ÉLÉMENTS DE CORRECTION – DISSERTATION Les facteurs

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ÉLÉMENTS DE CORRECTION – DISSERTATION
Les facteurs travail et capital sont-ils les seules sources de la croissance ?
Analyse du sujet
Il s'agit de s'interroger sur les sources de la croissance économique, phénomène économique central des sociétés
capitalistes modernes. Les économistes classiques analysent le processus de croissance à partir d'une fonction de
production, en partant du postulat que le niveau de production dépend de la quantité de ce qui est utilisé pour
produire, autrement dit de la quantité de facteurs de production. Donc, l'augmentation des quantités de travail et de
capital permettent de produire plus de richesses. Mais la fonction de production met également en évidence qu'une
partie de la croissance ne dépend pas de cette augmentation des quantités de facteurs : le travail et le capital ne sont
pas donc les seules sources de la croissance. Le progrès technique, mesurée par la PGF, permet aussi d'accroître la
quantité de richesses créées dans un pays. Toutes les activités à l'origine de ce progrès technique sont alors
également source de croissance.
Analyse des documents
Document 1 : Document incontournable pour établir un constat chiffré des sources de la croissance !! Vous reconnaissez
(normalement) un tableau de décomposition des facteurs de croissance (déjà travaillé en classe). Aucune précision sur le
document, mais vous deviez savoir que seule la dernière colonne correspond à un tcam, les autres étant la mesure de la
contribution en points des différents facteurs. La seule complexité ici est que la contribution du capital est divisée entre la
contribution du capital en TIC et du capital hors TIC (les TIC étant considérées comme un élément essentiel du PT actuel). On
peut distinguer les pays qui ont une croissance extensive (le Canada, et dans une moindre mesure, les EU) des pays qui ont une
croissance intensive.
On voit que la contribution du facteur travail est dans la plupart des pays considérés faible, voire négative (baisse
démographique, baisse du temps de travail, baisse de la durée de la vie active), exception faite du Canada. Par exemple, en
France, l'évolution du facteur travail contribue pour seulement 0,04 points à la croissance du PIB de 1,75 % par an en moyenne
chaque année pour la période 1985-2008.
L'apport du capital est un peu plus forte, et se répartit à peu près à égalité entre capital TIC et hors TIC. Dans la plupart des
pays, le capital explique entre 30 et 40 % de la croissance observée. Par exemple, en France, le facteur capital (TIC et horsTIC) explique 0,55 points de croissance, c'est-à-dire près d'un tiers de l'augmentation des richesses créées en moyenne chaque
année entre 1985 et 2008.
Enfin, la PGF constitue la source essentielle dans la plupart des pays (sauf Canada et EU). Par exemple, en Allemagne, la PGF
explique 1,07 points des 1,5 % de croissance annuelle moyenne, c'est-à-dire 71 % de la croissance observée entre 1985 et
2008.
Document 2 : Permet de mettre en évidence l'importante qu'accordent les pays à l'innovation et au progrès technique, en
constant que la part du PIB consacré aux dépenses de R&D augmente entre 2008 et 2009, en pleine récession mondiale. On
peut également noter que les pays qui ont une croissance forte comme les États-Unis ou la Corée sont aussi ceux qui
consacrent le plus de moyens à l'activité de R&D.
Document 3 : Lecture d'indices... Depuis 1978, la productivité globale des facteurs a beaucoup augmenté (+59 % entre 1978
et 2006). La crise économique de 2008 est aussi la seule période où la PGF diminue (- 8,8 % entre 2007 et 2009) : on peut
donc penser que la PGF est source de croissance et que le fait qu'elle n'augmente plus explique le ralentissement économique.
Document 4 : Document sans difficulté et sans intérêt qui permet de vous mettre sur la piste du rôle de l’État et plus
globalement des institutions dans le processus de croissance.
Plan détaillé
I – La mobilisation des facteurs de production est source de croissance
Les facteurs de production sont combinés par les producteurs pour permettre la création de richesse. Il apparaît donc logique
que le travail (A) et le capital (B) soient facteurs de croissance économique.
A. La hausse de la quantité de travail est source de croissance
Le travail est un des deux facteurs de production que les producteurs combinent pour créer des
richesses. Donc augmenter la quantité de travail utilisé dans une économique permet d'accroître la
capacité de production, et la production (l'offre)
L'augmentation de la quantité de travail passe par l'augmentation du nombre d'heures travaillées
dans l'ensemble de l'économie. Donc : nombre d'actifs (démographie), durée légale du travail,
durée de la vie active. On constate d'ailleurs que dans la plupart des pays développés, le facteur
travail contribue assez peu à la croissance, soit du fait d'un manque de dynamisme démographique,
soit du fait d'une diminution du temps de travail (tendance séculaire). Ex :
B. La hausse de la quantité de capital est source de croissance
Hausse de la compétitivité-prix et hors-prix → Hausse de la demande → Hausse de la production
pour répondre à la demande supplémentaire = croissance
Gains de productivité → Baisse des coûts unitaires de production → Hausse des profits → Hausse
de l'investissement (et donc accumulation supplémentaire de capital) → Hausse de la demande →
Croissance
Gains de productivité → Hausse de la valeur ajoutée produite par chaque salarié → Hausse des
salaires → Hausse de la consommation → Croissance
Par ailleurs, le développement de nouveaux secteurs d'activité (qui suppose le plus souvent la
création de nouveaux moyens de production – donc l'accumulation de capital physique) stimule la
demande (nouveaux biens et services), ce qui est source de croissance. Ex des activités TIC qui
représentent une part non-négligeable de la production de richesses dans des pays comme la
Finlande (plus de 12 % de son PIB en 2001) (document 2).
Les facteurs travail et capital sont donc à l'origine d'une croissance extensive, parce qu'ils permettent d'accroître les capacités
de production, et donc l'offre. Mais ils sont loin d'être les seules sources de la croissance.
II – Cependant, d'autres éléments jouent un rôle essentiel dans le processus de croissance
La décomposition de la croissance laisse apparaître un « résidu » qui explique une très large partie de la croissance
économique : c'est le progrès technique (A). Par ailleurs, pour que l'activité économique puisse se développer, les institutions
ont un rôle essentiel à jouer (B).
A. L'importance du progrès technique et des gains de productivité dans le processus de
croissance
La décomposition des facteurs de croissance à partir d'une fonction de production (document 1)
permet de mettre en évidence le rôle du PT dans la croissance. Le PT est mesuré par la PGF : le
« résidu » de Solow, qui explique la partie de la croissance qui n'est expliquée ni par le facteur
travail ni par le facteur capital.
B. Le rôle des institutions dans la croissance économique
Des investissements en amont du PT : dépenses de R&D (accumulation de capital technologique),
dépenses de formation (accumulation de capital humain et de capital public). Ex : les dépenses de
R&D en France (document 3)
Des investissements en aval pour diffuser le PT à l'ensemble de l'économie : acquisition de
nouveaux outils de production (par exemple : des outils informatiques et numériques), dépenses de
formation du personnel pour qu'ils puissent utiliser les nouvelles technologies... → il y a donc un
mouvement de rajeunissement permanent des structures économiques, comme l'a mis en évidence
l'autrichien Schumpeter au début du XXème siècle.
Ces investissements sont un moteur de la croissance d'autant plus qu'ils ont un effet multiplicateur
(Keynes) : hausse de la demande de biens et services → hausse de la production de biens et
services → hausse de l'emploi et des revenus → hausse de la demande globale, etc.
Le PT est donc au cœur de la dynamique de croissance, parce qu'il est au centre d'un mouvement d'accumulation de
capital qui favorise la croissance économique.
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