Une affaire de goût - Centre de documentation en Promotion et

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Lettre d’information nutritionnelle réalisée à l'initiative du Centre de Recherche et d'Information Nutritionnelles
N° 89 – FÉVRIER 2011
Une affaire de goût
Dans le cadre des actions visant à
favoriser une alimentation équilibrée
et diversifiée, l’un des chantiers du
PNNS2 a porté sur le goût, élément
essentiel de la qualité d’un aliment.
modifier la formulation des produits afin de
compenser les effets sensoriels négatifs liés à la
réduction de la teneur en ces ingrédients.
Comment intervenir sur la qualité hédonique des
aliments pour favoriser une alimentation diversifiée et équilibrée ?, tel est l’objectif du mandat
confié en 2009 au groupe de travail coordonné
par la DGAL sur la qualité gustative des aliments.
Le groupe de travail s’est ensuite focalisé sur la
restauration collective afin de formuler des recommandations au regard des contraintes et obligations auxquelles sont soumises ces structures.
Qu’elle soit scolaire ou hospitalière, un des premiers défis à relever en restauration collective
est de nourrir un grand nombre de personnes
en un temps limité tout en apportant plaisir
et convivialité à l’acte alimentaire.
En restauration scolaire, une dynamique sur la
qualité organoleptique des repas servis existe
depuis quelques années. Enquêtes et questionnaires d’appréciation auprès des élèves révèlent une hétérogénéité des goûts et dégoûts
selon l’âge et le sexe. La recette, l’odeur, l’aspect des produits peuvent provoquer un rejet du
plat proposé. La prise en compte des remarques
des élèves dans l’élaboration des menus devient
alors essentielle. D’autres actions sont possibles,
telles une meilleure sélection à l’achat, la mise
en avant des qualités organoleptiques des produits par leur préparation et leur présentation
afin d’inciter l’élève à les découvrir. Côté environnement du repas, la question se complique
par la variété des avis. Cependant, l’aménagement des lieux, la durée du repas, la programmation de repas à thèmes à caractère festif peuvent être envisagés.
A l’hôpital, les défis sont autres. L’absence de
valorisation de la dimension médicale de l’alimentation dans les formations médicales initiales a conduit à une absence de valorisation de
l’alimentation et des problèmes nutritionnels
Du « goût de » au
« goût pour »
Il faut distinguer la notion de « goût de l’aliment », message sensoriel intégré par le cerveau, du « goût pour l’aliment », disposition à
accepter ou rejeter l’aliment de façon innée et
selon l’apprentissage alimentaire. La faible palatabilité de certains aliments peut constituer
un frein à leur consommation et ainsi au bon
suivi des recommandations nutritionnelles, de
la même manière que le goût pour le sel, le
sucre et le gras. Il est donc important de pouvoir qualifier la qualité gustative des aliments
et d’identifier des paramètres mesurables des
critères sensoriels clés pour l’acceptabilité des
produits et, par ailleurs, de savoir conserver
ou améliorer le goût des produits.
Un des objectifs étant d’augmenter l’offre de
produits moins riches en sel, sucres et matières
grasses, il faut connaître l’impact sensoriel mais
aussi technologique ou microbiologique de la
réduction de ces ingrédients dans les aliments
et pouvoir prédire l’acceptabilité de tels aliments. Deux stratégies peuvent ensuite être
proposées : habituer le consommateur par une
réduction progressive de ces ingrédients ou
Restauration collective :
les défis
CENTRE
DE RECHERCHE
ET D'INFORMATION
NUTRITIONNELLES
dans les stratégies de prise en charge des patients.
Cependant, des formations nationales pour le
personnel hospitalier ont été mises en place, et,
en 2004, 70 % des hôpitaux étaient dotés d’un
CLAN dont les actions se sont essentiellement portées sur le dépistage des troubles nutritionnels
et l’organisation d’une offre alimentaire adaptée aux patients. L’alimentation « plaisir » n’est
pas encore un objectif prioritaire, à l’exception
des secteurs de moyens et longs séjours, des
soins palliatifs. Les deux principaux obstacles à
une offre alimentaire répondant aux impératifs
médicaux et aux attentes des patients demeurent
le coût et les horaires des repas.
En conclusion
L’aspect sensoriel des aliments est à considérer
pour favoriser une alimentation diversifiée et
équilibrée. Il fait partie en outre depuis 2007 des
critères de sélection des produits à distribuer
dans le cadre de l’aide alimentaire.
La mesure de la qualité sensorielle d’un aliment
ne pourra se substituer à l’évaluation par le
consommateur. Le goût ne peut se limiter aux
qualités organoleptiques de l’aliment, mais fait
partie d’un tout intégrant l’environnement
immédiat et passé du consommateur, et l’évaluation de la qualité nutritionnelle d’un aliment via ses qualités organoleptiques peut donc
être parfois erronée. D’où l’intérêt de la mise en
place depuis janvier 2011 d’un réseau national
pour l’éducation au goût des jeunes (3-15 ans)
en lien avec le PNA, une démarche qui pourrait
modifier durablement le comportement alimentaire des jeunes dans le sens d’une alimentation diversifiée.
Pour en savoir plus :
http://agriculture.gouv.fr/valoriser-le-gout
FLASHS
SU.VI.MAX
cinq ans après
L’étude SU.VI.MAX s’est
déroulée entre 1994 et 2002 et a
porté sur plus de 12 000 Français
de 35 à 60 ans. Au cours de cette
étude d’intervention randomisée,
en double aveugle contre placebo,
les participants avaient reçu une
supplémentation quotidienne en
vitamines et minéraux
antioxydants (vitamines C et E,
bêtacarotène, zinc, sélénium) ou un
placebo. L’étude avait montré une
réduction significative de
l’incidence du cancer et de la
mortalité totale chez les hommes
supplémentés. Cinq ans après la
fin de l’étude, les effets de la
supplémentation en antioxydants
ont disparu : la réduction du
risque de cancer et de la mortalité
n’est plus évidente.
Hercberg S, et al. Int J Cancer 2010 ;
127(8):1875-81. Doi : 10.1002/ijc.25201
Inflammation et produits laitiers
L’inflammation systémique chronique aurait un rôle dans le développement
de l’obésité, la résistance à l’insuline, le syndrome métabolique et les maladies cardiovasculaires. En outre, cette inflammation pourrait être modulée, dans
un sens ou dans l’autre, par des facteurs nutritionnels. Une étude d’intervention
menée en Grèce sur 1 500 hommes et 1 500 femmes a testé la relation entre
consommation de produits laitiers (lait, yaourt, fromage) et marqueurs de l’inflammation (CRP, IL-6, TNFα et homocystéine).
Les résultats montrent que, à l’exception de l’homocystéine, tous ces marqueurs
sont inversement associés à la consommation de produits laitiers de façon dosedépendante (tableau). La relation reste significative après ajustement sur
l’âge, le sexe, le tabac, l’activité physique, l’IMC, le taux de cholestérol et un
indice de qualité alimentaire. Elle est plus forte pour les produits laitiers allégés, mais est aussi significative pour les produits laitiers entiers.
Tableau : Comparaison* des taux des marqueurs de l’inflammation en fonction
du nombre de portions consommées
Nombre de portions
par semaine
CRP
IL-6
TNF움
p
11 à 14
- 16 %
-5%
- 12 %
< 0,05
> 14
- 29 %
-9%
- 20 %
< 0,01
* par rapport aux faibles consommateurs (moins de 8 portions par semaine).
Ces résultats méritent d’être confirmés, mais ils sont en accord avec les données publiées ces dernières années montrant un effet protecteur des produits
laitiers sur certains facteurs de risque cardiovasculaires comme la pression artérielle, l’obésité, le diabète de type 2 ou le syndrome métabolique.
Panagiotakos DM, et al. J Am Coll Nutr 2010 ; 29(4) : 357-64.
Parkinson et lait :
pas de lien
Une étude cas-témoins japonaise
a comparé l’alimentation de 249
personnes atteintes de la maladie
de Parkinson (MP) avec celle de
368 sujets bien-portants. Après
ajustement avec le sexe, l’âge, la
région d’habitation, le tabagisme,
le niveau d’éducation, l’indice de
masse corporelle et différents
facteurs alimentaires (cholestérol,
glycémie, etc.), la consommation
de produits laitiers n’est pas
associée au risque de développer
une MP. Aucune relation n’a en
outre été retrouvée entre
consommation de calcium ou de
vitamine D et MP.
Miyake Y, et al. Parkinsonism and Related
Disorders 2010 ; doi : 10.1016/
j.parkreldis.2010.11.018
Adolescents sprinters
Chez les adolescents sportifs, l’alimentation doit permettre à la fois une
croissance harmonieuse et des performances optimales. Pendant trois ans,
60 jeunes sprinters belges ont été suivis afin de mieux connaître leurs habitudes alimentaires et de les comparer aux recommandations. Les adolescents, inclus dans l’étude à l’âge de 14 ans en moyenne, ont rempli tous les
six mois un semainier de leurs consommations et de leurs pratiques sportives
avec relevés anthropométriques.
Au cours de l’étude, filles et garçons ont grandi de respectivement 3,4 ± 4,6
et 5,9 ± 6,6 cm, et pris respectivement 5,6 ± 3,5 et 8,7 ± 5,5 kg, tandis que
le pourcentage de masse grasse restait relativement stable, autour de 17 %
chez les filles et de 8,5 % chez les garçons. Les apports protéiques d’environ
1,5 g/kg correspondent aux recommandations. Ceux en glucides, compris entre
5 et 7 g/kg, correspondent à un programme d’entraînement d’intensité modérée. Les apports en lipides et notamment en acides gras saturés sont, pour
les filles, de respectivement 31,8 ± 3,5 % et de 12,2 ± 2 % et, pour les garçons, de respectivement 30,3 ± 4,6 % et de 12,0 ± 1,9 %. Enfin, de faibles
apports hydriques, environ 40 mL/kg sont constatés.
Globalement, les apports en macronutriments sont restés stables pendant les trois
ans de suivi, à part les lipides qui ont baissé. Les conseils généraux pour une
meilleure alimentation dispensés au cours de l’étude ont permis une amélioration notable des consommations de pain complet, légumes et boissons sucrées.
Aerenhouts D, et al. J Sports Sciences 2010 ; 1-10.
FLASHS
Prévention du déclin cognitif et de
la maladie d’Alzheimer : des pistes
Les données disponibles sont insuffisantes pour identifier des facteurs (de
risque ou de protection, nutritionnels, sociaux ou environnementaux) impliqués dans le déclin cognitif ou la maladie d’Alzheimer (MA) et envisager des
recommandations. Telle est la conclusion de la conférence de consensus
récemment menée sur le sujet par l’Institut national de santé américain (NIH).
Le déclin cognitif et la MA sont des causes majeures de morbidité et de mortalité, en constante augmentation, et avec un coût social et humain très élevé.
Prévenir ces pathologies, ou au moins en retarder l’apparition, est un objectif de santé publique majeur. Mais depuis vingt ans, de nombreuses
recherches sur le sujet ont généré une abondance de théories, dont aucune
n’est documentée de façon convaincante. Dans l’état actuel des connaissances,
aucune conclusion ne peut être tirée quant aux relations entre d’éventuels
facteurs modifiables (en particulier nutritionnels) et le risque de MA ou de
déclin cognitif. Les experts reconnaissent cependant trois pistes intéressantes : l’effet potentiellement bénéfique des acides gras oméga-3 à longue
chaîne, de l’activité physique et de l’entraînement cognitif.
Ils insistent sur la nécessité de recherches complémentaires en s’appuyant
sur des critères de diagnostic consensuels pour mener des études prospectives à grande échelle et sur une longue période de temps ainsi que des essais
d’intervention bien conduits pour valider les hypothèses.
Petit déjeuner et risque
cardiovasculaire
Près de 2 200 Australiens ont été
interrogés sur leurs habitudes visà-vis du petit déjeuner à vingt ans
d’intervalle, pendant l’enfance et à
l’âge adulte. Ceux qui n’ont jamais
pris de petit déjeuner ont un tour
de taille plus important et des
concentrations plasmatiques plus
élevées en insuline, cholestérol et
LDL-cholestérol. L’absence de petit
déjeuner à long terme aurait des
effets délétères sur le métabolisme
de l’organisme et notamment sur le
risque cardiovasculaire. Cette
différence n’est pas expliquée par
les facteurs sociodémographiques,
l’activité physique et la qualité de
l’alimentation.
Smith KJ, et al. Am J Clin Nutr 2010 ; 92 :
1316-25.
Daviglus ML, et al. Ann Intern Med 2010 ; 153 : 176-81.
Rapport complet : http://consensus.nih.gov/2010/docs/alz/ALZ_Final_Statement.pdf
Fructose et santé
Le fructose, un sucre naturellement contenu dans les fruits, est utilisé pour
sucrer les aliments au même titre que le glucose ou le saccharose. Sa
consommation, ainsi que celle de sirops à base de fructose, a fortement augmenté ces dernières années, parallèlement à l’obésité et à un certain
nombre de désordres métaboliques. Le fructose a donc été incriminé par
les médias comme facteur de risque dans ces maladies. Une revue de la littérature sur le sujet a été entreprise.
En ce qui concerne le lien entre fructose et obésité, des études épidémiologiques relevaient une évolution parallèle des consommations de fructose
et des courbes d’obésité. Par nature, ces études ne permettent pas d’établir un lien de cause à effet. En revanche, des études d’intervention font
apparaître que l’ingestion de fructose ne modifie pas la satiété et les
apports énergétiques à court terme, même si l’une d’elles, comparant la prise
de poids de sujets consommant des sodas à base de fructose ou d’aspartame, retrouve un gain supérieur pour les premiers, ce qui n’est pas surprenant ! Une récente méta-analyse conclut à l’absence d’effets du fructose sur le poids pour des doses allant jusqu’à 100 g/j.
En outre, il n’a pas été prouvé qu’une consommation inférieure ou égale
à 50 g/j avait un effet négatif sur le métabolisme des triglycérides, l’insulinorésistance ou l’hypertension. Le fructose pourrait entraîner une
hyperuricémie mais seulement chez les patients avec de la goutte.
Comme pour n’importe quel autre nutriment, les effets du fructose dépendent en fait de la quantité consommée.
Rizkalla SW. Nutr Metab 2010 ; 7 : 82.
INFOS CONGRÈS
• Diétécom, 24-25 mars 2011,
Paris, www.dietecom.com
• Journée du Club européen des
diététiciens de l’enfance,
1er avril 2011, Luxembourg,
www.cede-nutrition.org/site.html
• Congrès sur les TCA,
1er-2 avril 2011, Nîmes,
http://web.mac.com/association_
act/Association_LACT_/
Congrès_2011.html
• Journées nationales de diététique
et de nutrition, 11-13 avril 2011,
Marseille, [email protected]
• Journées d’études de l’AFDN,
26-28 mai 2011, Grenoble,
www.afdn.org
• Entretiens de nutrition,
9-10 juin 2011, Lille, « Les 13
vitamines », « Les 13 desserts »
www.pasteur-lille.fr
ACTUALITÉ
Plan alimentation et insertion
Initié en 2003, le plan « Alimentation et insertion » décline le PNNS vers
les populations en difficulté. Le dispositif prévoit la diffusion d’outils d’information à destination des bénéficiaires de l’aide alimentaire et l’organisation de formations auprès des salariés et bénévoles des structures distribuant cette aide. A ce jour, treize régions sont concernées par ce dispositif,
un appel d’offres a été lancé pour les neuf régions restantes. Les premiers
résultats sont encourageants, une évaluation extérieure est prévue pour
2011.
Equilibres, n° 13, janvier 2011, Inpes.
EN BREF
fructose–acide ascorbique. Une évaluation sur l’effet d’un mélange fructose-glucose sur l’élimination de l’alcool est en cours par l’AESA.
www.anses.fr, saisine n° 2010-SA-0164.
La population française
L’Insee vient de publier le bilan démographique 2010 :
• 65 millions d’habitants (métropole et outre-mer) : en progression
grâce aux naissances ;
• taux de natalité : 2,01 enfants par femme, en progression ;
• espérance de vie à la naissance : + 4 mois, forte hausse après une
pause en 2008 et 2009 ; femmes : 84,8 ans, hommes : 78,1 ans.
• personnes de plus de 65 ans : 16,8 % de la population, en progression.
Anses
www.insee.fr
Aspartame : l’agence se penche sur cet édulcorant, qui est régulièrement l’objet de débat. Au vu des études scientifiques récentes, l’Anses
a fait une première analyse qui conclut que les recommandations
actuelles de consommation ne sont pas remises en cause. Des études
complémentaires sont toutefois souhaitables. Un avis et des recommandations sur l’intérêt des édulcorants seront publiés prochainement.
De son côté, l’AESA étudie également la question.
www.anses.fr, actualité 1er février 2011.
Une boisson qui réduit l’alcoolémie ? « Allégation non recevable », a
répondu l’Anses. Cette boisson gazeuse était censée permettre une baisse du taux d’alcool et réduire les effets du lendemain grâce au mélange
La loi HPST à l’hôpital, les clés
pour comprendre
Ce document téléchargeable est un outil à vocation pédagogique afin de
mieux comprendre l’organisation du système hospitalier. Il sera mis à jour
au fur et à mesure de la parution des décrets faisant suite à la loi. Les
47 fiches pédagogiques abordent l’organisation interne à l’hôpital, les
relations avec les ARS et l’organisation de l’offre de soins, la coopération
entre les établissements de santé.
http://www.sante-jeunesse-sports.gouv.fr/IMG/pdf/
vademecum_loi_HPST.pdf
SÉLECTIONNÉS
Influence des procédés de cuisson sur la composition
nutritionnelle et la digestibilité de la pomme de terre
Moreira TS, et al. Cah Nutr Diet 2010 ; 45(6Suppl1) : S37-43.
Un article pour tout savoir sur la valeur nutritionnelle de la pomme de
terre et notamment sur son indice glycémique en fonction des différents
facteurs qui le modulent : variété botanique, degré de maturité, méthode de
cuisson, refroidissement après cuisson, procédé de transformation (flocons,
frites, chips, gnocchis, etc.).
Un point sur l'épidémiologie et l'étiologie des troubles
du comportement alimentaire
Falissard B. Réalités Nutrition Diabétologie 2010 ; (30) : 35-9.
Les troubles du comportement alimentaire (TCA) regroupent traditionnellement l'anorexie mentale et la boulimie, qui touchent plus souvent les adolescentes ou les jeunes femmes ; la prévalence globale de ces troubles dans
cette population est autour de 3 %. Des facteurs bio-psycho-sociologiques
entrent en jeu : prédisposition génétique, style cognitif particulier, facteurs
de risque sociaux.
Intolérance au gluten : nouveautés et aspects pratiques
Chambron E. Information Diététique 2010 ; (4) : 24-30.
A la suite de l’évolution de la législation et de l’augmentation de l’offre industrielle, en collaboration avec les associations de patients, l’auteur explique,
pratiquement, son rôle en tant que diététicienne dans la mise en place et l’observance d’un régime sans gluten au quotidien.
Le syndrome de l'intestin irritable : une nouvelle maladie
inflammatoire du tube digestif
Marjoux S, et al. Nutritions Endocrinologie 2010 ; 8(48) : 231-5.
Le syndrome de l'intestin irritable est une maladie fréquente du tube
digestif caractérisée par des douleurs abdominales et des troubles du
POUR VOUS
transit. Son origine est multifactorielle, avec la mise en jeu de phénomènes
inflammatoires au niveau de la muqueuse digestive. L'identification des
facteurs qui participent à cette inflammation est un enjeu majeur en
termes de prise en charge diagnostique et thérapeutique.
Les charcuteries
Louis-Sylvestre J, et al. Cah Nutr Diet 2010 ; 45(6) : 327-37.
Les auteurs font le point sur cette catégorie d’aliments : différents produits,
étapes de production avec additifs pouvant être utilisés, code des usages, gestion des risques, consommation actuelle de charcuterie en France et impact
sur la santé, apports nutritionnels. Sont également décrits les efforts des
fabricants pour diminuer les teneurs en graisses saturées et en sel dans le
contexte actuel de la politique de santé.
La vitamine D : faut-il revoir les recommandations ?
Garabédian M. Information Diététique 2010 ; (4) : 31-4.
La vitamine D a une double origine, ce qui complique la définition d'apports
nutritionnels conseillés (ANC). Sur la base des données les plus récentes,
les ANC de 2001 pour la vitamine D restent valables pour l’ensemble de la
population résidant en France à l’exception des personnes âgées pour lesquels les ANC actuels apparaissent sous-évalués.
Revue bimestrielle éditée par le CERIN
(Centre de Recherche et d'Information Nutritionnelles).
Rédacteur en chef : Brigitte Coudray - Coordination et rédaction : Chantal Lalau Keraly
Rédaction : Christine Lacroix - Maquette : Marc Trenson, Kasia Gluc
ISSN 1166-1828
CERIN - 42, rue de Chateaudun - 75314 Paris Cedex 09
Fax : 01 42 80 64 13 - E-mail : [email protected]
www.cerin.org
FICHE
PRATIQUE
EN
DIÉTÉTIQUE
QUOTIDIENNE
ANC en acides gras chez l’adulte
Une démarche de nutrition globale
L’expertise collective menée dans le cadre de l’Afssa* pour définir les ANC en lipides est novatrice à plusieurs titres et se veut
une démarche de nutrition globale (ici pour les lipides) :
– par définition, les ANC concernent les individus en bonne santé,
et leur objectif inclut le maintien de cette bonne santé, ce qui
correspond aux limites de la prévention primaire ;
– on a considéré d’abord le nutriment (ici l’AG) et son besoin physiologique, et ensuite seulement a été évalué son intérêt en
termes de prévention des pathologies. L’ANC est alors la synthèse
de ces deux étapes, et aucun des AG n’a été exclu de cette
démarche sous prétexte d’absence de données cliniques. En effet,
dans ce dernier cas, le besoin physiologique doit s’appliquer ;
– la démarche qui a guidé ce travail implique l’examen sans exclusion de tous les types d’études (toutes études chez l’homme mais
également études chez l’animal et modèles in vitro). Cette nouvelle
démarche garantit le support bibliographique le plus complet ;
– proposer ces ANC a exigé de considérer le maximum d’AG, leur
interdépendance et bien sûr la cohérence quantitative de l’ensemble pour rendre crédibles des recommandations qui sont
nutritionnelles.
Des besoins complexes,
difficiles à vulgariser
Au vu des données récentes, la distinction entre AG indispensables
et AG non indispensables a prévalu sur la classification biochimique
des AG** (polyinsaturés, mono-insaturés et saturés) dans l’établissement des ANC.
Lipides totaux
L’ANC en lipides totaux doit être compris entre 35 et 40 % de
l’apport énergétique (AE) pour un adulte consommant 2 000 kcal,
car ce n’est pas la proportion de lipides dans l’apport énergétique, mais l’apport énergétique total (glucides, lipides, alcool, protéines), qui pose problème en cas d’excès. En termes de besoin physiologique, 30 % de l’AE est le minimum pour éviter de réduire les
apports en AGPI (DHA) en dessous des besoins et, à titre d’exemple,
en deçà de 35 % de l’AE, au profit de glucides, il n’y a pas de bénéfice établi pour la santé cardiovasculaire (CV).
AG indispensables
Trois AG sont indispensables : l’acide linoléique (LA, C18:2 n-6),
l’acide α-linolénique (ALA, C18:3 n-3) et un de ses dérivés,
l’acide docosahexaénoïque (DHA, C22:6 n-3).
La recherche d'un équilibre entre les familles n-6 et n-3 apparaît
prioritaire (rapport n-6/n-3 = 4). Le besoin physiologique minimal en LA est estimé à 2 % de l’AE. L’ANC de LA est fixé à 4 %
afin d’atteindre un total en AGPI favorable à la prévention CV et
de respecter le rapport LA/ALA inférieur à 5. Pour les mêmes raisons, à partir d’un besoin physiologique estimé à 0,8 % de l’AE,
l’ANC de l’ALA est fixé à 1 %.
Il convient d'apporter également les AG dérivés n-3 (EPA+DHA),
leur synthèse à partir de l’ALA étant très faible chez l’homme.
L’ANC pour le DHA a été fixé à 250 mg/j, soit deux fois plus
qu’en 2001. En prévention des différentes pathologies, la valeur
de 500 mg/j est fixée pour la somme EPA+DHA (750 mg pour les
pathologies CV).
AG non indispensables
• AG saturés (AGS) : trois d’entre eux sont délétères en cas d’excès, en termes de risque CV : les acides palmitique, laurique et
myristique. Il convient donc de limiter leur somme à 8 % de l’AE,
et de compléter avec les autres AGS (les courts et l’acide stéarique) pour un total AGS ne dépassant pas 12 % de l’AE. L’ANC de
12 % pour les AGS totaux correspond également à la valeur à ne
pas dépasser en prévention du risque de pathologie CV.
• Acide oléique : il est neutre vis-à-vis des pathologies concernées et permet un ajustement des apports, l’ANC pour l’acide
oléique a été fixé à 15 à 20 % de l’AE. La valeur de 20 % serait
à ne pas dépasser en prévention du risque des pathologies CV.
• Autres AG non indispensables : ce dernier groupe présenté dans
le document Afssa intègre un ensemble d’AG variés (polyinsaturés,
mono-insaturés, trans et conjugués), chacun présent en très faible
quantité mais dont le total représente environ 2 % de l’AE.
L’avis de l’Afssa précise également les ANC et besoins physiologiques des AG pour la femme enceinte et allaitante ainsi qu’en
fonction de l’âge pour le nourrisson, l’enfant et l’adolescent.
Pr Philippe Legrand
AGROCAMPUS-INRA, Rennes
Pour en savoir plus :
* Legrand P, et al. 2010, Apports Nutritionnels Conseillés.
http://www.afssa.fr/Documents/NUT2006sa0359.pdf
** Voir fiche pratique Nutri-doc n° 48 (avril 2004) pour la structure
et la fonction biologique des acides gras.
CENTRE
DE RECHERCHE
ET D'INFORMATION
NUTRITIONNELLES
N° 89 - FÉVRIER 2011
Les apports nutritionnels conseillés (ANC) pour les acides gras (AG)
ont été définis en 2001 par l’Afssa. Depuis, les données scientifiques acquises ont amené l’Afssa à les actualiser.
FICHE
PRATIQUE
EN
DIÉTÉTIQUE
QUOTIDIENNE
Les ANC en acides gras en pratique
Méthode proposée
Pour traduire concrètement ces nouveaux ANC, le calcul d’une ration
de base quotidienne à 2 000 kcal incluant les principaux groupes
d’aliments doit tenir compte des apports lipidiques et respecter au
mieux les ANC pour les autres nutriments. Elle reste théorique,
puisqu’elle se fonde sur des quantités moyennes pour une journée
alors que l’équilibre alimentaire s’établit sur plusieurs jours. Ainsi,
l’élaboration de menus sur une semaine à partir de la ration type
quotidienne permet de lisser les apports lipidiques dans un temps
défini et de consommer de temps en temps des aliments plus gras.
Des acides gras aux aliments
Les nouvelles recommandations laissent une part énergétique
plus élevée aux lipides totaux, soit 75 à 88 g/j pour 2 000 kcal.
A priori, elles seront plus faciles à mettre en pratique, car les
recommandations précédentes étaient plutôt restrictives et éloignées de nos habitudes alimentaires.
Les principales modifications des ANC portent sur les acides gras
saturés (AGS) et indispensables. Comparés aux ANC précédents,
les apports totaux en AGS sont plus élevés : ≤ 12 % vs ≤ 8 %, soit
26 g pour 2 000 kcal. Dans l’alimentation, les principaux vecteurs
sont les produits transformés, les produits laitiers non écrémés,
les charcuteries, les viandes grasses. Trois AGS sont distingués pour
leur rôle athérogène en cas d’excès : les acides laurique C12 :1,
myristique C14 :1 et palmitique C16 :1 qui bénéficient d’un ANC
particulier : ≤ 8 %, soit 17 g pour 2 000 kcal. Ils sont également
présents dans certaines matières grasses végétales comme les
huiles de palme, de coprah et de palmiste, utilisées dans les produits industriels.
L’ANC a doublé pour l’un des AG indispensables, le DHA. Pour satisfaire les besoins en AG oméga-3 à longue chaîne, EPA et DHA, une
place particulière et indispensable sera accordée à certains poissons (encadré). Le choix des huiles est essentiel pour rééquilibrer
les apports en AG et assurer un ANC un peu plus élevé en acide
α-linolénique (1 % vs 0,8 %, soit 2,2 g pour 2 000 kcal) et en acide
linoléique, AG indispensable, tout en respectant un équilibre
entre les deux.
La limite maximale des apports en acide oléique à 20 % de l’AET
est un argument supplémentaire pour varier les huiles ; une
consommation exclusive d’huile d’olive peut faire dépasser ce
taux.
Des aliments à l’assiette
Tenant compte de ces recommandations, la ration quotidienne proposée par groupes d’aliments est :
- viandes, poissons et œufs : 120 g de viande ou volaille ou poisson ou 2 gros œufs. Pour garantir les apports en DHA et EPA, prévoir 140 g de poisson gras par semaine ;
- produits laitiers : 200 mL de lait demi-écrémé ou équivalents,
1 yaourt nature et 30 g de fromage (22 % MG en moyenne) ;
- corps gras : 20 g de beurre, 20 g huile de colza (noix, soja) et
25 g d’huile variée (olive, arachide, tournesol) ;
- féculents-céréales : 300 g de féculents ou équivalents et 140 g
de pain ;
- fruits et légumes : 300 g de légumes et 400 g de fruits ;
- produits sucrés : 40 g de sucre ou équivalents.
Les quantités de corps gras peuvent paraître élevées. Mais elles
prennent en compte les matières grasses ajoutées et celles incluses
dans les produits transformés. La mise en pratique des recommandations ne présente pas de difficultés du point de vue quantitatif ; en revanche, il sera nécessaire d’être vigilant sur l’équilibre entre les différents AG. Les corps gras utilisés pour les assaisonnements et cuissons peuvent être choisis et maîtrisés, il est
plus difficile, voire impossible d’identifier et de quantifier ceux
inclus dans les produits transformés, étant donné le manque de
données dans les tables de composition et sur les étiquettes des
produits.
La meilleure façon de suivre ces recommandations est de choisir
des produits de base ou semi-élaborés et de les mettre en œuvre
soi-même. L’utilisation de produits transformés est toutefois possible si la liste des ingrédients étiquetée est suffisamment précise.
Poissons riches en DHA et EPA
Frais et surgelés : anchois, espadon, flétan, maquereau,
sardine, saumon.
Conserves : maquereau, pilchard, sardine.
Fumés : hareng, maquereau, saumon.
Source : Calipso, Inra – Afssa 2006.
Brigitte Coudray,
diététicienne nutritionniste, Cerin
Reproduction interdite sauf accord avec la rédaction
Les nouvelles recommandations sur les apports en lipides portent
sur les différents acides gras (AG). Les aliments concernés sont ceux
qui en contiennent naturellement et toutes les préparations composées, industrielles ou faites maison, élaborées avec des ingrédients sources de lipides (plats cuisinés, pâtisseries, quiches…).
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