UFR d’Economie
HISTOIRE DE LA PENSÉE ÉCONOMIQUE
Licence de Sciences Économiques (L3)
Cours de André Lapidus
Documents à l’appui des Travaux Dirigés
(Textes rassemblés par Jean Dellemotte)
Année universitaire 2015-2016
http://theme.univ-paris1.fr/M1/hpe/BrochureHPEL3.pdf
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HISTOIRE DE LA PENSÉE ÉCONOMIQUE - L3
Université Paris 1 Panthéon Sorbonne
Sommaire
Présentation ……………………………..........................................................…. page 2
Adam Smith (1723-1790)
Richesse des nations (1776)
Livre I, chapitres 1, 2, 3, 4, 5, 6 (extraits)..........................................................…. page 3
Livre II, chapitres 3 (extrait)…………………………………………………….. page 16
Livre IV, chapitres 2, 9 (extraits)………………………………………………... page 17
Livre V, chapitres 2, section iii (extrait)………………………………………… page 20
David Ricardo (1772-1823)
Principes de l'économie politique et de l'impôt (1817)
Chapitre I (La valeur), sections 1, 2, 3, 4………………………………………... page 21
Chapitre II (La rente)........................................................................................…. page 30
Chapitre IV (Prix naturel & prix courant)……………………………………….. page 32
Chapitre V (Les salaires, extraits)……..……………………………………….... page 34
Chapitre VI (Les profits, extraits)…..…………………………………………… page 36
Chapitre XXI (Des effets de l’accumulation sur les profits, extraits)..………….. page 37
Karl Marx (1818-1883)
Le capital, livre 1 (1867)
Chapitre I (« La marchandise »).........................................................................…. page 39
Chapitre IV (« La formule générale du capital »)………………………………... page 45
Chapitre V (« Contradictions de la formule générale du capital », extrait)……… page 49
Chapitre VI (« L'achat et la vente de la force de travail »)………………………. page 49
Chapitre XIX (Transformation de la valeur de la force de travail en salaire)……. page 54
Léon Walras (1834-1910)
Études d'économie sociale (1896)
Théorie générale de la société (6
e
leçon : « De l'individu et de l'État »)………… page 58
Théorie de la propriété…………………………………………………………… page 63
Éléments d'économie politique pure (1874)
Préface de la 4
e
édition (extrait)…………………………………………………. page 69
2
e
leçon : Distinction entre la science, l'art et la morale (extrait)………………... page 71
3
e
leçon : De la richesse sociale ; triple conséquence de la rareté……………….. page 72
5
e
leçon : Du marché et de la concurrence……………………………………….. page 76
18
e
leçon : Eléments et mécanismes de la production (extrait)………………..… page 80
John Maynard Keynes (1883-1946)
Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie (1936)
Chapitre 2 : Les postulats de l'économie classique............................................…. page 83
Chapitre 3 : Le principe de la demande effective………………………………... page 90
Chapitre 24 : Notes finales sur la philosophie sociale etc. ………….....………… page 94
« La théorie générale de l'emploi », in Quaterly Journal of Economics (1937)…... page 99
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P
RESENTATION
L’objectif de ce cours est de donner aux étudiants, dont certains arrêteront leurs études en
Licence, les éléments nécessaires à la mise en perspective historique des connaissances
acquises au cours de leur scolarité en économie. On retiendra ainsi quelques auteurs majeurs
qui ont marqué l’histoire de la discipline et dont la connaissance fait partie du patrimoine
intellectuel des économistes.
1. Introduction générale : pourquoi faire l’histoire de la pensée économique ?
2. Adam Smith (1723-1790)
a. De la philosophie morale à l’économie – Adam Smith face à ses prédécesseurs
b. La Théorie des Sentiments Moraux
c. La Richesse des Nations
3. David Ricardo (1772-1823)
a. La période des écrits monétaires
b. Autour de l’Essai sur les Profits
c. Des Principes à ‘Valeur absolue et valeur d’échange’
4. Karl Marx (1818-1883)
a. Les concepts fondamentaux
b. Genèse du capital
c. La transformation des valeurs en prix de production
d. Théories des crises : paupérisation ; schémas de reproduction ; tendance à la baisse
du taux de profit
5. Léon Walras (1834-1910)
a. Les fondements philosophiques du projet économique de Walras
b. L’économie pure
c. L’économie sociale
6. John Maynard Keynes (1883-1946)
a. Le Traité de probabilité
b. Du Tract sur la réforme monétaire aux ‘équations fondamentales’ du Traité de la
Monnaie
c. Eléments de permanence et de différenciation dans la Théorie générale
L’accent sera placé sur la genèse et les projets intellectuels dans lesquels se sont inscrites
les différentes théories ainsi que sur leur structure. Les travaux dirigés seront plus
spécialement consacrés à un travail sur les textes des auteurs concernés.
Auteurs traités en TD
4 au moins sur les 5 auteurs normalement abordés en cours : Smith ; Ricardo ; Marx ;
Walras ; Keynes.
Notation du contrôle continu
Les décisions du Conseil de l’UFR d’Economie du 13 juillet 2011 relatives au cadrage
du Contrôle continu en L ont conduit à redéfinir comme suit la notation : 3 éléments de
notation, dont au moins une dissertation et une note dite d’« activité ». Celle-ci est
constituée à partir du travail en groupe, des présentations orales, de l’évolution de
l’étudiant au cours du semestre et prend en considération l’assiduité de l’étudiant. La
moyenne arithmétique des ces trois notes constituera la note de contrôle continu. Enfin,
ce type de notation écarte la possibilité de proposer aux étudiants d’annuler une note
défavorable en y substituant un exercice qui aurait donné de meilleurs résultats.
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Portrait d’Adam Smith par John Kay (1790)
Adam SMITH (1723-1790)
Enquête sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776)
Traduction de G. Garnier.
Livre I : Des causes qui ont perfectionné les facultés productives du travail,
et de l’ordre suivant lequel ses produits se distribuent naturellement dans
les différentes classes du peuple
Chapitre premier
De la division du travail
Les plus grandes améliorations dans la puissance productive du travail, et la plus
grande partie de l'habileté, de l'adresse, de l'intelligence avec laquelle il est dirigé ou
appliqué, sont dues, à ce qu'il semble, à la Division du travail.
On se fera plus aisément une idée des effets de la division du travail sur l'industrie
générale de la société, si l'on observe comment ces effets opèrent dans quelques
manufactures particulières. On suppose communément que cette division est portée le
plus loin possible dans quelques-unes des manufactures se fabriquent des objets de
peu de valeur. Ce n'est pas peut-être que réellement elle y soit portée plus loin que dans
des fabriques plus importantes; mais c'est que, dans les premières, qui sont destinées à de
petits objets demandés par un petit nombre de personnes, la totalité des ouvriers qui y
sont employés est nécessairement peu nombreuse, et que ceux qui sont occupés à chaque
différente branche de l'ouvrage peuvent souvent être unis dans un atelier et placés à la
fois sous les yeux de l'observateur. Au contraire, dans ces grandes manufactures
destinées à fournir les objets de consommation de la masse du peuple, chaque branche de
l'ouvrage emploie un si grand nombre d'ouvriers, qu'il est impossible de les réunir tous
dans le même atelier. On ne peut guère voir à la fois que les ouvriers employés à une
seule branche de l'ouvrage. Ainsi, quoique dans ces manufactures l'ouvrage soit peut-être
en réalité divisé en un plus grand nombre de parties que dans celles de la première
espèce, cependant la division y est moins sensible et, par cette raison, elle y a été moins
bien observée.
Prenons un exemple dans une manufacture de la plus petite importance, mais la
division du travail s'est fait souvent remarquer : une manufacture d'épingles.
Un homme qui ne serait pas façonné à ce genre d'ouvrage, dont la division du travail
a fait un métier particulier, ni accoutumé à se servir des instruments qui y sont en usage,
dont l'invention est probablement due encore à la division du travail, cet ouvrier, quelque
adroit qu'il fût, pourrait peut-être à peine faire une épingle dans toute sa journée, et
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certainement il n'en ferait pas une vingtaine. Mais de la manière dont cette industrie est
maintenant conduite, non seulement l'ouvrage entier forme un métier particulier, mais
même cet ouvrage est divisé en un grand nombre de branches, dont la plupart constituent
autant de métiers particuliers. Un ouvrier tire le fil à la bobine, un autre le dresse, un
troisième coupe la dressée, un quatrième empointe, un cinquième est emploà émoudre
le bout qui doit recevoir la tête. Cette tête est elle-même l'objet de deux ou trois
opérations séparées : la frapper est une besogne particulière ; blanchir les épingles en est
une autre ; c'est même un métier distinct et séparé que de piquer les papiers et d'y bouter
les épingles; enfin, l'important travail de faire une épingle est divisé en dix-huit opérations
distinctes ou environ, lesquelles, dans certaines fabriques, sont remplies par autant de
mains différentes, quoique dans d'autres le même ouvrier en remplisse deux ou trois. J'ai
vu une petite manufacture de ce genre qui n'employait que dix ouvriers, et où, par
conséquent, quelques-uns d'eux étaient chargés de deux ou trois opérations. Mais,
quoique la fabrique fût fort pauvre et, par cette raison, mal outillée, cependant, quand ils
se mettaient en train, ils venaient à bout de faire entre eux environ douze livres d'épingles
par jour; or, chaque livre contient au delà de quatre mille épingles de taille moyenne.
Ainsi, ces dix ouvriers pouvaient faire entre eux plus de quarante-huit milliers d'épingles
dans une journée; donc, chaque ouvrier, faisant une dixième partie de ce produit, peut être
considéré comme donnant dans sa journée quatre mille huit cents épingles. Mais s'ils
avaient tous travaillé à part et indépendamment les uns des autres, et s'ils n'avaient pas été
façonnés à cette besogne particulière, chacun d'eux assurément n'eût pas fait vingt
épingles, peut-être pas une seule, dans sa journée, c'est-à-dire pas, à coup sûr, la deux-
cent-quarantième partie, et pas peut-être la quatre-mille-huit-centième partie de ce qu'ils
sont maintenant en état de faire, en conséquence d'une division et d'une combinaison
convenables de leurs différentes opérations.
Dans tout autre art et manufacture, les effets de la division du travail sont les mêmes
que ceux que nous venons d'observer dans la fabrique d'une épingle, quoique dans un
grand nombre le travail ne puisse pas être aussi subdivini réduit à des opérations d'une
aussi grande simplicité. Toutefois, dans chaque art, la division du travail, aussi loin
qu'elle peut y être portée, amène un accroissement proportionnel dans la puissance
productive du travail. C'est cet avantage qui paraît avoir donné naissance à la séparation
des divers emplois et métiers.
Aussi, cette séparation est en général poussée plus loin dans les pays qui jouissent du
plus haut degré de perfectionnement ; ce qui, dans une société encore un peu grossière,
est l'ouvrage d'un seul homme, devient, dans une société plus avancée, la besogne de
plusieurs. Dans toute société avancée, un fermier en général n'est que fermier, un
fabricant n'est que fabricant. Le travail nécessaire pour produire complètement un objet
manufacturé est aussi presque toujours divientre un grand nombre de mains. Que de
métiers différents sont employés dans chaque branche des ouvrages manufacturés, de
toile ou de laine, depuis l'ouvrier qui travaille à faire croître le lin et la laine, jusqu'à celui
qui est employé à blanchir et à tisser la toile ou à teindre et à lustrer le drap!
Il est vrai que la nature de l'agriculture ne comporte pas une aussi grande subdivision
de travail que les manufactures, ni une séparation aussi complète des travaux. Il est
impossible qu'il y ait, entre l'ouvrage du nourrisseur de bestiaux et du fermier, une
démarcation aussi bien établie qu'il y en a communément entre le métier du charpentier et
celui du forgeron. Le tisserand et le fileur sont presque toujours deux personnes
différentes ; mais le laboureur, le semeur et le moissonneur sont souvent une seule et
même personne. Comme les temps propres à ces différents genres de travaux dépendent
des différentes saisons de l'année, il est impossible qu'un homme puisse trouver
constamment à s'employer à chacun d'eux. C'est peut-être l'impossibilité de faire une
séparation aussi entière et aussi complète des différentes branches du travail appliqà
l'agriculture, qui est cause que, dans cet art, la puissance productive du travail ne fait pas
des progrès aussi rapides que dans les manufactures. A la vérité, les peuples les plus
opulents l'emportent, en général, sur leurs voisins aussi bien en agriculture que dans les
autres industries; mais cependant leur supériorité se fait communément beaucoup plus
sentir dans ces dernières. Leurs terres sont, en général, mieux cultivées et, y ayant
consacré plus de travail et de dépense, ils en retirent un produit plus grand, eu égard à
l'étendue et à la fertilité naturelle du sol. Mais la supériorité de ce produit n'excède guère
la proportion de la supériorité de travail et de dépense. En agriculture, le travail du pays
riche n'est pas toujours beaucoup plus productif que celui du pays pauvre, ou du moins
cette différence n'est jamais aussi forte qu'elle l'est ordinairement dans les manufactures.
Ainsi, le blé d'un pays riche, à égal degré de bonté, ne sera pas toujours, au marché, à
meilleur compte que celui d'un pays pauvre.
[…]
Cette grande augmentation dans la quantité d'ouvrage qu'un même nombre de bras
est en état de fournir, en conséquence de la division du travail, est due à trois circons-
tances différentes : - premièrement, à un accroissement d'habileté chez chaque ouvrier
individuellement; - deuxièmement, à l'épargne du temps qui se perd ordinairement quand
on passe d'une espèce d'ouvrage à une autre; - et troisièmement enfin, à l'invention d'un
grand nombre de machines qui facilitent et abrègent le travail, et qui permettent à un
homme de remplir la tâche de plusieurs.
Premièrement, l'accroissement de l'habileté dans l'ouvrier augmente la quantité d'ou-
vrage qu'il peut accomplir, et la division du travail, en duisant la tâche de chaque
homme à quelque opération très simple et en faisant de cette opération la seule
occupation de sa vie, lui fait acquérir nécessairement une très grande dextérité. Un
forgeron ordinaire qui, bien qu'habitué à manier le marteau, n'a cependant jamais été
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