allez défendre au cours des parties. Cela ne signifie pas
qu’elle doive nécessairement se présenter sous la forme
de questions : des phrases affirmatives peuvent aussi bien
faire l’affaire.
7. Le développement doit comporter deux, trois, ou
quatre parties – mais il faut savoir qu’un développement
en quatre parties peut souvent se réduire à deux parties,
qui seront dès lors plus longues que les parties d’un déve-
loppement classique en trois moments. Chaque partie se
décompose comme suit : poser un sous-problème ; appor-
ter des arguments et introduire des concepts qui permet-
tront de résorber la tension, en s’appuyant le plus souvent
sur un auteur de la tradition philosophique, ou, plus lar-
gement, sur les propos d’une figure faisant autorité dans
un domaine (philosophe, littérateur, artiste, scientifique
etc.) ; illustrer le propos en employant un exemple parlant
et réfléchi, voire deux (un exemple analysé valant bien
mieux que deux exemples se réduisant à de simples men-
tions) ; enfin, chaque partie doit comporter un moment
de transition ou de pré-transition, marquant les limites
des arguments présentés et de la thèse qui s’ensuit.
La partie qui suit doit être logiquement amenée, c’est-
à-dire qu’elle doit clairement et distinctement (...) ap-
paraître comme l’étape suivante nécessaire à la bonne
conduite de l’examen du problème.
Quels caractères doit posséder une question
pour être envisagée comme un problème philo-
sophique ? Elle doit avant tout posséder un in-
térêt pratique ou théorique : en bref, il faut
qu’elle véhicule des enjeux importants. (...)
Au fond, le problème, c’est l’anti-œillères.
(...) Avoir de œillères, c’est être borné, ne pas
voir certaines choses par étroitesse d’esprit.
Avoir le sens du problème, c’est regarder de
tous côtés.
Jacqueline Russ,La dissertation et le com-
mentaire de texte philosophiques, Paris, A. Co-
lin, 1998, p.56.
8. Afin de distinguer le problème de la problématique, je
vous propose une seconde citation tirée du livre de J.
Russ :
Qu’est-ce qu’une problématique ? Un jeu de
questions organisées aboutissant à la formu-
lation et à l’exposition d’un problème philoso-
phique, à l’authentique problème soulevé par
le sujet. Seules la lecture du sujet, la définition
des termes et l’analyse de la signification de
l’intitulé peuvent permettre la mise au point
d’une problématique organisée. La démarche
de problématisation succède, durant la prépa-
ration, à l’étude du sens de l’énoncé. Toutefois,
la première lecture peut suggérer immédiate-
ment certaines questions.
Dégager une problématique, c’est rassembler
de manière synthétique et unitaire les dif-
férentes questions soulevées par la lecture d’un
sujet, de manière à définir le problème à trai-
ter, pivot de la discussion. S’il n’y avait pas
de problème, si la réponse à la question s’impo-
sait d’elle-même, de manière évidente et immé-
diate, pourquoi réaliser une dissertation philo-
sophique ? Cet acte serait absurde.
Comprenez bien que vous devez, pour parvenir
au problème, mettre en relation les questions,
les articuler les unes aux autres : c’est cette
articulation qui est significative.
Enfin, n’oubliez pas que la problématique n’est
qu’un outil pour répondre à la question posée
par le sujet, et non pas une fin en soi 3.
9. Et, enfin, un extrait du livre de S. Cerqueira (p. 41-43) :
Ce qu’on appelle le problème posé par le su-
jet, c’est l’association ou la dissociation de
deux notions, association ou dissociation qui
ne vont pas de soi, c’es-à-dire qu’elles n’ont rien
d’évident au premier abord, et semblent donc
étranges. En d’autres termes, le problème est
ce qui produit en vous de l’étonnement. C’est
la mise au jour du paradoxe contenu dans le
sujet débouche sur l’identification de ce qu’on
appelle le problème posé par le sujet. (...) Pour
commencer, il est donc utile de préciser que
la problématique n’est pas le problème posé
par le sujet. (...) Le problème posé par le su-
jet est ce dont le sujet vous demande de dé-
battre, ce qu’il vous présente comme n’étant
pas évident. Mais une fois que kl’avez identi-
fié (...), vous devez vous demander : comment
faire pour résoudre ce problème ? Par quelles
étapes va-t-il falloir passer pour l’examiner,
puis le résoudre ? Ce sont ces questions-là que
vous devez vous poser afin de mettre au jour
la problématique.
Il faut également savoir que la problématique
n’est pas non plus le sujet. Le sujet tel qu’il
vous est proposé se présente en effet vous la
forme d’une question, et une problématique
n’est pas une question.
La problématique d’un sujet, c’est l’ensemble
des problèmes, c.-à-d. des obstacles auxquels
vous allez vous heurter en essayant de répondre
à la question qui vous est proposée. Autrement
dit, en essayant de répondre à la question qui
vous est proposée, vous serez amenés à vous
poser différentes questions, ou à examiner dif-
férents rapports entre les termes, qui découlent
de l’analyse de la question posée. L’ensemble
des problèmes que vous aurez à résoudre s’ap-
pelle la problématique. Cela implique qu’il n’y
ait pas une problématique possible sur un su-
jet, mais plusieurs. En effet, [même] si votre
réflexion doit embrasser l’ensemble des dimen-
sions d’un sujet, vous la mènerez à votre ma-
nière, en suivant un parcours singulier.
10. Dans le développement, les moments-clés sont les tran-
sitions : elles se présentent sous la forme de courts para-
3. Jacqueline Russ,La dissertation et le commentaire de texte phi-
losophiques, Paris, A. Colin, 1998, p. 48-49. – Autrement dit, il ne faut
pas se poser la question de savoir où est la problématique dans votre
introduction : elle correspond à la logique propre à votre copie, à l’es-
prit qui gouverne le plan, au centre de gravité autour duquel, que vous
en soyez conscient.e ou non, gravitent toutes les idées pertinentes que
votre copie mobilise. Annoncer le plan, c’est montrer au lecteur que et
comment votre copie répond au problème de façon systématiquement
interrogative, en remettant en question les éléments de réponses qu’elle
apporte, c’est-à-dire comment votre propos est, dans son ensemble, un
propos problématisé.
2