économiques a également de graves conséquences sociales, comme l'incapacité d’accéder à
l'autonomie financière qui touche aussi la dignité des jeunes et entrave leur capacité à fonder
une famille. Bien que les taux de chômage soient plus élevés chez les jeunes plus éduqués, la
grande majorité des jeunes qui souffrent de manque d'opportunités économiques sont ceux qui
sont peu qualifiés (69% de tous les jeunes n’ont même pas de diplôme de niveau secondaire et
20% sont analphabètes). En fait, les jeunes peu qualifiés représentent 63% de la totalité des
jeunes au chômage, 78% des découragés et 92% des jeunes engagés dans des activités
domestiques. Les filles sont particulièrement vulnérables, avec un chiffre impressionnant de
82% pour celles qui n'ont pas été à l'école et donc étant hors de la population active, soit pour
des raisons familiales (63%) ou le découragement (19%). Par ailleurs, même parmi les jeunes
qui ont un emploi, plus de 87.4% travaillent dans le secteur informel et souvent dans des
conditions précaires. La question de l’emploi mobilise l’attention et le chômage des jeunes est
le principal enjeu social, politique et économique. Malgré une situation relativement favorable
par rapport à d'autres pays de la région MENA, le Maroc a encore beaucoup à faire pour
améliorer ses indicateurs sociaux qui restent relativement faibles par rapport à la moyenne de
la région MENA. Le pays a besoin d’accomplir des progrès significatifs pour réduire les
inégalités et la vulnérabilité ainsi que le taux de chômage officiel qui s'élève à 9,1% mais est
trois fois plus élevé chez les 15-24 ans. Dans le contexte d'une nouvelle Constitution (2011) et
du nouveau Gouvernement qui a pris ses fonctions au début de 2012, le Maroc s'est engagé
dans un processus dynamique en vue de renforcer les opportunités économiques et
l'intégration sociale. Bien que plusieurs programmes de développement importants (par
exemple, l’Initiative Nationale de Développement Humain, INDH) et les nouvelles stratégies
sectorielles dans les domaines de l'éducation, de l'emploi et de la jeunesse ont été lancées, des
efforts supplémentaires sont nécessaires pour soutenir le pays motivé par la mise en œuvre de
réformes.
Afin d'accroître les opportunités économiques et d'intégration, il existe un intérêt croissant
parmi le gouvernement, la société civile et les partenaires au développement pour promouvoir
l'auto-emploi (ou travail indépendant), y compris chez les jeunes. Les micros et très petites
entreprises de moins de 9 personnes représentent environ 97% des affaires au Maroc, dont
plus de 60%, soit 1,7 millions d'entités (2010) sont dans le secteur informel. Le gouvernement
a reconnu l'importance stratégique des très petites entreprises, et est actuellement en train de
finaliser une Stratégie Nationale pour les très Petites Entreprises, qui attache une valeur
particulière sur la formalisation des entreprises informelles et le renforcement de la
disponibilité des services d'appui non financiers aux petites entreprises au niveau local. De
même, l’INDH continue de largement soutenir les activités génératrices de revenus.
Bien que le Maroc ait maintenu les taux les plus élevés de micro-crédit dans la région MENA,
le démarrage et l'expansion d'une petite entreprise demeure un sérieux défi pour les
Marocains, en particulier pour les jeunes défavorisés. Parmi les obstacles, il y a notamment le
manque d'accès à l'information, les compétences, les finances, la terre et les droits de
propriété, le manque de soutien pour la mise en place d’un système d’orientation et de
développement d'affaires, et enfin, les obstacles administratifs. Par exemple, dans un récent
sondage, 80% de la jeunesse marocaine considère que l'accès au financement représente une
contrainte majeure, et plus de 70% a trouvé que les risques financiers sont un obstacle majeur.
En outre, l'intérêt pour l'entrepreneuriat n'est souvent pas assorti aux compétences