Réflexions à propos du Vieillissement (2008)

publicité
Réflexions à propos du Vieillissement :
On ne peut parler de vieillissement sans faire abstraction de la vie, de son commencement à sa
fin.
Mais quel est son commencement, quelle est sa fin ?
Certains pourraient considérer que la vie débute au moment de la fécondation, au moment ou
le spermatozoïde rencontre l’ovule et qu’ils fusionnent leurs noyaux pour donner la première
cellule de l’embryon. Cellule qui par divisions successives deviendra balstula, gastrula,
neurula
D’autres pourront dire que toutes ces étapes ne sont qu’un des modes d’expression de la vie
qui s’éteint par l’absence de nouvelle génération. L’atteinte à la génération par quelque
méthode que ce soit consistant en une atteinte à la vie. Se pose alors la question des
conséquences d’un « contrôle » du processus générationnel spontané. Conséquences à même
d’introduire un « biais » de sélection dans ce processus.
Mais ce n’est pas là le sujet de la discussion, qu’est ce d’autre le vieillissement que
l’expression même du processus vital, processus cyclique par lequel se développe un
« individu » à même de transporter et transmettre par fusion avec un autre individu la vie qu’il
a en lui. Les étapes de ce cycle, selon les espèces conditionnent la durée de la vie, l'éphémère,
qui éclot le soir et meurt le lendemain après reproduction, la palourde, la baleine arctique, la
tortue étoilée de Madagascar qui vivent plus d’un siècle et demi.
Quelles sont alors les fonctions que « le vivant doit assumer » fonctions propres au domaine,
à l’embranchement, à la classe, à l’ordre, à la famille, au genre à l’espèce, variété, sousespèce pour ne pas dire race ?
Le développement de l’individu appartenant à l’embranchement des chordés (500 Millions
d’années) s’accompagne de la perte progressive de la totipotence des cellules qui le
composent, de la constitution de feuillets : ectoderme, mésoderme, endoderme et de
l’organogénèse avec ses différents stades de neurula, de la métamérisation puis de
l’histogénèse. A chaque étape, la spécialisation des tissus devient de plus en plus grande.
La persistance de cellules souches totipotentes permet à l’organisme de croître et de se
réparer. Toutefois, la contrepartie à cette capacité à muter consiste dans le risque de
transformation de ces cellules en cellules cancéreuses. La probabilité cumulée de cette
transformation étant liée à la durée de vie de l’organisme. Pour compenser ce risque, des
mécanismes de régulation se sont développés au sein de l’organisme. Régulation par rétrocontrôle mais aussi régulation par anticipation.
L’anticipation nécessite la mise en œuvre d’une mémorisation et d’une capacité de
reconnaissance des variations de l’environnement « externe » mais aussi « interne »
Le support de cette mémoire prend différentes formes allant de la conformation du paratope
de l’immunoglobuline à l’organisation des inter-connexions neuronales.
Les caractères physiques et temporels propres de l’interaction de l’individu avec son
environnement induisent la mise en œuvre de formes de mémorisation différentes allant du
cal à la réaction de stress post traumatique. La répétition et l’apprentissage sont à même de
modifier l’expression de ces formes de mémoire. De même l’usage de l’outils.
Une des caractéristique globale de la mémoire des chordés c’est qu’elle repose sur une base
physique vivante. La capacité d’apprentissage est déterminée à la fois au niveau cellulaire et
au niveau de l’organisme.
La question qui se pose est alors celle des limites physiques de cette capacité à s’adapter. Le
formalisme développé par Komlos et Paturi en 1988 qui concerne les capacités de
mémorisation des mémoires associatives montre que la capacité de mémorisation d’un
système de ce type évolue selon une loi en N / Log(N) N étant le nombre d’unité élémentaires
de mémorisation. Il existerait donc une limite à cette capacité de mémorisation . Limite
dépendant du nombre d’unités élémentaires.
Pour pallier à cette limite, le vivant peut développer plusieurs stratégies, celle d’augmentation
du nombre de cellule élémentaire : le cas de l’éléphant ou de la baleine, de l’enfermement
dans une niche écologique limitant le nombre d’informations à mémoriser, du développement
social ou de mécanismes visant à éliminer les informations non pertinentes par l’oubli –
optimisation.
Qu’est ce alors que le vieillissement sinon la perte progressive des capacités à se renouveler
à entretenir ses capacités d’apprentissage et à oublier.
Cette réflexion fait apparaître l’importance qu’il peut y avoir dès la naissance (et même dès la
conception) à hiérarchiser les apprentissages tant sur les plans physique, psychique que
biologique, ceci de façon à permettre une organisation progressive et harmonieuse de nos
acquis.
Nous entrons là dans une toute autre dimension, fortement développée dans l’espèce humaine,
qui est celle de la transmission des apprentissages inter-individuels (école, vaccination, …).
Face à l’accumulation des connaissance, à leur nécessaire mise en perspective, se pose la
question des fondamentaux et bien naturellement celle de la place laissée au hasard pour
permettre l’adaptation au hasard. L’improbable devenant certain quand t tend vers l’infini. La
seule certitude que nous ayons étant celle de notre mortalité.
Didier Cugy
19 Avril 2008
Téléchargement