
Je décide alors de réfléchir pour le staff mensuel à une présentation sur l’annonce d’une mauvaise 
nouvelle. D’autant plus que l’HAS vient de sortir des recommandations. J’ai beaucoup hésité sur le 
thème car je me disais d’une part que je n’avais certainement pas grand-chose à apprendre à tous 
ces médecins, qui annoncent de mauvaises nouvelles au moins toutes les semaines parfois même 
tous les jours, et d’autre part, je ne voyais pas vraiment quoi leur raconter pendant 30 minutes.  
Et bien, je me suis complètement trompée. Ce staff a été très bien accueilli, et a duré finalement plus 
d’une heure. Tous avaient un vécu d’expériences qui les avaient touché ou suscité des 
interrogations. Malheureusement, les médecins dont la brutalité de l’annonce m’avait choqué, 
n’étaient pas présents (ce qui est finalement peu surprenant). 
 
Quelques jours après, un autre médecin avec qui je suis de garde, me propose de prendre en charge 
la prochaine intervention. Il s’agit d’un homme d’une soixantaine d’année, qui est allé s’allonger dans 
l’après midi  car il se sentait fatigué. La veille, il s’était vaguement plein d’une douleur épigastrique 
mais sinon, ne présentait aucun antécédent notable. Au bout de 2h, sa femme inquiète, va le voir 
dans leur chambre et n’arrive pas à le réveiller. A notre arrivée, nous tentons de le réanimer pendant 
environ 30 min, dans sa chambre alors que sa femme attend, impatiente, dans le salon. Au bout de 
10 min de réanimation, mon chef me demande si je veux bien mettre en pratique mon topo sur 
l’annonce d’une mauvaise nouvelle et aller voir la dame pour commencer à la préparer. Je prends 
mon courage à deux mains et accepte. C’était vraiment très dur de me retrouver face à une situation 
qui me paraissait pourtant  si simple sur le papier quelques jours auparavant. La tension est 
palpable. Dans le couloir, elle essaie de regarder ce qui se passe, sans oser s’approcher. Je 
commence à lui parler et mon chef me fait un signe de tête en me montrant le salon. Ah, oui, c’est 
vrai, ça commence bien : « Madame, voulez-vous venir vous asseoir avec moi dans le salon un 
instant, je vais vous expliquer ce qu’il en est ». (C’est déjà mieux qu’entre 2 portes). « Bon, alors, (je 
prends une grande inspiration, en voyant cette femme, complètement effrayée par la situation). 
Quels mots utiliser ?? «  Madame, j’ai une mauvaise nouvelle à vous annoncer. Qu’avez vous 
compris de la situation ? ». Elle me raconte à nouveau ce qu’il s’est passé. « Peut-être aurais je dû 
vous appeler plus tôt ? ». Je me lance alors « Madame, le cœur de votre mari, s’est arrêté. Nous ne 
savons pas exactement pourquoi, mais en ce moment même, son cœur ne bat plus. Nous tentons de 
le réanimer, grâce à des médicaments, mais je ne vous cache pas que la situation est plus que 
grave. Maintenant, je dois vous laisser pour retourner auprès de votre mari. Nous allons poursuivre 
encore la réanimation pendant une dizaine de minutes en espérant faire repartir son cœur mais au 
delà de ces 10 minutes, il n’y aura plus d’espoir. Appelez un proche et faites le venir pour vous 
soutenir. »  
 
Ça aussi c’est très difficile. A plusieurs reprises, j’ai eu des proches au téléphone. Que leur dire ?? 
« Venez tout de suite, votre mère/père/frère/sœur a besoin de votre soutient immédiatement. Il est 
arrivé … quelque chose de grave. Venez. » Comment leur faire comprendre l’urgence de la situation 
sans les faire paniquer seuls au bout du fil. Si ils ont une fragilité physique (angor, asthme, 
spasmophilie, …) ou un métier à risque (conducteur de transport ou d’engin, …) ou je ne sais pas 
quoi d’autre, comment les prévenir sans leur faire courir à eux aussi un risque.  
 
Je retourne donc auprès de notre victime et après 30 minutes de réanimation, nous arrêtons celle-ci 
et déclarons le monsieur « décédé ». Mon chef me regarde d’un air interrogateur et m’invite à 
retourner voir la femme, ensemble, dans le salon. Entre temps, elle avait appelé son fils et son voisin 
(qui était un ami et nous avait rejoint). « Madame, comme je vous le disais tout à l’heure. Le cœur de 
votre mari s’est arrêté, d’accord. Et malheureusement, malgré nos efforts, nous n’avons pas réussi à 
le faire repartir. Je suis sincèrement désolée. Est-ce que l’on peut faire quelque chose pour vous ? 
Avez-vous des questions ? »  
 
La dame me regarde désemparée et me dit « Vous voulez dire que mon mari est mort ??? ».  
« Euh, oui. »  
Elle commence alors pleurer. « Mais j’aurais du vous appeler plus tôt ? »  
« Madame, rien ne laissait présager ce qui vient de se passer et vous ne pouviez strictement rien 
faire de plus. »