Médecine du sport et thérapies manuelles
-( 72
Pour coapter l’ensemble mais surtout l’ani-
mer, les muscles sont indispensables. Ils sont
constitués de myofibrilles dotées de la capa-
cité de se raccourcir du tiers de leur longueur
et développer une force directement propor-
tionnelle à la surface de section du corps
musculaire. Un tissu fibreux inextensible
l’entoure limitant et surtout orientant, selon
son épaisseur, la globulisation en rapport
avec le caractère isochore du muscle.
Prolongeant le corps musculaire contractile,
le tendon est quant à lui dépourvu de cette
propriété. Il se fixe sur le levier osseux en un
point, l’enthèse dont la distance avec le
centre instantané de rotation de l’articulation
qu’il mobilise, détermine le moment de force.
En outre, selon le but recherché en terme
d’équilibre, de force ou d’amplitude, on adap-
tera le type de levier.
Pour transmettre l’information décidée au ni-
veau cérébral et en contrôler sa réalisation,
un réseau nerveux est nécessaire, mais re-
quiert une précision extrême, à laquelle le
type de fibre nerveuse, la nature des liaisons
avec l’activateur mais aussi l’analyse du si-
gnal de sortie par des capteurs spécialisés.
Enfin, il faut une bonne carrosserie, pour en-
velopper et protéger l’ensemble. La peau joue
ce rôle et s’adapte aux contraintes auxquelles
elle se trouve confrontée en modifiant son
épaisseur notamment au niveau plantaire.
Mais au-delà de sa fonction protectrice, elle
est une mine à capteurs !
Ainsi se trouvent présentées les bases des
grandes lignes des principes thérapeutiques
que l’on va devoir suivre pour optimiser le
résultat escompté.
LE COMPLEXE TRICIPITAL
Le point clef du traitement en thérapeutique
manuelle se situe dans le segment sural. Il
s’agit du triceps.
Pour bien en comprendre son rôle il est pri-
mordial de connaître le fonctionnement du
pied dans la locomotion.
Le pied est une structure musculosquelet-
tique où la morphologie et l’agencement des
os répondent à un cahier des charges précis.
L’arrière pied est constitué de l’empilement
vertical du talus sur le calcanéum. La taille
des os et leur mode d’articulation (double
trochoïde inversée) ont pour fonction de sup-
porter le poids du corps, d’amortir et de
s’adapter aux terrains accidentés. Rappelons
selon Farabeuf que le calcanéum vire, tangue
et roule sous le talus.
L’avant-pied et sa palette ou clavier métatar-
sien permet le réglage des têtes métatar-
siennes. Dans le plan horizontal l’articulation
tarsométatarsienne de Lisfranc adapte la lar-
geur de l’appui antérieur et dans le plan verti-
cal ajuste selon le relief du sol la hauteur des
têtes métatarsiennes. Et tout cela est dyna-
mique, aidé en cela par le caractère contrac-
tile et viscoélastique des muscles intrinsèques.
Le médiopied va donc avoir la lourde charge
d’harmoniser ces deux composantes. Pour pas-
ser d’un plan de travail vertical à un horizontal il
est nécessaire de réaliser une torsion hélicoï-
dale. Ainsi Hencke a décrit cet axe qui passe
par le calcanéum et l’os naviculaire autour du-
quel se déroulent les mouvements d’inversion
et d’éversion. L’inversion associe adduction,
flexion plantaire et supination, et l’éversion re-
groupe abduction, flexion dorsale et pronation.
L’application de cette réalité anatomique ex-
plique l’importance de réaliser des gestes re-
produisant cette hélice rappelant le fameux
lemniscate de Bernoulli, qui unit l’empilement
osseux vertical à l’étalement horizontal (fig. 1).
Ainsi le programme de l’arrière-pied est de
supporter le poids du corps tant durant la sta-
tion verticale que lors de la marche.