Max PAGES
Mais parallèlement, il traverse une grave crise existentielle, expérimente les thérapies corporelles,
intègre les apports de Wilhelm Reich.
Le travail amoureux, Dunod, 1977, ouvrage très original qui mélange le journal personnel, la
poésie, les réflexions théoriques et les comptes-rendus d’expériences professionnelles, où il essaye de
théoriser la pratique de la psychosociologie.
Il va déboucher sur une synthèse personnelle de tous les courants qu’il a essayé d’intégrer
« Introduction à l’analyse dialectique », Connexions, janvier 1980.
Il se sent prêt à assumer une pratique de psychothérapeute et développe ce qu’il appelle le
« psychodrame émotionnel », qui intègre les apports de Moreno, de Reich, de la Gestalt, de la
psychanalyse et de Rogers, mais sans s’inféoder à aucune approche.
Psychothérapie et complexité, Hommes et perspectives, 1994.
Avec Vincent de Gaulejac, il insiste sur l’importance de l’histoire familiale sur plusieurs générations.
Il envisage l’être humain dans toutes ses dimensions « bio-psycho-sociales ».
Parallèlement à son activité clinique, il continue des interventions psychosociologiques, comme celles
qu’il réalise en 1990 dans de petits hôpitaux publics du Nord de la France.
« Le système socio-mental hospitalier. Vers une pratique dialectique de la consultation psycho-
sociale », Bulletin de psychologie, tome XLVII, n° 417
Face à un « fonctionnement archaïque », marqué par les problèmes de communication, l’autoritarisme,
les clans, les conflits entre les catégories de personnel, entre les services et avec la direction, la
diminution de la clientèle…, la nouvelle directrice veut moderniser la gestion, les locaux, le matériel et
les rapports humains. Elle entreprend donc la mise en place d’un « projet d’établissement », avec
l’aide de consultants extérieurs.
Ceux-ci réalisent d’abord un « audit actif ».
L’audit traditionnel consiste à recueillir de l’information par réunions et interviews, puis à remettre un
rapport à la direction, qui va décider d’un changement « par voie d’autorité » (cf. Elton MAYO).
« L’audit actif, sans éliminer le rapport à l’autorité, vise en outre à favoriser la communication
interne à l’organisation, notamment la communication ascendante et latérale (entre pairs). »
En plus de visites dans les services, de réunions informelles, d’interviews des chefs de service,
« séminaires réunissant une vingtaine d’agents et de cadres volontaires, de tous services, grades et
fonctions », d’une durée de quatre heures, coupées par un repas. 3 phases :
- présentation des objectifs par la directrice (qui assiste à tous les séminaires avec les cadres
supérieurs) et par les consultants + présentation individuelle (souvent assez « guindée »)
- petits groupes de 6-7 personnes, sans animateur, pour répondre à :
- comment je vis mon travail
- quelles suggestions je souhaite faire
- en plénière, présentation des synthèses de chaque sous-groupe, questions, discussions.
- Après, circulation de comptes-rendus écrits
libération de la parole, expression des peurs, des angoisses, des sentiments, catharsis, qui débouche
sur des solutions concrètes, dans le respect de l’anonymat.
« Rendre la propriété et la responsabilité de leur parole aux intéressé. »
« Rapport d’audit, remis à la direction et présenté à l’ensemble du personnel en réunion » :
- présentation des observations sur le fonctionnement socio-psychologique : « plainte refoulée,
attitude revendicative », conflits avec les collègues, avec l’autorité et manifestations somatiques,
« liens de renforcement circulaire entre le système social et le système psychologique
- « propositions d’action » : « plan de formation » ; « travail d’accompagnement » (séminaires et
visites, Groupe d’étude et de proposition)
« intérêt d’une pratique ‘dialectique’ ou ‘complexe’ de la consultation et du changement
organisationnel. »
« C’est parce que s’était développée la possibilité de dire, et d’entendre, les sentiments, la souffrance
au travail et ses répercussions, que les rôles, les méthodes de travail avaient commencé d’évoluer.