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L’Orthodontie, et surtout l’école française, est en pleine évolution constructive : les
mots, les expressions, les idées ne cessent de fleurir !
Pour que tous puissent s’entendre, collaborer, avancer et participer ensemble
à cette belle promotion, il apparut indispensable au conseil d’administration de
notre Société qu’une mise en ordre des mots utilisés et de leurs équivalents en
d’autres langues soit établie, et que le sens de chacun d’eux soit exprimé avec
rigueur et précision. « Honneur des Hommes, Saint Langage » nous disait déjà Paul
Valéry. Et ceci d’autant plus qu’elle serait une aide précieuse aux jeunes étudiants
et aux auteurs de publications scientifiques. D’où la demande d’un recueil des mots
les plus usuels avec une définition aussi précise, simple et directe que possible.
Encore fallait-il l’intituler ! Lexique ou dictionnaire ? Bien que le terme de lexique (du
grec lexis : mot) soit étymologiquement le plus exact, il était susceptible d’apparaître
quelque peu anachronique à nos jeunes confrères. Aussi est-ce celui de dictionnaire
qui fut retenu à l’unanimité des rédacteurs, du fait de son usage actuellement plus
courant et de sa phonétique incitant plus objectivement à la diction !
Mais, alors, ce dictionnaire pour quelle discipline ? Depuis de fort nombreuses
années, l’idéal de la profession vise plus que le seul alignement des éléments
dentaires, si bien traduit par le terme d’orthodontie. Il recherche aussi une véritable
orthomorphie des maxillaires et, par leur intermédiaire, une belle orthomorphie de
la face.
Aussi, parut-il souhaitable à une grande majorité des rédacteurs d’y adjoindre la
racine grecque « gnathos » en un néologisme tel que orthognathodontie ou
orthodontognathie définissant plus précisément l’état actuel de la recherche et des
soins, prodigués pour participer à l’élaboration d’une véritable « eumorphie faciale ».
S’« il faut croire à ce que l’on fait et le faire dans l’enthousiasme », c’est bien dans
celui-ci que cette élaboration terminologique fut effectuée dans une atmosphère très
cordiale, suscitée par une fort délicate estime réciproque.
Cet ouvrage, qui d’ailleurs n’inclut que les mots relevés comme les plus urgents
à définir, n’a aucune ambition pérenne, souhaitant dans quelques années une
actualisation qui s’avérera indispensable devant le talent de nos successeurs et les
progrès de cette discipline médicale. L. Farabeuf n’aimait-il pas d’ailleurs à formuler
cette belle maxime : « Surpasser les prédécesseurs, être surpassé par les suivants,
rien ne peut mieux stimuler l’orgueil de la vie » ?
Avec l’espoir que ce premier dictionnaire, parvenu à son terme, puisse être aussi
source de progrès !
Louis Merville