VARIABLE : services écosystémiques Services écosystémiques – Prospective La notion de « services écosystémiques » est puissante dans la mesure où (1) elle fait converger économistes et écologues sur les questions de la gestion de la ressource, (2) elle permet une compréhension claire des interactions entre l’Homme et la nature et (3) elle est en accord total avec les courants de pensée (certains parleront de modes) concernant le développement durable puisque qu’elle se trouve à la jointure entre économie, environnement et société. MAIS, actuellement, l’utilisation opérationnelle de la notion de services écosystémique est freinée par : (1) une méconnaissance du fonctionnement des écosystèmes, de leur complexité et des interactions entre l’Homme et les écosystèmes (dans un sens l’Homme qui bénéficie de la production primaire des écosystèmes, dans l’autre, l’Homme qui nuit aux équilibre et à l’expression des potentialités des écosystèmes par leur dégradation avec la question sousjacente du « jusqu’où peut-on prélever sans que le renouvellement du stock soit impacté ? ») (2) les limites des économistes qui n’ont pas encore trouvé le moyen de traduire dans leur langage (ie. en termes économiques) la valeur intrinsèque de la biodiversité et des écosystèmes ; valeur qui se traduit en grande partie par la valeur de non-usage. Tout au moins, les politiques (et la société civile) jugent ces méthodes d’évaluation trop incertaine… Hypothèse 1 – réconciliation de l’Homme et de la nature La notion de SE continue de faire son chemin et est intégrée dans toutes les politiques européennes et nationales (DCE, DC Stratégie pour le Milieu Marin, PAC, Politiques énergétiques, politiques sur le transport…) dans la période 2010 – 2030. En parallèle, les scientifiques avancent sur la compréhension des (éco)systèmes, de leur complexité et des relations entre l’Homme (et ses impacts) et la nature (et ses services). Les recherches portées actuellement sur les liens entre biodiversité et services écosystémiques progressent et l’on comprend mieux l’intérêt de préserver l’environnement, les ressources et la biodiversité pour le bien-être de la société. Les économistes (et sociologues) progressent sur la question de la valeur (affective, économique, collective, …) et sur la manière de l’appréhender en réduisant les incertitudes : la valeur d’un écosystème particulier peut alors être connue de manière relativement précise par l’analyse des interdépendances entre l’Homme et son milieu (valeurs d’usage) et du rôle de la biodiversité et du bon (durable et de qualité) fonctionnement des écosystèmes (valeur de non-usage et/ou valeur d’option1). Cette meilleure capacité à expliciter l’importance des écosystèmes dans le système de pensée humain (valeur) permet de développer des nouvelles approches (économie verte, croissance durable, …) et d’inciter à un changement de comportement (limitation de la consommation, production de produit à empreinte écologique faible, conversion vers des sources d’énergies durables et non impactantes…). 1 C’est la valeur que l’on accorde à un bien ou un service pour son utilisation dans le futur. Je n’ai pas besoin d’eau pour le moment lorsque je suis wallon parce que je considère que les précipitations et la recharge des nappes sont largement supérieure à mon utilisation actuelle. MAIS je considère qu’il est utile de préserver un niveau de rechargement des nappes importants et d’éviter des gaspillages parce que cette ressource pourrait être vitale dans les décennies à venir (changement climatique, transfert régional voire national d’eau, pollution des autres nappes…). Hypothèse 2 – une approche utilitariste pure Les scientifiques avancent de la même manière que dans H1, mais les économistes et sociologues restent bloqués. En conséquence, les politiques ne retiennent que la dimension utilitariste de la notion de services écosystémiques, ie. ne s’intéressent pas à la valeur de non-usage. L’approche économique de la notion prend le dessus sur l’approche écologique. Les comportements ne changent que partiellement, visant principalement une optimisation de l’utilisation des écosystèmes par l’Homme (par exemple, comment maximiser le profit à partir des stocks restant de pétrole ?). L’une des conséquences est l’apparition de sectorisation du territoire : des zones sont sanctuarisées et l’Homme en est exclu alors que d’autres zones sont dédiées à l’Homme avec une utilisation effrénée du milieu. Le principe de compensation est roi (je dégrade ici mais restaure ou protège ailleurs). Une image permet d’illustrer cela : l’industrialisation de l’agriculture qui répartit un 1 hectare entre 0,5 cultivée de manière intensive et 0,5 ha laissée en jachère puis rotation // au contraire, l’hypothèse 1 correspond plus à 1 hectare cultivé en bio, voire biodynamie… Hypothèse 3 – Les crises et les instincts court-termistes de l’Homme prennent le dessus Le court terme prend le dessus sur le long-terme : les crises (économiques, financières, sociales) ne laissent pas le temps aux sociétés pour réfléchir à leur devenir. La notion de SE est mise de côté et les ressources continuent à être utilisées sans penser aux conséquences…