
Bernard CASTAGNEDE  Les politiques fiscales et la crise en Union Européenne 
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l’origine des principales difficultés financières actuelles le défaut de priorité accordée dans les 
politiques budgétaires à l’objectif de prévention d’une crise des dettes souveraines.  
 
5. Dans les rapports entre crise et politiques fiscales, on s’intéressera principalement, dès lors, 
à  l’impact  de  la  première  sur  les  secondes.  En  examinant,  en  premier  lieu,  la  réponse 
immédiate des politiques fiscales à la crise, en recherchant, en second lieu, les changements 
plus durables de politique fiscale déterminés par la crise. 
 
 
I. LES POLITIQUES FISCALES DE REPONSE A LA CRISE 
 
6. En fait, sous réserve du cas particulier des quelques pays épargnés par la crise, et compte 
tenu des variations dans la nature et l’amplitude des dispositifs d’un pays à l’autre, on peut 
assez nettement distinguer deux phases dans les politiques fiscales engagées en réaction à la 
crise. Face à la récession économique engendrée par la crise financière privée de 2008, ont 
d’abord  été adoptées, le  plus souvent, des mesures caractéristiques d’une politique fiscale 
anticyclique, visant à relancer la croissance. Ces mesures ayant creusé les déficits publics, 
accru l’endettement des Etats, et dangereusement ébranlé la confiance des prêteurs, elles ont 
été suivies de dispositions tendant au simple rétablissement des comptes publics. L’objectif 
financier de l’impôt a finalement prévalu sur son utilisation économique, la politique fiscale 
anti-déficit l’emportant sur la politique fiscale anti-crise.  
 
A/ Les politiques fiscales anti-crise 
 
7. La crise financière privée débutant en 2008 a gravement affecté, quoique de façon variable 
selon  les  Etats  membres,  l’ensemble  de  l’Union  européenne.  Le  produit  intérieur  brut  de 
l’Europe des 27 s’est, en 2009, contracté de 4,2% (et jusqu’à 18% en Lettonie). Les moyens 
fiscaux d’abord mis en œuvre pour répondre à la récession ont été empruntés au vade-mecum 
classique  de  la  politique  fiscale  conjoncturelle,  largement  inspirée  des  enseignements  de 
Keynes.  Comme  on  sait,  selon  l’économiste  anglais,  une  récession  économique  peut  être 
efficacement  combattue  par  l’injection  dans  l’économie  de  disponibilités  monétaires 
supplémentaires, qui peuvent être notamment fournies au moyen d’allègements fiscaux. La 
relance  de  la  consommation  peut  être  favorisée  par  une  modération  des  charges  fiscales 
atteignant  les  catégories  de  populations  ayant  une  faible  propension  à  épargner, 
essentiellement  les  titulaires  de  revenus  modestes.  L’assainissement  de  la  trésorerie  des 
entreprises et la relance de l’investissement peuvent trouver l’appui de mesures d’allègement 
des charges  fiscales des entreprises. Sans doute les  pertes de recettes résultant d’une telle 
politique fiscale de relance peuvent-elles générer ou aggraver le déficit des comptes de l’Etat, 
mais  les  surplus  de  recettes  engendrés  par  la  croissance  permettent,  selon  la  théorie 
keynésienne du « multiplicateur », le retour ultérieur à l’équilibre des comptes publics. 
 
8. Peut être rattaché à une telle approche le « plan de relance pour la croissance et l’emploi » 
présenté par la Commission européenne le 26 novembre 2008. Ce plan prévoyait des mesures 
de relance budgétaires rapides, ciblées et temporaires, évaluées à 200 milliards d’euros, soit 
1,5% du PIB de l’Union Européenne. Le plan de relance faisait appel, pour l’essentiel, aux 
budgets  nationaux  (pour  170  milliards  d’euros,  le  solde  provenant  de  l’UE).  Selon  la