
Cro-Magnon avait un cerveau 
plus  gros !
L’homme de Cro-Magnon, il y a environ 
25.000 ans, avait un cerveau plus grand d’envi-
ron 15 % que celui de l’homme moderne, selon 
la découverte récente d’une équipe française. 
« Notre cerveau serait également plus court que 
celui de nos ancêtres Homo Sapiens ce qui impli-
querait que certaines zones se sont rapprochées. 
Cela ne signifie toutefois pas que l’homme soit 
plus intelligent aujourd’hui » explique Antoine 
Balzeau, chercheur au CNRS et au département 
de la Préhistoire au MNHN. Mais cela prouve 
que nous avons hypothétiquement la possibilité 
d’un crâne plus gros.
LARS CHITTKA, 
est professeur 
d’écologie 
comportementale 
et sensorielle 
au Queen Mary 
College de Londres 
(Royaume-Uni).
SIMON LAUGLIN 
est professeur 
de neurobiologie 
à l’Université 
de Cambridge 
(Royaume-Uni).
ALEX FORNITO 
est chercheur en 
neurosciences 
à l’Université 
de Melbourne 
(Australie).
ANTOINE BALZEAU est 
chercheur au CNRS et 
au département de la 
Préhistoire du Muséum 
d’Histoire Naturelle à Paris.
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différences entre individus peuvent être expliquées 
par des facteurs génétiques, les 40 % restantes étant 
liés à des facteurs environnementaux, explique le 
scientifique. Certaines régions, en particulier dans 
le cortex préfrontal, une zone clé pour la prise de 
décision, la mémoire, l’attention et la planification, 
étaient à 80 % sous l’influence génétique ». En clair, 
cela signifie que les cerveaux organisés d’une façon 
« plus rentable » ont été sélectionnés au cours de 
l’évolution.
Pour maximiser son efficacité sans dépenser 
trop d’énergie, les cerveaux des mammifères, et ce-
lui de l’homme en particulier, se sont organisés en 
zones spécialisées semi-autonomes. Au cœur de ces 
régions les liaisons entre neurones sont nombreuses 
et courtes, chaque cellule étant reliée à environ un 
tiers du nombre total, pour un traitement rapide et 
efficace de l’information.
plus petits ce qui risquerait d’affaiblir la qualité de la 
communication. « À l’instar des puces électroniques 
miniaturisées qui, bien que plus rapides, génèrent 
plus de bruit et de chaleur, explique Simon   profes-
seur de neurobiologie à l’Université de Cambridge, 
lorsque les neurones sont plus petits ils deviennent 
plus bruyants et donc moins fiables ».
UNE EFFICACITÉ CÉRÉBRALE HÉRÉDITAIRE. 
D’un côté le cerveau tend à créer plus de connexions 
pour accroître son efficacité et de l’autre à réduire leur 
nombre afin de minimiser sa consommation d’éner-
gie. La nécessité d’équilibrer ces deux contraintes 
aurait opéré comme une pression sélective au cours 
de l’évolution. L’équipe d’Alex Fornito chercheur en 
neurosciences à l’Université de Melbourne a démon-
tré le caractère héréditaire du rapport coût-effica-
cité du réseau de connexions neuronales. « 60 % des 
Le cerveau de l’homme moderne 
serait proche d’une limite évolutive. 
Augmenter ses capacités cognitives 
coûterait « trop cher » en énergie.
Découvertes 
fondamentales
très étendue en dépit d’une cervelle lilliputienne. 
« Les abeilles ont des capacités cognitives bien plus 
développées que ce que l’on pensait jusqu’à présent, 
indique ainsi Lars Chittka, professeur d’écologie 
comportementale et sensorielle au Queen Mary 
College de Londres. La taille du cerveau ne serait 
donc pas suffisante pour déterminer l’intelligence 
d’une espèce.
UN CERVEAU PLUS DENSE EN NEURONES. 
Tout dépend bien sûr de la définition de l’intel-
ligence choisie. Et la question reste complexe et 
controversée. Il est généralement admis que les pri-
mates – grands singes et hommes en tête- les cétacés 
et les dauphins sont dotés des plus grandes capacités 
mentales et comportementales. Chez les vertébrés, et 
les mammifères en particulier, la masse du cerveau 
augmente de façon linéaire à celle du corps (voir le 
graphique). Mais certaines espèces, comme l’homme, 
le chimpanzé et le dauphin, situés au-dessus de la 
diagonale, ont un cerveau plus grand qu’attendu. Le 
cerveau humain a ainsi le plus grand quotient d’encé-
phalisation avec un cerveau 7 à 8 fois plus grand qu’un 
Découvertes 
fondamentales
mammifère de sa taille. Une autre caractéristique 
associée à l’intelligence est le nombre élevé de neu-
rones dans le cortex lié à la capacité de mémorisation. 
L’homme dépasse toutes les espèces avec environ 
15.000 neurones corticaux (contre 11.000 chez l’élé-
phant d’Afrique dont le cerveau est trois fois plus 
gros), mais aussi par un traitement de l’information 
très rapide et un nombre élevé de zones spécialisées.
Le cerveau humain pourrait-il alors grossir 
encore et multiplier ses neurones pour accroître ses 
capacités intellectuelles ? Il semblerait que non en 
raison de contraintes thermodynamiques et phy-
siques. « Je pense que le cerveau est proche d’avoir 
atteint une limite évolutive, car plus grand il serait 
moins efficace, indique Jon Kaas. Des chercheurs 
ont estimé qu’en doublant la taille du cerveau on 
augmenterait de seulement 10 % la puissance de 
calcul avec un coût énergétique élevé ». Cela cor-
respond à la loi des rendements décroissants selon 
laquelle un doublement de l’énergie de départ ne 
résulte pas en une performance doublée. Or, il faut 
rappeler que notre cerveau qui ne représente que 
2 % de notre masse totale est l’organe qui consomme 
le plus d’énergie (environ 20 %).
EFFICACITÉ VERSUS COÛT ÉNERGÉTIQUE. 
L’évolution du cerveau aurait en effet été guidée par 
la recherche d’un équilibre entre coût énergétique 
minimal et efficacité maximale. Et la forme actuelle 
semblerait être la plus optimale pour ce compromis. 
Explications.
Un cerveau plus grand nécessiterait davan-
tage de longues connexions entre des régions plus 
éloignées, ce qui impliquerait un coût énergétique 
supplémentaire et une communication plus lente. 
Les cerveaux plus grands que celui de l’homme 
(éléphant, baleine) sont moins efficaces parce qu’-
en dépit d’un nombre similaire de neurones- la 
vitesse de traitement de l’information est réduite à 
cause d’une distance plus grande entre les neurones. 
Une option pour accroître la vitesse de conductivité 
consiste à épaissir l’enveloppe de myéline des fibres 
d’axones, mais cela exige à nouveau une consom-
mation accrue d’énergie et d’espace. « Le cerveau 
humain semble donc avoir atteint un équilibre entre 
la maximisation du nombre de neurones d’une part 
(bon pour la mémoire) et de la vitesse de traitement 
d’autre part (bon pour l’intelligence) », explique 
Gerhard Roth professeur à l’institut de recherche 
sur le cerveau de l’Université de Brême (Allemagne).
À l’inverse, on pourrait imaginer que le cer-
veau rétrécisse tout en conservant la même densité 
de neurones ce qui aurait l’avantage de réduire le 
coût énergétique et d’accroître la vitesse de commu-
nication. Toutefois cela impliquerait des neurones 
 Les cerveaux 
organisés d’une façon 
« plus rentable » ont été 
sélectionnés au cours de 
l’évolution