UBU ROI
DES DRAMATICULES
L’
d’après Alfred JArry
Adaptation et mise en scène
Jérémie Le Louët
Création au Théâtre de Châtillon en novembre 2014
Au Théâtre GiraSole à Avignon du 4 au 26 juillet 2015
En tournée de janvier à avril 2017
« Et il viendra de nouveaux jeunes gens qui nous trouveront bien arriérés et composeront,
pour nous abominer, des ballades ; et il n’y a pas de raison que cela nisse. »
Alfred Jarry
Alfred Jarry n’a pas écrit une ligne d’
Ubu roi
.
Les Polonais
,
titre initial, a été écrit par Charles et Henri Morin, deux de
ses camarades de lycée. Les quelques modications apportées
par Jarry sont insigniantes. Et pourtant, en demandant aux
frères Morin l’autorisation d’utiliser leur pièce pour faire une
mystication à Paris, il écrit l’une des plus incroyables pages
de l’histoire du théâtre. En orchestrant les soirées des 9 et 10
décembre 1896 au Théâtre de l’Œuvre, il redénit les fonda-
mentaux du théâtre : dramaturgie, convention, interprétation,
lumière, décor.
Ubu roi
est aujourd’hui considéré comme un classique, non
comme une œuvre de subversion. Et aussi impensable que cela
puisse paraître, il y a un « académisme Ubu », avec son imagerie
indécrottable : le personnage du Père Ubu grossissant sa voix
et roulant les "r" avec sa gidouille. Le carton pâte est devenu,
par habitude, l’esthétique ocielle et le public y est complai-
samment infantilisé.
Si l’on juge la pièce d’un point de vue strictement littéraire
– ce que l’on aurait tort de faire –,
Ubu roi
est une œuvre bien
pauvre. Peu d’esprit, peu de poésie, peu de philosophie... Mais
on ne peut pas séparer la pièce de
l’histoire
de la pièce – pas de
l’intrigue de la pièce mais de son histoire –, celle d’un téméraire
jeune homme de 23 ans qui a décidé d’opérer une rénovation
du théâtre par le théâtre. Jarry orchestre la destruction de
toutes les scléroses, de tous les académismes, de la mauvaise
tradition qui empêche le théâtre et le reste ! de s’aranchir des
conventions dont la jeunesse est saturée.
« Le théâtre doit-il être au public ou le public au théâtre ? »,
s’interrogeait Alfred Jarry.
La question de la place du spectateur dans la représentation
a toujours animé nos spectacles. Ce leitmotiv a, je crois, été
particulièrement sensible dans notre précédente création,
Af-
freux, bêtes et pédants
. Avec
Ubu roi
, Jarry trancha la question
du public d’une manière plutôt brutale : une claque à tous les
conservateurs et à tous les mondains.
Ubu roi
accompagne mon parcours de metteur en scène depuis
la création de la Compagnie des Dramaticules. Artaud et Jarry
sont les gures auxquelles je me réfère le plus régulièrement.
Pas un de mes projets sans que leur sens de l’artisanat, leur
violence dans l’humour, leur lucidité dans le chaos ne soient
convoqués. Les destructeurs, les transgresseurs, les areux im-
posteurs ont toujours animé mes spectacles. Ce sont les
meil-
leurs
personnages. Ceux qui, éternellement, nous permettent
de mesurer nos pulsions, nos fantasmes et nos frustrations,
ceux qui interrogent la théâtralité par leur seule présence sur
la scène. Et puis, la question de la théâtralité est pour moi hau-
tement politique puisqu’elle détermine l’ambition et le degré
d’engagement des artistes face au public.
Notre
Ubu
est un projet de jeu. Il y a un côté très enfantin dans
le rapport des acteurs au plateau, une jubilation à se disputer,
à détruire et à faire les idiots. Rappelons-nous que la pièce est
une pochade de lycéens. Elle porte en elle toute la violence, le
sarcasme et l’insolence de la jeunesse.
Il n’y a pas de sacralisation du texte dans notre
Ubu
: coupes, in-
terpolations, citations et critiques. La scénographie est au ser-
vice des acteurs. Pas de grosse structure : des tables, un écran
vidéo, un cheval... Il s’agit pour les protagonistes de jouer, voci-
férer et lutter jusqu’à épuisement. Les entrées et sorties des
acteurs se font à vue, les coulisses faisant partie intégrante du
terrain de jeu. Le plateau évoque une remise où sont entrepo-
sés costumes et bouts de vieux décors. Les artices théâtraux
sont revendiqués comme accessoires et comme signes : pro-
jecteurs et caméras utilisés comme éléments scénographiques,
chaises et bancs pour les acteurs qui ne sont pas en jeu, por-
tants pour les costumes, micros sur pied, couronnes, armures,
revolvers...
Ubu roi
est une œuvre de chaos l’on passe son temps à se
brutaliser et à se faire la guerre. Et dans l’histoire du théâtre,
cette pièce est une formidable débâcle. Pour ancrer la ction
dans le réel, il nous a semblé fondamental que la trame du
spectacle suive celle de la pièce, que le destin des acteurs suive
celui de leurs personnages, que le spectacle se détruise dans
le temps de la représentation. Dans notre
Ubu
, les tableaux ne
se suivent pas, ils se percutent et se contestent sur le mode
emphatique, ironique et critique. La pièce parle d’abus de pou-
voir, de folie et de cruauté… Sur scène, les abus prennent leur
source dans le rapport délétère entre des acteurs travaillant la
pièce ; l’histoire d’une troupe jouant
Ubu roi
et se déchirant en
jouant
Ubu roi.
C’est une mise en crise obstinée de la représen-
tation à laquelle nous avons à faire. Et dans cette entreprise de
démolition, je crois que Jarry ne demande qu’à être brutalisé.
Jérémie Le Louët
IntentIon
Adaptation et mise en scène Jérémie Le Louët
Avec Julien Buchy, Anthony Courret, Jonathan Frajenberg, Jérémie Le Louët, David Maison et Dominique Massat
Scénographie Blandine Vieillot
Vidéo Thomas Chrétien, Simon Denis et Jérémie Le Louët
Lumière Thomas Chrétien
Son Simon Denis
Collaboration artistique Noémie Guedj
Régie Thomas Chrétien et Simon Denis
Production Compagnie des Dramaticules
Résidence de création et coréalisation Théâtre de Châtillon
Coproduction Théâtre de Châtillon, Théâtre de la Madeleine/Scène conventionnée de Troyes et Théâtre de Corbeil-Essonnes
Avec l’aide à la création du Conseil régional d’Île-de-France, du Conseil départemental de l’Essonne et de l’ADAMI
L’équipe
La production
LéquIpe La productIon
Les représentations 2014 15
Les représentations 2015 16
Création du 14 au 29 novembre > Théâtre de Châtillon
En tournée :
Le 2 décembre > Théâtre Claude Nougaro à Issoire
Le 6 décembre > Centre culturel des Portes de l’Essonne
Le 11 décembre > Centre d’art et de culture de Meudon
Le 16 décembre > Théâtre de Chartres
Le 7 janvier > Carré Saint-Vincent à Orléans (ATAO)
Le 17 janvier > Espace Marcel Carné à Saint-Michel-sur-Orge
Le 20 janvier > Deux représentations au Théâtre des Feuillants à Dijon (ABC)
Les 22 et 23 janvier > Trois représentations au Théâtre de la Madeleine/Scène conventionnée de Troyes
Les 26 et 27 janvier > Deux représentations au Théâtre de Corbeil-Essonnes
Le 31 janvier > Théâtre Roger Barat à Herblay
Le 5 février > Théâtre d’Auxerre
Le 7 février > Pôle Culturel d’Alfortville
Le 10 février > Le Salmanazar, centre de création et de diusion d’Epernay
Du 12 au 14 février > Trois représentations au Théâtre Jean Vilar à Suresnes
Le 17 février > Théâtre-Auditorium de Poitiers (ATP)
Le 19 février > Théâtre du Cloître à Bellac
Du 4 au 26 juillet > Théâtre GiraSole à Avignon, dans le cadre du Festival O (relâche le 19)
Les 31 juillet et 2 août > Festival de Figeac
Le 7 novembre > Quai des rêves à Lamballe (22)
Le 21 novembre > Centre culturel El Mil. Lenari à Toulouges (66)
Le 8 décembre > Centre culturel de Sarlat (24)
Le 10 décembre > La Closerie à Montreuil-Bellay (49)
Le 12 février > Théâtre de Fontenay-le-Fleury (78)
Le 18 mars > Théâtre André Malraux de Chevilly-Larue (94)
Le 22 mars > Salle Dumoulin à Riom (63)
caLendrIer
Collectif associé au Théâtre de Châtillon, la Compagnie des Dramaticules
signe une adaptation libre, déstructurée et habilement potache d’
Ubu Roi
.
Un spectacle qui fait mouche.
Rééchir aux codes de la tradition théâtrale, aux possibles de l’interprétation, à la place du spectateur dans la représentation…
Tels sont les axes de recherche et de questionnements qui animent la Compagnie des Dramaticules, collectif artistique créé en
2002 par le comédien et metteur en scène Jérémie Le Louët. Après
Areux, bêtes et pédants
en janvier dernier, la compagnie as-
sociée pour trois ans au Théâtre de Châtillon s’empare d’une des œuvres emblématiques de l’histoire de la modernité théâtrale :
Ubu roi
d’Alfred Jarry. Ceux qui connaissent le travail des Dramaticules se doutent qu’il n’est pas question, pour les six comédiens
présents sur scène (Julien Buchy, Anthony Courret, Jonathan Frajenberg, Jérémie Le Louët, David Maison, Dominique Massat
tous excellents), de se conformer à la vision traditionnelle dans laquelle est souvent enfermé ce texte devenu un classique. Plutôt
qu’à la trame de la pièce, c’est à l’esprit parodique et contestataire que sous-tendait sa création scénique, en 1896, que Jérémie
Le Louët a souhaité s’intéresser.
Entre satire et hommage
Et il le fait de façon brillante. Ne retenant des cinq actes d’
Ubu roi
que les principaux épisodes, jouant de nombreuses mises en
abyme, de ruptures dans la (sur)théâtralité et l’avancée de la représentation, d’échanges avec le public, multipliant les renvois,
les ajouts, les facéties, les changements de perspectives, cette création éclatée nous gagne, très vite, à la cause du théâtre libre
et totalement décloisonné qu’elle fait surgir. Il n’y a pourtant à peu près rien, ici, que l’on n’ait pas déjà eu l’occasion de voir
dans d’autres propositions visant à la même remise en cause des assujettissements théâtraux. Mais ce qui, ailleurs, a pu parfois
sembler creux, complaisant, voire superciel, révèle ici un travail profond et plein d’intelligence. Dans cette version d’
Ubu roi
,
l’exigence ne cède jamais le pas à la facilité. A grands coups de fumigènes, d’images vidéo, d’excès de jeu, de clairs-obscurs,
d’airs d’opéra, de références shakespeariennes…, Jérémie Le Louët parvient à l’exact équilibre entre satire et hommage. Car de
l’intensité, et même une forme d’éclat, naissent par moments de ce joyeux capharnaüm. Finalement, en faisant ainsi imploser le
théâtre, le metteur en scène lui adresse une souriante déclaration d’amour.
Manuel Piolat Soleymat –  – 20 novembre 2014
Le Théâtre de Châtilllon présente Ubu roi d’après Alfred Jarry, une pièce orchestrée par la jeune Compagnie des Dramaticules
qui, comme dans l’œuvre originale, s’aranchit des codes et des conventions théâtrales pour surprendre le spectateur et créer
sa propre vision du théâtre. On y parle d’abus de pouvoir et d’abus de violence avec un vrai parti pris de mise en scène. Voilà une
belle performance de comédiens.
Jean-Laurent Serra –  – LAgenda culture du 21 novembre 2014
La presse
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