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Plaie
Professions Santé Infirmier Infirmière - No24 - mars 2001
Un questionnaire d’enquête postal a été établi
afin d’identifier les éléments influençant l’ap-
proche des infirmières face à la douleur et aux trau-
matismes, lors du retrait de pansement. «Cette en-
quête a permis d’examiner les stratégies adoptées et
d’analyser les facteurs déterminant le choix des traite-
ments », explique le Dr Sylvie Meaume, dermato-
logue et gériatre à l’hôpital Charles-Foix.
Ce questionnaire, réalisé par des spécialistes en
plaies et cicatrisations, a été diffusé aux membres
de la SFFPC (Société française et francophone des
plaies et cicatrisations), aux participants de la
Conférence des plaies et cicatrisations, en janvier
2000 à Paris, et adressé aux cadres infirmiers de
plusieurs centres hospitaliers. Au total, 6 582 ques-
tionnaires ont été diffusés.
Priorités infirmières
Parmi les 1 672 soignants répondants, 83 % exer-
cent à l’hôpital. Un quart d’entre eux (18 % de
l’échantillon) travaillent en établissements publics de
soins de longue durée. La préoccupation principale
des infirmières lors du retrait du pansement est avant
tout de prévenir la douleur du patient (49 %) ou de
prévenir toute propagation d’une infection bacté-
rienne (33 %). Les personnes qui ont répondu men-
tionnent moins le fait d’éviter les traumatismes sur la
plaie (9 %) ou les lésions sur la peau périlésionnelle
(5 % ). D’après elles, le patient ressent surtout de la
douleur au cours des procédures de nettoyage de la
plaie (63 %) ou lors du retrait de pansement (32 %)
et non lorsque le pansement est appliqué (0 %) ou
en place ( 1 %). Les ulcères de jambes (42 %) et les
brûlures superficielles (38 %) sont considérés
comme les deux types de plaies les plus doulou-
reuses. Viennent juste après les escarres et les brû-
lures profondes. «Diverses stratégies permettent de
prévenir la douleur et les traumatismes, dit le Dr Sylvie
Meaume. Les infirmières citent la non-utilisation de pan-
sements adhésifs sur peaux fragiles. Elles mentionnent
l’utilisation de pansements atraumatiques, mais aussi le
trempage et l’humidification du pansement avant le re-
trait. Elles citent bien sûr la prise d’antalgiques. »
Top 50 des pansements
Trois caractéristiques d’un pansement sont consi-
dérées comme à privilégier pour un ulcère ou un
escarre modérément exsudatif. Pour les infirmières,
ce pansement doit être avant tout atraumatique au
retrait, non adhérent à la plaie et utilisable sur peau
fragilisée. Les pansements occasionnant toujours
ou souvent une douleur au retrait sont les com-
presses de gaze (60 % ) et les pansements films
transparents (52 %). Ces mêmes types de panse-
ments sont considérés comme entraînant des trau-
matismes sur la plaie et la peau périlésionnelle. Les
hydrofibres, hydrogels et pansements siliconés ob-
tiennent les meilleurs scores. Mais leur usage reste
peu répandu. Parmi les infirmières ayant répondu,
58 % des répondantes n’ont pas connaissance de
pansements spécifiquement conçus pour prévenir
douleurs et traumatismes au changement de pan-
sement. Les facteurs principaux limitant le choix
des pansements sont “le personnel médical” ou “les
prescripteurs” (43 %), les protocoles locaux en ma-
tière de prise en charge des plaies (42 %), le manque
de connaissance des produits (41 %), les restric-
tions financières (35 %) et la difficulté à remettre en
question les pratiques établies (24 %).
En débat
Projet ambitieux, cette enquête souffre du fait qu’elle
concerne un échantillon dont la représentativité
laisse à désirer : 25,4 % de taux de réponse au lieu
des 75 % jugés souhaitables pour toute enquête sta-
tistique. Seuls 1 672 questionnaires sur 6 582 ont été
analysés. Les réponses sont dignes d’intérêt, mais
elles peuvent ne représenter l’avis que d’un certain
type de répondants, sous-estimant les réponses éven-
tuellement différentes mais homogènes des 74,6 %
de non-répondants. Cette enquête semble toutefois
confirmer l’importance que l’infirmière accorde aux
problèmes de douleur et traumatismes lors des ré-
fections de pansements. Au retrait du pansement, il
faut prévenir ou minimiser les traumatismes sur la
plaie et son pourtour, atténuer la douleur du patient.
C’est la garantie d’un soin des plaies de qualité. «Il
est essentiel de choisir le pansement le plus approprié per-
mettant d’améliorer la qualité de vie des patients »,
conclut le Dr Sylvie Meaume. Les résultats de cette
enquête démontrent plus que jamais l’importance
que l’on doit accorder à l’enseignement et à la for-
mation en matière de traitement des plaies.
M.B.
Enquête sur la douleur
Comment éviter les traumatismes?
Les recherches sur la douleur, les lésions tissulaires, les traumatismes
sur la plaie et la peau périlésionnelle soulignent la nécessité
de faire évoluer les pratiques. Point de vue des infirmières.