Acte 4 Scène 7 et 8 Hypothèse de lecture : L’intérêt de ce passage réside dans l’intervention de Dieu à travers la manifestation de la statue vivante. Dieu répond donc à l’insolence de DJ et lui prouve son existence. Il invite le commandeur à dîner, il le défie et ainsi défie Dieu. C’est au moment où l’on se sert de Sganarelle comme un bouffon qu’intervient brutalement le merveilleux, le surnaturel. Dom Juan tente de nier le surnaturel et de le traiter d’égal à égal sans s’adresser directement au commandeur. Il ne veut pas avoir peur et veut rester dans le comique. La pièce prend ici une dimension tragique, c’est un conflit direct avec Dieu qui fait ici l’intérêt de la scène ce qui contraste avec les thèmes principaux (femmes, séduction, croyance, superstition …) des scènes précédentes. Dom Juan ne se reniera pas, c’est ce qui fait sa modernité. Axes : 1) Le comique : _ Comique de situation : _ Sganarelle se sert avant que les plats soient servis. « Monsieur, je voulais voir si votre cuisinier n’avait pas trop mis de sel ou de poivre. » « Tâtez de cela, voilà qui est le meilleur du monde » _ Sganarelle se fait retirer ses plats par les laquais « Mon assiette, mon assiette ! Tout doux » « …que vous êtes habile à donner des assiettes nettes… » Il est représenté comme un bouffon. Le représentant de Dieu, de la foi est donc symbolisé par le ridicule, le comique. Faiblesse du croyant _Don Juan joue avec son valet « Montre un peu. Parbleu ! C’est une fluxion qui lui est tombé sur la joue. Vite une lancette.. » _Sganarelle n’est pas du tout maître de ses sentiments et de son corps. Il écoute les ordres des autres « …comme a fait la statue… » _Dieu fait son apparition lors d’un moment de relâchement : dîner regard nonsérieux de Molière sur la religion et la croyance. _ Comique de caractères : Devant le Commandeur, Sganarelle se retrouve ridicule, faible puis apeuré progression, ridicule du croyant. «… baissant la tête comme a fait la Statue. Le…qui est là. » « Ah ! pauvre Sganarelle, où te cacheras-tu ? » « …je vous rends grâce, il est demain jeûne pour moi. » Opposition d’attitude avant et après l’arrivée du Commandeur chez Sganarelle « tu as faim à ce que je vois » « je le crois bien » « Mon assiette mon assiette » / « je n ai plus faim » « je n ai pas soif » 2) L’attitude de Don Juan : Au début = DJ libertin Complicité avec son serviteur Il essaye de nier le merveilleux en l’intégrant dans le concret « une chaise et un couvert, vite donc… » Fier, indifférent malgré l’arrivée du Commandeur. Il ne veut pas montrer ses craintes, son incompréhension et feins un courage inébranlable. Il s’oppose à son serviteur présenté comme bouffon « Allons voir et montrons que rien ne saurait m’ébranler » Défi lancé à Dieu grâce à un courage apparent . Il ne s’adresse pas directement au Commandeur et utilise Sganarelle comme protection. « allons, mets-toi à table » « Bois et chante ta chanson pour régaler le Commandeur…» « Prends ce flambeau » Doute de Don Juan = il se parle à lui même, besoin de se renforcer « Allons voir et montrons que rien ne me saurait ébranler. » Il est apeuré mais reste dans son engagement « A la santé du Commandeur » « Oui, j’irai.. » Il garde une attitude d’athéisme mais montre quelques faiblesses. 3) Le merveilleux : Effet de miroir par rapport à l’acte 3. Merveilleux = réponse insensée de Dieu, il permet au surnaturel de se produire Progression : _ Coups à la porte « Qui peut frapper de cette sorte… » _ Trouble = Vue de la Statue par Sganarelle « Le…qui est là » _ Mouvements de la Statue = Confrontation _ Paroles et indications de la Statue « Don Juan, c’est assez… » réponse affirmative de Don Juan au défi du Ciel, il sera accompagné de Sganarelle même s’ils n’ont pas le même destin car il a besoin d’un témoin. Devant ce phénomène, opposition des personnages : _ Soumission, fidélité de Sganarelle « baissant la tête… » « …où te cacherastu ? » _ Indifférence, persévérance, fierté de DJ. Il utilise un courage apparent et fait preuve d’obstination Conclusion : Cette scène est fidèle à la tradition de Dom Juan : le ciel vient punir le pêcheur. Molière reprend cette punition mais on peut se poser des questions sur les croyances de l’auteur. Le théâtre est fait pour être joué et non lu : c’est un théâtre d’illusion à ce moment-là : faire vivre une statue (poulie, recours aux machines = derrière le Ciel il y a quelque chose d’artificiel qui dirige les humains comme au théâtre.)