Union Départementale des Amis et Familles de Malades Mentaux
Domaine de la Livettaz – 90 avenue de Bassens 73000 BASSENS - tél : 04 79 25 09 75
Siret 385 358 171 00077 – APE 8720A
SANTE MENTALE :
Schizophrénie : Les parents sont en première ligne (Le Monde)
Le cannabis à l’origine de la schizophrénie? (lefigaro.fr, 18 Avril 2010)
Schizophrénie : les bénéfices des antipsychotiques avérés (lefigaro.fr, 4 Mai 2012)
Cerveau : le rôle des néo-neurones dévoilé (Le Point.fr, 14 Juin 2013)
Des actions ciblées peuvent réduire le risque de suicide (lefigaro.fr, 19 Mai 2010)
ACCOMPAGNEMENT :
Problématiques comportementales et psychopathologie dans les établissements
médico-sociaux (Les cahiers de l’Actif N°434/437)
ACTION ASSOCIATIVE :
La crise oblige les associations à revoir leurs pratiques (Jean-Baptiste François)
GESTION & FINANCES :
Congé sans solde et congé sabbatique : points communs et différences
(Synéas Cahiers n°19, Janvier – Février 2011)
Pouvez-vous interdire l’alcool dans votre RI ? (Astuces & Conseils, Février 2013)
GESTION DES RESSOURCES HUMAINES :
Objectif collectif, la qualité de vie au travail (Directions n°109, Juin 2013)
Le contrôle médical, pour prévenir l’absentéisme (Directions n°110, Juillet-Août 2013)
MANAGEMENT :
Accro aux portables? Si vous faisiez un break… (Directions n°110, Juillet-Août 2013)
Quand sonne l’heure de la retraite (Directions n°109, Juin 2013)
JURIDIQUE :
Peut-on conclure plusieurs contrats de travail avec le même salarié ?
(Synéas Cahiers n°20, Avril 2011)
Renouveler la période d’essai : comment procéder ? (Astuces & Conseils, Juin 2013)
DOSSIERS DU MOIS :
La médiation équine comme outil thérapeutique.
(Le journal des psychologues n°286, Avril 2011)
Mener un projet architectural en psychiatrie.
(Santé Mentale, 2008)
LES NEWS DE L’UDAFAM SAVOIE
LES PARENTS SONT EN PREMIERE LIGNE
Face à un enfant schizophrène, la famille se retrouve souvent seule à assumer le quotidien, comme
l’explique Pierre, père d’un fils malade depuis treize ans.
« C’était un petit garçon épanoui, extraverti, plein d’humour. Vers 15 ou 16 ans, son caractère a changé : il a
commencé à se replier sur lui-même, à se négliger au niveau vestimentaire, ses résultats scolaires se sont
dégradés. Il devenait de plus en plus fuyant, apathique. Nous ignorions tout des troubles psychiques, si bien
que nous avons pris cela pour une crise d’adolescence. Nous incriminions aussi le haschich, qu’il fumait
régulièrement.
Jusqu’au jour où il a eu devant nous un délire froidement exprimé qui faisait état de fonctions très élevées
qu’il occupait dans « l’empire du monde ». Il venait d’avoir 20 ans. On a cru sur le moment à une
plaisanterie ou à un effet des stupéfiants. Nous sentions en même temps qu’il se passait quelque chose
d’extrêmement grave, et que nous ne pouvions plus nous passer de la psychiatrie. J’avais sur les maladies
psychiques des souvenirs littéraires, mais je gardais par rapport à elles une certaine naïveté. Et j’avais besoin
d’un diagnostic médical.
Le mot schizophrénie, c’est nous qui l’avons prononcé. « A 20 ans, rien n’est fixé, nous a dit le psychiatre.
Mais si, dans dix ans, vous êtes toujours en face de ce délire, on pourra parler de schizophrénie. ». Notre fils,
dans un premier temps, est resté chez nous. Tout ce qu’il disait était frappé au coin de l’anormalité : la
phraséologie qu’il nous imposait, ses thèmes fantasmagoriques, inspirés des bandes dessinées ou des films
de science-fiction. Il nous était impossible d’avoir une conversation avec lui. Nous ne savions pas comment
prendre les choses, nous gérions le présent à notre manière.
J’ai réalisé, depuis, que j’ai commis, par ignorance de ce qu’était un trouble psychique, certaines « bévues »:
je me suis trop focalisé sur l’usage de stupéfiants, je l’ai beaucoup secoué, ce qui n’a fait qu’envenimer nos
rapports. Nous avions horreur du désordre et nous le traitions un peu comme un gamin de 12 ans qui laisse
trainer ses affaires. Il est difficile pour des parents de ne pas culpabiliser : on est conduits immédiatement à
s’interroger sur ce qu’on a mal fait pour en arriver là.
« Il nous a pris en grippe et il est devenu agressif »
Entre 20 et 30 ans, son état s’est terriblement dégradé. La vie en commun dans l’appartement est devenue
insupportable. Nous avons préféré éloigner notre second fils, qui était très proche de lui. Ses rapports avec
nous se sont envenimés : il nous a pris en grippe, est devenu agressif à notre égard.
Nous sommes entrés dans un cycle de refus de soins et d’abus de cannabis. On est arrivés à un tel sommet
d’agressivité et de violence qu’on a dû l’hospitaliser de force en 1994. Pendant trois ans, les hospitalisations
forcées se sont répétées, l’absence de traitement entrainant une attitude de plus en plus incontrôlable, qui
s’est terminée parfois, au-delà de l’agressivité verbale envers sa re, par une violence physique à mon
égard.
Nous en sommes maintenant à un modus vivendi supportable. Notre fils vit depuis deux ans dans un studio,
à cinq minutes de chez nous et à une minute à pied de son dispensaire, où il reçoit son injection retard
toutes les quatre semaines. Il prend actuellement sont traitement avec beaucoup de détermination. Nous
restons en même temps lucides : tout pourrait rebasculer s’il cessait à nouveau de prendre ses
médicaments.
Il nous est arrivé, au moment des crises, de pouvoir parler au psychiatre, car dans notre secteur on parle aux
parents – ce qui n’est pas le cas partout. Mais c’est la famille qui est la premre à supporter la charge
énorme de ces troubles, le poids immense et douloureux de vivre avec quelqu’un dont le psychisme est
atteint.
Même quand il n’est pas en crise, il nous faut surveiller continuellement notre langage, notre attitude,
l’atmosphère de la maison. C’est une attention de tous les instants pour ne pas susciter un délire qui reste
ancré au fond de lui. Un travail psychologique épuisant.
Et quand on entre dans le cycle du refus de soins, la situation devient incontrôlable pour tout le monde. Et
on se sent alors très seuls. Même si on est entourés d’amis… Car quand on n’est pas à l’intérieur de l’œil du
cyclone, on ne peut pas tout comprendre.
En crise, tous les repères sautent : notre fils est en proie à un délire profond, se sent poursuivi, persécu, il
ne nous reconnaît pas comme ses parents mais comme des entités hostiles contre lesquelles il doit se
défendre. On entre dans un cauchemar absolu dont on a seuls la charge.
Ce cauchemar, on l’a vécu régulièrement pendant six ans. On en sort définitivement déglingués, brisés.
Incapables de percevoir la vie comme on la percevait avant. On bascule dans un univers d’angoisse tel qu’on
n’a plus les envies des personnes normales. On voit les autres comme à travers un verre dépoli. On perd les
repères de la normalité, les joies et les plaisirs de vivre. On est comme ces soldats qui se sont trouvés à
Verdun en première ligne.
On a de la chance encore d’être un couple soudé. Mais je plains et j’admire profondément ces pères ou ces
mères qui vivent cela seuls. Les personnes qui s’occupent de malades psychiques et qui ne les laissent pas
tomber sont des héros méconnus.
Recueilli par
Christine LEGRAND
Source : Le Monde
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