4.1.1.2.1. Atteintes cardio-vasculaire et pulmonaire
Les mécanismes cardiovasculaires d'adaptation de l'organisme à l'anémie sont :
-L’augmentation du débit cardiaque ;
-La diminution de la circulation dans certaines zones, en particulier la peau (vasoconstriction).
L’augmentation du débit cardiaque se caractérise par une polypnée et une tachycardie pour une
hémoglobine < 7,5 g/dl : d'abord provoquées par des efforts, importants au début (par exemple, la
montée d'un escalier), puis par des effort de plus en plus minimes ; enfin, elles deviennent
permanentes, même au repos, à un stade avancé.
Cette augmentation du débit peut s’accompagner à un stade avancé de l'anémie ou chez un
insuffisant cardiaque, de signes cardio-vasculaires tels que des palpitations traduisant
l'augmentation de l'activité cardiaque, perçues par le patient (généralement déclenchées par l’effort)
et de souffle anémique, lié à la diminution de la viscosité sanguine, pouvant apparaître sous forme
de douleurs coronariennes ou d'artérites. L'insuffisance de l'ajustement cardio-vasculaire dans une
situation associant état vasculaire déficient et anémie importante se manifeste sous forme de crise
d'angor (l'anémie révèle alors une coronaropathie sous jacente) et d’une insuffisance cardiaque
congestive avec oedèmes des membres inférieurs, dilatation des vaisseaux de la base du cou, râles
des bases pulmonaires, hépatomégalie de stase.
Des signes d'hypoxie cérébrale peuvent apparaître comme une asthénie nette et une fatigabilité
accrue, des signes "neurosensoriels" céphaliques (céphalées, lipothymies ou éblouissements,
vertiges, mouches volantes, acouphènes) et des troubles du comportement (irritabilité) ou du
sommeil (somnolence), coma à l'extrême (pour des taux de 2 ou 3 g/dl chez un sujet sain par
ailleurs). Il est donc important de rechercher des signes d'anémie et de disposer rapidement d'un
hémogramme chez les patients dans ces situations qui semblent a priori "cardiologiques".
4.1.1.2.2. Pâleur
Elle est liée d'une part à la diminution de la couleur moins foncée du sang transporté dans la
circulation superficielle et, d'autre part, à la vasoconstriction cutanée réactionnelle. Elle est évidente
au niveau du visage le plus souvent, mais ne doit pas être confondue avec une carnation pâle
héréditaire ou une vasoconstriction émotive, peut-être masquée parfois, soit par une rubéfaction
d'origine émotionnelle ou secondaire à un exercice physique, soit par un facteur ethnique, soit par
un hâle solaire ou simplement du maquillage. Elle peut-être nuancée éventuellement par un
subictère ou un ictère.
Il est donc nécessaire de la rechercher ou de la confirmer :
-au niveau des muqueuses (conjonctive de la paupière inférieure, gencives, lèvres) et au niveau
d'autres territoires cutanés (lit des ongles, paume de la main dont la couleur rouge des plis disparaît
en général pour une hémoglobine < 7 g/dL).
4.1.1.2.3. Autres signes
D’autres signes comme l’anorexie, la chute des cheveux, l’aménorrhée, la splénomégalie et l'ictère
sont liés à certaines étiologies et ne s'observent pas dans toute anémie.
Les signes cliniques particuliers d'une anémie aiguë hémorragique sont la pâleur, l’état de choc, la
soif et l’hypotension.
4.1.1.2.4. Tolérance
La tolérance clinique d'une anémie chronique est parfois étonnante et peut durer longtemps (même
pour des taux d'hémoglobine de l'ordre de 5 à 6 g/dL) lorsque son installation très progressive ; les
mécanismes d’adaptation de l’organisme à l’anémie (voir 4.1.1.3) peuvent alors se mettre
correctement en place.
Donc, en présence d'une anémie supposée chronique, pas de traitement intempestif et prendre le