« Les Deux Timides »
Comédie vaudeville en un acte
Cécile aime Jules, mais Monsieur Thibaudier, son père, timide à l’extrême, n’a osé refuser l’offre
d’un autre soupirant. Par ailleurs, l’aimé est lui aussi d’une timidité navrante. La jeune fille
parviendra-t-elle à évincer le prétendant gênant ?
Les Personnages
Monsieur Thibaudier : le père, embourbé dans ses principes
Cécile : sa fille, un peu plus dégourdie
Garadoux : le prétendant importun, beau parleur sans vergogne
Jules Frémissin : l’amoureux timide
Annette : la femme de chambre
L’Histoire
Cécile attend la venue de Jules Frémissin, un jeune garçon qu’elle apprécie beaucoup… mais elle
découvre que son père a accordé sa main à un autre prétendant, Anatole Garadoux, beau parleur par
excellence. Elle tente donc de faire renvoyer l’importun mais son père préfère se taire et acquiescer
plutôt que de mettre qui que ce soit à la porte. Cela ne se fait pas ! Entre temps l’aimé fait son entrée,
s’efforçant de demander la main de la jeune fille. Mais face à un père qui a « une telle assurance », il
n’ose pas, lui non plus !
Les Intentions
L’action se déroule le matin, à une heure où Monsieur Thibaudier a normalement déjà pris son
petit-déjeuner, mais lui qui les redoute tant est assailli par des visites. Il choisit donc de faire préparer
son thé et son croissant quotidiens dans le salon de réception, mais là encore il lui sera impossible de
le boire avant qu’il ne refroidisse ou qu’on ne le lui subtilise…
On ne peut se contenter de définir Monsieur Thibaudier et Jules comme des timides. Ce n’est pas
un état constant. Seule la rencontre d’inconnus et la nécessité de s’affirmer face à eux, dans le cas, par
exemple, d’une demande en mariage, fait naître chez eux un doute extrême, une confusion grandiose,
une véritable incapacité à s’opposer et même à simplement communiquer. Plutôt que des timides, ce
sont des naïfs engoncés dans leurs principes, pour qui chaque nouvelle situation est une montagne à
franchir. Tout à fait conscient de cette aversion pour l’inconnu, cela n’empêche pas Monsieur
Thibaudier de donner des ordres à sa femme de chambre ou de réprimander sa fille, ou Jules
d’évoquer le fiasco de son premier plaidoyer.
Lorsque le père de Cécile parle d’Anatole Garadoux, ce prétendant gênant installé dans la chambre
d’ami depuis quinze jours, il l’admire. Il envie son éloquence et rêve de lui ressembler. On se
concentre sur la timidité, car c’est elle qui crée la situation dramatique, mais ce handicap ne les
caractérise pas en particulier. Chaque personnage est atteint, au moins une fois pendant la pièce,
d’une gêne, d’un malaise, apparenté à de la timidité : Annette, témoin de l’humiliation de son maître,
voudrait disparaître, ne souhaitant pas outrepasser les bienséances que sa position de femme de
chambre lui impose ; Cécile, elle-même, dès qu’il s’agit d’évoquer son amour pour Jules ou l’amour
éventuel que Jules pourrait avoir pour elle, est très mal à l’aise ; enfin Garadoux, qui jusqu’à la
dernière minute conservait cette figure assurée, à la mention de ses méfaits passés, devient rouge de
honte et fuit cette famille qu’il essayait d’embobiner.
Les Costumes
Les Thibaudier sont des bourgeois aisés, attachés à des principes de société et qui ne regardent pas
à la dépense. Les costumes traduisent cette aisance financière. La coupe des robes (années cinquante)
est simple — en accord avec la sobriété du décor — et élégante : une ligne fine mettant en valeur la
silhouette tout en restant assez sage à l’image des meurs des personnages. Pour les hommes, un
costume complet avec veste, gilet, cravate, pochette et pantalon, là aussi très élégants et sans fioriture.