Chapitre 4 – Le modèle keynésien - Espace d`authentification univ

Macroéconomie 2016-17 - Chapitre 4 – Synthèse
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CHAPITRE 4 LE MODELE KEYNESIEN ELEMENTAIRE
Section(1(-(Hypothèses-clés(du(modèle(keynésien(élémentaire(
H1 Une lecture du fonctionnement de l’économie qui part de la demande pour
expliquer le niveau d’activité (l’offre). Alors que la consommation des ménages est
déterminée comme un résidu dans l’approche néoclassique (et est en ce sens déterminée
par le taux d’intérêt, qui fixe le niveau d’épargne souhaité par les agents économiques),
elle constitue le point d’entrée de l’approche keynésienne.
Ainsi, chez Keynes, la consommation des ménages s’exprime comme une fonction
croissante du revenu agrégé ! de l’économie (cf. l’ensemble des revenus distribués au
sein de l’économie et qui reviennent in fine dans les poches des ménages), de la forme :
" # " ! # $% ! & '
avec ()
(* # $, $ étant compris entre 0 et 1 et s’appelant à la propension marginale
à consommer. Il s’agit là de la loi psychologique de Keynes. Elle s’explique par le
fait que les ménages ne consacrent pas l’intégralité de leurs revenus à la
consommation et en épargnent une partie. En cas d’augmentation de leur revenu,
Keynes suppose que les ménages affectent une part $ de cette hausse de revenu à
de la consommation supplémentaire, et le reste (part + , $) à l’épargne.
b correspond à une composante exogène de la consommation des ménages, qui
peut s’interpréter comme un niveau incompressible de consommation des
ménages (le niveau de la consommation des ménages dans l’hypothèse ces
derniers ne toucheraient aucun revenu au cours de la période de temps
considérée, et financeraient cette consommation au moyen d’un prélèvement
dans leur patrimoine, constitué à partir de leur épargne.
De même, b peut être vu comme une composante psychologique de la
consommation des ménage, susceptible de baisser en période de pessimisme des
ménages ou qui augmenterait en période plutôt optimiste. Pour autant, dans la
pensée de Keynes,la relation de consommation est plutôt passive et b ne varie pas
fortement (à la différence de la composante psychologique de l’investissement).
L’approche keynésienne considère donc que la consommation des ménages s’explique
avant tout par les revenus actuels de ces derniers, et que le paramètre $ est stable à court
terme, à l’échelle de l’ensemble des acteurs économiques.
Il en découle logiquement que l’épargne des ménages est également déterminée par le
revenu des ménages, et pas par le niveau des taux d’intérêt, comme l’envisage le modèle
néoclassique :
! # " & -
- # ! , " ! # ! , $% ! , ' # + , $ % ! , '
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H2 Keynes se place dans une économie de sous-emploi qui dispose de capacités
productives inutilisées.
Keynes pense que la situation de plein-emploi, cas de figure exclusivement considéré
par les classiques, est un cas particulier, dans lequel une économie se trouve rarement.
Keynes veut proposer une théorie plus « générale » et davantage en phase avec les
caractéristiques de l’économie « réelle ».
Cette hypothèse doit être reliée à la période à laquelle Keynes s’intéresse : l’économie
post-crise 1929. Elle implique que les entreprises peuvent répondre à une demande
additionnelle en produisant davantage. Cette hypothèse est importante de par son
réalisme. De plus, elle permet justement de montrer l’existence d’un effet multiplicateur
de la demande exogène sur l’activité, et par conséquent sur l’emploi, à la différence du
modèle néoclassique qui met en avant un simple effet d’éviction de la politique
économique.
De plus, cette hypothèse contribue à expliquer en partie la rigidité des prix (cf. hypothèse
3), dans la mesure les tensions entre offre et demande seraient plus limitées en
situation de sous-emploi.
Keynes considère en revanche qu’une fois qu’une économie a (re)trouvé son niveau de
plein emploi, alors le paradigme classique redevient pertinent.
H3 - Hypothèses d’ajustement par les quantités et non par les prix sur les marchés.
Keynes ne pense pas que les prix soient aussi flexibles que le pensent les néoclassiques.
Aussi, les prix sont considérés comme rigides, donnés et donc exogènes à court terme1,
de sorte que les ajustements sur les marchés se font par les quantités.
H4 Rôle clé des anticipations et de la psychologie sociale, à travers la notion de
demande effective, c’est-à-dire la demande anticipée par les producteurs et par rapport
à laquelle sera calibré le volume d’activité de l’économie.
Cette prise en compte des anticipations conduit à exprimer la fonction d’investissement
des entreprises de la façon suivante, différente du modèle néoclassique :
. # . / & .0
avec (1 2
(2 3 4 et .05 4 qui constitue une composante autonome, exogène reflétant les
anticipations des entrepreneurs en matière de débouchés pour leur production (.0 est
d’autant plus élevé que les anticipations sont optimistes). Cette composante .0 est
considérée chez Keynes comme sujette à des variations très soudaines et volatiles (cf.
« esprits animaux »), compte tenu de l’incertitude qui concerne le futur (concernant la
demande effective, ou le taux de rendement marginal de l’investissement, aka efficacité
!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
1!Pour!cette!raison,!le!modèle!keynésien!de!base!ne!cherche!pas!à!déterminer!les!prix!sur!les!
marchés!mais!seulement!les!niveaux!d’échange.!
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marginale de l’investissement) et l’existence de vagues irrationnelles d’optimisme et de
pessimisme.
Pour cette raison, Keynes considère que les variations de taux d’intérêt ne constituent
pas un moyen efficace de politique économique pour influencer le volume
d’investissement.
H5 – Le modèle keynésien élémentaire néglige les marchés de la monnaie et des titres
financiers.
Les prix et taux d’intérêt, déterminés par ces deux marchés, sont considérés comme
exogènes, de sorte que l’on peut considérer la composante . / comme fixe et se
concentrer sur sa composante « psychologique », « anticipatrice » .0.
Section(2(–(Fonctionnement(du(modèle(keynésien(élémentaire(
Le modèle keynésien élémentaire considère que les prix sont rigides et donc exogènes.
Il ne vise donc pas à déterminer leur valeur (nominale comme réelle). De sorte que les
équations qui caractérisent ce modèle peuvent être lues comme des valeurs nominales
ou réelles.
Comme les marchés financiers et monétaires sont négligés, il permet et se concentre sur
la détermination de deux agrégats essentiels : le niveau d’activité global et le niveau de
l’emploi.
On suppose dans ce modèle essentiellement un seul marché, central, celui des biens et
des services.
2.1.(Le(modèle(à(deux(catégories(d’acteurs(
On considère ici 2 acteurs, les ménages, les entreprises.
Soit !6 la demande globale qui s’exprime dans l’économie.
On a, en termes de demande de biens et services :
!6# " & .
Du point de vue du revenu agrégé, on a :
!6# " & -
L’équilibre de l’offre et de la demande sur le marché des biens et services s’écrit !7# !6,
soit (sans développer l’expression de l’investissement à ce stade).
!7# $% ! & ' & .
Comme le revenu national agrégé est égal à la production agrégée, on écrit également
!7# !.
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Il en découle une équation à une inconnue, le niveau d’activité à l’équilibre, le seul
permettant d’avoir à la fois égalité entre l’offre globale et la demande globale :
!7# $% ! & ' & .
dont la solution est :
!8#' & .
+ , $
On voit dans ces conditions que le niveau d’activité de l’économie est une fonction
croissante de b, I et c.
2.2(Détermination(du(niveau(de(l’emploi(:(
A la différence du modèle néoclassique, dans lequel le niveau de l’emploi s’établissait à
l’équilibre du marché du travail, le modèle keynésien détermine le niveau de l’emploi
dans l’économie comme celui qu’il est nécessaire de mettre en œuvre pour atteindre le
niveau d’activité d’équilibre.
Le raisonnement keynésien pour expliquer le niveau d’emploi de l’économie ne part pas
du marché du travail, comme pour dans le modèle néoclassique, mais du marché des
biens et services, tel que perçu par les entrepreneurs.
On peut exprimer sur ce marché une relation d’offre globale, croissante avec le niveau
de l’emploi. Cette relation n’est autre que la fonction de production globale de
l’économie, qui s’écrit !7# !79. Elle détermine le niveau d’emploi qui permet
d’atteindre un certain niveau de production en maximisant les profits des entrepreneurs.
On peut également exprimer une relation de demande globale (la demande effective).
Celle-ci, anticipée par les entrepreneurs, est composée d’une part de la demande de
consommation des ménages et des dépenses d’investissement des entrepreneurs. La
première composante est liée au revenu national de l’économie, et dépend positivement
du niveau de l’emploi. Toutefois, la loi psychologique de Keynes fait que la demande
des ménages augmente d’un montant moindre que le revenu national et, partant, de la
production globale de l’économie. La seconde composante, I, est donnée comme
exogène par rapport au niveau de l’emploi et dépend de l’état des anticipations au sein
de l’économie.
!6# " 9 & .
Le niveau d’emploi d’équilibre se détermine en égalisant l’offre et la demande globale.
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Stabilité de l’équilibre
Ainsi, les courbe d’offre globale !7 et de demande globale !6 se coupent en 98: !8.
Cette situation d’équilibre est liée à la fonction de consommation des ménages et
l’investissement dans l’économie.
Elle est stable dans la mesure où un niveau d’emploi inférieur à 98 se traduirait par une
situation d’excès de demande sur le marché des biens et services. Cette situation
pousserait les entrepreneurs à répondre à cette demande en augmentant la production,
et donc l’emploi, jusqu’à ce que 9 # 98.
De même, un niveau d’emploi supérieur à 98 se traduirait par une situation d’excès
d’offre sur le marché des biens et services. Cette situation pousserait les entrepreneurs à
diminuer la production, et donc l’emploi, jusqu’à ce que 9 # 98
2.3.(Equilibre(sur(le(marché(financier(:(
Le niveau d’activité qui équilibre offre globale et demande effective permet également
de vérifier l’équilibre sur le marché financier.
Comme on a, sur le marché des biens et services, l’égalité !6# !8# " !8& . et du
point de vue du revenu agrégé des ménages l’égalité !6# ;" !8& -, il en découle que
l’équilibre atteint par l’économie vérifie également l’égalité sur le marché financier :
- # .
Ainsi, chez Keynes, l’équilibre fondamental S=I est bien respecté, mais ne s’obtient pas
par le biais d’un ajustement de prix (le taux d’intérêt) mais d’un ajustement de quantité
(le niveau d’activité).
!(
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