ous ne faisons pas une revue qui colle à l’actuali
économique, mais qui essaie d’éclairer par la recherche
les zones sombres de l’économie que le plein feu
médiatique occulte ou n’élucide pas assez. Le hasard
des calendriers fait que, dans ce numéro, cohabitent
l’informel et lAfrique, deux continents que nous habitons
à notre insu, sans y prêter trop attention, deux vocables
qu’on utilise trop souvent mais dont on ignore les
ramications et les implications, conceptuelles, réelles
et supposées.
Le hasard des discours et des annonces fait de l’informel
et lAfrique les objets d’injonctions récurrentes. Le
projet de loi de nances, en phase de pré-délibération,
annonce qu’il «faut s’attaquer à l’informel». Les
champions de la nance marocains, relais du discours
ofciel, ressassent, chiffres probants à l’appui, qu’il «faut
investir en Afrique». Derrière ces litaniques «y a qu’à
faire», se cache un double souci, provenant de la crise
économique de l’Europe : renouer les caisses de l’Etat
en formalisant davantage l’économie domestique et avoir
un terrain de repli stratégique au Sud pour ne pas être à
la merci de la première secousse du Nord.
Les intentions sont bien nobles, convenons-en. Mais les
réalités sont complexes, insufsamment sondées et, du
coup, souvent mal appréhendées. Concernant lAfrique, nous avons tellement
tardé à regarder du côté Sud, que Chinois, Turcs, Indiens, diaspora, et autres
inventifs locaux n’ont attendu personne. LAfrique, c’est comme si nous n’en
faisions pas tout à fait partie, comme un territoire lointain dans lequel on
part en dernier recours ou parce que le chef le veut bien. Le cœur n’y est
pas. Pourquoi on n’y voit pas clair dans cette Afrique au sommet de laquelle
le Maroc est perché ? Parce qu’une once de racisme hérité de notre épopée
au Soudan nous en empêche ? L’atavisme européen détourne-t-il trop nos
regards de ce qu’on croit être «un continent de misère» ? Autant chausser des
lunettes qui nous aideraient à voir lAfrique d’en bas, et cesser de la toiser d’en
haut.
Avec l’informel aussi, notre manque d’empathie se double d’un défaut de
discernement. De quoi parlons-nous ? Des grosses compagnies, formellement
installées, qui ne paient pas leurs impôts ou utilisent des voies détournées
pour monopoliser de gros marchés, ou de ces individus, informellement
installés, qui héritent de toutes petites miettes du marché ? Toutes les
économies, réputées saines, laissent eurir des informalités qu’elles
parviennent rarement à formaliser et ne s’attaquent qu’aux pans susceptibles
de mettre en péril des vies ou des sources tarissables de vie. Ce n’est pas pour
dire qu’il y a rien à faire. Non, l’informel, il faut aussi savoir faire avec, sans
laxisme mais sans illusions non plus.
Vous le voyez bien, avec lAfrique, comme avec l’informel, c’est notre attitude
lointaine, euro centriste, formaliste, qui nous empêche d’être lucides et sans
a priori.
NOS DEUX
CONTINENTS NOIRS
EDITO
Par Driss KSIKES
Directeur de la publication
Abdelali Benamour
Directeur de la rédaction
Driss Ksikes
Rédactrice en chef
Laetitia Grotti
Comité d’orientation scientique du CESEM
Najib Akesbi, Omar Aloui, Yasmine Benamour, Noureddine Cherkaoui,
Driss El Abbassi, Laurent Florès, Rita Iraqi, Driss Khrouz, Amina Lamrani,
Raphaël Liogier, Anass Nidam, Halima Ouzzif, Michel Peraldi, Bachir Rachdi,
Hassan Sayarh, Ali Serhrouchni, Karim Tazi, Mohamed Tozy, Alfredo Valladao
Comité de rédaction et de lecture
Fadma Ait Mous, Fouad Ammor, Catherine Alix-Mascart, Hicham Benjamaa, Hassan El Aouni,
Laetitia Grotti, Jamal Khalil, Sara Khalladi, Myriem Khrouz, Abdellah Labdaoui,
Ilham Lahrech, Caroline Minialai, Ismail Zaghloul
Ont également collaboré à ce numéro
Nezha Alaoui M’hamdi, Joan Bardeletti, Maud Brasseur, Manuel Castells,
Aziz El Yaacoubi, Francis Ghilès, Alioune Gueye, Ismail Hariki, Saad Igamane, Fouad Laroui,
Véronique Manry, Frank Mermier, Alejandro Portes, Karim Tazi, Khalid Tritki
Réécriture et correction
Zahra El Harouchy
Issam-Eddine Tbeur
Documentation et secrétariat de rédaction
Khadija Boutaleb
La Revue Economia est éditée par le Centre d’études sociales, économiques et
managériales (CESEM) “centre de recherche de HEM”
Directeur artistique : Hicham Zemmar
Mise en page : Amine Khalil et Yassine Zemmar
Responsable de communication : Zineb Ziadi
Chargée de commercialisation & d’abonnements : Fatima Zohra El Moubarik
Couverture: Hicham Zemmar
Photos presse : Shutterstock et AIC press
Illustrations : Ahmed Nouaïti
Assistante administrative et nancière : Hayat Ziani
Impression : PIPO
Distribution : Sochepress
Adresse: 2, Rue Jaafar Essadik – Agdal, Rabat (Maroc)
Tél : 00 212 537 673 746
Fax : 00 212 537 670 422
http://www.cesem.ma
Dépôt légal : 2007 / 0137
ISSN et dossier de presse : En cours
Ce numéro a été tiré à 3000 exemplaires
©copyright.
Tous droits réservés pour tous pays.
Toute reproduction, même partielle, doit être soumise à l’accord préalable de l’éditeur.
Conception et réalisation de la maquette : Tristan Lastennet & Hicham Zemmar
Que représentent les informalités dans notre économie ? A travers ce dossier,
nous cherchons à montrer ce qui pousse les entrepreneurs et commerçants à
contourner les voies réglementaires, où se situent les intérêts que la morale ne
saurait contrecarrer, où réside le danger que le laxisme ambiant ne perçoit pas
sufsamment, et pourquoi le consommateur en redemande.
AFRIQUE ÉCONOMIQUE :
TERRA INCOGNITA
14-17
19-34
83-120
35-82
122-129
La revue ECONOMIA n°10 / octobre 2010 - janvier 2011
LES PAYS ÉMERGENTS
EXISTENT-ILS ?
NOUVELLES
FRONTIÈRES ÉNERGÉTIQUES
LÉLITE POLITIQUE
A TRAHI LES MAROCAINS
Grand entretien avec Mohamed Chak
REPÈRES
ECONOMICUS
MANAGER
VOYAGE AU CŒUR DE L’INFORMEL
6
FORUM ÉCONOMIQUE
MONDIAL
Le Maroc en mal de
compétitivité…
En matière de compétitivité mondiale,
le Maroc fait pâle gure si l’on en croit
le classement annuel publié par le
Forum Economique Mondial (World
Economic Forum). Apparaissant à
la 75ème place sur les 139 pays que
compte la liste, le Royaume gure loin
derrre plusieurs pays arabes ou en
voie de développement dont la Tunisie
classée, elle, au 32ème rang. Le Maroc
a donc perdu deux places sur une
ane, principalement en raison de
ses contreperformances enregistrées
au niveau de l’indice de l’efcacité
des marchés et services (88ème) et
celui relatif à la sophistication des
activités commerciales et innovation
(79ème). Pour résumer, le pays a obtenu
de mauvais scores pour plusieurs
indicateurs, dont l’éducation supérieure
et la formation, l’efcacité du marché
des biens, celle du marché du travail,
le développement du marché nancier,
le développement technologique, la
taille du marché, en plus de l’indice
relatif à la sophistication des activités
commerciales et innovation.
Le rapport sur la compétitivité
mondiale 2010-2011, publié le 8
septembre dernier, s’est basé sur
le classement établi grâce à l’indice
de compétitivité mondiale (Global
Competitiveness Index, GCI), qui
couvre 12 dimensions et brosse une
image détaillée de la compétitivité
de pays se trouvant à des stades
de développement différents. Cet
indice est établi sur la base d’une
combinaison de données statistiques
et des résultats de sondages,
notamment l’Enqte annuelle auprès
des chefs d’entreprises, conduite
par le WEF en collaboration avec son
réseau d’instituts partenaires, dont
des organisations économiques de
renom, situées dans les pays étudiés.
Cette année, plus de 13 500 chefs
d’entreprise ont ainsi été sondés dans
139 pays.
OPPORTUNITÉS
…mais attractif
commercialement
Sur un total de 30 pays émergents,
le Maroc occupe la 15ème position
en matière de développement
du commerce de distribution
internationale, dans le classement
Global Retail Development index
20101, publié par A.T. Kearney, cabinet
américain de conseil en stratégie.
Comparé à 2009, le pays a donc
grim de 4 échelons. Une embellie
due pour une large part à sa stabilité
économique et politique (avec une
note de sécurité et stabilité de 60,6%),
ainsi qu’aux opportunités qu’offre son
marché (le marché n’étant pas saturé à
hauteur de 56%).
Global Retail Development Index
(GRDI), qui est une étude annuelle
portant sur 30 marchés émergents,
vise à travers ses analyses à aider
les commerçants à déterminer les
stratégies de leur développement
global en classant lattractivité
commerciale de ces pays. Les scores
sont basés sur un faisceau de 25
variables dont les risques politiques
et économiques, la croissance, la
pression du temps (le degré d’urgence
pour entrer sur le marché) et la
saturation du marché de détail.
Cette étude revêt une importance toute
particulière pour les commerçants
(entreprises et compagnies) dans
la mesure où, touchés notamment
par la lenteur de la croissance sur
les marchés dévelops, elle leur
permet de trouver des alternatives
commerciales sur des marchés en
expansion. Cette année, plusieurs pays
du Moyen-Orient et de lAfrique du
Nord ont été jugés attractifs pour le
business du détail, avec 8 pays gurant
dans les 21 premières destinations
mondiales les plus intéressantes. Le
Maroc a été clas derrière la Tunisie
(11ème), le Koweït (2ème), lArabie Saoudite
(4ème), les Emirats Arabes Unis (7ème),
et l’Egypte (13ème). Quant à lAlgérie,
elle se trouve à la 21ème place dans ce
rapport publié le 21 juin 2010.
Par Khalid Tritki
Directeur du portail
maroceco.ma
CARNET DE BORD
http://www.atkearney.com/images/global/
pdf/2010_Global_Retail_Development_Index.pdf
http://www.weforum.org/en/initiatives/gcp/Glo-
bal%20Competitiveness%20Report/index.html
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