Max PAGES

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Max Pagès est né en 1926. Sa biographie recoupe le développement de la psychosociologie en France
et on va y retrouver tous les grands courants que nous avons vus précédemment.
En ce sens, à travers l’exemple d’un psychosociologue français contemporain, nous allons procéder à
la synthèse de l’ensemble du cours de psychologie sociale.
Dans son dernier ouvrage, un long entretien (mené par Didier VAN DEN HOVE), il retrace à la fois sa
vie personnelle, ses choix théoriques et toute l’histoire de la psychosociologie en France
 Le travail d’exister, roman épistémologique, Desclée de Brouwer, 1996, 378 p.
Cet ouvrage est particulièrement caractéristique de la démarche de Max Pagès, qui se refuse à séparer
vie privée et vie professionnelle, théorie et pratique, recherche et intervention. En somme, il s’applique
à lui-même la démarche qu’il préconise dans l’analyse dialectique.
Il commence par l’histoire de sa famille sur plusieurs générations. Ce qui permet de saisir l’interaction
des phénomènes psychiques et sociaux qui ont concouru à la création de cet individu singulier, tissé
des multiples influences qui se sont entrecroisées.
Après une formation à l’INOP, fortement axée sur la psychologie expérimentale et la psychométrie,
avec Henri Piéron, Paul Fraisse, il part en 1950 aux Etats-Unis, où il va découvrir la psychologie
sociale avec Kurt Lewin (T Group, recherche-action), Moreno et surtout Carl Rogers, dont il va
promouvoir les idées en France.
 L'orientation non-directive en psychothérapie et en psychologie sociale, Dunod, 1965, 181 p.
Il introduit ces théories et ces pratiques en France, d’abord à la CEGOS, où il fonde un département de
psychosociologie industrielle.
Il crée ensuite l’ARIP (Association pour la recherche et l’intervention en psychosociologie).
Ils invitent Rogers, découvrent la psychanalyse, développent un modèle d’intervention dans les
entreprises et les organisations (Prisunic, laboratoire pharmaceutique…). Des conflits éclatent entre les
psychanalystes orthodoxes de l’association et Max Pagès sur sa manière d’animer, qui est toujours en
recherche, qui expérimente, qui intègre les nouveaux courants de la psychologie humaniste. Il est
finalement exclu (meurtre du père).
Parallèlement, il est entré à l’université. Il cherche à théoriser les phénomènes de groupe.
 La vie affective des groupes, Dunod, 1966. Toute la première partie de cet ouvrage est le récit in
extenso d’un T Group à l’université de Rennes.
En 1968, il découvre le marxisme et le poids des structures sociales. Il crée à la nouvelle université de
Dauphine un département de psychosociologie.
Il va mener une grande recherche multidisciplinaire sur le pouvoir dans les organisations, et
notamment les organisations hyper-modernes, qui se caractérisent par un pouvoir maternel et non plus
paternel comme dans les organisations traditionnelles. Avec Michel BONETTI, Vincent de
GAULEJAC, Daniel DESCENDRE, ils mettent en relation les structures politiques (du personnel…),
les structures idéologiques (croyances, culture, chartes, rites…), les structures affectives et
inconscientes, pour déboucher sur ce qu’il va appeler « le système socio-mental ».
 L’emprise de l’organisation, Paris, PUF, 1979, Desclée de Brouwer, « Sociologie clinique », 1998.
 « Systèmes sociaux-mentaux », Bull. de psychologie, XXXIV, 350, avril 1981, p. 589-601.
Il va poursuivre ce volet de recherche à la frontière de la psychanalyse et du marxisme à travers
différentes recherches-interventions, notamment avec Nicole AUBERT
 Le stress professionnel, Paris, Klincksieck, 1989.
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Mais parallèlement, il traverse une grave crise existentielle, expérimente les thérapies corporelles,
intègre les apports de Wilhelm Reich.
 Le travail amoureux, Dunod, 1977, ouvrage très original qui mélange le journal personnel, la
poésie, les réflexions théoriques et les comptes-rendus d’expériences professionnelles, où il essaye de
théoriser la pratique de la psychosociologie.
Il va déboucher sur une synthèse personnelle de tous les courants qu’il a essayé d’intégrer
 « Introduction à l’analyse dialectique », Connexions, janvier 1980.
Il se sent prêt à assumer une pratique de psychothérapeute et développe ce qu’il appelle le
« psychodrame émotionnel », qui intègre les apports de Moreno, de Reich, de la Gestalt, de la
psychanalyse et de Rogers, mais sans s’inféoder à aucune approche.
 Psychothérapie et complexité, Hommes et perspectives, 1994.
Avec Vincent de Gaulejac, il insiste sur l’importance de l’histoire familiale sur plusieurs générations.
Il envisage l’être humain dans toutes ses dimensions « bio-psycho-sociales ».
Parallèlement à son activité clinique, il continue des interventions psychosociologiques, comme celles
qu’il réalise en 1990 dans de petits hôpitaux publics du Nord de la France.
 « Le système socio-mental hospitalier. Vers une pratique dialectique de la consultation psychosociale », Bulletin de psychologie, tome XLVII, n° 417
Face à un « fonctionnement archaïque », marqué par les problèmes de communication, l’autoritarisme,
les clans, les conflits entre les catégories de personnel, entre les services et avec la direction, la
diminution de la clientèle…, la nouvelle directrice veut moderniser la gestion, les locaux, le matériel et
les rapports humains. Elle entreprend donc la mise en place d’un « projet d’établissement », avec
l’aide de consultants extérieurs.
Ceux-ci réalisent d’abord un « audit actif ».
L’audit traditionnel consiste à recueillir de l’information par réunions et interviews, puis à remettre un
rapport à la direction, qui va décider d’un changement « par voie d’autorité » (cf. Elton MAYO).
« L’audit actif, sans éliminer le rapport à l’autorité, vise en outre à favoriser la communication
interne à l’organisation, notamment la communication ascendante et latérale (entre pairs). »
 En plus de visites dans les services, de réunions informelles, d’interviews des chefs de service,
« séminaires réunissant une vingtaine d’agents et de cadres volontaires, de tous services, grades et
fonctions », d’une durée de quatre heures, coupées par un repas. 3 phases :
- présentation des objectifs par la directrice (qui assiste à tous les séminaires avec les cadres
supérieurs) et par les consultants + présentation individuelle (souvent assez « guindée »)
- petits groupes de 6-7 personnes, sans animateur, pour répondre à :
- comment je vis mon travail
- quelles suggestions je souhaite faire
- en plénière, présentation des synthèses de chaque sous-groupe, questions, discussions.
- Après, circulation de comptes-rendus écrits
 libération de la parole, expression des peurs, des angoisses, des sentiments, catharsis, qui débouche
sur des solutions concrètes, dans le respect de l’anonymat.
« Rendre la propriété et la responsabilité de leur parole aux intéressé. »
 « Rapport d’audit, remis à la direction et présenté à l’ensemble du personnel en réunion » :
- présentation des observations sur le fonctionnement socio-psychologique : « plainte refoulée,
attitude revendicative », conflits avec les collègues, avec l’autorité et manifestations somatiques,
« liens de renforcement circulaire entre le système social et le système psychologique
- « propositions d’action » : « plan de formation » ; « travail d’accompagnement » (séminaires et
visites, Groupe d’étude et de proposition)
 « intérêt d’une pratique ‘dialectique’ ou ‘complexe’ de la consultation et du changement
organisationnel. »
« C’est parce que s’était développée la possibilité de dire, et d’entendre, les sentiments, la souffrance
au travail et ses répercussions, que les rôles, les méthodes de travail avaient commencé d’évoluer.
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Réciproquement, le changement à ce niveau avait confirmé et accéléré les changements
psychologiques.
Le travail psychologique à lui seul aurait été impuissant à produire les mêmes effets. Il en aurait été
de même d’un travail ‘sociologique’ sur les rôles et les méthodes ignorant la dimension psychologique
ou, comme c’est souvent le cas dans les approches modernes du management, recourant à une
psychologie simplifiée et manipulatrice. »
BIBLIOGRAPHIE
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- Le travail amoureux, Dunod, 1977
- « Introduction à l’analyse dialectique », Connexions, janvier 1980.
- « Systèmes sociaux-mentaux », Bull. de psychologie, XXXIV, 350, avril 1981, p. 589-601.
- « Des défis stimulants pour la psychanalyse », Autrement, n° 43, 1982, p. 203-207.
- « L'emprise », Bull. de Psychologie, XXXVI, 360, mai 1983.
- « Pour une démarche dialectique dans les sciences humaines », Bull. de Psychologie, XXXIX,
377, sept. 1986.
- « L'analyse dialectique : propositions », Psychologie clinique, 1990, n° 3.
- Psychothérapie et complexité, Hommes et perspectives, 1994.
PAGES Max, VAN DEN HOVE Didier, Le travail d’exister, roman épistémologique, Desclée de
Brouwer, 1996, 378 p. [A travers la biographie de Max Pagès, un témoignage sur l’évolution de la
psychosociologie].
PAGES M., BONETTI M., GAULEJAC V. de, DESCENDRE Daniel, L’emprise de l’organisation,
Paris, PUF, 1979, Desclée de Brouwer, 1998.
voir : Analyse dialectique, Emprise de l’organisation, PAGES-LCS 2003
17/04/2017
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