De l’aveu même de l’auteur,
Ubu enchaîné
est la « contrepartie » d’
Ubu Roi
. Ubu
refuse d’assumer l’aspect despotique de son personnage. Dans Ubu enchaîné, il
devient esclave. Mais rien ne changera dans sa nature essentielle. Il va trouver des
personnes qu’il servira à sa manière, aura un procès, sera condamné, jeté en prison,
puis mené aux galères. Mais son attitude sera telle qu’elle fera de lui le roi des
prisonniers. Envié par les Hommes libres qui viendront le combattre pour le destituer
et prendre sa place, il finira sur une galère où, reconnu par Soliman comme son frère, il
bénéficiera de certains égards avant d’être à nouveau renvoyé.
En transformant le roi grotesque en esclave, Jarry joue un double jeu. Il donne la
sensation d’un changement mais construit sa pièce à l’identique, incitant à fouiller le
délirant parcours du personnage pour retrouver les indices de la fatalité et de
l’absurdité.
© Pascal Victor
Metteur en scène iconoclaste, Dan Jemmet a débuté sa carrière par une mise en scène
d’Ubu Roi présentée en 1998 à Londres puis à Paris.
Pour ses retrouvailles avec Ubu, il parie sur la stature d’Éric Cantona dont les
apparitions à la scène et à l’écran depuis 1995 ne cessent de surprendre. L’inventivité
savamment déjantée du metteur en scène britannique s’adjoint la force monolithique
de Cantona.