ponctuelle et accessoirement, dépression, grande stratégie à la mode validant la culture assidue de
l’exploitation de son malaise. Dans cette mouvance délabrée, l’individu perd sa culture, son auto régulation,
et même, le sens du tragique. Facebook et les autres réseaux sociaux, pistent des informations sur les
individus, pour les ficher comme appartenant à un groupe de consommateurs. En fonction des
comportements, ils érigent la traçabilité et le profil comme les deux nouvelles mamelles de la post
modernité, alimentant la perte du lien à soi, mais également aux autres, quoi qu’on en pense.
C’est, certes, toute la question du désir qui se profile là derrière. Le désir qui ne peut émerger que sur du
manque, de la contrainte, de la privation et de l’effort de soi pour soi. Sur cette démonstration, je rejoins
massivement l’auteur parce qu’il est au cœur de la profondeur des choses. La solution reste, en effet, de ne
pas vivre dans l’ignorance et l’irresponsabilité, mais bien de pouvoir résister au délitement ambiant et de
pouvoir construire.
Les consommateurs actuels cherchent à soigner leur mal-être à l’aune des paramètres qui leur sont familiers.
Se dessinent en toute logique de nouveaux comportements en cabinet. Comment y faire face et quelles sont
les réponses possibles à apporter à ces demandes et injonctions ? Voilà qui pourrait devenir passionnant à
définir pour ouvrir quelques voies de recherche.
Le patient d’aujourd’hui consomme rapidement sa thérapie comme il consomme du Mac’Do, en exigeant
d’être servi, nourri, débarrassé. Aucune causalité ne se situant en lui, il s’en déduit que tout vient de l’autre,
est attendu de l’autre, et il n’est donc que passif et en attente de résultat. D’ailleurs, comme il ne se sent pas
responsable de ce qui lui arrive, pas de nécessité de chercher du sens, ni de relier présent et passé pour
reconstruire l’avenir, donc plus aucun besoin de réfléchir, ni de mouiller sa chemise. Les thérapies courtes,
où tout est dû, génèrent une règle présupposant que le thérapeute garantisse la guérison rapide des
symptômes qui portent atteinte à la productivité consumériste. Voici l’avènement du règne des méthodes
rééducatives et autres cognitivismes qui ont encore de beaux jours devant eux.
Autre réponse du berger à la bergère : le DSM avec ses grilles normalisées, épinglé comme « la dislocation
de l’humain inscrite dans le dispositif normatif » ; la formule est jolie. Equation simple : un symptôme = une
réponse moléculaire adaptée.
Au quotidien, le nouveau consommateur dissèque son présent, poste ses photos en temps réel, et se
transforme en un individu « modules » qui fonctionne par instants superposés et s’exploite sur ses
compétences dans le faire, se désarrimant de tout retour approfondi sur son intégralité humaine. En fonction
de quoi, on a des individus moulés, non défensifs. Ainsi les DSM, répondent module par module, à l’homme
modulaire, et les molécules et les thérapies ciblées aux dysfonctionnements des dits modules!
CQFD. Jusque là tout va encore bien. Seulement comment contre-t-on la chose ? Et au passage comment se
situe la psychanalyse aujourd’hui ? A cela, on attendait de vraies réponses : mais malheureusement, on
tombe sur un bide.
Je me demande comment un psychanalyste, puisqu’il s’avance ainsi, peut oser saper et déconstruire, par des
critiques aussi grossières et bassement caricaturales, une discipline qui a fait ses preuves et que certains se
vantent encore de professer et pratiquer dans la conscience de l’éthique et de l’efficacité. Certes, des mises
en oeuvre pas toujours adéquates peuvent se déplorer, mais il en va là comme de tous les métiers.
L’auteur estime que psychanalyse est devenue obsolète pour cette société en évolution puisque les
psychanalystes oedipiannisent encore, de manière réductrice et dépassée, leurs patients. A son sens, on peut
se passer du freudisme et du déterminisme de l’inconscient désormais, et pour longtemps. Je conteste ces
certitudes assénées massivement et ses positions bien éloignées des doutes et remises sur le métier,
continuels, de Freud, dont le discernement était une qualité majeure. Il entreprend une démolition en ordre
de bataille également contre les lacaniens, ce qui ne rend service à personne et surtout pas à l’auteur... La
traversée de l’Œdipe ne me semble guère prête à être inopérante, tant elle est constitutionnelle du sujet et
propice à son développement, même face aux avatars actuels de la fonction paternelle.
L’auteur expose alors sa clinique, fondée sur son expérience, une clinique performante et ingénieuse, dite
« situationnelle ». Je vous laisse tout loisir d’aller lire cela en détails, mais voilà ce qu’il préconise : « à mon
sens, le thérapeute doit en effet s’efforcer d’aider chacun de ses patients à mieux s’inscrire dans les