COMPAGNIE IN PULVEREM REVERTERIS
DIRECTION ARTISTIQUE ANGELA KONRAD
ARTISTE ASSOCIÉE AU THÉÂTRE DES BERNARDINES
MACBETH
DE HEINER MÜLLER
D’APRÈS SHAKESPEARE
création 2008
2
MACBETH
TEXTE DE HEINER MÜLLER d’après SHAKESPEARE
TRADUCTION JEAN-PIERRE MOREL
AUX ÉDITIONS DE MINUIT, 2006
PROJET, CONCEPTION, MISE EN SCÈNE ET SCENOGRAPHIE
ANGELA KONRAD
DRAMATURGIE, ASSISTANAT ELISE BLACHÉ
LUMIÈRE NANOUK MARTY
VIDEO DANIELLE BERTOTTO
AVEC JEZABEL D’ALEXIS, FABRICE MICHEL, FREDERIC POINCEAU, LÉO MARATRAT, LAURENCE LANGLOIS
(DANSEUSE), 2 MUSICIENS –ACTEURS (PERCUSSIONS) ERIC BERNARD ET (en alternance) GILDAS
ETEVENARD ET GILLES CAMPAUX
PRODUCTION : CIE IN PULVEREM REVERTERIS, THÉÂTRE DES BERNARDINES, THÉÂTRE DE LA CRIÉE
LA CIE EST SUBVENTIONE PAR LA DRAC PACA, LE CONSEIL RÉGIONAL PACA, LE CONSEIL GÉNÉRAL 13, LA VILLE DE
MARSEILLE ET LA VILLE D’AIX EN PROVENCE, et avec le soutien du FIJAD (sous reserve).
CRÉATION : PÉTITIONS À L’AUTOMNE 2008, 1ERE SÉRIE DE 12 REPRÉSENTATIONS AU THÉÂTRE DES BERNARDINES DU 13
AU 25 JANVIER 2009, REPRISE AU THÉÂTRE NATIONAL DE LA CRIÉE À L’AUTOMNE 2009.
3
MACBETH
Nous avons mené un travail de recherche, intitulé « Eros, Kronos, Thanatos » autour des trois sorcières de Macbeth
à Lisbonne (Festival X) et à Marseille au Théâtre des Bernardines en 2002.
Depuis je souhaitais travailler sur l’intégralité du texte. Après relecture de la version qu’en donne Heiner Müller j’ai
décidé de monter sa réécriture de « Macbeth ».
Il s’agit d’une adaptation de Heiner Müller, établie dans les années 70 par l’auteur d’après Shakespeare.
Voici ce que dit Jean-Pierre Morel à propos des changements par rapport à Shakespeare:
"(...) Müller a rendu visibles les opprimés à savoir les paysans, révoltés contre le roi d'Ecosse dès le lever du rideau,
puis vaincus, exploités, plus tard déchirés entre les deux camps et aussi les soldats : ils abandonnent par deux fois le
parti de Macbeth et tuent celui-ci à la fin, au lieu que ce soit Macduff. Quant aux sorcières, qui naissent de l'écrasement
initial de la révolte, leur réapparition au dénouement prouve que l'ordre légitime n'est pas restau: le trône restera
fragile tant que n'aura pas cessé la violence contre les paysans (comparable à la guerre américaine au Vietnam et à la
persécution des communistes en Irak)."
Ainsi, Müller propose une traduction/adaptation à partir d’un point de vue politique et historique. Il s’agit d’une
véritable « réactualisation » tout en gardant le contexte historique de la pièce. Müller invite plutôt à faire une lecture de
Macbeth en fonction de l’actualité politique dans laquelle il (Müller) évolue. Cette « relecture » de Macbeth incite
l’auteur à radicaliser ce que fait la force de Shakespeare : la langue, le rythme et la complexité limpide et intelligente
d’une fable.
La pièce repose sur une dramaturgie serrée et rapide. La langue est précise, coupée au couteau, sauvage et
incroyablement dense.
La pièce est d’autant plus violente que le temps accéléde l’Histoire nous donne à voir, pour ainsi dire, les blessures
par lesquelles elle « abreuve nos sillons ».
4
NOTE DE MISE EN SCÈNE : « LA FABRIQUE DU DOUBLE »
…Il y a quelque chose d’insaisissable dans les figures de Macbeth et de Lady Macbeth, cette vieille tragédie du Mal et de
la Conscience met surtout en jeu la puissance imaginaire et ses conséquences, la volonté de précipiter les événements,
concurrencer l’éternité et se mettre à l’abri de sa propre mort. Se met alors en place le mécanisme du pouvoir et de la
volonté, une logique implacable qui éclaire ces figures entre le jour et la nuit avant qu’elles n’entament la longue
trajectoire qui mène vers leur mort dans une décrépitude mentale grandissante …
Macbeth peut-être lu comme « La fabrique du double » : fabriquer des doubles, les fantômes, se fabriquer en double,
s’écarter de soi-même en se mettant à l’abri de sa mort… Changer la représentation mentale du réel, des seuils,
s’arracher à sa condition humaine pour précipiter l’événement… La motivation reste quelque peu obscure, la soif du
pouvoir ne suffit pas pour éclairer « la chose », des forces primitives travaillent cette histoire qui se situe au seuil des
temps anciens et des temps modernes dans lequel l’homme se cherche encore comme démiurge maîtrisant le temps en
concurrence avec l’éternité. Ainsi, le drame qui se joue est le drame du temps humain face à l’éternité, entre finitude et
éternité …
Il reste à leur souhaiter une lucidité qui ne les empêchera pas de souffrir mais qui leur permettra d’en faire encore une
ultime expérience, celle de l’affranchissement de l’enfermement dans lequel l’homme se met tout seul après tout.
Ici, le théâtre cherche à interroger notre façon d’affronter le réel, de sonder les précipices de la puissance imaginaire et
de continuer à vivre avec et malgré tout cela.
Angela Konrad
5
ANALYSE DRAMATURGIQUE :
En 1971, Müller écrit une traduction de Macbeth qui deviendra rapidement une adaptation de la pièce de Shakespeare. Il vient de passer dix
ans au ban de la RDA après le scandale de L’Émigrante, exclu de l’Union des Ecrivains : il est accusé d’écrits contre-révolutionnaires, anti-
communistes, anti-humanistes. Les sujets contemporains lui étant interdits, il se tourne d’abord vers l’adaptation des Antiques, mais ne déjoue
pas pour autant la censure, ses pièces sont interdites sur les scènes Est-Allemandes. Ce n’est qu’avec Macbeth et plus encore avec Ciment en
1973 qu’il reprend pied sur la scène théâtrale allemande, la pression politique diminuant et Müller trouvant des appuis auprès d’amis comme
Ruth Berghaus, alors nouvelle directrice du Berliner Ensemble.
La pièce est traduite en français pour la première fois en 2006 par Jean-Pierre Morel (Editions de Minuit), à ce jour elle a été très peu montée
en France, citons deux mises en scènes : celle de Olivier Coulon-Jablonka au JTN en 2006 à la demande du traducteur, et celle de Caroline
Guiéla en 2008 avec les étudiants du TNS.
La langue Shakespearienne :
Du caractère premier du projet, une traduction, on retrouve une grande fidélité au texte d’origine que ce soit en ce qui concerne la langue elle-
même ou encore la fable et sa chronologie.
En effet on notera tout d’abord que Müller retranscrit certains passages à l’identique (cela apparaît bien que nous lisions la traduction
française de l’adaptation allemande de Müller), une traduction en somme qui lui valu d’ailleurs une partie du scandale que fit la pce (le
critique Harich écrivit en réponse aux défenseurs de Müller « et voilà ce que vous appelez une nouvelle pièce de Müller ? »).
Il conserve également la fable et sa chronologie, introduisant des variations et des coupes à l’intérieur des scènes, il condense parfois
plusieurs scènes mais n’effectue que rarement des coupes de scènes ou des ajouts de scènes nouvelles, toujours en respectant la chronologie.
Il modifie souvent la chute et le motif de rupture (de bascule) de la scène : toujours dans une orientation plus politique qui clarifie une lecture
moderne de la pièce (nous verrons le détail dans ce qui suit). Son « adaptation » est ainsi plus proche d’une « lecture pour la scène » que
d’une variation littéraire (comme ce sera le cas plus tard avec Hamlet par exemple).
Dans ces variations (modifications à l’intérieur des scènes ou scènes rajoutées) ller travaille une langue shakespearienne (qui contient
d’ailleurs ses propres obsessions). Il réinvente une langue imagée, métaphorique, baroque, violente qu’il modernise, elle est plus crue et plus
concise que celle de Shakespeare et en cela peut-être est-elle plus proche de l’effet que faisait la poésie de Shakespeare à ses contemporains.
Ainsi il emploie les métaphores du corps pour la guerre et l’histoire, il opère un rapprochement entre la mort, la nourriture et le sexe, il
multiplie les références aux animaux et à l’animalité.
Le peuple mis en avant :
Comme le souligne Jean-Pierre Morel dans son introduction à sa traduction française (Editions de Minuit) « les critiques de 1972 s’accordent
pour dire que Müller a rendu visibles les opprimés ».
En effet ller politise la pièce en remplaçant notamment le destin par l’Histoire. La dimension mythique qui existe chez Shakespeare (signes
du destin, personnages magiques comme les sorcières, monstruosités de la nature, fantômes) est presque entièrement ramenée chez ller
aux dimensions Historique et politique.
1 / 17 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !