Officiel Santé • juin /juillet 2013 • 5
giques bien conduites dans la
SLA reste encore insuffisant,
quand on le compare à d’autres
pathologies neurologiques,
comme la maladie de Parkinson,
où des études ont permis de
montrer le rôle des pesticides.
Cette lacune s’explique en partie
par des difficultés méthodolo-
giques, la relative rareté de la
pathologie rendant les études de
cohortes difficiles et couteuses.
Dans l’avenir, il est indispensable
que des efforts soient mis en
œuvre pour financer des
recherches systématiques et de
grande envergure qui visent à
caractériser des facteurs envi-
ronnementaux.
Physiopathologie de la SLA :
les motoneurones sont ils
victimes de leurs voisins ?
On a longtemps considéré que
la cause de la SLA devait essen-
tiellement être recherchée en
étudiant les modifications intrin-
sèques des motoneurones, par
exemple en étudiant des
modèles in vitro de culture pure
de motoneurones. Cette vision
réductrice a été abattue depuis
quelques années sur la base
notamment d’études in vivo
dans des modèles murins de
SLA qui prennent en compte
l’environnement des motoneu-
rones. La maladie est mainte-
nant considérée comme résul-
tant d’un processus « non
cellulaire autonome », ce qui
veut dire que des perturbations
de cellules non motoneuronales
joueraient un rôle majeur.
On évoquera notamment le
rôle des astrocytes, les cellules
qui ont un rôle de support et
d’entretien des neurones, mais
qui sont aussi impliquées dans
la régulation des taux de gluta-
mate dans la fente synaptique.
Dans la SLA, des lésions astro-
cytaires affectant les systèmes
de recapture du glutamate,
seraient responsables d’une
augmentation de ses taux,
devenant alors toxique par
afflux de calcium dans les
motoneurones.
Le rôle des cellules microgliales,
qui sont responsables de la réac-
tion inflammatoire dans le sys-
tème nerveux est évoqué
comme un facteur d’aggravation
plus que de déclenchement de
la dégénérescence motoneuro-
nale. Ces cellules pourraient
libérer des médiateurs inflam-
matoires toxiques pour les moto-
neurones. Toutefois, la situation
pourrait être plus compliquée,
cette inflammation étant sus-
ceptible d’avoir un rôle initiale-
ment protecteur dans les phases
précoces de la maladie. On
comprend aisément qu’une ana-
lyse précise de la succession des
étapes d’inflammation, et de leur
conséquence sur la viabilité des
motoneurones, est nécessaire
dans l’optique d’application de
traitements anti-inflammatoires
chez les patients.
Une défaillance plus étendue
des systèmes moteurs ?
Plus récemment, a été évoqué
le rôle possible d’autres popu-
lations de neurones. Les moto-
neurones reçoivent en effet un
nombre considérable d’affé-
rences, qui peuvent être soit
excitatrices soit inhibitrices, de
la part d’autres cellules neuro-
nales, comme les neurones sen-
soriels ou les interneurones.
Récemment, a été démontré
par le Dr Luc Dupuis (Stras-
bourg) l’implication des voies
descendantes sérotoniner-
giques. Des perturbations de la
balance entre ces différentes
afférences pourraient engendrer
notamment des modifications
de d’excitabilité électrique des
motoneurones. Une analyse
intégrée des perturbations des
systèmes moteurs en jeu dans
la SLA constitue ainsi une voie
de recherche innovante. Dans
cette approche, la maladie est
désormais vue comme une
défaillance des systèmes
moteurs (« system failure ») et
non plus comme une atteinte
limitée à sa voie finale repré-
sentée par le couple moto-
neurone-muscle. Ce concept
est d’ailleurs à rapprocher de
travaux effectués dans la mala-
die d’Alzheimer qui montrent
que le déclenchement et la
progression de la dégénéres-
cence est étroitement reliée à
l’architecture anatomique et
fonctionnelle des réseaux de
neurones impliqués dans la
cognition.
Quelles sont les
manifestations cliniques
de la SLA ?
Pour en revenir à la clinique, la
base du diagnostic de SLA néces-
site l’atteinte combinée des moto-
neurones dits centraux, situés
dans le cortex moteur et donnant
naissance au faisceau pyramidal
et des motoneurones dits péri-
phériques, dont les corps cellu-
laires sont situés dans la moelle
épinière et le tronc cérébral. C’est
une définition certes restreinte
quand on considère que la mala-
die touche d’autres systèmes mais
qui reste néanmoins opérante
dans la pratique clinique.
Le début le plus fréquent de la
maladie est l’apparition d’un
déficit moteur amyotrophiant des
membres, habituellement asy-
métrique et associé à des fasci-
culations. Les formes débutant
par une dysarthrie (formes de
début bulbaire) représentent
environ un tiers des cas et sont
plus fréquentes chez les femmes.
Si l’atteinte respiratoire est habi-
tuelle au cours de l’évolution de
la maladie, il s’agit d’un mode
de révélation rare.
Les signes négatifs sont impor-
tants pour le diagnostic. Cer-
taines populations de motoneu-
rones, comme celles innervant
les muscles oculomoteurs et les
sphincters vésicaux et anaux sont
respectées. Il n’existe habituel-
lement pas de troubles de la sen-
sibilité ni de signes extrapyrami-
daux ou cognitifs. Toutefois
environ 5 % des patients déve-
loppent un tableau de DFT, asso-
ciant des troubles du comporte-
ment à une atteinte des fonctions
exécutives et du langage.
Si la médiane de survie est de
trois ans, il faut néanmoins insis-
ter sur l’hétérogénéité évolutive
de la maladie avec l’existence
de formes d’évolution rapide ou
au contraire de formes lentes.
Ainsi, suivant les séries, il existe
un pourcentage de formes lentes
de plus de 60 mois compris entre
10 et 30 %. Des formes dites
« bénignes » peuvent évoluer sur
plus de 30 ans. Il est impossible
de prédire individuellement
l’évolutivité de la maladie. Dans
la majorité des cas le décès sur-
vient par insuffisance respira-
toire progressive, souvent
aggravée par une surinfection
NEUROLOGIE dossier
Spécial
Spécial
ATTEINTE DES MEMBRES
Signes périphériques
Déficit moteur
Amyotrophie
Fasciculations
Crampes
Diminution ou abolition des réflexes ostéo-tendineux (ROT)
Signes centraux
Déficit moteur
Spasticité
Exagération des ROT
Signe de Babinski
ATTEINTE DE LA SPHERE BULBAIRE
Signes périphériques
Atrophie linguale
Fasciculations linguale
Signes centraux
Exagération du réflexe masséterin
Rire et pleurer spasmodique
Signes mixtes
Dysarthrie
Troubles de déglutition
SIGNES CLASSIQUEMENT ABSENTS
Troubles sensitifs
Paralysie oculomotrice
Troubles sphinctériens
Démence (mais association possible)