RAPPORT DE STAGE DE FORMATION PRATIQUE
Le diagnostic :
Une expertise nécessaire avant toute intervention architecturale.
/// Jérémy Crabos / ENSAL / Master 2 / 2011-2012 / Enseignant : Pascal Fosse ///
2///Rapport de Stage de Master / Le diagnostic : Une expertise nécessaire avant toute intervention architecturale.
PROBLEMATIQUE
Thème : Le diagnostic architectural.
Le sujet de cette problématique de stage est inspiré d’une envie, consécutive à un manque
que j’ai ressenti au cours de la formation d’architecture à l’ENSAL. Il s’agit de traiter de l’étape
du diagnostic et de l’état de santé des bâtiments existants. Lors de nos projets d’école, nous
ne dépassons que très rarement l’étape du simple relevé, pourtant l’expertise de l’architecte
doit aller bien au delà.
Dans le cas plus précis de la reconversion d’un bâtiment ancien, il faut être capable de lire
comment il a été construit et en comprendre la structure pour pouvoir intervenir pertinemment.
Quelles sont les informations qu’un architecte doit relever lorsqu’il installe un nouveau pro-
gramme dans un bâti existant ? Comment le diagnostic structurel inuence t-il la conception
lorsqu’il s’agit de transformer l’usage d’une construction ?
3///Rapport de Stage de Master / Le diagnostic : Une expertise nécessaire avant toute intervention architecturale.
SOMMAIRE
// 1 - DÉROULEMENT DU STAGE ............................................................................ 4
// 2 - LE DIAGNOSTIC :
Une expertise nécessaire avant toute intervention architecturale .............. 6
// 2.1 - Le contexte architectural .............................................................................. 7
// 2.2 - Le jeu des acteurs et le rôle de l’architecte
dans l’établissement du diagnostic ............................................................. 7
// 2.3 - Constitution d’une analyse fondatrice de la conception complexe ......... 9
// 2.4 - L’observation par l’exemple, les pathologies du bâtiment à l’oeuvre .... 11
// 2.5 - Compréhension du bâtiment / système constructif ................................. 13
// 3 - CONCLUSION ................................................................................................. 15
4///Rapport de Stage de Master / Le diagnostic : Une expertise nécessaire avant toute intervention architecturale.
// 1 - DÉROULEMENT DU STAGE
J’ai effectué mon stage au sein de l’agence AEC (Archi Euro Conseil) à Lyon, sous la direction
de Didier Repellin, architecte en chef des monuments historique et de Sixte Dousseau, un de
ses collaborateurs et récent diplômé de l’ENSAL.
L’agence AEC est en réalité une société civile de moyens réunissant quatre architectes
associés et leurs collaborateurs. Les quatre associés sont Jean François Grange Chavanis,
Patrick Heraud, Vincent de Parisot et Didier Repellin,
Les principales activités de Didier Repellin sont la restauration de monuments historiques
et de bâtiments anciens, pour le compte de l’état, de collectivités locales ou de propriétaires
privés. Les sites d’intervention sont le plus souvent localisés dans le Rhône, le Vaucluse et
l’Italie, mais le bâtiment sur lequel j’ai travaillé est situé à Paris.
Il s’agit du ministère des affaires étrangères situé au 37 quai d’Orsay dans le 7ème
arrondissement, ce qui lui vaut le surnom de «Quai d’Orsay». L’hôtel fut construit au milieu
du 19ème siècle pour abriter le ministère, il a donc dès l’origine été conçu pour recevoir les
ambassadeurs des différents pays du monde. «Il faut le voir comme un showroom» me dit
Didier repellin dès notre première entrevue, le ministère des affaires étrangères est en effet
le centre névralgique de la diplomatie française et il se doit de donner une bonne image de
la nation. L’hôtel est composé d’une succession de salons richement décorés dans lesquels
sont organisés les réceptions, il abrite également le bureau et les appartements du ministre
des affaires étrangères qui était Alain Juppé lorsque j’ai commencé mon stage et qui est
aujourd’hui Laurent Fabius.
La situation politique du gouvernement français a été une source d’inquiétude pour Didier
Repellin, puisque tous les travaux sur le patrimoine construit du ministère devaient être
approuvés par le ministre. Toutefois l’agence avait déjà obtenu la restauration des façades
du bâtiment. Lorsque je suis arrivé dans le projet, les échafaudages de la première tranche
de travaux se terminaient. Les incertitudes concernait la deuxième partie des travaux : la
restauration des décors classés et des menuiseries des salons à l’intérieur du bâtiment.
Dans ce contexte, je fut immédiatement mis à contribution. Il fallait convaincre le ministre
d’accepter le projet de restauration dans son ensemble. Au soir de mon entrevue de recherche
de stage, Sixte me transmis les documents d’étude préalable déjà produits par l’agence. Un
historique du bâtiment mené par les historiens de l’art d’AEC, un inventaire encore non exhaustif
des dégradations observées dans les différents salons et des plans «bruts de géomètre»
expression qui prit tout son sens après quelques semaines de travail.
Le lendemain nous partions à Paris, une occasion pour moi d’établir un premier contact avec
les lieux. Le bâtiment était toujours en activité et devait le rester. Cette contrainte a déni mon
calendrier : un vendredi sur deux sur site, au cours desquels je devait réunir sufsamment
d’informations pour pouvoir travailler à l’agence pendant deux semaines. Ces rendez-vous du
vendredi correspondaient aux dates de suivi du chantier de restauration des façades, ce qui
me permettais d’assister aux réunions entre architectes et artisans. Le reste du temps je le
consacrait a établir un diagnostic de l’état intérieur du bâtiment. Accédant tour à tour dans les
salons non occupés, j’inventoriais toutes les dégradations que je pouvais observer, et relevais
5///Rapport de Stage de Master / Le diagnostic : Une expertise nécessaire avant toute intervention architecturale.
l’état des menuiseries, des plafonds moulurés, des tapisseries, des parquets, des lustres,
du mobilier, des plinthes etc. Quand c’ était possible, j’accédais à l’envers du décors, pour
constater l’état des charpentes qui maintenaient les faux plafonds en place.
La principale difculté alors était de comprendre où regarder. La difculté d’accès du bâtiment
m’imposait une grande rigueur dans la prise d’information, puisque certaines pièces comme
le bureau du ministre ne m’ont été montrées qu’une seule fois. Dans les premier temps, je me
sentais très loin du compte. De quelles informations avais-je besoin ? Quels sont les objectifs
à atteindre lorsque l’on réalise un diagnostic ?
Cette étape semblait naturelle pour tous les membres de l’agence et même si j’avais
connaissance du déroulement des choses, l’aspect concret de l’exercice fut difcile à
appréhender. On est effectivement bien loin des projets de papier que l’on réalise à l’école,
tous les éléments du bâtiment ont une matière qu’il faut savoir reconnaître et un nom précis.
Ainsi j’apprenais que toutes les décorations et ornements étaient répertoriés et avaient un
nom : Ove, dard, denticule, rai de coeur. Mon manque de vocabulaire était frappant. Tous
les éléments d’une charpente ne sont pas que des poutres et des poteaux. Les réunions de
chantiers se succédaient et chacune d’elles me renvoyait l’étendue de mon ignorance. Pour
chacun des termes qui m’était inconnu, je recherchais des informations dans la bibliothèque
de l’agence, histoire de combler au plus vite mes lacunes.
L’appareil photo fut un outil salvateur. Ne sachant trop quelles informations glaner, je m’efforçais
d’être le plus exhaustif possible. Même si il manquait toujours la photo avec le bon angle,
cette base d’information m’a permis de compléter assez efcacement mes observations. À
mesure que je reconstruisais les plans et coupes du diagnostic en agence, des questions
apparaissaient. En y répondant au fur et à mesure, j’appréhendais le rôle du diagnostic dans le
phasage d’un projet : Alors que je terminais un relevé d’une porte fenêtre Didier me demandait
combien de gonds elle comportait. Il précisait que le service sécurité souhaitait intégrer des
verres pare balles, composés de nombreuses couches de matière et surtout très lourds, il
craignait que la menuiserie ne supporte pas le poids du vitrage. Comment ne pas avoir pensé
à relever le nombre de gonds ? En recherchant dans ma base de données photographiques
j’apportais une réponse a cette question simple, mais j’ai retenu cette anecdote comme une
leçon : un architecte ne fait pas que des plans et des coupes, il doit comprendre la logique du
bâtiment et de ses éléments.
L’appui de Sixte fut un soutient indispensable : «Ne t’inquiète pas, on ne peut pas tout voir du
premier coup» me conait-t-il. J’avais tout de même la désagréable impression d’être tout à
fait inutile et je réalisais qu’après 5 ans d’études je devais me former sur le tas.
Les semaines passant, je prenais conance en moi et cernais de mieux en mieux les attentes
et les objectifs de cette première pratique. Au terme du stage, le diagnostic n’était pas tout
à fait terminé, et je regrettais de ne pas pouvoir observer l’avancement du projet jusqu’à
son terme : plus j’intégrais le déroulement des choses, plus les questions germaient. Didier
repellin me proposait alors un contrat en CDD de 3 mois pour poursuivre mon travail. Je
suis actuellement encore chez AEC et j’arrive au terme du diagnostic des décors classés de
l’hôtel du ministère des affaires étrangères, et je suis très heureux de pouvoir poursuivre cette
première expérience au sein d’une agence d’architecture.
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