Lycée Picasso DST du samedi 12 octobre 2013 corrigé dissertation
SUJET : Dans quelle mesure le progrès technique est-il source de croissance économique ?
Remarques générales :
Il faut utiliser pleinement les 4h qui sont à votre disposition, notamment pour analyser le sujet et mobiliser les connaissances qui
peuvent être utiles au sujet.
Il ne faut pas présenter les documents mais il faut les utiliser et les citer. L’utilisation des chiffres permet d’évaluer les savoir-faire.
Ne pas confondre l’investissement en capital fixe (FBCF) qui joue directement sur la croissance (facteur capital) avec « les
investissements » cités par les théoriciens de la croissance endogène qui expliquent l’origine du progrès technique (et donc
indirectement la croissance).
La consigne du sujet (le travail à faire), ici « dans quelle mesure » doit être prise en compte afin d’éviter de traiter un autre sujet. La
consigne appelait un débat sur le rôle du progrès technique, donc il fallait nuancer le rôle du progrès technique dans une des deux
parties. Proposition de corrigé
En 2012, le PIB a stagné en France, autrement dit la richesse du pays n’a pas progressé par rapport à l’année précédente, on parle alors de croissance
nulle. Ceci peut s’expliquer bien sûr par le contexte de récession qui fait suite à la crise de 2008. Même si des signes de reprise s’annoncent en 2013, il convient de
s’interroger sur les moyens possibles pour retrouver une croissance économique à plus long terme. Le progrès technique soit ce qui permet d’améliorer l’efficacité
de la fonction de production et de créer de nouveaux débouchés est souvent considéré comme une des sources possibles de la croissance. Quelle part représente le
progrès technique dans la croissance économique des pays occidentaux ? Le progrès technique suffit-il à expliquer la croissance ? Existe-t-il d’autres sources de
croissance ?
Après avoir montré que le progrès technique est une des sources de la croissance, nous montrerons que d’autres facteurs (le capital et le travail) peuvent
aussi y contribuer.
I – Le progrès technique est une des sources de la croissance économique, il permet d’en expliquer une partie (A) et se diffuse par plusieurs canaux (B)
A Une partie de la croissance s’explique par le progrès technique
1) Dans une fonction de production classique, le travail et le capital expliquent l’essentiel de la hausse de la production, toutefois on constate qu’une partie
de la croissance reste inexpliquée, c’est ce qu’on appelle le résidu. Ce résidu est appelé ainsi car il est obtenu en déduisant les contributions du capital et
du travail du PIB, on l’appelle aussi PGF soit productivité globale des facteurs. Qu’on l’appelle résidu ou pgf, toujours est-il qu’il s’agit d’un indicateur
de mesure du progrès technique. Ainsi entre 85 et 2009, le PIB en France a augmenté de 1.9% par an en moyenne et la pgf a contribué pour 1.1 points
(à l’arrondi près) à cette évolution (1.9-0.7), la pgf explique donc plus de la moitié de la croissance française sur cette période (doc.1).
2) On peut constater que l’importance du progrès technique dans l’explication de la croissance dépend des pays. On parle de croissance intensive quand la
contribution du progrès technique est plus importante que celle des facteurs de production et de croissance extensive quand la croissance s’explique
essentiellement par la hausse des facteurs. On voit que l’Allemagne a une croissance très intensive puisque le progrès technique explique quasiment la
totalité de l’évolution du PIB sur cette période, la pgf contribue ainsi pour 0.9points à la hausse de 1.1% du PIB par an en moyenne. Inversement, on
peut remarquer qu’aux Etats-Unis, la Pgf contribue beaucoup moins en proportion à la hausse du Pib, moins de la moitié.
B La diffusion du progrès technique peut se faire de plusieurs manières afin de favoriser la croissance
1) La théorie de la croissance endogène montre que le progrès technique peut être généré par les acteurs économiques en investissant dans différentes
formes de capitaux dont les effets sur l’économie s’exercent grâce aux externalités. Par exemple en augmentant les dépenses de R/D, un pays va
pouvoir diffuser plus largement des connaissances et des innovations que l’on considère comme du capital technologique et immatériel et qui ne seront
pas payées par la plupart des utilisateurs ; une innovation faite par un laboratoire public pourra être reprise et utilisée par une entreprise sans qu’elle en
paie le coût réel. Plus ces investissements seront importants, plus les externalités aideront à la diffusion du progrès technique et donc à accélérer la
croissance. L’Allemagne et les Etats-Unis consacrent ainsi respectivement 2.5% et 2.7% de leur PIB à la dird (dépense intérieure de recherche
développement), ce qui peut expliquer le rôle de la PGF dans leur croissance et justifier que l’Etat finance plus des 2/3 de cette recherche (doc.4).
2) Le capital humain (définir) fait partie des « investissements » qui favorisent le progrès technique notamment car il accroît la productivité des
travailleurs et donc rend plus efficace le processus de production. Ceci explique pourquoi le financement de la formation incombe souvent à l’Etat qui
produit ainsi des externalités positives pour les entreprises qui pourront embaucher des personnes déjà formées sans payer directement le coût de cette
formation (doc.2)
L’accent mis sur la « qualité » de la main d’œuvre ne doit pas faire oublier le rôle premier des actifs dans l’origine de la croissance en plus
du progrès technique.
II Les facteurs de production, le travail (A) et le capital (B) sont aussi des sources de la croissance, ce qui nuance l’importance du progrès technique.
A – Le travail peut suivant les pays contribuer à la croissance.
1) La contribution du travail se mesure par l’utilisation de la population active par l’économie, soit l’Emploi. Une population active qui augmente peut
donc être un atout pour un pays qui manquerait de main d’œuvre. Pendant les Trente Glorieuses, la France a connu une forte croissance (5% par an
environ) qui s’explique en partie par la hausse de la population active issue à la fois du dynamisme démographique (baby-boom) et du recours à
l’immigration.
2) La contribution de l’emploi varie selon les pays. On peut observer qu’au cours de la période 85-09, l’emploi en France n’a pas contribué à la croissance
puisque sa contribution est de 0 points. En Allemagne, l’Emploi a même contribué négativement de 0.3points à la hausse du PIB. Les gains de
productivité ont ainsi limité le recours à la main d’œuvre tandis qu’aux Etats-Unis, l’emploi explique presqu’un quart de l’évolution du PIB soit 0.7pts
pour une croissance annuelle moyenne de 2.6%.
B - Le capital (fixe) est aussi un facteur de la croissance
1) Dans la fonction de production, f(x)= L.K, le capital représente le capital fixe soit l’ensemble des moyens de production d’une durée de vie supérieure à
un an, ce que la comptabilité nationale appelle la FBCF (formation brute de capital fixe). A titre d’exemple cela peut représenter aussi bien des
machines, des locaux, des bâtiments industriels ou des équipements informatiques. L’investissement est l’opération qui permet l’accumulation du
capital et donc la croissance. Le capital fixe peut agir sur la croissance à travers trois canaux, soit en aidant à renouveler le stock d’équipement, soit en
augmentant la capacité de production soit encore en aidant à moderniser le capital ce qui peut bien sûr avoir aussi un effet sur l’efficacité de l’outil de
production et donc sur la pgf.
2) C’est aux Etats-Unis que la contribution du capital en points est la plus forte, elle représente 0.9 points de la croissance du pays entre 85 et 2009 mais
en proportion la contribution du capital à la croissance allemande est la plus forte (presque la moitié contre 35% pour les Etats-Unis). Cette contribution
peut être mise en parallèle avec l’effort important réalisé par les Etats-Unis entre 1990 et 2007 dans l’accumulation du capital, la Fbcf a augmenté sur
cette période de presque 100% alors qu’elle n’augmentait que de 30% en France (doc.4). On peut voir en parallèle que la PGF sur la même période a
augmenté par contre de la même façon dans les deux pays (environ 20%) mais de manière beaucoup moins vite que l’investissement aux Etats-Unis. Si
l’on compare ces deux données avec le doc1, on peut donc expliquer la plus forte hausse du PIB aux Etats-Unis par rapport à la France (0.7pts de plus
par an en moyenne) à la fois par une hausse équivalente de la PGF mais aussi par une hausse beaucoup plus forte de l’investissement.
On a pu constater que le progrès technique était sur les années récentes une source importante de la croissance. Toutefois, suivant les pays et
les modèles de croissance, le travail et le capital exercent aussi une influence déterminante et les Etats-Unis montrent qu’un pays qui souhaite avoir un
taux de croissance élevé du PIB doit à la fois mobiliser des facteurs de production (donc investir et utiliser de la main d’œuvre) mais aussi compter sur
le progrès technique afin de rendre plus efficace son outil de production. Si le progrès technique constitue donc une source majeure de la croissance,
n’a-t-il pas un rôle dans les fluctuations économiques que connaissent les pays développés ?