La productivité globale des facteurs Royaume du Maroc

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Royaume du Maroc
Département de l’Economie,
des Finances et de la Privatisation
Direction de la Politique
Economique Générale
La productivité globale des facteurs
Karima ZAIMI
Document de travail n° 76
Mai 2002
Constituant une sélection mensuelle des travaux menés par les cadres de
la Direction de la Politique Economique Générale, les documents de
travail engagent cependant la responsabilité de leurs auteurs. Ils sont
diffusés par la Direction pour approfondir le débat sur les sujets en
question et susciter des observations.
Table des matières
Résumé ___________________________________________________________________ 1
Introduction _______________________________________________________________ 3
1. Le modèle de la« comptabilisation de la croissance »_____________________________ 3
1.1. Le modèle standard ____________________________________________________ 3
1.2. Le modèle avec une fonction Cobb-Douglas : _______________________________ 5
2. Application au cas marocain ________________________________________________ 5
2.1 Approche basée sur le PIB _______________________________________________ 6
Log(population active occupée) __________________________________________ 6
Log(population active occupée) __________________________________________ 6
2.1.1 La Productivité globale des facteurs (PGF) ______________________________ 6
2.1.2 La décomposition du taux de croissance de la PGF ________________________ 8
2.2 Approche basée sur le PIB hors agricole __________________________________ 10
Log(Emploi dans l’hors agricole) ________________________________________ 10
2.2.1 La PGF hors agricole_______________________________________________ 10
2.2.2 La décomposition du taux de croissance de la PGF hors agricole ____________ 12
2.3 Approche basée sur la valeur ajoutée industrielle : __________________________ 13
Log(Emploi dans l’industrie) ___________________________________________ 13
2.3.1 La PGF industrielle ________________________________________________ 14
2.3.2 La décomposition du taux de croissance de la PGF industrielle ______________ 15
Conclusion _______________________________________________________________ 19
Annexe __________________________________________________________________ 20
Résumé
Dans le cadre de la mise en place de l’observatoire de la croissance par la
Direction de la Politique Economique Générale, une analyse de la productivité
globale des facteurs a été menée en vue de cerner les déterminants de son
évolution à savoir les productivités du travail et du capital.
La productivité globale des facteurs (PGF) est utile pour l’analyse de la
compétitivité coût de l’économie. Elle mesure l’efficacité du processus de
production. Cet indicateur se calcule à partir d’une fonction de production en
retranchant de la croissance les apports du travail et du capital.
La PGF obtenue enregistre des fluctuations en relation avec les chocs
internes (sécheresse) et externes (demande étrangère adressée au Maroc, cours
internationaux des matières premières…) qu’a subis l’économie nationale.
Après avoir affiché une décélération pendant la période 1989-1995, la
productivité globale des facteurs connaît une accélération de son rythme
tendanciel de croissance à partir de 1996 sous l’effet de l’amélioration de la
productivité apparente du travail comme l’atteste le tableau ci-après
Décomposition de l’accroissement de la PGF
1983-1988
1989-1995
1996-2000
Productivité du Productivité du PGF
capital physique
travail
0,7
-0,5
0,2
-0,4
-0,5
-0,9
-0,4
0,8
0,4
Durant les deux périodes 1983-1988 et 1996-2000, l’économie marocaine
a réalisé des gains de productivité tirés par la productivité apparente du capital
au cours de la première période et par celle du travail pendant la seconde.
-1 -
Pour que la PGF puisse refléter le progrès technique, une approche
alternative basée sur l’utilisation du PIB hors agricole a abouti à une évaluation
de la PGF moins dépendante des aléas climatiques. Son analyse en termes de
niveau et d’évolution fait apparaître une nette reprise vers la fin de la décennie
90 qui est due à l’amélioration de la productivité apparente du travail. Cette
accélération en fin de période provient également d’une synchronisation des
cycles de productivité dans les branches d’activité économiques.
Dans le secteur de l’industrie, les gains de productivité ont été réalisés dès
le début des années 90. La PGF a progressé en moyenne au cours de cette
décennie de 1,4% suite à l’amélioration de la productivité du travail dont la
contribution au renforcement de la PGF s’est établie à 1,8 points. Cette
amélioration a été enregistrée principalement au niveau des branches de l’agroindustrie, du textile et cuir et de la chimique et para-chimique.
L’accélération de la PGF industrielle n’a touché l’ensemble de l’activité
hors agricole qu’à partir de 1994, enregistrant ainsi un retard dans la propagation
des gains de productivité.
Les conclusions de cette étude découlent d’une analyse basée sur une PGF
apparente. Pour affiner ce travail et mieux appréhender le progrès technique, il
conviendrait d’intégrer dans l’analyse le taux d’utilisation des capacités de
production, la durée d’utilisation des équipements, la durée du travail et la
vitesse d’ajustement de l’emploi.
-2 -
Introduction
L’expression de « progrès technique » est utilisée pour désigner la modification
graduelle des fonctions de production. De nombreux facteurs sont susceptibles d’accroître la
production qui peut être obtenue à partir de quantités données de travail et de capital. Le
terme de progrès technique évoque les découvertes scientifiques et techniques grâce
auxquelles de nouveaux modes de fabrication peuvent être mis en œuvre, l’expérience
progressivement acquise dans l’emploi de technologies anciennes, les progrès réalisés dans
l’organisation des entreprises et toutes les transformations qui accroissent l’efficacité du
système productif.
Dans la théorie traditionnelle de la croissance, le progrès technique est assimilé au
taux de croissance de la productivité globale des facteurs dont l’estimation fait l’objet de la
présente note.
Le modèle de base est présenté en première partie. La seconde partie expose et analyse
les résultats obtenus pour le cas marocain en distinguant la production globale, l’hors agricole
et la valeur ajoutée industrielle.
1. Le modèle de la« comptabilisation de la croissance »
Une méthode largement utilisée pour l’estimation de la variation de la productivité est
« la comptabilisation de la croissance ». Dans ce modèle, le taux de croissance du PIB réel est
déterminé par trois composantes : les deux premières sont basées sur les taux de croissance
des facteurs de production (capital et travail) et la troisième est une composante inexpliquée
ou résiduelle qui capte les améliorations de la technologie.
Taux de croissance =
PIB
contribution
du travail
+
contribution + contribution de la productivité
du capital
globale des facteurs
1.1. Le modèle standard
La notion de productivité globale des facteurs s’appuie sur celle de la fonction de
production. Ainsi l’équation de base de comptabilisation de la croissance est dérivée d’une
contrainte technologique de la forme :
Y = A F (K , L)
où K est le stock de capital physique, L le nombre de travailleurs et A est un paramètre
d’efficience qui mesure l’efficacité du processus de production. Sous cette forme, le progrès
technique est supposé neutre au sens de Hicks c’est à dire que le progrès technique augmente
le niveau de production (déplace la courbe de production) qui peut être réalisé avec une
combinaison donnée des facteurs de production sans affecter le taux marginal de substitution.
-3 -
En différenciant par rapport au temps, il résulte de la relation précédente :
•
•
•
•
Y = A F + AF K + AF L
K
L
Cette expression peut être réécrite comme suit :
•
Avec X
X
Y
Y
•
•
A
A
=
•
KF
(
F
+
K
K
)
K
le taux de croissance de la variable X et FJ
LF
(
F
+
J =K, L
•
L
L
)
L
la productivité marginale du
facteur j .
F L l’élasticité de la production par rapport au
F K et
η =
F
F
capital et au travail. L’expression ci-dessus devient :
Désignons par η
=
K
L
K
L
•
•
Y
Y
=
A
+ η
A
•
K
K
K
•
+ η
L
L
L
Soient w et r respectivement le taux de salaire réel et le taux réel de location du
capital. Sous des conditions de concurrence pure et parfaite, les facteurs de production sont
rémunérés à leur productivité marginale w = FL et r = FK . Ainsi, ηK et ηL sont égaux,
respectivement, à la part du revenu du travail et du revenu du capital dans la production.
Faute de données relatives à la rémunération du capital, l’hypothèse de la constance
des rendements d’échelle (ηK + ηL= 1) est nécessaire pour l’estimation de la variation de la
productivité globale des facteurs. Cette dernière reflète l’état de la technologie et le degré
d’innovation dans le processus de production. Comme, il ne s’agit pas d’une variable
observable, on ne peut la calculer qu’en retranchant de la croissance les apports du travail et
du capital.
•
A
A
•
=
Y
Y
•
− α
L
L
•
K
− (1 − α )
K
La mesure de α est pratiquement impossible de façon directe. Par conséquent, elle est
estimée de façon indirecte par la part des coûts salariaux dans la valeur ajoutée. Comme cette
approximation n’est valable qu’en tendance (fluctuation de la part salariale), la méthode la
plus simple consiste à supposer α constant et à estimer sa valeur en faisant la moyenne
arithmétique des parts salariales sur la période d’observation.
-4 -
1.2. Le modèle avec une fonction Cobb-Douglas :
La constance de α revient à supposer que la fonction de production est de type CobbDouglas. C’est la forme la plus utilisée en pratique :
Y = A K (1−α ) Lα
La productivité globale des facteurs (PGF) issue de cette fonction se calcule en
rapportant le vo lume de la valeur ajoutée à une mesure du volume globale des facteurs
obtenue par une agrégation des volumes de travail et de capital. Elle s’interprète comme une
moyenne pondérée de la productivité du travail et du capital : le coefficient de pondération
(α) étant égal à la part des salaires dans la valeur ajoutée.
PGF
=
Y
K
(1− α )
Lα
 Y 
= 

 K 
(1 −α )
 Y 


 L 
α
La productivité globale des facteurs est utile pour l’analyse de la compétitivité car elle
constitue le paramètre synthétique de la compétitivité coût reflétant l’efficacité de la mise en
œuvre du travail et du capital, bien qu’elle soulève, d’un point de vue méthodologique et
statistique, de multiples problèmes. Deux approches sont nécessaires à une meilleure
appréhension de la PGF :
•
•
La première consiste à mesurer la productivité globale apparente des facteurs sans corriger
le volume de ces derniers.
La deuxième tient compte du taux d’utilisation des facteurs et de leur durée. Cela permet
de distinguer ce qui dans la productivité globale relève des variations de ce taux et ce qui
provient d’une évolution de la technologie. L’indicateur ainsi corrigé (PGFC) peut
s’interpréter comme reflétant le progrès technique. il s’écrit alors :
PGFC
 Y / TUC
= 
 K H



(1 − α )

Y

 LH D



α
avec : TUC le taux d’utilisation des capacités de production, H la durée du travail
(la durée d’utilisation des équipements est ramenée, en pratique, à la durée du
travail) et D : effets des délais d’ajustement de l’emploi.
2. Application au cas marocain
En principe, le modèle de la « comptabilisation de la croissance » est appliqué sur un
PIB marchand. Dans le cadre de ce travail, trois approches sont utilisées : la première est
basée sur le PIB total, la deuxième sur le PIB hors agricole et la troisième sur la valeur ajoutée
industrielle.
-5 -
2.1 Approche basée sur le PIB
La fonction de production utilisée est de type Cobb-Douglas (rendements d’échelle
unitaires). Les résultats sont présentés dans le tableau suivant :
Log( PIB)
Log(Stock du capital physique)
Log(population active occupée)
Constante
paramètre
stat. de student
0.224283
0.775716
1.963738
2.711612
….
7.057483
Période d’estimation 1982-2000
R2 ajusté= 97%
DW=2
Il ressort des résultats de l’estimation, que les travailleurs s’accaparent presque 78%
des revenus distribués, du fait que le tissu économique marocain est caractérisé par une
prépondérance des activités intensives en main d’œuvre.
En corrigeant le stock du capital avec le taux d’utilisation des capacités de
production1 , l’estimation est la suivante:
Log( PIB)
Log(Stock capital*Taux d’utilisation des capacités de production)
Log(population active occupée)
Constante
paramètre
stat. de student
0.278609
5.269554
….
0.721391
1.780772
10.00814
Période d’estimation 1980-2000
2
R ajusté= 98%
DW=1,2
Comparativement à la première estimation, la part des salaires dans le revenu global a
diminué, sous l’effet de l’introduction du taux d’utilisation des capacités de production pour
se situer à 0,72 contre 0,78.
2.1.1 La Productivité globale des facteurs (PGF)
L’analyse faite dans ce document est basée sur une productivité globale des facteurs
apparente issue de la première estimation.
A l’exception de la période 1988-1991, la productivité globale des facteurs a affiché
une tendance baissière.
1
Le taux d’utilisation des capacités de production (TUC) est estimé par : PIB/CAP avec CAP= K*PIB(-1)/K(-1)
-6 -
Evolution de la productivité globale des facteurs et de sa tendance
7.3
7.2
7.6
7.1
7.4
7.0
7.2
6.9
7.0
6.8
6.6
82
84
86
88
90
92
PGF
94
96
98
00
PGF_HP
L’évolution de la PGF s’est faite en trois phases distinctes :
Phase 1 : s’étend sur la période 1982-1987, elle coïncide avec le début de l’application du
plan d’ajustement structurel. Elle est caractérisée par une baisse moyenne de la PGF de
l’ordre de 1,3%. Cette tendance trouve son origine dans la contraction de la demande
intérieure (politique d’austérité) et l’importance des tensions inflationnistes. En 1987, un
creux est enregistré en liaison avec la récession de la valeur ajoutée agricole (-23,6%) sous
l’effet de la sécheresse.
Phase 2 : couvre la période 1988-1991, durant laquelle une reprise de la PGF est constatée
avec un taux annuel moyen de 2,4% grâce aux bonnes campagnes agricoles et au dynamisme
qu’ont connu les exportations avec la libéralisation du commerce extérieur.
Phase 3 : correspond à la deuxième décennie, la PGF a une forme en dents de scie en
relation avec les fréquentes sécheresses tout en accusant une baisse tendancielle de l’ordre de
–0,9%. Cette détérioration est due aux chocs internes (aléas climatiques défavorables) et
externes (baisse de la demande étrangère adressée à l’économie marocaine, fluctuations des
cours des matières premières…).
La productivité globale des facteurs suit, le plus souvent, les mêmes tendances que
celles des productivités apparentes du capital et du travail. Le facteur travail entre avec une
pondération élevée (0,78) dans le calcul de la PGF. Par conséquent, leurs courbes
d’accroissement sont presque superposées.
-7 -
Taux de croissance des productivités apparentes et de la PGF (en %)
10
5
0
-5
-10
82
84
86
88
90
92
Travail
94
Capital
96
98
00
PGF
2.1.2 La décomposition du taux de croissance de la PGF
Dans un modèle de « comptabilisation de la croissance », c’est la variation de la PGF
qui représente la contribution du progrès technique à la croissance économique. Ainsi son
analyse s’avère indispensable pour évaluer les performances d’une économie en matière de
technologie. Comme la productivité globale des facteurs est une moyenne pondérée des deux
productivités, son taux de croissance peut être décomposé en deux : effet productivité du
travail et effet productivité du capital. Cette décomposition sert à déterminer la productivité
qui a contribué le plus à l’évolution de cet indicateur.
Taux de croissance de la PGF
10
5
0
0.1
-5
0.0
-10
-0.1
-0.2
-0.3
-0.4
82
84
86
88
90
Var. lissée de la PGF
92
94
96
98
00
Var. de la PGF
Du graphique ci-dessus ressort trois phases distinctes pour lesquelles les résultats de la
décomposition du taux de croissance de la PGF sont présentés dans le tableau suivant :
-8 -
Décomposition de l’accroissement de la PGF
1983-1988
1989-1995
1996-2000
Productivité du capital physique
0,7
-0,4
-0,4
Productivité du travail
-0,5
-0,5
0,8
PGF
0,2
-0,9
0,4
Période 1983-1988 : une accélération de la productivité globale tendancielle (réalisation des
gains de productivité). Ceci est du à une amélioration de la productivité apparente du capital
dont la contribution est de 0,7 point. Quant à la productivité du travail, sa participation était
négative (-0,5%) du fait que l’embauche s’est fait à un rythme (5,1%) dépassant la croissance
économique (4,2%).
Période 1989-1995 : contrairement à la première phase, la productivité du capital a contribué
négativement à la croissance de la PGF car le processus de l’accumulation du capital s’est
accéléré enregistrant 3,6% l’an au moment où le PIB n’a affiché que 1,6%. Pour le travail, sa
participation est restée inchangée (-0,5 point).
Période 1996-2000 : une reprise de la PGF est constatée à la dernière période sous l’effet
positif du travail (0,8 point). En revanche, la contribution de la productivité du capital à la
croissance de la PGF est restée négative (-0.4 point) en liaison avec un accroissement
remarquable du stock de capital (5,8%) dépassant largement la croissance économique
réalisée (3,5%).
Durant les deux périodes 1983-1988 et 1996-2000, l’économie marocaine a réalisé des
gains de productivité tirés par la productivité apparente du capital au cours de la première
période et par celle du travail pendant la seconde.
La PGF est un facteur résiduel permettant de capter la croissance économique
inexpliquée par les facteurs de production (capital physique et travail). De ce fait, la PGF
nationale est tributaire des aléas climatiques. Elle devrait être corrigée de ces fluctuations
pour qu’elle puisse refléter le progrès technique. Une approche alternative basée sur
l’utilisation du PIB hors agricole pourrait donner une évaluation moins biaisée de la PGF.
-9 -
Taux de croissance de la PGF et du PIB agricole
8
80
60
4
40
20
0
0
-20
-4
-40
-8
-60
82
84
86
88
90
92
PGF
94
96
98
00
PIB Agricole
2.2 Approche basée sur le PIB hors agricole
La série du stock du capital dans le secteur hors agricole a été construite 2 , quant à
l’emploi, il provient de la base de donnée CBOC.
L’estimation d’une fonction Cobb-Douglas a donné les résultats suivants :
Log( PIB hors agricole)
Log(Stock du capital physique dans l’hors agricole)
Log(Emploi dans l’hors agricole)
Constante
paramètre
stat. de student
0.286794
0.713206
2.022443
4.390862
….
7.888402
Période d’estimation 1982-2000
2
R ajusté= 99%
DW=1.6
De même pour l’hors agricole, la main d’œuvre est le facteur de production qui a la
part la plus grande dans le revenu global, elle est de l’ordre de 0,71. En effet, presque toutes
les branches d’activité économique sont intensives en main d’œuvre.
2.2.1 La PGF hors agricole
L’évolution de la PGF tendancielle dans le secteur hors agricole peut être subdivisée
en trois phases comme l’atteste le graphique ci-après :
2
la somme des composantes bâtiment, travaux publics et une part du matériel et outillage ( calculée sur la base
du partage des importations des biens d’équipement entre agricole et industriel) est considérée comme proxy du
stock du capital dans le secteur hors agricole.
- 10 -
Evolution de la PGF et de sa tendance dans le secteur hors agricole
7.60
7.55
7.50
7.8
7.45
7.6
7.40
7.4
7.2
82
84
86
88
90
92
PGF hors agricole
94
96
98
00
PGF hors agricole lissée
Phase 1982-1991 : la PGF hors agricole s’est nettement améliorée avec un taux annuel
moyen de 0,7%. Elle a bénéficié des réformes structurelles adoptées par le pays durant cette
période et qui ont visé la stabilisation du cadre macro-économique du pays, l’amélioration de
l’environnement de l’entreprise, l’intégration du Maroc dans le tissu économique mondial et
le renforcement de la compétitivité de l’appareil productif national.
Phase 1992-1995 : étant donné la fréquence des sécheresses et la conjoncture internationale
défavorable en Europe, la PGF hors agricole a été sensiblement affectée enregistrant ainsi une
régression de 0,4% en moyenne par an.
Phase 1996-2000 : la reprise de la PGF hors agricole en moyenne de 0,3% est consécutive à
une conjoncture nationale et internationale moins contraignantes et à une amélioration de la
productivité apparente du travail. En revanche la productivité du capital a baissé.
- 11 -
Taux de croissance des productivités apparentes et de la PGF
6
4
2
0
-2
-4
-6
82
84
86
88
Var. productivité du travail
90
92
94
96
98
Var. productivté globale
00
Var. productivité du capital
2.2.2 La décomposition du taux de croissance de la PGF hors agricole
Après une phase de décélération, le rythme de croissance de la PGF dans le secteur
hors agricole s’accélère enregistrant ainsi des gains de productivité.
Taux de croissance de la PGF hors agricole et de sa tendance
6
4
2
0
1.5
-2
1.0
-4
-6
0.5
0.0
-0.5
82
84
86
88
90
92
Var. lissée de la PGF
- 12 -
94
96
Var. de la PGF
98
00
L’étude de l’accroissement annuel de la PGF hors agricole révèle l’existence de deux
phases, pour lesquelles les résultats de la décomposition de la PGF sont présentés dans le
tableau ci-dessous :
1983-1993
1994-2000
Productivité du capital physique Productivité du travail
-0,5
-0,1
-0,17
0,32
PGF
-0,6
0,15
Période 1983-1993 : Durant laquelle, l’évolution du taux de croissance de la PGF est
marquée par une tendance baissière. Cette décélération avec un taux de l’ordre de – 0,6% est
imputable principalement à la baisse de la productivité apparente du capital dont la
contribution est de –0,5 point. Quant à la productivité du travail, sa contribution moyenne
était négative mais limitée (-0,1 point).
Période 1994-2000: Caractérisée par un accroissement moyen positif de la PGF (0,15%).De
ce fait le secteur hors agricole réalise des gains de productivité. Ceci est du exclusivement à
l’amélioration de la productivité du travail avec une contribution positive de l’ordre de 0,32
point. En ce qui concerne celle du stock du capital, elle s’est améliorée tout en restant
négative (-0,17 point).
L’accélération de la PGF hors agricole en fin de période peut provenir d’une
synchronisation des cycles de productivité dans les branches d’activité économique. Une
estimation de la PGF industrielle 3 est susceptible d’apporter quelques éléments explicatifs.
2.3 Approche basée sur la valeur ajoutée industrielle :
Basée sur une série de stock de capital construite 4 , l’estimation de la fonction de
production Cobb-Douglas des industries manufacturières a abouti au résultat suivant :
Log(VA industrielle)
Log(Stock du capital physique dans l’industrie)
Log(Emploi dans l’industrie)
paramètre
stat. de student
0.374164
4.536210
0,625836
-2.159971
Constante
Période d’estimation 1981-2000
R2 ajusté= 96%
3
4
DW=1.2
Faute de données, la décomposition du PIB hors agricole retenue est : industrie et hors industrie
Voir annexe
- 13 -
….
-8.844158
Ainsi, plus que 62% de la valeur ajoutée du secteur industriel revient au travail. Ce
résultat illustre la prépondérance des activités intensives en main d’œuvre dans le tissu
industriel marocain.
2.3.1 La PGF industrielle
Après une tendance baissière durant les années 80, La PGF dans les industries
manufacturiè res a affiché une hausse durant la dernière décennie.
Evolution de la productivité globale des facteurs et de sa tendance
0.120
0.118
0.14
0.116
0.13
0.114
0.112
0.12
0.110
0.11
0.10
80
82
84
86
88
PGF industrielle
90
92
94
96
98
00
PGF industrielle lissée
L’évolution de la PGF industrielle peut être subdivisée en deux grandes phases comme
le montre le graphique ci dessus :
Phase 1980-1993 : malgré l’existence de plusieurs reprises en 81-82, 85-88 et 90-91, cette
phase est caractérisée par une tendance baissière. La PGF industrielle a atteint son point
culminant en 1982 sous l’effet positif de la productivité apparente du travail qui s’est
améliorée de 28% ( hausse de la valeur ajoutée industrielle accompagnée par une baisse des
effectifs employés) et des exportations industrielles 5 qui ont affiché une hausse en terme
nominal de 78%. Cette amélioration des exportations s’est accompagnée de l’accroissement
des crédits alloués à l’ économie.
A partir de 1983, la PGF a baissé avec un taux annuel moyen de 2% en raison du
ralentissement du rythme de croissance des exportations nominales et de la détérioration de la
productivité apparente du travail de 1,5 % l’an.
5
Hors admissions temporaires (AT) et exportations indirectes
- 14 -
Evolution de la PGF industrielle et des taux de croissance des exportations et des
effectifs employés
100
0,160
0,140
80
0,120
60
0,100
40
0,080
0,060
20
0,040
-20
2000
1999
1998
1997
1996
1995
1994
1993
1992
1991
1990
1989
1988
1987
1986
1985
1984
1983
1982
1981
1980
0
0,020
0,000
Exportations industrielles
Effectifs employés
PGF industrielle
Phase 1994-2000 : la PGF industrielle s’est améliorée enregistrant une hausse de 2,1% en
moyenne par an. Cette reprise est imputable aux réformes prises en vue d’améliorer
l’environnement de l’entreprise et de promouvoir les investissements (la charte). Elle résulte
également d’une amélioration de la productivité du travail comme il ressort de la
décomposition de la PGF industrielle.
2.3.2 La décomposition du taux de croissance de la PGF industrielle
L’accroissement de la PGF industrielle revêt un intérêt particulier dans l’analyse des
performances du secteur industriel. Comme l’atteste le graphique ci-dessous, il suit les mêmes
tendances que la valeur ajoutée industrielle. La croissance de cette dernière dépend dans une
grande mesure de l’accroissement de la PGF qui est déterminé à son tour par la productivité
apparente du travail.
- 15 -
Taux de croissance de la PGF et de la valeur ajoutée industrielle
0.3
0.2
0.1
0.0
-0.1
-0.2
80
82
84
86
88
90
92
Var. de la PGF industrielle
94
96
98
00
Var. de la VA industrielle
L’évolution de l’accroissement de la PGF industrielle est caractérisée par deux
tendances : la première est baissière, la seconde est haussière. Les résultats de la
décomposition de la PGF industrielle donnent quelques éléments explicatifs à ce
comportement.
Taux de croissance de la PGF industrielle et de sa tendance
20
10
8
0
6
-10
4
-20
2
0
-2
80
82
84
86
88
90
Var. lissée de la PGF
92
94
96
98
00
Var. de la PGF
L’accroissement de la PGF industrielle est marqué par deux grandes tendances : un
ralentissement de la PGF au cours de la période 1983-1989 suivi par une accélération du
rythme de croissance de la PGF pendant les années 90.
- 16 -
Il ressort des résultats de la décomposition du taux de croissance de la PGF industrielle
pour les deux périodes, qui sont présentés dans le tableau ci-dessous, que le comportement de
la PGF résulte principalement de la productivité apparente du travail.
Productivité du capital physique Productivité du travail
1983-1989
-0,7
-2,4
1990-2000
-0,4
1,8
PGF
-3,1
1,4
Période 1983-1989 : durant laquelle, l’évolution du taux de croissance de la PGF industrielle
est marquée par une tendance baissière. Cette décélération avec un taux de l’ordre de – 3,1%
est imputable essentiellement à la baisse de la productivité apparente du travail et dans une
moindre mesure au recul de la productivité apparente du capital physique. Les contributions
des deux composantes à la croissance de la PGF industrielle sont respectivement –2,4 et –0,7
point.
Comme l’indique le tableau ci-après, la productivité apparente du travail dans les
industries manufacturière a baissé de 4% l’an durant cette période. Cette détérioration est
enregistrée principalement dans l’agroalimentaire (-5%), le textile et cuir (-4%) et les
industries chimiques et para chimiques (- 1%). Quant aux autres branches d’activité, leurs
productivités ont affiché une hausse dont l’effet n’a pas été ressenti au niveau globale vu leurs
faibles poids.
Cette période est caractérisée également par une forte création de nouvelles activités
intensives en main d’œuvre. De ce fait le nombre d’établissements est passé de 3281 en 1983
à 5398 en 1989 enregistrant une croissance annuelle moyenne de 9% l’an et l’emploi a évolué
avec un rythme (11% en moyenne par an) plus accéléré que celui de la valeur ajoutée
industrielle (6%). Par conséquent, la productivité du travail a baissé.
Croissance annuelle moyenne de la productivité apparente du travail, de l’emploi et de la
valeur ajoutée réelle6 par branche d’activité
Productivité apparente
du travail
Emploi
VA réelle
1983-1989 1990-2000 1983-1989 1990-2000 1983-1989 1990-2000
Industries manufacturières
-4
3
11
2
6
5
Industrie agro-industrie
-5
5
14
1
6
5
Industrie textile et cuir
-4
2
13
3
9
5
Industrie chimique et para chimique
-1
3
7
3
4
6
Industrie mécanique et métallurgique
2
1
7
2
8
3
Industrie électrique et électronique
5
1
7
3
10
4
Période 1990-2000: Caractérisée par un accroissement moyen positif de la PGF industrielle
de 1,4% traduisant ainsi une réalisation des gains de productivité. Ceci est du exclusivement à
l’amélioration de la productivité du travail avec une contribution positive de l’ordre de 1,8
points. En ce qui concerne le stock du capital, sa contribution est restée négative (-0,4 point).
6
les valeurs ajoutées nominales ont été déflatées par le prix des industries manufacturières
- 17 -
Cette amélioration dans la contribution de la productivité du travail est tirée
principalement par les branches : agro- industrie, textile et cuir et industrie chimique et para
chimique dont les accroissements de la productivité apparente du travail sont respectivement
5%, 2% et 3%. Ceci résulte essentiellement de la décélération importante du rythme de
progression de la création de l’emploi dans toutes les branches : le nombre d’établissements
crées est passé de 5729 en 1990 à 6705 en 2000 affichant un taux de croissance annuel moyen
de 2%. Quant à la valeur ajoutée industrielle, elle a accusé un fléchissement moins important
passant de 6% à 5%.
L’ accélération de la PGF industrielle durant les années 90 n’a été ressentie au niveau
de la PGF hors agricole qu’à partir de 1994. Ce retard est imputable à la décélération de la
PGF dans l’hors industrie 7 constatée en début de période. Sous l’effet de structure, le rythme
de croissance de la PGF hors agricole est déterminé dans une grande mesure par celui de la
PGF hors industrie en raison de sa part importante dans le PIB hors agricole (84%).
Variations lissées des productivités globales des facteurs
1.5
6
1.0
4
0.5
2
0.0
0
-0.5
-2
82
84
86
88
90
92
94
96
98
00
Var. lissée PGF hors agricole
Var. lissée PGF hors industrie
Var.lissée PGF industrielle
7
obtenu par la soustraction de la valeur ajoutée industrielle du PIB hors agricole. L’estimation économétrique
dans l’hors industrie est présentée en annexe
- 18 -
Conclusion
La productivité globale des facteurs qui s’interprète comme la moyenne pondérée de la
productivité du travail et du capital, constitue le paramètre synthétique de la compétitivité.
Elle reflète l’efficacité du système productif.
La PGF obtenue pour le cas marocain enregistre plusieurs fluctuations en relation avec
les chocs internes (sécheresse) et externes (demande étrangère adressée au Maroc, les cours
internationaux des matières premières..) qu’a subis l’économie nationale. Après avoir
enregistré une tendance baissière, elle connaît une accélération de son rythme tendanciel de
croissance à partir de 1996 sous l’effet de l’amélioration de la productivité apparente du
travail.
En ce qui concerne la PGF dans le secteur hors agricole, elle est moins dépendante des
aléas climatiques. Son analyse en terme de niveau et d’évolution fait apparaître une nette
amélioration vers la fin de la décennie 90 qui est due à l’amélioration de la productivité
apparente du travail. Il en est de même pour le secteur industriel qui a vu sa PGF s’accélérer
dès le début des années 90. l’évolution de la PGF industrielle est étroitement liée au
comportement des exportations (conjoncture en Europe) et à la productivité du travail.
Ces conclusions ressortent d’une analyse basée sur une PGF apparente qui ne tient
compte ni du taux d’utilisation des capacités de production, ni de la durée d’utilisation des
équipements, ni de la durée du travail, ni de la vitesse d’ajustement de l’emploi. Ces
informations sont nécessaires pour corriger les volumes des facteurs de production( capital
physique et travail) afin d’aboutir à une meilleure appréhension du progrès technique.
- 19 -
Annexe
Procédure de détermination du stock de capital :
− A partir de l’équation comptable d’évolution du stock de capital (évalué en début de
période) :
K
t
= (1 − a ) × K
t −1
+ It
avec a : taux d’amortissement
− De l’équation de production potentielle et de celle de production effective :
Y pot =
K
k
avec k : coefficien t de capital technique
− De la définition du taux d’utilisation des capacités de production :
TUC
=
Y
Y
pot
− On exprime le coefficient de capital de la façon suivante :
 I
k = 
 Y ( − 1)

 
TUC

 × 

  ( TCY + a ) 

avec TCY : taux de croissance de production effective
− Une fois déterminé le coefficient de capital, on peut calculer le stock de capital initial K0 :
K0 = k ×
Y0
TUC 0
à condition, toutefois de se donner le taux d’utilisation des capacités de productions de
l’année initiale.
− La série du stock de capital est alors obtenue en utilisant l’équation :
K
t
= (1 − a ) × K
- 20 -
t −1
+ It
La série obtenue pour le secteur industriel marocain est la suivante :
35000
30000
25000
20000
15000
10000
5000
82
84
86
88
90
92
94
96
Stock de capital industriel
Estimation économétrique du PIB hors agricole et industrie :
Dependent Variable: LOG(PIBHA-VAIND)
Method: Least Squares
Date: 04/16/02 Time: 16:53
Sample(adjusted): 1982 2000
Included observations: 19 after adjusting endpoints
LOG(PIBHA-VAIND)=C(1)*LOG(KTOTHA-KIND)+(1-C(1))*LOG(LHA
-LIND)+C(2)
C(1)
C(2)
R-squared
Adjusted R-squared
S.E. of regression
Sum squared resid
Log likelihood
Durbin-Watson stat
Coefficient
Std. Error
t-Statistic
0.299985
1.899511
0.085424
0.334626
3.511721 0.002675
5.676510 2.73e-05
0.979386
0.9781743
0.0242513
0.0099982
44.76315
1.278170
Mean dependent var
S.D. dependent var
Akaike info criterion
Schwarz criterion
F-statistic
Prob(F-statistic)
Prob.
11.21823
0.164154
-4.50138
-4.40196
807.7193
9.00e-16
Avec
PIBHA :
VAIND :
KTOTHA :
KIND :
LHA :
LIND :
le PIB hors agricole réel
la valeur ajoutée industrielle réelle
le stock de capital dans le secteur hors agricole
le stock de capital dans les industries manufacturières
l’emploi dans l’hors agricole
l’emploi dan l’industrie
- 21 -
98
00
Evolution de la productivité globale des facteurs et de sa tendance dans l’hors agricole
(l’industrie non comprise)
6.80
6.75
7.2
6.70
7.0
6.65
6.8
6.60
6.6
6.55
6.4
6.2
80
82
84
86
88
90
PGF
92
94
PGF lissée
- 22 -
96
98
00
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