. il faut qu’il y ait une déconnexion de l’information de la source émettrice. Une majorité peut obtenir une influence de manière immédiate et qui ne sera pas intériorisée par les individus. En revanche, une minorité peut obtenir une influence de manière différée dans le temps mais qui sera intériorisée par les individus. 12 Psychosociologie LA QUESTION DU POUVOIR Le pouvoir désigne la faculté d’agir propre à l’être humain et est l’aptitude d’un acteur a mener des actions efficaces. LE POUVOIR COMME ATTRIBUT PERSONNEL DE L’INDIVIDU Lors d’un recrutement, les recruteurs utilisent en plus de l’entretient une batterie de test montrant une certaine conception psychologique du pouvoir qui privilégie les facteurs personnels de l’individu. COMMENT SELECTIONNER LES INDIVIDUS CAPABLES DE COMMANDER ? François Petit classe en cinq grandes rubriques les questions posées dans les tests : - Les capacités : l’intelligence, la vivacité, la facilité de parole, l’originalité et le jugement personnel. La réussite : l’instruction, les connaissances, les réalisations sportives. La responsabilité : l’assurance, l’initiative, la persévérance, l’agressivité, le désir d’exceller. La participation : l’activité, la sociabilité, la coopération, l’intégrabilité, le sens de l’humour. Le statut : le niveau socio-économique, la popularité. La plupart des autres facteurs sont orientés sur l’action (surtout collective). Cependant la pratique montre que les facteurs personnels, associés au pouvoir, n’existent pas de façon détachée, isolée mais toujours par rapport à une situation sociale. Les caractéristiques personnelles du chef ne prennent leur sens que par rapport à la relation établie avec d’autres individus dans une situation particulière. LE POUVOIR COMME RELATION INTERPERSONNELLE ET INTRA GROUPALE Il y a toujours une difficulté pour saisir la situation au sein de laquelle le pouvoir va s’exercer dans sa réalité et sa durée. La psychanalyse et la sociométrie peuvent donner des indications qui ont au moins valeur d’hypothèse. LA PSYCHANALYSE L’interaction sociale a une phase inconsciente et la psychanalyse peut éclairer. D’après Gérard Mendel, (Pour décoloniser l’enfant, Ed. Payot) le phénomène autorité trouve son origine dans les premières relations du nourrisson avec sa mère. Elle est pour lui source de plaisir mais aussi source de frustration. Lorsqu’il éprouve des frustrations, il attaque imaginairement sa mère d’où une culpabilité qui n’est autre que la peur d’être abandonné. Celle-ci s’inscrit dans un chantage à l’amour qui marquera l’inconscient de l’enfant puis de l’adolescent et enfin de l’adulte. Cette empreinte est ineffaçable. C’est le fondement psychoaffectif du phénomène autorité chez l’adulte. 13 Psychosociologie D’après Nicole Aubert et Victor de Gaulejac, (Le prix de l’excellence, Ed. Seuil, 1991), lorsque nous nous soumettons à un pouvoir dans une organisation c’est peut être dans le but d’obtenir en échange un salaire et/ou de développer une stratégie personnelle. Exemple : léchage de bottes pour obtenir une promotion. Il y a manipulation par le processus de management est une manipulation « librement consentie » : l’encadrement dégage un certain nombre d’avantage (salaire, image de soi) permettant au pouvoir de se reproduire plus facilement. Dans cette relation de soumission, les individus renoncent à leur propre autonomie. 14 Psychosociologie 15 Psychosociologie LA SOCIOMETRIE OU CONTRIBUTION DE LA SOCIOMETRIE A LA MESURE DE LA RELATION ENTRE POPULARITE ET POUVOIR. Moreno, (Les fondements de la sociométrie, 1970, PUF) a inventé un test sociométrique : il faut demander aux sujets de choisir des individus qu’ils voudraient pour amis ou collègues. A partir de là on peut établir des attractions ou répulsions. Ce test permet de dégager à l’intérieur d’un groupe : les populaires (personnalité agréable ou attractive), les rejetés et les ratés. Le leader exerce un pouvoir sans le vouloir, il est toujours populaire. Les critères de choix doivent être explicites. Il existe une liaison univoque entre popularité et pouvoir. La sociomatrice : A B A X + B + X C + - D E C F G H + X + X + F E + + + D X + + - X G + X + H - + X Total 3+ 4+ 1+ 2+ 1+ 1+ 1+ 1+ 0- 2- 0- 0- 1- 0- 2- 0- Le sociogramme (ou carte sociométrique) est une représentation graphique permettant de visualiser les relations socio-affectives dans le groupe, afin de bien identifier les réseaux (paires, triades, chaînes) et les leaders. Le sociogramme nous renseigne donc sur la vie affective du groupe (généralement occultée par l’organisation officielle), ses tensions internes, son moral, ses conflits latents. Le sociogramme étant une sorte de radiographie de la structure latente du groupe, sa lecture doit être faite dans la perspective d’établir un diagnostic de son fonctionnement. Ce tableau nous montre qu’elle personne est le plus susceptible de manager. Le binôme G et H est le plus intéressant. L’intérêt est de fournir une petite photographie de la structure latente d’un groupe mais ne renseigne pas sur les relations de pouvoir lorsque l’individu ou le groupe sont face ou en face à la contrainte. LE POUVOIR COMME UNE RELATION DANS UN CONTEXTE CONTRAIGNANT. Il y a une adéquation des critères psychologiques d’aptitudes fassent à des situations de commandement spécifiques et changeantes. Le pouvoir existe par les relations d’individus et à l’intérieur des groupes. 16 Psychosociologie D’après S. Milgram, (La soumission à l’autorité, Calmann-Lévy, 1974), des gens ordinaires dépourvus de toutes hostilités peuvent, en s’acquittant simplement de leurs tâches, devenir des agents d’un atroce processus de destruction. En outre, même lorsqu’il ne leur est plus possible d’ignorer les effets funestes de leur activité professionnelle. Si l’autorité leur demande d’agir à l’encontre des normes fondamentales de la morale, rares sont ceux qui possèdent les ressources intérieures nécessaires pour lui résister. Toute une gamme d’inhibition s’oppose à une éventuelle révolte et parvient à maintenir chacun au poste qui lui a été assigné. Quand l’individu est pris dans l’engrenage de la hiérarchie, il ne se voit plus comme l’auteur de ses actes mais plutôt comme l’agent exécutif des volontés d’autrui. Courbe : l’obéissance à l’autorité Tableau : facteurs influençant l’obéissance La présence de l’autorité est nécessaire pour l’application des ordres. N’importe quel pouvoir peut obtenir une obéissance car très peu de gens se mettent dans l’hypothèse de l’affronter. Si on veut éviter cette soumission « librement consentie » il faut absolument responsabiliser les gens (l’acteur) et instaurer un pouvoir collectif. L’individu doit être responsable de ses actes. 17 Psychosociologie LA PERSONNE ET L’IDENTITE LA PERSONNE D’après Stoetzel en 1978, il y a quatre sens du mot « personne » : - - - L’APPARENCE EXTERIEURE : associée à l’idée du masque de théâtre comme dans le théâtre antique, rôle que l’acteur doit jouer. Ce sens s’est généralisé à l’apparence physique et ses accessoires et aussi à la manière de les porter et de se comporter en accord avec la position qu’on occupe ou que l’on veut occuper, et le rôle qui lui correspond. Il suggère que la personne peut se cacher derrière un masque dans un but stratégique ou pour mieux s’intégrer au groupe. LE ROLE DE L’ACTEUR : l’individu est conduit à jouer un rôle en société ou dans un groupe d’appartenance en particulier. L’ACTEUR LUI-MEME : celui qui joue le rôle, la personnalité. La personne n’est ni dans le corps, ni dans les biens matériels ou sociaux mais dans l’esprit c.à.d. la raison (convoquée pour définir la personne). L’individu a conscience de lui-même (identité individuelle). Ce caractère réflexif est complété par l’action. La personne se construit sa propre réalité à travers ses actes. LE PERSONNAGE : notion juridique, étroitement liée au monde des valeurs. Toute personne a une valeur et donc une dignité propre. Il y a deux composantes importantes : o Le corps (en tant que dimension biologique et organique) o La vie La reconnaissance de ses deux composantes découle un certains nombres de droits fondamentaux et de responsabilités définis par la loi. LA NOTION D’IDENTITE LA RESPONSABILITE DE L’INDIVIDU (PERSONNE) DEUX ETUDES : 1) Dans les années 70 s’est développé le mouvement « antipsychiatrie » créé par Laing, Cooper et Esterson. L’hypothèse défendue est la suivante : une société aliénée dont le profit et le rendement développent des modèles répressifs pour ne pas écouter ce que les individus atteints de folie peuvent dire. Dans ce contexte la psychiatrie est plus répressive que thérapeutique. (L’équilibre mental, la folie et la famille, Ed. La Découverte) Pour eux les effets pathogènes sont dans le discours du patient et dans sa famille. Les causes de la folie proviennent du milieu familial. C’est la notion du « double bind » (cf. cours de Théorie). Le sujet est dans une situation de conflit permanent, un risque de schizophrénie qui est une véritable camisole de forte emprisonnement psychiatre et patient. C’est le symbole d’oppression légitimé par la science médicale. 2) Alain Ehrenberg, La fatigue d’être soi, Dépression et société , Odile Jacob, 1998. Pour Ehrenberg, l’individu est en panne. L’individu reçoit des ordres pour être soi-même, se surpasser, être hyperactif… et pour lui, la dépression a gagné trop de terrain à partir du moment où on a mis trop de responsabilités. 18 Psychosociologie Depuis les années 60 une intention nouvelle à la vie intime se développe tandis que les thérapies de la libération prétendent donner à chacun les moyens pratiques de construire son identité indépendamment de toutes contraintes. Aujourd’hui on parle plus de dépression que de névroses. *Quelqu’un qui souffre de névrose à une conscience douloureuse de sa maladie. La phobie est une névrose. *La schizophrénie présente une coupure de l’individu qui n’a pas conscience de ça. L’autisme est une forme de schizophrénie. La passion d’être soi et la difficulté de l’être réellement est ce qui incarne la dépression. Commettre une faute à l’égard de la norme consiste désormais à être moins désobéissant que d’être incapable d’agir. IDENTITE INDIVIDUELLE ET IDENTITE SOCIALE Opposition entre individu et le groupe qui se traduit par un conflit entre norme et similitude. L’individu se caractérise par des traits sociaux et des traits personnels. Il y a deux concepts : identité individuelle (individu se perçoit comme différent) et identité sociale (individu se perçoit comme semblable aux autres.) Il y a des stratégies comportementales d’un individu qui veut être plus conforme que ne l’exige la norme. La construction de l’identité social sa fait par la catégorisation : les individus sont jugés différents et se perçoivent différents dès lors qu’ils appartiennent à des catégories ou groupes différents. La similitude et la différence dépendent des conditions sous lesquels on les observe. L’identité sociale d’un individu est liée à la connaissance d’appartenance à certains groupes sociaux et à la signification émotionnelle et évaluative qui résulte de cette appartenance. Deux conséquences : L’individu tentera de maintenir à l’appartenant à un groupe et voudra adhérer à d’autres groupes si ces derniers lui permettent de renforcer l’estime positive de soi ou de son identité sociale. Les aspects positifs de l’identité sociale n’ont de sens que par rapport à d’autres groupes (comparaison). A QUOI SERT L’IDENTITE ? Selon Camilleri (1992), l’identité sert à attaquer et dominer autrui. Elle sert également à se défendre notamment pour les groupes qui luttent pour se donner une identité positive comparativement à celle des autres. EXPERIENCE : IDENTITE ET VIDEO. But : permettre à des gens concernés par l’alcoolisme de mieux se connaitre pour mieux guérir. Cette expérience a une visée thérapeutique. 19 Psychosociologie Lors de leur admission à l’hôpital, les patients sont interrogés pendant 10min (entretient enregistré). Dans un cas sur deux, on montre l’enregistrement à la personne. Le psychiatre s’abstient de tous commentaires, seul le patient commente. Quatre jours plus tard, un autre entretient a lieu et ainsi de suite, jusqu’à ce que le patient quitte l’hôpital. N=40 CONDITION VIDEO SANS VIDEO (TEMOIN) GUERISON ET GRANDS PROGRES 19 5 PROGRES MOYENS 13 17 PEU OU PAS DE PROGRES 8 18 Moore, Cherwell et West 20