PRÉSENTATION DES CONFÉRENCES
Emmanuel DIET
Psychanalyste (CIPA)
Agrégé de philosophie, Docteur en psychopathologie et psychologie clinique
Chercheur-associé au CRPPC, Université Lyon II (EA 653)
Analyste de groupes et d'institutions (SFPPG)
Le management totalitaire: de l'emprise organisationnelle au harcèlement.
Dans le contexte social-historique du néolibéralisme dominé par les logiques gestionnaires
et l'évaluation normative, le discrédit du discours et de l'expérience est mis en acte par des
méthodologies de désubjectivation héritées de la guerre psychologique et des mouvements
sectaires. Procédurisations, novlangues, attaques sur le sens commun, les cadres symboliques,
les liens, la pensée et les incorporats culturels visent à réduire les sujets à l'état agentique et
à les soumettre à une aliénation caractérisée, sous couvert de culture d'entreprise, et de
modernité par l'idéalisation de la désubjectivation opératoire. C'est à identifier, décrire et
analyser les processus et mécanismes à l'oeuvre que s'attachera l'exposé.
Isabelle BARTH
Professeur agrégée des universités
Directrice générale de l'EM-Strasbourg
Co-présidente du Conseil scientifique de l'IP&M
MDDDO dans les organisations : l'Université en route pour l'Oscar ?
Y aurait-il des organisations plus propices que d'autres aux MDDDO ? Telle est la question
que nous allons nous poser en examinant le cas d'une organisation de type clanique (Ouchi)
: l'Université.
Renaud MULLER
Maître de Conférences, Université de Haute Alsace Mulhouse-Colmar
Le mensonge, déviance ou fondement institutionnel ?
Contraire à la vertu, à l’authenticité et à la vérité dans les relations individuelles et
collectives, le mensonge est régulièrement condamné, pourchassé, dans une filiation
intellectuelle que nous rappelle l’anthropologue psychanalytique Pierre Legendre. Pour
autant, une toute autre tradition, y voit un pilier caché de la vie institutionnelle que consacre
une expression citée par le même anthropologue : « le beau mensonge ». Sans lui, pas
d’écart entre la norme et les comportements individuels, pas d’espace intime, ni même
d’autonomie morale et donc d’éthique. C’est, rappellerons-nous, la raison pour laquelle le
« beau mensonge » a été enseigné dans les arts du gouvernement et de la négociation,
comme un habillage du vide, de l’incertain, de la mort, de l’écart entre la vie intime et la
norme. Héritier des grandes traditions d’organisation de la société, le management s’est
inspiré de cet art mais, hélas, pour faire mettre en scène la possibilité d’une d’adhésion
parfaite des individus à la norme organisationnelle dans laquelle le mensonge n’aurait plus
de place légitime. Les fantasmes d’organisations excellentes, transparentes, portent cet
idéal dont on saisit la portée totalitaire. Est-ce étonnant que, dans de telles organisations
supposées parfaites, le mensonge soit parfois devenu une pratique aussi systématique et
violente que sa prétendue éradication ? Comment dès lors donner beau mensonge la place
qu’il mérite dans la vie institutionnelle ? Quelle distinction établir entre « beau mensonge »
et « mauvais dol » (Legendre, 1988), à la déviance ?
Gilles HERREROS
Sociologue
Professeur des universités, Université Lumière Lyon II
Centre de recherche et d'études anthropologiques
Préférer la négativité à la transparence
Le management manie, le plus souvent, une "langue institutionnelle" leurrante et
déréalisante. Expliquer cette pratique selon des modèles convoquant la théorie du complot
est aussi improductif que d'espérer convertir les managers à la transparence, à la sincérité
ou à l'objectivité... En effet, le discours managérial remplissant la double fonction de
produire un réel lisse, continu, uniforme et de réduire, autant que possible, les dissonances
qui surgissent entre ledit réel et leur expérience de l'organisation, il devient difficile
d'envisager de le réformer sur la base d'un appel à la raison ou à l'honnêteté. Seule une
organisation dont les contours seraient imaginés pour favoriser le travail de la négativité
pourrait, peut-être, introduire l'intranquillité nécessaire à la construction d'un monde
organisationnel moins leurrant. C'est de cette organisation utopique dont je tenterai
d'esquisser les contours.
Marcel MANTIONE
Médecin spécialiste Psychosomaticien
Philosophe
Peintre et Critique d'Art, Président de l'Académie Internationale des Arts et Lettres du
Languedoc-Roussillon, Fondateur et chef de file de la trans-méta-peinture
''L'art est un mensonge qui nous permet de dévoiler la vérité'', affirme PICASSO.