D o s s i e r d u C N I M H Revue d’évaluation sur le médicament Publication bimestrielle 1995, XVI, 4 SOMMAIRE Évaluation thérapeutique Le Point sur 1995, XVI, 4 Fiche Opiacés dans la prise en charge des toxicomanes Tacrine Nouvelles interactions médicamenteuses dans Thériaque Centre National d’Information sur le Médicament Hospitalier ISSN 0223.5242 A G ED UN C E MEDICAMENT Sommaire DOSSIER DU CNIMH Éditorial : Marie Caroline HUSSON 1995, Tome XVI, 4 3 Tous les articles publiés dans DOSSIER sont le fruit d'un travail collectif, sur le fond et sur la forme, entre les Rédacteurs-Signataires, le Comité de Rédaction, et la Rédaction du CNIMH d'une part, le Comité de lecture et certains experts, spécialistes du sujet traité, d'autre part. Sur chaque sujet, DOSSIER ne publie donc pas les opinions de tel ou tel, mais réalise une analyse scientifique critique, la plus objective possible. Opiacés dans la prise en charge des toxicomanes Directeur de la Publication : J.M. Kaiser Éditorial : Xavier LAQUEILLE 5 RÉDACTION Rédacteur en chef : M.C. Husson Secrétaire de rédaction : C. Fréville Comité de rédaction : A. Certain (Paris), S Crauste-Manciet (SaintGermain en Laye), C. Diviné (Créteil), F. Gimenez (Paris), C. Guérin (Paris), C. Haegel (Liancourt), B. Sarrut (Paris). Secrétaire: F. Prince Évaluation thérapeutique 7 Tacrine COMITÉ DE LECTURE C. Advenier (Versailles), P. Assayag (Paris), A. Baumelou (Paris), P. Beaufils (Paris), P. Bernades (Clichy), D. Brossard (SaintGermain en Laye), D. Cabrol (Paris), A. Combre † (Nantes), J.M. Decazes (Paris), J.M. Extra (Paris) P. Faure (Paris), P. Gayral (Paris), P.M. Girard (Paris), J.L. Imbs (Strasbourg), J.C. Koffel (Strasbourg), A. Le Hir (Paris), P. Maire (Lyon), G. Massé (Paris), C. Montagnier (Bayonne), B. Quinet (Paris), Ch. M. Samama (Paris), X. Sauvageon (Paris), M. Torck (Lille), J.H. Trouvin (Châtenay-Malabry), G. Vedel (Paris), J.M. Vetel (Le Mans), M. Vincens (Paris). Éditorial : Jean-Marie VETEL 55 Le Point sur 57 Fiche IMPRESSION : Express Service Est 19, Bd Georges Bidault, 77183 Croissy-Beaubourg Rythme de parution: 6 numéros par an N° ISSN 0223.5242. N° de commission paritaire: 71987 Nouvelles Interactions médicamenteuses 84 dans Thériaque CENTRE NATIONAL D'INFORMATION SUR LE MÉDICAMENT HOSPITALIER (CNIMH) Exemples Thériaque 7, rue du Fer à Moulin 75005 Paris Tél.: (1) 44 08 77 77 - Télécopie: (1) 43 36 76 49 Le CNIMH est une association indépendante à but non lucratif (loi 1901) dont la vocation est de dispenser une information rigoureuse et scientifique sur le médicament. Président : J.M. Kaiser Président fondateur : A. Mangeot † Directeur : M.C. Husson Promotion : C. Grevot Secrétariat-Abonnement : F. Prince Conseil d'Administration : P. Arnaud (Paris), A. Baumelou (Paris), M. Bénech (Paris), M.C. Bongrand (Marseille), A. Certain (Paris), A. Combre † (Nantes), A. Dauphin (Paris), Ch. Doreau (Paris), J.C. Ghislain (Mantes), F. Gimenez (Paris), G. Hazebroucq (Paris), M Hirsch (Paris), M. Hoffman (Nancy), J.M. Kaiser (Tours), R. Leverge (Paris), F. Locher (St Genis Laval), G. Maillard (Paris), C. Maison (Montreuil), N. Nocton (Senlis), C. PenotRagon, JP Reynier (Paris), A. Sarfati (Ivry), B . Sarrut (Paris), B. Van Bockstael (Lomme), M.C. Veyre (St Priest en Jarez), G. Willoquet (Évry). Membres d'honneur : J.M. Alexandre, G. Bardelay, J Gaulin, M. Legrain. Méthadone AP-HP 86 Tacrine 87 Index 88 Les résumés des derniers numéros parus 89 Au sommaire de Dossier depuis 1990... 90 Bulletin d’abonnement 91 Ventes 1995 (prix TTC) Abonnement : Institutions Hospitalières et Particuliers : 820 F, Etranger : 1015 F Laboratoires :1538 F, Etranger : 1733 F Numéro : Institutions Hospitalières et Particuliers : 154 F Laboratoires : 308 F (tarif dégressif envisageable). Les articles de DOSSIER sont indexés dans BIBLIOGRAPHIF ®. Le CNIMH a la propriété des textes publiés dans ce numéro et se réserve tous les droits de reproduction (même partielle), d’adaptation, de traduction, pour tous les pays et par quelque procédé que ce soit (loi du 11 mars 1957, art. 40 et 41 du Code Pénal art. 425). 1 E d i t o r i a l La parution de ce numéro 4-1995 de Dossier du CNIMH amène plusieurs réflexions, intimement liées. La première concerne le choix des deux thèmes traités dans ce numéro : «Opiacés dans la prise en charge des toxicomanes», et «Tacrine». Les médicaments étudiés sont utilisés dans des pathologies bien différentes mais posent en commun des problèmes importants : - la mise en route de ces traitements médicamenteux ne peut s’envisager que dans le cadre d’une prise en charge sociopsychologique du patient et de son environnement proche, - l’efficacité de ces médicaments et plus précisément l’étendue des bénéfices - tacrine dans les symptômes de la maladie d’Alzheimer dans ses formes légères à modérées, buprénorphine, méthadone et LAAM dans le traitement substitutif de la dépendance aux opiacés, et naltrexone dans la prévention tertiaire pour éviter les rechutes et en traitement de soutien après la cure de sevrage - est difficile à évaluer du fait de la complexité même des pathologies et des multiples facteurs impliqués, - l’évaluation du rapport bénéfice/risque de ces thérapeutiques actuellement reconnue dans les AMM doit être considérée comme inachevée. Des études d’efficacité et de tolérance à plus long terme sont indispensables. De là découle une seconde réflexion. Ces médicaments ont obtenu leur AMM récemment (mai 1994 pour la tacrine), voire très récemment (juin 1995 pour la méthadone, octobre 1995 pour la buprénorphine). Ils sont donc sortis des protocoles restreints d’expérimentation clinique pour affronter une plus large utilisation. De fait, l’expérience des praticiens de terrain est maintenant déterminante. À côté des données administratives, physicochimiques, galéniques, pharmacologiques, nous avons voulu que ces articles - et leurs éditoriaux respectifs rédigés par des spécialistes confrontés au terrain - offrent aux professionnels de santé concernés par ces pathologies une image la plus fidèle possible de ce que doit être la réalité d’utilisation de ces médicaments. Cette complémentarité dans les informations donne le sens de la collaboration entre le CNIMH et l’Agence du Médicament, collaboration déjà entamée en 1994 (voir éditorial Dossier 1994, XV, 5) et réalisée pour ce numéro de Dossier (1). La troisième réflexion concerne les axes de travail développés par le CNIMH depuis 15 ans et plus particulièrement sur trois types de collaborations qui ont été menées en 1995 : - avec l’Agence du Médicament, - avec la Fédération Nationale des Centres de Lutte contre le Cancer (FNCLCC) dans le cadre de l’opération SOR «Standards, Options et Recommandations»(2), - avec des Centres d’information, Sociétés savantes, Associations de spécialistes... Le CNIMH se plait ainsi à développer et rechercher des collaborations qui permettent d’optimiser encore l’information qu’il diffuse : plus scientifique, plus objective, mieux validée et plus adaptée au terrain. Marie Caroline Husson Rédacteur en Chef Directeur du CNIMH (1) Cette collaboration se poursuivra avec le prochain et dernier numéro de l’année (5/6 - 1995) qui aura pour thème les traitements de la douleur. (2) Bulletin du Cancer Vol 82 suppl 4, 1994 chez Elsevier. Ce numéro, qui reprend les monographies du Dossier Anticancéreux du CNIMH (2/3 - 1994), a été transcrit sur un CD Rom largement diffusé par la FNCLCC à l’occasion du cinquantième anniversaire des Centres Français de Lutte Contre le Cancer. Dossier 1995, XVI, 4 3 E d i t o r i a l La prise en charge des toxicomanes doit être multifactorielle et spécialisée Symptôme non spécifique d’une souffrance psychologique ou d’un désarroi social à l’adolescence, la toxicomanie est une pathologie de la dépendance. Revendiquant une aide à l’abstinence, le toxicomane mobilise son interlocuteur pour s’échapper dans une indépendance mythique. Il confronte notre désir d’assistance à ses limites et à ses ambiguïtés. De fait, le processus toxicomaniaque perturbe gravement la personnalité et s’accompagne de co-morbidités psychiatriques, somatiques et sociales sévères. La prise en charge des sujets est habituellement tardive après plusieurs années d’intoxication. Elle est longue, émaillée de nombreuses rechutes et accidents. Les décès ne sont pas rares. Une réelle évolution psychologique est la seule voie vers une insertion socio-affective stable dans l’abstinence. Les thérapeutiques médicamenteuses représentent un axe majeur dans le suivi de ces patients. Médicaments du sevrage, traitements de substitution ou à visée prophylactique des rechutes, chimiothérapies psychotropes, sont indispensables. La France en ce domaine présentait un retard considérable. Le système de soins spécialisés aux toxicomanes y apparaissait peu médicalisé. Les approches anti-psychiatriques de la toxicomanie n’amenaient à voir dans le drogué qu’un sujet souffrant socialement en niant toute psychopathologie et en refusant toute chimiothérapie. L’explosion du SIDA, la mobilisation des associations de patients, l’écho des médias, et les questionnements du monde médical ont alors interpellé vivement les pouvoirs publics. Une politique de lutte contre la toxicomanie, avec en particulier une politique de substitution claire, ont été proposées. Des moyens ont été mis en œuvre pour permettre une réorientation des structures spécialisées ou la formation des personnels. Médecins, somaticiens de santé publique et psychiatres manifestent à nouveau un intérêt pour cette pathologie protéïforme. Nombreux sont les congrès, réunions et articles sur le sujet. Le travail réalisé dans cet article de DOSSIER du CNIMH vient à point nommé pour rappeler quelle prise en charge chimiothérapeutique peut être proposée. Depuis qu’une AMM a été attribuée à la méthadone puis à la buprénorphine (SUBUTEX®) dans cette pathologie, les traitements de substitution sont officialisés. Les autres pratiques deviennent injustifiées. Cette clarification protège le médecin des prescriptions abusives face aux pressions de certains sujets. Mais les thérapeutiques médicamenteuses des toxicomanes ne se réduisent pas « au tout substitution ». Elles ne doivent pas se développer au détriment des autres approches. Il ne peut être question de réduire la toxicomanie à un comportement isolé de dépendance aux drogues sans percevoir les implications psychologiques sous-jacentes. Xavier LAQUEILLE Service Hospitalo-Universitaire de Santé Mentale et Thérapeutique des Professeurs LOO et OLIE Centre Hospitalier Sainte-Anne, Paris Dossier 1995, XVI, 4 5 Évaluation thérapeutique Opiacés dans la prise en charge des toxicomanes Avec la participation de P. Beauverie*, J. Bouchez**, N. Poisson*, C. Jacquot* et du Comité de Rédaction * Service Pharmacie CH Paul Guiraud, 54 avenue de la République, 94806 Villejuif Cedex ** Centre Spécialisé de Soins pour Toxicomanes - Clinique Liberté, 10 rue de la Liberté, 92220 Bagneux Remerciements : Xavier Laqueille (Paris) Résumé. Le traitement à grande échelle de la toxicomanie est un enjeu de santé publique face à la pandémie de SIDA et d’hépatites virales. Il inclut les traitements de substitution par différentes substances opiacées agonistes {buprénorphine, lévo-alpha-acétyl-méthadol (L.A.A.M.), méthadone} ou antagonistes (naltrexone). L’héroïne est l’opiacé le plus utilisé dans le monde par les toxicomanes. La tolérance aux opiacés est caractérisée par une diminution de la durée et de l’intensité des propriétés analgésiantes, euphorisantes, sédatives, par une forte élévation de la dose létale et par une potentialisation des effets psychomoteurs. Elle peut induire la répétition des prises et surtout l’augmentation de la quantité administrée. La dépendance physique se traduit par un syndrome de manque avec effets rebonds. Les mécanismes neurobiologiques impliqués dans la dépendance physique ne sont pas clairement connus. La pharmacologie des opiacés repose sur la découverte des peptides opioïdes endogènes (P.O.E.) et de leurs récepteurs membranaires : µ, κ, ∂, et d’un site de fixation non spécifique σ. La buprénorphine est agoniste partiel du récepteur µ. Elle n’antagonise pas les agonistes purs. Le L.A.A.M. et la méthadone sont des agonistes sélectifs du récepteur µ ; ils n’antagonisent pas les autres opiacés mais en empêchent partiellement la fixation. La naltrexone est un antagoniste compétitif des opiacés. Une méta-analyse des résultats des traitements de substitution parus dans la littérature est rendue difficile par la diversité des critères de bonne évolution sous traitement, malgré la mise au point de nouveaux outils d’évaluation standardisés. Les premières études d’efficacité de la buprénorphine en tant que médicament de substitution ont permis de montrer qu’elle possède une efficacité comparable à celle de la méthadone sur l’abstinence à l’héroïne et sur la rétention au traitement (malade demeurant dans le cadre du traitement de substitution), de déterminer des posologies minimales et de s’assurer de sa tolérance clinique. Les données cliniques sur le L.A.A.M. sont encore fragmentaires et le risque toxicologique encore mal évalué chez l’homme. La méthadone reste la molécule de référence dans les études contrôlées internationales utilisant des substances agonistes ; ces études sont encore peu nombreuses et peu documentées. Les agonistes opiacés sont employés dans le traitement substitutif de la dépendance aux opiacés. La buprénorphine a obtenu l’AMM pour le traitement substitutif des pharmacodépendances majeures aux opiacés dans le cadre d’une prise en charge médicale, sociale et psychologique. La méthadone est indiquée dans le traitement substitutif de la dépendance majeure et avérée aux opiacés conformément au cadre réglementaire notamment chez la femme enceinte héroïnomane. Le L.A.A.M. dispose d’une ATU dans le traitement substitutif de la dépendance aux opiacés. La naltrexone est indiquée dans la prévention tertiaire pour éviter les rechutes et en traitement de soutien après la cure de sevrage, en consolidation. Les contre-indications communes aux agonistes opiacés sont multiples mais toujours à reconsidérer en fonction des pathologies associées. Ils potentialisent toutes les dépendances aux substances psycho-actives. L’arrêt brutal d’un traitement prolongé par un agoniste entraîne un syndrome de sevrage. L’utilisation de la naltrexone est formellement contre-indiquée chez les sujets en état de dépendance aux opiacés (syndrome de sevrage grave et durable). L’objectif d’un programme thérapeutique substitutif est la recherche de la posologie optimale pour chaque patient. Les risques d’un sous-dosage, sans bénéfice médical, impliquant généralement la persistance de la prise de substances illicites et l’abandon du traitement, prévalent sur les risques d’un surdosage. Dans tous les cas, un soutien psychosocial doit être apporté au patient. De nombreuses autres substances sont utilisées sans AMM au cours des prises en charge des toxicomanes, notamment le Laudanum ou la codéine, fréquemment employée par les toxicomanes à des fins de sevrage ou pour apaiser le syndrome de manque. En cas d’arrêt brutal de la prise d’opiacés, un sevrage progressif peut être réalisé par la prise de diverses substances : méthadone, clonidine ou guanfacine, associations naloxone / barbiturique anesthésique ou naloxone / benzodiazépine hypnotique, divers psychotropes... Mots clés : Buprénorphine, Codéine, Héroïne, Métadone, Morphine, Naltrexone, Opiacé, Pharmacodépendance, Sevrage, Substitution, Tolérance, Toxicomanie. Dossier 1995, XVI, 4 7 Évaluation thérapeutique Opiacés dans la prise en charge des toxicomanes Introduction L'histoire du toxicomane peut orienter le clinicien sur la thérapeutique à mettre en œuvre. Il est essentiel que le maximum d'hypothèses soit présent simultanément à l'esprit du thérapeute tout au long de la prise en charge médicale du sujet - hypothèses psychanalytiques, cognitives, comportementales, biologiques - afin de percevoir la réalité d'un phénomène individuel (6). Le traitement à grande échelle de la toxicomanie est un enjeu de santé publique face à la pandémie de SIDA et d’hépatites virales. Le but essentiel de la prise en charge du toxicomane est l’abandon de sa toxicomanie. Cette prise en charge inclut les traitements de substitution. Différentes substances opiacées (buprénorphine, LAAM, méthadone, naltrexone...), peuvent ou pourront dans un proche avenir, être employées dans le traitement de substitution du toxicomane. Les fonctions des pharmaciens concernés par cette prise en charge sont en cours de définition. Motivés, volontaires, formés, engagés, dans le cadre de leurs fonctions respectives (libérales, hospitalières, industrielles...), les pharmaciens doivent s’impliquer afin de promouvoir cette nécessaire prise en charge. Les pharmaciens doivent s’impliquer dans la prise en charge du toxicomane au sein de réseaux ville - hôpital associant notamment médecins, pharmaciens, psychothérapeutes.... Leur connaissance du rapport bénéfice / risque des médicaments et la compréhension des effets pharmaco-toxicologiques doit leur permettre, dans un premier temps, de participer à la formation et à l'information de chaque intervenant. Le traitement de la toxicomanie au cours du XXème siècle a en partie été influencé par le jugement de la société, du corps médical en particulier, sur la toxicomanie et les toxicomanes. Dans ce domaine, la pharmacopée est riche en prescriptions multiples aux objectifs divers (sevrages, substitutions, maintenance, soutien). De 1920 à 1970, la toxicomanie est condamnée car perçue comme un délit. Les médecins qui prescrivent des opiacés se heurtent à la réprobation du public et de certains de leurs collègues. Les changements socioculturels survenus à la fin des années 60 (marqués notamment par la Loi du 31.12.1970), ont amené les responsables politiques à considérer le toxicomane à la fois comme un malade et un délinquant. Le but de ce dossier est de présenter les différentes substances opiacées qui peuvent, ou pourront dans un proche avenir, être employées dans le traitement de la toxicomanie, avec leurs avantages et inconvénients. Il est souhaitable que les indications de chaque produit soient constamment réévaluées au regard des résultats observés chez chaque patient. Le développement des traitements de substitution a conduit certains médecins à comparer la toxicomanie à un trouble métabolique, au même titre que le diabète. La toxicomanie fut alors considérée comme un phénomène biochimique. Puis, face à la pandémie de SIDA et d'hépatites virales, son traitement à grande échelle devint un enjeu de santé publique. Si les équipes médicales françaises peuvent mettre à profit les expériences étrangères, beaucoup plus anciennes, elles doivent tenir compte de biais impondérables comme les contextes socioculturel, juridique, policier, ou la proximité, l’intensité et la diversité d'un marché illicite local. L’efficacité des traitements substitutifs est également soumise au degré de pénétration et d'acceptation de ces traitements dans la population toxicomane (22). Cette urgence contextuelle, et la politique de réduction des risques qui en résulte, ne doit pas éloigner les différents intervenants du but essentiel, l’abandon de la toxicomanie. L'extension récente des modalités de prise en charge des toxicomanes inclut les traitements de substitution. Dans ce domaine, médecins et pharmaciens, impliqués et associés, participent activement à la réalisation d'un réseau de collaborateurs, appelé réseau ville - hôpital. Dans un contexte clinique aussi complexe, il est encore difficile de préciser les indications de chaque produit. Aussi, dans cet article, les auteurs ont-ils délibérément choisi, après le rappel de quelques notions fondamentales, de présenter l'ensemble des produits (anciens, contemporains ou à venir) et d'y associer les dernières découvertes tant en neurobiologie qu'en pharmacologie. Ce réseau a pour but d'optimiser la prise en charge du toxicomane, en permettant une approche à la fois globale et personnalisée. Dossier 1995, XVI, 4 8 Évaluation thérapeutique Opiacés dans la prise en charge des toxicomanes LA TOXICOMANIE En 1991, aux USA, 6,1 % des patients d'une population demandant des soins psychiatriques, ont reconnu avoir consommé de l’héroïne. Épidémiologie (9) L’héroïne est l’opiacé illicite le plus utilisé dans le monde par les toxicomanes. Dans une étude menée en France en 1992, 2/3 des sujets héroïnomanes ont entre 20 et 30 ans. Parmi ceux consultant un centre sanitaire spécialisé, 60 % déclarent consommer au moins un produit en association avec l’héroïne. La moitié des demandes enregistrées dans ces centres est une première demande de soins. Ces données soulignent le désir de soins d’une partie de la population des toxicomanes. En 1994, en France, la prévalence de l'abus et du mésusage de substances psycho-actives parmi les consultants d'un service de psychiatrie, a été de 25 % en considérant la vie entière et de 14 % en considérant les six derniers mois (83). L’estimation de la consommation dans le domaine de la toxicomanie se heurte à deux types de difficultés : La consommation d’opiacés n’est pas limitée aux classes socio-économiques les plus défavorisées. La dépendance aux opiacés est marquée par des troubles de l’humeur concourant à l’apparition de conduites délictueuses et à un rejet du sujet. Son association à des pathologies psychiatriques durables (schizophrénies, délires chroniques) nécessite des prises en charge thérapeutiques multiples. Elle serait associée à des dysfonctionnements biologiques et à une vulnérabilité génétique. La toxicomanie aux opiacés comporte 4 stades : 1) contamination initiale, 2) utilisation occasionnelle, 3) utilisation habituelle, 4) toxicomanie invétérée (dépendance totale, dégradation physique et psychique, guérison difficile). Seuls les deux derniers stades relèvent à proprement parler de la toxicomanie. Ces données ne sont qu'un reflet de l'incidence de la toxicomanie et soulignent le désir de soins d'une partie de la population des toxicomanes. Étiologies (schéma 1) - le côté parcellaire des données recueillies sur le terrain (clubs de prévention, actions de réduction des risques), - les discordances des données selon qu'elles proviennent de structures de soins spécialisées ou de sources policières. L’héroïne est de loin l'opiacé illicite le plus utilisé dans le monde par les toxicomanes. Les héroïnomanes représentent 2,5 millions de personnes dans le monde (données 1993) (23). Si l’héroïne est moins utilisée que la cocaïne aux États-Unis, elle reste le principal produit à usage illicite (hormis le cannabis) en Europe et en Extrême Orient (23). En France, en 1992, la population héroïnomane a été estimée à 150 000 sujets, mais les experts, en l’absence d'estimation plus fine, considèrent ce chiffre comme un seuil minimal, sans doute à corriger d'un facteur deux. Ainsi, l'ampleur du phénomène de dépendance aux substances psycho-actives ne peut-elle être qu'estimée. 1. Facteurs sociologiques (21) La consommation d'opiacés n'est pas limitée aux classes socio-économiques les plus défavorisées, même si l'incidence y est plus élevée que dans les classes plus élevées. Une grande variété de facteurs sociaux associée à la pauvreté urbaine et à la vie dans les banlieues favorise l'existence d'un marché des substances illicites et peut contribuer au phénomène de dépendance. Entre 1990 et 1991, l’incidence a augmentée de 37 %. En 1992, 16 200 toxicomanes ont eu recours à une structure sanitaire dont 40 % uniquement en centres spécialisés. 2/3 des sujets avaient entre 20 et 30 ans. La grande majorité de ces patients consomment de l’héroïne (60 %), puis du cannabis (19 %), des psychotropes (9 %), des produits contenant de la codéine (5 %)... L'impact des dépendances sur le comportement de l'adolescent héroïnomane a été souvent décrit dans la littérature. Ce comportement est marqué par des troubles de l'humeur avec symptômes anxieux, une impulsivité avec orientation de personnalité passive/agressive, une peur de l'échec, un développement de stratégies limitées pour faire face aux événements avec intolérance aux frustrations, un sentiment d'impossibilité à mettre en œuvre des comportements adaptés, une sensation de contrôle des événements de la vie par l'intermédiaire des substances illicites, des troubles dans les relations interpersonnelles et sociales. Parmi les héroïnomanes consultants, 60 % déclarent consommer au moins un produit en association avec l’héroïne. Sur l'ensemble des centres spécialisés, la moitié des demandes correspond à une première demande de soins. Une comparaison par centre et sur l'ensemble des services hospitaliers serait nécessaire mais elle reste actuellement difficile. Dossier 1995, XVI, 4 9 Évaluation thérapeutique Opiacés dans la prise en charge des toxicomanes Vulnérabilité biologique : Prédisposition biologique, génétique et physiologique Adaptation cognitive Prédispositions psychologiques : Utilisation d’opiacés Adaptation de personnalité Expériences précoces Influences familiales Conflit intrapsychique Manque Adaptation comportementale Climat social : Facteurs sociaux culturels Facteurs favorisants Schéma n°1 : Modèle multifactoriel «fractal» de la dépendance Dossier 1995, XVI, 4 10 Évaluation thérapeutique Opiacés dans la prise en charge des toxicomanes L'ensemble de ces modifications concoure à l'apparition de conduites délictueuses, à des sanctions pénales et à un rejet par la société voire par la cellule familiale et les proches du sujet. Seuls les deux derniers stades relèvent à proprement parler de la toxicomanie, mais les deux premiers sont un passage obligé. Ces stades ne se distinguent pas de façon stricte, et la vitesse de passage de l'un à l'autre est variable, mais en général le passage du stade 1 au stade 3 se fait en un à trois ans. 2. Comorbidité, diagnostics doubles (83) L'association des conduites de dépendance aux opiacés à une pathologie psychiatrique additionnelle reste un sujet de débat qui dépasse le terrain de l'évaluation médicale. Néanmoins, une proportion de 50 à 90 % des sujets dépendants aux opiacés ont, ou ont eu, un diagnostic psychiatrique additionnel. Cette proportion est discutée en raison de l’existence de biais d'échantillonnage. 1. Stade 1 Le stade 1 est celui de la "contamination" et concerne des sujets jeunes. 90 % de ceux-ci ne vont pas plus loin, soit par absence de plaisir, soit par déplaisir (nausées, vomissements), soit par peur, ou encore par préférence pour leurs activités habituelles. Dans ce cas, la "contamination" peut agir comme une "vaccination". Les diagnostics les plus fréquemment cités sont : les épisodes dépressifs majeurs, les troubles liés à l'alcool ou aux autres substances psycho-actives, les troubles de la personnalité, notamment les conduites antisociales et les troubles anxieux. 2. Stade 2 Le stade 2 est celui des utilisateurs occasionnels qui continuent de temps en temps soit par plaisir, soit pour appartenir à un groupe à consommer des substances illicites, en étant persuadés de dominer cet usage. À ce stade, une information sur les dangers de la drogue peut en arrêter la consommation. Il n'y a pas de désordre psychique ou physique, mais la moitié de ces jeunes utilisateurs vont passer au stade suivant. Les taux de tentatives de suicide varient selon les études de 10 à 20 %. L’association d’une dépendance aux opiacés avec des pathologies psychiatriques plus durables (schizophrénies, délires chroniques) nécessite une prise en charge multiple. Son pronostic dépend alors davantage des troubles associés que de la dépendance aux opiacés. 3. Stade 3 3. Facteurs biologique et génétique Le stade 3 est celui des utilisateurs habituels. La dépendance s'est installée insidieusement. Les rythmes des prises et les quantités consommées augmentent. Le mode d'administration change et d'autres substances sont occasionnellement prises. Le comportement du sujet se modifie : abandon des études, marginalisation accompagnée d'une petite délinquance ou d'une prostitution, pour trouver l'argent nécessaire à l'achat de la drogue. À ce stade, rien n'est encore irréversible. La guérison reste possible. Le soutien apporté au sujet, par la famille si elle le peut ou par les associations appropriées, doit être très important, sans médicalisation inutile. 35 000 jeunes passeraient chaque année du stade 2 au stade 3, ce qui ferait une population de toxicomanes en France de 500 000 jeunes âgés de 15 à 35 ans (48). Les données concernant l’hypothèse d’hypo-activité du système opioïde, associée à une anomalie du niveau de réponse dopaminergique et/ou noradrénergique chez le toxicomane, sont encore très limitées. Les difficultés méthodologiques liées à l'analyse des perturbations neurobiologiques chez les toxicomanes rendent les conclusions difficiles à établir. Quoi qu'il en soit, les études familiales conduisent à l’hypothèses d'une origine génétique de ces dysfonctionnements biologiques. Les quatre stades de la toxicomanie (48) 4. Stade 4 En France, en 1994, l’observation clinique de 5 000 toxicomanes (quel que soit le produit employé) a permis de faire apparaître quatre stades dans l'évolution contemporaine de la maladie. Dossier 1995, XVI, 4 Le stade 4 est celui de la toxicomanie invétérée. Il s'agit souvent d'une polytoxicomanie. La dépendance est totale. Il existe à la fois une dégradation physique et psychique. 11 Évaluation thérapeutique Opiacés dans la prise en charge des toxicomanes Tableau I : Critères CIM 10 et DSM IV CIM 10 F10-F19 Troubles mentaux et troubles du comportement liés à l'utilisation de substances psycho-actives F11 Troubles mentaux et troubles du comportement liés à l'utilisation d'opiacés F11.6 Syndrome amnésique F11.7 Troubles résiduels et troubles psychotique de survenue tardive .70 "flash-back" .71 trouble de la personnalité ou du comportement .72 trouble thymique résiduel .73 démence .74 autre déficit cognitif persistant .75 trouble psychotique à début tardif F11.0 Intoxication aiguë .00 sans complications .01 avec traumatismes ou blessures physiques .02 avec d'autres complications médicales .03 avec delirium .04 avec distorsion des perceptions .05 avec coma .06 avec convulsions .07 intoxication pathologique F11.8 Autres troubles mentaux ou troubles du comportement, F11.1 Utilisation nocive pour la santé F11.9 Trouble mental ou trouble du comportement, sans précision F11.2 Syndrome de dépendance .20 actuellement abstinent .21 actuellement abstinent mais dans un environnement protégé .22 sous traitement de substitution sous surveillance médicale .23 actuellement abstinent mais prend des médicaments aversifs ou bloquants .24 utilise actuellement de la drogue .25 utilisation continue .26 utilisation épisodique (dipsomanie) DSM IV* Troubles mentaux induits par les substances psycho-actives F11.3 Syndrome de sevrage .30 sans complications .3l avec convulsions Troubles liés aux opiacés . troubles liés à l'utilisation d'opiacés F11.4 Syndrome de sevrage avec delirium .40 sans complications .41 avec convulsions - Dépendance aux opiacés - Abus d'opiacés F11.5 Troubles psychotiques .50 d'allure schizophrénique .51 avec idées délirantes au premier plan .52 avec hallucinations au premier plan .53 avec symptômes polymorphes au premier plan .54 avec symptômes dépressifs au premier plan .55 avec symptômes maniaques au premier plan .56 mixte . troubles induits par les opiacés - Intoxication aux opiacés - Sevrage aux opiacés - Delirium au cours de l'intoxication - Troubles psychotiques induits . avec idées délirantes . avec hallucinations - Troubles de l'humeur induits - Troubles sexuels induits - Troubles du sommeil induits - Troubles induits non spécifiques * Traduction du DSM IV américain en cours d’élaboration Dossier 1995, XVI, 4 12 Évaluation thérapeutique Opiacés dans la prise en charge des toxicomanes Pharmacodépendance aux opiacés Les complications infectieuses sont fréquentes, favorisées par le déficit de l'immunité iatrogène et/ou viral. La guérison est difficile à obtenir (seulement dans 30 % des cas), et les rechutes sont fréquentes. La tolérance aux opiacés est caractérisée par une diminution de la durée et de l’intensité des propriétés analgésiantes, euphorisantes, sédatives, par une forte élévation de la dose létale et par une potentialisation des effets psychomoteurs. Elle peut induire la répétition des prises et surtout l’augmentation de la quantité administrée. Elle apparaît très rapidement. La dépendance physique se traduit par un syndrome de manque avec effets rebonds. Les symptômes sont fonction du contexte d’utilisation du produit et des conditions de sevrage. Les mécanismes neurobiologiques impliqués dans la dépendance physique sont encore peu clairs. La dépendance psychique passe par un apprentissage, un conditionnement et s’accompagne de rechute. Si le sevrage physique présente un bon taux de réussite, l'état de manque s'estompant en dix à quinze jours, la phase de réinsertion et le ré-apprentissage de la vie quotidienne sont longs. Les échecs sont souvent dus au refus par le patient de sa prise en charge. Diagnostic de dépendance (Tableau I) Le diagnostic de dépendance aux opiacés est clinique, comportemental et psychosocial. Il fait appel au DSM IV (Diagnosis Statistical Manual) et à la CIM 10 (Classification Internationale des Maladies de l’Organisation Mondiale de la Santé). 1. La tolérance Le diagnostic de dépendance est clinique, comportemental et psychosocial. La toléranceaux opiacés est croisée, asymétrique, hétérogène (ne portant pas sur toutes les propriétés des opiacés). Elle est caractérisée par une diminution de la durée et de l'intensité des propriétés analgésiantes, euphorisantes, sédatives (propriétés résultant de l’effet dépresseur central) et par une forte élévation de la dose létale des opiacés. Par contraste, les effets psychomoteurs sont potentialisés. Les classifications internationales des troubles mentaux isolent actuellement les abus, les dépendances aux opiacés et leurs complications comparant les critères du DSM IV (Diagnosis Statistical Manual) (88) et de la CIM 10 (Classification Internationale des Maladies de l’Organisation Mondiale de la Santé) (88). Cette tolérance peut induire la répétition des prises et surtout l'augmentation de la quantité administrée. Elle apparaît très rapidement. Ainsi en moins de 10 jours, les morphinomanes peuvent s'administrer par voie intraveineuse jusqu'à 500 mg de morphine par jour (37). La dépendance aux opiacés répond aux critères des conduites addictives définis à partir des contraintes comportementales qu'elles opèrent. Elle entretient une dimension commune avec d'autres conduites de dépendance (10). Deux formes de tolérance aux opiacés peuvent être décrites : - la tolérance comportementale de longue durée, indépendante des conditions environnementales, - la tolérance de courte durée, dépendante des conditions environnementales (23). Les conduites de dépendance aux opiacés répondent aux critères suivants : - impossibilité de résister à l'impulsion de s'engager dans le comportement, - tension interne croissante avant d'initier le comportement, Elle se développe différemment selon le mode d'administration. L'administration par une voie permettant une libération progressive des opiacés dans la circulation sanguine (VO, SC, TD) (absence d'effet "pic"), induit moins de tolérance que l'administration directe par voie intraveineuse (effet "pic" associé au "flash") (33). - plaisir ou soulagement au moment de l'action, - perte du contrôle dès le début du comportement, - divers : . préoccupations fréquentes pour le comportement, . efforts répétés pour réduire ou arrêter celui-ci, . temps considérable passé à réaliser celui-ci, . réduction des activités sociales, professionnelles et familiales du fait de celui-ci, . engagement dans celui-ci empêchant de remplir des obligations sociales, familiales et professionnelles, . poursuite de celui-ci malgré des problèmes sociaux, . agitation, irritabilité, si le sujet est devant l'impossibilité de réaliser celui-ci. Dossier 1995, XVI, 4 Malgré l'existence d'une tolérance métabolique pour la plupart des espèces animales, la tolérance aux opiacés résulte principalement d'une adaptation progressive de l'activité neuronale au mécanisme d'action de ces substances. Chez l’homme, la tolérance aux opiacés s’explique exclusivement par l’adaptation neuronale. Toutefois, pour la méthadone, il est observé une tolérance métabolique au cours des 4 premières semaines de traitement. 13 Évaluation thérapeutique Opiacés dans la prise en charge des toxicomanes Classiquement, le traitement prolongé par les molécules agonistes entraîne une désensibilisation qui, au plan moléculaire, s'expliquerait par un découplage entre les protéines réceptrices et le système de transduction (60). Cette hypothèse n’est pas confirmée pour les opiacés agonistes. b) chronologie résumée des troubles (syndrome parfois brutal) : - 5 heures : - 8 heures : - 12 heures : L'administration répétée d'opiacés modifie la plasticité neuronale et comportementale. Or, les acides aminés excitateurs jouent un rôle important dans la plasticité neuronale. C'est ainsi que l'administration préalable d'antagonistes non compétitifs ou compétitifs du récepteur au N-méthyl-Daspartate (NMDA) (respectivement le MK 801 ou dizocilpine, et le LY 274614) à de très faibles doses, inhibe l'apparition de tolérance à l'analgésie sans affecter la sensibilité à la douleur et l'effet analgésiant des opiacés chez l'animal. - 72 heures : Ces symptômes sont fonction du contexte d'utilisation du produit et des conditions de sevrage. Ainsi, les patients recevant de la morphine à visée analgésiante ne ressentent pas de syndrome de sevrage à l'arrêt progressif du traitement. Ils le ressentent d'autant moins que la durée de vie des produits est longue. Ces résultats suggèrent une participation de l'activation des récepteurs au NMDA dans le développement de la tolérance (80, 81). Plus récemment, il a été évoqué une participation du monoxyde d'azote (NO), messager diffusible (41). A contrario, ces patients peuvent ressentir des symptômes de manque si le traitement est arrêté par l'injection d'un antagoniste opiacé (sevrage induit). Ceci indique l'existence pour ces patients d'une dépendance physique subclinique (36). Les opiacés utilisés en dehors de toute indication thérapeutique induisent une dépendance physique très rapidement. L'intensité des symptômes de sevrage croît avec la répétition des prises (11). Quoi qu'il en soit, aucune substance n’apparaît capable d'inverser une tolérance déjà induite par les opiacés. 2. Dépendance physique Le rôle tenu par la dépendance physique dans le comportement de recherche et la prise compulsive du produit, est complexe. Si la dépendance physique aux opiacés concoure au renforcement négatif du comportement (douleur au moment du sevrage), cette notion doit cependant être pondérée par le contexte d'utilisation. Ainsi, de nombreux jeunes servant dans l'armée américaine au Vietnam sont devenus utilisateurs d’héroïne. Seulement 50 % d'entre eux ont présenté une dépendance physique. Parmi eux, une faible proportion a arrêté tout comportement de recherche à son retour en Amérique, et ce en l'absence de tout traitement (37). Généralement, la dépendance physique se traduit au sevrage par des effets rebonds. Mais, les signes observés à l'arrêt d'une prise prolongée de dépresseurs du système nerveux central ne relèvent pas seulement d'un effet rebond (Tableau II). Tableau II : syndrome de manque a) caractéristiques cliniques en grade (O à 4) O 1 2 - anxiété - appétence aux opiacés - bâillement - larmes - rhinorrhée - mydriase - frissons - chaud et froid 3 4 - augmentation de la insomnie vitesse de sédimentation - nausées - crampes - insomnie - vomissements Dossier 1995, XVI, 4 - diarrhée - leucocytose - éosinopénie - hyperglycémie anxiété, irritabilité, bâillements, mydriase douleurs abdominales, pilo-érection larmoiement, hypersialorrhée, rhinorrhée, myalgies, vomissements, diarrhées réduction des symptômes En pharmacologie animale, l'intensité des symptômes physiques du sevrage n'est pas corrélée au désir, à la recherche du produit ou à la motivation du comportement (69). Les mécanismes neurobiologiques impliqués dans la dépendance physique sont encore peu clairs. Au cours du sevrage ou du sevrage induit, il est observé chez l'animal, une hyperactivité noradrénergique et une forte libération de glutamate et d'aspartate dans le locus coeruleus ainsi qu'une forte réduction de la libération dopaminergique dans le nucleus accumbens (6). Les résultats concernant la noradrénaline sont à la base des sevrages hospitaliers à la clonidine (agoniste des récepteurs noradrénergiques présynaptiques, alpha 2). La découverte de l'implication des acides aminés excitateurs et de l'hypo-activité dopaminergique n'a pas encore prolongement - irritabilité - difficulté de concentration 14 Évaluation thérapeutique Opiacés dans la prise en charge des toxicomanes conduit à des explorations cliniques. 3. Dépendance psychique (apprentissage, conditionnement et rechute) région, 15 à 35 % des usagers de drogue par voie intraveineuse (UDIV) auraient une sérologie HIV positive. Elle serait de 70 % pour l'hépatite C (voire 90 % chez les toxicomanes ayant une toxicomanie de plus de 6 ans). Les UDIV représentent 1/4 des nouveaux cas de SIDA enregistrés. 1/4 des nouveaux cas de SIDA à transmission hétérosexuelle correspondent à une contamination directe ou indirecte par un toxicomane ou ancien toxicomane. Ces données épidémiologiques orientent les plans de lutte contre le SIDA. Selon la théorie de l'apprentissage de l'usage de drogue, un comportement est maintenu par ses conséquences. Les drogues renforcent le comportement de consommation du fait que la consommation précédente a procuré du plaisir ou la disparition d'une souffrance (renforcement positif) et qu'à l'arrêt de l'effet il est ressenti une douleur ou la réapparition d'une souffrance (renforcement négatif). La réduction des risques de contamination des toxicomanes et de leur entourage passe par : - la prise en compte des modes de contamination (échange de seringues diminué par la vente de dispositifs médicaux spécifiques aux UDIV - STÉRIBOX®), - le développement des contacts avec les toxicomanes les plus marginalisés (équipes de rue, accueil de jour, "sleep'in") - la diversification des traitements proposés (unités de sevrage, centres spécialisés de traitement et d'orientation, cures et postcures). Cette volonté doit s'appuyer également sur la prévention (information institutionnelle ou par autosupport, distribution de préservatifs, prévention primaire dans les écoles...). Indépendamment des effets pharmacologiques, les renforcements sociaux peuvent également jouer un rôle (désir de s'intégrer à un groupe ou de le diriger...). Ce renforcement intervient chez les jeunes ayant ressenti un déplaisir à la première prise du produit. La consommation continuera jusqu'à l’établissement d'une tolérance aux effets déplaisants. Au niveau neurobiologique, l'auto-administration des opiacés résulte de deux processus reposant sur des systèmes distincts de neurotransmission. L'acquisition et la reprise du comportement dépendraient du système dopaminergique (stimulation de la transmission dopaminergique mésolimbique par levée de l'inhibition gabaergique via l'activation des récepteurs µ) alors que la maintenance de ce comportement relèverait du système opioïde (stimulation du système de recherche impliquant les récepteurs µ et ∂) (23). 2. Mesures de préventions Les mesures de prévention appliquées lors de la prise en charge d’un toxicomane sont de trois types : Pluralité de la prise en charge du toxicomane En vue de réduire le risque de contamination virale (HIV - VHC - VHB) dans la poulation toxicomane, les mesures appliquées sont : - les préventions : 1) primaire qui doit prévenir l’entrée des jeunes en stade 1 de la toxicomanie ; 2) secondaire qui doit permettre d’éviter le passsage au stade 2 ; 3) tertiaire qui porte sur les rechutes ; - les sevrages ; - les substitutions : la prise en charge médicale peut s’appuyer sur un traitement substitutif par un produit opiacé agoniste ou un produit opiacé antagoniste ; une substitution de très courte durée (inférieure à un mois) s’apparente à un sevrage, alors qu’une substitution sur une période plus longue est appelée maintenance (substances agonistes : buprénorphine à haute dose, L.A.A.M. notamment) ou soutien (substance antagoniste : naltrexone). - la prévention primaire, qui concerne l'ensemble de la population et doit prévenir l'entrée des jeunes en stade 1 de la toxicomanie, et de son traitement La prise en charge médicale peut s'appuyer sur un traitement substitutif antagoniste. - la prévention secondaire, qui doit permettre d'éviter le passage au stade 2, - la prévention tertiaire, qui porte sur la réduction des rechutes (accueil, orientation et proposition de soins à l'ensemble des sujets atteints), quel que soit le stade - 3 ou 4 présenté par le sujet . 3. Sevrage L'arrêt d'un traitement substitutif par un agoniste opiacé et / ou l'arrêt d'une toxicomanie aux opiacés passe par le sevrage. Cette période est suivie d'une prise en charge médicale et associative (foyer, postcure...). 1. Concept de prévention communautaire et de réduction des risques (7) Les sevrages se font en ambulatoire ou en milieu hospitalier. Le milieu hospitalier facilite l'assistance des patients Selon les études, le lieu de recueil de l’information et la Dossier 1995, XVI, 4 15 Évaluation thérapeutique Opiacés dans la prise en charge des toxicomanes durant le sevrage et permet un meilleur contrôle de l'accès aux substances illicites. 4. Substitution, maintenance et soutien opiacés peut être bloquée, le toxicomane apprendra à ne plus les utiliser. Le traitement de la toxicomanie par un antagoniste des opiacés vise donc à obtenir l'extinction de la recherche de drogue en évitant les renforcements liés à l'auto-administration d'opiacés (70). Le terme substitution signifie remplacer un produit par un autre. Il ne préjuge pas des effets du produit substitutif employé et ne prend pas en considération la durée du traitement. Ainsi il est possible d'appeler substitution le remplacement d'une substance illicite opiacée par un produit opiacé agoniste ou un produit opiacé antagoniste. Une substitution de très courte durée (inférieure à un mois) s'apparente à un sevrage, alors qu'une substitution sur une période plus longue est appelée maintenance (substances agonistes) ou soutien (substance antagoniste). La naltrexone est actuellement le seul antagoniste disponible par voie orale. C'est aussi pour ses propriétés de régulation des récepteurs des peptides opioïdes endogènes, que certaines équipes considèrent le traitement des addictions aux opiacés par la naltrexone comme un traitement substitutif. Ce traitement de substitution par les antagonistes ne cherche pas à remplacer l'ensemble des mesures classiquement préconisées mais vient au contraire s'imbriquer dans le "puzzle" de la prise en charge complète d'un héroïnomane désireux d'échapper à la spirale de la dépendance et de la désinsertion qui en résulte. 4.1. Substitution par les substances agonistes ou maintenance En 1965, Dole et Nyswander (24), face aux échecs répétés des sevrages et après étude d’un petit nombre de sujets, introduisent l'idée de réaliser non pas un sevrage par une substance opiacée classique mais une substitution de l’héroïne par la méthadone, molécule ayant des propriétés pharmacocinétiques bien distinctes. Les expériences portugaise et espagnole sont importantes. Ainsi, entre 1991 et 1993, la fraction des sujets portugais ayant bénéficié de ce traitement de substitution est passé de 11,4 % à 26,1 %, parallèlement à l'intensification des modalités de prise en charge et de traitement des toxicomanes. Cette réussite reposerait sur l'appui d'une tierce personne (famille, conjoint) pour l'administration du médicament (66). Leur théorie suppose que la consommation prolongée d’héroïne provoque des perturbations biologiques qui seraient à l'origine des rechutes. Le traitement substitutif permettrait dès lors de pallier les éventuelles altérations provoquées par la consommation chronique d'opiacés très inducteurs de dépendance. Par ailleurs, le patient n'étant plus en manque, il accorde progressivement, de plus en plus de temps à un travail de réinsertion socioprofessionnelle. De plus, il apparaît alors possible de traiter les pathologies somatiques et psychiatriques associées. RENSEIGNEMENTS GÉNÉRAUX (Tableau III) Ces travaux ont suscité un vaste développement de programmes dits "programmes méthadone" aux États-Unis mais aussi en Europe et en Australie. RENSEIGNEMENTS PHYSICOCHIMIQUES (Tableau IV) Les expériences étrangères montrent que l'efficacité de ce traitement repose sur un fort investissement par l'équipe soignante et le patient. En effet, la délivrance administrative de la méthadone, c'est à dire sans accompagnement médical ou psychosocial, conduit à des échecs (20). PROPRIÉTÉS PHARMACOLOGIQUES La pharmacologie des opiacés repose sur la découverte des peptides opioïdes endogènes (P.O.E.) et de leurs récepteurs membranaires : µ, κ, ∂, ε et d’un site de fixation non spécifique σ. Les trois principaux récepteurs (µ, κ, ∂), sont couplés à une protéine G. L’activation de ces récepteurs conduit après transduction, à certaines réactions cellulaires qui conduisent elles-mêmes à certaines réactions tissulaires : inhibition du relargage des neurtransmetteurs, inhibition de neurones inhibiteurs. En dehors de la méthadone, d'autres produits sont ou seront vraisemblablement employés : la buprénorphine à haute dose et le lévo-alpha-acétyl-méthadol (L.A.A.M.) notamment. 4.2. Substitution par une substance antagoniste ou soutien Selon la classique théorie de Wikler (86), le développement de la dépendance vis-à-vis d'une drogue peut être défini en terme de conditionnement opérant. Si l'euphorie due aux Dossier 1995, XVI, 4 16 Évaluation thérapeutique Opiacés dans la prise en charge des toxicomanes Tableau III : Renseignements généraux Substance active Buprénorphine L.A.A.M. Méthadone Naltrexone Nom déposé SUBUTEX® ORLAAM® MÉTHADONE AP-HP/PCH NALOREX® Laboratoire Schering - Plough BioDevelopment Corporation Mayoli-Spindler et AP/HP/PCH DupontPharma Forme pharmaceutique comprimé sublingual solution sirop - comprimé Dosages (mg) 0,4 2 8 (équivalent base) 10 mg / ml (équivalent base) 5 10 20 40 60 (équivalent base) 50 Présentation Plaquettes thermoflacon multidose formées (7 comprimés) 474 ml et tubes de 10, 20, 50 et 100 comprimés flacon monodose flacons de 14 et 50 comprimés Sécabilité de la forme comprimé oui (pour les 3 dosages) - - oui Conservation 3 ans 2 ans 2 ans 5 ans Numéro d'A.M.M. (pour les plaquettes) 339 444.2 (0,4 mg) 339 514.0 (2 mg) 339 439.9 (8 mg) Pas d’A.M.M.* 558 910.9 (5 mg) 558 911.5 (10 mg) 558 912.1 (20 mg) 331 207.1 (fl 14 cpr) 328 073.8 (fl 50 cpr) oui non non ATU auprès du bureau des stupéfiants Agrément collectivité En cours - Remboursement Sécurité Sociale 65 % - 65 % Liste I Stupéfiants Stupéfiants I * La spécialité ORLAAM® a obtenu en 1993 l’agrément de la «Food and Drug Administration» dans le cadre des traitements substitutifs. Elle est importée et distribuée dans certains pays européens par Sipaco Intenational Ldt. ATU : autorisation temporaire d'utilisation. Une solution de naltrexone est développée par les laboratoires italiens Zambon. Dossier 1995, XVI, 4 17 Évaluation thérapeutique Opiacés dans la prise en charge des toxicomanes Tableau IV : Renseignements physicochimiques Substance active Buprénorphine sel L.A.A.M. sel Méthadone sel Naltrexone sel Groupe chimique alcaloïde, dérivé de la thébaïne diphénylpropylamine diphénylpropylamine morphinane Formule brute C29H41NO4. HCl C23H31N02. HCl C21H27NO.HCl C20H23N04HCl Dénomination scientifique N-cyclopropyllévo-alpha-6méthyl-7α (1-(S)diméthylaminohydroxy-1,2,24,4-diphenyl-3triméthyl propyl)heptyl acétate 6,14 endoéthanohydrochloride 6,7,8,14-tétrahydronororipavine hydrochloride 6-diméthylamino4,4-diphényl-3heptanon hydrochloride N-cyclopropylméthyl14-hydroxydihydromorphinone, hydrochloride Masse moléculaire relative 467,66 389,95 345,9 341,41 Caractères organoleptiques Poudre cristalline blanche Poudre cristalline blanche Poudre cristalline blanche Poudre cristalline blanche Solubilité Soluble dans l'eau à différents pH. pKa1 = 8,42 ± 0,03 pKa2 = 9,83 ± 0,03 log N varie linéairement en fonction du pH Soluble dans l'eau (> 15 mg/ml) et l'éthanol. Le coefficient de partage octanol/eau à pH physiologique est de 405/1 Soluble dans l'eau, NR le chloroforme et pratiquement insoluble dans le chloroforme pKa : 8,6 NR: Non renseigné Tableau V : Conséquences de l'activation ou de l'inhibition des récepteurs aux opiacés (28, 67) µ (µ 1, µ 2) κ (κl, κ2, κ3) δ (δl, δ2) σ (σ1, σ2) - euphorie (µ) - myosis (µ) - dépression supraspinale (µ 2) - analgésie centrale (µ 1) - analgésie spinale (µ 2) - dépression respiratoire (µ 2) - hypothermie (µ 1) - bradycardie (µ 2) - hyperprolactinémie (µ 1) - constipation (µ 2) - sédation - analgésie spinale - absence de dépression respiratoire - diurèse - modification du comportement affectif - analgésie (δl, δ2 ?) spinale - convulsion - hallucinations (?) - dystonie (σ2) - effets gastrointestinaux (σ1) Dossier 1995, XVI, 4 18 Évaluation thérapeutique Opiacés dans la prise en charge des toxicomanes Généralités molécules opiacées ou morphinomimétiques (Tableau VI). Pharmacologie des substances agonistes (pures ou partielles) : buprénorphine, L.A.A.M, La pharmacologie des opiacés repose sur la découverte des peptides opioïdes endogènes (P.O.E.) et de leurs récepteurs membranaires : µ, κ, δ, ε et d'un site de fixation non spécifique σ (Tableau V) (28, 35). La buprénorphine est un agoniste partiel du récepteur µ. Elle présente un « effet plafond ». Son activité analgésique spinale repose également sur sa propriété antagoniste des P.O.E. au niveau du récepteur κ. Le L.A.A.M. et la méthadone sont des agonistes forts et sélectifs du récepteur µ ; ils n’antagonisent pas les autres opiacés mais en empêchent partiellement la fixation. Les agonistes opiacés présentent de nombreuses caractéristiques pharmacologiques : analgésie centrale et spinale, inhibition du réflexe de la toux, pertubations neuro-endocriniennes, interaction avec le système immunitaire, myosis, dépression respiratoire, nausées et vomissements, prurit, tolérance et dépendance, effets neurovégétatifs centraux (diminution du péristaltisme intestinal notamment), effets périphériques (vasodilation périphériques, troubles génito-urinaires, modification des échanges liquidiens au niveau du tube digestif...), effet abortif... La fonction des récepteurs membranaires est de convertir sélectivement un signal extracellulaire en une cascade d'événements intracellulaires. Elle est appelée transduction. Elle correspond à une chaîne d'interactions moléculaires entre médiateur (signal extracellulaire), récepteur et effecteur (enzyme ou canal ionique par exemple). Certains récepteurs interagissent avec des effecteurs via une protéine. Les protéines GTP dépendantes sont appelées protéines G. Plus de 60 récepteurs clonés, séquencés et différents appartiennent à la famille des récepteurs couplés aux protéines G. La protéine intracellulaire G est constituée de trois sous unités (alpha, bêta et gamma). La fixation du messager extracellulaire au récepteur, induit un changement conformationnel du récepteur qui passe à l'état activé ; dès lors, il peut s'associer à la protéine G, entraînant sa dissociation en deux entités : l'ensemble béta-gamma et la sous-unité alpha, qui peut alors activer un effecteur intracellulaire, et engendrer ainsi des messagers secondaires. Les trois principaux récepteurs aux P.O.E. (µ, κ, δ), sont couplés à une protéine G. L'activation de ces récepteurs conduit après transduction, à certaines réactions cellulaires : méthadone (2) - inhibition de l'adénylcyclase (µ, κ, δ) avec altération de l'état de phosphorylation de certaines protéines puis diminution de la transcription de certains gènes et notamment ceux des P.O.E. Le sujet toxicomane recherche l'euphorie, la diminution de l'anxiété voire l'excitation ; toutefois aux doses supérieures, l’effet hypnogène prédomine puis en cas "d'overdose", les effets toxiques des opiacés surviennent. - activation protéine G dépendante des canaux potassiques (µ, δ) avec hyperpolarisation, 1.1. Buprénorphine - inhibition protéine G dépendante des canaux calciques (type N - voltage dépendant) (µ, κ, δ) entraînant une réduction de la neurotransmission. La buprénorphine est un agoniste partiel du récepteur µ. Elle présente un "effet plafond" : l’augmentation des posologies s'accompagne d'une accentuation des effets jusqu'à l'obtention d'un effet maximal, suivi d'une diminution des effets si la posologie continue à être augmentée. 1. Pharmacologie d’efficacité Ces réactions cellulaires conduisent à certaines réactions tissulaires : Très intensément liée aux récepteurs des P.O.E., la buprénorphine empêche partiellement la fixation des agonistes purs. Aussi, ceux-ci ne peuvent-ils agir et exercer tous leurs effets qu'après son arrêt. - inhibition du relargage des neurotransmetteurs des voies nociceptives afférentes, - inhibition de neurones inhibiteurs comme ceux du système dopaminergique hypothalamo-hypophysaire (avec pour conséquence une hyperprolactinémie) et les interneurones gabaergiques de l'aire tegmentale ventrale (avec pour incidence une hyperdopaminergie et un renforcement positif). L'administration de buprénorphine chez un sujet déjà sous opiacé agoniste peut entraîner un syndrome de manque dont l'apparition, l’intensité et la durée sont variables selon les doses et les voies d'administration de chaque produit. Ainsi, l’administration intraveineuse de buprénorphine chez un sujet toxicomane sous forte dose de méthadone induit un syndrome de manque associé à une forte anxiété de courte durée, alors que cet effet ne semble pas apparaître Classification des opiacés Les récepteurs µ ont permis de distinguer quatre groupes de Dossier 1995, XVI, 4 19 Évaluation thérapeutique Opiacés dans la prise en charge des toxicomanes à faible dose de méthadone) (15). Son activité analgésique spinale repose également sur sa propriété antagoniste des P.O.E. au niveau du récepteur κ. revient ensuite progressivement à la normale. 2.4. Système immunitaire La méthadone semble se distinguer des autres opiacés. Ces derniers sont classiquement considérés comme immunosuppresseurs. Au contraire de la morphine, mais aussi de la cocaïne, la méthadone n'altère pas (chez l'animal) certaines fonctions macrophagiques (activité cytostatique, I.L.1, T.N.F.) (63). Toutefois, certaines fonctions comme la fusion phagosome - lysosome, et la médiation primaire des cellules "Natural Killer" sont altérées par la méthadone (59). 1.2. L.A.A.M. et méthadone Le L.A.A.M. et la méthadone sont des agonistes forts et sélectifs du récepteur µ. Leurs effets sont proches de ceux de la morphine administrée par voie orale. Ils n'antagonisent pas les autres opiacés mais ils empêchent partiellement leur fixation et estompent ou suppriment à dose substitutive les effets de l'administration intraveineuse d’héroïne dont l'effet "flash". 2.5. Myosis Une corrélation est retrouvée entre l'induction d'un myosis et l'activité antalgique des agonistes µ. Le myosis survient en général, au cours d'une intoxication. Chez le toxicomane substitué, il apparaît lorsque les concentrations sanguines sont maximales. 2. Effets centraux 2.1. Activité analgésique centrale analgésie spinale (41) L’activité analgésique centrale des opiacés repose sur une action spinale et supraspinale. D'après le test de la queue de rat, l’activité analgésique spinale des opiacés se répartit ainsi : buprénorphine > L.A.A.M. > méthadone > morphine > codéine. 2.6. Dépression respiratoire Les agonistes opiacés provoquent une dépression respiratoire. Elle est liée à la diminution de la sensibilité des centres respiratoires à l'augmentation de la pCO2. Elle survient essentiellement lors de l'utilisation par voie intraveineuse mais ne doit pas être un frein à la prescription de doses (antalgiques ou substitutives) correctes chez les toxicomanes (41). Parmi les nombreux facteurs endogènes capables d'influencer le pouvoir analgésiant spinal des opiacés, la cholécystokinine (CCK) semble jouer un rôle important. La CCK inhibe au niveau spinal le pouvoir antinociceptif de la morphine. Les antagonistes sélectifs du récepteur CCKB chez le rat et les antagonistes du récepteur CCKA chez le primate, potentialisent le pouvoir analgésiant spinal de la morphine (73). 2.7. Nausées et vomissements Les agonistes opiacés entraînent nausées et vomissements. Ces effets sont en relation avec la stimulation directe de la chemoreceptor triger zone, mais l'appareil vestibulaire est également impliqué. Selon les produits, ils s'atténuent nettement voire disparaissent après les premiers jours de traitement (41). 2.2. Inhibition du réflexe de la toux Cette action trouve son origine au niveau du bulbe rachidien. Chez le toxicomane cet effet peut être à l'origine d'encombrement bronchique et de surinfections (25). 2.3. Perturbations neuro-endocriniennes (46) 2.8. Prurit Les effets neuro-endocriniens de l'administration chronique d'opiacés chez le Rat différent selon la durée du traitement, la dose administrée (constante ou progressive), et l'hormone étudiée (Tableau VII). Un hypo-adrénalisme est observé. Les agonistes opiacés sont responsables de prurit. Il est probablement d'origine centrale via le ganglion spinal du nerf trigéminé. Il est rarement observé chez le sujet toxicomane au cours des substitutions de maintenance. Chez l'homme, l’administration chronique induit des troubles sexuels, disparaissant progressivement après stabilisation des posologies. 3. Tolérance et dépendance 3.1. Tolérance Chez la femme, il y a perturbation du cycle menstruel qui Dossier 1995, XVI, 4 D'une façon générale, l'activité intrinsèque des agonistes 20 Évaluation thérapeutique Opiacés dans la prise en charge des toxicomanes Tableau VI : Classification des opiacés en fonction de leur caractère agoniste ou antagoniste (liste non exhaustive) (35) Agonistes purs : - agonistes forts : méthadone (MÉTHADONE®), L.A.A.M. (ORLAAM®), morphine (MOSCONTIN®, SKÉNAN®), péthidine (DOLOSAL®), dextromoramide (PALFIUM®), fentanyl (FENTANYL®), alfentanyl (RAPIFEN®), sufentanyl (SUFENTA®) - agonistes faibles : codéine (NÉOCODION®, EFFERALGAN CODÉINE®), dihydrocodéine (DICODIN®), dextropropoxyphène (ANTALVIC®) Agoniste partiel : buprénorphine (TEMGÉSIC®) Agonistes - antagonistes : pentazocine (FORTAL®), nalbuphine (NUBAIN®), nalorphine (NALORPHINE®) Antagonistes : naltrexone (NALOREX®), naloxone (NARCAN®) Tableau VII : Troubles endocriniens observés lors de l'administration répétée de méthadone chez le Rat (46) Dose constante (5 mg/kg/jour) Dose progressive (10 mg/kg/jour + 1 mg/kg/jour ) sur 20 jours C.S. T.S.H. T3 & T4 L .H. PRL. G.H. ↑ précoce ↓ tardive = ↓ tardive = = ↑ précoce ↓ précoce ↓ précoce ↓ tardive ↑ tardive = C.S. = corticostérone T.S.H. = Thyroid stimulating hormone L.H. = luteinizing hormone PRL = prolactine G.H. = growth hormone ↑ = augmentation ↓ = diminution = pas de modification significative par rapport au groupe contrôle (p < 0,05) précoce = J5 tardive = J10 ou J20 Dossier 1995, XVI, 4 21 Évaluation thérapeutique Opiacés dans la prise en charge des toxicomanes opiacés reflète le pouvoir d'induction de tolérance. Plus l'activité intrinsèque est forte, moins la molécule sera inductrice de tolérance. D'autre part, les agonistes opiacés diminuent les sécrétions pancréatiques exocrines sous contrôle neuronal et activent la contraction du sphincter d'Oddi. Ainsi, les morphiniques augmentent la pression intravésiculaire et exacerbent les problèmes liés à la rétention biliaire. Ainsi, le pouvoir analgésiant spinal (mesuré sur le test de la queue de rat) de la méthadone est pondéré d'un facteur de 0,78 après administration chronique de morphine (molécule de référence), de 0,51 après administration chronique de mépéridine (faible activité intrinsèque) et de 0,98 après administration chronique de fentanyl (molécule ayant une forte activité intrinsèque (64). Il en résulte une augmentation des concentrations sériques des enzymes hépatiques (aspartate et alanine aminotransférases, lactate déshydrogénase, hydroxybutyrate déshydrogénase) (37). Le pouvoir inducteur de tolérance des opiacés est, par ordre décroissant : morphine > codéine > méthadone - L.A.A.M. > buprénorphine. 4.2. Effets périphériques (55) 3.2. Dépendance physique - vasodilatation périphérique (diminution des résistances périphériques par baisse du tonus alpha-adrénergique), Les agonistes opiacés présentent certains effets périphériques : - troubles génito-urinaires (rétention urinaire par diminution de la tonicité du détrusor et augmentation du tonus du sphincter vésical), Sur iléon de cobaye, in vitro, après administration de naloxone, le pouvoir inducteur de dépendance physique est, par ordre décroissant (64) : morphine > codéine > méthadone - LAAM > buprénorphine - modification des échanges liquidiens au niveau du tube digestif (25). Chez l’homme, à l'arrêt de la prise continue, les symptômes de sevrage diffèrent d'un produit à l'autre. En ce qui concerne l'activité antidiarrhéique d'origine périphérique (mesurée sur le charcoal test), le classement des produits par DE 50 croissante est : Si l'intensité des symptômes à l'arrêt de la méthadone ou du L.A.A.M. est légèrement inférieure à celle observée à l'arrêt de la morphine, le délai d'apparition et la durée des symptômes sont plus longs (13). morphine (5,21 mg/kg) > méthadone (6,38 mg/kg) > codéine (10,8 mg/kg). La buprénorphine présente des effets différents selon les individus tant sur le plan de l'intensité (faible voire nulle) que sur les délais d'apparition (3 à 15 jours) (1). 4.3. Effets liés à la propriété de passer dans le placenta et le lait 4. Autres effets Le nouveau-né exposé pendant la grossesse à la prise maternelle d'opiacés agonistes risque de souffrir à la naissance d'un syndrome de sevrage avec possible survenue de crises convulsives. Les agonistes opiacés possèdent un effet abortif. Le risque d'accouchement prématuré est majoré de 50 %. 4.1. Effets neurovégétatifs centraux Les opiacés diminuent le péristaltisme intestinal. Le poids de naissance des nouveau-nés est habituellement plus faible ; leur taille et leur périmètre crânien sont inférieurs à la moyenne. Sur iléon de cobaye, le pouvoir d'inhibition du péristaltisme intestinal des produits permet de les classer par ordre décroissant de DE 50 (55) : méthadone (14,2 mg/kg) > morphine (56,6 mg/kg) > codéine (98,4 mg/kg) > buprénorphine (256 mg/kg). Le risque de mort subite du nourrisson et le retard psychomoteur ultérieur sont augmentés. Cet effet étant corrélé positivement au pouvoir analgésiant central supraspinal, le LAAM administré par voie orale aurait sur ce test une DE 50 inférieure à celle de la méthadone, c'est à dire un effet antidiarrhéique supérieur. Cette propriété doit être prise en considération en chirurgie abdominale afin d'éviter l'aggravation d'un iléus postchirurgical. Dossier 1995, XVI, 4 Les toxicités fœtale et périnatale de la méthadone sont inférieures à celles de l’héroïne. La méthadone, au contraire des autres produits substitutifs, est indiquée en cas de grossesse (2) (Cf. 8.1 - Indications). 22 Évaluation thérapeutique Opiacés dans la prise en charge des toxicomanes Pharmacologie de la naltrexone La naltrexone est un antagoniste compétitif des opiacés. Aux doses préconisées, elle bloque les effets de l’héroïne dont l’effet «flash». Elle présente des actions pharmacologiques minimes. La buprénorphine (54) Après administration sublinguale, la buprénorphine atteint une concentration sanguine maximale en 90 minutes. Sa biodisponibilité est proche de 55 % pour la solution alcoolique étudiées aux États-Unis, et 35 à 55 % pour la forme sublinguale. Elle est biotransformée au niveau hépatique où elle subit une N-déalkylation, une glucuronoconjugaison et un cycle entéro-hépatique. La naltrexone est un antagoniste compétitif des opiacés. Son interaction stéréospécifique avec les opiacés dépend des doses administrées et des intervalles de temps entre la prise de naltrexone et la prise d'opiacés agonistes. La N-désalkylbuprénorphine est un agoniste µ de faible activité intrinsèque. Aux doses préconisées, elle bloque les effets de l’héroïne dont l'effet "flash" (70). Après une injection de 25 mg d’héroïne (dose importante qui ne peut être obtenue ordinairement par les toxicomanes), il est observé que : L'élimination est bi- ou tri-exponentielle, et peut se résumer à une phase de distribution rapide, avec une demi-vie de 2 à 5 heures, et une phase d'élimination terminale de 20 à 25 heures. Son excrétion s'effectue essentiellement dans les fèces (80 %), le reste étant éliminé dans les urines. - un comprimé de 100 mg de naltrexone bloque 99 % des effets observés (objectifs et subjectifs) pendant 24 heures, 92 % pendant 48 heures, et 57 % pendant 72 heures, - un comprimé quotidien de 50 mg bloque de façon significative ces effets et surtout abrase les effets du "flash". À dose substitutive, sa cinétique permet une administration quotidienne ou tous les deux jours, en raison de l'augmentation de la durée de l'effet. La naltrexone a des actions pharmacologiques minimes : élévation transitoire et modérée de la pression diastolique, baisse de la température et diminution de la fréquence respiratoire. Le lévo-alpha- acétyl-méthadol (L.A.A.M.) (4) Les paramètres pharmacocinétiques du L.A.A.M. constituent son intérêt majeur. Chez le sujet dépendant aux opiacés, la naltrexone entraîne une augmentation des concentrations de LH, de testostérone, mais n'a pas d'effet sur la prolactine. Elle jouerait un rôle dans la modulation des peptides opioïdes endogènes. Administré sous forme liquide par voie orale, il est absorbé à 90 % en 2 heures. Rapidement et fortement fixé par le foie, il subit un faible effet de premier passage, un cycle entéro-hépatique et un métabolisme conduisant à des dérivés déméthylés (norL.A.A.M. et dinorL.A.A.M.). Elle augmente de façon réversible la sensibilité des récepteurs aux opiacés chez le Rat, sans que cela ait une signification clinique authentifiable (85). L'élimination est principalement biliaire. Les métabolites, présents en grande quantité, sont actifs, et possèdent une longue durée de vie (48 heures pour le norL.A.A.M. et 96 heures pour le dinorL.A.A.M.). Il existe un risque d'accumulation des métabolites actifs ce qui impose une administration tous les deux à trois jours (Lundi, Mercredi, Vendredi par exemple). Les hommes métabolisent moins bien que les femmes le L.A.A.M. en métabolites actifs. Toutefois cette différence n'excède pas les variations interindividuelles classiquement observées. PHARMACOCINÉTIQUE (Tableau VIII) A dose substitutive, la cinétique de la buprénorphine permet une administration quotidienne ou tous les deux jours, en raison de l’augmentation de la durée de l’effet. Les paramètres pharmacocinétiques du L.A.A.M. constituent son intérêt majeur. La méthadone (62, 87) Les caractéristiques pharmacocinétiques de la méthadone justifient une prise unique par jour chez la plupart des patients. Administrée par voie orale, la méthadone est absorbée à 80 % en deux heures. Elle est rapidement et fortement fixée par le foie, puis redistribuée progressivement dans l'organisme. Environ 2 % de la fraction absorbée passe la barrière hémato-encéphalique. La méthadone est principalement métabolisée par le foie. Les paramètres pharmacocinétiques de la naltrexone et sa large marge thérapeutique permettent une administration quotidienne, ou 2 à 3 fois par semaine. Dossier 1995, XVI, 4 23 Évaluation thérapeutique Opiacés dans la prise en charge des toxicomanes Elle est réduite, oxydée, N-déméthylée, cyclisée puis conjuguée. Le métabolisme est auto-inductible pendant les quatre premières semaines de traitement et il est sensible aux inhibiteurs et activateurs du système microsomal hépatique (cytochrome P450 II D6). L’éventuel passage de la barrière fœto-placentaire, ainsi que le passage dans le lait maternel de la naltrexone ou de son métabolite majeur, ne sont pas connus. Il existe une excellente relation linéaire entre la dose administrée et l'aire sous la courbe aussi bien pour la naltrexone que pour son principal métabolite. La cinétique est indépendante de la dose. L'élimination s'effectue par les urines, les fèces et la sueur selon les dérivés. Ces caractéristiques pharmacocinétiques justifient une prise unique quotidienne chez la plupart des patients. La biodisponibilité de la naltrexone en sirop est équivalente à celle en comprimés. Son métabolisme, ses paramètres pharmacocinétiques et sa large marge thérapeutique permettent une administration quotidienne, ou 2 à 3 fois par semaine. L'ajustement du schéma posologique en vue d'obtenir une réponse optimale est facilement réalisé. La naltrexone (57) Administré par voie orale, la naltrexone est rapidement et presque complètement absorbée à partir du tractus gastrointestinal. Le pic de concentration plasmatique de naltrexone est atteint en 1,5 heures. ÉTUDES CLINIQUES Elle subit un fort effet de premier passage hépatique. Le reste (5 %) se distribue dans les tissus à des concentrations en équilibre avec celles du plasma. Pour cette raison, la distribution de la naltrexone est représentée par un modèle à deux compartiments. Le volume de distribution, très important, est estimé à environ 1 350 litres. Une méta-analyse des résultats des traitements de substitution parus dans la littérature est rendue difficile par la diversité des critères de bonne évolution sous traitement malgré la mise au point de nouveaux outils d’évaluation standardisés. Elle serait par ailleurs soumise à des biais d’interprétation compte tenu des diversités sociologiques et historiques des expériences locales. Le taux de liaison aux protéines est de 21 % chez l’homme. Le métabolite principal, d'origine hépatique, est le 6 bêta naltrexol (dérivé hydroxylé). Il présente des propriétés pharmacologiques équivalentes à celles de la naltrexone. Ses taux plasmatiques sont au moins 10 à 30 fois supérieurs à ceux de la molécule mère. Dès lors, les vitesses individuelles de métabolisation influent sur la durée du blocage des effets des opiacés agonistes. La mise en évidence d'un métabolite mineur (noroxymorphone) puissant agoniste opiacé, permettrait d'expliquer les effets adverses de type agoniste observés après administration de naltrexone. La méthadone reste la molécule de référence dans les études contrôlées internationales utilisant des substances agonistes. Le métabolite actif a une demi-vie plasmatique (12,9 h) trois fois plus importante que la molécule mère (3,9 h). Les concentrations plasmatiques de naltrexone diminuent suivant une courbe bi-exponentielle durant les premières 24 heures, puis elles diminuent de façon très lente avec une demi-vie terminale estimée de 96 heures. En cas d'administration quotidienne, l'accumulation de 6 bêta-naltrexol peut être évaluée à 38 %. Les données clinique sur le L.A.A.M. sont encore fragmentaires. Le risque toxicologique est encore mal évalué chez l’homme. Les premières études d’efficacité de la buprénorphine en tant que médicament de substitution ont permis de déterminer des posologies minimales, de s’assurer de sa tolérance clinique et ont montré qu’elle possède une efficacité comparable à celle de la méthadone sur l’abstinence à l’héroïne et sur la rétention au traitement (malade demeurant dans le cadre du traitement de substitution). Les essais thérapeutiques méthadone versus placebo montrent des différences nettes d’efficacité de façon significative. La méthodologie de ces essais a permis de mettre en évidence l’importance de la relation doseeffet et de la recherche d’une posologie optimale. La substitution par la méthadone chez des femmes enceintes toxicomanes est un traitement de choix. L'élimination de la naltrexone se fait principalement dans les urines (CIR = 127 ml/min - excrétion par filtration) sous forme conjuguée (70 % de la dose administrée en chronique). La clairance rénale du 6 bêta - naltrexol (283 ml/min) suggère qu'il subit une excrétion par filtration et sécrétion tubulaire. Dossier 1995, XVI, 4 Les études cliniques menées avec la naltrexone sont encore peu nombreuses et peu documentées. 24 Évaluation thérapeutique Opiacés dans la prise en charge des toxicomanes Tableau VIII : Paramètres pharmacocinétiques de la méthadone, du L.A.A.M., de la buprénorphine et de la naltrexone (4, 54, 57, 62, 87) L.A.A.M. Buprénorphine S.L. L.A.A.M. P.O. Méthadone P.O. Naltrexone P.O. Biodisponibilité 35 - 55 % 90 % 41 - 99 % 40 - 80% Tmax 90 min 1,5 - 2 h 2-3h 0,99 ± 0,55 h Liaison protéique 96 % α et ß globulines 80 % α1 glpt, albumine 60 - 90 % α1 glpt, albumine 21 % Vd 150 - 190 1 à l'équilibre 1400 1 à l'équilibre 280 - 500 1 à l'équilibre 1350 1 Métabolisme Métabolisme hépatique, métabolite actif M1 Métabolisme hépatique Métabolites actifs M1 et M2 +++ Métabolisme hépatique auto-inductible métabolite actif mineur Métabolisme hépatique cycle entéro-hépatique, métabolite actif M1 Élimination globale fèces (80 %) urines (27 %) fèces (70 %) urines (30 %) fèces +++ urines ++ urines (métabolite conjugué) (70 %) fèces (30 %) tl/2 M.M. 20 - 25 h 62 h 18 - 32 h 3,92 ± 2,51 h tl/2 Met l 48 h tl/2 Met 2 96 h Cl pl. 1275 ml/min 12,88 ± 4,82 h 260 ml/min S.L. : sublinguale ; P.O.: per os - voie orale ; M.M. molécule mère; Met 1 métabolite actif 1 ; Met 2 métabolite actif 2 ; glpt : α1 glycoprotéine. Dossier 1995, XVI, 4 25 54 - 149 ml / min 1500 ml/min Évaluation thérapeutique Opiacés dans la prise en charge des toxicomanes Préambule Études pilotes non contrôlées Une méta-analyse des résultats des traitements de substitution parus dans la littérature est rendue difficile par la diversité des critères de bonne évolution sous traitement. Elle serait soumise à des biais d'interprétation compte tenu des diversités sociologiques et historiques des expériences locales. De nombreuses études ont été réalisées avec des finalités différentes. Elles sont présentées dans les tableaux IX, X, XI et XII. Études contrôlées L'effet psychologique et somatique des produits employés dans les traitements de substitution rend difficile la mise en place d'étude contrôlée, randomisée, avec placebo. Critères d'évaluation 1. Éléments directs et indirects de bonne réponse La méthadone reste la molécule de référence des substances agonistes dans les études contrôlées internationales employées dans ce traitement. Ces études sont présentées dans les tableaux XIII, XIV et XV. Les premières études internationales ont évalué l'efficacité des traitements par des éléments directs et indirects de bonne réponse : - objectivation de la diminution de la consommation de substances illicites par recherche de ces produits dans les urines, Analyse - observation comportementale, 1. Buprénorphine - évolution des conduites délictueuses, Les premières études d'efficacité de la buprénorphine en tant que médicament de substitution ont permis de déterminer des posologies minimales et de s'assurer de sa tolérance clinique dans cette indication (42). - rétention au traitement, - effets subjectifs, - réhabilitation sociale, - taux de séroconversion HIV. Les récentes études cliniques comparant buprénorphine et méthadone ont montré que : Cette diversité des paramètres d’efficacité permet de situer l'impact des traitements sur des comportements ou rapports sociaux, mais rarement sur des aspects psychopathologiques. - la buprénorphine possède une efficacité comparable à celle de la méthadone sur l'abstinence à l’héroïne et sur la rétention au traitement lors d'un suivi de 6 mois, 2. Nouveaux outils d'évaluation standardisés - 8 mg/j de buprénorphine semblent aussi efficaces que 60 mg/j de méthadone, De nouveaux outils d'évaluation standardisés se sont développés : - Addiction Severity Index (A.S.I.) : analyse du degré de dépendance, - les posologies optimales de buprénorphine (4 à 16 mg/j) assurent une efficacité comparable à celle obtenue avec les fortes doses de méthadone - Addiction Research Center Inventory (ARCI) : analyse des effets subjectifs, Toutefois, les posologies de buprénorphine utilisées dans ces études restent discutées. - Digit Symbol Substitution Task (DSST) : analyse des effets psychomoteurs, - Weak Opiate Withdrawal Scale (WOWS) : analyse des effets subjectifs observés au cours du sevrage. 2. L.A.A.M. Ils permettent déjà aux États-Unis, une meilleure analyse et comparaison des résultats, et ils permettront dans un proche avenir la réalisation d'études multicentrique internationales mieux contrôlées. Dossier 1995, XVI, 4 Les données cliniques sur le L.A.A.M. sont encore fragmentaires. Le risque toxicologique est encore mal évalué chez l'homme. 26 Évaluation thérapeutique Opiacés dans la prise en charge des toxicomanes Tableau IX : Études cliniques non contrôlées de la buprénorphine Réf. Type d'étude protocoles Objectifs Patients Paramètres étudiés Principaux résultats 44 Étude pilote non contrôlée en ouvert et à dose multiple, posologies : 2, 3, 4, 6, ou 8 mg/j Étude d'acceptabilité sur 5 semaines 41 (31 hommes, 10 femmes) Rétention au traitement*, analyse toxicologique urinaire, effets subjectifs et physiologiques, symptômes de sevrage Des doses supérieures à 4 mg/j doivent être employées pour supprimer l'usage illicite d'opiacés. Des symptômes de sevrage peuvent être observés en début de traitement de relais par la méthadone, mais pas en fin de traitement en passant à la naltrexone Rétention au traitement*, analyse toxicologique urinaire, effets subjectifs Il n'apparaît pas de différence entre une administration quotidienne unique, double ou triple Non Étude multicentripublié que française non contrôlée, en ouvert, à dose multiple, groupes parallèles 71 31 ans Étude du rythme d'administration sur 5 jours Étude pilote non Recherche contrôlée, en ouvert, d'efficacité à dose multiple, en cross-over et à doseranging: 2, 4, 8, 12 et 16 mg/j 44 (34 hommes, 10 femmes) 18 à 40 ans 30 Analyse toxicolo(17 hommes, gique urinaire et 13 femmes) effets subjectifs moyenne d'âge : 35 ans La buprénorphine a un impact significatif sur l'usage illicite de substances opiacées, mais a moins d'impact sur l'usage de cocaïne Tableau X : Études cliniques non contrôlées du L.A.A.M. Réf. Type d’étude protocoles Objectifs Patients Paramètres étudiés Principaux résultats 30 Étude pilote en ouvert, trois voies d'administration, trois formulations différentes de l'alpha acétyl méthadol, doses uniques et répétées quotidiennement Étudier la durée d'action et le pouvoir addictif du racémate, des formes dextrogyre et lévogyre 26 anciens toxicomanes aux opiacés Effets subjectifs physiologiques, toxicité, syndromes de sevrage L'administration par voie orale de L.A.A.M., prévient les signes de manque aux opiacés et agit pendant plus de 72 h. L'administration répétée du produit est toxique pour les fonc tions vitales 16 Étude pilote en ouvert Étudier l'efficacité du dérivé lévogyre adminisstré per os 74 auparavant sous méthadone Rétention au traitement*, préférence / méthadone, toxicité, rythmes d'administration Le L.A.A.M. est une alternative efficace à la méthadone, sa durée d'action plus longue permet une administration toules les 48 - 72 heures 84 ca- Étude de phase III, Étudier l'ef- 6000 Recherche de la Le L.A.A.M. présente une effi- multicentrique, selon deux protocoles, l'un en ouvert, l'autre comparant le L.A.A.M. à la méthadone ficacité et la sécurité d'emploi du L.A.A.M. sur 40 semaines prise de substances illicites cité comparable à celle de la méthadone, et une bonne sécurité d’emploi Dossier 1995, XVI, 4 27 Évaluation thérapeutique Opiacés dans la prise en charge des toxicomanes Tableau XI : Études cliniques non contrôlées de la méthadone Réf. Type d'étude protocoles Objectifs Patients Paramètres étudiés Principaux résultats 12 Étude épidémiologique évaluative du fonctionnement des centres de soins par des évaluateurs indépendants Évaluation 633 de l'efficacité hommes globale de 6 centres de soins par la méthadone sur la côte Est des USA Addiction Severity Index & paramètres spécifiques à l'audit Efficacité de la méthadone, efficacité fonction de la dose prescrite et des services psychosociaux disponibles 24 Essai ouvert, chaque sujet étant son propre témoin posologie: 50 à 150 mg/j Première étude d'efficacité clinique Observations comportementales, recherche de toxiques urinaires pour le suivi de la prise de substances illicites Abstinence à l’héroïne et amélioration de la réinsertion sociale des patients dont les prises en charge antérieures avaient échoué 27 Revue de la littérature Modalités de NR prise en charge des femmes enceintes toxicomanes Risque de fausse couche, mortalité infantile Le traitement de substitution par la méthadone apparaît comme le traitement de choix de la femme enceinte héroïnomane par rapport au sevrage 34 Étude randomisée, ouverte sur 4 ans Morbidité et mortalité, consommation de drogues, emprisonnement Innocuité de la méthadone Amélioration de l'état de santé des sujets traités avec la méthadone et abstinence à l’héroïne 45’ Revue de la littérature Détermination NR des effets médicaux de la méthadone à court et long terme Signes cliniques, paramètres biologiques Innocuité de la méthadone à long terme, amélioration de l'état de santé physique des sujets 53 Étude randomisée sur 6 mois posologie : 60 mg/j Recherche de toxiques urinaires pour le suivi de la prise de substances illicites, critères d'évaluation de l'ASI Accroissement de l'efficacité du traitement par la méthadone grâce aux services psychosociaux et aux soins médicaux 22 34 Déterminer l'efficacité d'une prise en charge associant la méthadone par rapport à une prise en charge sans méthadone Étude de l'influence des traitements et services associés sur l'efficacité du traitement par la méthadone 92 hommes héroïnomanes (par voie IV) NR: Non renseigné Dossier 1995, XVI, 4 28 Évaluation thérapeutique Opiacés dans la prise en charge des toxicomanes Tableau XI : Études cliniques non contrôlées de la méthadone (suite) Réf. Type d'étude protocoles Objectifs 61 Étude en double aveugle sur trois ans entre un groupe traité avec une dose constante moyenne (97 mg/j) et un autre recevant une dose progressivement décroissante de méthadone 75 Étude en double aveugle contre placebo pendant 5 semaines (période d'adaptation) puis 15 semaines (dose fixe) posologies: 50, 20 ou 0 mg/j Patients Paramètres étudiés Principaux résultats Évaluation 100 héroïde l'efficacité nomanes pharmacologique de la méthadone seule par rapport à des systèmes de prise en charge associés Rétention au traitement* Activités délictueuses Recherches urinaires de toxiques pour le suivi de la prise de substances illicites Efficacité du traitement par la méthadone seule ; sortie de l'étude plus rapide des sujets du groupe de sevrage progressif par rapport au premier groupe Comparaison de l'efficacité d'une dose moyenne et d'une dose faible de méthadone Rétention au traitement* Recherches urinaires de toxiques Existence d'une relation doseréponse Les doses faibles (20 mg) sont inefficaces pour diminuer la consommation de substances illicites Paramètres étudiés Principaux résultats 247 dépendants aux opiacés et utilisateurs de cocaïne * malade demeurant dans le cadre du traitement de substitution Tableau XII : Études cliniques non contrôlées de la naltrexone Réf. Type d'étude protocoles Objectifs 68 Naltrexone - Induction : 50 mg/j - 6 semaines suivantes : . lundi, mardi, mercredi, jeudi vendredi : 50 mg/j . Samedi : 100 mg/j - 16 semaines suivantes : 100, 100, 150 mg/j 3 fois par semaine Comparaison - Naltrexone : Comportement de traitements 23 chez des toxicoattribués au - Naltrexone manes de sexe hasard chez et thérapie masculin, âgés en moyenne de comportedes patients mentale : 20 26,9 ans ambulatoires - Thérapie comportementale : 20 Dossier 1995, XVI, 4 Patients 29 Les patients des groupes naltrexone et naltrexone + thérapie comportementale sont restés en traitement presque 2 fois plus longtemps que ceux du groupe thérapie comportementale seule. L’absence d’opiacés dans les urines a été plus fréquente dans les 2 premiers groupes Évaluation thérapeutique Opiacés dans la prise en charge des toxicomanes Tableau XIII : Études cliniques contrôlées de la buprénorphine versus méthadone Réf. Type d'étude protocoles 38 Patients Paramètres étudiés Principaux résultats Étude contrôlée, Comparaison en double aveugle, d'efficacité à dose multiple, et sur 180 jours en groupe parallèle Posologies : buprénorphine : 8 mg/j, méthadone : 20 ou 60 mg/j 162 113 hommes 49 femmes 23 à 47 ans Rétention au traitement*, analyses toxilogiques urinaires, effets subjectifs et adverses La buprénorphine à 8 mg/j par voie sublinguale est aussi efficace que la méthadone par voie orale à 60 mg/j et plus efficace que la méthadone à 20 mg/j pour la maintenance et la réduction des prises illicites d'opiacés 78 Étude contrôlée, en double aveugle, à dose multiple, et en groupe parallèle Posologies : buprénorphine : 8 à 16 mg/j, méthadone : 50 à 90 mg/j Comparaison d'efficacité sur 26 sem. 19 à 50 ans 164 116 hommes 48 femmes Rétention au traitement*, analyses toxilogiques urinaires, Les deux groupes ont des résultats similaires. Il existe une relation effet/dose sur la réduction de prises illicites d'opiacés 43 Étude contrôlée, en double aveugle, à dose multiple, et en groupe parallèle Posologies : buprénorphine : 2 ou 6 mg/j, méthadone : 35 ou 65 mg/j, Comparaison d'efficacité sur 26 sem. 125 91 hommes 34 femmes 21 à 43 ans Rétention au traitement*, analyses toxilogiques urinaires Quelles que soient les doses, la méthadone est plus efficace que la buprénorphine, mais l'usage illicite de substances opiacées est réduit de façon plus marquée à 6 mg/j qu'à 2 mg/j Rétention au traitement*, analyses toxilogiques urinaires et effets subjectifs La méthadone à 80 mg/j est plus efficace que la buprénorphine à 8 mg/j, celle-ci étant comparable à la méthadone à 30 mg/j et ce pendant la première phase du traitement A plus long terme, la buprénorphine semble avoir des avantages Rétention au traitement*, analyses toxilogiques urinaires et effets subjectifs Les hautes doses de buprénorphineet de méthadone sont plus efficaces que les faibles doses Ling Étude contrôlée, Non en double aveugle, publié à dose multiple, et en groupe parallèle 72 Étude contrôlée, en double aveugle, à dose multiple, et en groupe parallèle Posologies: buprénorphine : 4 ou 12 mg/j, méthadone 20 ou 65 mg/j Objectifs Comparaison 225 d’efficacité de 179 hommes, posologies : 46 femmes buprénorphine : 8 mg/j, méthadone : 30 ou 80 mg/j, pdt 52 sem. Comparaison d'efficacité sur 26 sem. 120 83 hommes 37 femmes * malade demeurant dans le cadre du traitement de substitution Dossier 1995, XVI, 4 30 Évaluation thérapeutique Opiacés dans la prise en charge des toxicomanes Tableau XIII : Études cliniques contrôlées de la buprénorphine versus méthadone (suite) Réf. Type d’étude protocoles Objectifs 79 Étude contrôlée, Comparaison en double aveugle, d'efficacité à dose multiple, et sur 26 sem. en groupe parallèle Posologies : buprénorphine : 8 à 16 mg/j méthadone : 50 à 90 mg/j 14 Étude contrôlée, en double aveugle, cross-over. Patients Paramètres étudiés Principaux résultats 51 36 hommes 15 femmes 18 à 44 ans Rétention au traitement*, analyses toxilogiques urinaires Les deux traitements sont aussi efficaces. Les doses administrées chez les utilisateurs de cocaïne sont nettement supérieures à celles observées chez les sujets exclusivement dépendants aux opiacés Effets subjectifs et physiologiques Par voie sublinguale, la buprénorphine peut être administrée en toute sécurité toutes les 48 heures en doublant la dose quotidienne de traitement Patients Paramètres étudiés Principaux résultats Comparaison de 13 deux rythmes 8 hommes d’administration 5 femmes Administration 28 à 45 ans quotidienne ou tous les 2 jours en doublant la dose journalière Tableau XIV : Études cliniques contrôlées L.A.A.M./méthadone Réf. Type d'étude protocoles Objectifs 49 Résumé des études Comparaison de phase II multid'efficacité et de tolérance centriques réalisées par la Veterans L.A.A.M./ Administration, Méthadone en double aveugle, pdt 40 sem. comparant le L.A.A.M. (80 mg 3 fois par semaine) à la méthadone (50 ou 100 mg/j) 430 hommes toxicomanes aux opiacés depuis 7,2 ans en moyenne Rétention au traitement*, recherche de toxiques urinaires, effets physiologiques et subjectifs, réinsertion sociale Rétention* moins bonne pour le LAAM et la méthadone à 50 mg/j, pas de différence d’efficacité ou de toxicité 50 Comparaison Résumé des études de phase II multid'efficacité et centriques réalisées de tolérance par le SOADOAP, LAAM/ en double aveugle Méthadone comparant le L.A.A.M. pdt 40 sem. à la méthadone selon 3 protocoles Posologies variables sans excéder 100 mg 3 fois par semainepour le L.A.A.M. 636 hommes âge moyen : 29 ans auparavant sous méthadone Rétention au traitement*, recherche de toxiques urinaires, effets physiologiques et subjectifs réinsertion sociale Rétention* moins bonne pour le LAAM en début de traite ment, pas de différence d’efficacité ou de toxicité * malade demeurant dans le cadre du traitement de substitution Dossier 1995, XVI, 4 31 Évaluation thérapeutique Opiacés dans la prise en charge des toxicomanes Tableau XV : Études cliniques contrôlées de la naltrexone Réf. Type d'étude protocoles Objectifs Patients Paramètres étudiés Principaux résultats 58 Étude contrôlée contre placebo, en double aveugle Posologie : - naltrexone : 50 mg/j - héroïne : 10 mg x 4/j jusqu’à un maximum de 40 mg/j en IV Analyse de l’usage de l’héroïne, en présence ou en l’absence d’un blocage par la naltrexone chez des patients hospitalisés - Naltrexone : 3 - Placebo : 9 Consommation d’héroïne La naltrexone réduit signifivement l’auto-administration d’héroïne. Les groupes naltrexone et placebo ont consommé respectivement 2,5 % à 7,5 % et 57,5 % à 100 % de l’héroïne disponible. La naltrexone provoque des effets indésirables minimes. 40 Étude contrôlée Traitement contre placebo, de la toxicoen double aveugle manie aux Posologie : opiacés chez naltrexone : des patients - induction : ambulatoires 5, 10, 20, 40, 70 et 100 mg du lundi au samedi - entretien : 50 mg du lundi au vendredi et 100 mg le samedi - puis 100 100 - 150 mg 3 fois par semaine Héroïnomanes de sexe masculin âgés de 22 à 29 ans - Naltrexone : 94 - Placebo : 98 - Utilisation détectée de drogues - Temps durant lequel le sujet est resté dans l’étude. Toxicomanes anciens toxicomanes, patients sous traitement de soutien par la méthadone âgés d’au moins 18 ans - L’utilisation détectée d’opiacés chez tous les patients traités par la naltrexone est moindre que celle des patients qui ont reçu le placebo - Les sujets sous naltrexone sont restés plus longtemps dans l’étude que ceux sous placebo. - Le besoin en héroïne est significativement moindre chez les patient sous naltrexone que chez ceux sous placebo. - Aucune différence significative n’a été relevée en ce qui concerne les changements sociaux/psychologiques ou l’évolution globale. - La naltrexone a paru bien tolérée aux doses utilisées. 56 Étude contrôlée où chaque sujet est son propre témoin Posologie : - naltrexone : 75 mg/j - héroïne : 6,0 à 60 mg/j en doses fractionnées, par intervalles d’au moins 2 heures Dossier 1995, XVI, 4 Accès à l’héroïne de patients hospitalisés, avec ou sans blocage par la naltrexone Besoin en héroïne 13 Toxicomanes à l’héroïne, de sexe masculin, âgés deplus de 22 ans 32 Les cotations de l’envie en héroïne ont baissé jusqu’à des niveaux extrêment bas une fois que les sujets ont cessé renoncé à outrepasser le blocage exercé par la naltrexone. Durant le traitement, la consommation d’héroïne a été presqu’entièrement éliminée. Évaluation thérapeutique Opiacés dans la prise en charge des toxicomanes 3. Méthadone Ainsi, il a été montré que la substitution par la méthadone chez des femmes enceintes toxicomanes est un traitement de choix. Les premières études d'efficacité de la méthadone comme traitement de substitution remontent à 1965, date de publication princeps de Dole et Nyswanger aux États-Unis. Les résultats permettaient d'observer une abstinence durable à l’héroïne, en limitant l'appétence, la consommation et la recherche de drogue, mais aussi une amélioration de l'insertion sociale parmi les premiers patients traités et dont les prises en charge antérieures avaient échoué à de nombreuses reprises. 4. Naltrexone Les études cliniques menées avec la naltrexone sont encore peu nombreuses et peu documentées (Tableaux XII et XV). 5. Conclusion Ces repères historiques ne peuvent estomper tout le travail préliminaire de réflexion et de recherche qui, dans l’idée d’un traitement de substitution, a fait de la méthadone une modalité thérapeutique particulière. La multitude des paramètres d'efficacité des traitements de substitution, les particularités des différents centres spécialisés ne doivent pas limiter l'interprétation des résultats obtenus. L'efficacité de ces modalités de traitement est actuellement bien documentée. L'analyse des taux de séroconversion HIV dans les populations d’héroïnomanes traités par la méthadone, voire l'analyse des incidents de criminalité ou d'actes de délinquance (souvent de nécessité) a sans doute donné une impulsion au développement des politiques de soins aux toxicomanes et des traitements de substitution dans les années 1980. Les indications respectives des agonistes opiacés devraient s'affiner dans le même temps que les facteurs prédictifs de réponses aux traitements pourront être précisés par les études en cours avec des méthodologies rigoureuses. Les essais thérapeutiques méthadone versus placebo rapportés ici montrent des différences nettes d’efficacité de façon significative. La méthodologie de ces essais a permis de mettre en évidence l'importance de la relation dose-effet et de la recherche d'une posologie optimale (76, 77). Ceci est confirmé par les études comparatives d'efficacité menées dans différents centres. RENSEIGNEMENTS THÉRAPEUTIQUES (1, 2, 5) La totalité des informations rapportées ci-après figure dans le dossier d'autorisation de mise sur le marché français de la méthadone, dans les résumés des caractéristiques des produits français - buprénorphine haute dose et naltrexone - et dans le résumé des caractéristique du produit américain , le L.A.A.M. Au cours de la dernière décennie, les recherches ont eu pour but de déterminer des facteurs pronostics et d'efficacité des différentes modalités de traitement. Ne réduisant pas l'efficacité de la substitution par la méthadone à sa seule pharmacocinétique, Mac Lellan a montré toute l'importance de l'accompagnement réalisé autour de la délivrance du médicament, ainsi que celle des systèmes d'offre de soins ou des services mis en place. Indications Les agonistes opiacés sont employés dans le traitement substitutif de la dépendance aux opiacés. La buprénorphine a obtenu l’AMM pour le traitement substitutif des pharmacodépendances majeures aux opiacés dans le cadre d’une prise en charge médicale, sociale et psychologique. La méthadone est indiquée dans le traitement substitutif de la dépendance majeure et avérée aux opiacés conformément au cadre réglementaire notamment chez la femme enceinte héroïnomane. Le L.A.A.M. dispose d’une ATU dans le traitement substitutif de la dépendance aux opiacés. La naltrexone est indiquée dans la prévention tertiaire pour éviter les rechutes et en traitement de soutien après la cure de sevrage, en consolidation. Les modalités thérapeutiques qui s'ajoutent à la délivrance de la méthadone sont rarement décrites dans les études d'efficacité réalisées dans un centre donné. Les résultats en terme d'efficacité, rapportés dans chaque centre d'études, sont-ils vraiment comparables en l'absence de précisions sur certaines conditions ou spécificités géographiques ? Comment réaliser une méta-analyse d'efficacité en comparant des programmes géographiquement différents et dont les modalités de soins ont pu évoluer au cours du temps ? De façon parallèle au développement de la recherche, des indications privilégiées de la méthadone ont pu être étudiées. Dossier 1995, XVI, 4 33 Évaluation thérapeutique Opiacés dans la prise en charge des toxicomanes 1. Buprénorphine Contre-indications Les contre-indications communes aux agonistes opiacés sont multiples mais toujours à reconsidérer en fonction des pathologies associées. A obtenu une AMM pour les comprimés sublinguaux à 0,4 mg, 2 mg et 8 mg, dans : 1.1. Traitement substitutif de la dépendance aux opiacés de l'adulte L’utilisation de la naltrexone (antagoniste) est formellement contre-indiquée chez les sujets en état de dépendance aux opiacés. 1.2. Substitution selon un cadre réglementaire et des indications en cours d’élaboration En dehors de l'hypersensibilité propre à chaque médicament, les contre-indications communes ou spécifiques sont rapportées ci-dessous. 2. L.A.A.M. N’a pas d’AMM en France. Une ATU peut être obtenue pour le : Traitement substitutif de la dépendance aux opiacés. 1. Contre-indications communes aux substances agonistes Aux États-Unis, les indications du L.A.A.M. sont identiques à celles de la méthadone à l'exception de la grossesse et de l’allaitement. Les contre-indications communes aux substances agonistes sont multiples mais à toujours reconsidérer en fonction des pathologies associées : - insuffisance respiratoire sévère, asthme, 3. Méthadone - insuffisance rénale (risque cumulatif), sauf pour la buprénorphine, - insuffisance hépatocellulaire grave, A une AMM en France pour les formes à 5, 10 et 20 mg dans : - traumatisme crânien et hypertension intracrânienne, état convulsif, 3.1. Traitement substitutif de la dépendance majeure et avérée aux opiacés conformément au cadre réglementaire - intoxication alcoolique aiguë et delirium tremens, 3.2. Traitement substitutif des femmes héroïnomanes en cours de grossesse (meilleure balance bénéfice / risque pour la méthadone que pour l’héroïne) (Cf. chapitre "méthadone et grossesse") - syndrome abdominal douloureux aigu d'étiologie inconnue, dont l'évolution risquerait d'être masquée. 2. Buprénorphine 4. Naltrexone Pas de contre-indication spécifique. A une AMM en France pour : 3. L.A.A.M. 4.1. Prévention tertiaire pour éviter les rechutes Grossesse et allaitement. 4.2. Traitement de soutien après la cure de sevrage, en consolidation 4. Méthadone Les études menées après sevrage de substances illicites ou de méthadone, montrent que la naltrexone peut être employée après substitution agoniste menée à terme, si le patient en éprouve le besoin. Pas de contre-indications spécifiques 5. Naltrexone Il n'existe pas de cadre réglementaire DGS/SP3 s'y rapportant. - Du fait de l'apparition d'un grave syndrome de manque, l’utilisation de la naltrexone est formellement contre-indiquée chez les sujets toujours en état de dépendance aux opiacés. Remarque : en raison de ses propriétés, elle est étudiée dans le traitement de l’autisme, de l’auto-agressivité. Elle vient d’obtenir l’agrément de la Food and Drug Administration dans une nouvelle indication, l’alcoolisme. Dossier 1995, XVI, 4 - Elle est contre-indiquée en cas d’insuffisance hépatocellulaire grave et en cas de grossesse. 34 Évaluation thérapeutique Opiacés dans la prise en charge des toxicomanes Mises en garde de la latence d'effet du L.A.A.M. et du risque de surdosage en cas d'utilisation au cours de cette période d'autres substances psycho-actives, l'alcool notamment . Les agonistes opiacés potentialisent toutes les dépendances aux substances psycho-actives. L’arrêt brutal d’un traitement prolongé par un agoniste entraîne un syndrome de sevrage. Il est recommandé de ne pas administrer le L.A.A.M. au cours de la grossesse ou en période d'allaitement (les études animales étant incomplètes et les données cliniques sur la gestation et l'excrétion dans le lait maternel étant inexistantes). Si une grossesse survient chez une femme sous L.A.A.M., il faut effectuer un relais à la méthadone. Chez les sujets dépendants aux opiacés, l’administration de naltrexone (antagoniste) provoque un syndrome de sevrage grave et durable (48 heures). 4. Naltrexone La sécurité d'emploi des agonistes opiacés chez les sujets de moins de 18 ans n'a pas été établie. Chez les sujets dépendants aux opiacés, l’administration de naltrexone provoque un syndrome de sevrage grave et durable (48 heures). Aussi la mise en route du traitement ne doit être effectuée qu'après : 1. Mises en garde communes aux agonistes Les opiacés participent au renforcement du comportement de recherche. Ils potentialisent toutes les dépendances aux substances psycho-actives (2). Les équipes spécialisées et les cliniciens doivent surveiller avec la même attention la consommation d'opiacés et celle de cocaïne ou d'autres substances toxicomanogènes. - avoir effectué un sevrage du produit opiacé ; la durée de ce sevrage varie selon les produits (5 à 7 jours pour l'héroïne, 10 jours pour la méthadone), - avoir vérifié l'absence de substances opiacées dans les urines. La consommation de cocaïne sera d'autant plus difficile à arrêter que les agonistes opiacés en estompent les effets déplaisants (anxiété, hallucinations, délire paranoïaque...), même s'ils en atténuent les brefs effets plaisants (stimulation, euphorie, excitation...) (77). La confirmation de l'absence d'opiacés peut éventuellement être réalisée en utilisant la naloxone (NARCAN®), antagoniste morphinique de courte durée d'action (cf Protocole de confirmation de la non dépendance physique aux opiacés, ci-dessous). L'arrêt brutal d’un traitement prolongé par un agoniste, pur ou partiel, entraîne un syndrome de sevrage qu'il est possible de réduire par une diminution progressive des doses. Une fois ces conditions remplies, la naltrexone est administrée à doses progressives. En cas de nécessité d’un traitement antalgique ou anesthésique opiacé, une dose plus forte d'opiacé est nécessaire pour soulager les douleurs, et la surveillance médicale doit être accrue en raison du risque de dépression respiratoire plus profonde et plus prolongée. 2. Buprénorphine L'instauration d'un traitement par la buprénorphine chez un toxicomane doit être prudente en raison de l'existence d'effets imprévisibles (synergie ou antagonisme) en cas de persistance de la dépendance aux opiacés. Protocole de confirmation de la non dépendance physique aux opiacés - Dépistage urinaire L'absence d'opiacés dans les urines ne suffit pas à prouver l'absence de dépendance mais le dépistage urinaire permet de limiter l'emploi du test à la naloxone et la survenue des risques liés à ce test. Le relais méthadone - buprénorphine se fait en réduisant la dose de méthadone à un maximum de 30 mg/j puis à distance de la dernière prise, en instaurant progressivement le traitement par la buprénorphine. 24 heures après la dernière prise de méthadone ou dès les premiers signes de manque, il faut administrer une dose initiale de 1 à 2 mg. Les doses sont ensuite progressivement augmentées jusqu’à la disparition du manque obtenu lorqu’un blocage suffisant des récepteurs µ est réalisé. - Test à la naloxone Il consiste en une injection intraveineuse de 0,2 mg de naloxone; 2 à 3 minutes plus tard, en l'absence de réaction, une nouvelle injection de 0,6 mg est effectuée, sous surveillance médicale, pour détecter les signes du manque; enfin si un doute persiste, il faut réaliser une nouvelle injection de 0,6 mg. 3. L.A.A.M. À l'initiation du traitement, les patients doivent être avertis Dossier 1995, XVI, 4 35 Évaluation thérapeutique Opiacés dans la prise en charge des toxicomanes 4. Méthadone Précautions d'emploi Les agonistes opiacés doivent être utilisés avec précaution en cas d’insuffisance hépatique, d’insuffisance rénale, d’hypothyroïdie, d’insuffisance surrénalienne, de pathologie urétro-prostatique, d’hypertension intracrânienne et de troubles du rythme cardiaque. Cf Précautions d'emploi communes aux agonistes 5. Naltrexone Une surveillance particulière doit être exercée chez l'insuffisant rénal et l'insuffisant hépatique. La naltrexone (antagoniste) doit être utilisée avec précaution en cas d’insuffisance hépatique ou d’insuffisance rénale. Par prudence, même s'il n'apparaît pas cliniquement de troubles hépatiques, une surveillance biologique régulière des fonctions hépatiques doit être effectuée. 1. Précautions d'emploi communes aux agonistes Il est recommandé de répéter les tests tous les mois au cours du premier semestre de traitement. - Les agonistes opiacés doivent être utilisés avec précaution en cas d'insuffisance hépatique, d'insuffisance rénale, d’hypothyroïdie, d'insuffisance surrénalienne, de pathologie urétro-prostatique (risque de rétention urinaire), d'hypertension intracrânienne, de troubles du rythme cardiaque et d’asthme. - En raison de la baisse de la vigilance induite par ces produits, les patients doivent être informés des risques liés à la conduite d'un véhicule et à l’utilisation d'une machine. Effets indésirables, chez les sujets dépendants aux opiacés Les principaux effets indésirables décrits sont pour la buprénorphine insomnie et céphalée ; pour le L.A.A.M. malaises, insomnie, anxiété, troubles sexuels, éjaculation difficile, dépression, asthénie, douleur abdominale, constipation, arthralgie... ; pour la méthadone troubles du sommeil, vertiges, sédation, troubles digestifs, sudation, hypotension orthostatique, dépression respiratioire légère... ; pour la naltrexone toxicité hépatique, insomnie, anxiété, nervosité, manque d’énergie, crampes, douleurs abdonminales, nausées, douleurs musculaires et articulaires, céphalées... 2. Buprénorphine La décision d'utiliser la buprénorphine en cas de grossesse ou d'allaitement, devra être prise après évaluation précise des risques (l’innocuité vis à vis de l'embryon et du nouveau né n'ayant pas été démontrée). 3. L.A.A.M. 1. Buprénorphine - Le L.A.A.M. doit être administré trois fois par semaine et ne doit pas être remis au patient (en raison du risque de surdosage encouru). Les principaux effets indésirables décrits sont l'insomnie et les céphalées. 2. L.A.A.M. - En cas d’insuffisance hépatique sans traduction clinique, l’administration de L.A.A.M. pourra se faire en assurant un suivi régulier des fonctions hépatiques. 2.1. Effets dont l'incidence est supérieure à 1 % Après administration de L.A.A.M., il a été noté: malaises (11 %), insomnie (9 %), anxiété, troubles sexuels, éjaculation difficile, dépression, asthénie, douleur abdominale, constipation, arthralgie. - Aucune étude cinétique du L.A.A.M. n'a été réalisée en cas d'insuffisance hépatique ou rénale cliniquement exprimées. Aussi faut-il mieux préférer la méthadone au L.A.A.M., dont le métabolisme est beaucoup moins complexe et ne conduit pas à des dérivés actifs majeurs. 2.2. Effets dont l'incidence est inférieure à 1 % Il a été observé des cas d'hypotension posturale et de myalgie. 2.3. Effets sans relation de causalité connue Chez certains patients, il a été observé à l'électrocardiogramme un allongement de l'intervalle QT, des palpitations, une syncope, ou des symptômes subjectifs signant des troubles du rythme cardiaque qui doivent alerter le clinicien. Celui-ci doit rapidement évaluer les risques encourus par le patient. - A l'initiation du traitement par le L.A.A.M., à faible dose, les patients présentent occasionnellement des symptômes de sevrage. L’augmentation trop rapide des doses afin de supprimer ces symptômes peut conduire à un surdosage. Dossier 1995, XVI, 4 36 Évaluation thérapeutique Opiacés dans la prise en charge des toxicomanes Des cas d'hépatites et des troubles des fonctions hépatiques ont été rapportés. 1. Interactions médicamenteuses communes aux agonistes opiacés 3. Méthadone - L'association des agonistes opiacés avec le gammahydroxybutyrate de sodium (GAMMA-OH®) ou les I.M.A.O. non sélectifs (MARSILID®, NIAMIDE®) est contre-indiquée . - Il peut y avoir potentialisation des effets des autres dépresseurs du système nerveux central (alcool, barbituriques, neuroleptiques, antihistaminiques, benzodiazépines, clonidine et apparentés) par les agonistes opiacés, avec risque de surdosage. - Les effets indésirables les plus fréquemment observés lors de prise de méthadone sont des troubles du sommeil, des vertiges, une sédation, des nausées, des vomissements, une constipation, une prise de poids de la sudation, une hypotension orthostatique et une dépression respiratoire légère à modérée. - Chez l'homme, il apparaît des troubles sexuels qui s'estompent progressivement après stabilisation de la posologie. - Les associations de morphiniques purs entre eux majorent leurs effets indésirables, notamment le risque de dépression respiratoire. 4. Naltrexone L'association des agonistes opiacés avec les agonistes partiels, les ago-antagonistes et les antagonistes est fortement déconseillée. 4.l. Toxicité hépatique Un récent essai clinique a montré que la naltrexone pouvait provoquer une altération hépatocellulaire biodépendante et réversible. Une surveillance hépatique périodique est donc nécessaire, d'autant que les fonctions hépatiques sont fréquemment altérées chez les toxicomanes. - En cas d'anesthésie ou d'analgésie, les équipes médicales doivent être averties de la difficulté à réaliser de telles opérations et de la nécessité de renforcer la surveillance du patient, en raison de la tolérance induite par les opiacés. - Chez l'animal, le potentiel opioïde des cytokines en général et de l'interféron recombinant humain alpha en particulier, pourrait être impliqué dans la neurotoxicité et la toxicité comportementale qu'ils provoquent. Leur association aux agonistes opiacés présente donc un risque éventuel de potentialisation de leur neurotoxicité. De récentes études cliniques visent à évaluer le potentiel neuroprotecteur de la naltrexone dans ce type de traitement (35). 4.2. Effets dont l'incidence est supérieure à 10 % Après administration de naltrexone, il a été signalé: insomnie, anxiété, nervosité, manque d'énergie, crampes, douleurs abdominales, nausées, douleurs musculaires et articulaires, céphalées. 4.3. Effets dont l'incidence est inférieure à 10 % Il a été rapporté : inappétence, diarrhée, constipations, sensation de soif, irritabilité, tristesse, étourdissement, rash cutané, éjaculation retardée, baisse de la libido, écoulement nasal, douleur thoracique, hypersudation. 2. Buprénorphine Pas d’interaction spécifique. Interactions médicamenteuses 3. L.A.A.M. L’association des agonistes opiacés avec le gammahydroxybutyrate de sodium ou les I.M.A.O. non sélectifs est contre-indiquée. Les effets des autres dépresseurs du système nerveux peuvent être potentialisés. L’association des agonistes opiacés avec les agonistes partiels, les ago-antagonistes et les antagonistes est fortement déconseillée. Chaque produit peut présenter des interactions médicamenteuses spécifiques. A l’exception des interactions pharmacologiques avec les opiacés agonistes, il n’y a pas d’interaction médicamenteuse décrite avec la naltrexone. Dossier 1995, XVI, 4 - Les métabolites du L.A.A.M. étant actifs voire plus actifs que la molécule mère, les inducteurs enzymatiques augmentent l'effet maximal du L.A.A.M. mais ils diminuent sa durée d'action. Les sujets recevant des inhibiteurs du métabolisme hépatique présentent une diminution de l'activité du L.A.A.M. et/ou une augmentation de sa durée d'action. - Les agonistes opiacés comme la mépéridine et le propoxyphène, N-déméthylés en métabolites actifs de longue action, ne doivent pas être employés en raison de leur inefficacité en présence de L.A.A.M. 37 Évaluation thérapeutique Opiacés dans la prise en charge des toxicomanes En l'absence d'effet, les doses risquent d'être augmentées sans bénéfice thérapeutique, alors que les métabolites risquent de s'accumuler et de révéler leur toxicité. L'objectif d'un bon programme thérapeutique substitutif est la recherche de la posologie optimale pour chaque patient. Les risques d'un sous-dosage (persistance de la prise de substances illicites, abandon du traitement) sans bénéfice médical, prévalent sur les risques d'un surdosage (sédation, sudation importante, euphorie...). 4. Méthadone - La méthadone ralentit le catabolisme hépatique lié au cytochrome P450. - Les inducteurs enzymatiques (rifampicine, carbamazépine, phénobarbital, phénytoïne, acide fusidique...), et plus particulièrement la rifampicine, peuvent induire des syndromes de manque chez des sujets sous méthadone, même chez ceux qui sont stabilisés. - L'érythromycine, la cimétidine, des antifongiques comme le kétoconazole (inhibiteurs du métabolisme hépatique) induisent une éventuelle augmentation de l'intensité de l'effet de la méthadone ( signification clinique incertaine). - Les alcalinisants urinaires diminuent la clairance rénale de la méthadone ; les acidifiants l'augmentent. - L'amitriptyline diminue la fraction libre de la méthadone ; la fluvoxamine augmente sa biodisponibilité (39). - La méthadone augmente de 30 à 40 % la biodisponibilité de 1'A.Z.T. En administration chronique, la méthadone inhibe l'hydroxylation, la O - déméthylation et induit la N - déméthylation (31). Toutefois la recherche de la posologie optimale doit tenir compte de la nécessité d'administrer la posologie d'agoniste opiacé la plus faible possible afin de ne pas allonger excessivement la durée d'un éventuel sevrage en fin de traitement. Fixer une posologie optimale standard, c'est risquer de ne pas reconnaître que certains patients peuvent présenter une tolérance différente de celle observée habituellement, et aussi d'oublier que d'autres sujets présentent des troubles métaboliques diminuant ou augmentant la durée de vie dans l'organisme de ces produits. De telles difficultés et la nécessité d'apporter un soutien psychosocial au patient (pour asseoir l'efficacité du traitement), font que les cures de substitution doivent être conduites par des équipes bien rodées ou par des cliniciens réunis en réseau ville - hôpital. Les conditions d'administration des agonistes opiacés dépendent des données toxicologiques, pharmacodynamiques et réglementaires (Cf. Renseignements généraux) (Tableau III). 5. Naltrexone A l'exception des interactions pharmacologiques avec les opiacés agonistes, il n'y a pas d'interaction médicamenteuse décrite avec la naltrexone. 1. Buprénorphine Posologies, conditions d'administration et durée du traitement L’objectif d’un programme thérapeutique substitutif est la recherche de la posologie optimale pour chaque patient. Les risques d’un sous-dosage (persistance de la prise de substances illicites, abandon du traitement) sans bénéfice médical, prévalent sur les risques d’un surdosage. Un soutien psychosocial doit être apporté au patient. La dose initiale de buprénorphine doit être de 2 ou 4 mg. Les doses quotidiennes ultérieures doivent être ajustées jusqu’à un maximum de 16 mg. La prescription est limitée à 28 jours. Elle se fait sur carnet à souches. La posologie initiale de L.A.A.M. est de 20 à 40 mg trois fois par semaine. Elle est ensuite augmentée par pallier de 5 à 10 mg jusqu’à 50 à 120 mg trois fois par semaine. La posologie initiale de méthadone est de 20 mg. La dose d’entretien, varie entre 40 et 80 mg/j. La durée du traitement n’est pas limitée. La posologie d’instauration de la naltrexone est de 25 mg à la première prise puis 50mg/j, voire 100-100-150 mg 3 j/ sem, ou 150-200 mg 2 j/ sem. Dossier 1995, XVI, 4 La première dose de buprénorphine doit être administrée à distance de la prise antérieure d'opiacés agonistes. La dose initiale doit être de 2 ou 4 mg. Les doses quotidiennes ultérieures doivent être ajustées jusqu'à un maximum de 16 mg. Après stabilisation, la dose de buprénorphine peut être réduite progressivement. Seule l'administration quotidienne est préconisée en France. La durée de la prescription est limitée à 28 jours, elle se fait sur carnet à souche. Relais méthadone - buprénorphine : cf p 35. 2. L.A.A.M. - A l'instauration du traitement, chez un sujet dont la consommation d’héroïne n'est pas précisément connue, la posologie initiale de L.A.A.M. est de 20 à 40 mg trois fois par semaine. 38 Évaluation thérapeutique Opiacés dans la prise en charge des toxicomanes Cette posologie est ensuite augmentée par pallier de 5 à 10 mg jusqu'à 50 à 120 mg / trois fois par semaine. Au cours des essais cliniques, des doses allant jusqu'à 140 mg ont été employées. - En France, la durée de la prescription est limitée à 7 jours. . Au cours de la phase d'induction, ainsi qu'en voie de stabilisation (arrêt des prises de substances illicites, réouverture des droits sociaux ou/et reprise d'une activité professionnelle), le traitement est délivré quotidiennement au centre spécialisé. En fonction de la situation du sujet et notamment au regard de sa stabilisation, le traitement pourra lui être confié pour une période toujours inférieure ou égale à 7 jours. . Après stabilisation, les patients peuvent être suivis par un médecin libéral et obtenir leur traitement en pharmacie d'officine, tout en continuant si nécessaire à consulter régulièrement le centre spécialisé. - Les doses maximales autorisées sont : 140 -140 -140 mg ou 130 - 130 - 180 mg trois fois par semaine. - Si le patient était auparavant sous méthadone, la dose initiale de L.A.A.M. est égale à 1,2 à 1,3 fois celle de la méthadone, sans excéder 120 mg à l'initiation du traitement. - L'oubli d'une visite par le patient au centre, pour prendre son flacon de L.A.A.M., peut être compensé par la délivrance de méthadone (dotation de secours mise à disposition du patient). La méthadone ne doit pas être administrée à moins de 48 heures de la dernière prise de L.A.A.M. Sa posologie sera égale à 80 % de la plus faible posologie hebdomadaire de L.A.A.M. (posologie du lundi par exemple). Si cet oubli est supérieur à deux visites consécutives, la posologie de reprise sera égale à la moitié ou aux 3/4 de la posologie hebdomadaire la plus faible. 4. Naltrexone Après sevrage physique, la posologie d'instauration progressive de naltrexone est de 25 mg à la première prise puis 50 mg / j, voire 100 - 100 - 150 mg trois jours par semaine, ou 150 -200 mg deux jours par semaine. Après la prise de la dose initiale, le patient doit être surveillé pendant une heure ; si aucun signe de sevrage n’apparaît, le patient peut recevoir le reste de la dose quotidienne. - L'arrêt du traitement peut se faire progressivement avec diminution de la posologie toutes les semaines, de 5 à 10 % de la dose précédente ; mais le sevrage brutal a aussi été utilisé avec succès. Les rythmes d'administration bi et tri-hebdomadaires de naltrexone visent à obtenir une meilleur compliance. Le besoin de drogue s'estompe progressivement; il disparaît chez 80 % des toxicomanes dans le premier mois. - Aux États Unis, l'administration de L.A.A.M. se fait obligatoirement en centre spécialisé sans possibilité pour le patient d'emporter son traitement. La durée de la prescription de la naltrexone dépend du rythme des visites et des entretiens. Il est important que l'administration soit effectuée par un proche du patient en dehors de ces visites. La période initiale conseillée est de 3 mois, mais elle peut être prolongée en fonction de l'appréciation clinique et aussi longtemps que le patient en éprouvera le besoin. - Comme pour le traitement par la méthadone, le traitement par le L.A.A.M. nécessite, un fort soutien psychosocial du patient et des contrôles urinaires. 3. Méthadone En dépit de la nécessité d'une psychothérapie pour le patient, et malgré le besoin d'être rodé à ce type de traitement, la prescription de la naltrexone n'est pas réservée aux seuls psychiatres ou équipes spécialisées. - A la mise en place du traitement, ou phase d'induction (recherche de la posologie optimale), la première prise ne doit jamais excéder 40 mg (dose toxique pour un adulte non dépendant aux opiacés). Chez un sujet dont la dépendance n'est pas précisément déterminée, la posologie initiale est de 20 mg jusqu'à atteindre 40 mg en quelques jours. Prescription La buprénorhine est un psychotrope inscrit sur la liste I, obtenu sur prescription médicale spéciale (carnet à souches, selon un cadre réglementaire défini par la Direction Générale de la Santé). Le L.A.A.M. est une substance stupéfiante sans usage thérapeutique en France, nécessitant une A.T.U. La méthadone est une substance stupéfiante obtenue par prescription sur carnet à souches, selon un cadre réglementaire défini par la Direction Générale de la Santé. La naltrexone est un psychotrope inscrit sur la Liste I, obtenu sur prescription médicale. - La dose d'entretien, après stabilisation, est obtenue en augmentant la posologie journalière de 5 à 10 mg par semaine ; elle varie entre 40 et 80 mg/j. Parfois des doses supérieures à 100 mg / j peuvent être nécessaires. - La durée du traitement n'est pas limitée. - L'arrêt du traitement peut se faire progressivement en diminuant toutes les semaines la posologie de 5 à 10 mg. Le sevrage brutal a aussi été utilisé avec succès. Dossier 1995, XVI, 4 39 Évaluation thérapeutique Opiacés dans la prise en charge des toxicomanes - être volontaires, En France, la Direction Générale de la Santé définit le cadre réglementaire d'utilisation de la méthadone et de la buprénorphine employées à visée substitutive. Ce cadre administratif permet de redéfinir les rôles du Pharmacien des Hôpitaux dans cette prise en charge (Cf. Annexe, Rôles du Pharmacien des Hôpitaux). - accepter les contraintes de cette prise en charge : venue régulière au centre, analyses urinaires, - être dépendant majeur et avéré aux opiacés, - avoir une analyse urinaire qui avant traitement ne révèle pas la présence d'opiacés ou de méthadone de fabrication française (traceur spécifique: D-xylose) afin d'éviter les doubles prises en charge. 1. Buprénorphine Tout médecin devrait pouvoir prescrire de la buprénorphine, suite à un examen médical approprié du patient. Toutefois, il est préférable que cette prescription se fasse au sein d'un réseau comprenant les centres spécialisés, les médecins généralistes, les pharmaciens d'officine et un centre hospitalier. Elle est obtenue sur prescription médicale spéciale (carnet à souches), selon un cadre réglementaire défini par la Direction Générale de la Santé. L'arrêt de la prescription est de la responsabilité du médecin. Il peut être motivé par : - un constat d'inefficacité de cette modalité de prise en charge se manifestant, par exemple, par des prises régulières d'autres stupéfiants, - des actes de violence dans le centre. 3.2. Contrôles en centre spécialisé 2. L.A.A.M. La fréquence des analyses urinaires nécessitée par la prise de méthadone est : Son obtention et sa prescription en France relève du cadre réglementaire s'appliquant aux Autorisations Temporaires d'Utilisation (ATU) et à l'importation des substances stupéfiantes à usage thérapeutique. - une à deux fois par semaine pendant les trois premiers mois de prescription, - puis deux fois par mois à l'issue de cette phase. La recherche porte sur la méthadone, l’alcool, les opiacés naturels et synthétiques, la cocaïne, l’amphétamine et les substances apparentées, le cannabis et le L.S.D. La recherche doit être guidée par l'observation du patient et non par la connaissance de ses anciennes habitudes de consommation. 3. Méthadone 3.1. Modalités de prescription La prescription initiale sur carnet à souches de méthadone est réservée aux centres spécialisés de soins aux toxicomanes. Remarques: - Un dispositif à la fois souple et rigoureux permet d'associer les médecins exerçant en libéral à l'utilisation de la méthadone dans la prise en charge des toxicomanes (8), traitement autrefois réservé aux centres spécialisés. Tous les médecins y exerçant sont habilités à la réaliser. Le centre devra toujours proposer une prise en charge diversifiée avec un suivi sur le plan médical, social et psychologique ainsi qu'un accompagnement éducatif. Quand le patient a retrouvé un équilibre personnel, sans consommation d'autres produits et avec des conditions sociales favorables, le médecin du centre spécialisé pourra lui proposer d'être suivi par son médecin traitant et d'obtenir son traitement auprès d'un pharmacien d'officine. - Ce dispositif sera suivi par des comités départementaux aidés en cela par les centres d'étude et d'information sur les pharmacodépendances. Il sera accompagné d'actions de formation destinées aux différents professionnels. La prescription de méthadone relève du seul médecin spécialisé. Cependant, elle engage fortement l'ensemble de l'équipe du centre qui réalise conjointement la prise en charge médico-psychologique et socio-éducative des patients ; il convient donc que celle-ci soit non seulement informée mais aussi consultée. 4. Naltrexone La naltrexone ne fait pas l'objet d'un cadre réglementaire particulier. La méthadone est indiquée chez des sujets qui répondent à un certain nombre de critères : Dossier 1995, XVI, 4 40 Évaluation thérapeutique Opiacés dans la prise en charge des toxicomanes Surdosage - Le traitement consiste en l'administration de naloxone à doses progressivement croissantes : 0,1 à 0,2 mg en doses initiales, puis augmentation toutes les 2 à 3 minutes jusqu'à une dose cumulée de 10 mg. Le surdosage en buprénorphine peut intervenir pour de fortes posologies. Seule la naloxone utilisée en première intention, peut partiellement inverser ses effets. Les signes de surdosage en L.A.A.M. sont identiques à ceux observés en cas de surdosage en méthadone. La naltrexone peut être employée. Le surdosage toxique en méthadone se traduit par : myosis, dépression respiratoire, œdème pulmonaire, hypotention artérielle, apnée, bradycardie, voire coma. Le traitement consiste en l’administration de la naloxone à doses progressivement croissantes. Aucun cas de surdosage n’a été rapporté avec la naltrexone. Il faut tenir compte de la longue durée d'action de la méthadone et de la brièveté d'effet de la naloxone. Aussi, il est nécessaire d'exercer une surveillance clinique continue et de répéter les injections sans pour autant créer un syndrome de manque. L'administration d'antidote est associée à un traitement symptomatique de la dépression respiratoire et de l'hypotension, et à l'administration de charbon activé. 1. Buprénorphine La diurèse forcée, la dialyse péritonéale, l'hémodialyse sont sans bénéfice en raison de la forte lipophilie et de l'importance du volume de distribution de la méthadone. Malgré une marge de sécurité importante, le surdosage en buprénorphine peut intervenir pour de fortes posologies. 4. Naltrexone Seule la naloxone utilisée en première intention, peut partiellement inverser ses effets. Aussi, en cas peu probable de dépression respiratoire profonde, un stimulant respiratoire doit être utilisé en seconde intention. Aucun cas de surdosage n'a été rapporté avec la naltrexone. L'administration massive de 800 mg/j par jour pendant 7 jours n'a pas entraîné d'effet indésirable. 2. L.A.A.M. Méthadone et grossesse Conseils du département américain de la santé (65) Les signes de surdosage en L.A.A.M. (survenue rapide, en 2 à 4 heures) sont identiques à ceux observés en cas de surdosage en méthadone (cf ci-dessous) . L’administration de méthadone aux patientes enceintes objectivement intoxiquées (par des opiacés illicites ou détournés), doit être reportée jusqu’à l’amendement des symptômes d’intoxication, pour éviter tout risque de surdosage médical. Par ailleurs, il est déconseillé d’entreprendre un sevrage chez une femme enceinte suivant un traitement de maintenance par la méthadone avant la 14ème semaine de gestation en raison du risque d’avortement et après la 32ème semaine à cause du possible stress fœtal induit par le sevrage. Les nourrissons exposés avant leur naissance à l’héroïne ou à la méthadone ont une incidence élevée de manque néonatal (hyper-irritabilité, dysfonctions gastro-intestinales, détresse respiratoire...). - Les conditions de dispensation du L.A.A.M. font qu'il ne peut y avoir détournement et surdosage toxique. - En cas de dépression respiratoire ou de cyanose, le traitement à instaurer est identique à celui de l'intoxication par la méthadone. - La naltrexone peut être employée jusqu'à une dose cumulée de 10 mg ; si aucun effet n'est constaté il est inutile de continuer son administration. La diurèse forcée, la dialyse péritonéale, l'hémodialyse sont également sans bénéfice. Seul le traitement symptomatique, associé à l'administration de charbon activé permet de protéger le patient. 1. Maintenance 1.1. Instauration du traitement 3. Méthadone L'administration de méthadone aux patientes objectivement intoxiquées (par des opiacés illicites ou détournés), doit être reportée jusqu'à l'amendement des symptômes d'intoxication, pour éviter tout risque de surdosage médical. L’augmentation progressive de la dose journalière de méthadone se fait en fonction de l'observation régulière des signes de manque de la patiente. - Le surdosage médical en méthadone, se traduit notamment par une sédation et un manque de concentration. - Le surdosage toxique est caractérisé par un myosis, une dépression respiratoire, un œdème pulmonaire, une hypotension artérielle, une apnée, une bradycardie, voire un coma. Dossier 1995, XVI, 4 41 Évaluation thérapeutique Opiacés dans la prise en charge des toxicomanes 1.2. Suivi du traitement L'observation des nourrissons issus de différents groupes (analyse de régressions multiples) n'a pas permis de trouver : I1 est extrêmement important de connaître les augmentations de volume de distribution et les changements métaboliques de la méthadone observés lors de la grossesse. En effet, les femmes maintenues sous méthadone développent fréquemment des signes de sevrage croissants au cours de leur grossesse, rendant nécessaire l'augmentation des doses de méthadone afin de maintenir une concentration plasmatique permettant d'éviter à la patiente l'apparition d'un état de manque. - de différence au niveau du nombre de jours pendant lesquels les nourrissons avaient besoin d'une médication contre le manque, du poids de naissance ou de l'âge gestationnel ; - d'association significative en matière de polytoxicomanie, d’héroïnomanie, de dose moyenne de méthadone, du nombre de mois sous méthadone ou du sexe du nourrisson. Pendant le traitement de maintien à la méthadone, si la mère n'est pas séropositive pour les virus VIH - VHC, et si elle ne présente pas de polytoxicomanie, l'allaitement au sein peut être encouragé pour prévenir les signes de sevrage (le rapport lait/plasma moyen de la méthadone est de : 0,83) 2. Sevrage de la méthadone I1 est déconseillé d'entreprendre un sevrage chez une femme enceinte suivant un traitement de maintenance par la méthadone : (Cf. ANNEXES: Traitement du syndrome de sevrage des nourrissons dépendants passifs aux opiacés). - avant la 14ème semaine de gestation en raison du risque d'avortement, - après la 32ème semaine à cause du possible stress fœtal induit par le sevrage. AUTRES MÉDICAMENTS Le sevrage devrait se faire en diminuant la dose de méthadone de 5 mg toutes les semaines. Outre la buprénorphine, le L.A.AM., la méthadone et la naltrexone, de nombreuses substances sont employées au cours des prises en charge des toxicomanes, notamment le Laudanum en raison de son utilisation potentielle en Psychiatrie, la codéine fréquemment employée par les toxicomanes à des fins de sevrage ou pour apaiser le syndrome de manque, et le RB101 inhibiteur mixte des enképhalinases. Ce dernier, introduit un concept nouveau dans le traitement de substitution car en administration chronique, il n’entraînerait ni phénomène d’accoutumance, ni syndrome de servrage aigu lors d’un arrêt brutal du traitement, ni dépendance psychique. Ceci étant, l’utilisation du Laudanum et de la codéine dans le cadre des traitements de substitution doit être extrèmement nuancée ; elle ne correspond pas aux médicaments proposés par l’AMM. 2.1. Sevrage néonatal chez le nourrisson exposé à la méthadone Les nourrissons exposés avant leur naissance à l’héroïne ou à la méthadone ont une incidence élevée de manque néonatal (hyper-irritabilité, dysfonctions gastro-intestinales, détresse respiratoire...). Ce manque survient entre quelques heures à deux semaines, généralement dans les 72 heures. Il peut être plus prononcé et/ou prolongé avec la méthadone, par rapport à l’héroïne, en raison de sa plus longue demi-vie. Il est recommandé d'utiliser un système de score de manque pour surveiller le nouveau-né et évaluer l'apparition, la progression et la diminution des symptômes de manque. Le score de manque est employé dans le suivi clinique de la réponse au traitement symptomatique du manque, mais aussi pour contrôler les symptômes et la désintoxication. La relation entre la dose administrée à la mère et l'intensité des signes de manque du nouveau né est difficile à établir. Parmi les substances employées au cours des prises en charge des toxicomanes, trois seront brièvement présentées dans cet article : - le Laudanum en raison de son utilisation potentielle en Psychiatrie, - la codéine fréquemment employée par les toxicomanes à des fins de sevrage ou pour apaiser le syndrome de manque, - le RB 101 puisqu'il introduit une notion nouvelle de substitution. 147 femmes enceintes, maintenues à des doses faibles (5 à 40 mg/j), modérées (41 à 60 mg/j) ou élevées (> 60 mg/j) de méthadone, ont été suivies. Les nouvelles molécules n'appartenant pas à la classe des opiacés, en cours d'expérimentation animale et promises à un avenir prometteur, ne seront pas étudiés en détail ici. Dossier 1995, XVI, 4 42 Évaluation thérapeutique Opiacés dans la prise en charge des toxicomanes Leurs effets porteraient sur la pharmacodépendance en général. Elles sont d'autant plus intéressantes qu'elles agissent sur des toxicomanies dues à des substances non opiacées : cocaïne (sel et base), amphétamines et substances apparentées, et d'une manière générale toute substance stimulante. Dans les pays développés, ces psychostimulants devraient être dans un proche avenir, les principales substances illicites employées à visée toxicomanogène. L’ibogaïne est la molécule dont la connaissance des effets est la plus avancée. Elle a été employée comme sédatif de la douleur ou comme antidiarrhéique. Au début du XXème siècle, elle a été employée dans les "dépressions avec agitation" par Kraepelin. Elle reste employée de façon occasionnelle en psychiatrie. Plus récemment, à Bordeaux, son efficacité a été montrée dans le cadre des traitements substitutifs à la posologie de 10 - 15 g /j (10) (indication hors AMM). La codéine La proposition d’utiliser le Laudanum et les dérivés de la codéine dans le cadre des traitements de substution doit être extrèmement nuancée ; elle ne correspond pas aux médicaments proposés par l’AMM. La codéine est une substance psychotrope stupéfiante pouvant être exonérée à condition qu'elle ne soit pas présentée sous forme injectable : poids maximum remis au public, 400 mg ; poids maximum par unité de prise, 40 mg. Teinture d'opium safranée Laudanum de Sydenham 1. Pharmacologie Préparation stupéfiante, inscrite à la Pharmacopée Française (Xème édition, 1988), obtenue sur prescription médicale sur carnet à souches. La codéine ne possédant qu'une faible affinité pour les récepteurs µ, son action analgésique serait surtout liée à sa transformation hépatique en morphine sous l'effet du cytochrome P450 ( et peut être également in situ au niveau cérébral). L'importance de cette transformation est très variable suivant les individus, ce qui explique les grandes variations individuelles d'activité de la codéine et son inefficacité chez certains sujets. C'est cette même transformation hépatique en morphine qui permet aux toxicomanes de potentialiser les effets de la codéine en absorbant d'importantes quantités d'alcool (potentialisation métabolique et pharmacologique). 1. Composition - poudre d’opium officinal - safran incisé - essence de cannelle de Ceylan - essence de girofle - alcool à 30° 110 g 50 g 1g 1g 920 g Titre : 1 g de Laudanum soit XLIII (43) gouttes correspond à 10 cg d'opium et doit contenir 10 mg de morphine anhydre (convention internationale). Nota : Titre de l’Élixir Parégorique ou teinture d'opium benzoïque: 1 g d’Élixir Parégorique soit LIII (53) gouttes contient 0,5 cg de poudre d'opium soit 0,5 mg de morphine anhydre (convention internationale). La codéine est absorbée assez rapidement au niveau intestinal ; sa concentration maximale est atteinte en 60 minutes. Sa demi-vie plasmatique est courte (3 h). Elle est métabolisée par le foie en dérivés inactifs glucuronoconjugués et en morphine, elle même métabolisée en dérivés inactifs qui seront par la suite conjugués. Son excrétion est principalement urinaire. 2. Emploi - Posologie Elle nécessite une administration répétée au cours de la journée (90). 2. Emplois Le Laudanum de Sydenham est présenté comme un breuvage calmant opiacé (Phée Française Xème ). Autrefois utilisée comme antitussif, antidiarrhéique, antibronchorréique, plus que comme antalgique, la codéine connaît un regain d'actualité dans le traitement de la douleur. 2.1. Posologie - Doses usuelles : 0,5 g à 1 g pour une dose, 1 à 2 g pour 24 h. - Doses maxima : 2 g en une fois et 6 g pour 24 h. Dans cette indication, elle est fréquemment associée au paracétamol en raison des cinétiques superposables et des actions pharmacologiques complémentaires des deux produits. 2.2. Emploi Le Laudanum de Sydenham est une préparation mise au point vers 1660, par Thomas Sydenham. Dossier 1995, XVI, 4 43 Évaluation thérapeutique Opiacés dans la prise en charge des toxicomanes MÉDICAMENTS EMPLOYÉS 3. Toxicomanie AU COURS DES SEVRAGES Afin d'étudier l'utilisation de comprimés de codéine à dose exonérée (NÉOCODION®) comme produit initial de pharmacodépendance chez les adolescents, une enquête nationale a été réalisée du 7 au 13 décembre 1992 dans 96 pharmacies réparties dans les six régions des Centres d’Évaluation et d'Informations sur les Pharmacodépendances (C.E.I.P.). L’arrêt brutal de la prise d’opiacés conduit à un syndrome de sevrage. Un sevrage progressif par diverses substances peut être proposé : méthadone (40 mg/j, dose nécessaire et suffisante pour bloquer les syndromes de manque physiques), clonidine ou guanfacine (pour traiter l’éventuelle hyperactivité noradrénergique du système nerveux végégatif sympathique), associations naloxone - barbiturique anesthésique et naloxone - benzodiazépine hypnotique, divers psychotropes (antidépresseurs, neuroleptiques sédatifs et des anxiolytiques)... Le total des demandes de NÉOCODION® a été au cours de l'étude, de 958, soit une moyenne de 10 demandes par pharmacie et par semaine; il a été estimé que plus de 60 % des unités vendues faisaient l'objet d'une utilisation détournée. Les demandeurs sont des hommes dans 75 % des cas, âgés en moyenne de 28 ans, consommateurs habituels de médicaments ou anciens toxicomanes à l’héroïne. Les demandes provenant d'adolescents (15 à 20 ans) sont très rares. L'utilisation de la codéine comme produit initial de dépendance apparaît dans cette enquête comme très rare, en particulier chez les enfants et les adolescents (47). Les héroïnomanes et les codéinomanes emploient la codéine à des doses orales journalières allant de 900 mg à 2 g/j (58). La codéine apparaît comme le produit de choix des héroïnomanes dans le cadre d'une auto-substitution le plus souvent occasionnelle. La gravité des conduites de dépendance aux produits à base de codéine administrée par voie orale est mal connue. L'éventualité de complications (crises convulsives) et l'appréciation de la gravité des syndromes de sevrage nécessitent des études prospectives. Méthadone L'arrêt brutal de la prise d'opiacés conduit à un syndrome de sevrage (Tableau II). Un sevrage progressif par la méthadone peut être proposé (indication hors AMM). La posologie journalière initiale est de 40 mg/j (dose nécessaire et suffisante pour bloquer les syndromes de manque physiques) en deux prises (par prudence si la tolérance aux opiacés est peu maîtrisée, mais aussi en raison d'un raccourcissement de la phase de distribution dans l'organisme lors de la première administration). La posologie est ensuite progressivement diminuée par pallier de 5 mg sur 20 jours (42, 76). Clonidine, guanfacine Le RB 101 Le syndrome de sevrage regroupe des signes psychiques et des signes physiques dont un certain nombre évoquent la possibilité d'une hyperactivité noradrénergique du système nerveux végétatif sympathique. La dépendance aux opiacés agonistes substitutifs pourrait être contournée par l'utilisation du RB 101. Le RB 101 est un inhibiteur mixte des enképhalinases, empêchant la dégradation des endorphines, augmentant leur concentration et leur activité. Les études animales ont déjà montré que le RB 101 possède un pouvoir analgésique légèrement inférieur à celui de la morphine. Ces données ont conduit les cliniciens à étudier la clonidine ou la guanfacine dans le traitement du sevrage aux opiacés (Tableau XVI). Les études princeps ont montré que la clonidine possède une efficacité supérieure à celle d'un placebo et une efficacité équivalente au sevrage par la méthadone (62). L'association des deux traitements n'apporte pas d'amélioration notable des conditions de sevrage par la méthadone seule (17, 31). En tant qu'analgésiant, il pourrait être associé, à des fins synergiques, à un antagoniste de la CCK au niveau de son récepteur (3). Cependant l’administration américaine semble bien plus intéressée par son utilisation dans le traitement substitutif. En effet, il a été démontré que le RB 101, en administration chronique, n'entraîne ni phénomène d'accoutumance, ni syndrome de sevrage aigu lors d'un arrêt brutal du traitement, ni dépendance psychique. Dossier 1995, XVI, 4 L'administration conjointe de naltrexone et de clonidine permet si nécessaire d'écourter la durée du sevrage sans en augmenter l'inconfort (74). Cette méthode est encore expérimentale. 44 Évaluation thérapeutique Opiacés dans la prise en charge des toxicomanes Gammahydroxybutyrate de sodium La tension artérielle est contrôlée avant chaque prise. La prise est retardée d'une demi - heure si la systolique est inférieure ou égale à 9. En cas d'hypotension artérielle sévère ou persistante, la néosynéphrine est utilisée. Au cours des 48 premières heures et seulement en cas de nécessité, un antispasmodique par voie orale peut être administré. Plus rarement, il a été rapporté l'utilisation de gammahydroxybutyrate de sodium (GAMMA-OH®) dans le sevrage (30). En raison de l'existence d’un doute quant au potentiel toxicomanogène de ce dérivé, et malgré sa bonne efficacité sur les signes du sevrage, il ne semble pas que cet usage doive se poursuivre. A ces doses, la clonidine et la guanfacine sont sédatives aussi n'est - il pas nécessaire d'y associer d'anxiolytique ou d’hypnotique. Psychotropes divers Ces produits peuvent être réintroduits dans le traitement du patient à distance du sevrage. De nombreux psychotropes peuvent être employés au cours du sevrage (15, 53). Ils appartiennent à la famille des antidépresseurs, des neuroleptiques sédatifs et des anxiolytiques. Il convient d'éviter d'employer des psychotropes suspectés ou connus pour leur potentiel toxicomanogène ou toxique. Tableau XVI : Schéma thérapeutique du sevrage par les agonistes adrénergiques alpha2 centraux Clonidine (comprimé à 0,150 mg) J1 - J4 J5 J6 J7 - J8 J9 0,075 mg toutes les 3 h 0,075 mg toutes les 4 h 0,075 mg toutes les 6 h 0,075 mg matin et soir arrêt Acétorphan 4 cpr/24 h 3 cpr/24 h 2 cpr/24 h 1 cpr/24 h Une étude réalisée par les collaborateurs du Pr H. Loo a comparé en perfusion, l’acétorphan (inhibiteur d'enképhalinase) à la clonidine et a révélé une efficacité équivalente sur les symptômes subjectifs du sevrage. Guanfacine (comprimé à 2 mg) J1 - J3 J4 -J6 J7 J8 arrêt 1 mg 3 fois par jour 1 mg 2 fois par jour 1 mg le matin PERSPECTIVES 1,5 cpr/24 h 1 cpr/24 h 0,5 cpr/24 h La pharmacopée employée dans les traitements des toxicomanies, dépasse de loin la seule classe des opiacés mais cette dernière détient actuellement, à l'instigation des autorités de tutelle, la plus forte progression. Associations naloxone - barbiturique anesthésique et naloxone - benzodiazépine hypnotique L'examen des pharmacopées mises à disposition des corps médicaux étrangers peut faire regretter la méconnaissance de produits comme le L.A.A.M. et le peu d'usage fait de la naltrexone en France (en raison de son non remboursement). Récemment il a été proposé des protocoles de sevrage en 48 heures associant à la naloxone (10 mg/ I.V.) : - un barbiturique anesthésique (méthohexital BRIETAL® 100 mg/I.V. en prétraitement puis 400 mg/I.V.), Les découvertes récentes en neurobiologie, le développement de molécules originales et l'optimisation des études cliniques contrôlées, devraient permettre des avancées dans différents domaines comme l’utilisation de médicaments nouveaux tant par leur mécanisme d'action que par leurs effets et la mise à jour d'indications cliniques plus précises. - ou une benzodiazépine hypnotique à durée de vie courte (midazolam - HYPNOVEL®)(89). L'association naloxone - barbiturique anesthésique demande une surveillance médicale stricte. Une meilleure connaissance des agonistes opiacés et de la naltrexone devrait permettre une utilisation plus efficiente de ces médicaments, et une meilleure prise en charge des toxicomanes désireux de sortir de leur toxicomanie. L'association naloxone - benzodiazépine hypnotique présente une meilleure sécurité d'emploi en raison de l'existence d'antidote spécifique (flumazénil - ANEXATE®). Dossier 1995, XVI, 4 45 Évaluation thérapeutique Opiacés dans la prise en charge des toxicomanes CONCLUSION Le pharmacien hospitalier participe activement à la prise en charge du toxicomane et doit établir une collaboration optimale et fructueuse avec le corps médical et le malade : en apportant sa connaissance des médicaments de substitution, en gérant leur distribution et en veillant à leur bonne dispensation dans le respect scrupuleux de la législation des stupéfiants. Le traitement à grande échelle de la toxicomanie est un enjeu de santé publique face à la pandémie de SIDA et d’hépatites virales. Il inclut les traitements de substitution. Le but essentiel de la prise en charge du toxicomane par des opiacés de substitution est l’abandon de sa toxicomanie. Différentes substances opiacées agonistes (buprénorphine, LAAM, méthadone) et antagoniste (naltrexone) peuvent ou pourront dans un proche avenir, être employées dans le traitement de substitution du toxicomane. La buprénorhine est un psychotrope inscrit sur la liste I, obtenu sur prescription médicale spéciale (carnet à souches). Le L.A.A.M. est une substance stupéfiante sans AMM en France, mais avec possibilité d’ATU. La méthadone est une substance stupéfiante obtenue par prescription sur carnet à souches, selon un cadre réglementaire défini par la Direction Générale de la Santé. La naltrexone est un psychotrope inscrit sur la Liste I, obtenu sur prescription médicale. 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La naltrexone est indiquée dans la prévention tertiaire pour éviter les rechutes et en traitement de soutien après la cure de sevrage, en consolidation. 5 - Anonyme. ORLAAM *: résumé des caractéristiques produit établi par BioDevelopment Company pour la Food and Drug Administration. 1993. 6 - Aghajanian GK, Kogan JH, Moghaddam B. Opiate withdrawal increases glutamate and aspartate efflux in the locus coeruleus: an in vivo microdialysis study. Brain Research. 1994 ; 636 : 126-30. 7 - Amsel Z. Introducing the concept of "community prevention", in AIDS and Intravenous Drug Use: future directions for community - based prevention research. NIDA Research Monograph 93, Washington, DC. 1990 : VII - XIV. 8 - Anonyme. Circulaire relative au cadre d'utilisation de la méthadone et de la huprénorphine dans la prise en charge des toxicomanes. DGS/SP3, 31 Mars 1995. Les indications respectives des agonistes opiacés devraient s'affiner dans le même temps que les facteurs prédictifs de réponse aux traitements pourront être précisés par les études en cours avec des méthodologies rigoureuses. 9 - Antoine D. Les toxicomanies et le système sanitaire et social en 1992. Rapport du SESI Mars 1993. Ministère des Affaires Sociales, de la Santé et de la Ville. Il faut souligner la notion de dangerosité de la méthadone en particulier lors des associations avec d’autres produits toxiques quand elle est utilisée à fortes doses ou dans le cadre de trafic (surdosage toxique caractérisé par un myosis, une dépression respiratoire, un œdème pulmonaire, une hypotension artérielle, une apnée, une bradycardie, voire un coma). 10 - Auriacombe M, Grabot D, Daulouede JP, Vergnolle JP, O'Brien C, Tignol J. A naturalistic follow-up of french speaking opiate - maintained heroin - addicted patients: effect on biophysical status. J Subst Abuse Treat 1994 ; 11 (6) : 565-8. La proposition d’utiliser le Laudanum et les dérivés de la codéine dans le cadre des traitements de substutuion doit être extrèmement nuancée ; elle ne correspond pas aux médicaments proposés par l’AMM. 12 - Ball JC, Ross A. The effectiveness of methadone maintenance, treatment. Patientsprograms, services and outcome (1st ed), New-York, NY, Sprinler Verlag, 1991 : 283. Dossier 1995, XVI, 4 11 - Azorlosa JL, Stitzer ML, Greenwald MK. Opioid physical dependence development: effects of single versus repeated morphine pretreatments and of subject’s opioid exposure history. Psychopharmacology 1994 ; 114 : 71-80. 46 Évaluation thérapeutique Opiacés dans la prise en charge des toxicomanes 13 - Beauverie P, Khan-Shaghaghi E, Ghaleh B, Van de Vyver M, Poisson N, Jacquot C. Pharmacodynamie comparée de la méthadone, de la buprénorphine et de la codéine. Ann Med Int 1994 ; 145 (supp 3) : 69-72. 14 - Bickel XWK, Amass L, Higgins ST, Hugues JR. 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For each drug contra indications have to be considered with associated pathologies. For each patient who receives a substitutive drug, the search of the optimal posology is the main objective. Morever, a psychological assistance is always necessary. 78 - Strain EC, Stitzer M, Liebson IA, Bigelow GE. Comparison of buprenorphine and methadone in the treatment of opioid dependence. Am J Psych 1994 ; 151 : 1025-30. 79 - Strain EC, Stitzer M, Liebson IA, Bigelow GE.Comparison of buprenorphine and methadone in the treatment of opioid dependence. in LS Harris ed. Problems of drug dependence, 1993. NIDA Research monograph series 1994 ; V141, 142. 80 - Tiseo P.J., Cheng J., Pasternak G.W., Inturrisi C.E. Modulation of morphine tolerance by the competitive Nmethyl-D-aspartate recptor antagonist LY 274614: assessment of opioid receptor changes. J Pharmacol Exp Therap 1993 ; 268 : 195-201. 81 - Trujillo KA, Akil H. Inhibition of opiate tolerance by non-competitive N-methyl-D-aspartate receptor antagonists. Brain Res 1994 ; 633 : 178-88. 82 - Vaille C. A propos de la codéine. Les nouvelles du conseil national de l'ordre des Pharmaciens 1994 ; 70,2 : 245-50. 83 - Verdoux H, Mury M, Besançon G, Bourgeois M. Comorbidité des conduites toxicomaniaques: troubles thymiques et/ou schizophréniques. Communication Association Française de Psychiatrie Biologique (A.F.P.B.). PARIS, janvier 1995 (abstract form). Dossier 1995, XVI, 4 49 Évaluation thérapeutique Opiacés dans la prise en charge des toxicomanes ANNEXES LOIS ET TEXTES RÉGLEMENTAIRES Lois Code de la Santé Publique - Articles L 335 - 14 à L 355 - 21 portant sur la participation à la lutte contre la toxicomanie - Livre V - Pharmacie portant sur les moyens mis en œuvre pour empêcher le détournement de l'emploi médicalisé des substances stupéfiantes. Loi N° 70 - 1320 du 31 décembre 1970 Circulaire relative aux mesures sanitaires de lutte contre la toxicomanie et la répression du trafic et de l'usage illicite des substances vénéneuses. Textes de Référence Circulaire DGS/SP3/95 n°29 du 31 Mars 1995 * Circulaire relative au traitement de substitution pour les toxicomanes dépendants des opiacés et ses annexes. - Mise en place de Comités de Suivi Départemental des Traitements de Substitution bénéficiant de l'appui technique des centre d’Étude et d'Informations sur les Pharmacodépendances (pharmaciens impliqués : inspecteur régional ou son représentant, représentant du conseil régional de l'ordre des pharmaciens, représentant des pharmaciens d'officine dispensateurs de médicaments de substitution). - Définition des instruments de formation et de sensibilisation. - Annexe 1 : Cadre d'utilisation de la méthadone du 30 Mars 1995. Sur proposition de la Commission Consultative des Traitements de Substitution en association avec la Commission des Stupéfiants : La méthadone est placée sous la responsabilité conjointe du médecin responsable du centre et du pharmacien de l'Hôpital de rattachement. L'inspection régionale de la Pharmacie veillera au respect de ces dispositions (sécurité de détention, livraison hebdomadaire, et établissement tous les 6 mois d'un état indiquant la quantité de méthadone administrée au centre). Chaque centre bénéficie d'une dotation en avance de prescription renouvelée sur bon extrait du carnet à souches au vu des relevés nominatifs établis pour chaque patient. Le Pharmacien peut exiger la remise des conditionnements primaires correspondant aux quantités consommées. - Annexe 2 : Projet de cadre d'utilisation de la buprénorphine haut dosage (B.H.D.) au 30 Mars 1995. - Annexe 3 : Règlement intérieur de la commission consultative des traitements de substitution. - Annexe 4 : Formation des professionnels concernés. Elles sont destinées aux professionnels amenés à prendre en charge des sujets toxicomanes (pharmaciens impliqués : hospitaliers, officinaux, biologistes et leur personnel). Elles ont pour objectif de former à la prise en charge et de renforcer la collaboration des professionnels. Dossier 1995, XVI, 4 50 Évaluation thérapeutique Opiacés dans la prise en charge des toxicomanes * Cette circulaire DGS/SP3/95 se réfère aux textes suivants : - Décret N° 92 - 590 relatif aux centres spécialisés de soins aux toxicomanes. - Décret N° 94 - 1030 du 2 Décembre 94 relatif aux conditions de prescription et de délivrance des médicaments à usage humain et modifiant le code de la santé publique (deuxième partie: décrets en Conseil d’État). - Arrêté du 7 Mars 94 relatif à la création et à la composition de la commission consultative des traitements de substitution de la toxicomanie. - Circulaire DGS/SP3/95 n°3 du 11 Janvier 1995. Les centres spécialisés établissent une convention avec un Hôpital pour la rétrocession de la méthadone et la réalisation des analyses urinaires. Les frais liés à l'achat de la méthadone et aux coûts des analyses urinaires seront remboursés à l'Hôpital sur le chapitre 47 - 15 article 10 sur la base de factures. - Note d'information DGS du 15 Février 1995. Il n'est pas envisagé d'utiliser le sulfate de morphine et le dextromoramide comme produits de substitution (hors des indications validées). Les années 95 - 96 constituent une phase transitoire de gestion difficile nécessitant un examen au cas par cas. Le Pharmacien doit toujours prendre contact avec le prescripteur et signaler toute difficulté éventuelle à l'Inspection en Pharmacie. - Circulaire DGS/DH N° 15 du 7 Mars 1995. . Implication des services hospitaliers dans la prise en charge des toxicomanes (3 à 5 lits de sevrage par C.H.R.). Les frais afférents sont remboursés par l’État sur les crédits du chapitre 47 - 15 - 10. .Développement des Réseaux Ville - Hôpital : les intervenants sont les médecins généralistes, les équipes hospitalières, les centres spécialisés de soins aux toxicomanes et les autres professionnels concernés ; ils doivent riser la formation et la circulation de l'information et des connaissances relatives à la toxicomanie; ils favos'appuient sur un site hospitalier dont plusieurs services doivent être impliqués ; ils sont financés par la D.H. mission SIDA et par la D.G.S. sur le chapitre 47 - 15 - 40. Autres textes Circulaire DGS/2D du 23 Mars 1992 - Les activités documentaires sont diffusées par le réseau Toxibase. - Mise en place d'un Téléphone National : Drogue Info Service. - Recherche: la recherche épidémiologique peut être financée par l'association Descartes du Ministère de l’Éducation des Sciences et de la Recherche, les recherches ayant pour objectif d'aider à la décision dans le domaine de la prise en charge peuvent être financées par la DGS. Décret N° 95 - 255 du 7 Mars 1995 "Les seringues et les aiguilles destinées aux injections parentérales peuvent être délivrées dans les officines de pharmacie, les pharmacies à usage intérieur des établissements de santé et les établissements qui se consacrent exclusivement au commerce du matériel médico-chirurgical et dentaire ou qui disposent d'un département spécialisé à cet effet, ainsi qu'à titre gratuit par toute association à but non lucratif ou personne physique menant une action de prévention du S.I D.A. ou de réduction des risques chez les usagers de drogues dans des conditions définies par un arrêté du ministre chargé de la santé." Les articles 3, 4, 5 et 6 du décret du 13 Mars 1972 modifié précité sont abrogés. Il est recommandé aux associations de garantir la sécurité des conditions de stockage des seringues et aiguilles. Après avis du Directeur de l'Hôpital, les Pharmacies Hospitalières peuvent y subvenir. Dossier 1995, XVI, 4 51 Évaluation thérapeutique Opiacés dans la prise en charge des toxicomanes RÔLES DU PHARMACIEN DES HÔPITAUX (Expérience de la pharmacie du Centre Hospitalier Paul GUIRAUD de VILLEJUIF et de la Pharmacie Centrale des Hôpitaux de NANTERRE) Dans les domaines pharmaceutiques liés à cette prise en charge, le pharmacien hospitalier recherche une collaboration optimale et fructueuse dans trois domaines. Pharmacie Le médicament (Razafindrakoto H., Beauverie P., Urban M., Poisson N., Certain B. Les aspects pharmaceutiques de la méthadone : de la drogue au médicament. Le Pharmacien Hospitalier. 1993 ; 28 : 13 - 7) La Méthadone est devenue une spécialité avec autorisation de mise sur le marché accordée à un établissement pharmaceutique public, la P.C.H. / A.P. /H.P. Cette spécialité est actuellement commercialisée par les Laboratoires MayoliSpindler. La P.C.H. a voulu répondre aux impératifs du traitement. Ce nouveau statut réglementaire permet la prise en charge de certains patients en secteur libéral et évite leur chronicisation en centre spécialisé. Il existe désormais des monodoses liquides à 5, 10, 20, 40, 60 mg et dans un proche avenir à 80 et 100 mg. D'autres aménagements sont espérés: une reconnaissance plus aisée de chaque dosage pour éviter les erreurs de délivrance et une formulation galénique non cariogène. Distribution et dispensation du médicament (P. Beauverie, N. Poisson, H. Razafindrakoto, M. Urban, D. Touzeau, C. Jacquot. Procédures pharmaceutiques de distribution et de dispensation de la méthadone dans une structure extra-hospitalière. Le Pharmacien Hospitalier. 1994 ; 29 (117) : 27 - 30) Les procédures développées à Paul GUIRAUD, en collaboration avec l'Inspection Régionale en Pharmacie sont reprises dans les différentes circulaires de la DGS. Elles reposent sur trois principes: application de la législation concernant la distribution, la prescription, et la dispensation des substances stupéfiantes; mise en place d'une gestion à flux tendu entre les différents protagonistes pour des raisons de sécurité; et souplesse afin de permettre toute adaptation posologique et mise en place en urgence ou non d'un traitement en relais. Selon les conventions passées entre les DDASS, les centres hospitaliers et les centres spécialisés, les conditions de prescription et de délivrance des substances stupéfiantes répondent d'un point de vue réglementaire (arrêtés de 1990, 1991, et 1992) aux arrêtés relatifs au milieu libéral ou / et hospitalier. De l’intérêt du respect de la législation des stupéfiants Respecter le cadre légal d'utilisation des stupéfiants, présenter les produits substitutifs sous une forme peu propice au marché illicite ou au détournement de leur mode d'administration, c'est défendre ce mode de prise en charge. En Grande-Bretagne, l'apparition d'intoxications et de décès chez des sujets non tolérants aux opiacés, voire l'induction de toxicomanies primaires à la méthadone, est la principale raison du ralentissement de cette politique sanitaire. Enfin, le respect des procédures et la notification des actes infirmiers permettent au Pharmacien Hospitalier de participer à l'évaluation clinique. Pharmacie clinique Équipes soignantes et patients I1 s'agit de mieux comprendre les patients, la pathologie, les soins, la prise en charge multidisciplinaire et les équipes d'intervenants. Cette approche permet un échange intense qui conduit à une meilleure adaptation des prestations pharmaceutiques aux besoins des équipes et des patients. En retour, le Pharmacien Hospitalier est entendu. Ses propos, sur le respect des procédures et la défense du médicament sont compris par les équipes, et ce message porte jusqu'aux patients. Dossier 1995, XVI, 4 52 Évaluation thérapeutique Opiacés dans la prise en charge des toxicomanes Évaluation Les données, fournies par l'équipe soignante et l'équipe des techniciens du Laboratoire peuvent être enregistrées à la Pharmacie puis représentées sous forme de profils nominatifs semestriels réactualisés mensuellement. Ainsi, chaque intervenant a la possibilité de visualiser rapidement l'un des critères de jugement de l'efficacité du traitement. Dans le cadre de leur année hospitalo-universitaire, les externes en Pharmacie doivent être sensibilisés à la prise en charge des toxicomanes, et peuvent participer à d'autres formes d'évaluation. Recherche L'équipe pharmaceutique peut s'associer aux cliniciens pour définir des projets de recherche, elle doit aider au bon déroulement des études multicentriques. Informations, formations, communications Face aux besoins urgents d'information et de formation des intervenants en toxicomanie et des professionnels de la Santé, le Pharmacien Hospitalier se doit d'assister ou d'adhérer aux associations ou sociétés savantes internationales, nationales, régionales ou locales (Réseaux Ville - Hôpital) préoccupées par ce fléau. TRAITEMENT DU SYNDROME DE SEVRAGE DES NOURRISSONS DÉPENDANTS PASSIFS AUX OPIACÉS PROTOCOLE DU SERVICE DE L’HOPITAL INTERNATIONAL UNIVERSITAIRE DE PARIS (PARIS XIV) Le syndrome de sevrage des nourrissons dépendants passifs aux opiacés, - ne se manifeste en général qu’après un intervalle libre, - présente un tableau clinique variable : trémulations, convulsions, dérèglement thermique ; le traitement est à débuter si le score de Finnegan est supérieur à 12 ou supérieur 8 à 2 reprises (à 2 heures d’intervalle). Traitement 1. Associer systématiquement et donner régulièrement : 1.1. Diazépam gouttes (3 gouttes = 1 mg) : 0,5 mg/kg/j en 3 prises 1.2. Élixir Parégorique (EP) - n’utiliser que l’EP en solution alcoolique de la PCH AP-HP 10 gouttes = 0,25 ml = 0,1 mg de morphine - commencer par 2 gouttes/kg 6 fois par jour soit 0,12 mg/kg/j de morphine en 6 prises - si nécessaire : augmenter progressivement de 2 gouttes par kg et par prise - La posologie est variable : de 0,17 mg/kg/j à 0,84 mg/kg/j en équivalent morphine soit de 2 ou 3 gouttes/kg/prise à 14 - 16 gouttes/kg/prise d’EP 2. Maintenir la posologie efficace pendant 3 à 5 jours 3. Diminuer progressivement la posologie l’EP (2 gouttes/prise/jour), puis du diazépam Surveillance (pendant toute la durée du traitement) - laisser le bébé au calme et bien l’emmailloter - ne pas le déranger inutilement (regrouper les médicaments, les repas et l’évaluation) - surveillance cardiorespiratoire - évaluer le comportement des parents avec leur bébé Dossier 1995, XVI, 4 53 E d i t o r i a l TACRINE UN JOUR, TACRINE TOUJOURS ? Un an après sa commercialisation que sait-on de la tacrine ? L’efficacité de la tacrine a été reconnue et entérinée en Mai 1994 par l’Agence du Médicament qui a délivré l’autorisation de mise sur le marché avec l’indication pleine et entière : traitement symptomatique de la maladie d’Alzheimer dans ses formes légères à modérées. Cette AMM a été accompagnée d’un circuit de distribution très particulier afin de permettre le diagnostic et le suivi précis du patient : le traitement doit être pris en charge par un médecin ayant une expérience du diagnostic et du suivi des malades atteints de maladie d’Alzheimer. C’est en octobre 1994, que la tacrine a été commercialisée en France, une année après avoir été acceptée par la FDA aux ÉtatsUnis. Cet événement a bousculé nos habitudes médicales dans la prise en charge tant humaine que thérapeutique de la maladie d’Alzeimer. En effet, avant l’avènement de la tacrine nous ne disposions que de médicaments «proposés pour améliorer les déficits intellectuels pathologiques». Libellé qui avait remplacé depuis quelques années les fameux «troubles psychocomportementaux de la sénescence». L’Agence du Médicament a par ailleurs mis sur pied un suivi des 5000 premiers patients sur le plan de la tolérance, les dossiers étant transmis à Bordeaux, dans le service de pharmacovigilance du Professeur Begaud. Le Ministère par contre n’a ni mis en route, ni demandé un quelconque suivi de l’efficacité de la thérapeuitque à moyen et long terme. Au terme d’un an de prescription les médecins sont en droit de se poser un certain nombre de questions sur le rapport bénéfice / risque de cette thérapeutique : - Concernant les risques, les résultats du dépouillement de la pharmacovigilance des 5000 premiers maladades se font cruellement attendre et l’Agence du Médicament étant seule habilitée à diffuser des informations, c’est avec impatience que le corps médical s’interroge sur la tolérance en général et la toxicité hépatique en particulier. Les Français sont-ils aussi, plus, ou moins sensibles que les Américains ? - Concernant l’efficacité à long terme, les seules données mondiales dont nous disposons sont des essais ouverts, chez des patients ayant continué le traitement sous tacrine après avoir été inclus dans des essais en double aveugle contre placebo. Si l’efficacité à court terme est avérée, qu’en est-il à moyen terme et surtout à long terme ? Une information provenant de l’expérience de W. Pendlebury (Presse Médicale 14.10.1995, 24, n°30, 1372-1373) relate que, après une amélioration du 5ème au 9ème mois, les sujets traités à des posologies de 120 à 160 mg/j, présentaient au bout de 21 mois de traitement, une évolution qui était identique à celles des patients sous placebo au 4ème mois. L’auteur conclut que les effets ne sont pas toujours précoces et qu’une non progression de la maladie peut être aussi considérée comme un bon résultat... Quant à l’opinion des prescripteurs au quotidien, elle est bien difficile à interpréter, certains étant enthousiastes à la suite de l’amélioration de quelques patients, que ce soit sur le plan cognitif ou comportemental ; d’autres, dont les patients n’ont pas répondu apparemment, se montrent déçus. On sait la valeur qu’il faut accorder à de « telles impressions ». Il faut bien reconnaître que le médicament pouvant améliorer certains patients, en stabiliser d’autres, ou ralentir l’évolution clinique de la maladie, il est fort difficile dans ces conditions d’évaluer l’étendue des bénéfices. Les essais thérapeutiques qu’il faudrait mettre en oeuvre pour apprécier réellement la pertinence clinique du traitement, surtout à moyen et à long terme, ne seront pas aisés à réaliser. On retrouve ici la problématique commune à la majorité des traitements au long cours (HTA, hypercholestérolémie, ostéoporose et maintenant la maladie d’Alzhéimer etc...). En effet, faute de données scientifiques, la stratégie thérapeutique à long terme repose pour l’instant uniquement sur une position philosophique du corps médical pouvant osciller entre : - le patient n’a rien à y perdre, continuons à long terme, - ou, faute d’informations à long terme, on s’abstient. Traitement un jour, traitement toujours ... ? Docteur Jean-Marie VETEL Chef de Service Service de Gériatrie I Centre Hospitalier Le Mans Dossier 1995, XVI, 4 55 Le Point sur Tacrine Avec la participation de Hélène Blanchecotte* et du Comité de Rédaction * Service Pharmacie CH Du Chinonais BP 248 - 37502 Chinon Cedex Remerciements : Françoise Forette(Paris), Pierre Larmande † (Tours) Résumé La maladie d’Alzheimer (MA) est une pathologie cérébrale dégénérative primitive d’étiologie inconnue, caractérisée par un déficit neuropsychique en progression continue. Elle est caractérisée par des troubles de la mémoire et une atteinte des autres fonctions cognitives avec une altération du jugement et de la pensée d’un degré suffisant pour perturber les activités de vie quotidienne des patients. Elle résulterait d’une dégénérescence neuronale avec altération des neurotransmissions cérébrales des systèmes noradré nergique, sérotoninergique et dopaminergique et atteinte prédominante du système cholinergique. Son diagnostic est purement clinique. La tacrine permet d’envisager un traitement symptomatique des démences de type Alzheimer. Elle agit principalement en inhibant l’activité enzymatique de l’acétylcholinestérase et en freinant la dégradation de l’acétylcholine dans l’espace synaptique du système cholinergique. Elle passe la barrière hémato-encéphalique et diffuse dans le cortex, l’hippocampe, le thalamus et le striatum. La concentration tissulaire cérébrale peut atteindre dix fois la concentration plasmatique. Elle est métabolisée par le foie (voie du cytochrome P450 1A2). Les critères de l’efficacité de la tacrine lors des études cliniques sont appréciés à partir de différentes échelles d’évaluation, prenant en compte l’amélioration des fonctions cognitives instrumentales, l’impression clinique globale du clinicien et de l’entourage et les changements dans les activités de vie quotidienne du patient... Quelques études multicentriques ont permis de montrer une efficacité significative de la tacrine chez les patients atteints de MA légère et modérée. La dose initiale de tacrine est de 40 mg/j (en 4 administrations quotidiennes) pendant 6 semaines, puis elle est augmentée de 40 mg toutes les 6 semaines jusqu'à 80 mg/j puis 120 mg/j, dose thérapeutique moyenne recommandée. La posologie maximale de 160 mg/j peut être autorisée si la tolérance le permet. L’effet indésirable majeur de la tacrine est son hépatotoxicité qui se traduit par l’élévation réversible des transaminases hépatiques sanguines, en particulier, l’alanine aminotransférase ou ALAT. La surveillance de la concentration d’ALAT pendant toute la durée du traitement est impérative. L’élévation de l’ALAT est cliniquement prise en considération lorsqu’elle atteint 3 fois la valeur de la limite supérieure normale. Les autres effets indésirables observés sont essentiellement liés aux propriétés pharmacologiques de type cholinergique de la tacrine (troubles gastro-intestinaux et neurologiques). Sa dispensation est régie par la circulaire DGS/DDH/DSS N°68 du 9 septembre 1994 qui fixe les modalités de prescription, de dispensation, de prise en charge et de surveillance du bon usage et des effets indésirables dans les hôpitaux. Compte tenu de l’évolution lente (sur plusieurs années) de la M.A. des études cliniques à long terme seraient nécessaires d’une part pour confirmer les résultats significatifs, en terme d’efficacité, obtenus lors des études dont la durée maximale a été de 30 semaines, et d’autre part pour mieux appréhender la tolérance de la tacrine. Mots clés : Acéthylcoline, Acétylcholinestérase, Alanine aminotransférase, Alzheimer maladie, Démence, Hépatotoxicité, Tacrine. Dossier 1995, XVI, 1 57 Le Point sur Tacrine Introduction Un inhibiteur de l'acétylcholinestérase, la physostigmine, a permis une amélioration des fonctions cognitives mais sa durée d'action est très courte (18, 42). Un autre inhibiteur de l'acétylcholinestérase, la tacrine ou tétra-hydroaminoacridine, s’est révélé intéressant du fait de sa durée d'action plus longue (18). En 1906, Aloïs ALZHEIMER a décrit des altérations morphologiques affectant le cortex cérébral chez des patients adultes présentant des troubles mentaux, caractérisés essentiellement par un affaiblissement intellectuel. Cette pathologie fut appelée maladie d’Alzheimer (MA). La tacrine est la première molécule à avoir été proposée pour ses propriétés cholinergiques dans les essais thérapeutiques de la MA à partir des années 80. Elle permet d'envisager un traitement symptomatique des démences de type Alzheimer dans leur forme lègère à modérée. La MA est une pathologie cérébrale dégénérative primitive d’étiologie inconnue, caractérisée par un déficit neuropsychique en progression continue. Elle résulterait d’une dégénérescence neuronale avec altération des neurotransmissions cérébrales des systèmes noradrénergique, sérotoninergique et dopaminergique et atteinte prédominante du système cholinergique. C'est aujourd'hui le seul médicament dont l’utilisation soit autorisée par la FDA aux États-Unis (depuis 1993) et par la France (AMM en 1994). La tacrine, première molécule à avoir été proposée pour ses propriétés cholinergiques dans les essais thérapeutiques de la MA, permet d’envisager un traitement symptomatique des démences de type Alzheimer. Remarque : avant son emploi dans la MA, la tacrine a été utilisée dans la correction des effets dépresseurs respiratoires de la morphine en anesthésiologie. En 1906, Aloïs Alzheimer (1864-1915), neuropathologiste allemand, a décrit des altérations morphologiques affectant le cortex cérébral chez des patients adultes présentant des troubles mentaux, caractérisés essentiellement par un affaiblissement intellectuel (38). Cette pathologie fut appelée maladie d'Alzheimer (MA). RENSEIGNEMENTS GALÉNIQUES Tableau I (cf page 59) La MA est à l'origine de 40 à 70 % des syndromes démentiels. Les études de prévalence et d'incidence des syndromes démentiels en Europe ont mis en évidence dans une population de 60 à 95 ans un taux de prévalence qui double approximativement pour chaque tranche de 5 années d'âge et qui progresse de 1 % à 32 % avec une incidence qui est évaluée à environ 1% (23). Elle pose donc un problème de santé publique dans une population en vieillissement (23). PHYSICOCHIMIE Tableau II : Renseignements physicochimiques La MA est une pathologie cérébrale dégénérative primitive, d'étiologie inconnue, caractérisée par un déficit neuropsychique en progression continue (38). Elle résulterait d'une dégénérescence neuronale avec altération des neurotransmissions cérébrales des systèmes noradrénergique, sérotoninergique et dopaminergique et atteinte prédominante du système cholinergique (2, 7). Nom chimique chlorhydrate de 1, 2, 3, 4-tétrahydro-9-acridinamine Famille chimique Acridine substituée Formule brute C13Hl4N2-HCl-H2O Formule développée Il existerait une relation entre le déficit des neurotransmissions cholinergiques et les différents symptômes, en particulier cognitifs, de la MA. Cette hypothèse a guidé les recherches pharmacologiques (3 ,20, 31). C'est ainsi qu'ont été testées, sans succès, différentes molécules parmi les précurseurs de l'acétylcholine (choline, phosphatidylcholine ou lécithine), les agonistes cholinergiques (pilocarpine, arécoline, nicotine) et les stimulateurs de la libération de l'acétycholine (phosphatidylsérine, 4aminopyridine) (42). Dossier 1995, XVI, 4 GÉNÉRAUX ET Masse moléculaire relative 58 252,74 Le Point sur Tacrine Tableau I : Renseignements généraux et galéniques Substance active (DCI) Chlorhydrate de tacrine Abréviation THA Numéro de code CI-970 ; PD 441 59-2 Nom déposé COGNEX® Laboratoire Parke-Davis Pays commercialisation États-Unis, France Classe pharmacothérapeutique Inhibiteur réversible de l'acétylcholinestérase Forme pharmaceutique Gélule supro* Dosage 10 mg (12,75 mg), 20 mg (25,50 mg), 30 mg (38,25 mg), 40 mg (51 mg) exprimé en tacrine base anhydre (exprimé en chlorhydrate de tacrine) Substance auxiliaire lactose, cellulose microcristalline, stéarate de magnésium, oxyde de titane, oxyde de fer rouge, + érythrosine, jaune de quinoléine, bleu patenté (l0 mg) + bleu patenté (20 mg) + azorubine, jaune de quinoléine (30 mg) + azorubine, indigotine (40 mg) Présentation Plaquette thermoformée (polychlorure de vinyle, aluminium) Date, Numéro d'AMM Mai 1994 10 mg 558 263.3 20 mg 558 266.2 30 mg 558 268.5 40 mg 558 271.6 Conditions de conservation à température inférieure à 30°C à l'abri de la lumière Durée de péremption 3 ans Agrément collectivités oui Conditions de délivrance Liste I, réservé à l'usage hospitalier et soumis à des conditions particulières de prescription et de dispensation (cf annexes). * Le procédé supro permet l'emboîtement et le cliquage des deux moitiés de gélule, l'une dans l'autre. Par rapport à une gélule traditionnelle, la gélule supro offre la sécurité de son verrouillage mécanique, empêchant de la dessertir et d'en répandre le contenu. Elle se présente sous une taille plus réduite, facilitant son ingestion. Le marquage du nom déposé COGNEX® et du dosage sur la gélule la rend immédiatement identifiable. Dossier 1995, XVI, 4 59 Le Point sur Tacrine PHARMACOCINÉTIQUE Chez le sujet insuffisant rénal, la pharmacocinétique n'est pas modifiée. Par contre chez le sujet insuffisant hépatique, même en l'absence d'étude, l'hypothèse d'une modification de la clairance hépatique doit être retenue compte tenu du mécanisme de métabolisation de la molécule. Après administration par voie orale, la concentration plasmatique maximale de tacrine est atteinte en 1,5 heures, en moyenne. Sa biodisponibilité faible et variable est diminuée de 30 % lors d’une prise pendant le repas. La cinétique de la tacrine est non-linéaire. Les métabolites sont éliminés par voie urinaire essentiellement et par les fèces (43). La tacrine passe la barrière hémato-encéphalique et diffuse dans le cortex, l’hippocampe, le thalamus et le striatum. La concentration tissulaire cérébrale peut atteindre dix fois la concentration plasmatique. PHARMACOLOGIE La tacrine est métabolisée par le foie, par la voie du cytochrome P450 1A2. Chez le sujet insuffisant hépatique, l’hypothèse d’une modification de la clairance hépatique doit être retenue. La tacrine agit principalement en inhibant l’activité enzymatique de l’acétylcholinestérase, ce qui freine la dégradation de l’acétylcholine dans l’espace synaptique du système cholinergique. Par ailleurs, elle stimule les récepteurs muscariniques et nicotiniques, pré et postsynaptiques, ce qui permet d’augmenter la libération d’acétylcholine mais aussi d’inhiber la recapture de la choline qui freine la libération d’acétylcholine. Absorption Après administration par voie orale, la concentration plasmatique maximale de tacrine est atteinte en 1,5 heures, en moyenne. Sa biodisponibilité est faible et variable (17 ± 13 %), en raison d'un effet de premier passage hépatique. Elle est diminuée de 30 % lors d’une prise pendant le repas (22, 35, 43). La cinétique de la tacrine est non linéaire. Elle augmente ainsi le taux d’acétylcholine cérébrale et stimule le système cholinergique déficitaire dans la MA. Mécanisme d'action La tacrine agit principalement en inhibant l'activité enzymatique de l'acétylcholinestérase ce qui freine la dégradation de l'acétylcholine dans l'espace synaptique du système cholinergique (Figure 1). Distribution La fixation aux protéines plasmatiques est de 55 %. La tacrine passe la barrière hémato-encéphalique et diffuse dans le cortex, l'hippocampe, le thalamus et le striatum. La concentration tissulaire cérébrale peut atteindre dix fois la concentration plasmatique (14, 22, 35). Métabolisme La tacrine est métabolisée par le foie par la voie du cytochrome P450 1A2. L'hydroxylation hépatique est à l'origine des métabolites hydroxylés 1, 2, et 4 avec principalement le 1-hydroxytacrine (14). Ces métabolites ont des propriétés faiblement anticholinestérasiques. Élimination La demi-vie d'élimination varie de 1,5 à 2,5 h chez le sujet sain. Elle est allongée chez le sujet atteint de MA après administration continue (2 à 4 h). Ach : Acétylcholine AchE : Acétylcholinestérase La clairance plasmatique est de 2,42 ± 0,77 l/min. Figure 1 : Mécanisme d'action de la tacrine Dossier 1995, XVI, 4 60 Le Point sur Tacrine Par ailleurs, elle stimule les récepteurs muscariniques et nicotiniques, pré et postsynaptiques ce qui permet d'augmenter la libération d'acétylcholine mais aussi d'inhiber la recapture de la choline qui freine la libération d’acétylcholine. La connaissance et l'importance de ces mécanismes d'actions restent à approfondir (1, 20). Ceci oblige à utiliser des critères cliniques diagnostiques bien définis de la MA, afin d'obtenir une inclusion homogène des patients lors des essais thérapeutiques. 3 types de critères diagnostiques sont actuellement préconisés. 1. Critères selon le DSM III-R Les critères selon le DSM III-R (Diagnostic and Statistical Manuel of Mental Disorders de l'American Psychiatric Association) permettent la mise en évidence d'une démence de sévérité légère, moyenne ou grave (10). Effets pharmacologiques La tacrine est un inhibiteur réversible et non compétitif de l'acétylcholinestérase à affinité centrale. La tacrine augmente le taux d'acétylcholine cérébrale et stimule le système cholinergique déficitaire dans la MA (1, 20). 2. Critères selon le NINCDS/ADRDA Les critères selon le NINCDS/ADRDA (National Institute of Neurological and Communication Disorders and Stroke et l'Alzheimer's Disease and Related Disorders Association) sont utilisés pour poser le diagnostic d'une MA, possible ou certaine (29). ÉTUDES CLINIQUES Critères diagnostiques de la MA Les principaux symptômes de la MA sont les troubles de la mémoire et une atteinte des autres fonctions cognitives avec une altération du jugement et de la pensée d’un degré suffisant pour perturber les activités de vie quotidienne des patients. Remarques Une échelle d'évaluation, le MMSE (Mini Mental State Examination) est réalisée lors de l'application des critères selon le DSM III-R et selon le NINCDS/ADRDA pour objectiver le syndrome démentiel de MA évoqué sur des données cliniques (cf Annexes) (13). Le diagnostic de la MA est purement clinique, en l’absence de tests biologiques et de critères d’imagerie spécifique. Le diagnostic de certitude ne peut être posé qu’au vu de caractéristiques histopathologiques spécifiques. Trois types de critères diagnostiques sont actuellement préconisés : critères selon le DSM III-R, le NINCDS/ADRDA, le CMI-10/ICD-10. Cette échelle utilisée pour l'inclusion des patients à chaque étude, est aussi l'échelle qui sera systématiquement utilisée par les cliniciens, comme aide au diagnostic de la MA. Le score au MMSE retenu dans les études cliniques de la tacrine devait être compris entre 10 et 26 pour l'inclusion des patients (8, 12, 25). Il est considéré que ce score correspond à un état de démence légère à modérée, mais aucun consensus n'existe sur ces limites. Les principaux symptômes de la MA sont les troubles de la mémoire et une atteinte des autres fonctions cognitives avec une altération du jugement et de la pensée d'un degré suffisant pour perturber les activités de vie quotidienne. Avant l'initiation d'un traitement par la tacrine dans le cadre de l'AMM, la recherche de ces deux types de critères diagnostiques de la MA sera réalisée pour chaque patient, et complétée d'une évaluation du score MMSE afin d'apprécier le niveau de gravité. Ces informations seront mentionnées sur la fiche d'initiation du traitement par la tacrine (cf Annexes). Le diagnostic de la MA est purement clinique, en l'absence de tests biologiques et de critères d'imagerie spécifiques. Il n’existe pas à l’heure actuelle d’image radiologique ou de scanner, ou autre, caractéristique de la MA. Le scanner réalisé avant de débuter un traitement est destiné à exclure les démences d’origine autre que la MA. L’atrophie corticosous-corticale observable au scanner n’est pas spécifique de la MA ; elle signe une dégénerescence corticale observable dans d’autres démences. Le diagnostic de certitude ne peut être posé que post-mortem au vu de caractéristiques histopathologiques spécifiques : présence extracellulaire de plaques séniles constituées de substance amyloïde, dégénérescence neurofibrillaire neuronale aux niveaux du cortex cérébral, du néocortex, de la formation hippocampique, des noyaux de Meynert... (38). Dossier 1995, XVI, 4 3. Critères selon le CIM-10/ICD-10 Cette classification ancienne n'est plus utilisée. Les critères selon le CIM-10/ICD-10 (Classification Internationale des maladies de l'Organisation Mondiale de la Santé) permettraient de poser le diagnostic de démence de la MA, et de la classer en démence présénile ou sénile de type Alzheimer ou démence MA à forme atypique, mixte, 61 Le Point sur Tacrine ou sans précision (5). Remarque : L'échelle HIS ou Hachinski Ischemia Scale, destinée à déterminer un score ischémique, permet d'exclure les patients dont la démence est de type vasculaire (19). Les patients atteints de MA doivent présenter un score HIS inférieur à quatre pour être inclus dans les études cliniques de la tacrine. * ADAS cognitive L'ADAS cognitive (ADAS-Cog) comporte les critères principaux. Elle explore les troubles cognitifs les plus fréquents de la MA (mémoire, langage, praxie, orientation) ; son score varie de 0 à 70 points ; le déficit mental est d'autant plus important que le score est élevé. Échelles d'évaluation utilisées comme critères Les critères de l’efficacité de la tacrine lors des études cliniques sont appréciés à partir de différentes échelles d’évaluation, prenant en compte l’amélioration des fonctions cognitives instrumentales, l’impression clinique globale du clinicien et de l’entourage et les changements dans les activités de vie quotidienne du patient. Ces échelles sont considérées comme principales ou secondaires selon les critères qu’elles comportent et leur validation dans la MA. Échelles d’évaluation utilisées comme critères principaux ; échelles ADAS (ADAS cognitive, ADAS non cognitive, ADAS total) ; échelle CIBI ; échelle CGIC ; échelle FCCA. Échelles d’évaluation utilisées comme critères secondaires ; échelle MMSE ; échelle PDS ; échelle PSMS ; échelle IADL. Le score de cette échelle chez des patients atteints de MA non traités augmente d'environ 8 points par an. Dans le cadre des études cliniques de la tacrine, une diminution d'au moins 4 points en 6 mois de ce score à été retenue comme témoin d'une amélioration clinique sous traitement dans une proportion statistiquement significative par rapport au placebo (43). * ADAS non cognitive L’ADAS non cognitive (ADAS non cog) comporte les critères secondaires. Elle explore les troubles de l'humeur et du comportement. Le score est de 0 à 45 points et d'autant plus élevé que le déficit est important. * ADAS totale L'ADAS totale résulte des scores obtenus avec les deux sous-échelles dont l’une comporte des critères secondaires (ADAS non cognitive) (34). Elle totalise 0 à 115 points. Elle ne peut être considérée comme une échelle à critères principaux. de l'efficacité de la tacrine dans la MA Les critères d'efficacité de la tacrine lors des études cliniques sont appréciés à partir de différentes échelles d'évaluation, prenant en compte : - l’amélioration des fonctions cognitives instrumentales, 1.2. Échelle CIBI - l'impression clinique globale du clinicien et de l'entourage, L'échelle CIBI (Clinical Interview Based Impression) est une échelle d'appréciation subjective du changement clinique observé par rapport à une évaluation initiale déterminée par le clinicien. - les changements dans les activités de vie quotidienne du patient. Ces échelles sont considérées comme principales ou secondaires selon les critères qu'elles comportent et leur validation dans la MA. Le score est coté de 1 à 7 ; les cotes 1, 2, 3 correspondent à des résultats positifs, 4 à un indice de bénéfice clinique, et 5, 6 et 7 à des indices d'aggravation (6). 1. Échelles d'évaluation utilisées comme critères principaux 1.3. Échelle CGIC 1.1. Échelle ADAS L'échelle CGIC (Clinical Global Impression of Change) est une échelle d'impression clinique globale. L'échelle ADAS (Alzheimer's Disease Assessment Scale) est une échelle validée permettant d'évaluer le degré de sévérité des troubles cognitifs et comportementaux chez les patients atteints de MA. Elle est subdivisée en deux sous-échelles : 1'ADAS cognitive et 1'ADAS non cognitive. Dossier 1995, XVI, 4 Elle existe sous deux versions : - l’une liée au jugement du clinicien, appelée CGIC investigator qui comporte les critères principaux, 62 Le Point sur Tacrine - l’autre liée au jugement des soignants, appelée CGIC caregiver qui comporte les critères secondaires. Elle est utilisée pour apprécier le changement clinique observé par rapport à l'évaluation initiale lors d'un traitement. L'interprétation du score est identique à la précédente (6). en rapport avec des activités de vie quotidienne et déterminée par l'entourage soignant. Le score varie de 6 à 30 points. Les troubles les plus impor-tants sont représentés par les scores les plus élevés (26). 1.4. Échelle FCCA 2.4. Échelle IADL L'échelle FCCA (Final Comprehensive Consensus Assessment) est une échelle qui permet une appréciation subjective du changement clinique observé par rapport à l'évaluation initiale par le clinicien. L'échelle IADL (lnstrumental Activites of Daily Living) est un échelle utilisée pour évaluer le degré d'efficience d'un patient dans les activités de la vie quotidienne et déterminée par l'entourage soignant. Le score est compris entre 4 et 31. Les scores les plus élevés correspondent aux degrés d'handicap les plus importants (26). Elle intègre l'impression ressentie par des membres de la famille du patient à la fin d'un essai. L'interprétation du score est identique aux précédentes (27). En 1986, un essai préliminaire, réalisé sans méthodologie validée et avec un nombre réduit de patients, a montré que la tacrine (160 m/j) permet une amélioration symptomatique de malades atteints de MA modérée à sévère. 2. Échelles d'évaluation utilisées comme critères secondaires En plus des échelles ADAS non cog, ADAS totale et CGIC caregiver, il existe un certain nombre d'échelles utilisées comme critères secondaires. Ensuite, une étude multicentrique a révélé un bénéfice clinique statistiquement significatif selon diverses échelles. 2.1. Échelle MMSE Différentes autres études multicentriques ont permis de montrer une efficacité significative de la tacrine chez les patients atteints de MA légère à modérée. Cette efficacité serait dose-dépendante et en faveur de la posologie à 120 mg/j voire 160 mg/j avec persistance des effets du traitement jusqu’à la 30ème semaine. L'échelle MMSE (Mini Mental State Examination) (cf Annexes) est une échelle validée et utilisée à la fois comme critère d'inclusion et comme critère secondaire d'efficacité, dans les évaluations cliniques portant sur la MA. Elle permet d'attester un trouble cognitif, d'apprécier sa sévérité et de juger de son évolution dans le temps. Ces études ont justifié l’obtention d’une autorisation d’utilisation par la FDA en 1993, et d’une AMM en France. Le score varie de 0 à 30 points et est d'autant plus bas que l'atteinte cognitive est sévère (13). Études cliniques dans la MA (Tableau III) Un essai préliminaire (Summers, 1986) a montré que la tacrine permet une amélioration symptomatique de malades atteints de MA modérée à sévère, sans pouvoir établir de résultats significatifs (39). Mais cet essai a été réalisé sans méthodologie validée et avec un nombre réduit de patients. 2.2. Échelle PDS L'échelle PDS (Progressive Deterioration Scale) a été validée par rapport à l'échelle GDS (Global Deterioration Scale). Les études qui ont suivi n'ont pas montré de bénéfice clinique statistiquement significatif (4, 17, 28) jusqu'à la première étude multicentrique de Davis (8). Elle est utilisée pour graduer le stade d'une démence (33). L'évaluation des changements dans les activités quotidiennes des patients atteints de MA est réalisée par l'entourage soignant. Les détériorations des activités les plus importantes correspondent au score le plus bas (9). 1. Étude de Davis L'étude de Davis (8) a été réalisée selon un schéma en quatre phases : 2.3. Échelle PSMS - une phase d'enrichissement de la population (recherche des patients répondeurs), c’est-à-dire qui à 40 ou 80 mg/j L'échelle PSMS (Physical Self Maintenance Scale) est une échelle permettant d'évaluer les comportements d'un sujet Dossier 1995, XVI, 4 63 Le Point sur Tacrine Tableau III : Études cliniques : efficacité de la tacrine chez les patients atteints d'une maladie d'Alzheimer. Réf Type d’étude Durée Posologie mg/j Patients Critères d'inclusion 8 Multicentrique, (16 centres) Randomisée, double aveugle, en 4 phases : 1. Titration sans wash-out 2. Placebo 3. Double aveugle contre placebo n = 215 4. Ouvert 20 sem. - Phase 1 : 6 sem. Groupe 1 : . Placebo S1 et S2 . Tacrine 40 S3 et S4 . Tacrine 80 S5 et S6 Groupe 2 : . Tacrine 40 S1 et S2 . Placebo S3 et S4 . Tacrine 80 S5 et S6 Groupe 3 : . Tacrine 40 S1 et S2 . Tacrine 80 S3 et S4 . Placebo S5 et S6 632 sélectionnés 215 inclus (comme répondeurs à Tacrine 40 ou Tacrine 80) Atteints d’une M.A probable selon : - critères NINCDS - score MMSE :10 à 26 (moy. = 17,4) - score HIS < 4 - Phase 2 : 2 sem. Malades répondeurs à Tacrine 40 ou 80 Placebo S7 et S8 Homme : 43 % Femme : 57 % Sont exclus les patients prenant un médicament du SNC Âge > 50 ans (moy. = 70) - Phase 3 : 6 sem. . Tacrine 40 S9 à S14 . Tacrine 80 S9 à S14 . Placebo S9 à S 14 - Phase 4 : 6 sem. . Tacrine 40 S15 à S20 . ou Tacrine 80 S15 à S20 12 Multicentrique (23 centres), randomisée, double aveugle contre placebo, groupes parallèles Dossier 1995, XVI, 4 12 sem. Groupe 1 : Placebo S1 à S6 468 inclus 273 évalués Atteint d'une M.A probable légère à modérée selon : - critères NINCDS - score MMSE :10 à 26 (moy. = 18,5) - score ADAS-cog (moy. = 27,5) - score HIS < 4 195 sorties Tacrine 20 d'étude pour : S7 à S12 - insuffisance de données Groupe 2 : d'évaluation - échantillon Tacrine 20 S1 à S6 trop restreint Sont exclus les patients prenant - traitements un médicament du SNC Tacrine 20 Tacrine 40 associés S7 à Sl2 S7 à S12 - mauvaise observance Groupe 3 : Tacrine 40 Homme : 48 % S1 à S6 Femme : Tacrine 40 Tacrine 80 52 % S7 à S12 S7 à S12 Âge ≥ 50 ans (moy. = 71,3) Placebo S7 à S12 64 Le Point sur Tacrine Tableau III : Études cliniques : efficacité de la tacrine chez les patients atteints d'une maladie d'Alzheimer (suite) Critères d'évaluation Résultats Effets indésirables - Primaires : . ADAS-Cog . CGIC clinicien Phase 1 : NR - Secondaires : . ADAS non cog . ADAS totale . MMSE . PDS . IADL . PSMS Phase 2 : NR - Dans les 3 phases, présents chez au moins 7% des patients : 113/632 (18 %) sorties d'études pour effets indésirables dont 66 (10%) pour élévation de l'ALAT - Dans la phase 1 spécifiquement : NR Phase 3 : - Dans la phase 2 spécifiquement : NR - Tacrine 80 > Placebo . ADAS-Cog (p < 0,001) (Amélioration de 2,4 points) . ADAS totale (p < 0,001) (Amélioration d'au moins 4 points, 26 % / 9 %) . IADL, PDS (p < 0,05) . CGIC, MMSE, PSMS : NS - Dans la phase 3 spécifiquement : . nausées, vomissements : 13 % . diarrhée : 4 % . douleurs abdominales : 8 % . céphalées : 13 % . élévation de l'ALAT : 15 % - Augmentation ALAT pour tous les patients traités par la tacrine : > 3 x LSN = 21 % > 1 x LSN = 42 % Homme = 32 % Femme = 67 % 1ère élévation entre la 7ème et 10ème sem Retour à la normale après 5 semaines d'arrêt du traitement - Tacrine 40 pas de résultats significatifs Phase 4 : NR - Primaires : . ADAS-Cog . CGIC clinicien Tendance à l'effet-dose : - ADAS-Cog, ADAS totale CGIC clinicien, CGIC soignant (p < 0,05) - Secondaires : . ADAS non cog . ADAS totale . MMSE . CGIC soignant . PDS - ADAS non cog, MMSE, PDS (NS) - Dans la phase 4 spécifiquement : NR Présents chez 48 % des 387 patients traités par la tacrine : - nausées et/ou vomissements : 7,5 % - diarrhée : 5 % - douleurs abdominales : 4 % - dyspepsie : 3 % - rash : 3 % Tacrine 80 > Placebo : - ADAS-Cog (p < 0,01) (gain ou perte de points +2,8 / -1 : + 4 points dans 51% des cas) - CGIC clinicien (p < 0,05) (Amélioration 62,9% / 32,7 %) - ADAS totale (p < 0,05) - CGIC soignant (p < 0,05) - ADAS non cog, MMSE, PDS : NS Élévation de 1'ALAT : > 1 x LSN = 43 % (au moins une fois) > 3 x LSN = 25 % > 10 x LSN = 7 % 95 % dans les 8 premières sem. Tacrine 20, 40 et Placebo ADAS cog, CGIC clinicien : NS LSN : Limite supérieur de la normale Dossier 1995, XVI, 4 NR : non renseigné 65 NS : non significatif Le Point sur Tacrine Tableau III : Tacrine - Études cliniques : efficacité de la tacrine chez les patients atteints d'une maladie d'Alzheimer (suite) Réf Type d’étude Durée Posologie de mg/j Patients Critères d'inclusion 25 Multicentrique (33 centres), randomisée, double aveugle contre placebo, groupes parallèles 30 sem. Groupe l : Placebo : S1 à S30 663 inclus 263* évalués Atteint d'une forme légère à modérée de MA selon : - critères du NINCDS - score MMSE : 10 à 26 (moy. = 18,5) - score ADAS-Cog (moy. = 28,4) wash-out préliminaire : 10 jours Groupe 2 : . Tacrine 40 : S1 à S6 . Tacrine 80 : S7 à S30 400 sorties pour : - effets indésirables : 285 - mauvaise obserAncienneté de la maladie : vance : 20 1,5 ans Groupe 3 : - manque d'éffi. Tacrine 40 : cacité : 19 Exclus : malades atteints S1 à S6 - insuffisance d'une pathologie cardiaque, . Tacrine 80 : de données cérébrovasculaire, hépatique, S7 à S12 évaluables : diabétique ou insuffisant rénal . Tacrine 120 : 16 - autres (association de S13 à S30 médicaments, demande Groupe 4 : du personnel soignant) : 60 . Tacrine 40 : S1 à S6 . Tacrine 80 : Homme : 48 % Femme : 52 % S7 à S12 . Tacrine 120 : Âge ≥ 50 ans S13 à S18 (moy. = 72,1) . Tacrine 160: S19 à S30 * 279 patients sont allés au terme de l’essai mais 263 seulement sur des données évaluables sem. : semaine moy. : moyenne SNC : Système nerveux central Dossier 1995, XVI, 4 66 Le Point sur Tacrine Tableau III : Études cliniques: efficacité de la tacrine chez les patients atteints d'une maladie d'Alzheimer (suite) Critères d'évaluation Efficacité à la 18ème sem Effectif évaluable (n = 338) Efficacité à la 30ème sem Effectif évaluable (n = 263) Efficacité à la 30ème sem Intention de traiter* (n = 653) Effets indésirables - Primaires : . ADAS-Cog . CIBI . FCCA Tendance à l’effet-dose : . ADAS-Cog, CIBI (p < 0,005) . ADAS totale, MMSE, PDS (p < 0,05) Tendance à l'effet-dose : . ADAS-Cog, CIBI, FCCA (p ≤ 0,001) . ADAS totale, (p < 0,001) . MMSE (p < 0,001) PSMS, PDS, GDS, CGIC soignant (p ≤ 0,05) . ADAS non cog, IADL : NS Tendance à l’effet-dose : . ADAS-Cog, CIBI (p < 0,05) . ADAS totale, MMSE, GDS (p ≤ 0,05) . ADAS non cog (NS) Chez 94 % des sujets traités par la tacrine et 82 % par placebo Tacrine 80/Placebo Pas de résultats significatifs Tacrine 80/Placebo Pas de résultats significatifs Tacrine 120 > Placebo . ADAS-Cog, CIBI (NS) . FCCA (p = 0,01) . PDS (p < 0,05) . GDS, CGIC, ADAS non cog, AIDAS totale, MMSE, IADL, PSMS (NS) Tacrine 120 > Placebo . ADAS-Cog, CIBI (p < 0,05) . ADAS totale (p < 0,05) . MMSE, ADAS non cog, GDS (NS) Tacrine 160 > Placebo . ADAS-Cog (p < 0,001) (Amélioration d'au moins 4 points : 40 % / 25 %) . CIBI (p < 0,05) . FCCA et ADAS totale (p < 0,001) . MMSE (p < 0,00l) (Amélioration d'au moins 3 points** : 42 % / 20 %) . CGIC soignant, GDS, PDS (p < 0,05) ADAS non cog, PSMS, IADL (NS) Tacrine 160 > Placebo . ADAS-cog (p =0,002) (Amélioration d'au moins 4 points : 27 % / 20 %) . CIBI (p < 0,05) . ADAS totale (p = 0,002) . MMSE (p < 0,05) (Amélioration d'au moins 3 points*** : 25 % / 17 %) . GDS (p < 0,05) . ADAS non cog (NS) - Secondaires : . ADAS non cog . ADAS totale . MMSE . CGIC soignant . GDS . PDS . PSMS . IADL Tacrine 120 > Placebo . ADAS-cog (p = 0,001) . CIBI (p < 0,05) LSN: Limite supérieure normale NS : Non significatif * même si sortie de l'essai, évaluation prévue ; sortis : 10 ; pas d'évaluation post-thérapeutique ** à 160 mg/j, 42 % des patients sont améliorés de 3 points contre 20 % au placebo *** à 160 mg/j, 25 % des patients sont améliorés de 3 points contre 17 % au placebo Dossier 1995, XVI, 4 67 Effet dose-dépendant de type cholinergique : troubles gastro-intestinaux (nausées et/ou vomissements = 35 % ; diarrhée = 18 % ; anorexie = 12 % ; dyspepsie = 11 % ; douleurs abdominales = 9 % ; amaigrissement = 6 %) Divers : . sensation vertigineuse = 14 % . céphalées = 12 % . agitation = 9 % Élévation de 1'ALAT chez 28 % des 479 patients traités par la tacrine : . 90 % dans les 12ères sem. de traitement (posologie 80 mg/j) . 54 % ALAT > 1 LSN (au moins 1 fois) . 29 % ALAT > 3 LSN . 6 % ALAT > 10 LSN . 2 % ALAT > 20 LSN Le Point sur Tacrine s’améliore d’au moins 4 points sur l’ADAS totale en 6 semaines, significatifs. - une phase placebo ou wash-out, Les auteurs de cette étude concluent à une efficacité dosedépendante mais d'importance variable de la tacrine au vu des résultats appréciant les fonctions cognitives et sur l'impression globale de changement du clinicien en faveur de la posologie minimale à 80 mg/j (12). - une phase en double aveugle contre placebo, - une phase en ouvert chez des patients atteints d'une MA probable. La phase comparant la tacrine au placebo en double aveugle a permis de mettre en évidence après 6 semaines de traitement, chez 215 patients répondeurs au traitement, des résultats significatifs à la posologie maximale de 80 mg/j. 2.2. Étude de Knapp Knapp (25) a évalué le bénéfice d'un traitement par la tacrine à une posologie supérieure à celles généralement utilisées, pouvant atteindre 160 mg/j, pendant une période longue (30 semaines). L'évaluation des fonctions cognitives par le score de l'ADAS-Cog a montré une amélioration modérée de 2,4 points (p < 0,001), et pour le score de l’ADAS totale une amélioration d'au moins 4 points. Parmi les échelles d'évaluation d'activités de vie quotidienne, deux d'entre elles, l'IADL et la PDS ont montré des résultats significatifs. La réduction du déclin cognitif n’a pas été confirmée par l’échelle primaire d'impression clinique globale CGIC, ni par le score du MMSE (8). L'analyse a porté d'une part sur une population évaluable représentant 40 % de la population incluse, et d'autre part sur une population en intention de traiter comprenant la totalité des patients randomisés. Les résultats intermédiaires après 18 semaines de traitement chez la population évaluable ont été significatifs à la posologie de 120 mg/j pour les échelles primaires ADAS-Cog et CIBI. 2. Étude de Farlow, étude de Knapp D’après H Petit et F Pasquier (32), cette étude tient compte des limites des deux précédentes études, liées à une dose sans doute trop faible de 40 à 80 mg et à une période de traitement de 6 à 12 semaines insuffisante pour apprécier la durée du maintien de l’essai thérapeutique (8, 12). Il s’agit d’une étude multicentrique, en double insu, d’une durée de 30 semaines en quatre groupes parallèles : le groupe 1 avec placebo, le groupe 2 avec 80 mg/j, le groupe 3 avec 120 mg/j et le groupe 4 avec 160 mg/j. Les trois groupes sous tacrine suivaient une titration posologique de 40 mg/j par paliers de six semaines. 663 patients étaient inclus, d’un âge moyen de 72 ans, dont l’ADAS cognitive était de 28,7/70 et le MMSE de 18,5/30 en moyenne. 263 patients étaient évaluables à la fin de l’étude à 30 semaines, soit 39,6 %. Deux études multicentriques - étude de Farlow, étude de Knapp - réalisées en double aveugle contre placebo, contrôlées, et sur des groupes parallèles ont permis de montrer une efficacité significative de la tacrine chez les patients atteints de MA légère à modérée. Ces études ont justifié l'obtention d'une autorisation d'utilisation par la FDA en 1993, et d'une AMM en France en 1994 (12, 25). 2.1. Étude de Farlow Farlow (12) a montré qu'après 12 semaines de traitement, la tacrine permet une amélioration dose-dépendante, mise en évidence par les résultats significatifs de l'échelle primaire ADAS-Cog et par l'échelle d'impression globale de modification de l'état clinique du médecin et du soignant. À la dose de 80 mg/j, la tacrine a une efficacité significativement supérieure à celle du placebo : d'au moins 4 points à l'échelle ADAS-Cog. Les résultats étaient dose-dépendants, ils n’étaient pas significatifs à 30 semaines à 80 mg/j. A 18 semaines chez les 338 patients évaluables, les comparaisons appariées entre la posologie de 120 mg/j de tacrine (n = 171) et le placebo (n = 136) se sont révélées significativement en faveur de la tacrine à la fois pour la CIBI (impression clinique par interview) (p = 0,009) et l’ADAS cognitive (p = 0,001). A 30 semaines, les comparaisons appariées n’étaient significativement en faveur de la tacrine pour les trois critères de jugement (ADAS cognitive, CIBI, FCCA = consensus clinicien et famille) qu’à la dose de 160 mg/j (p ≤ 0,001). Cependant, 172 des 239 patients du groupe 4 à 160 mg sont sortis de l’étude au long des 30 semaines (71,9 %). Les malades ayant terminé l’étude à 160 mg avaient une amé- Les résultats sont non significatifs pour les posologies de 20 et 40 mg/j pour les échelles d'évaluation primaires ADASCog et CGIC clinicien. Une seule échelle d'évaluation des activités de vie quotidienne, la PDS, est retenue dans cette étude ; ses scores sont non significatifs. Les scores des échelles MMSE et ADAS non cog sont non Dossier 1995, XVI, 4 68 Le Point sur Tacrine . Amélioration ADAS-Cog ≥ 4 . et stabilisation ou amélioration de la CIBI . et stabilisation ou amélioration de la PDS (ou IADL) Les critères d’enregistrement européens exigent une efficacité portant sur trois évaluations à la fois, ce qui n’a pas été le cas au Etats-Unis. Ce triple critère est défini comme suit : amélioration à l’ADAS-Cog d’au moins quatre points, stabilisation ou amélioration de la CIBI, stabilisation ou amélioration de la PDS ou IADL. lioration moyenne de 4,1 points à l’ADAS cognitive et de 2,6 points au MMSE par rapport au groupe placebo. Cela signifie que l’ADAS cognitive s’est améliorée d’au moins 4 points chez 40 % des patients ayant reçu 160 mg de tacrine et chez seulement 25 % des sujets sous placebo. Tous effets indésirables confondus, 265 des 479 patients sous tacrine sont sortis de l’essai dont 133 pour élévation importante des transaminases (28 %), essentiellement au cours des 12 premières semaines. Les troubles digestifs étaient plus liés à la dose avec 16 % de sortie d’étude, soit 79 patients dont 21 lors du passage à 160 mg. La durée de l’étude permet de vérifier qu’à 30 semaines, l’effet thérapeutique de la tacrine sur la moyenne des scores des groupes traités (ADAS cognitive et MMSE) persiste par rapport au groupe placebo dont l’état s’est en moyenne aggravé. L’analyse en population « évaluable » met en évidence des résultats optimaux avec la dose de 160 mg/j. En revanche, l’analyse en « intention de traiter » montre que le groupe de randomisation qui a obtenu le meilleur résultat est de 120 mg/j. Les autorités de santé ont recommandé la dose moyenne de 120 mg/j. De façon pragmatique, sur une population de patients traités, c’est cette dose de 120 mg/j qui sera la plus proche de la dose optimale puisqu’elle intègre à la fois l’efficacité clinique et la prise en compte des effets indésirables. Cela dit, sur le plan individuel, une dose de 160 mg/j peut être préconisée si elle est tolérée. 3 Dose moyenne recommandée en France (Tableau IV) D’après JM Vetel (40), aux États-Unis, au terme des dernières études présentées par le laboratoire (25, 8, 12) la FDA a retenu la dose de 160 mg/j comme dose souhaitable à atteindre quotidiennement. Remarques : L’analyse en intention de traiter consiste à analyser tous les patients tels qu’ils ont assignés dans un groupe au moment de la randomisation. L’intérêt de cette analyse est de conserver tous les patients randomisés, de tenir compte des déviations de protocole et d’estimer les différences entre les groupes selon une attitude pragmatique d’intention de traiter. Les conclusions apportées sont à comparer aux conclusions de l’analyse en population «évaluable» qui reflète l’activité pharmacologique du produit (40). En France, l’AMM a été accordée pour la fourchette thérapeutique 80-160 mg/j et la posologie moyenne de 120 mg/j. Comment s’explique cette spécificité française ? Tableau IV : Etude 30 semaines (061). Analyse triple critère* (Rapport d’experts non publié - Dossier d’AMM) Population évaluable n = 253 Population «Intention de traiter» n = 663 Groupe placebo 11,8 % 9,2 % Groupe Cognex 80 mg/j 11,1 % 11,5 % Groupe Cognex 120 mg/j 16,7 % 19,0 % ** Groupe Cognex 160 mg/j 24,2 %** 15,5 %* * p ≤ 0,05 L’effet indésirable majeur de la tacrine (mais pas le plus fréquent) est son hépatotoxicité dont le mécanisme reste à déterminer. Elle se traduit par l’élévation réversible des transaminases hépatiques, en particulier, l’alanine aminotransférase ou ALAT. L’élévation de l’ALAT est prise en considération lorsqu’elle atteint 3 fois la valeur de la limite supérieure normale. Une relation entre la dose administrée et l’importance des élévations des transaminases n’a jusqu’à présent pas pu être établie. Les autres effets indésirables observés avec la tacrine sont les plus fréquents, essentiellement liés aux propriétés pharmacologiques de type cholinergique de la tacrine (troubles gastro-intestinaux, troubles neurologiques...). ** p ≤ 0,01. EFFETS INDÉSIRABLES Succès = Nombre des effets indésirables observés avec la tacrine sont Dossier 1995, XVI, 4 69 Le Point sur Tacrine liés aux propriétés pharmacologiques de type cholinergique de la tacrine. allant de 3 fois la LSN dans 25 % des cas, à 20 fois la LSN dans 2 % des cas. 1. Effets cliniques Lorsqu’elle apparaît, l’élévation de l’ALAT se situe entre la 6ème et la 12ème semaine dans 90 % des cas. 1.1. Troubles gastro-intestinaux Des réintroductions de la tacrine ont été faites après un arrêt justifié par un taux d'ALAT > 3 LSN. Elles ont permis d'observer, dans la majorité des cas, pour une posologie égale, inférieure ou supérieure à celle ayant entraîné l'élévation, une absence d’élévation ou un pic d'ALAT plus faible que celui provoqué en début de traitement par la tacrine (41). Des troubles gastro-intestinaux dose-dépendants de type cholinergique - nausées et/ou vomissements, diarrhée, dyspepsie, anorexie, amaigrissement, douleur abdominale ont été rapportés. Ils disparaissent après traitement symptomatologique transitoire, ou adaptation de la posologie ou arrêt du traitement (8, 12). 1.2. Autres effets cliniques Remarque : La LSN varie selon le réactif utilisé par le laboratoire d’analyse. Elle doit être connue et toujours utilisée en référence pour réaliser le suivi biologique des résultats du patient. Les concentrations sériques biologiques sont comprises dans un intervalle de référence de 0 à 35 unités par litre. Des cas de sensations vertigineuses, de céphalées, d'agitation, de myalgies et de rash cutané ont rarement été rapportés (8, 12, 25). Des ictères peuvent survenir. 2. Effets biologiques (Tableau V) L'effet indésirable majeur de la tacrine (mais pas le plus fréquent), est son hépatotoxicité dont le mécanisme reste à déterminer (41). Il est observé une élévation réversible des transaminases hépatiques, en particulier de l'alanine aminotransférase ou ALAT. La tacrine est indiquée dans le traitement symptomatique de la MA dans ses formes légères à modérées. Sont exclues des indications, les formes débutantes et les formes graves de la MA, les autres démences, les troubles bénins de la mémoire et les troubles neuropsychiatriques du SIDA. La surveillante stricte du taux de l’ALAT est réalisée pendant toute la durée du traitement. Une relation entre la dose administrée et l’importance des élévations des transaminases n’a jusqu’à présent pas pu être établie. Elle est temps dépendante. Elle est contre-indiquée notamment en cas de maladie hépatique évolutive, d’ulcère gastroduodénal évolutif non traité et d’hypersensibilité aux cholinergiques. Du fait de l’existence d’une variabilité interindividuelle, il serait préférable de relier l’augmentation de l’ALAT à la concentration sanguine de tacrine plutôt qu’à la dose administrée. Des précautions d’emploi doivent être prises chez les patients avec des antécédents d’épilepsie, d’asthme, d’ulcère gastroduodénal, d’hépatite virale ou médicamenteuse. Toutes les études ont révélé chez 10 à 50 % des patients, une élévation des concentrations sériques de l'ALAT (8, 12, 25, 41). C’est la cause de presque la moitié des arrêts de traitement, mais son caractère réversible permet un retour aux valeurs normales dans 95 % des cas en 1 à 3 mois. L'élévation de l'ALAT est prise en considération en vue d’une adaptation posologique lorsqu'elle atteint 3 fois la valeur de la limite supérieure normale (LSN). Elle est toujours asymptomatique et réversible après diminution de la posologie ou l'arrêt du traitement. Cependant deux cas (sur plus de 8000 patients traités) de nécrose hépatocellulaire ont été décrits chez des patients ayant présenté une élévation du taux sérique d'ALAT supérieure à 7 fois la LSN (21,41). Elle présente des interactions médicamenteuses avec un certain nombre de substances : théophylline, cimétidine, substances cholinergiques, anticholinergiques, médicaments bradycardisants, hépatotoxiques ou responsables d’ulcère digestif. Sa dispensation est régie par la circulaire DGS/DDH/DSS N°68 du 9 septembre 1994 qui fixe les modalités de prescription, de dispensation, de prise en charge et de surveillance du bon usage et des effets indésirables dans les hôpitaux. RENSEIGNEMENTS THÉRAPEUTIQUES Indications AMM La tacrine est indiquée dans le traitement symptomatique de la MA dans ses formes légères à modérées (43). Sont exclues des indications, les formes débutantes et les formes graves de la MA, les autres démences, les troubles L'analyse des principales études contrôlées (Tableau III) a permis de mettre en évidence une élévation de l'ALAT Dossier 1995, XVI, 4 70 Le Point sur Tacrine Tableau V : Étude des effets hépatiques du traitement par la tacrine chez des patients atteints de maladie d'Alzheimer Réf. Protocole Nombre de patients Critères d'inclusion Examens biologiques Résultats 39 Données des études multicentriques : - 2 essais en double aveugle, sur des groupes parallèles. - 3 essais avec phase de titration et leurs extensions en ouvert. 2446 Atteints d'une probable MA légère à modérée Dosage hebdomadaire des enzymes hépatiques sériques n = 2446 Ancienneté de la maladie ≥ l an Surveillance de l'ALAT Homme : 44 % Femme : 56 % Âge ≥ 50 ans Indemnes de pathologie significative: - hépatique, - cardiovasculaire, - rénale Exclusion : alcooliques Élévation de l'ALAT : - Femmes > Hommes - ALAT = LSN n = 1243 (51 %) - ALAT > LSN n = 1203 (49 %) - ALAT > 2 x LSN n = 786 (32 %) - ALAT > 3 x LSN n = 621(25%) - ALAT > 10 x LSN n = 172 (6 %) - ALAT > 20 x LSN n = 40 (2 %) - ALAT > 3 x LSN 90 % des cas dans les 12ères sem de traitement - Arrêt de traitement pour ALAT > 3 x LSN n = 145 127 (88 %) reprises de traitement à long terme - Normalisation de l’ALAT : 95 % dans 69 jours après arrêt du traitement - Élévation de l'ALAT asymptomatique 2 biopsies : ALAT > 7 x LSN Pas de tableau histologique uniforme ALAT : Alanine-aminotransférase LSN : Limite supérieure de la normale MA : Maladie d'Alzheimer Dossier 1995, XVI, 4 71 Le Point sur Tacrine Tableau VI : Conduite à tenir en cas d'élévation des concentrations sériques d'ALAT N < ALAT ≤ 3N 5N ≤ ALAT < 10N 3N < ALAT < 5N Maintien de la posologie + Transaminasémie : 1 fois par semaine Maintien de la posologie + Transaminasémie : 1 fois par semaine ALAT > l0N Arrêt du traitement + Transaminaseémie : 1 fois par semaine Arrêt du traitement + Transaminasémie : 1 fois par semaine Fiche d’effet indésirable* Reprise progression posologique seulement après normalisation de l'ALAT diminution de l’ALAT < 3N en 4 sem. ou moins élévation persistante de l'ALAT au bout de de 4 sem. arrêt du traitement + transaminasémie 1 fois/sem. élévation persistante de l'ALAT (ALAT > N) après 4 sem. diminution en 4 sem. ou moins de l’ALAT ≤ N reprise du traitement au palier posologique atteint avant l’arrêt du traitement même carnet de suivi diminution de élévation l’ALAT ≤ N persistante reprise de l'ALAT tacrine (ALAT>N) selon les après 3 mois modalités d'arrêt de initiales traitement + transaminasémie 1 fois/sem. pdt les 6ères consultation d'un hépatosem. logue régression en 4 sem. ou moins (ALAT ≤ N) reprise du traitement au palier posologique atteint avant l'arrêt élévation persistante de l'ALAT (ALAT>N) après 3 mois d'arrêt de traitement diminution de l’ALAT ≤ N reprise tacrine selon les consultation modalités d'un hépatoinitiales logue + transaminasémie 1 fois/sem. pdt les 6ères sem. élévation persistante de l'ALAT (ALAT > N) après 4 sem. + transaminasémie 1 fois/sem. diminution de élévation l’ALAT ≤ N persistante Une évende l'ALAT tuelle réad(ALAT>N) ministration après 3 mois doit être d'arrêt de discutée en traitement fonction du rapport bénéfice/risque consultation nouveau d’un carnet de hépatosuivi logue Fiche arrêt de traitement* nouveau carnet de suivi Fiche d’effet indésirable* N : concentration sérique normale * Cf Annexes Dossier 1995, XVI, 4 élévation persistante de 1'ALAT (ALAT > N) au-delà de 4 sem. + transaminasémie 1 fois/sem. 72 Le Point sur Tacrine bénins de la mémoire et les troubles neuropsychiatriques du SIDA. interactions avec les anesthésiques, les curarisants et les médicaments anticholinergiques doivent être prises en compte. Posologie - Mode d'emploi Des précautions d'emploi doivent être prises chez les patients avec des antécédents d'épilepsie, d'asthme, d'ulcère gastroduodénal, d'hépatite virale ou médicamenteuse. La tacrine doit être administrée à intervalles réguliers 4 fois par jour entre les repas. En cas de troubles digestifs, elle peut être administrée pendant les repas. Les effets cholinergiques de la tacrine limitent son utilisation en cas de pathologie du péristaltisme intestinal ou de dysfonctionnement sphinctérien, et en cas de bradycardie. La posologie doit être progressive et adaptée en fonction des critères de surveillance du taux de l'ALAT (Tableau VI) et des effets cholinergiques. La dose initiale de tacrine est de 40 mg/j (en 4 administrations quotidiennes) pendant 6 semaines, puis elle est augmentée de 40 mg toutes les 6 semaines jusqu'à 80 mg/j puis 120 mg/j, dose thérapeutique moyenne recommandée. La posologie maximale de 160 mg/j peut être autorisée si la tolérance le permet. L’insuffisance rénale ne nécessite pas de prendre des précautions particulières (43). Interactions médicamenteuses 1. Théophylline La surveillance de la concentration d'ALAT est effectuée : - toutes les 2 semaines jusqu'à la 12ème semaine après le début du traitement, - puis une fois par mois pendant 3 mois, ensuite tous les trimestres pendant la période d'entretien. Cette surveillance stricte est réalisée pendant toute la durée du traitement. Avec l’évolution clinique, les effets cholinergiques, la compliance... elle conditionne le renouvellement ou non de la prescription de la tacrine. En cas d'élévation du taux de l'ALAT, la conduite à tenir est celle mentionnée au Tableau V (43). La tacrine peut diminuer la clairance plasmatique de la théophylline ce qui se traduit par un risque de surdosage en théophylline par inhibition du métabolisme de la théophylline au niveau du cytochrome P450 1A2. 2. Cimétidine La cimétidine peut augmenter les concentrations plasmatiques de tacrine par inhibition du métabolisme hépatique de la tacrine. 3. Substances cholinergiques Contre-indications Les cholinomimétiques et les inhibiteurs de la cholinestérase peuvent théoriquement exercer un effet cholinergique synergique avec la tacrine. La tacrine est contre-indiquée : - en cas de maladie hépatique évolutive et de séquelles chez les patients ayant présenté une élévation de l'ALAT supérieure à 3 fois la LSN, persistante après une réduction posologique ou après arrêt et tentative de réintroduction de la tacrine ; 4. Substances anticholinergiques - chez les patients ayant développé un ictère avec une bilirubinémie ≥ 51 µmol/l lors d'un précédent traitement par la tacrine ; Les substances anticholinergiques peuvent exercer un effet antagoniste associées à la tacrine. Cet effet de la tacrine sur ce type de médicaments peut être bénéfique si l’effet anticholinergique est un effet indésirable. - chez les patients présentant un ulcère gastroduodénal évolutif non traité ou une hypersensibilité connue aux substances cholinergiques. Elle ne doit pas être administrée aux femmes en période d'activité génitale (43). 5. Médicaments bradycardisants L'effet vagotonique de la tacrine doit être pris en compte lors de son association aux médicaments bradycardisants (les bêtabloquants par exemple). Précautions d'emploi En cas d'intervention chirurgicale, le traitement par la tacrine doit être suspendu ; si le traitement ne peut être arrêté, les Dossier 1995, XVI, 4 6. Médicaments hépatotoxiques 73 Le Point sur Tacrine L'effet hépatotoxique de la tacrine doit être pris en compte lors de son association aux médicaments hépatotoxiques (macrolides, certains antituberculeux, hypolipémiants par exemple). Ce type d’interaction est purement théorique pour l’instant. PACO, les fiches de suivi doivent être envoyées jusqu’au Compte tenu de l’évolution lente (sur plusieurs années) de la MA des études cliniques à long terme seraient nécessaires pour confirmer les résultats significatifs obtenus lors des études dont la durée maximale est de 30 semaines. 7. Médicaments responsables d'ulcère digestif Les autorités de santé ont recommandé la dose moyenne de 120 mg/j. De façon pragmatique, sur une population de patients traités, c’est cette dose de 120 mg/j qui sera la plus proche de la dose optimale puisqu’elle intègre à la fois l’efficacité clinique et la prise en compte des effets indésirables. Cela dit, sur le plan individuel, une dose de 160 mg/j peut être préconisée si elle est tolérée. Les médicaments responsables d’ulcères digestifs tels les AINS ne doivent pas être associés à la tacrine, compte-tenu des effets indésirables de celle-ci (42). Grossesse - allaitement Les effets indésirables les plus fréquents sont les effets cholinergiques. L’hépatotoxicité, qui lorsqu’elle existe, survient dans les 12ères semaines, pourrait être un facteur limitant. La tacrine ne doit pas être administrée chez la femme en période d'activité génitale. 9ème mois, mais elles ne sont pas exploitées par le Centre de Bordeaux. Surdosage CONCLUSION La tacrine peut entraîner une faiblesse musculaire et une paralysie des muscles respiratoires. Antidote : anticholinergiques atropiniques (42). La difficulté d'évaluation de l'efficacité de la tacrine dans la MA est liée à des problèmes méthodologiques. En effet, aujourd’hui il ne peut être établi qu’un diagnostic probable de la maladie ; les échelles d'évaluation des fonctions cognitives, d'impression globale de changement du clinicien et de l'entourage, et les échelles d'activités de vie quotidienne sont très hétérogènes. DISPENSATION DE LA TACRINE La circulaire DGS/DH/DSS N°68 du 9 septembre 1994, fixe les modalités de prescription, de dispensation, de prise en charge et de surveillance du bon usage et des effets indésirables de la tacrine (COGNEX) dans les hôpitaux (cf Annexes). Compte tenu de l'évolution lente (sur plusieurs années) de la MA des études cliniques à long terme seraient nécessaires pour confirmer les résultats significatifs obtenus lors des études dont la durée maximale est de 30 semaines. La dispensation est subordonnée à la prescription d'un neurologue, psychiatre, médecin polyvalent, gériatre (ou médecin exerçant en gériatrie, dans un département, service, unité fonctionnelle ou structure spécialisée dans l’une de ces 3 disciplines). Elle est limitée aux indications retenues dans l'autorisation de mise sur le marché. La tacrine est soumise à un circuit particulier de dispensation par les pharmacies hospitalières avec un suivi du bon usage et des effets indésirables au moyen de fiches de prescriptions et de suivi biologique, des effets indésirables et d'arrêt du traitement.(cf Annexes). Les autorités de santé ont recommandé la dose moyenne de 120 mg/j. De façon pragmatique, sur une population de patients traités, c’est cette dose de 120 mg/j qui sera la plus proche de la dose optimale puisqu’elle intègre à la fois l’efficacité clinique et la prise en compte des effets secondaires. Cela dit, sur le plan individuel, une dose de 160 mg/j peut être préconisée si elle est tolérée. De nombreuses sorties d'études sont dues à des problèmes majeurs de tolérance. Si les effets cholinergiques de la tacrine peuvent être maîtrisés en diminuant la posologie ou s’ils peuvent aussi disparaitre spontanément, l’hépatotoxicité pourrait jouer un rôle limitant dans sa prescription. Le résultat du suivi actuel des 5000 patients sous tacrine devrait le dire. L'élévation du taux de l'ALAT est essentiellement dépendante du temps et des variations interindividuelles de la pharmacocinétique. Sa surveillance est impérative. Le suivi du bon usage et l'enquête de pharmacovigilance à court et long termes réalisé dans le cadre de l'étude PACO (Pharmacosurveillance Active COGNEX), a porté sur les 5000 premiers patients auxquels la tacrine aura été prescrite, sur un suivi minimal de 3 mois. L'objectif est de s’assurer du bon usage du produit et de valider en France les connaissances sur la tolérance hépatique de la tacrine. Remarque Dans le cadre théorique de la circulaire relative à l’étude Dossier 1995, XVI, 4 Plusieurs molécules appartenant à la classe des inhibiteurs 74 Le Point sur Tacrine de l'acétylcholinestérase ont fait l'objet d'études préliminaires. D. Guelfi. MASSON, Paris 1989. ll - Eagger SA, Levy R, Sahakain B J. Tacrine in Alzheimer's disease. Lancet 1991 ; 337 (8748) : 989-92. 12 - Farlow M, Gracon SI, Hershey LA, Lewis KW, Sadowsky CH, Dolan-Ureno J et al. A controlled trial of tacrine in Alzheimer's disease. JAMA 1992 ; 268 (18): 2523-9. La velnacrine ou 1- Hydroxytacrine (métabolite de la tacrine), la galanthamine (alcaloïde de Galanthus nivalis) et l'heptylphysostigmine peuvent laisser espérer d'autres développements pharmacologiques dans la traitement de la maladie d'Alzheimer (24, 37). 13 - Folstein MF, Folstein SE, Mc Hugh PR. Mini-Mental State: a pratical method for grading the cognitive state of patient for the clinician. J Psychiatr Res 1975 ; 12 : 189-98. 14 - Forsyth DR, Wilcock GK, Morgan RA, Truman CA, Ford JM, Roberts CJC. Pharmacokinetics of tacrine hydrochloride in Alzheimer's disease. Clin Pharmacol Ther 1989 ; 46 : 63441. 15 - Fredj G, Dietlin F, Barbier G, Jasmin C, Bonhomme L, Esctein S et al. Comparaison de l'hépatotoxicité de la tacrine chez des patients atteints de la maladie d'Alzheimer ou du SIDA. Thérapie 1992 ; 47 : 245-7. RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 1 - Adem A. Putative mechanims of action of tacrine in Alzheimer's disease. Acta Neurol Scand 1992 ; 139 : 69-74. 16 - Fredj G, Dietlin F, Jasmin C, Maurisson G, Barbier M, Bayce P. Open trial of tacrine therapy in 70 HIV infected patients. Int J Clin Pharmacol Ther Toxicol 1992 ; 30 (9) : 313-6. 2 - Bartus RT, Dean III RL., Beer B, Lippa AS. The cholinergic hypothesis of geriatric memory dysfonction. Science 1982 ; 217 (30) : 408-16 17 - Gauthier S, Bouchard M, Lamontague A, Bailey P, Bergman H, Ratner J et al. Tetrahydroaminoacridine - lecithin combination treatment in patients with intermediatestage Alzheimer's disease. N Engl J Med 1990 ; 332 : 1272-6. 3 - Boller P; Forette F. Alzheimer's disease and THA: a review of the cholinergic theory and of preliminary results. Biomed Pharmacother 1989; 43 (7): 487491. 4 - Chatellier G, Lacomblez L. 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Abstract The Alzheimer’s Disease (AD) is a primary degenerative dementia characterized by a neurodegenerative disorder. Its origin is still unknown. It consists in troubles of the memory and of the other cognitive functions. The daily life of the patients is disturbed. It should exist an alteration of the serotoninergic and dopaminergique neurotransmission and an important and specific deficit in choline acetyltransferase. The diagnosis is only based on clinical parameters. 30 - Nordberg A. Effect of long-term treatment with tacrine (THA) in Alzheimer's disease as visualized by PET. Acta Neurol Scand 1993 ; 88 (suppl 149) : 62-5. 31 - Perry EK, Tomlinson BE, Blessed G, Bergmann K, Gibson PH, Perry RH. Correlation of cholinergic abnormalities with senile plaques and mental test scores in senile dementia. Br Med J 1978 ; 2 : 1457-9. 32 - Petit H, Pasquier F. Étude critique des essais de la tacrine. Lett Pharmacol1994 ; 8 (suppl au n°6) : 21-5. With the tacrine, a symptomatic treatment of dementia Alzheimer type can be envisaged. This drug inhibits the enzymatic activity of acetyl cholinesterase and slows down the acetylcholine degradation in the space synaptic. It is getting through hemato-encephalic barrier and diffuses in the cortex, hippocampus, thalamus and striatum. It is metabolized in the liver (cytochrome P4501A2). Some controlled clinical trials have shown a significative efficacy of the tacrine in patients with mild to moderate AD. The initial dose is 40 mg/per day (divided in four administrations /day) during six weeks. Then the dose is increased by 40 mg every six weeks up to 80 mg/day and then 120 mg/day which is the therapeutical dose recommanded. 160 mg/day may be authorized as the highest dose if the tolerance is satisfactory. The main side effect of the tacrine is the hepatotoxicity. It induces a reversible increase of the blood hepatic transaminases almost of the alanine aminotransferase. The concentration of this enzyme in the blood has to be controlled during the treatment. Other side effects are connected with the cholinergic properties of the tacrine. Some strict procedures have to be respected for the dispensation, the prescription, and the supervision medicale of the treatment. Considering the long and slow evolution of this pathology, it is now important for a best evaluation of efficacy and tolerance to realize clinical trials during a longer period than 30 weeks. 33 - Reisberg B, Ferris SH, Mony D, Deleon J, Crook T. The global deterioration scale for assessment of primary degenerative dementia. Am J Psychiatry 1982 ; 139 : 1136-9. 34 - Rosen W.G, Mohs RC, Davis KL. A new rating scale for Alzheimer's disease. Am J Psychiatry 1984 ; 141 : 135664. 35 - Selen A, Balogh L, Siedlik P, Posvar E, Kinkel A, Welling P. Pharmacokinetics of tacrine in healty subjects. Pharm Res 1988 ; 5 : 218. 36 - Shigeta M, Persson A, Viitanen M, Winblad B, Nordberg A. EEG regional change during long-term treatment with tetrahydroaminoacridine (THA) in Alzheimer's disease. Acta Neurol Scand 1993 ; 88 (suppl 149) : 58-61. 37 - Sigfried KR. Pharmacodynamic and early clinical studies with velnacrine. Acta Neurol Scand 1993 ; 88 (suppl 149) : 26-8. 38 - Signoret JL, Hauw JJ. (eds). Maladie d'Alzheimer et autres démences. Edition Médecine Sciences. Flammarion Paris 1991. 39 - Summers WK, Majovski LU, Marsh GM, Tachiki K, Kling A. Oral tetrahydroaminoacridine in long-term treatment of senile dementia, Alzheimer type. N Engl J Med 1986 ; 315 (20) : 1241-5. Dossier 1995, XVI, 4 76 Le Point sur Tacrine ANNEXES ÉCHELLE D'ÉVALUATION DES FONCTIONS COGNITIVES MMSE OU MINI MENTAL STATE EXAMINATION Le score maximum est de 30. Chaque réponse correcte est représentée par un score de 1 point. 1. ORIENTATION Le score maximal est de 10. Quel est la date aujourd'hui ? Date 1 o En quelle année sommes-nous ? Année 1 o En quel mois sommes-nous ? Mois 1 o Quel jour de la semaine sommes-nous ? Jour 1 o En quelle saison sommes-nous ? Saison 1 o Où sommes-nous ici ? Hôpital 1 o A quel étage sommes-nous ? Étage 1 o Dans quelle ville sommes-nous ? Ville 1 o Dans quel département (province) sommes-nous ? Département 1 o Dans quel pays sommes-nous ? Pays 1 o Demander au sujet s'il accepte que vous testiez sa mémoire. Citron 1 o Puis dites: « citron, clé, ballon » clairement et lentement. Clé 1 o Après avoir prononcé les trois mots, demander au patient de les répéter. Ballon 1 o 2. MÉMOIRE IMMÉDIATE Le score maximal est de 3. La première répétition détermine le score du patient (0-3), continuer à lui demander de répéter jusqu'à ce qu'il ait Dossier 1995, XVI, 4 77 Le Point sur Tacrine 3. ATTENTION ET CALCUL Le score maximal est de 5. Demander au patient de commencer à 100 Réponse et de compter à rebours en soustrayant 7 93 1 à chaque étape. 86 1 Arrêter le test après 5 soustractions 79 1 (93, 86, 79, 72, 65). 72 1 Indiquer le nombre total de réponses correctes. 65 1 Si le sujet ne peut ou ne veut effectuer le test E 1 du compte à rebours, demandez-lui d'épeler D 1 le mot « monde » en partant de la fin. N 1 Le score correspond au nombre de lettres O 1 en bonne position. M 1 Demandez au sujet s'il se souvient Citron 1 des trois mots qu'il a répétés précédemment. Clé 1 Score 0-3. Ballon 1 Présenter une montre au sujet Montre 1 et lui demander de nommer l'objet. Faire de même avec un crayon. Crayon 1 o o Répétition 1 o o o o o o o o o o o Par exemple, ednom = 5, edonm = 3, dnome = 3. 4. MÉMOIRE Le score maximal est de 3. o o o 5. LANGAGE Le score maximal est de 9. Nommer les objets Répétition Demander au sujet de répéter « Pas de mais, de si, ni de et ». Dossier 1995, XVI, 4 78 Le Point sur Tacrine 5. LANGAGE (suite) Ordre en trois étapes Donner au sujet une feuille de papier et lui dire : Prend le papier « Prenez cette feuille de papier, pliez-la par le dans la main droite 1 milieu et posez-la par terre ». Plie le papier par le milieu 1 Pose le papier sur le sol 1 o o o Ferme les yeux 1 o Écrit une phrase 1 o Dessine les pentagones 1 o Lecture Dire au patient : Lisez et faites ce qu'il y a sur cette feuille de papier (« Fermez vos yeux »). Indiquer que la réponse est correcte, uniquement dans le cas où le sujet a réellement fermé les yeux. Écriture Donner au sujet la feuille de papier vierge et lu idemander d'écrire spontanément. Elle doit contenir un sujet, un verbe et posséder un sens. L'exactitude de la grammaire et de la ponctuation n'est pas nécessaire. 6. PRAXIES CONSTRUCTIVES Copier Sur la page fournie, demander au sujet de recopier le dessin des pentagones donnés en exemple. Les dix angles doivent être présents et deux doivent se recouper afin que le score soit de 1 point. Le tremblement et la rotation n'interviennent pas dans le score. Dossier 1995, XVI, 4 79 Fiche : Nouvelles interactions médicamenteuses Thériaque IAM Nouvelles Interactions Médicamenteuses dans THÉRIAQUE* Les nouvelles interactions médicamenteuses (IAM) rapportées dans cette rubrique de DOSSIER sont le fruit des études menées par le Groupe de travail « INTERACTIONS MÉDICAMENTEUSES » de l’Agence du Médicament, auquel participe le Directeur du CNIMH. Ne sont retenues et validées que les interactions cliniquement significatives, c’est à dire susceptible de provoquer ou de majorer des effets indésirables ou d’entraîner, par réduction de l’activité, des carences thérapeutiques. Le travail du groupe est fondé sur une sélection d’IAM établie à partir des données de la littérature internationale et de l’expérience pratique des utilisateurs. L’ensemble des IAM est périodiquement revu et complété en fonction de l’évolution des connaissances. La présentation des nouvelles interactions validées est celle adoptée dans Thériaque* et comprend : - 1) une grille de synthèse où figurent les deux médicaments impliqués dans l’IAM, les caractéristiques de l’IAM : «décrite» ou «extrapolée», les voies d’administration des deux médicaments, la nature : « contre-indication », « association déconseillée », « précautions d’emploi », « à prendre en compte », le type : « antagonisme », « augmentation toxicité », « potentialisation », « synergie »), le sens de l’IAM, la validation par l’Agence : «oui» ou en « attente » - 2) un texte explicatif décrivant le mécanisme de l’IAM et indiquant les mesures à prendre ; il est accompagné de références bibliographiques, - 3) la liste des médicaments (substance active, produit, spécialité, classe pharmacothérapeutique ou chimique) concernés par l’interaction. * Banque de données télématique sur les médicaments disponibles en France accessible sur 36 16 CNIMH, dans le CD Rom Euromed®, dans différents logiciels d’aide à la dispensation et/ou la prescription médicamenteuse. Médicament ou Classe 1 TACROLIMUS Médicament ou Classe 1 DIDANOSINE (DDI) Médicament ou Classe 2 MELPHALAN Médicament ou Classe 2 GANCICLOVIR Interaction DÉCRITE Interaction DÉCRITE Voie 1 GÉNÉRALE Voie 1 ORALE Voie 2 GÉNÉRALE Voie 2 ORALE Nature ASSOCIATION DÉCONSEILLÉE Nature ASSOCIATION DÉCONSEILLÉE Type AUGMENTATION TOXICITÉ Type AUGMENTATION TOXICITÉ Sens ACTION RÉCIPROQUE Sens ACTION RÉCIPROQUE Validé par Agence du Médicament OUI Validé par Agence du Médicament Il est déconseillé d’associer le tacrolimus et les cytostatiques, en raison de l’immunodépression excessive, avec risque d’apparition d’un pseudo-lymphome, qui en résulte. OUI Il est déconseillée d’associer la didanosine et le ganciclovir de manière concomitante par voie orale, en raison : - du risque d’augmentation des effets indésirables de la didanosine par augmentation importante de son taux circulant ; - du risque de diminution de l’efficacité du ganciclovir par diminution de son taux circulant. Avec le melphalan à fortes doses, il est observé une détérioration importante de la fonction rénale, en raison de la synergie des effets toxiques des deux produits. Il convient d’administrer les deux médicaments au moins à deux heures d’intervalle. Substance active : tacrolimus Substance active : melphalan Substance active : didanosine Substance active : ganciclovir Spécialité : - FK 506 FUSIJAWA Spécialités : - ALKERAN 2MG CPR - ALKERAN 50MG/10ML PDR LYO ET SOL INJ Spécialités : - VIDEX 100MG CPR PR SUSP BUV - VIDEX 150MG CPR PR SUSP BUV - VIDEX 25MG CPR PR SUSP BUV - VIDEX 50MG CPR PR SUSP BUV Spécialités : - CYMEVAN 500MG PDR LYO INJ - CYMEVAN 250MG GELULE SOL INJ NC Dossier 1995, XVI, 4 84 Fiche : Nouvelles interactions médicamenteuses Thériaque Médicament ou Classe 1 ESMOLOL Médicament ou Classe 1 SUMATRIPTAN Médicament ou Classe 2 DILTIAZEM Médicament ou Classe 2 AMITRIPTYLINE Interaction DÉCRITE Interaction DÉCRITE Voie 1 GÉNÉRALE Voie 1 GÉNÉRALE Voie 2 GÉNÉRALE Voie 2 GÉNÉRALE Nature ASSOCIATION DÉCONSEILLÉE Type AUGMENTATION TOXICITÉ Sens ACTION SUR LE PREMIER TERME Il est contre-indiqué CONTRE-INDICATION d’associer : Nature - le sumatriptan d’une part, TOXICITÉ les IMAO sélectifs etAUGMENTATION non sélectifs, les inhibiteurs sélectifs de -Type la recapture de la sérotonine, la clomipramine, l’imipramine et Sens ACTION RÉCIPROQUE l’amitriptyline d’autre part. En effetpar uneAgence telle association fait courir un risque Validé du Médicament OUId’hypertension artérielle et de vasoconstriction artérielle coronaire. Validé par Agence du Médicament OUI Le mécanisme de cette interaction correspond à une addition des effets sérotoninergiques des deux substances. Il est déconseillé d’associer l’esmolol et certains inhibiteurs calciques (bépridil, dildiazem, vérapamil), en cas d’altération de la fonction ventriculaire gauche, en raison du risque majoré de troubles du rythme (bradycardie excessive, arrêt sinusal), de troubles de la conduction auriculo-ventriculaire et de défaillance cardiaque qui en résulte. Il convient de respecter un délai, variable suivant la pharmacocinétique de la molécule, entre l’arrêt du médicament sérotoninergique et l’instauration du traitement par le sumatriptan. Le mécanisme de cette interaction correspond à une synergie des effets cardiaques des deux substances. Substance active : esmolol Substance active : diltiaezm Spécialités : Spécialités : - BREVIBLOC 100MG:10ML IV SOL INJ - BREVIBLOC 2,5G/10ML SOL INJ - BI TILDIEM 120MG LP CPR - BI TILDIEM 90MG LP CPR - DELTAZEN 300MG LP GELULE - DIACOR LP 120MG GELULE - DIACOR LP 90MG GELULE - DILRENE 300MG LP GELULE - DILTIAZEM PANPHARMA 60MG CPR - MONO TILDIEM 200MG LP GELULE - MONO TILDIEM 300MG LP GELULE - TILDIEM 100MG PDR LYO INJ - TILDIEM 25MG/5ML PDR LYO INJ - TILDIEM 300MG LP GELULE NSFP - TILDIEM 60MG CPR Dossier 1995, XVI, 4 85 Substance active : sumatriptan Substance active : amitriptyline Spécialités : - IMIGRANE 100MG CPR - IMIGRANE 6MG/0,5ML SOL INJ - INJECT 6MG/0,5ML SOL INJ NC - MONTASE 100MG CPR NC - MONTASE 6MG/0,5ML SOL INJ - SUVALAN 100MG CPR NC - SUVALAN 6MG/0,5ML SOL INJ Spécialités : - ELAVIL 10MG CPR - ELAVIL 25MG CPR - LAROXYL 25MG CPR - LAROXYL 50MG CPR - LAROXYL 25MG/2ML SOL INJ - LAROXYL 40MG/ML SOL BUV GTTE - LIMBITROL GELULE NSFP - MUTANXION CPR DRAG NSFP - MUTASPLINE CPR DRAG NSFP Exemples Thériaque Exemples Thériaque Méthadone AP-HP Méthadone chlorhydrate AP-HP dans Thériaque*: Quelques exemples * Banque de données sur le médicament : - sur minitel, 36 16 CNIMH (1,29 F la minute) - sur CD ROM EUROMED (regroupe les données de Thériaque et d'autres banques de renommée internationale Index Nominum et Martindale notamment) RENSEIGNEMENTS ADMINISTRATIFS EFFETS MODE D’UTILISATION INDÉSIRABLES (EI) Exemple d’EI cliniques : ACCOUTUMANCE, DEPENDANCE, SYNDROME DE SEVRAGE METHADONE CHL APHP 5MG/3,75ML SIROP METHADONE CHL APHP 10MG/7,5ML SIROP METHADONE CHL APHP 20MG/15ML SIROP en sirop flacon unidose EI A DOSE THERAPEUTIQUE EI modérés ou graves : Statut : AMM prescription restreinte / décret 94-1030 « L’administration des opiacés s’accompagne de l’apparition d’une tolérance et d’une dépendance physique et psychique. Ces manifestations varient en intensité suivant les opiacés. Le développement d’une tolérance est nettement moins prononcé pour les agonistes partiels et agonistesantagonistes. La dépendance physique se définit par l’apparition d’un syndrome de sevrage lorsque la prise d’opiacés est arrêtée brusquement ou à la suite de l’administration d’un antagoniste pur (naloxone). Le syndrome de sevrage comporte les signes suivants : rhinorrhée, larmoiement, baillement, frissons, hyperventilation, hyperthermie, mydriase, myalgie, anxiété, diarrhées, vomissements. Le syndrome de sevrage aux agonistes-antagonistes présente des signes différents : il s’agit surtout d’anorexie, d’anxiété, de tachycardie, de frissons et de crampes abdominales. Réf: Magistretti PJ Opianalgésiques et peptides endogènes In Pharmacologie 1992 ch 23: 321-336 Frison-Roche et Staltkine Eds. » Particularité statut : prescription initiale hospitalière Mode d’administration : prescription sur carnet à souche limitée à 7 jours ; à administrer quotidiennement sous contrôle médical ou infirmier CLASSES Pharmaco-thérapeutique (CNIMH) : Analgésiques morphinomimétiques - Désintoxication aux opiacées ATC (Anatomical Therapeutical Clinical Classification) : Dérivés de la diphénylpropylamine / Méthadone (code N02AC02) EPhMRA (European Pharmaceutical Market Research Association) : Analgésiques / Narcotiques (code N02A) CONTRE-INDICATIONS Fréquence : FREQUENT Hypersensibilité à la méthadone Circonstance favorisante : A FORTE DOSE Enfant de moins de 15 ans Moments de survenue : « la tolérance s’installe progressivement au cours du traitement. Le syndrome de sevrage s’observe après l’arrêt du traitement par les opiacés (6 à 10 heures après la dernière prise de morphine par exemple) » Insuffisance respiratoire grave INDICATIONS "Ce traitement est réservé aux adultes et adolescents volontaires. La méthadone est indiquée dans le traitement substitutif des pharmacodépendances majeures aux opiacés dans le cadre d’une prise en charge médicale, sociale et psychologique..." Dossier 1995, XVI, 4 Conduite à tenir : « La tolérance à la morphine peut être en partie prévenue par l’optimisation de la posologie, par le choix de doses minimales quotidiennes suffisantes ». 86 Exemples Thériaque Exemples Thériaque Tacrine chlorhydrate Tacrine chlorhydrate dans Thériaque*: Quelques exemples * Banque de données sur le médicament : - sur minitel, 36 16 CNIMH (1,27 F la minute) - sur CD ROM EUROMED (regroupe les données de Thériaque et d'autres banques de renommée internationale, Index Nominum et Martindale notamment) RENSEIGNEMENTS ADMINISTRATIFS Femme en âge de procréer MODE D’UTILISATION Grossesse - allaitement COGNEX GELULE : 10MG / 20MG / 30MG / 40MG INDICATION Statut : AMM avec distribution particulière Mode d’administration : à administrer de préférence entre les repas ou au cours des repas si un trouble gastrointestinal se produit "La tacrine est indiquée dans le traitement de la maladie d’Alzheimer dans ses formes légères à modérées. Elle n’est pas indiquée dans les formes débutantes, ni dans les formes graves de la maladie, dans les autres démences, dans les troubles bénins de la mémoire et dans les troubles neuropsychiatriques du Sida." CLASSES EFFETS Particularité statut : circulaire DGS/DH/DSS 68 du 09/09/94 INDÉSIRABLES (EI) Ces EI ont été observés au cours des essais cliniques de la tacrine (Cognex) : ictère, vertige, dyspepsie, douleur abdominale, diarrhée, anorexie, myalgie, asthénie, ataxie, somnolence diurne, insomnie, prurit, éruption cutanée, urticaire Pharmaco-thérapeutique (CNIMH) : Inhibiteur cholinesterase ATC (Anatomical Therapeutical Clinical Classification) Anticholinesterases / Tacrine (code N07AA04) ICTERE (EI clinique) ; ALAT MODIFICATION, ASAT MODIFICATION, PHOSPHATASE ALCALINE MODIFICATION, BILIRUBINE MODIFICATION (EI paracliniques) EPhMRA (European Pharmaceutical Market Research Association) : Autres médicaments du SNC, produits antitabac inclus / Autres médicaments du SNC (code N07A) CONTRE-INDICATIONS EI A DOSE THERAPEUTIQUE EI modérés ou graves : Hypersensibilité aux substances cholinomimétiques et aux composés chimiques apparentés à l’acridine « l’élévation des transaminases observée avec la tacrine (Cognex) est le plus souvent isolée, mais elle peut être associée avec une élévation des phosphatases alcalines et/ou de la bilirubine, voire un ictère clinique » Maladies hépatiques évolutives et séquelles de maladie hépatiques (ictère, porphyrie hépatique, insuffi- Fréquence : « une augmentation des transaminases a été observée lors d’un traitement par la tacrine (Cognex) dans 40 à 50 % des cas ; l’apparition d’un ictère clinique est rare » sance hépatocellulaire modérée ou grave) Ulcères gastroduodénaux évolutifs non traités Ictère avec bilirubinémie > 30mg/l, lors d’un pré- Moments de survenue : AU COURS DU TRAITEMENT cédent traitement par tacrine Conduite à tenir : « en cas de signes cliniques, le traitement sera suspendu » Transaminasémie > 3N persistante après réduction posologique de la tacrine ou après arrêt de traitement et tentative de réintroduction de la tacrine Dossier 1995, XVI, 4 87 Index ABRÉVIATIONS Évaluation thérapeutique : Le point sur Fiche Critères de choix Page x → = page x et suivantes(s) LAAM voir Lévo-alpha-acétyl-méthadol Laudanum (ET) 43 Lévo-alpha-acétyl-méthadol (ET) 17 →, 23, 25 →, 30 →, 34 →, 40 ET PS FC CC Maladie d'Alzheimer (PS) 61 → Méthadone (ET) 17 →, 23, 25 →, 30 →, 34 →, 40 MMSE (Mini Mental State Examination) (PS) 62 Morphine (ET) 18 → Acétylcholine (PS) 58, 60, 69 → Acétylcholinestérase (PS) 58, 60, 69 →, 74 Agoniste opiacé (ET) . Études cliniques 24 → . Pharmacocinétique 23 → . Propriétés pharmacologiques 16, 18 → . Renseignements généraux 16 → . Renseignements physicochimiques 16 → . Renseignements thérapeutiques 33 → ADAS (Alzheimer's Disease Assessement Scale) (PS) 62 → ALAT (Alanine amino transférase) (PS) 69 →,80 → ARCI (Addiction Research Center Inventory) (ET) 26 ASI (Addiction Severity Index) (ET) 26 Antagoniste opiacé voir Naltrexone NALOREX® (ET) 17 Naltrexone (ET) 17 →, 23, 25 →, 30 →, 34 →, 40 Neurotransmis-sions cholinergiques (PS) 58, 60, 69 → ORLAAM® (ET) 17 PACO (Pharmacosurveillance Active COGNEX) (PS) 74 PDS (Progressive Deterioration Scale) (PS) 63 → Peptides opioïdes endogènes (P.O.E.) (ET) 19 Pharmacodépendance (ET) 13 → Protéines G (ET) 19 PSMS (Physical Self Maintenance Scale) (PS) 63 → Buprénorphine (ET)17 →, 23, 25 →, 30 →, 34 →, 40 RB 101 (ET) 44 Récepteurs membranaires : m, k, ∂ (ET) 19 Réseau ville - hôpital (ET) 8 → Rétention (ET) 24 → CGIC (Clinical Global Impression of Change) (PS) 62 → CIBI (Clinical Interview Based Impression) (PS) 62 → CIM 10 (ET) 12 →, (PS) 61 → Circulaire DGS/DH/DSS N°68 (PS) 74, 80 → CirculaireDGS/SP3 (ET) 50 Codéine (ET) 43 → COGNEX® (PS) 59 SIDA 8 Stupéfiant 39 → Substitution, maintenance et soutien 8 → SUBUTEX® 17 Syndrome de sevrage 44 → Dépendance physique (ET) 14 Dépendance psychique (ET) 15 Dépression respiratoire Tacrine (PS) . Effets indésirables 69 → . Études cliniques 61 → . Pharmacocinétique 60 . Propriétés pharmacologiques 60 → . Renseignements généraux 59 . Renseignements physicochimiques 58 . Renseignements thérapeutiques 70 → Test à la naloxone 35 Tolérance 13 → Toxicomanie (ET) 9 → Traitements de substitution 8 → DSST (Digit Symbol Substitution Task) (ET) 26 DSM III-R (PS) 61 DSM IV (ET) 12 → FCCA (Final Comprehensive Consensus Assessement) (PS) 63 → Galanthamine (PS) 75 Hépatites virales (ET) 8 Hépatotoxicité (PS) 69 →,80 → Heptylphysostigmine (75) Héroïne (ET) 8 → Velnacrine ou 1- Hydroxytacrine 75 IADL (Instrumenlal Activites of Daily Living) (PS) 63 → Inhibiteur de l'acétylcholinestérase 58, 60, 69 →, 74 Dossier 1995, XVI, 4 Weak Opiate Withdrawal Scale (WOWS) 26 88