Classe de 1ère S3 SEQUENCE 4 : LA1, Dom Juan, (III, 1), Molière

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Classe de 1ère S3
SEQUENCE 4 : LA1, Dom Juan, (III, 1), Molière, 1665
Introduction :
- auteur + contexte : utilisez ce que vous avez imprimé en salle informatique (Louis XIV,
classicisme, éléments biographiques sur l’auteur qui sont de nature à éclairer cet extrait …
qui il était, son avis sur les médecins, le fait qu’il côtoyait les libertins … présentation de
Dom Juan et du scandale provoqué par la pièce …
- situation de l’extrait : voir paratexte sur le polycop.
- annonce de la problématique : comment Don Juan et Sganarelle s’opposent-ils dans cet
extrait ? (autres problématiques possibles -> plan à adapter : en quoi Sganarelle est ici un
faire-valoir des idées de Don Juan dans cette scène? Comment la pensée de Don Juan
transparaît-elle dans cette scène ?)
- annonce du plan : Nous observerons tout d’abord la dispute entre un maître et son valet,
pour mesurer ensuite l’étendue comique d’un reversement des rôles, et nous verrons
finalement que dans cet extrait, deux philosophies s’opposent.
ATTENTION : ce plan détaillé (dont les grands axes sont proposés par le manuel Robert) est
à compléter absolument avec vos propres notes !
REMARQUE : DJ pour Don Juan, Sg pour Sganarelle
I)
Une dispute entre maître et valet
a) Une discussion menée par Sganarelle
- discussion à bâton rompu sous l’impulsion de Sg ; c’est lui qui même le dialogue car il s’y sent
autorisé par DJ (ex. l.4-5 et l’antithèse « vous me permettez les disputes // vous ne me
défendez que les remontrances »)
- au début, échange rapide de quelques répliques, à la façon des stichomythies puis très vite,
Sg se lance dans une longue démonstration pour prouver l’existence de Dieu (les répliques de
Sg sont de plus en plus longues, ex. au début, 2 lignes l.7-8 puis plus loin 3 lignes et demi l.1922) jusqu’à l’apothéose, la tirade finale (l.27-46))
- malgré les réponses laconiques de son maître, Sg ne se laisse pas démonter, multiplie les
questions et revient systématiquement à la charge (ex. phrases interrogatives l. 10, 12, 13 …)
- enfin, on voit que Sg rebondit sur les réponses de DJ pour creuser un peu plus le sujet,
porté par « cet habit qui [lui] donne de l’esprit » (l.2)
Transition : le déséquilibre des discours montre que Sg parle ici en toute liberté, observé par
son maître qui ne joue pas véritablement son rôle d’interlocuteur
b) Un maître fort peu loquace
DJ n’apparaît pas enclin à débattre avec Sg :
- il tente de balayer les questions de Sg ; il se montre tantôt lapidaire dans ses réponses
(« Laissons cela » l.9), tantôt dédaigneux (« la peste soit du fat », l.18, « Ah ! ah ! ah ! » l.15)
- il est sans cesse relancé par son valet mais lui oppose un quasi silence, attendant « que son
raisonnement soit fini » (l.47)
Transition : les costumes des personnages renforcent l’effet comique de la scène car ils sont
en inadéquation complète avec leurs propos.
II)
Un renversement des rôles comique
a) Des costumes inversés
En apparence, les rôles du maître et du valet sont inversés puisque chacun porte un costume
inhabituel (voir note 2) :
- Sg porte un vêtement de médecin et incarne donc la figure du scientifique, tout en tenant
un discours d’apologie de l’existence de Dieu (ex. …)
- De son côté, DJ « en habit de campagne » (voir note de vocabulaire 2) qui de fait, cache ses
habits d’aristocrate
Transition : Pour autant, l’échange reflète bien le véritable rapport de force : c’est toujours
DJ qui conserve l’ascendant, en observant mi-amusé, mi-dédaigneux, son valet qui s’épuise à
une vaine démonstration
b) Un valet « savant »
On peut relever le champ lexical du savoir et de la connaissance, très présent dans la tirade
de Sg :
- on peut relever plusieurs éléments : « l’arithmétique, étudié, appris, sens, jugement, les
livres, je comprends fort bien ce monde, raisonnement, savants » (préciser les lignes)
- cependant, le discours de Sg en donne une représentation paradoxale car il les considère
comme n’étant pas nécessaires à la compréhension du monde
- les procédés anaphoriques sont fréquemment utilisés par Sg (ex. « avec mon petit sens, mon
petit jugement » l. 33, « je veux bien frapper mes mains, hausser les bras, lever les yeux au
ciel … » l. 53-55) enrichissant ainsi son propos de listes inutiles
- l’on peut relever l’emploi de plusieurs expressions mélioratives (« Pouvez-vous voir toutes
ces inventions … », « admirer », « admirable », l.40-41 et « merveilleux » l.48-50 qui
témoignent d’une admiration naïve pour lui-même, renforçant ainsi l’effet comique
- quelques expressions viennent cependant rappeler la condition de valet de Sg ; il revendique
son illettrisme, son « petit sens » et « petit jugement » l.33 pour prouver que cela ne
l’empêche pas de mener de grandes discussions
Transition : confiant dans son jugement, Sg est en réalité trahi son langage populaire
(relevons les locutions exclamatives « Eh dites-moi un peu … qu’en croyez-vous eh! » l.17-18,
« Oh ! dame … » l.44), qui fait tomber sa démonstration dans le registre burlesque [rappel :
savoir définir ce registre -> traiter un sujet noble de manière familière, voire vulgaire]
III) La confrontation de deux philosophies
a) La philosophie burlesque de Sganarelle
Tel un grand professeur, Sg désigne successivement toutes les raisons qui portent à croire en
Dieu et il étaye ses dires par de nombreux exemples qui, appartenant à un registre familier,
rappellent que sous l’habit de médecin se cache toujours le valet :
- plusieurs expressions triviales contrastent avec le thème de l’argumentation de Sg, qui se
veut pourtant érudite et scientifique (ex. « le Moine Bourru … je me ferais pendre pour celuilà » l. 20
- deux lexiques se succèdent dans sa tirade ;
-> celui de la nature « champignon, arbes, rochers » l. 35-36
-> celui du corps : il poursuit de manière très prosaïque [Qui est dépourvu de noblesse, de
distinction, d’élégance] : « n’a-t-il pas fallu que votre père ait engrossé … pour vous faire ? »
l.39-40. Puis il enchaîne avec l’énumération des détails anatomiques de l’homme symboles de la
perfection de l’œuvre divine
-> chaque élément est précédé d’un démonstratif, accentuant l’effet comique de la scène (on
imagine en effet qu’il pointe directement les différentes parties de son corps en les
nommant:
« ces nerfs, ces os, ces veines … ce foie et tous ces autres ingrédients qui sont là » l.42-44
- le décalage entre l’évocation d’une présence divine à l’origine de l’univers et la trivialité des
éléments cités rend ce passage particulièrement amusant
Transition : à cette philosophie comique et burlesque du valet qui s’embourbe dans une longue
tirade, s’oppose la philosophie scientifique et impie de son maître.
b) La philosophie impie de Don Juan
A l’opposé de celle de son valet, la pensée de DJ transparaît clairement en une seule ligne !
- la philo. défendue par DJ accorde la primauté aux mathématiques (comme celle du
cartésianisme [cf Descartes] comme le montre sa célèbre réplique « Je crois que deux et
deux sont quatre, Sganarelle, et que quatre et quatre sont huit. » l.25-26
- à travers cette réplique, il montre son scepticisme à l’égard de la religion, et ne veut croire
qu’en la vérité des sciences ; selon lui, la seule chose en laquelle il est possible de croire est la
raison (à l’époque de tels propos avaient de quoi choquer : le parti dévot est si influent à la
cour de Louis XIV qu’il a fait interdire certaines pièces de Molière, comme Tartuffe)
Conclusion :
- réponse à la problématique : maître et valet s’opposent en tout point dans cette scène ; les
exemples incongrus de Sg ou encore ses apostrophes familières ont décrédibilisé ses
interventions. C’est finalement DJ qui assoie sa supériorité dans le débat grâce à une réplique
synthétique. Le valet joue malgré lui le rôle de faire-valoir des idées du maître. On devine
ainsi la sympathie de Molière pour le personnage de DJ
ouverture : dans la littérature théâtrale, d’autres valets ont tenté de s’émanciper de leur
maître, comme Ruy Blas (dans la pièce du même nom, écrite par V. Hugo au XIXème) avec Don
Salluste, dont il a refusé les manigances par amour pour la Reine d’Espagne et qu’il finit par
tuer avant de se tuer lui-même.
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