Manifestation scientifique: Colloque "discours et relation du pouvoir"

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Manifestation scientifique: Colloque "discours et relation du pouvoir"
Depuis une vingtaine d’années, l’analyse du discours apparaît comme un domaine incontournable
des sciences humaines. Refusant la clôture des méthodes formelles qui isolent le champ des
différentes disciplines en îles séparées de même qu’elles semblent à l’intérieur de disciplines comme la
philosophie ou la critique littéraire écarter le social, l’analyse du discours permet le dialogue des
méthodes de la linguistique et la philosophie, la sémiotique et la sociologie, la littérature et l’histoire.
L’analyse du discours apparaît en effet comme un domaine transdisciplinaire, selon la définition de
Marc Angenot qui ajoute que l’analyse du discours est aujourd’hui un des secteurs les plus
intéressants et les plus prometteurs des sciences de l’homme (1).
En effet, l’analyse du discours permet d’établir un lien entre les différents discours connus et
pratiqués par une société à un moment donné de son histoire, ceux de la conversation quotidienne et
ceux de la conférence académique ou du discours politique, ceux de la littérature codifiée par
l’institution ou de la paralittérature ; elle permet également selon Michel Foucault d’établir les limites
du dicible : On sait bien qu’on n’a pas le droit de tout dire, qu’on ne peut pas parler de tout dans
n’importe quelle circonstance, que n’importe qui enfin ne peut pas parler de n’importe quoi (2).
Enfin, comme l’a dit Jean-Luc Nancy dans sa conférence plénière à notre colloque, établissant le
lien entre discours et pouvoir, prendre la parole c’est prendre le pouvoir, renouvelant ainsi cette
notion fondamentale des rhétoriques anciennes qui avaient bien vu et relevé les stratégies de
persuasion qui fondent les discours humains.
C’est en effet sur ce rapport entre Discours et relations de pouvoir que s’est tenu à la Faculté des
Lettres de l’Université du Caire, du 29 au 31 octobre 2006, un colloque international réunissant une
quarantaine d’intervenants venus d’Universités françaises, canadiennes, américaines, anglaises,
marocaines et egyptiennes.
Dans une impressionnante dialectique entre diversité et convergence, traditions anciennes et
modernité, animée de riches discussions, les intervenants ont passé en revue les différentes modalités
du rapport entre discours et pouvoir : importance de la parole comme moyen de persuasion ou de
dissuasion, de manipulation ou de conviction. Paroles de dirigeants politiques ou de minorités
linguistiques, de conquérants coloniaux ou de sujets dominés, discours des différents genres littéraires
(théâtre, poésie, roman, autobiographie, nouvelles, essais,…) où apparaissent des relations de
pouvoir. entre narrateur et personnages ou entre différents éléments stylistiques le rythme, la
métaphore ou la fragmentation, mais aussi cette parole particulière de l’image (opéra ou récit
filmique), de même que la présence de genres mis à l’écart par l’institution (roman policier ou
paralittérature).
A la variété des disciplines et des méthodes d’approche, des visions différentes de la notion de
pouvoir ou contre-pouvoir ou impouvoir, s’est ajoutée la diversité des cultures, des idéologies et du
savoir des intervenants, venant d’horizons multiples aussi bien nationaux que culturels et
méthodologiques. La richesse de ces apports différents a toutefois rencontré une parenté des
préoccupations, une authenticité des inquiétudes et des recherches, révélant l’importance du dialogue
laquelle a animé toutes les séances. Une volonté réelle s’est déclarée de poursuivre ces échanges qui
ont réuni en une communauté humaine, des chercheurs, des enseignants, des penseurs, et sans
doute des écrivains, désireux d’approfondir les rapports humains par la parole mais aussi par-delà ses
bornes et ses limites.
Notes :
1- Marc ANGENOT , « Analyse du discours et sociocitique des textes » in La recherche littéraire,
sous la direction de Claude Duchet et Stéphane Vachon, ed.XYZ, Montréal 1993, p.97.
2- Michel Foucault, L’ordre du discours, Gallimard, Paris 1971, p.11.
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