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L’activité commerciale prend toujours la forme d’une entreprise. Difficulté essentielle : la notion 
d’ « entreprise »  n’est  pas  une  notion  juridique.  En  matière  juridique,  on  reconnait  une  grande 
liberté  constitutionnellement :  la  liberté  d’entreprendre,  mais  il  n’y  a  pas  de  notion  juridique 
d’entreprise, dans  aucun code. La notion « entreprise » est une notion économique. L’entreprise 
n’est  pas un  sujet  de droit  et  il  faut donc  obligatoirement prendre  en  compte ce  qui,  derrière 
l’entreprise, exerce ces activités industrielles ou commerciales (personnes physiques ou morales). 
 
B) L’originalité du droit des affaires 
L’objectif premier du droit des affaires (ou droit commercial) est de répondre aux nécessités du 
commerce. A cet effet, il va rechercher des solutions différentes de celles du droit commun (civil) et 
employer pour cela des techniques particulières. En France, il y a une vision dualiste séparant le 
droit  civil  et  le  droit  des affaires.  Beaucoup  de  pays  ont  une  vision  globale  (ex : l’Angleterre), 
d’autres avaient cette vision dualiste et l’ont abandonnée (ex : l’Italie). En France, on va traiter le 
commerçant différemment du particulier. Pour un même problème, les solutions / règles de droit 
sont différentes qu’il s’agisse d’un commerçant ou d’un particulier. -> On va avoir des solutions 
originales.  
 
Exemple : le bail (régime juridique) : si c’est un particulier qui loue le local (pour y habiter), les 
règles qui vont s’appliquer sont les règles du bail d’habitation. Si c’est un commerçant qui loue le 
local pour un commerce, c’est le régime des baux commerciaux qui s’applique. 
 Pour savoir  si on  applique  les règles  du bail  d’habitation  ou  celles du bail  commercial,  cela  va 
dépendre  non  pas  de  l’immeuble  mais  de  sa  destination,  de  l’usage  que  souhaite  en  faire  le 
locataire. 
Ces régimes sont très différents. Si la chose louée est louée à des fins d’habitation, le locataire ne 
peut pas modifier la destination des lieux (il ne peut pas en faire un commerce). En revanche, si le 
local est loué pour un usage commercial, le locataire peut modifier l’activité qu’il entreprend dans 
ses locaux = la déspécialisation (ex : transformer une librairie en boutique de vêtements). Pourquoi ? 
Parce qu’on est dans le cadre du commerce et commerce = faire de l’argent. 
Autre différence : à l’expiration du bail : 
- Si on loue un appartement, à l’expiration du bail, le propriétaire peut ne pas renouveler le bail 
(parce qu’il souhaite vendre l’appartement ou parce qu’il souhaite en faire profiter un membre de sa 
famille) 
- Pour les baux commerciaux, le propriétaire ne peut pas aller à l’encontre du renouvellement du bail. 
Si le commerçant veut continuer son activité, le propriétaire ne peut pas lui dire non (s’il veut aller 
à l’encontre, il doit lui verser une indemnisation).  
Pourquoi ?  Lorsqu’on loue  un  appartement  pour  y  loger,  on peut  aller  loger  ailleurs.  Mais  si un 
libraire se voit refuser son renouvellement, il doit rechercher un autre local du jour au lendemain => 
perte de clientèle => coût économique pour lui. 
 
Le bail est un élément du fond de commerce (qui contient aussi la clientèle, l’enseigne…). La valeur 
du fond de commerce = bail (+ clientèle… : situation de la chose louée). Si un commerce est placé 
près d’un métro, d’arrêts de bus, dans un quartier commerçant, il a plus de valeur. 
 
Autre originalité du droit des affaires par rapport au droit civil : on a, dans le droit des affaires, une 
branche : le droit des entreprises en difficulté, qui a vocation à s’appliquer lorsque le commerçant 
est en difficulté, voire est en état de cessation de paiement (= lorsque l’actif disponible est inférieur 
au passif exigible = lorsqu’il n’y a plus assez d’actif pour payer les factures) : le commerçant doit 
alors déclarer son état de cessation de paiement sous 45j au Tribunal de Commerce, qui ouvre une 
procédure collective à son encontre : redressement judiciaire (organe nommé = un administrateur 
judiciaire) ou liquidation judiciaire (organe nommé = un liquidateur judiciaire). Liquidation judiciaire 
= l’activité du commerçant est irrémédiablement compromise (pas de chance de redressement).