Conférence « Les contrats de PPP : Alliances Publics

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Conférence
« Les contrats de PPP : Alliances Publics-Privés pour le
développement économique et social »
Allocution du Dr. Abdelkader AMARA
Ministre de l’Energie, des Mines, de l’Eau et de l’Environnement
Rabat, 11 mai 2015
Discours – Conférence « Les contrats de PPP : Alliances Publics-Privés pour le développement économique et social »Page 1
Messieurs les Ministres,
Messieurs les Secrétaires Généraux,
Messieurs les Directeurs Généraux,
Mesdames et Messieurs,
(Selon présence),
C’est une grande joie de me trouver avec vous à l’occasion de cette conférence organisée
autour du thème « Les contrats de PPP : Alliances Publics-Privés pour le développement
économique et social », par le Ministère de l’Economie et des Finances conjointement avec
la Banque mondiale.
A travers l’initiative d’aujourd’hui, nous pourrons passer en revue nos expériences réussies
durant de longues années autour d’une forme que je qualifierais de réussie de Partenariat
public-privé (« PPP ») dans le secteur de l’Energie.
Je me réjouis de la présence et de la participation des hauts responsables des établissements
clés du secteur de l’Energie de notre pays qui vont nous présenter des exemples concrets de
PPP réussis au niveau de ce secteur et également de leurs programmes pour le futur.
Avant cela, permettez-moi de revenir brièvement sur les raisons qui font de cette forme de
Partenariat public-privé au niveau du secteur de l’énergie un véritable atout, pour relever les
défis de l’adéquation offre demande particulièrement au niveau du secteur électrique.
Mesdames et Messieurs
Le contexte au début des années 1990
Il faut souligner que les mutations profondes surtout rapide qui s’opèrent sur la scène
internationale exigent du secteur énergétique national, en particulier celui de l’électricité, un
effort d’adaptation continu dans un contexte économico-financier de plus en plus difficile.
C’est pour cette raison et en
égard aux investissements capitalistiques dans les
infrastructures de production d’électricité nécessitant la mobilisation de financements
dépassant les capacités de l’Etat, il a fallu introduire des systèmes innovants «pour autant
que l’aspect stratégique du service public n’en soit pas affecté», tout en veillant à satisfaire
en permanence et dans les meilleures conditions les besoins du pays en énergie électrique.
Le principal défi du Maroc, vu les fluctuations permanentes des prix des combustibles et
l’invisibilité qui caractérisent les marchés énergétiques mondiaux, était de rechercher des
modes d’organisation et de production qui s’adaptaient le mieux au contexte socioéconomique national, ainsi qu’aux exigences de son marché de l’électricité.
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Il faut rappeler, cependant, que si le système électrique marocain a fonctionné relativement
d’une manière satisfaisante jusqu’aux années 80, il a présenté des défaillances significatives
qui sont apparues particulièrement au début des années 1990. En particulier, la sécheresse
persistante et la demande soutenue ont entraîné une utilisation accrue des capacités de
production électrique, ce qui a engendré, entre autres, le vieillissement rapide du parc
thermique de production électrique.
Ces défaillances furent également accentuées par une demande galopante (8% en 1992) et
des retards enregistrés dans la mise en services de certains moyens de production à cause
des carences du financement aussi bien sur les volets disponibilité que sur celui des délais de
mise en place. A cela, il faut ajouter l’instauration de nouvelles règles de financement
internationales, limitant les crédits publics dans les opérations finançables par le privé.
Cette période a été également marquée par la volonté du Maroc :
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d’assurer les équilibres macro-économiques fondamentaux;
d’orienter l’économie dans le sens de l’ouverture au privé;
de renforcer l’ancrage à l’économie mondiale : adhésion à l’OMC, ALE (UE,
USA, Turquie, pays arabes…),
de se désengager des services productifs.
Réflexion sur un nouveau modèle pour surmonter les difficultés notamment de
financements
C’est pour cela, il était crucial,
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de trouver, d'abord, un modèle d’investissement susceptible d'apporter une solution
adéquate à la demande d'un marché de consommation électrique en forte
expansion.
-
d’assurer, ensuite, la production soumise aux arbitrages nécessaires en matière des
priorités à retenir pour l'investissement.
-
d'associer le secteur privé national et international, sans pour autant toucher les
attributs régaliens de l'Etat en termes de contrôle de l'appareil de production et de
la continuité du service public.
Tout cela est mis en œuvre, en prenant en considération le souci des partenaires potentiels
relatif notamment à la protection et la sécurité des capitaux investis et à unretour sur
l'investissement qui soit compétitif par rapport à celui proposé par des pays concurrents du
Maroc. D’où la réflexion d’amender le dahir de création de l’ONE en 1994.
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En effet, le recours à la production indépendante d’électricité dans le cadre d’un Partenariat
Public-Privé s’est inscrit dans ce contexte. Pour la transition vers ce nouveau modèle
d’investissement dans la production d’Electricité, il a été nécessaire d’adopter un ensemble
de dispositions institutionnelles et législatives en particulier le décret-loi du 23 Septembre
1994, portant modification du Dahir de création de l’ONE qui lui conférait le monopole de
production. L’ONE a été ainsi autorisé à passer des contrats pour la production
concessionnelle d’électricité en conservant la responsabilité de transport ainsi que la mission
d’électrification rurale.
Conséquence de l’amendement du texte en 1994 :
Il faut souligner que si ce système ou modèle a réussi, c’est grâce aux mécanismes novateurs
introduits par l’amendement du texte de 1994. En effet, les contrats de Production
Concessionnelle d’Electricité tiennent compte notamment (i) du choix du concessionnaire
après appel à la concurrence internationale, (ii) de la garantie de la fourniture exclusive à
l’ONE de l’électricité produite par le concessionnaire, (iii) du maintien de l’équilibre
économique du contrat entre l’ONE et le Concessionnaire pendant toute sa durée, (iv) de la
possibilité de prise de participation de l’ONE dans les sociétés de projets, (v) de
l’amélioration de l’efficacité du secteur en adoptant des critères de performance prédéfinis.
Ce sont là, les principes moteurs qui régissent la production concessionnelle d'électricité au
Maroc sous sa forme adopté depuis 1994. Et c'est grâce à ce modèle de Partenariat PublicPrivé qu'un grand complexe électrique comme Jorf Lasfar a pu voir le jour (1320 MW).
D’autres projets se sont succédé. C'est le cas du parc éolien d'Al Koudia Al Baida qui, avec
une puissance de 50 mégawatts, était, en 2000, le plus grand projet éolien d'Afrique réalisé
en PPP, ainsi que la centrale de Tahaddart, en 2005, qui fait appel à la technologie avancée
et performante du cycle combiné.
Si le premier projet PPP dans le secteur de l’électricité a été introduit en 1994, il a fallu
attendre 20 ans pour introduire le premier projet PPP dans le secteur de l’eau. A noter que
ce PPP est développé dans le cadre de la loi 54-05 relative à la gestion déléguée.
Ce projet est programmé par l’ONEE et consiste en le renforcement de la production d’eau
potable par dessalement d’eau de mer pour un débit de 100.000 m3/jour (environ 1200
litres/s) en première phase extensible à 200.000 m3/jour. Le cout global de la première
tranche est estimé à un milliard de Dh.
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Ce « modèle PPP marocain pour la production d’électricité » a permis d’optimiser la
conception des projets électriques et ce par
un meilleur dimensionnement de
l’investissement, une mise en œuvre des techniques les plus modernes de gestion
industrielles. Les avantages de ce modèle ont été également perceptibles à travers le respect
des délais de construction, la garantie de performances techniques minimales et
l’optimisation des achats de combustibles. En plus, ce modèle a permis à l’ONEE de
développer une expertise en matière de développement de classe mondiale.
Outre les aspects pratiques et techniques, je voudrais citer le côté éthique des opérations
réalisées. L'approche marocaine dans le traitement et le suivi des projets électriques PPP est
devenue un cas d'école dans les milieux professionnels et dans la communauté financière.
En ce sens que les contrats conclus répondent aux standards internationaux en la matière
grâce à l’accompagnement par des conseillers juridiques, financiers et techniques de renom.
Des mécanismes novateurs de financement sont mis en œuvre ainsi que la garantie d’une
allocation équilibrée des risques. Il faut souligner également que le modèle PPP des projets
électriques a connu une évolution remarquable depuis le lancement du premier PPA à Jorf
Lasfar jusqu’à aujourd’hui, notamment à travers l’introduction des critères d’intégration
industrielle pour les programmes intégrés solaires et éoliens, pour le choix des opérateurs
privés. De même, l’implication des partenaires nationaux dans ce processus de
développement de ces projets a permis d’assurer la pérennisation du savoir-faire et du
transfert technologique et de créer des champions nationaux.
Mesdames et Messieurs,
Notre pays a su capitaliser sur cet acquis pour la consolidation et l'augmentation de
l'investissement direct étranger dans le secteur de l’énergie et ce, grâce à un cadre juridicoinstitutionnel clair qui garantit une sécurité juridique pour les investisseurs et bailleurs de
fonds.
C’est ainsi qu’aujourd’hui la production indépendante d’électricité assure près de 50% de la
production nationale en électricité. Les investissements réalisés depuis le premier projet de
Jorf Lasfar s’élèvent à 34 milliards de Dh pour une puissance additionnelle depuis 1994 de
2800 MW soit 35% de la puissance installée actuelle. La puissance additionnelle qui sera
installée entre 2015 et 2025 dépassera les 7000 MW.
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Globalement, je dirais que les nouveaux chantiers qui seront lancés par notre pays en
terme de développement des infrastructures électriques, pétrolières et gazières
représentent de réelle opportunités d’investissements dont le montant est estimé à près de
36 milliards de $ USA entre 2015 et 2025.
Donc, il est clair que Cette « forme de PPP spécial Electricité » a constitué une option viable
pour le secteur d’électricité. En l’évolution des projets PPA développés par l’ONEE qui ont
connu des améliorations et des optimisations, entre le premier PPA et les PPA en cours, au
niveau du ratio Dette/Equity, de la contribution des banques marocaines, des garanties
exigées et du Schéma juridique.
Toutefois, ces PPP grâce auxquels, le Maroc a pu relever le défi en matière de sécurité
d’approvisionnement, ne devraient être qu’une transition vers un marché libéralisé et
concurrentiel qui permettra au consommateur de disposer d’un KWh qui reflète les réalités
coûts et marché.
C’est dans ce sens qu’une nouvelle série de réformes est en cours de lancement dans le
cadre de la mise en œuvre de la deuxième phase de la stratégie énergétique nationale. Il
s’agit essentiellement de l’achèvement de l’ouverture du marché électrique de sources
renouvelables. A ce sujet, les textes approuvant les conditions et les modalités d’ouverture
de la Moyenne tension aux opérateurs privés et de la Basse Tension aux secteurs résidentiel
et tertiaire sont en cours d’élaboration. Cette réforme, en plus de ces impacts positifs sur
l’économie du secteur et sa gouvernance, s’inscrit dans le cadre de nos engagements envers
l’Union Européenne et des bailleurs de fonds en matière d’ouverture progressive et partielle
du réseau et du marché de l’électricité.
D’un autre côté, nous œuvrons actuellement pour la mise en place d’une Autorité
indépendante de Régulation de l’Energie pour accompagner les évolutions que connaîtra le
secteur de l’énergie national, notamment en matière d’ouverture du marché de l’électricité
de source renouvelable et dont l’objectif principal est de veiller au respect des règles en
vigueur, et de maintenir la viabilité concurrentielle des opérateurs et définir les tarifs et les
conditions d’accès au réseau de transport et aux interconnexions.
Je vous remercie pour votre attention.
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