STRATÉGIE & ORGANISATION DES ANNONCEURS ET DES RETAILERS MULTICANAUX
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♦ Craignez-vous que la sphère digitale condamne votre réseau physique ?
David Horain, ETAM
Je pense, à l'inverse, que les années qui viennent permettront aux acteurs brick and mortar de prendre leur
"revanche" face aux pure players… Le magasin n'est pas mort, mais une nouvelle donne est impulsée par les
nouveaux comportements des consommateurs. Ces derniers recherchent la simplicité, tiennent à vérifier la
disponibilité des produits sur Internet et attendent que les colis soient expédiés à leur domicile. Pour tirer
notre épingle du jeu, il nous faut faire de nombreux efforts afin d'accompagner ces nouveaux modes de
consommation.
Concernant le pricing, pour certaines marques, il est tout à fait possible de vendre un même produit à un prix
différent selon le canal. Il n'existe pas de recette miracle sur le sujet. Notre méthode de travail est empirique ;
nous tentons de nous adapter sans cesse aux réactions des consommateurs.
Il est aujourd'hui impossible de mesurer directement la contribution du Web au trafic en magasin. Des leviers
détournés permettent de prendre conscience de l'impact de la sphère digitale sur le trafic, c'est par exemple
le cas des dispositifs de "e-réservation" ou de "Click and Collect". Les consommateurs n'entrent pas en relation
avec un canal en particulier, mais avec la marque dans la globalité. Ainsi, il nous faut nous concentrer sur ce
point de vue du client, et nous efforcer de passer outre nos difficultés internes.
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Sur quels actifs chacun des deux mondes (retailers et pure players) peut-il s'appuyer pour développer
l'omnicanalité ?
Pingki Houang, SHOWROOMPRIVE.COM
Notre mission consiste à couvrir deux cibles : d'un côté, nos partenaires qui ont fait une erreur d'appréciation
de stock et, de l'autre, les internautes.
Le magasin ne sera jamais mort, c'est une certitude. Même dans les pays les plus matures, la part des achats e-
commerce dans les équipements de la maison ne dépasse pas les 30%… En revanche, le client est redevenu
roi, il est mieux informé et nourrit des attentes bien plus fortes qu'auparavant. Dans ce contexte, le magasin
doit impérativement s'adapter à ces comportements nouveaux.
♦ Le tourisme a été l'un des premiers secteurs à avoir été fortement disrupté par le digital. Les agences de
voyage physiques ont-elles encore un avenir ?
Frédéric Pilloud, ODIGEO
En 1999, nous nous sommes posés la question suivante : "Comment faire la différence avec nos concurrents,
face à l'émergence du voyage en ligne ?" Notre réponse a été : "faire du offline". Or, à l'époque, nous n'avions
pas les moyens de nous offrir un réseau d'agences physiques… Nous avons donc fait le choix de proposer à des
agences de voyage déjà existantes nos outils online, qui étaient très performants, afin qu'elles redistribuent
nos offres.
Aujourd'hui, nos marques sont distribuées dans environ 3 000 points de vente en France (sur 4 000 points de
vente présents sur l'ensemble du territoire). Il existe encore de multiples raisons de se rendre en agence
physique. Certains clients tiennent, par exemple, à effectuer le paiement en liquide. De même, une certaine
catégorie d'âge fait également preuve de méfiance vis-à-vis du Web et préfère le contact humain.