Espaces et moments autres.
Hétérotopies : concepts, terrains et usages
Colloque organisé par Sophiapol, à Nanterre, 19 & 20 juin 2015
Depuis les années 1960, de nouvelles réflexions sur l’espace ont permis d’interroger
l’hétérogénéité de ce que Michel Foucault(
) dénomme « l’espace du dedans » structuré par ce
que l’on pourrait qualifier de normes légitimes. Le colloque Espaces et moments autres.
Hétérotopies : concepts, terrains et usages, point d’orgue du séminaire Politiques de Foucault
développé à Paris Ouest depuis deux ans, invite à alimenter l’analyse des « espaces du dehors »,
lieux qui ont la propriété, nous dit-il, de refléter, contester ou inverser ces normes légitimes.
Le centre de recherches Sophiapol (sociologie, philosophie et anthropologie du politique) [EA
3932 de l’Université Paris Ouest] propose de développer une réflexion sur la portée et les usages
du concept d’hétérotopie, en mobilisant, autour de quatre axes, des contributions issues de
différentes approches disciplinaires.
Axe 1. Enjeux théoriques
L’hétérotopie juxtapose en un lieu réel plusieurs espaces qui, précise Foucault, « sont en eux-
mêmes incompatibles ». Elle implique des pratiques concrètes dans un espace pluridimensionnel
qui questionne les frontières construites par les représentations de sens commun intéressant un
monde partagé.
Quelle est la valeur heuristique de cette notion ?
En quoi a-t-elle été – peut-elle encore s’avérer – fructueuse pour la recherche en sciences
humaines (anthropologie, architecture, démographie, études littéraires, histoire,
géographie, philosophie, psychologie, urbanisme, sciences du langage, sociologie, etc.) ?
Axe 2. Hétérotopies : frontières, altérités et représentations
Afin de les identifier, Michel Foucault précise que les hétérotopies sont dotées d’un « système
d’ouverture et de fermeture qui les isole par rapport à l’espace environnant ». Paradoxales,
déconnectées du local mais situables, elles permettent d’appréhender à la fois le centre et les
marges du monde. Elles représentent tout aussi bien l’extériorité du dedans, relative aux espaces
dérobés aux regards (asiles, cimetières, etc.) que l’intériorité du dehors à l’exemple, dit-il, de la
pièce qui, dans certaines maisons d’Amérique du Sud, est ouverte au visiteur tout en lui
interdisant les espaces les plus intimes.
Dans cette perspective, seront bienvenues les communications qui prendront en
considération la notion d’hétérotopie pour saisir l’articulation entre identité et altérité,
entre le familier et l’étrange, et pour éclairer les processus « d’altération » exclusive de
celui qui m’est proche ou de réduction inclusive de celui qui m’est radicalement différent.
On peut envisager des communications concernant la mise en scène de l’étranger, de
l’exotique : musées – de l’étranger (Quai Branly) mais aussi investis par l’étranger
(visités par les touristes) –, expositions coloniales, « zoos humains » et toutes
représentations et mises en scène des migrations.
Dans le prolongement du colloque Les hétérotopies sexuelles : formes et pratiques du
désir d’ailleurs organisé à l’Université Libre de Bruxelles en octobre 2008, on accueillera
volontiers des communications concernant la sexualité : maisons closes (d’hier et
. Michel Foucault, « Des espaces autres » (conférence au Cercle d'études architecturales, Paris, le 14 mars 1967),
Architecture, Mouvement, Continuité, n°5, octobre 1984, p. 46-49 ; reproduit dans Dits et écrits II, 1976-1988, Paris,
Gallimard, « Quarto », 2001, p. 1571-1581.