La dissertation
S. B.
15 décembre 2015
Table des matières
1 Généralités 1
1.1 Impératifs..................... 1
1.2 Conseils ...................... 3
1.3 Note brève sur //la///////////difficile – l’angoissante
question du plan . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.3.1 Témoignages . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.4 Les types de plans possibles . . . . . . . . . . . 3
1.4.1 La méthode Russ . . . . . . . . . . . . . 3
1.4.2 La méthode B. de N. / S.B. . . . . . . . 4
1.5 Remarques sur les deux typologies précédentes 4
1.6 Recommandations particulières . . . . . . . . . 4
2 Compétences théoriques z’et pratiques indis-
pensables : guide de survie 5
2.1 Compétences analytiques . . . . . . . . . . . . 5
2.2 Compétences rédactionnelles . . . . . . . . . . 5
3 Cet espace est dédié à votre imagination. 5
1 Généralités
1.1 Impératifs
1. CETTE FICHE 1EST À LIRE ET À COMPRENDRE,
PAS À MÉMORISER SANS RÉFLÉCHIR – for a
change.
2. Une dissertation vise à élaborer un problème philo-
sophique à partir d’un sujet (notion, question, couple
de notion, expression du sens commun, citation etc.) et à
(a) le résoudre (b) en articulant entre eux des arguments
(c) de manière unifiée.
3. Une dissertation vise ainsi à
produire une définition conceptuelle d’un mot
technique ou bien tiré de l’usage commun de la langue
1. D’après B. Manin et B. Sève,Exercices philosophiques. Quatorze
dissertations et commentaires de texte, Paris, Hachette, « Université »,
1979 ; J. Russ,La dissertation et le commentaire de texte philosophiques,
Paris, Armand Colin, 1998 ; J. Russ,La dissertation et le commentaire
de texte philosophiques, Paris, Armand Colin, « Cursus », 1998 ; F. Bur-
bage, N. Chouchan, S. L. Boulbina et al., Philosophie. Terminale L,
Paris, Nathan, 2001 ; A. Marchal et C. Courme-Thubert,Philoso-
phie. Terminales ES et S, Paris, Magnard, 2003 ; A. Perrin,Pratique
de la dissertation et du commentaire de textes en philosophie, Pairs,
Ellipses, 2007 ; S. Cerqueira,La dissertation en philosophie, Paris,
Hatier, « Les Pratiques du bac », 2008 ; le polycopié de MM. P. Se-
range et J.-J. Marimbert, « Méthode de la dissertation en philosophie
- Terminales L/ES/S » (2009) disponible à l’adresse https://ajeea.
puzl.com/puzl/files/570/99430/54393f302db83.pdf ; A. Marchal et
C. Courme-Thubert,Philosophie. Terminales L, ES, S, Paris, Ma-
gnard, 2012 ; ainsi que les cours de B. de Negroni, M. Le Dantec, N.
Chouchan, R. Lévy, R. Andrault, A.-C. Husser, P.-F. Moreau, L. Cha-
taigné, B. Morizot, A. Sauvagnargues, J. Henry, E. Renaut ; les conseils
de Vanina M., Gauvain L., Gladys K., François K., Thibault B., Paulin.e
C., Simon L., ad lib.
(c’est-à-dire, à « transformer ce dernier en concept »)
(Julie H.).
La trajectoire théorique est toujours la même : on part
du langage ordinaire, des idées communément reçues que
ce dernier véhicule, pour mettre à l’épreuve leur valeur, y
apporter des précisions, des amendements ou des concep-
tions alternatives (au moyen d’exemples et de concepts,
ces derniers étant le plus souvent empruntés aux auteurs
de la tradition philosophique).
4. Une dissertation comporte trois grandes divisions :
une introduction, un développement progressif (à la fois
argumenté et soutenu par des exemples), et une conclu-
sion. Le lecteur (yours truly, that is) doit pouvoir les voir
dès le premier coup d’œil : pas de dissertation balzaco-
prousto-joycienne de vingt pages (ou plus) de long sans
alinéas ni retours à la ligne ; j’insiste sur ce point : je ne
lirai pas de bloc de texte sans hiérarchie.
5. Donc, pour être clair : trois carreaux avant l’introduc-
tion ; trois avant la conclusion ; deux carreaux au début
de chaque paragraphe de transition et au début de chaque
partie ; un carreau à chaque moment d’une partie.
6. L’introduction se divise elle-même en trois mo-
ments : 1oou bien un exemple problématique (c’est-à-
dire une situation, un événement, une œuvre, bref, un
élément signifiant, qu’on peut comprendre de deux ma-
nières différentes, plus ou moins opposées, ou bien un tra-
vail d’analyse visant à produire des distinctions concep-
tuelles conduisant à une tension (un « paradoxe », si
vous voulez, mais je vous conseille de ne pas employer
explicitement ce mot trop souvent).
Puis, 2oune analyse approfondissant la tension en ques-
tion, c’est-à-dire qui met au jour ses présupposés théo-
riques et ses implications conceptuelles – ses « tenants et
aboutissants », dirait-on. Ce deuxième moment consiste
à formuler le problème principal, c’est-à-dire la question
à la fois précise (elle ne doit pas valoir pour tous les
sujets concernant la notion mobilisée dans l’intitulé, ni
pour tous les sujets d’un domaine de problèmes) et vaste
(c’est-à-dire qu’elle doit reposer sur un ensemble de pré-
suppositions qui rendent impossible une réponse immé-
diate à cette question, qui, en tant qu’elle fait obstacle à
la progression de la réflexion, est un problème 2.
Enfin, 3o, l’analyse du problème doit être encore spéci-
fiée, et la question divisée en sous-questions probléma-
tiques (ou « sous-problèmes »), auxquelles vont corres-
pondre les parties de la dissertation. Cette (dite) « an-
nonce de plan » doit présenter l’ordonnancement des pro-
blèmes, et non pas les trois positions (ou thèses) que vous
2. Pour une définition du problème philosophique, voir Jacqueline
Russ,Les méthodes en philosophie, Paris, A. Colin, 1992,aux pages 22
à 33, ainsi que Jacqueline Russ,La dissertation et le commentaire de
texte philosophiques, Paris, A. Colin, 1998, aux pages 47 à 68.
1
allez défendre au cours des parties. Cela ne signifie pas
qu’elle doive nécessairement se présenter sous la forme
de questions : des phrases affirmatives peuvent aussi bien
faire l’affaire.
7. Le développement doit comporter deux, trois, ou
quatre parties – mais il faut savoir qu’un développement
en quatre parties peut souvent se réduire à deux parties,
qui seront dès lors plus longues que les parties d’un déve-
loppement classique en trois moments. Chaque partie se
décompose comme suit : poser un sous-problème ; appor-
ter des arguments et introduire des concepts qui permet-
tront de résorber la tension, en s’appuyant le plus souvent
sur un auteur de la tradition philosophique, ou, plus lar-
gement, sur les propos d’une figure faisant autorité dans
un domaine (philosophe, littérateur, artiste, scientifique
etc.) ; illustrer le propos en employant un exemple parlant
et réfléchi, voire deux (un exemple analysé valant bien
mieux que deux exemples se réduisant à de simples men-
tions) ; enfin, chaque partie doit comporter un moment
de transition ou de pré-transition, marquant les limites
des arguments présentés et de la thèse qui s’ensuit.
La partie qui suit doit être logiquement amenée, c’est-
à-dire qu’elle doit clairement et distinctement (...) ap-
paraître comme l’étape suivante cessaire à la bonne
conduite de l’examen du problème.
Quels caractères doit posséder une question
pour être envisagée comme un problème philo-
sophique ? Elle doit avant tout posséder un in-
térêt pratique ou théorique : en bref, il faut
qu’elle véhicule des enjeux importants. (...)
Au fond, le problème, c’est l’anti-œillères.
(...) Avoir de œillères, c’est être borné, ne pas
voir certaines choses par étroitesse d’esprit.
Avoir le sens du problème, c’est regarder de
tous côtés.
Jacqueline Russ,La dissertation et le com-
mentaire de texte philosophiques, Paris, A. Co-
lin, 1998, p.56.
8. Afin de distinguer le problème de la problématique, je
vous propose une seconde citation tirée du livre de J.
Russ :
Qu’est-ce qu’une problématique ? Un jeu de
questions organisées aboutissant à la formu-
lation et à l’exposition d’un problème philoso-
phique, à l’authentique problème soulevé par
le sujet. Seules la lecture du sujet, la définition
des termes et l’analyse de la signification de
l’intitulé peuvent permettre la mise au point
d’une problématique organisée. La démarche
de problématisation succède, durant la prépa-
ration, à l’étude du sens de l’énoncé. Toutefois,
la première lecture peut suggérer immédiate-
ment certaines questions.
Dégager une problématique, c’est rassembler
de manière synthétique et unitaire les dif-
férentes questions soulevées par la lecture d’un
sujet, de manière à définir le problème à trai-
ter, pivot de la discussion. S’il n’y avait pas
de problème, si la réponse à la question s’impo-
sait d’elle-même, de manière évidente et immé-
diate, pourquoi réaliser une dissertation philo-
sophique ? Cet acte serait absurde.
Comprenez bien que vous devez, pour parvenir
au problème, mettre en relation les questions,
les articuler les unes aux autres : c’est cette
articulation qui est significative.
Enfin, n’oubliez pas que la problématique n’est
qu’un outil pour répondre à la question posée
par le sujet, et non pas une fin en soi 3.
9. Et, enfin, un extrait du livre de S. Cerqueira (p. 41-43) :
Ce qu’on appelle le problème posé par le su-
jet, c’est l’association ou la dissociation de
deux notions, association ou dissociation qui
ne vont pas de soi, c’es-à-dire qu’elles n’ont rien
d’évident au premier abord, et semblent donc
étranges. En d’autres termes, le problème est
ce qui produit en vous de l’étonnement. C’est
la mise au jour du paradoxe contenu dans le
sujet débouche sur l’identification de ce qu’on
appelle le problème posé par le sujet. (...) Pour
commencer, il est donc utile de préciser que
la problématique n’est pas le problème posé
par le sujet. (...) Le problème posé par le su-
jet est ce dont le sujet vous demande de dé-
battre, ce qu’il vous présente comme n’étant
pas évident. Mais une fois que kl’avez identi-
fié (...), vous devez vous demander : comment
faire pour résoudre ce problème ? Par quelles
étapes va-t-il falloir passer pour l’examiner,
puis le résoudre ? Ce sont ces questions-là que
vous devez vous poser afin de mettre au jour
la problématique.
Il faut également savoir que la problématique
n’est pas non plus le sujet. Le sujet tel qu’il
vous est proposé se présente en effet vous la
forme d’une question, et une problématique
n’est pas une question.
La problématique d’un sujet, c’est l’ensemble
des problèmes, c.-à-d. des obstacles auxquels
vous allez vous heurter en essayant de répondre
à la question qui vous est proposée. Autrement
dit, en essayant de répondre à la question qui
vous est proposée, vous serez amenés à vous
poser différentes questions, ou à examiner dif-
férents rapports entre les termes, qui découlent
de l’analyse de la question posée. L’ensemble
des problèmes que vous aurez à résoudre s’ap-
pelle la problématique. Cela implique qu’il n’y
ait pas une problématique possible sur un su-
jet, mais plusieurs. En effet, [même] si votre
réflexion doit embrasser l’ensemble des dimen-
sions d’un sujet, vous la mènerez à votre ma-
nière, en suivant un parcours singulier.
10. Dans le développement, les moments-clés sont les tran-
sitions : elles se présentent sous la forme de courts para-
3. Jacqueline Russ,La dissertation et le commentaire de texte phi-
losophiques, Paris, A. Colin, 1998, p. 48-49. – Autrement dit, il ne faut
pas se poser la question de savoir est la problématique dans votre
introduction : elle correspond à la logique propre à votre copie, à l’es-
prit qui gouverne le plan, au centre de gravité autour duquel, que vous
en soyez conscient.e ou non, gravitent toutes les idées pertinentes que
votre copie mobilise. Annoncer le plan, c’est montrer au lecteur que et
comment votre copie répond au problème de façon systématiquement
interrogative, en remettant en question les éléments de réponses qu’elle
apporte, c’est-à-dire comment votre propos est, dans son ensemble, un
propos problématisé.
2
graphes (10 lignes au maximum) situés entre les parties,
et visant (a) à récapituler/résumer synthétiquement les
acquis de la partie qui précède, et (b) amener la partie
qui suit, de manière concise – dans la mesure où le début
de partie suivante va poser le problème plus clairement
et de manière davantage développée.
11. A noter que chaque point-virgule de la phrase située au
point 6 de cette liste correspond à un retour à la ligne
et à un alinéa d’un carreau (la répétition de ce point est
volontaire : bien entendu, vous ne vous soucierez jamais
autant de la mise en page de vos copies ; mais l’énon-
ciation de règles volontairement rigides vous permettra
de vous rappeler que la forme que prend l’expression de
la pensée/du travail philosophique n’a rien d’anodin : ce
qui se conçoit clairement s’énonce clairement).
12. La conclusion ne doit pas comporter d’ouverture – si
jamais « on » vous a dit le contraire, dites-vous que j’ai
peut-être tort, mais que je suis assurément votre correc-
teur, et donc que dans mon cours et dans vos copies, ce
sont mes règles qui comptent. Elle doit récapituler le che-
minement réflexif parcouru au cours de la dissertation,
faire saillir les grandes articulations de votre propos, ré-
affirmer la nécessité du parcours que vous avez proposé.
Une fois que l’on referme votre copie, il n’y a plus rien à
dire – comme dirait l’autre, « The rest is silence ».
1.2 Conseils
1. Soyez très attentifs aux termes du sujet : distinguez-les
des termes proches (qui représentent le plus grand danger
de faire un hors-sujet) ; identifiez clairement et le plus
précisément possible les termes auxquels ils s’opposent.
2. Identifiez immédiatement le ou les présupposé(s) du su-
jet : une question n’est pas un problème, la plupart du
temps, et le problème que vous devez poser et résoudre au
cour de votre travail de dissertation n’est pas identique à
la question qui constitue l’intitulé du sujet. Poser ce pro-
blème, c’est mettre au jour l’ensemble des questions qui
vous paraissent les plus pertinentes 4pouvant conduire à
(ou du moins aider à le faire) répondre à la question po-
sée par le sujet. Par ex., répondre à une question comme
« L’homme est-il libre par nature ? » requiert évidem-
ment de s’interroger sur le sens des notions d’« huma-
nité », de « liberté » et de « nature ».
3. Pendant une période d’une demie-heure, notez à peu près
tout ce qui vous passe par la tête à la lecture du su-
jet (et, surtout, ne vous souciez pas des références, elles
viendront ensuite : essayez d’atteindre un état d’« atten-
tion flottante » – i.e., n’essayez pas de puiser dans votre
mémoire, laissez les idées et les images émerger à votre
conscience de travail et s’y associer toutes seules ; la mise
en relation logique des idées/arguments se fait ensuite.
4. Ne vous dites jamais que vous n’en savez pas assez
pour traiter le sujet : une dissertation construite avec des
exemples, même très simples, mais bien analysés, vaut
mieux qu’une copie qui repose sur des références phi-
losophiques mal digérées et utilisées à mauvais escient.
étant donné l’étendue de la littérature mobilisable dans
4. Ce point est particulièrement important, dans la mesure où il ex-
plique pourquoi il n’existe pas de corrigé-type ou de copie absolument
exemplaire relativement à tel ou tel sujet.
le cadre d’une dissertation, il est bien clair que ce type
d’exercice ne peut absolument pas être assimilé à une
épreuve d’érudition.
5. Ce qui ne signifie cependant pas qu’il n’y a rien à savoir
en philosophie : pour ce qui concerne le sujet que vous
aurez à traiter, des références vous seront communiquées.
Mieux vaut lire peu mais bien (cela vaut pour l’écriture :
une copie courte et efficace, un oral bref mais convain-
quant valent toujours mieux qu’un propos looooooooong
et peu pertinent).
1.3 Note brève sur///la/////////difficile – l’angoissante
– question du plan
1.3.1 Témoignages
Ani N. : « On m’a dit que les différentes parties consistaient
à changer de point de vue sur le problème général. Ça, je
comprends. Mais je ne vois pas l’intérêt de faire les deux pre-
mières parties, à partir du moment où je sais ce que je vais
écrire dans la troisième. »
Cassandre C. « Ne pas passer par l’avis du pilier de bar,
et e contenter de la troisième partie, dans laquelle on écrit
ce qu’on estime être l’aboutissement de la réflexion, on ne
pourra s’entendre qu’entre "gens qui font de la philosophie",
et pas avec tout le monde, alors que le but, c’est de faire
comprendre. »
Carole N. : « Le plan canonique, c’est "thèse, antithèse,
synthèse", mais il faut entendre "synthèse" dans le sens de
"déplacement du problème", ou "ressaisie des acquis sous un
nouveau point de vue", ce qui permet d’englober les parties
précédentes 5. »
1.4 Les types de plans possibles
1.4.1 La méthode Russ
D’après J. Russ, on peut élaborer quatre types de plans 6.
NB. les types de plans qui sont suivis du caractère
«*» ne sont pas à prendre en compte.
1. Le plan dialectique : I. thèse (on dit quelque chose) / II.
antithèse (on réfute une partie de ce qui a été dit dans
le I.) / III. synthèse (on cherche à trouver un point de
vue qui dépasse l’opposition entre I. et II. : on montre
que I. et II. partagent un présupposé (ou un préjugé)
commun, qui explique pourquoi la réflexion paraît « blo-
quée » dans une contradiction. – Il s’agit ici de procéder,
systématiquement, en trois temps : on part d’une intui-
tion du sens commun, i.e. de la réponse qui vient tout de
suite à l’esprit, sans réfléchir plus que ça, donc sans avoir
analysé les termes ; puis, on cherche non pas à réfuter ou
à contredire ce qu’on a établi, ; mais à nuancer le propos,
à chercher s’il a des limites, et où elles se situent. En-
suite, il s’agit donc de chercher une nouvelle approche de
la question et de chercher à montrer qu’on peut, tout en
s’appuyant sur le début de la copie, penser quelque peu
différemment, parfois même jusqu’à soutenir en partie
le contraire de ce qu’on a dit. Mais en partie seulement.
Enfin, la troisième partie, dans ce cas-là, la si fameuse
5. Ces dernières refermant « une part de vérité », dixit Cassandre C.
6. Jacqueline Russ,La dissertation et le commentaire de texte phi-
losophiques, Paris, A. Colin, 1998, p. 91.
3
« synthèse », quand elle est réussie, consiste à montrer
qu’on peut renvoyer les deux premières approches dos-à-
dos, au motif que ces deux premières parties partagent
un présupposé commun qui n’a pas encore été examiné.
En montrant que ce présupposé n’est pas nécessairement
vrai, on pourra montrer qu’en réalité, la solution au pro-
blème suppose de redéfinir une ou plusieurs notions.
2. Le plan progressif*: première définition / deuxième défi-
nition conforme à la raison / troisième définition « supra-
rationnelle ».
3. Le plan notionnel : première définition : nature : De quoi
parle-t-on ? / deuxième définition : existence : Qu’est-
ce qui, dans l’expérience, correspond à ce dont on parle ?
/ troisième définition : valeur : Les différentes réalités
qui correspondent à ce dont on parle peuvent s’opposer :
laquelle doit tenir le premier rang ?
4. La confrontation de concepts ou notions*: caractérisa-
tion des notions / distinction ou opposition / synthèse.
1.4.2 La méthode B. de N. / S.B.
Une conception alternative et bien plus maniable
affirme qu’il existe trois façons de faire 7.
Il ne s’agit pas tant d’une autre classification, que d’un autre
point de vue sur les transitions qui peuvent structurer
chacun des plans de la section précédente. Ce qui suit ne fait
en quelque sorte que désigner plus précisément les éléments
qui peuvent donner lieu à une remise en question, c’est-à-dire
à une transition.
Une dissertation peut ainsi procéder :
1. par objections / réponses (sans chercher, nécessaire-
ment, à dépasser les deux premières parties dans la troi-
sième...) ; cela signifie que la dissertation se présente
comme une espèce de dialogue, chaque partie mettant
au jour les insuffisances théoriques de la partie qui pré-
cède, par ex. en révélant l’existence d’un contre-exemple.
Il ne s’agit pas de dire que ce qui a été posé dans la partie
précédente est faux de part en part, mais, encore une fois,
à trouver les limites où ce qu’on dit cesse d’être vrai ou
pertinent et commence à devenir douteux et difficilement
soutenable.
2. en allant de présupposés en présupposés, i.e. en remon-
tant la chaîne des conditions intellectuelles auxquelles
tel argument (donc, telle partie) est vrai(e). Ce qu’on
cherche, dans ce cas, en dernière partie, c’est un prin-
cipe, une cause ultime, un argument fondamental sur le-
quel reposent tous les arguments de l’ensemble.
3. en développant les conséquences d’une partie dans la par-
tie suivante : il s’agit de procéder à l’inverse du point
précédant ; dans ce cas, la copie progresse selon une lo-
gique du « Si l’on soutient cela, alors on doit également
soutenir que... ».
1.5 Remarques sur les deux typologies pré-
cédentes
Les deux typologies ci-dessus ne servent que de point de re-
pères, de guides intellectuels :
7. Inspired by B. de N.
1. Ne cherchez pas systématiquement à savoir QUEL type de
plan vous avez adopté dans votre copie : il est difficile de faire
une dissertation en se « regardant faire » une dissertation.
2. Quel que soit le type de plan que vous adopterez, la tran-
sition entre une partie et une autre se fait toujours plus ou
moins pour la raison suivante : « il y a quelque chose qui ne
va pas dans ce qu’on a dit jusqu’ici. Si on creusait encore
un peu, un paradoxe pourrait apparaître, qui ruinerait l’ar-
gumentation : c’est pour cela qu’il faut continuer à avancer.
Où a-t-on été négligent, qu’est-ce qu’on a laissé de côté ? ».
Pour le dire autrement : dans tous les cas, c’est le plan dia-
lectique ou par objections / réponses qui « se cache » derrière
les autres.
1.6 Recommandations particulières
La méthodologie est une étrange science, qui consiste
à vous faire croire que pour faire une dissertation, il
faut appliquer un algorithme particulièrement simple, du
type : implémentation d’un ensemble de règles (celles su-
pra) devant vous conduire à traiter chaque sujet comme
le ferait un programme d’ordinateur :
Sujet Problématique Plan Rédaction
Or, il n’en est rien : les règles qui ouvrent ce document
ne visent pas à décrire les étapes réelles du travail de
préparation, mais à imposer une forme au produit fini
que sera la dissertation – on doit lire un propos qui aura
cette forme, mais cela n’implique aucunement que l’ordre
de recherche soit identique à l’ordre d’exposition.
L’ordre de la recherche, c’est le travail prépara-
toire, au brouillon, et c’est là le plus important :
il faut chercher sans chercher, laisser libre son at-
tention, chercher des exemples, des situations, des
arguments, des références culturelles (films, livres,
BDs, pièces de théâtre : tout est bon à prendre) qui
se rapportent au sujet d’une façon ou d’une autre :
qui livrent des exemples, permettent de construire
une définition, ont un caractère paradoxal (dans ce
cas, ils aident à problématiser le sujet) ou à donner
un contre-exemple à un argument etc. Mais atten-
tion : tout ce que vous aurez pu dénicher dans votre
mémoire, à l’aide de votre imagination et de vos
analyses conceptuelles ne tiendra pas dans la disser-
tation. Il est cependant très important de « ratisser
large » pendant la première demie-heure, afin d’être
sûr de ne rien oublier d’important. Ensuite, vous
conservez les trois idées principales qui vous seront
venues. Enfin, vous cherchez un fil directeur : il y
en a forcément un qui permet de relier les éléments
entre eux. Find it.
L’ordre d’exposition, c’est ce fil directeur, c’est le
fameux plan de votre dissertation, plan qui permet
de faire tenir ensemble les principaux éléments de
votre réponse au problème. Cet impératif de « faire
un plan » sert à une chose simple mais décisive :
organiser vos idées.
Les exercices des quatre premières séances ont pour but
de vous familiariser avec certains mécanismes de pensée
qui doivent devenir des automatismes, et qui doivent en
4
outre devenir des automatismes très rapides.
Le principal conseil que je puis vous donner, en consé-
quence, est le suivant : faites deux ou trois ou quatre
parties, mais ne vous souciez pas de la Construction
Selon La Sainte Trinité comme si votre dissertation/vie
en dépendai(en)t.
ET SURTOUT SURTOUT SURTOUT : OSEZ VOUS
SERVIR DE VOTRE RAISON, CELA EN VAUT LA
PEINE. Seriously.
h
2 Compétences théoriques z’et pra-
tiques indispensables : guide de
survie
2.1 Compétences analytiques
1h30 / 4h doivent impérativement être consacrées au
travail préparatoire « au brouillon ») : les compé-
tences que j’appelle « analytiques » sont celles que
vous devez acquérir et mobiliser pendant ce travail
préparatoire.
Choisir le sujet Le choix doit s’effectuer davantage en
fonction de vos connaissances et de vos centres d’intérêt
qu’en fonction d’une prétendue différence de difficulté :
les sujets de dissertation sont à considérer comme éga-
lement difficiles. Choisir le sujet nécessite deux étapes
complémentaires : (1) tenir compte de la spécificité" de
la question, c.-à-d. être très, très attentif.ve aux termes
dans lesquels se présente le sujet, et distinguer ce sujet
d’autres proches, semblables, mais différents ; (2) ensuite,
il faut se demander quelles sont les notions, parmi toutes
celles du programme, et même au-delà du programme
(car les concepts vus en cours ne servent, au fond, qu’à
être capable de définir d’autres concepts) que l’intitulé
implique de mobiliser, à plus ou moins long terme, avec
plus ou moins de nécessité, etc.
Préciser le sens de la question C’est une étape indispen-
sable, même si elle paraît déconcertante ou artificielle.
Elle consiste en trois choses : 1oidentifier le(s) présup-
posé(s) du sujet ; 2oformuler ce que le sens commun (=
vous, si vous étiez interrogé.e par un micro-trottoir) ré-
pondrait à la question posée (deux cas de figures : ou
bien vous tiendrez alors votre réponse à la question de
l’intitulé, et votre travail préparatoire consistera à mon-
trer pourquoi cette réponse est justifiée ; ou bien vous
sentirez tout de suite que cette réponse est incomplète,
limitée, bref, qu’il s’agit d’un préjugé, et qu’elle doit être
déconstruite ; 3oélaborer une situation imaginaire mais
crédible à partir de laquelle cette question se pose réel-
lement.
Analyser le sujet & problématiser la question Cette étape
est cruciale : si elle est manquée, la dissertation sera ra-
tée. Cela revient à définir les termes philosophiques, à
partir du cours mais également à partir d’une réflexion
personnelle, de façon à ce que les définitions proposées
soient adaptées au sujet, qu’elles ne soient pas plaquées
sur lui hors de tout contexte.
Construire le plan détaillé Cela sert à deux choses : mon-
trer que votre réflexion est organisée, et que votre pensée
progresse.
2.2 Compétences rédactionnelles
Ces dernières seront essentiellement vues en cours, pendant
des séances d’exercices.
Défendre une idée
Utiliser des références
Utiliser un exemple
Définir des concepts
Mettre en place des transitions
Conclure un argumentaire
3 Cet espace est dédié à votre imagi-
nation.
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