L`A aire de la rue de Lourcine

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L’Affaire de la rue de Lourcine
de Eugène Labiche
Distribution
Lenglumé
Mistingue
Potard
Norine
Justin
Benjamin Guillard
Guillaume Marquet
Jean-Pascal Abribat
Hélène Francisci
Pierre Delmotte
Mise en scène
Assistante à la mise en scène
Compositeur
Musiciens sur scène
Costumes
Créateur Lumière
Scénographie/accessoires
Créateur son
Régisseur général
Administration – Production
Diffusion
Yann Dacosta
Laëtitia Botella
Pablo Elcoq
Pauline Denize et Pablo Elcoq
Morgane Mangard
Thierry Vareille
Fabien Persil et William Defresne
Johan Allanic
Marc Leroy
Marielle Julien
Claire Dupont
Spectacle à partir de 9 ans
Production
Production Compagnie Le Chat Foin
Coproduction : Théâtre de l’Ouest Parisien – Boulogne-Billancourt, L’Archipel – Scène conventionnée de
Granville ; Le théâtre des Chalands – Val de Reuil.
Avec le soutien de : La Matmut ; Théâtre de l’île - Nouméa, Théâtre 13 – Paris, Théâtre de la Tempête –
Vincennes, et la Compagnie Les Petits Champs.
La Compagnie Le Chat Foin est conventionnée par le Ministère de la Culture et de la Communication /
Drac Haute-Normandie, la Région Haute-Normandie, la Ville de Rouen et le Département de Seine-Maritime.
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L’intrigue
« Lenglumé - Nom d’un petit bonhomme !
J’ai ramené quelqu’un sans m’en apercevoir !...
De quel sexe encore ? »
Un matin, à Paris, le rentier Lenglumé se réveille avec une gueule de bois. Son seul souvenir de la veille reste
la perte d’un parapluie vert. Il trouve dans son lit un homme dans le même état : Mistingue, chef cuisinier,
qui se souvient avoir perdu un mouchoir avec ses initiales «J.M.». Les deux hommes se sont rencontrés au
repas organisé la veille par « l’institution Labadens » dont ils étaient tous deux élèves. Au cours du déjeuner,
la femme de Lenglumé, lit un article dans le journal : « Ce matin, rue de Lourcine, le cadavre d’une jeune
charbonnière a été trouvé horriblement mutilé… » Les meurtriers, en état d’ébriété, ont laissé sur place un
parapluie vert et un mouchoir gravé «J.M.».
« Lenglumé – Plus de doute !...
C’est nous qui avons fait le coup ! »
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L’auteur
Eugène Labiche (1815 - 1888)
(D’après François Cavaignac «Eugène Labiche ou la
gaieté critique», L’Harmattan, 2003)
Eugène Labiche est né le 6 mai 1815 à Paris. Son père,
Jacques-Philippe Labiche (1786-1864) est originaire
de Nogent-le-Roulebois (Eure-et-Loir) ; sa mère,
Marie-Louise Falempin (1787-1833) est parisienne
de souche.
[...] Peu de temps après la naissance d’Eugène,
Jacques-Philippe Labiche, désireux de développer
le commerce des sucreries, acquiert à Rueil, dans
la région parisienne, une imposante maison dont il
transforme une partie de la cour en usine produisant
du sirop et du glucose: Eugène Labiche, fils unique,
passera là son enfance. A la rentrée scolaire d’ octobre 1826, Labiche est inscrit au collège Bourbon
- l’actuel lycée Condorcet -; il est interne à la pension
Labbé, située rue du Faubourg-Saint-Honoré.
II y reste jusqu’en 1833, année où il obtient le
baccalauréat. Il ne paraît pas avoir accompli une
scolarité particulièrement brillante : les observations
des biographes, déduites de quelques témoignages
ou autres indices épars, montrent un élève moyen
qui aurait acquis sans difficulté mais sans éclat son
succès scolaire, remportant au passage un accessit
de discours français. Parallèlement, il s’est épanoui
sur le plan physique : passionné par les exercices
du corps, il pratique la gymnastique, l’escrime et la
natation.
Sa mère meurt à Rueil, peu de temps avant le
baccalauréat, le 10 mai 1833 ; elle lui lègue une maison
située 5, rue du Mail à Paris, dont la location semble
lui procurer une bonne rente, et dont il occupe l’un
des appartements à titre personnel. L’ année suivante, de janvier à juillet 1834, il effectue, en compagnie de quelques amis, un voyage d’agrément dans le
sud de la France, en Italie et en Suisse. Il en profite
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pour connaître quelques aventures de jeunesse. En
septembre 1834, il s’inscrit à l’Ecole de Droit pour
préparer une licence qu’il obtiendra - difficilement,
semble-t-il - après six années d’études. Il se lance
simultanément dans le journalisme et collabore à
plusieurs revues artistiques ou littéraires ; il publie
quelques textes et fait représenter, dès 1837, une
première pièce de théâtre. Il ne quittera ce domaine
- la dramaturgie - qu’en 1878, date de sa dernière
production.
[...] Au bout d’un an d’inaction, Labiche ne résiste
pas à l’attrait du théâtre ; il reprend sa carrière
de vaudevilliste, sans qu’ aucun événement
majeur vienne heurter le déroulement de sa vie
professionnelle pendant plusieurs années (18431847).
[...] Malgré cet intermède, Labiche poursuit
inlassablement sa carrière d’auteur dramatique.
En 1849, il est élu membre de la commission de la
Société des Auteurs et Compositeurs dramatiques,
en qualité d’archiviste. En 1852, à la suite du succès
du Chapeau de paille d’Italie, il signe chez Michel
Lévy son premier contrat d’exclusivité : il s’engage à
donner à l’éditeur la totalité de sa production pendant trois ans. En juillet 1853, il acquiert à Souvigny, département du Loir-et-Cher, une propriété de
cinq cents hectares - le domaine de Launoy - pour la
somme de cent vingt-cinq mille francs.
[...] En 1856, il est élu vice-président de la commission
de la Société des Auteurs et Compositeurs
dramatiques. Le 12 mars de la même année son
épouse met au monde un garçon prénommé
André, Marin (1856-1897). Deux ans plus tard, le
1er mai 1858, Adèle Labiche accouche d’un enfant
mort-né. Le 15 août 1861, il avait été fait chevalier
de la Légion d’honneur, décoration très prisée des
artistes et des écrivains ; cette distinction lui permet
surtout d’avoir accès aux manifestations restreintes
organisées par Napoléon III qui s’était entouré d’un
protocole particulièrement pointilleux.
[...] En juillet 1865, Labiche est élu conseiller
municipal de Souvigny ; il est nommé maire en mai
1868 à la suite du décès du maire précédent.
[...] Par décret du 1l août 1870 signé de l’Impératrice,
il est promu officier de la Légion d’honneur. La guerre
franco-prussienne qui vient d’éclater le contraint
à rester à Souvigny tandis qu’il met à l’abri dans le
midi son épouse et son fils. Les Allemands ayant
franchi la Loire, de nombreux villages de Sologne
sont réquisitionnés soit pour verser des sommes
d’argent soit pour procurer des vivres aux occupants.
Le 26 février 1880, Labiche est élu à l’Académie
française, au fauteuil de Silvestre de Sacy ; il est reçu
sous la Coupole le 25 novembre. Conscient de sa
modestie par rapport aux hautes valeurs littéraires
qui honorent l’institution, il définit ses pièces
comme des «badinages» et explique dès le début de
son discours : «J’ai toute ma vie écrit des dialogues,
et voici que je me trouve, tout à coup, en face d’un
terrible monologue. Je ne suis pas encore façonné à
votre langage. J’entre un peu chez vous, comme ces
Gaulois, à demi barbares, entraient dans Rome pour
y apprendre l’éloquence et y respirer le parfum des
belles-lettres».
[...] La dernière intervention publique de Labiche est
systématiquement mentionnée dans les biographies
: le 27 janvier 1881, il préside le banquet annuel de
l’Association des anciens élèves du lycée Condorcet et prononce un discours fort applaudi : «Ce
qu’il vous faut promener dans le monde, c’est notre
gaieté, cette gaieté qui est de vieille race française et
qu’aucun peuple ne possède. Entretenez avec amour
ce feu national - Riez !».
Dès le mois d’avril, ses ennuis de santé reprennent
(fièvre persistante) et le contraignent à un régime
sévère. Le 15 janvier 1882, son fils, reçu depuis 1879
au Conseil d’Etat, épouse Madeleine Flandin, fille
d’un député du Calvados. La jeune femme décédera
en septembre 1885 après avoir donné naissance à
deux enfants (Eugène, en 1883, et Pierre, en 1884).
Labiche ne passe désormais plus son temps qu’à
se soigner, ayant cessé toute activité littéraire. Ses
forces semblent progressivement diminuer : il est
atteint d’une congestion pulmonaire et d’oedèmes
aux jambes en mai 1884. Malgré des traitements,
son état s’aggrave subitement en octobre 1887.
Eugène Labiche meurt à Paris dans la nuit du 22 au
23 janvier 1888 ; ses obsèques sont célébrées le 25
janvier à l’église Saint-Louis-d’Antin. II est inhumé
au cimetière Montmartre.
Labiche en quelques dates
6 mai 1815 > Labiche naît à Paris. Il grandit dans une maison-usine fabriquant du sucre et du glucose.
De 1826 à 1833 > Scolarité normale au collège Bourbon. L’élève Labiche se découvre une passion pour
le sport.
10 mai 1833 > Décès de sa mère.
Janvier à juillet 1834 > Voyage avec des amis dans le sud de la France, en Italie et en Suisse.
Septembre 1834 > Ecole de Droit dont il aura le diplôme six ans plus tard. Il commence à écrire.
1837 > Il publie sa première pièce. Il se lance dans une carrière d’auteur.
1849 > Elu membre de la commission de la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques (SACD).
1852 > Un Chapeau de paille en Italie. Succès.
12 mars 1856 > Naissance de son premier enfant. Deux ans plus tard, sa femme Adèle et lui perdront
leur deuxième enfant à la naissance.
15 août 1861 > Il est fait chevalier de la légion d’honneur, haute distinction.
Mai 1868 > Il devient maire de Souvigny.
1870 > Guerre entre la France et l’Allemagne (la Prusse).
23 janvier 1888 > Malade depuis plusieurs années, Eugène Labiche décède à Paris à l’âge de 72 ans.
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Le résumé
L’Affaire de la rue de Lourcine, comédie en un
acte mêlée de couplets, fut créée au Théâtre du
Palais-Royal le 26 mars 1857.
Lenglumé se réveille avec un violent mal de tête et la
bouche pâteuse. Il s’est rendu la veille, à l’insu de sa
femme, au banquet des anciens élèves de l’institution
Labadens. Il ne se souvient plus de ce qu’il a fait
«après la salade»... Soudain, il découvre dans son
propre lit un inconnu, qui se trouve être son ancien
camarade de classe, Mistingue, également convive
du banquet. Il l’invite alors à déjeuner en le priant de
ne pas dire à son épouse où ils se sont rencontrés...
Les deux hommes s’aperçoivent alors qu’ils ont les
mains noires et du charbon dans leurs poches. D’où
diable cela peut-il provenir ? La lecture du journal les
renseigne très vite : on y lit le récit d’un crime horrible,
l’assassinat d’une marchande de charbon. Tous les
détails concordent. Mistingue et Lenglumé ont,
dans leur ivresse, commis cet abominable forfait. Ils
s’empressent donc de supprimer les pièces à conviction. Ils éliminent également le cousin Potard qui,
sous prétexte d’emprunter de l’argent à Lenglumé,
prétend le faire chanter. Justin, le domestique, subit le
même sort. Ils finissent par envisager de s’assassiner
mutuellement lorsqu’ils découvrent pour finir que le
journal qu’ils ont consulté date de vingt ans. Quant
aux témoins qu’ils s’imaginent avoir supprimés, ils
se portent aussi bien que possible. Cependant Mistingue, qui en sait trop long, reste dangereux : aussi
Lenglumé, profitant de ce qu’il s’est rendormi, s’en
débarasse-t-il en le faisant porter comme un colis à
la gare au bureau des marchandises. L’ordre règne à
nouveau chez les Lenglumé.
La pièce obtint un vif succès : elle fut représentée
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sans interruption jusqu’au 30 avril 1857 et reprise
fréquemment par la suite. Le rôle de Lenglumé était
remarquablement interprété par le célèbre Arnal
qui avait déjà été une vedette du Vaudeville, du
Gymnase et des Variétés. Il venait d’être engagé au
Palais-Royal et l’on se demandait si, dans cette salle
consacrée à un comique très chargé. il ne perdrait
pas ses moyens. Cette crainte était vaine.
La critique fut aussi favorable que le public à L’Affaire
de la rue de Lourcine. Ainsi Paul de Saint-Victor dans
La Presse du 29 mars estime que la pièce est «une
bouffonnerie féroce et charmante (...) l’assassinat en
belle humeur, quelque chose comme une tragédie
jouée par des marionnettes et où les victimes
reviendraient en ombres chinoises (...) Arnal, ajoute
Saint-Victor, fait de Lenglumé une de ses meilleures
arnalades. Quelle scélératesse spirituelle et fine !
Comme il prend vite son parti du meurtre commis
et du meurtre à faire ! Il n’y a pas de degrés pour lui
dans le crime. Il y descend quatre à quatre, gaiement,
tranquillement, les mains dans les poches. C’est le
philosophe de l’assassinat.»
D’après Henri Gidel.
Labiche : Théâtre, tome II [Bordas, 1991]
Note d’intention
extrait
Un cauchemar en vaudeville
directe à La métamorphose de Kafka).
Avec Eugène Labiche, la compagnie Le Chat Foin va
se frotter à un répertoire auquel elle est peu habituée
: le vaudeville. Pourtant la dimension musicale,
cauchemardesque et carrollienne de l’œuvre semble
faîte sur mesure pour entrer au répertoire de la
compagnie.
Lire le monde sur le corps de l’acteur.
Ce qui m’a toujours passionné et bouleversé au
théâtre, c’est que, le temps d’une représentation, le
corps de l’acteur va porter toutes les contradictions
et tous les conflits du monde.
J’aime le théâtre du XIXème siècle parce que j’aime
les conflits de cette époque.
C’est le siècle des grandes inventions.
Scientifiquement, artistiquement et politiquement le
monde évolue à toute allure, mais il vient se heurter
aux mentalités conservatrices de la bourgeoisie.
Nous sommes en pleine révolution industrielle.
Les machines se multiplient et transforment le
monde. Pour moi, le vaudeville c’est un peu comme
si le théâtre lui même était en train de devenir une
machine. L’écriture, de plus en plus folle et frénétique,
va embarquer les personnages dans une lutte entre
l’homme et la machine...théâtrale.
Klaus Michaël Grüber disait: « les vaudevilles, sont
des pièces écrites sur le corps des acteurs ». Les
acteurs de vaudeville de l’époque étaient de véritables
vedettes et leurs rôles étaient écrits sur mesure.
Ce sont presque des textes écrits pour les clowns.
Dans L’Affaire de la rue de Lourcine, le texte est un
outil au service du corps des acteurs. Les objets et
les situations prennent souvent le pas sur le texte.
En mettant en scène cette pièce je sais que je dois
toujours garder à l’esprit ce que nous ont appris
Charlie Chaplin et Buster Keaton.
Ma rencontre avec ce texte.
En 2009, j’ai mis en scène un spectacle intitulé Drink
me Dream me d’après Alice au Pays de Merveilles de
Lewis Carroll. C’est au moment de cette plongée dans
l’univers du nonsense carrollien que j’ai découvert
cet autre texte à tiroirs qu’est L’Affaire de la rue de
Lourcine, écrit en 1857.
Cette pièce, comme la quasi totalité de l’œuvre
de Labiche, est en fait un travail à six mains. Les
librettistes collaborateurs d’Eugène Labiche sont A.
Monnier et E. Martin.
Avant de rencontrer ce texte, j’étais persuadé que les
intrigues des vaudevilles tournaient toutes autour
d’histoires d’adultère. Mais quelle surprise de me
retrouver devans cette intrigue policière et fantastique
où il est question de meurtre, de culpabilité, de peur
et de remords. Dans L’affaire de la rue de Lourcine, la
mécanique du rire va être au service de la mécanique
de la peur. C’est un ovni dans l’œuvre de Labiche. On
peut notamment y lire les influences d’Edgar Allan
Poe, d’Hoffman, et du « Boulevard du crime ». La
pièce est considérée comme une pièce annonciatrice
du théâtre de l’absurde, de Beckett et de Kafka (et
dans mon parti pris, je ferai d’ailleurs une référence
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Création d’un prologue
Le pari c’est donc de mettre en scène le cauchemar
sans que cela empêche la mécanique du rire.
La deuxième partie de soirée que Lenglumé et
Mistingue ont passée Chez la Mère Moreau mais
dont ils ne se souviennent plus m’obsède beaucoup. Cela devait être quelque chose d’assez décadent. A son réveil, Lenglumé dira : « c’était trop ».
A la réception de la facture de leurs débordements,
Norine dira : « Vous vous êtes roulé dans l’orgie, chez
des liquoristes de bas étage! ». J’ai envie de mettre
cela en scène en guise d’ouverture du spectacle sous
forme d’un bal masqué extravagant, une soirée de
débauche où la bourgeoisie viendra s’encanailler.
J’imagine une séquence onirique et surréaliste.
Est-ce un rêve ? Est-ce un cauchemar ? Est-ce la
réalité? J’imagine Lenglumé et Mistingue, portant
des costumes qui feront penser à des insectes, au
milieu de gens costumés et masqués en créatures
fantastiques.
Le lendemain matin, nos deux compères se
réveilleront encore costumés de la veille. A partir de
là plus rien ne sera plus comme avant. S’opérera alors
une étrange métamorphose : plus ils retrouveront
une allure humaine, plus ils s’enfonceront dans la
monstruosité. Cela sera une référence directe à La
Métamorphose de Kafka.
Et puis ce serait une manière de prendre au pied de
la lettre cette réflexion que Jean Anouilh fit sur le
théâtre de Labiche : « Il nous donne à observer les
insectes petit-bourgeois-roi ».
Nous allons pouvoir les observer étouffer remords et
culpabilité et tenter d’éliminer les autres pour sauver
les apparences et les acquis.
La scénographie.
Elle représenterait une fontaine d’intérieur. La
fontaine, c’est le symbole de l’abondance et de
l’aisance sociale du riche rentier Oscar Lenglumé qui
ne manque de rien. Il a beaucoup d’argent et peut
se permettre ce genre d’extravagances. L’intérieur de
Lenglumé doit être luxueux. C’est pour conserver
cela qu’il sera prêt à tout. Son confort et sa richesse
doivent être palpables.
La fontaine, c’est aussi le symbole du trou de
mémoire : Tout la pièce va se jouer autour de cette
« lacune ». On pourra parfois se regarder dedans
et même s’y plonger pour tenter de retrouver la
mémoire. Je pense que cela sera un formidable
espace de jeu pour les comédiens.
Mon désir, c’est celui de raconter un monde malade,
en déclin : dedans, c’est une bourgeoisie qui prend
l’eau ; dehors, c’est la fin du monde. La fin d’un
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monde (la fin de l’Empire perdant ses repères et
se déshumanisant): il pleut des trombes d’eau, il
y a de l’orage, des éclairs. Et alors cette histoire de
parapluie perdu prend des proportions folles. Toute
l’attention se porte dessus parce que tout le monde
en a cruellement besoin.
Si on regarde bien, on se rend compte que les
personnages de la pièce sont tous malades
migraineux, ou bien feignent de l’être : Justin a un
rhume carabiné, Lenglumé feint d’être malade pour
pouvoir sortir en cachette, à la fin Mistingue est pris
d’une affreuse migraine...)
Au final, ils sont tous mouillés, tous éclaboussés
par cet assassinat de la charbonnière de la rue de
Lourcine.
La Musique.
Comme c’est la tradition dans le vaudeville, la pièce
comporte des chansons.
Cette musique sera donc composée par Pablo Elcoq.,
le compositeur récurrent des différentes créations de
la compagnie du Chat Foin (www.pabloelcoq.com).
Il a déjà composé la musique du Baiser de la Femme
araignée ; Drink me, Dream me (Alice au Pays des
Merveilles) ; Le Village en Flammes et sera donc le
compositeur de L’Affaire de la rue de Lourcine. A
la lecture de cette pièce de Labiche, la rencontre
avec l’univers musical à la fois rocailleux, noir et
fantaisiste de Pablo Elcoq était une évidence.
Il sera accompagné sur scène par la jeune Pauline
Denize, violoniste et chanteuse.
Il faudra que la musique renforce l’idée du cauchemar,
mais le défi reste celui de ne pas casser la machine
à rire. La musique doit être grinçante mais elle doit
également garder de l’humour, de la légèreté, de la
poésie, de la profondeur.
1857, c’est l’année de la création de L’Affaire de la rue
de Lourcine mais c’est aussi l’année de la parution des
Fleurs du Mal de Charles Baudelaire où il est souvent
question de remords. Nous tenterons une rencontre
entre Baudelaire et Labiche en mettant en musique
un poème de Baudelaire intitulé Remords Posthume.
Et, parce que Baudelaire venait de traduire Edgar
Allan Poe et qu’il en a été très influencé, nous
ouvrirons la pièce sur le poème Le Ver conquérant
de E.A. Poe mis en musique pour la scène du bal
d’ouverture. Baudelaire fait d’ailleurs référence à ce
poème dans Remords posthume (« Et le ver rongera
ta peau comme un remords »).
« L’affaire de la rue de Lourcine », une pièce à part.
Labiche considérait qu’une pièce était comme « un
animal à mille pattes qui avance et qui ne doit jamais
ni ralentir, ni s’arrêter ». Pourtant dans cette pièce il
va faire une chose inédite : il va, dès le début, couper les pattes de son mille pattes et le faire s’enfoncer
dans d’autres profondeurs. Il va sacrifier son intrigue
et son coup de théâtre et préférer nous montrer la
noirceur de ses personnages.
Labiche, dès le début, dévoile le pot aux roses
puisque, en donnant le vieux journal autour duquel
est fondé le quiproquo, Justin dira au public que c’est
un journal vieux d’il y a vingt ans. La pièce serait-elle
donc construite sur du rien ? Non, car par un tour
de passe-passe, Labiche transforme sa pièce en une
œuvre qui a autant à voir avec le théâtre de l’absurde
qu’avec un vaudeville.
C’est peut-être cette singularité qui a fait que des
metteurs en scène comme Patrice Chereau et Klaus
Michaël Grüber se sont passionnés pour cette pièce
alors que par ailleurs on ne les a jamais vus mettre
en scène d’autres pièces du répertoire de vaudeville.
La pièce est féroce. Elle va décortiquer une
bourgeoisie qui sera prête à tuer pour sauver les
apparences et sauver sa réputation et ses acquis.
« La Peur, le seul ennemi à combattre »
Labiche nous donne à observer la mécanique de
la peur. Cela m’intéresse beaucoup car j’ai passé plusieurs années à travailler sur R.W Fassbinder qui a consacré une œuvre à décortiquer les
phénomènes de peur. Il disait : « La peur, le seul
ennemi à combattre ». La peur engendre le mal et le
monstre, c’est ce que raconte l’œuvre de Fassbinder ;
et, curieusement, Labiche aussi dans cette pièce,
même s’il le fait par le biais de l’humour.
Dans L’Affaire de la rue de Lourcine, il est question
de la peur de l’autre, de l’étranger. Celui-ci est perçu
comme celui que va nous faire perdre ce que l’on
possède. L’autre est une menace il n’est jamais bien
accueilli.
La famille Lenglumé est une toute petite famille
repliée sur elle-même. C’est un petit clan. L’institution
Labadens à laquelle appartenait Lenglumé est
une institution privée réservée à des personnes
privilégiées. Lenglumé affiche sans vergogne son mépris envers les autres classes sociales (les cuisiniers,
les charbonniers, son domestique).
De la même façon, Lenglumé est prisonnier de son
matérialisme. Il est « englué » dans ce qu’il possède
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au point que les objets vont finir par se retourner
contre lui, devenir des pièces à conviction et le trahir.
A la fin, l’étrange-étranger sera expulsé comme une
marchandise enfermée dans une malle, envoyé dans
un pays voisin. On n’est jamais très loin de l’humour
noir d’Alfred Hitchcock…
La pièce se termine sur un « happy-end » tout
relatif qui laisse un goût amer : le meurtre n’a pas eu
lieu mais les masques sont tombés et même si nos
protagonistes sont « innocents » on sait désormais
de quelle scélératesse ils sont capables. Le temps d’un
quiproquo Labiche a évoqué tous les tabous: adultère,
meurtre, alcoolisme, secrets, cachotteries, chantage
et mensonges. La frontière entre l’inconvenance et
la bienséance est une chose fragile et il semblerait
que nos pulsions intimes soient en lutte permanente
contre la morale et la décence.
Yann Dacosta
Projet de scénographie. Réalisation Fabien Persil
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Documents
pédagogiques
1. Quelques sources d’inspiration pour la mise en scène
REMORDS POSTHUMES
Lorsque tu dormiras, ma belle ténébreuse,
Au fond d’un monument construit en marbre noir,
Et lorsque tu n’auras pour alcôve et manoir
Qu’un caveau pluvieux et qu’une fosse creuse ;
Quand la pierre, opprimant ta poitrine peureuse
Et tes flancs qu’assouplit un charmant nonchaloir,
Empêchera ton cœur de battre et de vouloir,
Et tes pieds de courir leur course aventureuse,
Le tombeau, confident de mon rêve infini
(Car le tombeau toujours comprendra le poète),
Durant ces grandes nuits d’où le somme est banni,
Te dira : « Que vous sert, courtisane imparfaite,
De n’avoir pas connu ce que pleurent les morts ? »
- Et le ver rongera ta peau comme un remords.
Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal
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LE VER CONQUÉRANT
Voyez ! c’’est la nuit de gala.
Depuis ces dernières années désolées !
Une multitude d’anges, ailés, ornés
De voiles et noyés dans les larmes,
Est assise dans un théâtre pour voir
Un drame d’espérances et de craintes,
Pendant que l’orchestre soupire par intervalles
La musique des sphères.
Des mimes faits à l’usage du Dieu très-haut,
Marmottent et marmottent tout bas,
Et voltigent de côté et d’’autre ;
Pauvres poupées qui vont et viennent
Au commandement de vastes êtres sans forme
Qui transportent la scène çà et là,
Secouant de leurs ailes de condor
L’’invisible malheur !
Ce drame bigarré ! -- oh ! à coup sûr,
Il ne sera pas oublié,
Avec son fantôme éternellement pourchassé
Par une foule qui ne peut pas le saisir,
A travers un cercle qui toujours retourne
Sur lui-même, exactement au même point !
Et beaucoup de folie, et encore plus de péché
Et d’horreur font l’âme de l’intrigue !
Mais, voyez, à travers la cohue des mimes,
Une forme rampante fait son entrée !
Une chose rouge de sang qui vient en se tordant
De la partie solitaire de la scène !
Elle se tord ! elle se tord ! -- Avec des angoisses mortelles
Les mimes deviennent sa pâture,
Et les séraphins sanglottent en voyant les dents du ver
Mâcher des caillots de sang humain.
Toutes les lumières s’éteignent. -- Toutes, toutes !
Et sur chaque forme frissonnante,
Le rideau, vaste drap mortuaire,
Descend avec la violence d’’une tempête.
-- Et les anges, tous pâles et blêmes,
Se levant et se dévoilant affirment
Que ce drame est une tragédie qui s’appelle l’’homme,
Et dont le héros est le Ver conquérant.
Edgar Allan POE (Traduction de Charles BAUDELAIRE.)
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A lire et à voir
Bibliographie
▶ Franz Kafka : La Métamorphose
▶ Edgar Allan Poe : Histoires Extraordinaires
▶ Ernest Theodor Amadeus Hoffmann
▶ « Le Genre Labiche » in Revue Europe, Pierre Voltz, 72è année, N° 786/oct 94
▶ L’Affaire de la rue de Lourcine, Sylvie Chalay, éd. Bertrant Lacoste, coll. Parcours de lecture, 1994
▶ Introduction à l’analyse du théâtre, Jean-Pierre Ryngaert, Dunod, Paris, 1999
▶ Le Théâtre en France, Jacqueline de Jomaron, Livre de Poche, coll. La Pochotèque, Paris, 1992
▶ Le Théâtre, ouvrage collectif, Bréal, coll. Grand Amphi, Rosny, 1996
▶ Site INA boutique pour une interview de Patrice Chéreau sur sa mise ne scène
Filmographie :
▶ Alfred Hitchcock : La Corde ; Une Femme disparaît
▶ Stanley Kubrick : Eyes Wide Shut
▶ Georges Franju : Judex
▶ David Lynch : Elephant Man ; Mullholland Drive
▶ Charlie Chaplin et Buster Keaton
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2. Petit vocabulaire du vaudeville
D’après Sylvie Chalaye
L’Affaire de la rue de Lourcine, collection «Parcours de lecture», éditions Bertrand- Lacoste, 1994
Aparté (n. m.) : réplique qui n’est pas censée être entendue sur scène, mais que le personnage énonce distinctement pour mettre le spectateur dans la confidence de ses pensées, ou le prendre à témoin et solliciter
son adhésion.
Quiproquo (n. m.) : péripétie qui repose sur la méprise et consiste à prendre quelqu’un pour un autre, ou
par extension à faire erreur sur le sujet d’un propos.
Pataquès (n. m.) : astuce qui consiste à substituer, au cours de la conversation, un mot à un autre, ou à faire
une fausse liaison, pour rattraper la situation, ou tenter de changer de sujet.
Coq-à-l’âne (n. m.) : rebondissement du dialogue qui relève d’un changement brutal de sujet.
Imbroglio (n. m.) : intrigue particulièrement embrouillée.
Péripétie (n. f.) : événement imprévu qui change le cours de l’action dramatique.
Rebondissement (n. m.) : sorte de péripétie, évènement nouveau qui survient pour relancer l’action dramatique en empêchant le dénouement prévu de se réaliser.
Coup de théâtre (n. m.) : retournement radical et brutal de la situation.
Chassé-croisé (n. m.) : mouvement de scène comique qui joue sur une circulation des personnages : ils
entrent, sortent, se cherchent, se cachent, s’évitent au point de former un ballet burlesque.
Cabotinage (n. m.) : jeu outré d’un comédien qui recherche les réactions d’approbation du public et non la
nuance de son rôle
14
3. Les ressorts du comique
D’après Sylvie Chalaye
L’Affaire de la rue de Lourcine, collection «Parcours de lecture», éditions Bertrand- Lacoste, 1994
Le comique de situation
II appartient à l’intrigue et est provoqué par l’incongruité de la situation dans laquelle se retrouvent les
personnages. La réussite de cet effet comique dépend étroitement de la connivence avec le spectateur. C’est
pourquoi le procédé de l’aparté est souvent mis en oeuvre dans ce type de comique. L’amant, caché dans
l’armoire ou sous le lit pour échapper au mari revenu inopinément, est une situation comique traditionnelle
du vaudeville.
Le comique de caractère
II relève de l’obsession d’un personnage : sa poltronnerie (Sosie dans Amphitryon de Molière), son avarice
(Harpagon dans L’Avare de Molière), sa mégalomanie (le matamore ou le capitan de la Commedia dell’arte),
sa goinfrerie (Ubu de Jarry)...
Le comique de geste
Il s’attache au jeu des comédiens et est provoqué par le comportement physique qu’ils adoptent : grimaces,
mimiques, cabrioles, acrobaties... Cet effet comique dépend donc étroite-ment du tempérament des comédiens et de la mise en scène élaborée.
Le comique de langage
II se situe au niveau de l’échange verbal et repose sur de « bons mots », c’est-à-dire sur un dialogue enlevé qui
recherche les pointes humoristiques.
Le comique de répétition
Il résulte de la reproduction mécanique d’un même schéma, que ce soit au niveau de l’intrigue, du dialogue,
ou de la gestuelle. II contribue au burlesque et se retrouve tout particulièrement dans le cinéma muet.
Le comique de caricature
Il repose sur des pro-cédés d’imitation et d’exagération, et contribue en général à la parodie ou à la satire.
Le comique de l’absurde
Il naît d’une absence de sens, d’une incohérence gestuelle ou verbale. Quiproquo, coq-à-l’âne et pataquès
contribuent souvent à ce type de comique.
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4. Le genre Labiche
D’après Pierre Voltz.
Extrait de «Le genre Labiche» Revue Europe, 72è année, N° 786/oct 94
Il y a un paradoxe du cas Labiche. L’histoire de la plus constant) vient du regard qu’il porte sur le monde
littérature et les jugements d’esthétique littéraire ne contemporain, et qui vaut d’abord par sa variété. En
lui font aucune place, ou lui concèdent un strapon- effet il ne peint pas seulement le bourgeois, même si
tin. Il est pourtant - et de loin - l’auteur comique celui-ci est la cible privilégiée de son rire. Il s’essaie
français du XIXe siècle le plus joué, et reconnu par à lui opposer le monde aristocratique (l’aristocratie
les gens de théâtre pour son art du dialogue et ses de fraîche date des plaisirs du Second Empire...),
il distingue les grands bourgeois très riches des
mots irrésistibles.
C’est sans doute parce que son œuvre est difficile gens simplement aisés et des petits-bourgeois, sans
à classer, qu’elle est ce qu’on pourrait appeler un oublier la race des domestiques, des employés,
«mixte». S’il y a d’un côté la tradition de la comé- des militaires, avec une précision dans les détails
die bourgeoise, d’essence réaliste (Labiche y aspire de moeurs qui permet d’identifier des types de
peut-être mais elle ne lui appartient pas), et de comportement sociaux.
l’autre la tradition de la bouffonnerie gratuite, dite Mais c’est la nature de ce regard qui est caractéristique
de la complexité du «genre Labiche».
au milieu du XIXe siècle vaudeville mais aussi avec Offenbach « Il est pourtant - et de Tous les personnages [...] sont saisis
opérette (la différence entre loin - l’auteur comique dans la médiocrité de leurs calculs,
les deux étant plus du côté de français du XIXe siècle le avec une férocité tranquille. Saisis
la musique que de la «pièce»), plus joué, et reconnu par dans un comportement typique,
relativement abstraits de toute
Labiche ne relève d’aucune des
deux. Il s’est créé une troisième les gens de théâtre pour implication individuelle, sans
voie, voie qui mêle (à travers ces son art du dialogue et ses évolution, sans travail sur soi, dans
une fable au dénouement plaqué
deux formules qu’il utilise à des mots irrésistibles. »
(si souvent bâclé qu’il faut bien en
degrés divers) les intentions d’un
moraliste et l’usage du grossissement, et surtout qui conclure que le dénouement lui est indifférent), ils
fait de ce dernier la manifestation scéniquement sont en dehors de toute condamnation explicite,
concrète des premières. La déformation comique comme des cas de figure sans histoire. Ils sont
(dite «bouffonne», ou «surréaliste» plus tard, ou comme ils sont, et cela le fait rire. Les juge-t-il ? Il
«absurde» encore...) est chez lui systématiquement peut avoir de l’indulgence, je ne suis pas sûr qu’on
non-naturaliste, théâtralisation d’un point de vue de puisse dire qu’il a de la sympathie pour eux.
moraliste sur le siècle et sur l’humanité. Cette voie On trouve là l’origine d’un débat autour de Labiche
qui traduit bien cette radicale ambiguïté : est-il
s’inscrit dans une tradition, celle de la farce.
Moraliste, Labiche ? Oui, et, mis à part un tout petit un amuseur, est-il le dénonciateur de la société de
nombre de pièces de circonstance ou de commande son temps, a-t-on le droit de le lire (et de le mettre
exécutées rapidement (revues, folies, etc.), assez en scène) comme auteur noir (comme on le fait
constamment, si l’on veut bien lire l’ensemble de volontiers depuis l’ouvrage de Soupault), est-il
son œuvre sans l’idée a priori qu’un comique du suffisant de le renvoyer au «simple comique» si
grossissement ne peut pas être porteur d’un regard cette expression a un sens ? Peut-on être tranquille
et féroce à la fois ? Labiche est à mes yeux assez
critique.
[...] L’autre aspect du moraliste (le plus intéressant, le constamment les deux. Il est en tout cas difficile de
16
soutenir qu’il n’est pas conscient de la dimension
critique de son œuvre à l’égard des personnages et
de la société qu’il met en scène.
Moraliste, Labiche obéit à la tendance constante de
mettre les personnages au service d’une «morale».
De ce fait les mécanismes de l’intrigue obéissent plus
à une volonté extérieure (la sienne) qu’à une logique
interne des personnages. Aucun souci chez lui d’une
exactitude des temps de la fiction (on expédie un
repas en quelques minutes, on voyage aussi vite qu’on
mange), seul compte le rythme des événements.
L’espace n’a pas plus d’épaisseur : en tant qu’il est nommé et désigné par un décor (souvent passe-partout)
il renvoie au monde social de référence ; pour le
reste il est simple support aux mouvements des
personnages, il est fait essentiellement de portes par
où ils entrent et sortent selon que l’auteur a besoin
qu’ils soient présents ou absents. L’invraisemblance
des péripéties ne vaut que par la qualité de
l’invention (la fantaisie, l’inattendu, le cocasse, l’accumulation des catastrophes). Mais toujours le but
est clair : mettre les personnages dans une situation
de panique telle qu’ils soient obligés de se révéler,
dans l’instant d’une réplique énorme et cependant
parfaitement éclairante sur leur comportement secret le plus profond. Ainsi ce qui est défaut apparent
pour un esprit rassis est parfaitement cohérent avec
la double intention morale et comique.
Reste, au centre du dispositif, le personnage,
manipulé et pourtant prééminent. C’est la façon de
l’animer qui est la marque la plus forte du style de
Labiche.
D’abord il est toujours mû par un mobile convenu
nommé et jamais développé dans une temporalité
(naissance, évolution, changement de position),
mais manifesté dans un incident burlesque qui le
met brusquement en lumière. Cet incident est en
général antérieur extérieur à la scène et donne lieu
à un récit d’ouverture (souvent un monologue assez
directement tourné vers le public).
[...] Ce mobile tourne le plus souvent (et
traditionnellement) autour de la situation de la cellule
familiale. C’est d’abord le mariage, autour de la jeune
fille (personnage en creux), avec deux possibilités :
on l’aime instantanément, ou au contraire une indifférence permet les changements d’objet (comme
dans Le Point de mire), pourvu qu’on épouse.
C’est aussi le maintien du couple face aux dangers
de l’adultère ; Le Chevalier des dames, Si jamais je te
pince, etc.), ou celui de l’amitié face aux dangers des
aventures (Le plus heureux des trois, Le Prix Martin),
le souci de sauver les apparences (La Poudre aux
17
yeux), ou encore celui de sauvegarder le couple pèrefille (Le Major Cravachon, Les deux Timides, Mon
Isménie). Plus exceptionnel, la recherche d’un père
(Un garçon de chez Vert).
C’est encore, en marge de la cellule familiale jamais
vraiment absente, l’irruption du désir, à condition
que le plaisir soit sans danger, thème qui se développe
en gaudriole clandestine à mesure que la société se
libère (Le Papa du prix d’honneur, Le plus heureux
des trois, Les trente millions de Gladiator, La Clé).
C’est aussi l’horreur du crime (L’affaire de la rue de
Lourcine, Le Mystère de la rue Rousselet, Un pied
dans le crime, Le Prix Martin), la crainte du désordre
financier (Les trente-sept sous de Mr Montaudouin),
l’irruption du passé (Permettez Madame, Célimare
le bien aimé). C’est, plus simple-ment, plus passivement encore, l’élimination des obstacles, qui est au
principe des pièces poursuites ou cauchemar (Un
chapeau de paille d’Italie, La Cagnotte, Les chemins
de fer).
Or tous ces mobiles ont quelque chose de commun :
le thème fondamental du personnage (ou si l’on
veut, en termes actanciels, le «destinataire»), c’est la
recherche du repos, de la paix, de la tranquillité. Le
personnage a du mal à se constituer en sujet, il occupe la place de l’opposant à tout ce qui peut le faire
bouger, opposant non pas à un sujet particulier (qui
ferait une dramaturgie du conflit, ce que n’est pas
celle de Labiche), mais à tout événement nouveau
qui se présente.
La caractéristique majeure du «genre Labiche» qui
en découle est que ses personnages n’ont qu’un
souci : rester immobiles, se défendre, faire face.
Dans l’urgence, ils réagissent vite (phrases courtes,
multiplication des plans par l’aparté), au risque de dire
n’importe quoi (pataquès, impropriétés, énormités),
enfermés dans la répétition, sans humour, toujours
graves (ce qui augmente leur comique involontaire).
Le genre Labiche n’est pas la «pièce bien faite» chère à
Francisque Sarcey. Sarcey écrit (Le Temps, 10 février
1868), à propos d’une pièce de Labiche : «Le genre
où il s’acharne est épuisé. Il faudra qu’il prenne la
peine de composer ses vaudevilles. Ceux qu’il nous
donne à présent n’ont ni commencement, ni milieu,
ni fin ; c’est une succession de scènes détachées que
relie tant bien que mal le fil du titre. Le public m’a
tout l’air d’en être bien las.»
(Cité par J. Robichez dans son édition du Théâtre de
Labiche, tome II, p. 597).
5. Les objets
D’après Sylvie Chalaye
L’Affaire de la rue de Lourcine, collection «Parcours de lecture», éditions BertrandLacoste, 1994
Les objets prolifèrent dans cette comédie et envahissent autant la scène que le discours des personnages. Ils apparaissent, ils disparaissent, et sont essentiels à ce principe de la prestidigitation qui anime
le vaudeville. C’est autour d’eux que s’enclenchent les
mouvements de scènes : loin d’être de simples accessoires, ils participent de l’intrigue, font avancer
et rebondir l’histoire et représentent même parfois
l’enjeu de l’action, comme le fameux parapluie à tête
de singe dont la disparition mobilise tous les personnages.
Les éléments d’un décor bourgeois
Cette prolifération des objets renvoie au matérialisme du monde bourgeois dans lequel s’inscrit l’histoire. Ils contribuent parfaitement à installer l’image
d’un intérieur cossu et confortable, où l’on se laisse
aller à tous les plaisirs du luxe [...]
Tabatière, mouchoir, montre, parapluie et journal
représentent quasiment la panoplie du parfait rentier au XIXe siècle. Par leur fonction mimétique, ces
accessoires définissent clairement le milieu social
dans lequel évoluent les personnages. Ce sont des
objets qui appartiennent à cet art de la poudre aux
yeux que cultive la bourgeoisie, tels des signes de reconnaissance. Ils contribuent à asseoir son homme,
à lui donner une certaine prestance, à ritualiser son
comportement. Ces objets ne sont que les pièces
détachées d’un décor bourgeois du Second Empire,
avec tout ce qu’il comporte d’artifice et de jeux sur
les apparences.
Le journal
Objet de la supercherie, le journal apparaît comme
le ressort de l’action. C’est la substitution de Justin
qui déclenche toute l’affaire. Aussi ce petit bout de
papier tient-il un rôle primordial dans la pièce : il
a une fonction diégétique, puisqu’il représente l’élé18
ment perturbateur, le grain de sable qui fait dérailler la machine et empêche Lenglumé de reprendre,
après son escapade nocturne, le cours normal de son
existence d’«homme rangé».
Ce journal périmé est la clé de l’énigme, il noue
l’action en enclenchant la panique et la frénésie de
dissimulation, mais il la dénoue également en réapparaissant au moment crucial : il apporte alors la
révélation, le fin mot du mystère qui rétablira l’ordre
dans la vie du petit rentier.
Le parapluie et le mouchoir
L’intrigue de la pièce repose sur une pseudo-affaire criminelle, aussi comme dans toute affaire de
ce genre, les objets oubliés sur les lieux du crime
peuvent trahir son auteur et mettre la justice sur
une piste. Or, la première pièce à conviction qui
jette le doute dans l’esprit de Lenglumé est le fameux
parapluie à tête de singe. Ce parapluie occupe une
place envahissante dans la pièce. on finit par voir en
lui un véritable personnage. Sans jamais apparaître
matériellement sur scène, il est constamment présent dans le dialogue. Les uns veulent le retrouver,
les autres le voir disparaître. [...]
[...] Ce parapluie finit par prendre vie, et sa tête de
singe, renvoie en fait à la moquerie même qu’il représente, c’est un parapluie qui fait un sacré pied
de nez à ces bourgeois endimanchés qui s’apprêtent
pour un baptême.
Quant au mouchoir, l’autre indice révélé par l’article
du journal, et qui porte apparemment les initiales de
Mistingue, il permet de confirmer aux yeux du spectateur qu’il s’agit d’une coïncidence puisque le mouchoir de Mistingue est en réalité en la possession de
Justin qui est enrhumé.
Les apparitions spontanées
Tour de cheveux, charbon, noyaux, bonnet et sou-
lier...
Mistingue et Lenglumé traînent derrière eux ce
qu’ils croient être les traces compromettantes de leur
crime. Le charbon qui leur noircit les mains devient
le sang qui baigne les mains criminelles des meurtriers. Mais nous sommes dans un registre comique
et les deux bourgeois ne sont que des fantoches.
Ensuite, après le tour de cheveux blond, l’apparition spontanée du bonnet et du soulier de femme
introduit une dimension grivoise dans le crime : ces
objets apparaissent comme les détonateurs du cauchemar, les embrayeurs d’une histoire sordide que
s’inventent Mistingue et Lenglumé. Qu’ont-ils fait
subir à leur victime ?
Un objet peut en cacher un autre
Un véritable jeu de force s’instaure entre les objets,
car ce sont d’autres objets qui vont contribuer à la
disparition des pièces à conviction : le lavabo contre
le charbon, la tabatière contre le bonnet, le réchaud
contre le soulier... et bien sûr l’argent en dernier recours.
Dans ce monde matériel tout se passe en définitive
sur le mode de la danse des objets. Les personnages
ne sont pas maîtres d’eux-mêmes, ils sont agis par
les objets qui leur dictent leurs comportements.
Voilà la pire des aliénations. En fait, la bourgeoisie
apparaît chez Labiche comme une société sclérosée
par le règne des objets, ce sont eux finale-ment qui
volent la vedette. C’est la substitution d’un journal
à un autre qui provoque le drame, puis ce sont des
objets qui convainquent Mistingue et Lenglumé de
leur culpabilité. Les objets s’engouffrent dans le vide
de leur lacune comme emportés dans le trou noir de
leur mauvaise conscience.
C’est pourquoi dans l’ordre de la réification qui régit
ce monde, Mistingue finit par devenir lui-même un
vulgaire paquet que Justin est chargé d’expédier en
Autriche [...]
Les objets de la scène
Sur scène les objets n’ont pas la même valeur que
dans la vie, car ils se chargent d’une signification qui
dépasse leur fonction propre. C’est pourquoi l’objet
appartient au discours théâtral et doit être envisagé
comme un signe qui cumule différentes fonctions.
La fonction mimétique : il s’agit d’une fonction qui
fait de l’objet un élément du décor, un élément qui
contribue à la reconstitution d’un espace donné.
Grâce au jeu des comédiens et à la force de l’imaginaire des spectateurs, quelques objets peuvent à eux
seuls convoquer tout un décor par un processus mé19
tonymique ; un simple trône, par exemple, suggérera
l’espace d’un palais.
La fonction diégétique : certains objets peuvent être
partie prenante de l’action dramatique, c’est-à-dire
faire avancer ou rebondir l’intrigue, la nouer ou la
dénouer. C’est la cassette d’Harpagon dans L’Avare
(Molière), le billet que Rosine laisse tomber du
balcon dans Le Barbier de Séville (Beaumarchais),
ou le fameux éventail qui bouleverse tout un village
et donne son nom à la pièce de Goldoni.
La fonction symbolique : l’objet théâtral peut avoir
une portée symbolique, et renvoyer à une réalité abstraite ou concrète. Une pomme par exemple pourra
apparaître sur scène comme le symbole du péché et
de la transgression.
La fonction ludique : les objets peuvent servir le jeu
des comédiens et être le prétexte d’un mouvement
de scène comique ou d’un gag. Le jeu du comédien
va d’ailleurs parfois jusqu’au détournement de l’objet
: un casque deviendra tour à tour sur scène un seau
pour traire la vache, un saladier, un pot de chambre,
un crachoir... et le comédien suggérera avec ce même
objet une étable, une cuisine, une chambre à coucher, un salon.
6. Notes de répétition de Klaus Michael Grüber
Extraits de Klaus Michael Grüber... « Il faut que le théâtre passe à travers les larmes »,
portrait proposé par Georges Banu et Mark Blezinger,
Éditions du Regard - Académie expérimentale des Théâtres - Festival d’automne à Paris, 1993 (épuisé).
Ces textes, ainsi que d’autres témoignages, figureront dans l’ouvrage dirigé par Georges
Banu, Klaus Michael Grüber : au centre de l’émotion qui sera publié en octobre 2010
chez Actes Sud (collection « Le Temps du théâtre »).
La Schaubühne et Klaus Michael Grüber ont créé
« Die Affère Rue de Lourcine » en mai 88. Voici
quelques extraits de notes de répétition :
▶ Le texte de Labiche est bien construit c’est pour
cela qu’on peut le traiter comme une chose secondaire. Ce que l’on dit vient simplement à la bouche,
le reste est à conquérir…
▶ La règle pour de telles pièces : ralentir ou accélérer.
(*voir notes sur le traitement du temps chez Keaton)
Ne pas entrer dans la psychologie des profondeurs.
Avec ce principe tout devient lumineux…
▶ Lorsque les objets (chaussure, coiffe…) paraissent,
ils sont plus rapides que vos pensées. Rendre les objets plus forts que les comédiens, les rendre dangereux. L’objet vous écrase, et non le contraire. Vous
êtes victimes de ce qui est là…
▶ La parole est plus libre, plus dissolue, plus irrésolue. Ne pas mettre d’intentions là, derrière. Il n’y a
pas une différence si grande entre Labiche et Beckett
(*ni entre Beckett et Kafka !). Les mots sont propres,
sans fardeau. Encore et toujours revenir au degré
zéro…
▶ Je cherche à trouver un accord avec vous sur le
fait que l’assassinat (ou le suicide, peu importe) a
pu avoir lieu vraiment. Nous ne faisons pas une comédie. La comédien se retourne et pourrait mourir
dans l’instant qui suit, mais il se retourne et dit : « Ma
chaussure est trop grande. »…
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▶ On doit d’abord produire quelque chose, la structure de base, quelque chose doit être là. Ensuite je
peux travailler. C’est pourquoi je voudrais que vous
fassiez le travail préliminaire avec Ellen Hammer,
que vous produisiez la base. Cela je ne peux pas le
faire, je m’y perds immédiatement… (*méthode de
travail : mise en place d’abord)
▶ Justin : Tes yeux sont déjà bâtis pour l’éternité. Ne
pas regarder autour de toi avec tant d’étonnement.
Si les yeux, le visage restent pareils, on sent la séparation de la parole et de la pensée. Cela a quelque
chose avoir avec le comique… « (*parallèle avec les
yeux et le regard de Buster K.)
▶ Je prends peur lorsque les choses s’établissent,
c’est pourquoi je modifie la scène. Je sais que vous
êtes suffisamment forts pour me combattre. J’ai pris
la décision de renoncer à prétendre quelque chose.
Vous, au contraire, vous devez le faire. Et permettez-moi de vous jeter de petites bombes sans vous
laisser désécuriser. Le mieux serait que vous soyez
tous joyeux.
▶ Il y a deux choses dans cette histoire : d’un côté
une tentative d’être léger/banal, mais tu parles exactement de la même façon si tu fais un Hölderlin ou
un Labiche, cela revient au même. De l’autre côté il y
a là une petite larme fondamentale.
▶ « Ah » est l’expression la plus importante que tu
aies à ta disposition.
▶ Qu’est-ce que le comique ? (À oublier tout de suite,
je vous prie.) Le comique ne signifie pas faire rire
quelqu’un, c’est peut-être au contraire la façon la plus
élégante de fréquenter la mort. (*voir la thématique
du suicide chez Keaton et Kafka). Regarder comme
ça, comme ça et comme ça. Nous ne sommes pas
cyniques. Il n’existe aucune autre motivation pour le
rire que la mort. Tout le reste est farce. Lorsque nous
aurons compris cela, nous pourrons peut-être avoir
une relation plus libre, moins embarrassée. C’est une
sorte de combat à l’épée. Comme Nietzsche qui, un
jour, sur un balcon de Turin, ne put plus supporter
la musique de Wagner. Cela a quelque chose à voir
avec l’attitude que l’on adopte un jour à l’égard de la
mort. Vous avez un potentiel aussi grand que celui
de Nietzsche sur son balcon de Turin de mettre en
péril notre travail.
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L’équipe
Yann Dacosta (Metteur en scene)
Issu de la promotion 2005 de l’Unité Nomade de Formation à la mise en scène au
CNSAD de Paris. Metteur en scène de théâtre, de théâtre musical, d’opéra et réalisateur. Il développe sur scène un univers esthétique à la fois cinématographique et musical, toujours très plastique, au cœur duquel les comédiens restent les maîtres du jeu.
Après une formation en cinéma et audiovisuel il intègre le Conservatoire National de
Région de Rouen d’où il sort en 2000 avec le 1er Prix d’Art Dramatique obtenu avec
« Félicitations du Jury ».
Pendant sa formation, il part à Moscou en apprentissage auprès de Kama Guinkas au Théâtre d’Art de Moscou (Mkhat). En 2006, il intègre le Master 2 Mise en scène et dramaturgie à l’Université Nanterre Paris X où
il continue de se former (Alain Françon ; Théâtre Ouvert, Pierre Debauche…). Entre 2003 et 2006, il travaille
comme assistant à la mise en scène auprès d’Alfredo Arias. Avec une partie de la promotion issue du CNR
de Rouen, il fonde la Compagnie Le Chat Foin et met en scène :
2000 : Les précieuses ridicules de Molière
2001 : Eva Peron de Copi
2004 : Une visite inopportune de Copi
2007 : Le baiser de la femme araignée de Manuel Puig (théâtre musical)
2009 : Drink me, Dream me (Alice au Pays des Merveilles) de Lewis Carroll (opéra parlé)
2010 : Le Tableau de Victor Slavkine
2012 : Ma vie est une histoire vraie (spectacle musical piano/voix conçu et réalisé avec Thomas Germaine et
Hélène Francisci).
Depuis 2009, il se consacre plus particulièrement à R.W. Fassbinder.
2009 : Feu (Réalisation d’un documentaire théâtral sur l’œuvre de Fassbinder)
2011 : Le Village en Flammes de R.W. Fassbinder
2013 : Les Larmes amères de Petra Von Kant de R.W. Fassbinder
2011-2013 : Le Bouc de R.W. Fassbinder (Action artistique et pédagogique menée dans les établissements
scolaires et sociaux autour de la question du groupe et du bouc émissaire).
Parallèlement aux spectacles montés avec la Compagnie du Chat Foin, il répond à des commandes :
2005 : ¿Que tal Carmen ? (une version jazz et rock de Carmen commandée par le jazzman déjanté Laurent
Dehors pour son ensemble Tous Dehors).
2006 : Bataille Intime d’après R. Topor. (Chorégraphie : Sylvain Groud ; Direction d’acteurs : Yann Dacosta)
2007 : Corneille, Mesguich: L´aventure de la langue (Réalisation d’un documentaire sur Daniel Mesguich
mettant en scène Cinna de Corneille)
2010 : L’île de Tulipatan de Jacques Offenbach (Production Opéra de Rouen, reprise à l’Opéra-théâtre de
Saint Etienne ; au Théâtre musical de Besançon et Vevey (Suisse))
2013 : L’enlèvement au Sérail de Mozart (Production Opéra de Rouen, Opéra Royal de Wallonie à Liège,
Opéra Théâtre de Saint Etienne, AsLiCo Italie)
Également comédien, on a pu le voir récemment sur scène dans :
2010 : Chat en poche de Georges Feydeau (Mis en scène par Catherine Delattres, rôle de Dufausset)
2012 : Carmen de Georges Bizet (Mis en scène par Frédéric Roels, rôle de Lilas Pastia. A l’Opéra de Rouen
et l’Opéra de Versailles)
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Pablo Elcoq (Compositeur, musicien, chanteur)
Vers 10-12 ans, il fait ses premiers accords de guitare, ses premiers textes et ses premières chansons. Vers 15 ans, ses premières scènes : batteur puis chanteur, guitariste
dans un groupe de rock. 19 ans, auteur / compositeur / interprète dans le groupe
PALJEPHICELA : Premiers retours réellement encourageant de la part du public
mais aussi des professionnels de la musique. Au cours des années qui suivirent, il s’est
principalement concentré sur la composition, l’orchestration, la réalisation, l’édition
de partitions, apprenant à écrire des styles divers et variés. Répertoires, projets de
création, ateliers l’ont également amené à ouvrir sa musique à d’autres disciplines
telles que la poésie, le théâtre, le documentaire et le cinéma.
Il débute sa collaboration avec la compagnie Le Chat Foin en 2001 avec Une visite inopportune. Mais c’est en
2007 que la révélation s’opère avec la composition musicale qu’il créé pour Le Baiser de la femme araignée. En
2009, il compose la musique de Drink me, Dream me qu’il interprète sur scène avec deux autres musiciens.
En 2011, il compose la musique du Village en Flammes, et en 2014 celle de L’Affaire de la rue de Lourcine.
Benjamin Guillard (Lenglumé)
Formé au Conservatoire National Supérieur d’art Dramatique, Benjamin Guillard a
pour professeur Philippe Adrien, Gérard Desarthe, Muriel Mayette, Mario Gonzales,
Caroline Marcadé... Au théâtre, il travaille notamment sous la direction de Philippe
Adrien dans Yvonne, princesse de Bourgogne et Meurtres de la princesse juive, Alain
Gautré dans L’Avare, Julia Vidit dans Fantasio, Jean Bellorini dans Paroles Gelées.
A la télévision, il travaille sous la direction de Jean-Daniel Verhaeghe dans Une partie de campagne, Stéphane Kappes dans Merlin.
Il assiste François Morel dans sa mise en scène de Bien des choses puis le met en scène dans La nuit Satie
(avec la chanteuse Juliette et le pianiste Alexandre Tharaud) et dans La fin du monde est pour dimanche
(création 2013). En parallèle, il réalise deux courts métrages Looking for Steven Spielberg et Véhicule-École et
écrit son premier long métrage.
Guillaume Marquet (Mistingue)
En 2011, il a reçu le Molière du « Jeune Talent Masculin » pour son rôle de Rédillon
dans Le Dindon (mise en scène de Philippe Adrien, Théâtre de la Tempête).
Formation au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris et au Studio-Théâtre d’Asnières sur Seine.
Au théâtre, il a travaillé avec Philippe Adrien (Yvonne, Princesse de Bourgogne,
Meurtres de la princesse juive, Ivanov, Le Dindon et Bug) ; Hélène Vincent (Van Gogh
à Londres. Rôle de Vincent Van Gogh) ; Robert Cantarella (La jalousie du Barbouillé
et Une belle journée) ; Florence Giorgetti (Dormez, je le veux !) ; Philippe Minyana
(Suite 2) ; Alain Gautré (L’Avare) ; Antonio Latella (Périclès) ; Christian
Gangneron (Les Sacrifiés, Pierre et le Loup et Zazie dans le métro) ; Agathe Alexis (L’épreuve) ; Robert Bouvier
(Les acteurs de bonne foi) ; Sophie Lecarpentier (3 folles journées ou la Trilogie de Beaumarchais) ; Hervé van
der Meulen (Les trente millions de Gladiator) ; Julie Timmerman (Un jeu d’enfants et Words Are Watching
You) ; Chantal Deruaz (L’Ile des esclaves) ; Patrick Simon (Supplément au voyage de Cook) ; Jean-Louis Martin-Barbaz (Lorenzaccio)... Cinéma avec Karim Dridi, Alain Corneau (Pré-nomination « Meilleur Espoir
Masculin », César 2011) et Jacques Maillot.
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Jean-Pascal Abribat (Potard)
Jean-Pascal ABRIBAT est diplômé du Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique en 1998 où il a eu comme professeur Daniel Mesguich, Stuart Seide, et Catherine Hiegel. Avant cela, il avait commencé à fréquenter des scènes et classes de
théâtre dès son enfance puis continué à se former au CNR de Versailles, à la Maison
des conservatoires (ESAD), etc...
Il travaille au théâtre sous la direction de Sylvain Maurice (Le précepteur de Jacob
Lenz), Jean-Pierre Miquel (Les fausses confidences de Marivaux), Emmanuel
Demarcy-Mota (Peine d’ amour perdue de Shakespeare - Marat-Sade, de Peter Weiss ), Christian Rist (Aminte
de Torquato Tasso), Jean Boileau (Les métamorphoses, d’ après Ovide), Anne-Laure Liégeois (Edouard II de
Marlowe - La Duchesse de Malfi de Webster), Jacques David (Quand nous nous réveilleront d’entre les morts
de Enrik Ibsen - Le 20 novembre de Lars Norén), Stéphanie Chevara (Bartleby d’après Melville - Kroum L’
ectoplasme de Hanokh Levin).
Il travaille aussi pour la télévision ou le cinéma sous la direction entre autres de Nicolas Boukhriev, Martin
Provost , Didier Le Pécheur, Éric Valette, Philippe Leguay, Gilles Bannier, Christophe Douchand, Serge
Meynard, Clément Michel, Agathe Teyssier, Philippe Triboit, Jean-Pierre Ameris,...
Hélène Francisci (Norine)
Formée à l’Ecole du Théâtre national de Chaillot, au Conservatoire à rayonnement
régional de Rouen, à l’Ecole du Théâtre des deux rives (Alain Bézu) et a suivi des
stages avec Catherine Anne, Pierre Debauche, Robin Renucci, Brigitte Jaques-Wajeman, Mario Gonzalès, Claire Lasne, Claudia Stavisky, Michel Lopez et Saskia Cohen
Tanugi. Au théâtre, elle travaille sous la direction de L. Berger (Le baladin du monde
occidental, Le suicidé), Sophie Lecarpentier (Une année sans été, Les rencontrées du
bel hasard, Le jour de l’italienne et L’Epreuve), Fabienne Rouby (Orénoque),
Catherine Delattres (Le Cid, Les serments indiscrets), P. Vial (El Campiello, Le mariage de Figaro), Eric Petitjean (Vous avez dix diablogues, Céleste, gouvernante de Mr. Proust) Yann Dacosta (Drink me, Dream me, Ma
vie est une histoire vraie, Le Village en Flammes, Les Larmes amères de Petra Von Kant). Elle est également
formatrice de lecture à voix haute et intervient au sein des bibliothèques, hôpitaux, en milieu associatif et
dans le monde de l’édition. Avec son Cabaret Littéraire, elle sillonne la France accompagnée par Vincent
Bénard au piano.
Pierre Delmotte (Justin)
Pierre Delmotte intègre en 2005 le Théâtre-École d’Aquitaine et la Cie Pierre Debauche à Agen, où pendant 3 ans, il interprète plusieurs rôles des pièces des grands
auteurs du théâtre classique. Molière, Shakespeare, Marivaux, Labiche, Feydeau mais
aussi Claudel et Maeterlinck.
En 2009, il fait partie de la première promotion du GEIQ Haute-Normandie. Il y joue
Nelson, dans la pièce d’Edward Bond Le Numéro d’Équilibre, mis en scène par Jérôme
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Hankins. Il y rencontre également Thomas Jolly, ainsi que Yann Dacosta qui le met en scène dans En attendant la récré, de Catherine Anne, et dans Drink Me Dream Me, d’après Lewis Carroll.
Il a joué Treplev dans La Mouette de Tchekhov et dans Le jeu de l’Amour et du Hasard de Marivaux mis en
scène par Catherine Delattres ; et celui de Renart dans Un Roman de Renart avec le Théâtre de la Canaille.
Depuis 2011, Pierre Delmotte travaille avec la Cie Un train en cache un autre et Hélène Cabot dans le cadre
d’interventions artistiques en milieu hospitalier.
Pierre Delmotte travaille régulièrement avec La Cie du Chat Foin, et après Le Village en Flammes, de R.W.
Fassbinder, Yann Dacosta le dirigera à nouveau dans L’Affaire de la rue de Lourcine, d’Eugène Labiche, en
2014.
Pauline Denize (violoniste, chanteuse)
Violoniste de formation classique, Pauline Denize obtient son Diplôme d’Etudes
Musicales au Conservatoire de Rouen en 2009 (unités de valeur : violon et musique
de chambre). La même année elle intègre le groupe «Zygomatik» qui lui donnera
goût aux musiques plus actuelles et improvisées. Que ce soit sur scène ou en studio
d’enregistrement, elle compose et arrange ses parties musicales au sein de différents
groupes tels que «Shubni» ou «Mathilda Tree». En 2010, elle interprète «Youkali»
pour la bande son originale du film La Fée de Dominique Abel, Fiona Gordon et
Bruno Romy, pour accordéon, violon, contrebasse et voix. La saison dernière c’est
pour la web-série Les Visiteurs du Futur, Saison 2 et prochainement la Saison 3 qu’elle
interprète en groupe la musique de Jimmy Tillier.
Parallèlement à ses expériences musicales, elle se forme également en danse contemporaine au sein de centres
comme la Manufacture, centre d’images et de mouvements d’Aurillac en 2009, puis aux RIDC (Rencontres
Internationales de Danse Contemporaine) en 2011, où elle obtient son Examen d’Aptitudes Techniques option danse contemporaine. A la suite de cela elle chorégraphie et danse pour le spectacle de danse-théâtre
Regarde-Moi Nue avec Gabrielle Tanter (comédienne) au sein de la compagnie havraise Chouf Noujoume.
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Contact
Compagnie Le Chat Foin
18 rue Georges d’Amboise
76 000 Rouen
www.ciechatfoin.com
n° licence : 2-139965
Marielle Julien Administration- production 09 82 39 64 20
[email protected]
Claire Dupont Diffusion 06 66 66 68 82
[email protected]
Yann Dacosta
[email protected]
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