Le jour, et la nuit, et le jour, après la mort

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théâtre les tanneurs
18 > 22.04.17
25 > 29.04.17
Dossier de presse
Le jour, et la nuit, et le jour,
après la mort
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Le jour, et la nuit, et
le jour, après la mort
Esther Gerritsen / David Strosberg
18 > 22.04.17
25 > 29.04.17
Le jour, et la nuit, et le jour, après la mort
Entretien avec David Strosberg
Extraits
Biographies
Infos pratiques
p. 6
p. 8
p.14
p.18
p.22
Le jour, et la nuit, et le jour, après la mort
Durant le jour, et la nuit, et le jour, après la mort d’une femme, son fils, son mari et
son frère commencent à apprendre à vivre sans elle. Ils doivent prendre conscience
de son absence et réagir à cette perte brutale.
Chacun des trois hommes se confronte à ses émotions et vit les choses différemment.
Bousculés, ils s’épaulent, essaient de se sauver chacun à leur manière. Ils se croisent,
se heurtent à leurs limites jusqu’à l’absurde. Ils tentent de s’accorder et de construire
un nouvel équilibre.
Un texte bouleversant qui dénude une humanité brute, douloureuse et délicate. La
mort reste un tabou dont il est difficile de parler et Esther Gerritsen relève l’exercice
avec brio : elle réussit le dosage subtil d’une écriture scénique à la fois pudique et
humoristique, acide et délicate.
David Strosberg met en scène ce texte touchant en s’entourant de quelques-uns de
ses comédiens fétiches : Alexandre Trocki, Philippe Grand’Henry et Vincent Hennebicq,
qui portent tous les trois le texte avec une grande finesse.
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© Anne Lise Morin
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Entretien avec David Strosberg
La mort semble le sujet central du spectacle. Elle se retrouve déjà dans le titre.
C’est un sujet délicat et le pari est risqué de la traiter dans un texte et sur scène.
Comment l’envisages-tu ?
On a effectivement au point de départ une femme qui meurt. Il y a des tonnes de choses
à dire sur la mort, mais ici il n’y a rien de psychologique, c’est plutôt : que se passe-t-il
techniquement ? Elle était là, puis elle n’est plus là : qu’est-ce que son absence change pour
ceux qui restent, pour les trois hommes qui partageaient sa vie ?
A partir de là, chacun avec son caractère fait part de ses envies, de son rapport à cette
femme, de comment on va l’enterrer ou pas l’enterrer. Ca désacralise un peu le tabou de la
mort. En fait la mort est un événement qui provoque des effets : ceux qui restent doivent
réagir, penser à des choses, faire des papiers...
Avec ça, Esther Gerritsen arrive à mettre de l’humour autour du sujet de la mort, parce qu’il
fait partie de la vie, et que toute l’absurdité est là. La partition est juste, parce qu’elle pose
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simplement l’absurdité des situations. Le motif de la mort peut paraître violent mais il est
traité avec délicatesse, pudeur et humour. C’est très épuré, on va à l’essentiel.
Finalement, à travers le départ d’une personne, ce sont plutôt la condition
humaine, les relations humaines et leurs difficultés qui sont au centre du
spectacle ?
Effectivement, les trois hommes qui restent se cherchent, se heurtent, rendent compte de
leurs état d’âme. Cela donne de très belles situations d’amour. Ce qu’il y a de plus beau
je trouve c’est comment ces trois hommes qui ne savent pas se parler vont apprendre à
dialoguer et à se confronter à leurs propres émotions pour s’épauler et traverser la difficulté
de la perte ensemble.
La mort est en fait prise comme un motif pour qu’on s’interroge : qu’est-ce ce que c’est une
relation père-fils ? Qu’est-ce que c’est un frère, qu’est-ce que c’est un fils ? Ca parle aussi
d’adolescence, de paternité, de transmission, de générations. La pièce est très masculine,
finalement, même si la figure féminine absente est absolument centrale et est à la base de
tout. Mais ceux qui sont sur scène, ce sont les hommes.
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Le spectacle montre la communication entre ces hommes et la questionne. On voit aussi la
difficulté que représente pour un homme le fait de se dévoiler, de s’avouer, de dire “je suis
triste, je suis fragile”.
Il y a cette tension entre la délicatesse et la violence qui sous-tend également les relations.
Je pense que la communication est peut-être plus évidente entre femmes. Ici, c’est une
femme qui écrit avec un regard sur les hommes, elle décortique vraiment ce rapport entre
les trois hommes, comment ils cherchent à se parler, les difficultés qu’ils rencontrent et le
rapprochement qui s’opère.
C’est ça qui est vraiment central et important : des gens qui essaient de se rapprocher les
uns des autres. Donc la mort elle est là un peu comme un motif et pas véritablement comme
thème central. C’est avant tout une pièce sur les hommes, sur l’humain. Le spectacle parle
davantage des limites de l’humain et des limites de la communication.
Le spectacle questionne aussi la figure du héros, avec le personnage du frère
qui est en fait un super-héros. Est-ce que la présence de ce super-héros permet
de faire le lien entre la sphère intime et l’extérieur, les besoins du monde ?
Qu’apporte ce personnage singulier ?
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Effectivement, le frère est un super-héros qui a le don de sauver le monde, de sauver
les gens par de petites interventions. Quand il y a un incendie, il peut rattraper des
gens qui tombent par la fenêtre, par exemple. Mais il perd son don s’il se mêle de la
famille. Il n’a pas pu guérir sa sœur. Dans la sphère intime, il est tout aussi démuni et
fragilisé que les autres.
Et son personnage pose toute une réflexion sur “moi et le monde”. Il y a un très beau
dialogue où il dit que lui il a vu le monde, l’extérieur, il a vu la misère, il a fait des
choses pour y remédier, pour faire avancer les choses, contrairement aux autres. Et
là il se fait ramasser par le mari : eux n’ont pas eu besoin de voir la misère du monde
parce qu’elle était chez eux, avec la maladie de sa femme. La question traverse la
pièce : comment s’occuper à la fois de ses proches et du monde ?
Quelles ont été tes envies concernant la mise en scène ? Pour quels partis pris
as-tu opté pour montrer sur scène ce texte d’Esther Gerritsen ?
Le parti pris c’est de rendre les personnages le plus sincères possible. C’est une
pièce de jeu, le texte doit être dit sincèrement. Je travaille énormément la direction
d’acteurs pour que les comédients puissent vivre leurs émotions de la manière la
plus nue possible. La pièce repose vraiment sur le jeu, il n’y a pas de gros effets de
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mise en scène.
Je prends le texte comme s’il était une partition musicale déjà très forte, très
concrète, mais à laquelle je dois ajouter moi-même avec les comédiens tout ce qui
n’est pas noté : les nuances, l’appui du rythme, les silences, les questionnements,
quand est-ce qu’on se permet de crier, quand est-ce qu’on se permet de ralentir et
comment.
Il y a un travail très fort sur le corps de l’acteur, nous sommes dans un processus
de recherche et quand ils commencent à dire les choses de manière juste, à trouver
l’endroit juste, alors je vois les corps se transformer et j’attire l’attention sur comment ça se transforme.
J’ai aussi choisi de travailler avec Stef Stessel pour la scénographie parce que je
sais qu’il est capable de construire une esthétique qui mette en valeur le spectacle,
qui soit à la fois dépouillée et qui raconte quelque chose. Que la fragilité de ces
hommes dont je parlais se retrouve aussi dans cette scénographie. Chacun dans
cette pièce fait un trajet vers ses propres fragilités.
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Extraits
(...)
Frère. – Je sauve le monde. C’est mon métier. Je sauve le monde. Je ne le fais pas
d’un grand geste héroïque qui nous préservera de l’irrévocable perdition. Aucune
apocalypse imminente, que mes forces surnaturelles préviendront, ne nous menace. Je ne suis pas non plus le fils de Dieu, qui sauvera nos âmes par un seul et
grand sacrifice. Pourtant, à moi seul, je préserve le monde de sa perdition. Je le fais
par des activités de sauvetage relativement modestes. Je me charge en personne
de toutes les fois où les choses s’arrangent bien, sans plus. Je me charge de ces
moments où les médecins disent à quelqu’un : «Vous avez eu de la chance, vous
auriez pu y reste !» Je suis le jeune homme qui rattrape au vol le bambin tombant
du haut de quatre étages. Je suis la preuve que même une chose pareille peut bien
se terminer. Je me charge de vous faire rater le train qui aura un accident, un peu
plus tard. Sans moi, chaque situation dangereuse tournerait mal, n’en doutons pas.
Le fatalisme qui s’emparerait alors de l’humanité précipiterait le monde à sa perte.
Mes activités de sauvetage rétablissent l’équilibre dans le monde, entre un réalisme
de bon aloi et un optimisme de première nécessité.
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(...)
Mari. – Tu es passé par devant ?
Frère. – Oui.
Mari. – Les voisins auraient pu te voir.
Frère. – Désolé. Une erreur.
Mari. – Tu n’es pas mouillé ?
Frère. – J’étais au-dessus des nuages.
Mari. – Ah, bien sûr.
Frère. – Mais il fait froid.
Mari. – Froid ?
Frère. – Si haut.
Mari. – Oui. Oui, bien sûr. On n’y pense jamais, hein... Que tu es si haut.
Frère. – Il peut tout aussi bien faire meilleur, au-dessus des nuages.
Mari. – Oui c’est possible, hein ?
Frère. – On peut voler dans un soleil éclatant et atterrir dans le jour le plus brumeux
qui soit.
Mari. – Ou le contraire.
Frère. – C’est possible, oui. Qu’il fasse froid là-haut et que le soleil brille ici-bas.
Mari. – Comme maintenant.
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(...)
Fils. – Le docteur veut-il du café ?
Mari. – En avons-nous assez à la maison ?
Frère. – Des gens vont-ils venir ?
Fils. – Mon père prend le téléphone sur les genoux. Sans même me regarder. En
guise de compensation, je peux raccompagner le docteur. Et quand j’ouvre la porte,
je le sens déjà. Le courant d’air. Mon père appelle le monde. Maintenant que le docteur est venu, les vannes sont ouvertes. Il n’y a que le premier pas qui coûte...
Mari. – La voisine ! Nom de Dieu, la voisine. On aurait presque oublié la voisine.
Fils. – Bien sûr, la voisine !
Mari. – Ses amies de la classe de poterie.
Fils. – Mélissa et Toinette, bien sûr !
Mari. – Sa tante d’Ostende.
Fils. – Mon Dieu, oui, tante Nancy.
Mari. – Le vieux voisin d’en face, à Montigny.
Frère. – Ne l’oublions surtout pas.
Fils. – Nous ne l’oublions pas.
Mari. – Les enfants dont elle s’occupait.
Frère. – Les collègues.
Fils. – C’est évident. Les collègues.
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© Elisabeth Carecchio
(...)
Fils. – Et qu’est-ce que tu veux, toi ?
Frère. – Moi, je veux que nous fassions quelque chose que nous trouvions tous les
trois...
Fils. – Oui, est qu’est-ce que tu veux, toi ?
Frère. – Que nous trouvions tous les trois...
Mari. – Qu’est-ce que tu veux, mon vieux ?
Frère. – Quelque chose que tous les trois...
Mari. – Qu’est-ce que tu es en train de faire ? De quoi tu parles ?
Frère. – J’essaie de jeter un pont !
Mari. – Bon Dieu !
Fils. – Jeter un pont ?
Frère. – C’est votre famille !
Fils. – C’est ta soeur.
Frère. – Nous pouvons quand même...
Mari. – Nous, nous, nous ?
Fils. – Il nous sauve. Je crois. Il ne peut pas s’en empêcher. Il essaie de sauver la
situation.
Mari. – Un peu trop tard, hein ?
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Biographies
Esther Gerritsen
Née en 1972, elle est considérée comme l’une des meilleures
nouvelles plumes de la littérature hollandaise. Elle a remporté en
1999 le prix Youth Theatre germano-néerlandais à Duisburg, et a reçu
en 2001, la subvention Charlotte Köhler pour ses pièces de théâtre.
En 2005, son deuxième roman Normale dagen (2005) reçoit le prix
Dif/BGN. De kleine miezerige Dieu (2008) et Superduif (2010) ont
également reçu plusieurs prix littéraires et Gerritsen a été nommée
parmi les dix meilleurs jeunes écrivains néerlandais par le magazine
Hollands Diep.
En 2012, son roman Dorst est sélectionné pour quatre prix littéraires.
En 2014, elle reçoit le prix Frans Kellendonk pour l’ensemble de son
travail.
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David Strosberg
Metteur en scène belge actif dans les communautés française et
flamande, est aussi directeur artistique du Théâtre Les Tanneurs
depuis 2010.
Il a mis en scène de nombreux spectacles depuis 2000, parmi
lesquels : L’enfant rêve d’Hanokh Levin, Ode maritime de Fernando
Pessoa, Le tueur souriant de Jean-Marie Piemme, Djudjurassique
bled de Fellag, Schitz d’Hanokh Levin, Mein Kampf (Farce) de
Georges Tabori, Une lettre à Cassandre de Pedro Eiras, Et avec sa
queue, il frappe ! de Thomas Gunzig, Petites histoires de la folie
ordinaire de Petr Zelenka. Le jour, et la nuit, et le jour, après la
mort est sa nouvelle création au Théâtre Les Tanneurs. Il prépare
également un spectacle pour septembre 2017, écrit par Thomas
Gunzig et intitulé Encore une histoire d’amour.
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Alexandre Trocki - Le frère
Sorti de l’INSAS à la fin des années 80, Alexandre Trocki travaille
depuis avec de nombreux metteurs en scène dont notamment
Michel Dezoteux, Philippe Sireuil, Jacques Delcuvellerie, Lars
Noren, David Strosberg, Lorent Wansons, Virginie Thirion,
Anne-Cécile Vandalem, Vincent Goethals… et à travers de
nombreux auteurs tels que Tchékov, Shakespeare, Musset,
Molière, Claudel, ou encore Feydeau, Labiche , Piemme,
Schwab, Tabori, Lagarce, Müller, Kleist…
Au cinéma, il tourne dans plusieurs courts-métrages et travaille
notamment avec les frères Dardenne dans Le silence de Lorna.
Philippe Grand’Henry - Le père
Philippe Grand’Henry est diplômé en 1992 du conservatoire
de Liège. Il joue depuis dans des pièces de théâtre mises en
scène par entre autres Philippe Sireuil, Lorent Wanson, Nathalie
Mauger, Elizabeth Ancion, Charlie Degotte, Isabelle Pousseur,
Armel Roussel... Il écrit également sa première pièce en 2001 :
Tout ça du vent, qui sera mise en scène par Françoise Bloch. En
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plus du théâtre, il prête également son talent au cinéma, dans
des films tels que Les Convoyeurs attendent (1999) et L’Autre
(2002) réalisés par Benoît Mariage, Muno (2001) et Ultranova
(2005) de Bouli Lanners, et Calvaire (2004) de Fabrice Du Welz.
Vincent Hennebicq - Le fils
Vincent Hennebicq est sorti du Conservatoire de Liège en 2006. Il
a depuis travaillé avec Mathias Simons, Jeanne Dandoy, Jacques
Delcuvellerie, Rahim Elasri, Fréderic Dussenne, Michael Delaunoy,
Coline Struyf, Raven Ruell, Jos Verbist et Fabrice Murgia.
Il est également mettreur en scène : Parasites de Marius Von
Mayenburg ou Etats d’urgences d’après Falk Richter. Il est aussi
auteur : Heroes : just for one day, mis en scène au Théâtre National.
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Le jour, et la nuit, et le jour, après la mort
Texte Esther Gerritsen
Mise en scène David Strosberg
Avec Philippe Grand’Henry, Vincent Hennebicq, Alexandre Trocki
Scénographie et lumières Stef Stessel
Costumes Lies Van Assche
Traduction (néerlandais) Monique Nagielkopf (Sabam)
Texte publié aux éditions Théâtrales en partenariat avec l’Institut français (coll.
“Traits d’Union”, 2008).
Une production du Théâtre Les Tanneurs
L’Arche est agent théâtral du texte représenté (www.arche-editeur.com)
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Le jour, et la nuit, et le jour, après la mort
18 > 22.04.17
25 > 29.04.17
Tarifs 12€ / 8€ / 5€
Réservations
[email protected]
02 512 17 84
www.lestanneurs.be
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Contact presse
Juliette Mogenet [email protected]
02/213 70 52
Théâtre Les Tanneurs
75 - 77 rue des Tanneurs
1000 Bruxelles
www.lestanneurs.be
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