5///Rapport de Stage de Master / Le diagnostic : Une expertise nécessaire avant toute intervention architecturale.
l’état des menuiseries, des plafonds moulurés, des tapisseries, des parquets, des lustres,
du mobilier, des plinthes etc. Quand c’ était possible, j’accédais à l’envers du décors, pour
constater l’état des charpentes qui maintenaient les faux plafonds en place.
La principale difculté alors était de comprendre où regarder. La difculté d’accès du bâtiment
m’imposait une grande rigueur dans la prise d’information, puisque certaines pièces comme
le bureau du ministre ne m’ont été montrées qu’une seule fois. Dans les premier temps, je me
sentais très loin du compte. De quelles informations avais-je besoin ? Quels sont les objectifs
à atteindre lorsque l’on réalise un diagnostic ?
Cette étape semblait naturelle pour tous les membres de l’agence et même si j’avais
connaissance du déroulement des choses, l’aspect concret de l’exercice fut difcile à
appréhender. On est effectivement bien loin des projets de papier que l’on réalise à l’école,
tous les éléments du bâtiment ont une matière qu’il faut savoir reconnaître et un nom précis.
Ainsi j’apprenais que toutes les décorations et ornements étaient répertoriés et avaient un
nom : Ove, dard, denticule, rai de coeur. Mon manque de vocabulaire était frappant. Tous
les éléments d’une charpente ne sont pas que des poutres et des poteaux. Les réunions de
chantiers se succédaient et chacune d’elles me renvoyait l’étendue de mon ignorance. Pour
chacun des termes qui m’était inconnu, je recherchais des informations dans la bibliothèque
de l’agence, histoire de combler au plus vite mes lacunes.
L’appareil photo fut un outil salvateur. Ne sachant trop quelles informations glaner, je m’efforçais
d’être le plus exhaustif possible. Même si il manquait toujours la photo avec le bon angle,
cette base d’information m’a permis de compléter assez efcacement mes observations. À
mesure que je reconstruisais les plans et coupes du diagnostic en agence, des questions
apparaissaient. En y répondant au fur et à mesure, j’appréhendais le rôle du diagnostic dans le
phasage d’un projet : Alors que je terminais un relevé d’une porte fenêtre Didier me demandait
combien de gonds elle comportait. Il précisait que le service sécurité souhaitait intégrer des
verres pare balles, composés de nombreuses couches de matière et surtout très lourds, il
craignait que la menuiserie ne supporte pas le poids du vitrage. Comment ne pas avoir pensé
à relever le nombre de gonds ? En recherchant dans ma base de données photographiques
j’apportais une réponse a cette question simple, mais j’ai retenu cette anecdote comme une
leçon : un architecte ne fait pas que des plans et des coupes, il doit comprendre la logique du
bâtiment et de ses éléments.
L’appui de Sixte fut un soutient indispensable : «Ne t’inquiète pas, on ne peut pas tout voir du
premier coup» me conait-t-il. J’avais tout de même la désagréable impression d’être tout à
fait inutile et je réalisais qu’après 5 ans d’études je devais me former sur le tas.
Les semaines passant, je prenais conance en moi et cernais de mieux en mieux les attentes
et les objectifs de cette première pratique. Au terme du stage, le diagnostic n’était pas tout
à fait terminé, et je regrettais de ne pas pouvoir observer l’avancement du projet jusqu’à
son terme : plus j’intégrais le déroulement des choses, plus les questions germaient. Didier
repellin me proposait alors un contrat en CDD de 3 mois pour poursuivre mon travail. Je
suis actuellement encore chez AEC et j’arrive au terme du diagnostic des décors classés de
l’hôtel du ministère des affaires étrangères, et je suis très heureux de pouvoir poursuivre cette
première expérience au sein d’une agence d’architecture.