1 L’Affaire de la rue de Lourcine de Eugène Labiche Distribution Lenglumé Mistingue Potard Norine Justin Benjamin Guillard Guillaume Marquet Jean-Pascal Abribat Hélène Francisci Pierre Delmotte Mise en scène Assistante à la mise en scène Compositeur Musiciens sur scène Costumes Créateur Lumière Scénographie/accessoires Créateur son Régisseur général Administration – Production Diffusion Yann Dacosta Laëtitia Botella Pablo Elcoq Pauline Denize et Pablo Elcoq Morgane Mangard Thierry Vareille Fabien Persil et William Defresne Johan Allanic Marc Leroy Marielle Julien Claire Dupont Spectacle à partir de 9 ans Production Production Compagnie Le Chat Foin Coproduction : Théâtre de l’Ouest Parisien – Boulogne-Billancourt, L’Archipel – Scène conventionnée de Granville ; Le théâtre des Chalands – Val de Reuil. Avec le soutien de : La Matmut ; Théâtre de l’île - Nouméa, Théâtre 13 – Paris, Théâtre de la Tempête – Vincennes, et la Compagnie Les Petits Champs. La Compagnie Le Chat Foin est conventionnée par le Ministère de la Culture et de la Communication / Drac Haute-Normandie, la Région Haute-Normandie, la Ville de Rouen et le Département de Seine-Maritime. 2 L’intrigue « Lenglumé - Nom d’un petit bonhomme ! J’ai ramené quelqu’un sans m’en apercevoir !... De quel sexe encore ? » Un matin, à Paris, le rentier Lenglumé se réveille avec une gueule de bois. Son seul souvenir de la veille reste la perte d’un parapluie vert. Il trouve dans son lit un homme dans le même état : Mistingue, chef cuisinier, qui se souvient avoir perdu un mouchoir avec ses initiales «J.M.». Les deux hommes se sont rencontrés au repas organisé la veille par « l’institution Labadens » dont ils étaient tous deux élèves. Au cours du déjeuner, la femme de Lenglumé, lit un article dans le journal : « Ce matin, rue de Lourcine, le cadavre d’une jeune charbonnière a été trouvé horriblement mutilé… » Les meurtriers, en état d’ébriété, ont laissé sur place un parapluie vert et un mouchoir gravé «J.M.». « Lenglumé – Plus de doute !... C’est nous qui avons fait le coup ! » 3 L’auteur Eugène Labiche (1815 - 1888) (D’après François Cavaignac «Eugène Labiche ou la gaieté critique», L’Harmattan, 2003) Eugène Labiche est né le 6 mai 1815 à Paris. Son père, Jacques-Philippe Labiche (1786-1864) est originaire de Nogent-le-Roulebois (Eure-et-Loir) ; sa mère, Marie-Louise Falempin (1787-1833) est parisienne de souche. [...] Peu de temps après la naissance d’Eugène, Jacques-Philippe Labiche, désireux de développer le commerce des sucreries, acquiert à Rueil, dans la région parisienne, une imposante maison dont il transforme une partie de la cour en usine produisant du sirop et du glucose: Eugène Labiche, fils unique, passera là son enfance. A la rentrée scolaire d’ octobre 1826, Labiche est inscrit au collège Bourbon - l’actuel lycée Condorcet -; il est interne à la pension Labbé, située rue du Faubourg-Saint-Honoré. II y reste jusqu’en 1833, année où il obtient le baccalauréat. Il ne paraît pas avoir accompli une scolarité particulièrement brillante : les observations des biographes, déduites de quelques témoignages ou autres indices épars, montrent un élève moyen qui aurait acquis sans difficulté mais sans éclat son succès scolaire, remportant au passage un accessit de discours français. Parallèlement, il s’est épanoui sur le plan physique : passionné par les exercices du corps, il pratique la gymnastique, l’escrime et la natation. Sa mère meurt à Rueil, peu de temps avant le baccalauréat, le 10 mai 1833 ; elle lui lègue une maison située 5, rue du Mail à Paris, dont la location semble lui procurer une bonne rente, et dont il occupe l’un des appartements à titre personnel. L’ année suivante, de janvier à juillet 1834, il effectue, en compagnie de quelques amis, un voyage d’agrément dans le sud de la France, en Italie et en Suisse. Il en profite 4 pour connaître quelques aventures de jeunesse. En septembre 1834, il s’inscrit à l’Ecole de Droit pour préparer une licence qu’il obtiendra - difficilement, semble-t-il - après six années d’études. Il se lance simultanément dans le journalisme et collabore à plusieurs revues artistiques ou littéraires ; il publie quelques textes et fait représenter, dès 1837, une première pièce de théâtre. Il ne quittera ce domaine - la dramaturgie - qu’en 1878, date de sa dernière production. [...] Au bout d’un an d’inaction, Labiche ne résiste pas à l’attrait du théâtre ; il reprend sa carrière de vaudevilliste, sans qu’ aucun événement majeur vienne heurter le déroulement de sa vie professionnelle pendant plusieurs années (18431847). [...] Malgré cet intermède, Labiche poursuit inlassablement sa carrière d’auteur dramatique. En 1849, il est élu membre de la commission de la Société des Auteurs et Compositeurs dramatiques, en qualité d’archiviste. En 1852, à la suite du succès du Chapeau de paille d’Italie, il signe chez Michel Lévy son premier contrat d’exclusivité : il s’engage à donner à l’éditeur la totalité de sa production pendant trois ans. En juillet 1853, il acquiert à Souvigny, département du Loir-et-Cher, une propriété de cinq cents hectares - le domaine de Launoy - pour la somme de cent vingt-cinq mille francs. [...] En 1856, il est élu vice-président de la commission de la Société des Auteurs et Compositeurs dramatiques. Le 12 mars de la même année son épouse met au monde un garçon prénommé André, Marin (1856-1897). Deux ans plus tard, le 1er mai 1858, Adèle Labiche accouche d’un enfant mort-né. Le 15 août 1861, il avait été fait chevalier de la Légion d’honneur, décoration très prisée des artistes et des écrivains ; cette distinction lui permet surtout d’avoir accès aux manifestations restreintes organisées par Napoléon III qui s’était entouré d’un protocole particulièrement pointilleux. [...] En juillet 1865, Labiche est élu conseiller municipal de Souvigny ; il est nommé maire en mai 1868 à la suite du décès du maire précédent. [...] Par décret du 1l août 1870 signé de l’Impératrice, il est promu officier de la Légion d’honneur. La guerre franco-prussienne qui vient d’éclater le contraint à rester à Souvigny tandis qu’il met à l’abri dans le midi son épouse et son fils. Les Allemands ayant franchi la Loire, de nombreux villages de Sologne sont réquisitionnés soit pour verser des sommes d’argent soit pour procurer des vivres aux occupants. Le 26 février 1880, Labiche est élu à l’Académie française, au fauteuil de Silvestre de Sacy ; il est reçu sous la Coupole le 25 novembre. Conscient de sa modestie par rapport aux hautes valeurs littéraires qui honorent l’institution, il définit ses pièces comme des «badinages» et explique dès le début de son discours : «J’ai toute ma vie écrit des dialogues, et voici que je me trouve, tout à coup, en face d’un terrible monologue. Je ne suis pas encore façonné à votre langage. J’entre un peu chez vous, comme ces Gaulois, à demi barbares, entraient dans Rome pour y apprendre l’éloquence et y respirer le parfum des belles-lettres». [...] La dernière intervention publique de Labiche est systématiquement mentionnée dans les biographies : le 27 janvier 1881, il préside le banquet annuel de l’Association des anciens élèves du lycée Condorcet et prononce un discours fort applaudi : «Ce qu’il vous faut promener dans le monde, c’est notre gaieté, cette gaieté qui est de vieille race française et qu’aucun peuple ne possède. Entretenez avec amour ce feu national - Riez !». Dès le mois d’avril, ses ennuis de santé reprennent (fièvre persistante) et le contraignent à un régime sévère. Le 15 janvier 1882, son fils, reçu depuis 1879 au Conseil d’Etat, épouse Madeleine Flandin, fille d’un député du Calvados. La jeune femme décédera en septembre 1885 après avoir donné naissance à deux enfants (Eugène, en 1883, et Pierre, en 1884). Labiche ne passe désormais plus son temps qu’à se soigner, ayant cessé toute activité littéraire. Ses forces semblent progressivement diminuer : il est atteint d’une congestion pulmonaire et d’oedèmes aux jambes en mai 1884. Malgré des traitements, son état s’aggrave subitement en octobre 1887. Eugène Labiche meurt à Paris dans la nuit du 22 au 23 janvier 1888 ; ses obsèques sont célébrées le 25 janvier à l’église Saint-Louis-d’Antin. II est inhumé au cimetière Montmartre. Labiche en quelques dates 6 mai 1815 > Labiche naît à Paris. Il grandit dans une maison-usine fabriquant du sucre et du glucose. De 1826 à 1833 > Scolarité normale au collège Bourbon. L’élève Labiche se découvre une passion pour le sport. 10 mai 1833 > Décès de sa mère. Janvier à juillet 1834 > Voyage avec des amis dans le sud de la France, en Italie et en Suisse. Septembre 1834 > Ecole de Droit dont il aura le diplôme six ans plus tard. Il commence à écrire. 1837 > Il publie sa première pièce. Il se lance dans une carrière d’auteur. 1849 > Elu membre de la commission de la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques (SACD). 1852 > Un Chapeau de paille en Italie. Succès. 12 mars 1856 > Naissance de son premier enfant. Deux ans plus tard, sa femme Adèle et lui perdront leur deuxième enfant à la naissance. 15 août 1861 > Il est fait chevalier de la légion d’honneur, haute distinction. Mai 1868 > Il devient maire de Souvigny. 1870 > Guerre entre la France et l’Allemagne (la Prusse). 23 janvier 1888 > Malade depuis plusieurs années, Eugène Labiche décède à Paris à l’âge de 72 ans. 5 Le résumé L’Affaire de la rue de Lourcine, comédie en un acte mêlée de couplets, fut créée au Théâtre du Palais-Royal le 26 mars 1857. Lenglumé se réveille avec un violent mal de tête et la bouche pâteuse. Il s’est rendu la veille, à l’insu de sa femme, au banquet des anciens élèves de l’institution Labadens. Il ne se souvient plus de ce qu’il a fait «après la salade»... Soudain, il découvre dans son propre lit un inconnu, qui se trouve être son ancien camarade de classe, Mistingue, également convive du banquet. Il l’invite alors à déjeuner en le priant de ne pas dire à son épouse où ils se sont rencontrés... Les deux hommes s’aperçoivent alors qu’ils ont les mains noires et du charbon dans leurs poches. D’où diable cela peut-il provenir ? La lecture du journal les renseigne très vite : on y lit le récit d’un crime horrible, l’assassinat d’une marchande de charbon. Tous les détails concordent. Mistingue et Lenglumé ont, dans leur ivresse, commis cet abominable forfait. Ils s’empressent donc de supprimer les pièces à conviction. Ils éliminent également le cousin Potard qui, sous prétexte d’emprunter de l’argent à Lenglumé, prétend le faire chanter. Justin, le domestique, subit le même sort. Ils finissent par envisager de s’assassiner mutuellement lorsqu’ils découvrent pour finir que le journal qu’ils ont consulté date de vingt ans. Quant aux témoins qu’ils s’imaginent avoir supprimés, ils se portent aussi bien que possible. Cependant Mistingue, qui en sait trop long, reste dangereux : aussi Lenglumé, profitant de ce qu’il s’est rendormi, s’en débarasse-t-il en le faisant porter comme un colis à la gare au bureau des marchandises. L’ordre règne à nouveau chez les Lenglumé. La pièce obtint un vif succès : elle fut représentée 6 sans interruption jusqu’au 30 avril 1857 et reprise fréquemment par la suite. Le rôle de Lenglumé était remarquablement interprété par le célèbre Arnal qui avait déjà été une vedette du Vaudeville, du Gymnase et des Variétés. Il venait d’être engagé au Palais-Royal et l’on se demandait si, dans cette salle consacrée à un comique très chargé. il ne perdrait pas ses moyens. Cette crainte était vaine. La critique fut aussi favorable que le public à L’Affaire de la rue de Lourcine. Ainsi Paul de Saint-Victor dans La Presse du 29 mars estime que la pièce est «une bouffonnerie féroce et charmante (...) l’assassinat en belle humeur, quelque chose comme une tragédie jouée par des marionnettes et où les victimes reviendraient en ombres chinoises (...) Arnal, ajoute Saint-Victor, fait de Lenglumé une de ses meilleures arnalades. Quelle scélératesse spirituelle et fine ! Comme il prend vite son parti du meurtre commis et du meurtre à faire ! Il n’y a pas de degrés pour lui dans le crime. Il y descend quatre à quatre, gaiement, tranquillement, les mains dans les poches. C’est le philosophe de l’assassinat.» D’après Henri Gidel. Labiche : Théâtre, tome II [Bordas, 1991] Note d’intention extrait Un cauchemar en vaudeville directe à La métamorphose de Kafka). Avec Eugène Labiche, la compagnie Le Chat Foin va se frotter à un répertoire auquel elle est peu habituée : le vaudeville. Pourtant la dimension musicale, cauchemardesque et carrollienne de l’œuvre semble faîte sur mesure pour entrer au répertoire de la compagnie. Lire le monde sur le corps de l’acteur. Ce qui m’a toujours passionné et bouleversé au théâtre, c’est que, le temps d’une représentation, le corps de l’acteur va porter toutes les contradictions et tous les conflits du monde. J’aime le théâtre du XIXème siècle parce que j’aime les conflits de cette époque. C’est le siècle des grandes inventions. Scientifiquement, artistiquement et politiquement le monde évolue à toute allure, mais il vient se heurter aux mentalités conservatrices de la bourgeoisie. Nous sommes en pleine révolution industrielle. Les machines se multiplient et transforment le monde. Pour moi, le vaudeville c’est un peu comme si le théâtre lui même était en train de devenir une machine. L’écriture, de plus en plus folle et frénétique, va embarquer les personnages dans une lutte entre l’homme et la machine...théâtrale. Klaus Michaël Grüber disait: « les vaudevilles, sont des pièces écrites sur le corps des acteurs ». Les acteurs de vaudeville de l’époque étaient de véritables vedettes et leurs rôles étaient écrits sur mesure. Ce sont presque des textes écrits pour les clowns. Dans L’Affaire de la rue de Lourcine, le texte est un outil au service du corps des acteurs. Les objets et les situations prennent souvent le pas sur le texte. En mettant en scène cette pièce je sais que je dois toujours garder à l’esprit ce que nous ont appris Charlie Chaplin et Buster Keaton. Ma rencontre avec ce texte. En 2009, j’ai mis en scène un spectacle intitulé Drink me Dream me d’après Alice au Pays de Merveilles de Lewis Carroll. C’est au moment de cette plongée dans l’univers du nonsense carrollien que j’ai découvert cet autre texte à tiroirs qu’est L’Affaire de la rue de Lourcine, écrit en 1857. Cette pièce, comme la quasi totalité de l’œuvre de Labiche, est en fait un travail à six mains. Les librettistes collaborateurs d’Eugène Labiche sont A. Monnier et E. Martin. Avant de rencontrer ce texte, j’étais persuadé que les intrigues des vaudevilles tournaient toutes autour d’histoires d’adultère. Mais quelle surprise de me retrouver devans cette intrigue policière et fantastique où il est question de meurtre, de culpabilité, de peur et de remords. Dans L’affaire de la rue de Lourcine, la mécanique du rire va être au service de la mécanique de la peur. C’est un ovni dans l’œuvre de Labiche. On peut notamment y lire les influences d’Edgar Allan Poe, d’Hoffman, et du « Boulevard du crime ». La pièce est considérée comme une pièce annonciatrice du théâtre de l’absurde, de Beckett et de Kafka (et dans mon parti pris, je ferai d’ailleurs une référence 7 Création d’un prologue Le pari c’est donc de mettre en scène le cauchemar sans que cela empêche la mécanique du rire. La deuxième partie de soirée que Lenglumé et Mistingue ont passée Chez la Mère Moreau mais dont ils ne se souviennent plus m’obsède beaucoup. Cela devait être quelque chose d’assez décadent. A son réveil, Lenglumé dira : « c’était trop ». A la réception de la facture de leurs débordements, Norine dira : « Vous vous êtes roulé dans l’orgie, chez des liquoristes de bas étage! ». J’ai envie de mettre cela en scène en guise d’ouverture du spectacle sous forme d’un bal masqué extravagant, une soirée de débauche où la bourgeoisie viendra s’encanailler. J’imagine une séquence onirique et surréaliste. Est-ce un rêve ? Est-ce un cauchemar ? Est-ce la réalité? J’imagine Lenglumé et Mistingue, portant des costumes qui feront penser à des insectes, au milieu de gens costumés et masqués en créatures fantastiques. Le lendemain matin, nos deux compères se réveilleront encore costumés de la veille. A partir de là plus rien ne sera plus comme avant. S’opérera alors une étrange métamorphose : plus ils retrouveront une allure humaine, plus ils s’enfonceront dans la monstruosité. Cela sera une référence directe à La Métamorphose de Kafka. Et puis ce serait une manière de prendre au pied de la lettre cette réflexion que Jean Anouilh fit sur le théâtre de Labiche : « Il nous donne à observer les insectes petit-bourgeois-roi ». Nous allons pouvoir les observer étouffer remords et culpabilité et tenter d’éliminer les autres pour sauver les apparences et les acquis. La scénographie. Elle représenterait une fontaine d’intérieur. La fontaine, c’est le symbole de l’abondance et de l’aisance sociale du riche rentier Oscar Lenglumé qui ne manque de rien. Il a beaucoup d’argent et peut se permettre ce genre d’extravagances. L’intérieur de Lenglumé doit être luxueux. C’est pour conserver cela qu’il sera prêt à tout. Son confort et sa richesse doivent être palpables. La fontaine, c’est aussi le symbole du trou de mémoire : Tout la pièce va se jouer autour de cette « lacune ». On pourra parfois se regarder dedans et même s’y plonger pour tenter de retrouver la mémoire. Je pense que cela sera un formidable espace de jeu pour les comédiens. Mon désir, c’est celui de raconter un monde malade, en déclin : dedans, c’est une bourgeoisie qui prend l’eau ; dehors, c’est la fin du monde. La fin d’un 8 monde (la fin de l’Empire perdant ses repères et se déshumanisant): il pleut des trombes d’eau, il y a de l’orage, des éclairs. Et alors cette histoire de parapluie perdu prend des proportions folles. Toute l’attention se porte dessus parce que tout le monde en a cruellement besoin. Si on regarde bien, on se rend compte que les personnages de la pièce sont tous malades migraineux, ou bien feignent de l’être : Justin a un rhume carabiné, Lenglumé feint d’être malade pour pouvoir sortir en cachette, à la fin Mistingue est pris d’une affreuse migraine...) Au final, ils sont tous mouillés, tous éclaboussés par cet assassinat de la charbonnière de la rue de Lourcine. La Musique. Comme c’est la tradition dans le vaudeville, la pièce comporte des chansons. Cette musique sera donc composée par Pablo Elcoq., le compositeur récurrent des différentes créations de la compagnie du Chat Foin (www.pabloelcoq.com). Il a déjà composé la musique du Baiser de la Femme araignée ; Drink me, Dream me (Alice au Pays des Merveilles) ; Le Village en Flammes et sera donc le compositeur de L’Affaire de la rue de Lourcine. A la lecture de cette pièce de Labiche, la rencontre avec l’univers musical à la fois rocailleux, noir et fantaisiste de Pablo Elcoq était une évidence. Il sera accompagné sur scène par la jeune Pauline Denize, violoniste et chanteuse. Il faudra que la musique renforce l’idée du cauchemar, mais le défi reste celui de ne pas casser la machine à rire. La musique doit être grinçante mais elle doit également garder de l’humour, de la légèreté, de la poésie, de la profondeur. 1857, c’est l’année de la création de L’Affaire de la rue de Lourcine mais c’est aussi l’année de la parution des Fleurs du Mal de Charles Baudelaire où il est souvent question de remords. Nous tenterons une rencontre entre Baudelaire et Labiche en mettant en musique un poème de Baudelaire intitulé Remords Posthume. Et, parce que Baudelaire venait de traduire Edgar Allan Poe et qu’il en a été très influencé, nous ouvrirons la pièce sur le poème Le Ver conquérant de E.A. Poe mis en musique pour la scène du bal d’ouverture. Baudelaire fait d’ailleurs référence à ce poème dans Remords posthume (« Et le ver rongera ta peau comme un remords »). « L’affaire de la rue de Lourcine », une pièce à part. Labiche considérait qu’une pièce était comme « un animal à mille pattes qui avance et qui ne doit jamais ni ralentir, ni s’arrêter ». Pourtant dans cette pièce il va faire une chose inédite : il va, dès le début, couper les pattes de son mille pattes et le faire s’enfoncer dans d’autres profondeurs. Il va sacrifier son intrigue et son coup de théâtre et préférer nous montrer la noirceur de ses personnages. Labiche, dès le début, dévoile le pot aux roses puisque, en donnant le vieux journal autour duquel est fondé le quiproquo, Justin dira au public que c’est un journal vieux d’il y a vingt ans. La pièce serait-elle donc construite sur du rien ? Non, car par un tour de passe-passe, Labiche transforme sa pièce en une œuvre qui a autant à voir avec le théâtre de l’absurde qu’avec un vaudeville. C’est peut-être cette singularité qui a fait que des metteurs en scène comme Patrice Chereau et Klaus Michaël Grüber se sont passionnés pour cette pièce alors que par ailleurs on ne les a jamais vus mettre en scène d’autres pièces du répertoire de vaudeville. La pièce est féroce. Elle va décortiquer une bourgeoisie qui sera prête à tuer pour sauver les apparences et sauver sa réputation et ses acquis. « La Peur, le seul ennemi à combattre » Labiche nous donne à observer la mécanique de la peur. Cela m’intéresse beaucoup car j’ai passé plusieurs années à travailler sur R.W Fassbinder qui a consacré une œuvre à décortiquer les phénomènes de peur. Il disait : « La peur, le seul ennemi à combattre ». La peur engendre le mal et le monstre, c’est ce que raconte l’œuvre de Fassbinder ; et, curieusement, Labiche aussi dans cette pièce, même s’il le fait par le biais de l’humour. Dans L’Affaire de la rue de Lourcine, il est question de la peur de l’autre, de l’étranger. Celui-ci est perçu comme celui que va nous faire perdre ce que l’on possède. L’autre est une menace il n’est jamais bien accueilli. La famille Lenglumé est une toute petite famille repliée sur elle-même. C’est un petit clan. L’institution Labadens à laquelle appartenait Lenglumé est une institution privée réservée à des personnes privilégiées. Lenglumé affiche sans vergogne son mépris envers les autres classes sociales (les cuisiniers, les charbonniers, son domestique). De la même façon, Lenglumé est prisonnier de son matérialisme. Il est « englué » dans ce qu’il possède 9 au point que les objets vont finir par se retourner contre lui, devenir des pièces à conviction et le trahir. A la fin, l’étrange-étranger sera expulsé comme une marchandise enfermée dans une malle, envoyé dans un pays voisin. On n’est jamais très loin de l’humour noir d’Alfred Hitchcock… La pièce se termine sur un « happy-end » tout relatif qui laisse un goût amer : le meurtre n’a pas eu lieu mais les masques sont tombés et même si nos protagonistes sont « innocents » on sait désormais de quelle scélératesse ils sont capables. Le temps d’un quiproquo Labiche a évoqué tous les tabous: adultère, meurtre, alcoolisme, secrets, cachotteries, chantage et mensonges. La frontière entre l’inconvenance et la bienséance est une chose fragile et il semblerait que nos pulsions intimes soient en lutte permanente contre la morale et la décence. Yann Dacosta Projet de scénographie. Réalisation Fabien Persil 10 Documents pédagogiques 1. Quelques sources d’inspiration pour la mise en scène REMORDS POSTHUMES Lorsque tu dormiras, ma belle ténébreuse, Au fond d’un monument construit en marbre noir, Et lorsque tu n’auras pour alcôve et manoir Qu’un caveau pluvieux et qu’une fosse creuse ; Quand la pierre, opprimant ta poitrine peureuse Et tes flancs qu’assouplit un charmant nonchaloir, Empêchera ton cœur de battre et de vouloir, Et tes pieds de courir leur course aventureuse, Le tombeau, confident de mon rêve infini (Car le tombeau toujours comprendra le poète), Durant ces grandes nuits d’où le somme est banni, Te dira : « Que vous sert, courtisane imparfaite, De n’avoir pas connu ce que pleurent les morts ? » - Et le ver rongera ta peau comme un remords. Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal 11 LE VER CONQUÉRANT Voyez ! c’’est la nuit de gala. Depuis ces dernières années désolées ! Une multitude d’anges, ailés, ornés De voiles et noyés dans les larmes, Est assise dans un théâtre pour voir Un drame d’espérances et de craintes, Pendant que l’orchestre soupire par intervalles La musique des sphères. Des mimes faits à l’usage du Dieu très-haut, Marmottent et marmottent tout bas, Et voltigent de côté et d’’autre ; Pauvres poupées qui vont et viennent Au commandement de vastes êtres sans forme Qui transportent la scène çà et là, Secouant de leurs ailes de condor L’’invisible malheur ! Ce drame bigarré ! -- oh ! à coup sûr, Il ne sera pas oublié, Avec son fantôme éternellement pourchassé Par une foule qui ne peut pas le saisir, A travers un cercle qui toujours retourne Sur lui-même, exactement au même point ! Et beaucoup de folie, et encore plus de péché Et d’horreur font l’âme de l’intrigue ! Mais, voyez, à travers la cohue des mimes, Une forme rampante fait son entrée ! Une chose rouge de sang qui vient en se tordant De la partie solitaire de la scène ! Elle se tord ! elle se tord ! -- Avec des angoisses mortelles Les mimes deviennent sa pâture, Et les séraphins sanglottent en voyant les dents du ver Mâcher des caillots de sang humain. Toutes les lumières s’éteignent. -- Toutes, toutes ! Et sur chaque forme frissonnante, Le rideau, vaste drap mortuaire, Descend avec la violence d’’une tempête. -- Et les anges, tous pâles et blêmes, Se levant et se dévoilant affirment Que ce drame est une tragédie qui s’appelle l’’homme, Et dont le héros est le Ver conquérant. Edgar Allan POE (Traduction de Charles BAUDELAIRE.) 12 A lire et à voir Bibliographie ▶ Franz Kafka : La Métamorphose ▶ Edgar Allan Poe : Histoires Extraordinaires ▶ Ernest Theodor Amadeus Hoffmann ▶ « Le Genre Labiche » in Revue Europe, Pierre Voltz, 72è année, N° 786/oct 94 ▶ L’Affaire de la rue de Lourcine, Sylvie Chalay, éd. Bertrant Lacoste, coll. Parcours de lecture, 1994 ▶ Introduction à l’analyse du théâtre, Jean-Pierre Ryngaert, Dunod, Paris, 1999 ▶ Le Théâtre en France, Jacqueline de Jomaron, Livre de Poche, coll. La Pochotèque, Paris, 1992 ▶ Le Théâtre, ouvrage collectif, Bréal, coll. Grand Amphi, Rosny, 1996 ▶ Site INA boutique pour une interview de Patrice Chéreau sur sa mise ne scène Filmographie : ▶ Alfred Hitchcock : La Corde ; Une Femme disparaît ▶ Stanley Kubrick : Eyes Wide Shut ▶ Georges Franju : Judex ▶ David Lynch : Elephant Man ; Mullholland Drive ▶ Charlie Chaplin et Buster Keaton 13 2. Petit vocabulaire du vaudeville D’après Sylvie Chalaye L’Affaire de la rue de Lourcine, collection «Parcours de lecture», éditions Bertrand- Lacoste, 1994 Aparté (n. m.) : réplique qui n’est pas censée être entendue sur scène, mais que le personnage énonce distinctement pour mettre le spectateur dans la confidence de ses pensées, ou le prendre à témoin et solliciter son adhésion. Quiproquo (n. m.) : péripétie qui repose sur la méprise et consiste à prendre quelqu’un pour un autre, ou par extension à faire erreur sur le sujet d’un propos. Pataquès (n. m.) : astuce qui consiste à substituer, au cours de la conversation, un mot à un autre, ou à faire une fausse liaison, pour rattraper la situation, ou tenter de changer de sujet. Coq-à-l’âne (n. m.) : rebondissement du dialogue qui relève d’un changement brutal de sujet. Imbroglio (n. m.) : intrigue particulièrement embrouillée. Péripétie (n. f.) : événement imprévu qui change le cours de l’action dramatique. Rebondissement (n. m.) : sorte de péripétie, évènement nouveau qui survient pour relancer l’action dramatique en empêchant le dénouement prévu de se réaliser. Coup de théâtre (n. m.) : retournement radical et brutal de la situation. Chassé-croisé (n. m.) : mouvement de scène comique qui joue sur une circulation des personnages : ils entrent, sortent, se cherchent, se cachent, s’évitent au point de former un ballet burlesque. Cabotinage (n. m.) : jeu outré d’un comédien qui recherche les réactions d’approbation du public et non la nuance de son rôle 14 3. Les ressorts du comique D’après Sylvie Chalaye L’Affaire de la rue de Lourcine, collection «Parcours de lecture», éditions Bertrand- Lacoste, 1994 Le comique de situation II appartient à l’intrigue et est provoqué par l’incongruité de la situation dans laquelle se retrouvent les personnages. La réussite de cet effet comique dépend étroitement de la connivence avec le spectateur. C’est pourquoi le procédé de l’aparté est souvent mis en oeuvre dans ce type de comique. L’amant, caché dans l’armoire ou sous le lit pour échapper au mari revenu inopinément, est une situation comique traditionnelle du vaudeville. Le comique de caractère II relève de l’obsession d’un personnage : sa poltronnerie (Sosie dans Amphitryon de Molière), son avarice (Harpagon dans L’Avare de Molière), sa mégalomanie (le matamore ou le capitan de la Commedia dell’arte), sa goinfrerie (Ubu de Jarry)... Le comique de geste Il s’attache au jeu des comédiens et est provoqué par le comportement physique qu’ils adoptent : grimaces, mimiques, cabrioles, acrobaties... Cet effet comique dépend donc étroite-ment du tempérament des comédiens et de la mise en scène élaborée. Le comique de langage II se situe au niveau de l’échange verbal et repose sur de « bons mots », c’est-à-dire sur un dialogue enlevé qui recherche les pointes humoristiques. Le comique de répétition Il résulte de la reproduction mécanique d’un même schéma, que ce soit au niveau de l’intrigue, du dialogue, ou de la gestuelle. II contribue au burlesque et se retrouve tout particulièrement dans le cinéma muet. Le comique de caricature Il repose sur des pro-cédés d’imitation et d’exagération, et contribue en général à la parodie ou à la satire. Le comique de l’absurde Il naît d’une absence de sens, d’une incohérence gestuelle ou verbale. Quiproquo, coq-à-l’âne et pataquès contribuent souvent à ce type de comique. 15 4. Le genre Labiche D’après Pierre Voltz. Extrait de «Le genre Labiche» Revue Europe, 72è année, N° 786/oct 94 Il y a un paradoxe du cas Labiche. L’histoire de la plus constant) vient du regard qu’il porte sur le monde littérature et les jugements d’esthétique littéraire ne contemporain, et qui vaut d’abord par sa variété. En lui font aucune place, ou lui concèdent un strapon- effet il ne peint pas seulement le bourgeois, même si tin. Il est pourtant - et de loin - l’auteur comique celui-ci est la cible privilégiée de son rire. Il s’essaie français du XIXe siècle le plus joué, et reconnu par à lui opposer le monde aristocratique (l’aristocratie les gens de théâtre pour son art du dialogue et ses de fraîche date des plaisirs du Second Empire...), il distingue les grands bourgeois très riches des mots irrésistibles. C’est sans doute parce que son œuvre est difficile gens simplement aisés et des petits-bourgeois, sans à classer, qu’elle est ce qu’on pourrait appeler un oublier la race des domestiques, des employés, «mixte». S’il y a d’un côté la tradition de la comé- des militaires, avec une précision dans les détails die bourgeoise, d’essence réaliste (Labiche y aspire de moeurs qui permet d’identifier des types de peut-être mais elle ne lui appartient pas), et de comportement sociaux. l’autre la tradition de la bouffonnerie gratuite, dite Mais c’est la nature de ce regard qui est caractéristique de la complexité du «genre Labiche». au milieu du XIXe siècle vaudeville mais aussi avec Offenbach « Il est pourtant - et de Tous les personnages [...] sont saisis opérette (la différence entre loin - l’auteur comique dans la médiocrité de leurs calculs, les deux étant plus du côté de français du XIXe siècle le avec une férocité tranquille. Saisis la musique que de la «pièce»), plus joué, et reconnu par dans un comportement typique, relativement abstraits de toute Labiche ne relève d’aucune des deux. Il s’est créé une troisième les gens de théâtre pour implication individuelle, sans voie, voie qui mêle (à travers ces son art du dialogue et ses évolution, sans travail sur soi, dans une fable au dénouement plaqué deux formules qu’il utilise à des mots irrésistibles. » (si souvent bâclé qu’il faut bien en degrés divers) les intentions d’un moraliste et l’usage du grossissement, et surtout qui conclure que le dénouement lui est indifférent), ils fait de ce dernier la manifestation scéniquement sont en dehors de toute condamnation explicite, concrète des premières. La déformation comique comme des cas de figure sans histoire. Ils sont (dite «bouffonne», ou «surréaliste» plus tard, ou comme ils sont, et cela le fait rire. Les juge-t-il ? Il «absurde» encore...) est chez lui systématiquement peut avoir de l’indulgence, je ne suis pas sûr qu’on non-naturaliste, théâtralisation d’un point de vue de puisse dire qu’il a de la sympathie pour eux. moraliste sur le siècle et sur l’humanité. Cette voie On trouve là l’origine d’un débat autour de Labiche qui traduit bien cette radicale ambiguïté : est-il s’inscrit dans une tradition, celle de la farce. Moraliste, Labiche ? Oui, et, mis à part un tout petit un amuseur, est-il le dénonciateur de la société de nombre de pièces de circonstance ou de commande son temps, a-t-on le droit de le lire (et de le mettre exécutées rapidement (revues, folies, etc.), assez en scène) comme auteur noir (comme on le fait constamment, si l’on veut bien lire l’ensemble de volontiers depuis l’ouvrage de Soupault), est-il son œuvre sans l’idée a priori qu’un comique du suffisant de le renvoyer au «simple comique» si grossissement ne peut pas être porteur d’un regard cette expression a un sens ? Peut-on être tranquille et féroce à la fois ? Labiche est à mes yeux assez critique. [...] L’autre aspect du moraliste (le plus intéressant, le constamment les deux. Il est en tout cas difficile de 16 soutenir qu’il n’est pas conscient de la dimension critique de son œuvre à l’égard des personnages et de la société qu’il met en scène. Moraliste, Labiche obéit à la tendance constante de mettre les personnages au service d’une «morale». De ce fait les mécanismes de l’intrigue obéissent plus à une volonté extérieure (la sienne) qu’à une logique interne des personnages. Aucun souci chez lui d’une exactitude des temps de la fiction (on expédie un repas en quelques minutes, on voyage aussi vite qu’on mange), seul compte le rythme des événements. L’espace n’a pas plus d’épaisseur : en tant qu’il est nommé et désigné par un décor (souvent passe-partout) il renvoie au monde social de référence ; pour le reste il est simple support aux mouvements des personnages, il est fait essentiellement de portes par où ils entrent et sortent selon que l’auteur a besoin qu’ils soient présents ou absents. L’invraisemblance des péripéties ne vaut que par la qualité de l’invention (la fantaisie, l’inattendu, le cocasse, l’accumulation des catastrophes). Mais toujours le but est clair : mettre les personnages dans une situation de panique telle qu’ils soient obligés de se révéler, dans l’instant d’une réplique énorme et cependant parfaitement éclairante sur leur comportement secret le plus profond. Ainsi ce qui est défaut apparent pour un esprit rassis est parfaitement cohérent avec la double intention morale et comique. Reste, au centre du dispositif, le personnage, manipulé et pourtant prééminent. C’est la façon de l’animer qui est la marque la plus forte du style de Labiche. D’abord il est toujours mû par un mobile convenu nommé et jamais développé dans une temporalité (naissance, évolution, changement de position), mais manifesté dans un incident burlesque qui le met brusquement en lumière. Cet incident est en général antérieur extérieur à la scène et donne lieu à un récit d’ouverture (souvent un monologue assez directement tourné vers le public). [...] Ce mobile tourne le plus souvent (et traditionnellement) autour de la situation de la cellule familiale. C’est d’abord le mariage, autour de la jeune fille (personnage en creux), avec deux possibilités : on l’aime instantanément, ou au contraire une indifférence permet les changements d’objet (comme dans Le Point de mire), pourvu qu’on épouse. C’est aussi le maintien du couple face aux dangers de l’adultère ; Le Chevalier des dames, Si jamais je te pince, etc.), ou celui de l’amitié face aux dangers des aventures (Le plus heureux des trois, Le Prix Martin), le souci de sauver les apparences (La Poudre aux 17 yeux), ou encore celui de sauvegarder le couple pèrefille (Le Major Cravachon, Les deux Timides, Mon Isménie). Plus exceptionnel, la recherche d’un père (Un garçon de chez Vert). C’est encore, en marge de la cellule familiale jamais vraiment absente, l’irruption du désir, à condition que le plaisir soit sans danger, thème qui se développe en gaudriole clandestine à mesure que la société se libère (Le Papa du prix d’honneur, Le plus heureux des trois, Les trente millions de Gladiator, La Clé). C’est aussi l’horreur du crime (L’affaire de la rue de Lourcine, Le Mystère de la rue Rousselet, Un pied dans le crime, Le Prix Martin), la crainte du désordre financier (Les trente-sept sous de Mr Montaudouin), l’irruption du passé (Permettez Madame, Célimare le bien aimé). C’est, plus simple-ment, plus passivement encore, l’élimination des obstacles, qui est au principe des pièces poursuites ou cauchemar (Un chapeau de paille d’Italie, La Cagnotte, Les chemins de fer). Or tous ces mobiles ont quelque chose de commun : le thème fondamental du personnage (ou si l’on veut, en termes actanciels, le «destinataire»), c’est la recherche du repos, de la paix, de la tranquillité. Le personnage a du mal à se constituer en sujet, il occupe la place de l’opposant à tout ce qui peut le faire bouger, opposant non pas à un sujet particulier (qui ferait une dramaturgie du conflit, ce que n’est pas celle de Labiche), mais à tout événement nouveau qui se présente. La caractéristique majeure du «genre Labiche» qui en découle est que ses personnages n’ont qu’un souci : rester immobiles, se défendre, faire face. Dans l’urgence, ils réagissent vite (phrases courtes, multiplication des plans par l’aparté), au risque de dire n’importe quoi (pataquès, impropriétés, énormités), enfermés dans la répétition, sans humour, toujours graves (ce qui augmente leur comique involontaire). Le genre Labiche n’est pas la «pièce bien faite» chère à Francisque Sarcey. Sarcey écrit (Le Temps, 10 février 1868), à propos d’une pièce de Labiche : «Le genre où il s’acharne est épuisé. Il faudra qu’il prenne la peine de composer ses vaudevilles. Ceux qu’il nous donne à présent n’ont ni commencement, ni milieu, ni fin ; c’est une succession de scènes détachées que relie tant bien que mal le fil du titre. Le public m’a tout l’air d’en être bien las.» (Cité par J. Robichez dans son édition du Théâtre de Labiche, tome II, p. 597). 5. Les objets D’après Sylvie Chalaye L’Affaire de la rue de Lourcine, collection «Parcours de lecture», éditions BertrandLacoste, 1994 Les objets prolifèrent dans cette comédie et envahissent autant la scène que le discours des personnages. Ils apparaissent, ils disparaissent, et sont essentiels à ce principe de la prestidigitation qui anime le vaudeville. C’est autour d’eux que s’enclenchent les mouvements de scènes : loin d’être de simples accessoires, ils participent de l’intrigue, font avancer et rebondir l’histoire et représentent même parfois l’enjeu de l’action, comme le fameux parapluie à tête de singe dont la disparition mobilise tous les personnages. Les éléments d’un décor bourgeois Cette prolifération des objets renvoie au matérialisme du monde bourgeois dans lequel s’inscrit l’histoire. Ils contribuent parfaitement à installer l’image d’un intérieur cossu et confortable, où l’on se laisse aller à tous les plaisirs du luxe [...] Tabatière, mouchoir, montre, parapluie et journal représentent quasiment la panoplie du parfait rentier au XIXe siècle. Par leur fonction mimétique, ces accessoires définissent clairement le milieu social dans lequel évoluent les personnages. Ce sont des objets qui appartiennent à cet art de la poudre aux yeux que cultive la bourgeoisie, tels des signes de reconnaissance. Ils contribuent à asseoir son homme, à lui donner une certaine prestance, à ritualiser son comportement. Ces objets ne sont que les pièces détachées d’un décor bourgeois du Second Empire, avec tout ce qu’il comporte d’artifice et de jeux sur les apparences. Le journal Objet de la supercherie, le journal apparaît comme le ressort de l’action. C’est la substitution de Justin qui déclenche toute l’affaire. Aussi ce petit bout de papier tient-il un rôle primordial dans la pièce : il a une fonction diégétique, puisqu’il représente l’élé18 ment perturbateur, le grain de sable qui fait dérailler la machine et empêche Lenglumé de reprendre, après son escapade nocturne, le cours normal de son existence d’«homme rangé». Ce journal périmé est la clé de l’énigme, il noue l’action en enclenchant la panique et la frénésie de dissimulation, mais il la dénoue également en réapparaissant au moment crucial : il apporte alors la révélation, le fin mot du mystère qui rétablira l’ordre dans la vie du petit rentier. Le parapluie et le mouchoir L’intrigue de la pièce repose sur une pseudo-affaire criminelle, aussi comme dans toute affaire de ce genre, les objets oubliés sur les lieux du crime peuvent trahir son auteur et mettre la justice sur une piste. Or, la première pièce à conviction qui jette le doute dans l’esprit de Lenglumé est le fameux parapluie à tête de singe. Ce parapluie occupe une place envahissante dans la pièce. on finit par voir en lui un véritable personnage. Sans jamais apparaître matériellement sur scène, il est constamment présent dans le dialogue. Les uns veulent le retrouver, les autres le voir disparaître. [...] [...] Ce parapluie finit par prendre vie, et sa tête de singe, renvoie en fait à la moquerie même qu’il représente, c’est un parapluie qui fait un sacré pied de nez à ces bourgeois endimanchés qui s’apprêtent pour un baptême. Quant au mouchoir, l’autre indice révélé par l’article du journal, et qui porte apparemment les initiales de Mistingue, il permet de confirmer aux yeux du spectateur qu’il s’agit d’une coïncidence puisque le mouchoir de Mistingue est en réalité en la possession de Justin qui est enrhumé. Les apparitions spontanées Tour de cheveux, charbon, noyaux, bonnet et sou- lier... Mistingue et Lenglumé traînent derrière eux ce qu’ils croient être les traces compromettantes de leur crime. Le charbon qui leur noircit les mains devient le sang qui baigne les mains criminelles des meurtriers. Mais nous sommes dans un registre comique et les deux bourgeois ne sont que des fantoches. Ensuite, après le tour de cheveux blond, l’apparition spontanée du bonnet et du soulier de femme introduit une dimension grivoise dans le crime : ces objets apparaissent comme les détonateurs du cauchemar, les embrayeurs d’une histoire sordide que s’inventent Mistingue et Lenglumé. Qu’ont-ils fait subir à leur victime ? Un objet peut en cacher un autre Un véritable jeu de force s’instaure entre les objets, car ce sont d’autres objets qui vont contribuer à la disparition des pièces à conviction : le lavabo contre le charbon, la tabatière contre le bonnet, le réchaud contre le soulier... et bien sûr l’argent en dernier recours. Dans ce monde matériel tout se passe en définitive sur le mode de la danse des objets. Les personnages ne sont pas maîtres d’eux-mêmes, ils sont agis par les objets qui leur dictent leurs comportements. Voilà la pire des aliénations. En fait, la bourgeoisie apparaît chez Labiche comme une société sclérosée par le règne des objets, ce sont eux finale-ment qui volent la vedette. C’est la substitution d’un journal à un autre qui provoque le drame, puis ce sont des objets qui convainquent Mistingue et Lenglumé de leur culpabilité. Les objets s’engouffrent dans le vide de leur lacune comme emportés dans le trou noir de leur mauvaise conscience. C’est pourquoi dans l’ordre de la réification qui régit ce monde, Mistingue finit par devenir lui-même un vulgaire paquet que Justin est chargé d’expédier en Autriche [...] Les objets de la scène Sur scène les objets n’ont pas la même valeur que dans la vie, car ils se chargent d’une signification qui dépasse leur fonction propre. C’est pourquoi l’objet appartient au discours théâtral et doit être envisagé comme un signe qui cumule différentes fonctions. La fonction mimétique : il s’agit d’une fonction qui fait de l’objet un élément du décor, un élément qui contribue à la reconstitution d’un espace donné. Grâce au jeu des comédiens et à la force de l’imaginaire des spectateurs, quelques objets peuvent à eux seuls convoquer tout un décor par un processus mé19 tonymique ; un simple trône, par exemple, suggérera l’espace d’un palais. La fonction diégétique : certains objets peuvent être partie prenante de l’action dramatique, c’est-à-dire faire avancer ou rebondir l’intrigue, la nouer ou la dénouer. C’est la cassette d’Harpagon dans L’Avare (Molière), le billet que Rosine laisse tomber du balcon dans Le Barbier de Séville (Beaumarchais), ou le fameux éventail qui bouleverse tout un village et donne son nom à la pièce de Goldoni. La fonction symbolique : l’objet théâtral peut avoir une portée symbolique, et renvoyer à une réalité abstraite ou concrète. Une pomme par exemple pourra apparaître sur scène comme le symbole du péché et de la transgression. La fonction ludique : les objets peuvent servir le jeu des comédiens et être le prétexte d’un mouvement de scène comique ou d’un gag. Le jeu du comédien va d’ailleurs parfois jusqu’au détournement de l’objet : un casque deviendra tour à tour sur scène un seau pour traire la vache, un saladier, un pot de chambre, un crachoir... et le comédien suggérera avec ce même objet une étable, une cuisine, une chambre à coucher, un salon. 6. Notes de répétition de Klaus Michael Grüber Extraits de Klaus Michael Grüber... « Il faut que le théâtre passe à travers les larmes », portrait proposé par Georges Banu et Mark Blezinger, Éditions du Regard - Académie expérimentale des Théâtres - Festival d’automne à Paris, 1993 (épuisé). Ces textes, ainsi que d’autres témoignages, figureront dans l’ouvrage dirigé par Georges Banu, Klaus Michael Grüber : au centre de l’émotion qui sera publié en octobre 2010 chez Actes Sud (collection « Le Temps du théâtre »). La Schaubühne et Klaus Michael Grüber ont créé « Die Affère Rue de Lourcine » en mai 88. Voici quelques extraits de notes de répétition : ▶ Le texte de Labiche est bien construit c’est pour cela qu’on peut le traiter comme une chose secondaire. Ce que l’on dit vient simplement à la bouche, le reste est à conquérir… ▶ La règle pour de telles pièces : ralentir ou accélérer. (*voir notes sur le traitement du temps chez Keaton) Ne pas entrer dans la psychologie des profondeurs. Avec ce principe tout devient lumineux… ▶ Lorsque les objets (chaussure, coiffe…) paraissent, ils sont plus rapides que vos pensées. Rendre les objets plus forts que les comédiens, les rendre dangereux. L’objet vous écrase, et non le contraire. Vous êtes victimes de ce qui est là… ▶ La parole est plus libre, plus dissolue, plus irrésolue. Ne pas mettre d’intentions là, derrière. Il n’y a pas une différence si grande entre Labiche et Beckett (*ni entre Beckett et Kafka !). Les mots sont propres, sans fardeau. Encore et toujours revenir au degré zéro… ▶ Je cherche à trouver un accord avec vous sur le fait que l’assassinat (ou le suicide, peu importe) a pu avoir lieu vraiment. Nous ne faisons pas une comédie. La comédien se retourne et pourrait mourir dans l’instant qui suit, mais il se retourne et dit : « Ma chaussure est trop grande. »… 20 ▶ On doit d’abord produire quelque chose, la structure de base, quelque chose doit être là. Ensuite je peux travailler. C’est pourquoi je voudrais que vous fassiez le travail préliminaire avec Ellen Hammer, que vous produisiez la base. Cela je ne peux pas le faire, je m’y perds immédiatement… (*méthode de travail : mise en place d’abord) ▶ Justin : Tes yeux sont déjà bâtis pour l’éternité. Ne pas regarder autour de toi avec tant d’étonnement. Si les yeux, le visage restent pareils, on sent la séparation de la parole et de la pensée. Cela a quelque chose avoir avec le comique… « (*parallèle avec les yeux et le regard de Buster K.) ▶ Je prends peur lorsque les choses s’établissent, c’est pourquoi je modifie la scène. Je sais que vous êtes suffisamment forts pour me combattre. J’ai pris la décision de renoncer à prétendre quelque chose. Vous, au contraire, vous devez le faire. Et permettez-moi de vous jeter de petites bombes sans vous laisser désécuriser. Le mieux serait que vous soyez tous joyeux. ▶ Il y a deux choses dans cette histoire : d’un côté une tentative d’être léger/banal, mais tu parles exactement de la même façon si tu fais un Hölderlin ou un Labiche, cela revient au même. De l’autre côté il y a là une petite larme fondamentale. ▶ « Ah » est l’expression la plus importante que tu aies à ta disposition. ▶ Qu’est-ce que le comique ? (À oublier tout de suite, je vous prie.) Le comique ne signifie pas faire rire quelqu’un, c’est peut-être au contraire la façon la plus élégante de fréquenter la mort. (*voir la thématique du suicide chez Keaton et Kafka). Regarder comme ça, comme ça et comme ça. Nous ne sommes pas cyniques. Il n’existe aucune autre motivation pour le rire que la mort. Tout le reste est farce. Lorsque nous aurons compris cela, nous pourrons peut-être avoir une relation plus libre, moins embarrassée. C’est une sorte de combat à l’épée. Comme Nietzsche qui, un jour, sur un balcon de Turin, ne put plus supporter la musique de Wagner. Cela a quelque chose à voir avec l’attitude que l’on adopte un jour à l’égard de la mort. Vous avez un potentiel aussi grand que celui de Nietzsche sur son balcon de Turin de mettre en péril notre travail. 21 L’équipe Yann Dacosta (Metteur en scene) Issu de la promotion 2005 de l’Unité Nomade de Formation à la mise en scène au CNSAD de Paris. Metteur en scène de théâtre, de théâtre musical, d’opéra et réalisateur. Il développe sur scène un univers esthétique à la fois cinématographique et musical, toujours très plastique, au cœur duquel les comédiens restent les maîtres du jeu. Après une formation en cinéma et audiovisuel il intègre le Conservatoire National de Région de Rouen d’où il sort en 2000 avec le 1er Prix d’Art Dramatique obtenu avec « Félicitations du Jury ». Pendant sa formation, il part à Moscou en apprentissage auprès de Kama Guinkas au Théâtre d’Art de Moscou (Mkhat). En 2006, il intègre le Master 2 Mise en scène et dramaturgie à l’Université Nanterre Paris X où il continue de se former (Alain Françon ; Théâtre Ouvert, Pierre Debauche…). Entre 2003 et 2006, il travaille comme assistant à la mise en scène auprès d’Alfredo Arias. Avec une partie de la promotion issue du CNR de Rouen, il fonde la Compagnie Le Chat Foin et met en scène : 2000 : Les précieuses ridicules de Molière 2001 : Eva Peron de Copi 2004 : Une visite inopportune de Copi 2007 : Le baiser de la femme araignée de Manuel Puig (théâtre musical) 2009 : Drink me, Dream me (Alice au Pays des Merveilles) de Lewis Carroll (opéra parlé) 2010 : Le Tableau de Victor Slavkine 2012 : Ma vie est une histoire vraie (spectacle musical piano/voix conçu et réalisé avec Thomas Germaine et Hélène Francisci). Depuis 2009, il se consacre plus particulièrement à R.W. Fassbinder. 2009 : Feu (Réalisation d’un documentaire théâtral sur l’œuvre de Fassbinder) 2011 : Le Village en Flammes de R.W. Fassbinder 2013 : Les Larmes amères de Petra Von Kant de R.W. Fassbinder 2011-2013 : Le Bouc de R.W. Fassbinder (Action artistique et pédagogique menée dans les établissements scolaires et sociaux autour de la question du groupe et du bouc émissaire). Parallèlement aux spectacles montés avec la Compagnie du Chat Foin, il répond à des commandes : 2005 : ¿Que tal Carmen ? (une version jazz et rock de Carmen commandée par le jazzman déjanté Laurent Dehors pour son ensemble Tous Dehors). 2006 : Bataille Intime d’après R. Topor. (Chorégraphie : Sylvain Groud ; Direction d’acteurs : Yann Dacosta) 2007 : Corneille, Mesguich: L´aventure de la langue (Réalisation d’un documentaire sur Daniel Mesguich mettant en scène Cinna de Corneille) 2010 : L’île de Tulipatan de Jacques Offenbach (Production Opéra de Rouen, reprise à l’Opéra-théâtre de Saint Etienne ; au Théâtre musical de Besançon et Vevey (Suisse)) 2013 : L’enlèvement au Sérail de Mozart (Production Opéra de Rouen, Opéra Royal de Wallonie à Liège, Opéra Théâtre de Saint Etienne, AsLiCo Italie) Également comédien, on a pu le voir récemment sur scène dans : 2010 : Chat en poche de Georges Feydeau (Mis en scène par Catherine Delattres, rôle de Dufausset) 2012 : Carmen de Georges Bizet (Mis en scène par Frédéric Roels, rôle de Lilas Pastia. A l’Opéra de Rouen et l’Opéra de Versailles) 22 Pablo Elcoq (Compositeur, musicien, chanteur) Vers 10-12 ans, il fait ses premiers accords de guitare, ses premiers textes et ses premières chansons. Vers 15 ans, ses premières scènes : batteur puis chanteur, guitariste dans un groupe de rock. 19 ans, auteur / compositeur / interprète dans le groupe PALJEPHICELA : Premiers retours réellement encourageant de la part du public mais aussi des professionnels de la musique. Au cours des années qui suivirent, il s’est principalement concentré sur la composition, l’orchestration, la réalisation, l’édition de partitions, apprenant à écrire des styles divers et variés. Répertoires, projets de création, ateliers l’ont également amené à ouvrir sa musique à d’autres disciplines telles que la poésie, le théâtre, le documentaire et le cinéma. Il débute sa collaboration avec la compagnie Le Chat Foin en 2001 avec Une visite inopportune. Mais c’est en 2007 que la révélation s’opère avec la composition musicale qu’il créé pour Le Baiser de la femme araignée. En 2009, il compose la musique de Drink me, Dream me qu’il interprète sur scène avec deux autres musiciens. En 2011, il compose la musique du Village en Flammes, et en 2014 celle de L’Affaire de la rue de Lourcine. Benjamin Guillard (Lenglumé) Formé au Conservatoire National Supérieur d’art Dramatique, Benjamin Guillard a pour professeur Philippe Adrien, Gérard Desarthe, Muriel Mayette, Mario Gonzales, Caroline Marcadé... Au théâtre, il travaille notamment sous la direction de Philippe Adrien dans Yvonne, princesse de Bourgogne et Meurtres de la princesse juive, Alain Gautré dans L’Avare, Julia Vidit dans Fantasio, Jean Bellorini dans Paroles Gelées. A la télévision, il travaille sous la direction de Jean-Daniel Verhaeghe dans Une partie de campagne, Stéphane Kappes dans Merlin. Il assiste François Morel dans sa mise en scène de Bien des choses puis le met en scène dans La nuit Satie (avec la chanteuse Juliette et le pianiste Alexandre Tharaud) et dans La fin du monde est pour dimanche (création 2013). En parallèle, il réalise deux courts métrages Looking for Steven Spielberg et Véhicule-École et écrit son premier long métrage. Guillaume Marquet (Mistingue) En 2011, il a reçu le Molière du « Jeune Talent Masculin » pour son rôle de Rédillon dans Le Dindon (mise en scène de Philippe Adrien, Théâtre de la Tempête). Formation au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris et au Studio-Théâtre d’Asnières sur Seine. Au théâtre, il a travaillé avec Philippe Adrien (Yvonne, Princesse de Bourgogne, Meurtres de la princesse juive, Ivanov, Le Dindon et Bug) ; Hélène Vincent (Van Gogh à Londres. Rôle de Vincent Van Gogh) ; Robert Cantarella (La jalousie du Barbouillé et Une belle journée) ; Florence Giorgetti (Dormez, je le veux !) ; Philippe Minyana (Suite 2) ; Alain Gautré (L’Avare) ; Antonio Latella (Périclès) ; Christian Gangneron (Les Sacrifiés, Pierre et le Loup et Zazie dans le métro) ; Agathe Alexis (L’épreuve) ; Robert Bouvier (Les acteurs de bonne foi) ; Sophie Lecarpentier (3 folles journées ou la Trilogie de Beaumarchais) ; Hervé van der Meulen (Les trente millions de Gladiator) ; Julie Timmerman (Un jeu d’enfants et Words Are Watching You) ; Chantal Deruaz (L’Ile des esclaves) ; Patrick Simon (Supplément au voyage de Cook) ; Jean-Louis Martin-Barbaz (Lorenzaccio)... Cinéma avec Karim Dridi, Alain Corneau (Pré-nomination « Meilleur Espoir Masculin », César 2011) et Jacques Maillot. 23 Jean-Pascal Abribat (Potard) Jean-Pascal ABRIBAT est diplômé du Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique en 1998 où il a eu comme professeur Daniel Mesguich, Stuart Seide, et Catherine Hiegel. Avant cela, il avait commencé à fréquenter des scènes et classes de théâtre dès son enfance puis continué à se former au CNR de Versailles, à la Maison des conservatoires (ESAD), etc... Il travaille au théâtre sous la direction de Sylvain Maurice (Le précepteur de Jacob Lenz), Jean-Pierre Miquel (Les fausses confidences de Marivaux), Emmanuel Demarcy-Mota (Peine d’ amour perdue de Shakespeare - Marat-Sade, de Peter Weiss ), Christian Rist (Aminte de Torquato Tasso), Jean Boileau (Les métamorphoses, d’ après Ovide), Anne-Laure Liégeois (Edouard II de Marlowe - La Duchesse de Malfi de Webster), Jacques David (Quand nous nous réveilleront d’entre les morts de Enrik Ibsen - Le 20 novembre de Lars Norén), Stéphanie Chevara (Bartleby d’après Melville - Kroum L’ ectoplasme de Hanokh Levin). Il travaille aussi pour la télévision ou le cinéma sous la direction entre autres de Nicolas Boukhriev, Martin Provost , Didier Le Pécheur, Éric Valette, Philippe Leguay, Gilles Bannier, Christophe Douchand, Serge Meynard, Clément Michel, Agathe Teyssier, Philippe Triboit, Jean-Pierre Ameris,... Hélène Francisci (Norine) Formée à l’Ecole du Théâtre national de Chaillot, au Conservatoire à rayonnement régional de Rouen, à l’Ecole du Théâtre des deux rives (Alain Bézu) et a suivi des stages avec Catherine Anne, Pierre Debauche, Robin Renucci, Brigitte Jaques-Wajeman, Mario Gonzalès, Claire Lasne, Claudia Stavisky, Michel Lopez et Saskia Cohen Tanugi. Au théâtre, elle travaille sous la direction de L. Berger (Le baladin du monde occidental, Le suicidé), Sophie Lecarpentier (Une année sans été, Les rencontrées du bel hasard, Le jour de l’italienne et L’Epreuve), Fabienne Rouby (Orénoque), Catherine Delattres (Le Cid, Les serments indiscrets), P. Vial (El Campiello, Le mariage de Figaro), Eric Petitjean (Vous avez dix diablogues, Céleste, gouvernante de Mr. Proust) Yann Dacosta (Drink me, Dream me, Ma vie est une histoire vraie, Le Village en Flammes, Les Larmes amères de Petra Von Kant). Elle est également formatrice de lecture à voix haute et intervient au sein des bibliothèques, hôpitaux, en milieu associatif et dans le monde de l’édition. Avec son Cabaret Littéraire, elle sillonne la France accompagnée par Vincent Bénard au piano. Pierre Delmotte (Justin) Pierre Delmotte intègre en 2005 le Théâtre-École d’Aquitaine et la Cie Pierre Debauche à Agen, où pendant 3 ans, il interprète plusieurs rôles des pièces des grands auteurs du théâtre classique. Molière, Shakespeare, Marivaux, Labiche, Feydeau mais aussi Claudel et Maeterlinck. En 2009, il fait partie de la première promotion du GEIQ Haute-Normandie. Il y joue Nelson, dans la pièce d’Edward Bond Le Numéro d’Équilibre, mis en scène par Jérôme 24 Hankins. Il y rencontre également Thomas Jolly, ainsi que Yann Dacosta qui le met en scène dans En attendant la récré, de Catherine Anne, et dans Drink Me Dream Me, d’après Lewis Carroll. Il a joué Treplev dans La Mouette de Tchekhov et dans Le jeu de l’Amour et du Hasard de Marivaux mis en scène par Catherine Delattres ; et celui de Renart dans Un Roman de Renart avec le Théâtre de la Canaille. Depuis 2011, Pierre Delmotte travaille avec la Cie Un train en cache un autre et Hélène Cabot dans le cadre d’interventions artistiques en milieu hospitalier. Pierre Delmotte travaille régulièrement avec La Cie du Chat Foin, et après Le Village en Flammes, de R.W. Fassbinder, Yann Dacosta le dirigera à nouveau dans L’Affaire de la rue de Lourcine, d’Eugène Labiche, en 2014. Pauline Denize (violoniste, chanteuse) Violoniste de formation classique, Pauline Denize obtient son Diplôme d’Etudes Musicales au Conservatoire de Rouen en 2009 (unités de valeur : violon et musique de chambre). La même année elle intègre le groupe «Zygomatik» qui lui donnera goût aux musiques plus actuelles et improvisées. Que ce soit sur scène ou en studio d’enregistrement, elle compose et arrange ses parties musicales au sein de différents groupes tels que «Shubni» ou «Mathilda Tree». En 2010, elle interprète «Youkali» pour la bande son originale du film La Fée de Dominique Abel, Fiona Gordon et Bruno Romy, pour accordéon, violon, contrebasse et voix. La saison dernière c’est pour la web-série Les Visiteurs du Futur, Saison 2 et prochainement la Saison 3 qu’elle interprète en groupe la musique de Jimmy Tillier. Parallèlement à ses expériences musicales, elle se forme également en danse contemporaine au sein de centres comme la Manufacture, centre d’images et de mouvements d’Aurillac en 2009, puis aux RIDC (Rencontres Internationales de Danse Contemporaine) en 2011, où elle obtient son Examen d’Aptitudes Techniques option danse contemporaine. A la suite de cela elle chorégraphie et danse pour le spectacle de danse-théâtre Regarde-Moi Nue avec Gabrielle Tanter (comédienne) au sein de la compagnie havraise Chouf Noujoume. 25 26 Contact Compagnie Le Chat Foin 18 rue Georges d’Amboise 76 000 Rouen www.ciechatfoin.com n° licence : 2-139965 Marielle Julien Administration- production 09 82 39 64 20 [email protected] Claire Dupont Diffusion 06 66 66 68 82 [email protected] Yann Dacosta [email protected] 27