A la recherche de la firme globale Localisation industrielle

A la recherche de la firme globale
Localisation industrielle et globalisation financière des
multinationales
Frédéric Boccara1 (version remaniée d’un article paru in L’industrie en France et la mondialisation,
Sessi (2005), 411 p., Ministère de l’Économie, des Finances et de l’Industrie, p. 391-411)
1 Frédéric Boccara est administrateur de l’Insee, en détachement à la Direction de la Balance des paiements de la Banque de France. Les
opinions exprimées n’engagent bien sûr aucunement son institution de rattachement.
Ce travail a bénéficié de l’assistance éclairée et patiente de Colette Griffoul, assistante de travaux à la Direction de la balance des paie-
ments.
Je remercie par ailleurs les participants du Colloque économique de Statistique Canada de juin 2004 et Denis Caron qui a bien voulu y
discuter une version préliminaire de cet article, ceux du séminaire Mondialisation organisé par le Sessi, notamment Thomas Hatzi-
chronoglou de l’OCDE, le professeur Jean-Louis Mucchielli, ainsi que Vincent Thollon-Pommerol qui m’a suggéré la thématique,
Claude Peyroux pour son insistance sur l’accrochage aux FATS, ainsi que Jacques Pécha, Pierre Caussé et François Renard pour tous
les conseils, critiques et encouragements avertis qu’ils m’ont exprimés.
Introduction
Les firmes multinationales (FMN) jouent un
rôle de premier plan dans l'activité économi-
que internationale. Leur poids dans les échan-
ges extérieurs français augmente depuis 20
ans. La globalisation économique se déve-
loppe, les FMN aussi. Mais, alors que tout
laisse croire que la globalisation industrielle
s'accroît, la part des échanges intra-groupe
semble plafonner pour les FMN des États-
Unis et, pour la France, se focalise sur seule-
ment quelques produits et quelques destina-
tions.
Plutôt que de s’interpréter comme l’indice
d’une non globalisation industrielle et d’une
limitation au développement de « la firme
globale », bref de l’absence d’une véritable
globalisation-mondialisation, l’étude présente
suggère que les phénomènes observés sont
plus contradictoires et doivent être pris préci-
sément au niveau « global », c’est à dire celui
de l’ensemble des opérations de la firme au
sens notamment de Hymer (1976), et de façon
dynamique.
Idées principales
Face au paradoxe apparent de la conjonction
d’indices de globalisation et d’indices de loca-
lisation tous deux accrus, l’hypothèse propo-
sée ici est que l’on assisterait à un processus
systémique de conjugaison par les mêmes
acteurs — les FMN — d’une localisation des
activités industrielles et d’une globalisation de
leurs résultats et des ressources mobilisables
auxquelles les FMN ont accès, globalisation
suivie en feedback par de nouvelles localisa-
tions industrielles et permettant celles-ci. La
globalisation financière s’articule ainsi inti-
mement avec la globalisation industrielle
« localisée », selon un processus dynamique
ouvert.
Les éléments empiriques présentés ici vont
dans ce sens et confirment la fécondité de
cette hypothèse « systémique ».
Ils amènent à s’interroger sur les instruments
et le niveau institutionnel adéquat de la politi-
que économique envers la globalisation indus-
trielle. Alors que celle-ci est aujourd’hui foca-
lisée sur la politique commerciale et sur
l’OMC (et complémentairement sur les politi-
ques d’attractivité). Il s’agirait de voir la poli-
tique monétaire et les institutions financières
publiques telles que le FMI comme faisant
partie intégrante des instruments et des institu-
tions clés à inclure dans une réflexion sur la
maîtrise et l’orientation de la globalisation
industrielle, voire sa réorientation. Ceci dans
la mesure où en réalité, de fait, une des mis-
sions essentielles de la politique monétaire et
des institutions correspondantes est précisé-
ment de piloter et réguler la globalisation des
ressources financières, comme le reconnaît
Schinasi (2004) et que l’interconnexion entre
localisation des activités industrielles et globa-
lisation des ressources financières est à la fois
décisive et très intime.
Échanges intra-groupes : la firme globale
introuvable ?
L’enquête dite mondialisation menée par le
Sessi, l’Insee et le Scees (voir Sessi, 2003) fait
état d’une augmentation du poids des groupes
industriels internationaux (GII) et de leurs
échanges intra-groupe depuis la précédente
enquête mondialisation (portant sur 1993).
Ces FMN auraient acquis un poids compara-
ble à celui observé aux États-Unis (plus du
tiers du commerce total de produits indus-
triels). Mais on a pu souligner une
« focalisation sur quelques produits et vers
l’Union européenne » (Guannel, Mabile, Pla-
teau, 2002), la partie intra-groupe des échan-
ges internationaux de marchandises semblant
ne concerner qu’un nombre limité de pays et
de produits, avec une polarisation plus forte
que l’ensemble du commerce extérieur fran-
çais. En outre, l’augmentation du poids des
échanges intra-groupe est surtout le fait des
filiales de groupes étrangers, tandis que pour
les groupes français ce poids est plutôt stable.
On peut en conséquence s’interroger sur le
non « avènement de la production globale »
comme le font précisément Guannel, Mabile
et Plateau (2002).
La notion de « firme globale » est apparue au
début des années 80 dans le monde des écoles
de gestion. Elle a d’abord été définie relative-
ment aux marchés et aux produits, comme une
firme à la fois mondialisée et s’adressant au
marché mondial de façon « globale », dans
son ensemble (Levitt, 1983). Elle incluait une
notion de globalisation de la stratégie. Ensuite,
très vite on a insisté sur les inter-connexions
entre les activités (Porter, 1985), puis sur leur
intégration au sein d’une même entreprise
voire leur globalisation pour arriver sur une
formulation du type de celle proposée par
Stonehouse et alii (2004, p. 5) « la tendance
des entreprises transnationales à configurer
leurs activités sur une base mondiale ainsi
qu’à coordonner et intégrer leurs stratégies et
leur opérations à travers les frontières natio-
nales ».
C’est dans ce sens que Guannel, Mabile et
Plateau (2002) concluaient à juste titre des
résultats de l’enquête dite mondialisation
(Sessi, 2003) : « il s’agit encore peu d’une
intégration mondiale du processus de produc-
tion ». En outre, à une certaine limitation ap-
parente de la globalisation s’ajoute une ten-
dance au renforcement de facteurs de localisa-
tion.
Mais face à cela les facteurs de globalisa-
tion/mondialisation persistent et se renforcent
eux aussi. On observe donc un double mou-
vement (cf. encadré 1). Certains sont même
allés jusqu’à forger le néologisme de
« glocalisation » (Ruigrok et Van Tulder,
1995).
Les choses sont en réalité plus contradictoires.
Coexistent des éléments qui vont dans les
deux sens : globalisation et localisation, il
s’agit de les articuler dans un schéma théori-
que d’ensemble.
Encadré 1 Tendances à la localisation-
régionalisation et tendances à la globalisa-
tion-mondialisation
Indicateurs de localisation accrue ou de globalisation
limitée
D’un côté les résultats de l’enquête du Sessi sur la mon-
dialisation industrielle et les échanges intra-groupes
(voir une présentation de l’enquête dans Sessi, 2003)
pourraient remettre en cause l’idée d’une marche conti-
nuelle vers la « firme globale » puisque, menée sur
données françaises, l’enquête nous dit que pour les FMN
concernées l’extension mondiale de la production, vue
par le prisme des échanges intra-groupe, n’apparaît pas
aussi poussée que l’idée véhiculée par la notion de
« firme globale », produisant dans le monde entier, ou
que cette extension ralentirait.
Dans le même sens, les données américaines annuelles
publiées par le BEA (Bureau of Economic Analysis du
US-Department of Commerce) sur les échanges intra-
groupe des FMN américaines ou étrangères basées aux
États-Unis font aussi ressortir un plafonnement apparent
voire un recul des importations intra-groupe des FMN
domestiques et étrangères, ainsi que pour les exporta-
tions intra-groupes mais, dans ce cas, uniquement pour
celles des groupes étrangers (voir par exemple Mataloni,
2005 pour les FMN états-uniennes et Zeile 2005 pour les
FMN étrangères).
Facteurs de limitations
A l’appui de ces observations, on peut supposer premiè-
rement qu’il y aurait une limite quantitative ou secto-
rielle à la généralisation du modèle de firme globale,
renvoyant (i) à la montée de liens non financiers (sous-
traitance, licence,…), (ii) à la montée des services et de
multinationales de ces secteurs. Deuxièmement, il pour-
rait y avoir des limites liées à des contradictions internes
au processus en cours : concentration excessive, et donc
limitation de celle-ci pour maintenir la concurrence, ou
bien gigantisme des firmes et crise d’efficacité et de
rentabilité, de type suraccumulation, liée au coût et à
l’utilisation du capital telle que repérée en son temps par
La Fresque (Insee, 1974). Ce second ensemble pouvant
se combiner avec le premier lorsque les groupes déve-
loppent des liens non financiers (i.e. non capitalistiques)
voire des alliances souples permettant certaines écono-
mies en capital et un moindre gigantisme.
Un troisième ensemble de limites, internes, concernerait
la nécessité de maintenir un ancrage sur des ressources
territorialisées, au sens du territoire national, tel que
l’entendent l’école de géographie économique centrée
sur la notion de « systèmes locaux de production » (cf.
Courlet, Pecqueur, 1992, voir aussi Chevassus-Lozza,
Galliano, 2001) ou bien la resource based view (cf. une
description dans Kœnig, 1999). Ces ressources territoria-
lisées peuvent constituer en la disponibilité d’un certain
type de main d’œuvre ou de produits, la proximité de
certaines matières premières ou de certains équipement
publics, il peut s’agir d’un lien à des laboratoires de
recherche, ou à un système national d’innovation, voire à
une culture, il peut s’agir d’aspects plus institutionnels
comme le lien à un système étatique particulier ou finan-
cier, il peut aussi s’agir de la proximité d’un marché
donné.
Ce facteur « ancrage territorial » joue dans le sens du
maintien d’un certain degré de localisation qui contreba-
lancerait les tendances à la globalisation. Et, dans la
mesure où la révolution technologique informationnelle
fait monter l’importance des capacités spécifiques, voire
des interactions des acteurs et, pour certains auteurs,
l’importance d’externalités positives territoriales (spill
overs), l’avancement de la révolution informationnelle
pousserait à un renforcement de l’ancrage territorial et
donc de cette contre-tendance à l’internationalisation.
Enfin, on peut s’interroger sur une sorte de force de
rappel globale qui se serait manifestée dans le retourne-
ment conjoncturel mondial survenu au début des années
2000. Durant les années 90, la mondialisation-
globalisation des entreprises s’étant accrue de façon
considérable mais selon un « type » économique qui est
resté qualitativement similaire, ce type de globalisation
demanderait à être digéré avant de repartir quantitative-
ment sur une base qualitative nouvelle. Il pourrait même
exiger un certain nombre de transformations plus ou
moins structurelles des entreprises et/ou de leur environ-
nement, notamment financier et celui concernant les
recherches, la disponibilité de leurs résultats et la forma-
tion.
Indicateurs de mondialisation accrue
Inversement, face à ces limites et/ou à ces facteurs de
régionalisationvoire de localisation — accrue des
tendances à la globalisation coexistent et même se ren-
forcent, et ceci dans les deux dimensions : extension
géographique (mondialisation), et transversalité des
activités (globalisation).
On le voit dans les indicateurs statistiques, comme la
croissance du poids des groupes internationaux dans les
échanges douaniers de la France (cf. F. Boccara, 1999),
dans les autres pays (cf. OCDE, 2001 ainsi que Hatzi-
chronoglou 2005), l’extension des filiales à l’étranger (+
129 % de ventes par ces filiales entre 1995 et 2001,
d’après les statistiques dites FATS outward, cf. Banque
de France et Minefi, 2004), le poids des échanges de
biens relativement au Pib (passant de 20% au début des
années 90 à plus de 25% au début des années 20002), le
poids des investissements directs étrangers (IDE) dans le
monde (20% du Pib mondial, contre 6-7% 15 ans aupa-
ravant, chiffres de la CNUCED cités dans la synthèse de
Banque de France, 2002), ou encore l’importance des
FMN dans les agrégats nationaux (en France les FMN3
représentaient 46% de l’emploi intérieur et 48.000 entre-
prises en 1998 contre moitié moins en 1989, d’après
Lifi. D’après la DREE le nombre d’emplois contrôlés à
l’étranger par les FMN à base française serait passé de
2,1 millions en 1991 à 3,6 millions en 2000).
2 demi-somme des exportations et importations de biens en
volume rapportés au Pib en volume.
3 définies comme les groupes ayant sous un contrôle com-
mun au moins une entreprise résidente en France et une à
l’étranger.
Facteurs de globalisation
Le renforcement des tendances à la globalisation se
perçoit aussi par des aspects plus qualitatifs ou par des
considérations théoriques sur les tendances à l’œuvre.
(1) Il s’agit de la création de l’organisation mondiale du
commerce (OMC), du démantèlement de certains ac-
cords mondiaux (comme l’accord dit « multifibres »), de
l’instauration de l’UEM et de l’Euro. (2) Il s’agit aussi
de la technologie, avec la révolution informationnelle,
(a) son potentiel de partage des coûts et des résultats
dans des ensembles étendus et (b) ses exigences de
financements accrus. (3) Il s’agit du développement du
marché mondial des produits et des services, avec des
facteurs institutionnels mais aussi la nouvelle répartition
géographique de la croissance. (4) Il s’agit du marché
financier, avec l’ouverture des comptes extérieurs finan-
ciers, la convertibilité en voie de généralisation, la dite
« déréglementation » financière et les décloisonnements.
(5) Il s’agit aussi des fusions-acquisitions internationa-
les, qui reprennent après avoir marqué le pas. (6) Dernier
facteur enfin, le besoin de soutenir des taux de rentabilité
élevés, qui accélère et stimule la recherche de marchés
lointains, les transformations technologiques et les fu-
sions-acquisitions.
Hypothèses théoriques
Pour rendre compte de ces tendances contra-
dictoires de façon articulée et non dualiste, on
propose un schéma théorique explicatif
d’intégration. Ce schéma constitue une hypo-
thèse théorique que l’on confronte dans cette
étude aux données, moyennant des hypothèses
« instrumentales » (par quels canaux peut-on
observer les choses) et des hypothèses empiri-
ques (quels résultats devrait-on observer). Il
doit permettre d’intégrer les deux mouvements
de localisation et de globalisation, sans les
accoler artificiellement (« d’une part, d’autre
part », cf. Heathcote et Perri, 2002).
L’opposition entre localisation et globalisation
a une correspondance avec l’opposition entre
analyses des FMN et analyses de la globalisa-
tion financière. Beaucoup d’analyses de la
FMN sont en effet unilatérales dans la mesure
où elles séparent la FMN et la globalisation
financière, et insistent sur le caractère localisé
des FMN. Rugman (2002), par exemple, dé-
nonce le « mythe de l’entreprise globale », au
sens où pour lui la FMN est au mieux
« régionale ». A l’inverse, il existe un large
courant unilatéral, globaliste, d’analyses de la
globalisation financière où les FMN
n’interviennent pas en tant que telles (voir
Rogoff et alii 2003 ou Edwards 2004). Com-
ment tenir ce paradoxe d’une économie à la
fois localisée et globalisée ?
Pour cela notre schéma s’appuie sur
l’interaction des deux facteurs essentiels que
constituent la révolution informationnelle
(cf. P. Boccara 1992) et la prédominance des
critères de rentabilité.
La révolution informationnelle joue un rôle
décisif dans les possibilités de contrôle, de
transferts et d’action à distance des FMN et
donc pour impliquer le capital financier. Tan-
dis que les critères de rentabilité sont au centre
de l’orientation des flux financiers internatio-
naux et des stratégies de localisation, ainsi que
de l’importance prise par les périmètres finan-
ciers des entreprises, en lien avec leur rôle
comme critère dominant dans la régulation
économique globale.
Ce schéma suit une approche systémique en
décrivant l’activité du (sous)-système — de
production et de revenu — constitué par une
multinationale comme un processus ouvert
comportant des entrées, des sorties, une opéra-
tion de transformation entre ces entrées et ces
sorties et des rétroactions, les sorties faisant au
moins pour partie les nouvelles entrées en
étant ré-orientées via le jeu du régulateur prin-
cipal (P. Boccara, notamment 1987 p. 5-6).
Notre schéma décrit ainsi un processus de
globalisation-localisation des FMN.
A un moment donné, on a des ressources loca-
lisées dans un certain nombre d’endroits et
contrôlées par une FMN donnée (cf. schéma
interprétatif). Elles permettent le déroulement
d’activités localisées. Les résultats de ces
activités localisées peuvent être globalisées
par, et au sein, de la FMN qui les contrôle.
Celle-ci globalise tout à la fois et tout particu-
lièrement des ressources financières et des
ressources informationnelles.
Ces ressources globalisées permettent éven-
tuellement d’en mobiliser des nouvelles, ex-
ternes, sur une échelle plus large, en particu-
lier par le recours au crédit bancaire dans les
territoires où la firme est déjà implantée. En-
fin, ce sont ces ressources globalisées qui vont
être utilisées pour déboucher sur de nouvel-
les localisations d’activités et/ou renforcer les
localisations existantes. Cette
(re/dé)localisation des activités est fondamen-
talement orientée par la rentabilité escomptée,
et exigée, des opérations, rentabilité qui joue
un rôle de critère de régulation.
Schéma interptatif
Déroulement des
Activités situées
Résultats
Localisés
Globalisation
des Résultats et
des Ressources
Nouvelles
Ressources
Globalisables
(re/dé)Localisation
des Activités
Activités
Localisées
Feedback de régulation
La dite globalisation économique recouvrirait
donc, en résumé, une conjugaison de localisa-
tion des activités et de globalisation des résul-
tats et ressources, dont les FMN constituent un
acteur déterminant. La globalisation financière
s’articule ainsi intimement avec la globalisa-
tion industrielle « localisée », au sein d’un
processus dynamique. Cette interptation
pourrait constituer un cadre explicatif du pa-
radoxe apparent de la conjonction d’indices de
globalisation et de localisation accrues. Elle
généralise, à notre avis, un certain nombre de
remarques fondamentales formulées notam-
ment par l’auteur de la « théorie du cycle du
produit » et responsable du Harvard’s Multi-
national Enterprise Project, Vernon, qui envi-
sageait par exemple « la filiale [d’une FMN]
en tant que mobilisateur de ressources »4.
Les opérations internationales d’une FMN
4 Il s’agit d’un inter-titre de son ouvrage de 1971, voir no-
tamment p. 193 à 198 de l’édition française
Si on se penche sur l’activité effective des
FMN et sur leurs opérations internationales,
on observe en effet qu’elles effectuent des
opérations transfrontières de toutes sortes,
bien au-delà des seuls échanges de marchandi-
ses, et ceci pour la marche normale de leur
activité. On constate aussi que ces diverses
opérations ont des liens entre elles.
Soit l’exemple d’une exportation de produits
domestiques via une filiale non résidente. La
maison-mère M exporte des biens à l’étranger
vers sa filiale F qui les revend sur place, ou
sur des marchés tiers. La filiale paie les biens
à la valeur facturée par la maison-mère, la
facture inclut un certain nombre de services
directement liés, tels que le transport et
l’assurance. Celle-ci peut aussi, à l’occasion,
lui facturer des services de gestion ou de R&D
(participation aux frais de siège, qui peuvent
être valorisés selon les règles de prix de trans-
ferts internes adoptés par la firme5), générale-
ment de façon déconnectée dans le temps avec
l’exportation elle-même. M va éventuellement
effectuer d’autres opérations (cf. encadré 1).
5 voir différentes règles de prix de transfert dans Lebas,
1996.
Encadré 1
Les opérations internationales d’une FMN, liées
à l’exportation via une filiale à l’étranger et leur
traduction en flux de Balance des paiements
Maison-Mère (MM) exporte des biens à
l’étranger vers sa filiale (F) qui les revend sur
place (ou sur des marchés tiers) : Exports de
biens(douane)
F paie les Biens et des Services (transports, assu-
rance, R&D, gestion) à la valeur facturée par sa
maison-mère : Recettes de biens et de services (+)
MM place le produit de ces paiements dans un
pays « attractif » : Investissements de Portefeuille
(IP-)
Chaque année F paie des dividendes à sa mai-
son-mère
Donc MM reçoit des revenus de sa filiale et de
son placet de trésorerie : revenus d’IDE (+) et d’IP
(+)
MM reçoit aussi de F le rembourset du prêt qui
avait doté F lors de son installation : Autres Inves-
tissements Directs Français à l’Etranger (-)
MM reçoit du « cash » de l’étranger provenant
d’un emprunt obligataire levé sur un marché tiers
par une de ses filiales : Autres investissements(+)
Ensuite, MM investit ses profits (dont les reve-
nus reçus de sa filiale) et l’emprunt obligataire
pour acquérir un ensemble cohérent d’entreprises
dans un autre pays : IDE (-)
(NB un signe + signifie une recette ou une entrée, un signe
signifie une dépense ou une sortie)
Aux exportations de biens la « marche nor-
male des affaires » peut ainsi ajouter :
- des paiements de services
- des services de gestion internes aux grou-
pes, certains paiements de services in-
cluant ces frais internes voire des éléments
de prix de transfert,
- des paiements de revenus (les dividendes
vont constituer des revenus d’IDE6, le pla-
cement de trésorerie va donner lieu à des
revenus de portefeuille)
- des investissements directs avec l’étranger
- des investissements de portefeuille (pla-
cement au Luxembourg du produit des
ventes)
- des prêts et emprunts transfrontières, entre
sociétés non financières.
6 Investissements Directs avec l’Étranger
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