Dossier péDagogique 2015-2016

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otello
© christian dresse
Giuseppe verdi
Dossier pédagogique 2015-2016
Contacts Action Culturelle
Marjorie Piquette / 01 69 53 62 16 / [email protected]
Eugénie Boivin / 01 69 53 62 26 / [email protected]
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otello
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2015-2016 Opéra de massy
Vendredi 6 novembre (20h)
Dimanche 8 novembre (16h)
Répétition générale : Mercredi 4 novembre (20h30)
Durée 2h40 (avec entracte)
Opéra en 4 actes - 1887
Musique de Guiseppe Verdi
Livret d’Arrigo Boïto
d’après le drame de Shakespeare
Direction Luciano Acocella
Mise en scène Nadine Duffaut
Décors Emmanuelle Favre
Costumes Katia Duflot
Lumières Philippe Grosperrin
Chef de chant Hélène Blanic
Chef de chœur Geoffroy Jourdain
Avec
Ludivine Gombert Desdemona
Marion Lebègue Emilia
Jean-Pierre Furlan Otello
Seng-Hyoun Ko Iago
Christophe Berry Cassio
Jérôme Varnier Lodovico
Xin Wang Roderigo
Jean-Marie Delpas Montano
Vincent Eveno Un Araldo
Orchestre national d’Île-de-France
Chœurs Les Cris de Paris
et Maîtrise des Hauts-de-Seine
Direction Gaël Darchen
L’Opéra de massy est subventionné par:
et remercie ses partenaires :
Le service d’Action Culturelle de l’Opéra de Massy est membre du
Réseau Européen pour la Sensibilisation à l’Opéra
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otello
04 _ le Compositeur 2015-2016 Opéra de massy
sommaire
08 _ en savoir plus... sur l’opéra
06 _ l’argument
17 _ EN SAVOIR PLUS... SUR LE CONTEXTE
19 _ en savoir plus... sur la voix
20 _ LES INSTRUMENTS DE L’ORCHESTRE
23 _ LES INGRÉDIENTS DE L’OPÉRA
24 _ ACTION CULTURELLE
Costume de Maure, Othello / Source Gallica.bnf.fr / Bibliothèque national de France
2015-2016 Opéra de massy
otello
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le COMPOSITEUR
Giuseppe verdi (1813-1901 )
Sa vie de compositeur : d’origine modeste, d’abord formé par l’organiste du village,
Baistrocchi, Giuseppe Verdi suit des études à Busseto avec le chef de fanfare Provesi.
Refusé au conservatoire de Milan comme pianiste mais encouragé par le jury à la
composition, il travaille en privé avec Vincenzo Lavigna (auteur d’opéras, répétiteur à
La Scala, ami et parfois collaborateur de Rossini), grâce au mécénat d’Antonio Barezzi,
dont il épousera la fille Margherita. Tandis qu’il assume les fonctions de chef de musique
municipale de Busseto, il est formé par Lavigna à l’étude de Haydn et de Mozart, et
semble avoir achevé à la mort de son maître, un opéra, Rocester, dont les fragments
furent probablement réutilisés ultérieurement. Sur la recommandation de la cantatrice
G. Strepponi, il obtient de l’impresario Merelli un contrat pour La Scala, et y débute
avec Oberto, Conte di San Bonifacio, qui est donné 14 fois et repris l’année suivante
pour 17 représentations, chiffres très inférieurs à ceux des opéras de Donizetti ou de
Nicolai (dont on joue 46 fois Il Templario) mais supérieurs à ceux de tous les autres auteurs. Ce succès lui vaut la commande
d’Un Giorno di Regno, qui connaît un fiasco dès le premier soir (1840) ; on a souvent imputé cet échec à l’impossibilité dans
laquelle aurait été Verdi de composer un opera buffa, étant alors affligé par le récent décès de sa jeune femme et de ses
deux enfants ; or, il ne s’agit en rien d’un opera buffa, mais d’un livret semiseria.
Merelli suggère à Verdi de mettre en musique le livret de Nabucodonosor refusé par Nicolai et l’opéra remporte un vif succès
le 9 mars 1842, il y aura au total 65 représentations, un record absolu dans l’histoire de La Scala. Sans nier l’impact politique
du sujet, cette œuvre insuffle un sang neuf à l’opéra italien, tant par certaines tournures adroitement plébéiennes que par
l’ampleur de la participation chorale et une véhémence vocale sans précédent, tempérée par quelques échos belcantistes.
Avec Ernani, en 1844, Verdi inaugure un style nouveau d’opéras très marqués sur le plan dramatique et sur celui du chant,
valant essentiellement par la force des situations et par une vocalité très exigeante. Verdi campe pour longtemps l’image
de l’héroïne pure, courageuse, et victime innocente (réclamant par là un grave ardent, un aigu éthéré mais ferme, et une
virtuosité sans faille), face aux trois types vocaux désormais bien définis du ténor, du baryton et de la basse.
Pendant ce qu’il nommera plus tard ses « années de galère » Verdi établit sa réputation avec des fortunes diverses, grâce
à une impressionnante série d’opéras, écrits parfois à la hâte et sans qu’il puisse en choisir toujours les interprètes, mais
dans lesquels il affine son écriture, développe sa palette orchestrale, s’appuyant généralement sur des trames historiques
propres à trouver un écho dans une Italie en lutte contre l’occupant. Se succèdent : Due Foscari (ou se profile la technique
du leitmotiv), Giovanna d’Arco, Attila, Macbeth… Toujours en butte à la censure qui impose des altérations concernant les
sujets, les personnages, l’époque ou le lieu, et fait changer maintes fois les titres des opéras lors de leurs créations dans les
diverses villes de la péninsule, Verdi se tourne vers le drame bourgeois avec Luisa Miller et Stiffelio.
Sans rival en Italie après 1850, las de se plier aux exigences des imprésarios et des publics, Verdi, auquel ses séjours parisiens
apportent beaucoup et qui peut compter désormais sur l’affection, la culture et la diplomatie de sa compagne Giuseppina
Strepponi (qu’il épousera en 1859), prend davantage de recul vis-à-vis de sa production. Choisissant librement ses sujets,
imposant plus que jamais sa volonté tyrannique aux librettistes, sachant mieux contourner la censure, il va confirmer sa
préférence donnée, depuis Luisa Miller, à l’humain et au social sur le politique. Rigoletto (1851), premier volet de ce qu’on
appellera plus tard avec Le Trouvère et La Traviata sa « trilogie populaire », marque un tournant dans son évolution : le
drame se resserre à ses trois acteurs essentiels, chargés d’un immense potentiel dramatique avec des suites d’airs, de
duos et brèves scènes bien délimitées. Ces trois opéras tracent de bouleversants portraits de créatures féminines vouées
au malheur ou à l’echec de leurs amours par la société et le pouvoir. Avec Les Vêpres Siciliennes, Verdi confirme surtout sa
réputation de premier compositeur d’Europe invité pour inaugurer l’Exposition Universelle. ll remanie par la suite Stiffelio
sous le titre Aroldo, cette évolution laisse le public traditionnel de Venise déconcerté, auquel échappent la grandeur et la
nouveauté de Simon Boccanegra, et qui sanctionne l’absence d’airs à succès, en même temps qu’une interprétation vocale
insuffisante.
Avec Un Bal Masqué Verdi donne une synthèse stupéfiante de son évolution, ayant assimilé toutes les influences parisiennes
jusqu’à celles d’Offenbach, associant l’amour à l’amitié et à la politique, mêlant intimement le léger et le tragique, et
sachant s’ouvrir à un langage orchestral et harmonique très subtil tout en déployant une vocalité à la respiration plus
ample, et où de grands arias s’intègrent parfaitement au discours continu. Après cet opéra Verdi annonce son intention de
poser la plume et s’investit dans le combat final du Risorgimento (V.E.R.D.I. devenant un slogan pour Victor Emmanuel Roi
d’Italie), se laissant élire député de Busseto, et intronisant personnellement Cavour. Se voyant contesté par l’aile gauche de
la jeunesse intellectuelle soudain désengagée, dès lors que les frères Boïto tiennent son Bal Masqué pour une « œuvrette
pitoyable », Verdi demeurera près de 30 ans sans offrir la primeur de ses nouveaux opéras : c’est à Saint-Petersbourg qu’il
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donne sa Force du Destin, à Paris Macbeth remanié, et Don Carlos écrit pour la nouvelle Exposition Universelle. Avec Aïda
(Le Caire, 1871), un opéra pour lequel Verdi reçoit une rémunération jamais perçue par aucun compositeur, il se montre
désireux, et capable, d’affirmer sa suprématie face à cette commande pour laquelle Gounod et Wagner avaient failli être
sollicités. L’œuvre, faisant appel au mythe de l’héroïne sacrificielle, repose sur des voix de dimension nouvelle.
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Verdi observe ensuite une légère pause en écrivant un quatuor à cordes, puis sa Messa di Requiem à la mémoire de Manzoni
(1874) qu’il dirige triomphalement dans toute l’Europe. Réconcilié avec Boïto qui s’incline devant son génie, il bénéficie
du concours de son cadet pour présenter triomphalement à Milan une version refaite de Simon Boccanegra, nouvelle
démonstration de son pouvoir d’intégrer la trame amoureuse à la grande fresque humaine et politique. Il compose Otello
puis Falstaff lesquels témoignent d’un stupéfiant renouvellement : l’octogénaire, au fait de 55 années de création, ouvre
pour le siècle à venir le retour à la comédie. Verdi disparaît sans héritier et lègue sa fortune (et les droits d’auteurs à venir) à
la Maison de retraite des vieux musiciens qu’il avait fondée à Milan. Enterré simplement, selon son vœu, il reçut ensuite de
la ville de Milan un hommage solennel, tel qu’aucun compositeur n’en connut jamais. Une partie de son œuvre fut écartée
au nom de la souveraineté du drame wagnérien. Mais c’est d’Allemagne que partit, dès 1930, le grand mouvement de la
« Renaissance-Verdi », aujourd’hui fait universel.
ses opéras
1838 : Oberto, Conte di San Bonifacio
1840 : Un giorno di regno
1842 : Nabucco
1843 : I Lombardi alla prima Crociata
(devenu Jérusalem, 1847)
1844 : Ernani
1845 : Giovanna d’Arco
1846 : Attila
1847 : Macbeth (révisé en 1865)
1847 : I Masnadieri
1848 : Il Corsaro
1849 : La Battaglia di Legnano
1849 : Luisa Miller
1850 : Stiffelio (rhabillé Aroldo, 1857)
1851 : Rigoletto
1853 : Il Trovatore
1853 : La Traviata
1855 : Les Vêpres Siciliennes
1857 : Simon Boccanegra (révisé en 1881)
1859 : Un ballo in maschera
1862 : La Forza del destino
1867 : Don Carlo (révisé en 1884)
1871 : Aïda
1874 : Messa di requiem
1887 : Otello
1893 : Falstaff
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l’ARGUMENT
« Peu importe au jaloux
Qu’il y ait une cause.
La jalousie est un monstre
Qui s’engendre et qui naît de lui-même. »
[Emilia, in. Othello de W. Shakespeare]
Les personnages
• Otello, général maure de l’armée vénitienne (ténor)
• Desdemona, sa femme (soprano)
• Iago, enseigne d’Otello (baryton)
• Cassio, capitaine vénitien (ténor)
• Emilia, femme de Iago (mezzo-soprano)
• Roderigo, noble vénitien (ténor)
• Lodovico, ambassadeur de la République de Venise (basse)
• Montano, ancien gouverneur de Chypre (basse)
• Un héraut (basse)
• Soldats et marins de la République de Venise, dames et gentilshommes vénitiens, peuple chypriote, hommes d’armes grecs, dalmates, albanais, enfants de l’île, un tavernier, quatre serviteurs de la taverne, chiourme (chœur)
Verdi avec le baryton Victor Maurel (1848-1923) en costume le soir de la
première française d’Otello à l’Opéra de Paris en 1894. Maurel créa les rôles
de Iago dans Otello en 1887 et Falstaff dans l’opéra du même nom en 1893 à
la Scala de Milan.
Résumé
L’action se déroule sur l’île de Chypre. En pleine tempête, le Maure Otello, chef de guerre victorieux, retrouve sa jeune
épouse Desdemona. Mais sur place, il devient surtout la victime de la haine vorace et bien dissimulée de son lieutenant Iago,
incarnation brute du mal, prêt à tout pour détruire son maitre. Lentement, Iago profite de sa relation confiante avec Otello
pour distiller son venin et le persuade que Desdemona le trompe avec son lieutenant Cassio. Iago fabrique chaque preuve
de la culpabilité de Desdemona, accompagnant la colère du Maure d’indices apparemment tous plus irréfutables les uns
que les autres. La jalousie dévore entièrement Otello, qui tombe aveuglé dans les griffes de Iago. Malgré les protestations
répétées de Desdemona, injuriée puis bafouée en public, Otello la tue de ses propres mains, avant de se transpercer de sa
propre épée en découvrant l’effroyable vérité.
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Acte 1
Le Maure Otello, chef de guerre au service de Venise, revient à Chypre, après son triomphe sur les Sarrasins. Son lieutenant, Iago, sorte d’incarnation absolue du mal, déclenche une bagarre qui a pour seul but de compromettre le lieutenant
Cassio et, à terme, d’atteindre Otello. Enervé par ces agitations, Otello rétrograde Cassio. Puis il retrouve sa jeune épouse
Desdemona : un duo frémissant les réunit, oasis d’extase et de tendresse au sein des nuages qui s’amoncellent.
Acte 2
Iago se définit comme un esprit diabolique : pour détruire Otello à petit feu, il lui laisse entendre que Desdemona et Cassio
sont amants. De surcroît Desdemona prend maladroitement la défense de Cassio auprès de son mari : pour lui, les doutes
ne sont plus permis. Les soupçons d’Otello se muent en certitudes, face aux preuves fabriquées de toutes pièces par Iago.
Le poison de la haine s’insinue lentement dans le cœur du guerrier, prêt à croire un sinistre rêve inventé par Iago, et, déjà,
à verser le sang de la vengeance.
Acte 3
Desdemona vient spontanément plaider la cause de Cassio, ignorant que par cette intention désintéressée, elle ne fait
que renforcer les soupçons de son époux, qui se met à l’injurier et la traite de courtisane. Sa jalousie explose en une fureur
impossible à contenir : devant la foule venue accueillir l’ambassadeur Lodovico, il se voit signifier son rappel à Venise, tandis que Cassio lui succèdera à Chypre. Fou de jalousie, il ne se contrôle plus et laisse éclater sa colère en public, insultant
devant tous son épouse Desdemona, qu’il jette à terre, avant de s’évanouir.
Acte 4
Dans la solitude de la chambre, Desdemona est assaillie de craintes et de questions : épouse répudiée, elle ignore
évidemment tout de la machination de Iago. Elle se remémore la vieille chanson du saule qu’elle chantait dans son enfance,
puis entonne un Ave Maria avant de s’endormir.
Otello a rejoint Desdemona à pas de loup. Après lui avoir jeté à la figure de nouvelles accusations d’adultère, il l’étouffe sur
sa couche, sans autre forme de procès. Apprenant, bien tard, les machinations de Iago – qui parvient à s’échapper – Otello
se poignarde sur le cadavre de Desdemona, dont il embrasse les lèvres une dernière fois.
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EN SAVOIR PLUS... SUR L’OPéRA
1) Shakespeare à l’Opéra
[Diapason, n°577, février 2010]
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2) D’Othello à Otello
Quelques soixante-dix ans après le succès triomphal d’Otello ossia il Mauro di Venezia de Rossini, Verdi crée au Teatro alla
Scala sa propre adaptation de la pièce de Shakespeare, symbole littéraire par excellence de la jalousie.
40 ans après avoir mis en musique Macbeth, Verdi revient sur un drame shakespearien : Otello, avec lequel il comptait
clôturer sa carrière. À 74 ans, Verdi était arrivé à une maîtrise que peu ont su atteindre. La musique d’Otello, grandiose
et évocatrice, reste encore aujourd’hui un modèle pour les compositeurs. Verdi y mêle de sublimes mélodies d’amour, la
puissance de grandes scènes de foule, la gloire, la jalousie, la peur et la mort.
Othello the moor of Venice, tragédie en 5 actes de William Shakespeare (1564 -1616), a été joué pour la première fois en
1604. Le grand dramaturge anglais s’inspire pour sa pièce des Ecatommiti (un recueil de nouvelles) de Giovanni Battista
Giraldi. Par la suite, la version de Shakespeare devient elle-même une source d’inspiration pour de nombreux artistes.
L’Otello de Verdi n’est pas la première reprise du thème de Shakespeare dans le monde de l’opéra. Rossini avait déjà traité
ce sujet dans une œuvre de 1817. Mais celle-ci n’est aujourd’hui presque plus représentée. L’Otello de Verdi connaît un
tout autre destin. Alors que le public désespérait de ne plus bénéficier de nouvelles productions du compositeur, celui-ci
se lance dans un nouveau projet avec le librettiste Boïto. Après cinq années de travail intense et extrêmement précis, en
témoigne le nombre considérable d’esquisses, la partition est enfin terminée. Le 5 février 1887, dans les gradins milanais,
le succès est si éclatant que dès lors et peu à peu, la version rossinienne disparaît des grandes salles lyriques internationales
pour céder sa place à la version de Verdi.
Alors que le drame imaginé par Rossini s’éloignait de celui de Shakespeare, celui de Verdi s’en rapproche à nouveau : c’est
le retour du motif du mouchoir, l’épaisseur psychologique du personnage de Iago est retrouvée, et le père de Desdemona
est bien un allié du Maure de Venise.
3) Quelques pistes d’écoute
Acte 1
La chanson à boire de Iago : « Innafia l’ugola» (Arrose-toi la luette !)
voir en vidéo u
https://www.youtube.com/watch?v=BEdHxIZuyBo
Elle signe la première intervention du personnage maléfique : son but est d’inciter Cassio à s’enivrer pour le perdre.
Le rythme est enlevé, la mélodie, partagée avec oscille entre trois tonalités différentes, la structure musicale même devient
bancale au fil des pensées désordonnées de Cassio, qui grisé, tombe dans le piège de Iago. Celui-ci entonne furieusement
« Qua ragazzi, del vino! »
Duo : « Già nella notte densa» (Dans la nuit dense)
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https://www.youtube.com/watch?v=dIl0RLJ2oBQ
Magnifique duo d’amour entre Otello et Desdemona où le couple chante leur bonheur et leur amour sans nuages. Leurs
voix s’unissent, passionnées. Quand Otello donne trois baisers à Desdemona, le hautbois chante un thème tendre (motif
du baiser) qui sera repris dans la scène finale. Le rideau tombe sur leur étreinte.
ACTE 2
Iago : « Credo in un Dio crudel » (Je crois en un Dieu cruel qui m’a créé à son image)
voir en vidéo u
https://www.youtube.com/watch?v=8qKvYi3S6pY
Véritable profession de foi blasphématoire insérée par Boïto dans le livret en 1884, ce monologue de Iago affirme l’impiété
et le nihilisme du personnage. Les trilles diaboliques qui l’accompagnent, les sauts d’intervalles, les unissons retentissants
lui confèrent une couleur satanique. On découvre sa vraie personnalité : un « credo » (je crois) qui va jusqu’à l’évocation
de la mort.
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Otello : « Ora e per sempre addio » (Adieu à jamais)
voir en vidéo u
https://www.youtube.com/watch?v=_iTsN7hB--M
Rongé par la jalousie, Otello s’abandonne au désespoir et fait héroïquement ses adieux à la gloire, non sans une certaine
grandiloquence.
ACTE 3
Otello : « A terra, e piangi ! » (A terre!... et pleure !)
voir en vidéo u
https://www.youtube.com/watch?v=zZmBoc35_2M
Terrible imprécation d’Otello envers son épouse : il a déjà décidé avec Iago de la tuer ; il révèle ici à tous sa métamorphose
en un être violent, dont le tutti d’orchestre assène fortissimo la fureur. La douceur de Desdemona dans l’air qui suit n’y fera
rien.
Otello : « A terra! Sì, nel livido fango »
Sous les sons d’un orchestre déchaîné et devant une foule consternée, Otello entre dans une furie incontrôlable et jette sa
femme à terre.
ACTE 4
La chanson au saule : « O Salce » (O saule !)
voir en vidéo u
https://www.youtube.com/watch?v=NhJEZyAYaEg
La chanson du saule vient teinter de nostalgie les derniers instants de Desdemona, qui attend son époux perdue dans
de sombres pensées et pressent la mort. Verdi a essayé de suggérer trois voix dans son texte musical : celle de Barbara
dont Desdemona conte l’histoire (Elle pleurait en chantant dans la lande déserte, elle pleurait là désolée), celle du refrain
(Salce!...) (Saule, saule...) et celle de Desdemona elle-même qui commente le récit qu’elle chante en stile parlando.
Desdemona : « Ave Maria, piena di grazia » (Je vous salue Marie, pleine de grâce)
voir en vidéo u
https://www.youtube.com/watch?v=4SMXRilJfJ4
Desdemona fait une superbe prière à la Sainte Vierge lui demandant la protection de l’opprimé contre le puissant. Puis,
sans ajouter un mot, elle se couche.
4) Placido Domingo : Otello, le rôle de sa vie
Placido Domingo (Otello) et Teresa Romano (Desdemona) au Gala Placido
Domingo en 2009 aux Arènes de Vérone.
Extrait de Classica septembre 2013 n°155
« Il est l’un des quelques grands ténors du XXe siècle. Avec Caruso et Pavarotti,
il a marqué son époque bien au-delà de son art, tout chanté et tout enregistré.
Tout ? C’est ne pas connaître ce boulimique qui, à bientôt soixante-treize ans,
devenu baryton, prépare encore de nouveaux rôles.
Son dernier rôle de ténor italien (même s’y on chante français) sera probablement Cyrano de Bergerac de Franco Alfano,
que Paris découvre au Châtelet à l’été 2009. Puis, deux ans plus tard, viennent les adieux définitifs à Otello de Verdi. Tout
un symbole. Pendant trente-cinq ans, Domingo en a fait son double, parcourant le monde avec le Maure de Venise, s’y
montrant si électrique et s’identifiant avec une telle intensité au personnage qu’en son temps Laurence Olivier le félicita
pour cette incarnation. Aujourd’hui, Domingo aime toujours passionnément Otello, et n’imagine pas un instant endosser
l’habit de Iago, composition pourtant somptueuse pour un acteur de son calibre, et tout à fait dans ses cordes de baryton.
“ Iago n’arrive pas à la cheville d’Otello ! clame-t-il, je ne pourrai jamais chanter Iago car je ne pourrai pas être contre
Otello.”. Ce soir du 30 octobre 2011, à Londres, la messe est dite : Otello enterré, sa vie de ténor s’achève. »
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5) Le style verdien
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« Les style verdien est difficile à définir, on l’a ou pas. […] Techniquement, il faut
un contrôle de chaque note et du phrasé, et de l’ensemble de l’œuvre. […] Mais
Verdi, c’est aussi une urgence, parce que tout peut s’effondrer, dramatiquement,
à tout instant. Et il y a le style : puissant mais sans forcer, héroïque mais toujours
élégant, dramatique et aussi léger. Il faut colorer à chaque instant. Verdi disait
que l’interprétation devait naître de l’instant. C’est très important. Cela veut dire
qu’on peut se permettre des libertés. […] Et puis Verdi avait des voix claires à sa
disposition. Quand il veut quelque chose de sombre, il l’écrit. Cela ne veut pas
dire « barytonal ». C’est pourquoi on se méprend quand on veut chanter Otello
comme un baryton. Verdi a d’ailleurs hésité, et il a finalement choisi un ténor.
Quand on écoute Tamagno, il a une voix très claire. Verdi ne voulait pas deux violoncelles, mais un violon qui tend parfois
vers l’alto (Otello) et un violoncelle (Iago). »
Extrait d’une interview de Roberto Alagna dans Classica octobre 2013 n°156
6) La jalousie amoureuse à l’opéra
JALOUSIE (in. Dictionnaire de l’Académie Française, 6e édition, 1835)
Chagrin, dépit qu’on a de ne pas obtenir ou posséder ce qu’un autre obtient ou possède, comme la richesse,
les succès, la gloire, les talents, etc. Il s’emploie particulièrement en parlant de l’amour, et se dit surtout de la
crainte que la personne aimée n’éprouve un sentiment de préférence pour quelque autre, et soit infidèle.
Il se dit, quelquefois, de la crainte, de l’inquiétude, de l’ombrage qu’un prince, qu’un état donne à d’autres
par sa puissance, par ses forces.
« Petites jalousies, petites intrigues, tout est petit, tout est bassement méchant... »
Voltaire
Un Bal masqué de Giuseppe Verdi
Habités d’une passion réciproque aussi intense qu’impossible, Riccardo,
gouverneur de Boston, et Amélia déjà mariée, doivent renoncer à leur amour.
Cependant, Rénato, son mari, fidèle et dévoué conseiller de Riccardo, sera
aveuglé par une folle jalousie et persuadé que son honneur a été bafoué.
Il tuera le gouverneur par vengeance.
Les Pêcheurs de perles de Georges Bizet
Sur l’île de Ceylan, deux amis épris de la même femme, prêtent serment de ne pas
la séduire. La trahison de l’un deux brisera cette amitié et grandira l’autre par son
pardon et son sacrifice.
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Carmen de Georges Bizet
En Espagne, à Séville. Arrêtée à la suite d’une querelle, Carmen, bohémienne au
tempérament de feu, séduit le brigadier Don José, fiancé à Micaëla, et lui promet
son amour s’il favorise son évasion. Don José libère Carmen, et se fait emprisonner
à son tour. Il la retrouve deux mois plus tard parmi les contrebandiers. Pour
elle, José se fait déserteur, et enchaîné à sa passion dévorante pour Carmen, la
poursuit de sa jalousie. La bohémienne finit par le repousser, et seule Micaëla
parvient à ramener José au chevet de sa mère mourante. L’ultime rencontre
entre Carmen et Don José se déroule devant les Arènes de Séville : alors qu’elle
attend son nouvel amant, le torero Escamillo, José tente, dans une ultime
confrontation, de convaincre Carmen de revenir auprès de lui. Désespéré, Don José supplie, implore, menace, mais elle,
brave, refuse net: il la poignarde, avant de confesser son crime devant la foule.
Manon de Jules Massenet
L’action se déroule à Amiens, à Paris et sur la route du Havre, en 1721.
Manon, que son cousin Lescaut conduit au couvent, rencontre au relai de poste
d’Amiens le Chevalier des Grieux qui l’emmène à Paris. Au deuxième acte, la
coquette, apprenant par M. de Brétigny que le Chevalier des Grieux va être enlevé
le soir même par son père, accepte de suivre ce personnage qui fera d’elle la reine de
Paris. Au troisième acte, Manon en a déjà assez et soupire après son chevalier qui,
dit-on, va prononcer ses vœux. Un deuxième tableau se déroule au Séminaire de
Saint-Sulpice, où Manon reconquiert de haute lutte l’amant qu’elle avait abandonné.
Le quatrième acte se passe à l’hôtel de Transylvanie où des Grieux, introduit par Lescaut, joue et gagne. Pour se venger,
Guillot fait appeler la police ; l’intervention du comte des Grieux arrache son fils à la honte, mais Manon sera déportée en
Louisiane. Au cinquième acte, sur la route du Havre, des Grieux a juste le temps de revoir Manon pour recueillir son dernier
soupir.
Tosca de Giacomo Puccini
À Rome en 1800, le peintre Mario Cavaradossi vient en aide à un prisonnier
politique en fuite, Angelotti, ancien consul de la République, activement recherché
par Scarpia, le redoutable chef de la police qui traque tous les partisans de la liberté.
Le geste généreux de Cavaradossi va avoir de terribles conséquences. Scarpia,
faux dévot sans scrupule, convoite depuis longtemps la maîtresse du peintre,
la belle cantatrice Floria Tosca. Quoi de plus facile pour cet habile manipulateur
que d’utiliser la jalousie de l’ombrageuse Tosca pour reprendre Angelotti, perdre
Cavaradossi et posséder enfin sa maîtresse ?
Tosca sera le jouet des désirs et de la cruauté de l’implacable Scarpia jusqu’à l’instant où elle aura le courage de le poignarder
pour se soustraire à un odieux marchandage. Quand Tosca croit pouvoir s’échapper avec Mario de cet univers de terreur, la
mort les rattrape de la manière la plus cruelle.
Il Tabarro de Giacomo Puccini
Giorgetta n’est pas heureuse avec son mari le marinier Michele, qu’elle trouve trop taciturne. Il la soupçonne d’avoir pour
amant le jeune et beau Luigi, qu’il emploie sur sa péniche. Michele finira par étrangler son rival après lui avoir fait avouer
son amour pour Giorgetta.
Pagliacci de Ruggero Leoncavallo
Le 15 août, lors d’une journée festive, dans un village de Calabre, se déroule sur scène et dans la réalité, un drame de la
passion et de la jalousie qui se termine dans le sang.
La Voix humaine de Francis Poulenc
Une femme jeune et élégante dans sa chambre en désordre répond à l’appel téléphonique de son amant qui s’apprête à
la quitter. Au cours de cette ultime conversation, elle tente de le reconquérir passant de la tendresse à la passion, de la
menace de tentative de suicide au calme, des regrets aux accès de violence. Ce monologue occupe un acte d’une durée de
45 minutes environ.
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EN SAVOIR PLUS... SUR LE CONTEXTE
Que s’est-il passé en 1887 ?
6 janvier : Première apparition, dans le roman Étude en rouge d’Arthur Conan Doyle, du personnage du détective privé
Sherlock Holmes.
La première des aventures du détective Sherlock Holmes et de son ami le Docteur Watson est publiée en Angleterre. La
nouvelle «A study in scarlet» (Une étude en rouge) est écrite par le Docteur Arthur Conan Dyle. L’écrivain s’est inspiré
d’un de ses anciens professeurs d’Edimbourg pour créer le personnage de Sherlock Holmes. Les enquêtes du détective
britannique passionneront les lecteurs jusqu’en 1927. C’est en 1901 que sera publiée la plus célèbre de ses aventures
Le Chien de Baskerville.
28 janvier : Naissance d’Arthur Rubinstein (photo ci-contre), pianiste
polonais († 20 décembre 1982). Le pianiste polonais Arthur Rubinstein naît
le 28 janvier 1887, à Lodz. Il démarre sa carrière à Berlin dès 1898 après avoir
étudié à la Hochschule für Musik. Il voyage énormément des Etats-Unis à la
France où il s’installe. Sa notoriété prend forme dans les années 1930 au sein du
courant romantique. Remettant Chopin au goût du jour, son style se démarque
par une fluidité épurée de maniérisme. Il meurt le 20 décembre 1982 à Genève.
27 février : Décès d’Alexandre Borodine, compositeur, chimiste et médecin
russe (naissance le 12 novembre 1833).
14 mars : Proserpine de Camille Saint-Saëns, est créé à Paris.
20 avril : Première course automobile de l’Histoire entre Neuilly-sur-Seine et Versailles. L’ingénieur allemand Gottlieb
Daimler dépose le brevet d’un moteur à essence plus léger et plus rapide. Il travaillait depuis quelques années sur le
perfectionnement du travail de Nikolaus Otto, qui avait lui-même mis au point le moteur à quatre temps de Beau de
Rochas. Daimler devient ainsi le père du moteur automobile. Dès 1891, les Français Panhard et Levassor utiliseront son
invention. Créée en 1890, sa firme fusionnera avec celle de Benz en 1926.
25 mai : Un incendie lors de la 745e représentation de Mignon détruit
largement la seconde Salle Favart, siège de l’Opéra-Comique à Paris. à noter:
le théâtre de l’Opéra Comique fût le premier en France à être doté d’un
équipement totalement électrique ! Il fut pourvu d’un système d’éclairage
innovant pour l’époque, mis en place à la suite du dernier et terrible incendie
survenu en 1887. Cet incendie, provoqué par une défectuosité de l’éclairage
au gaz de la herse située au-dessus de la scène, coûta la vie à quatre-vingtquatre personnes dont quatre danseurs, deux choristes, quatre habilleuses,
quatre ouvreuses, et mit au chômage tout le restant du personnel. Suite à cet
incendie, l’éclairage à l’électricité devint obligatoire dans tous les théâtres et
cafés- concerts ainsi que le rideau de fer.
20 - 21 juin : Jubilé d’or de la reine Victoria du Royaume-Uni
7 juillet : Naissance de Marc Chagall
Le peintre français, Marc Chagall, de son nom russe Moïshe Zakharovitch Chagalov, est né le 7 juillet 1887 à Liozna, en
Biélorussie. Ses œuvres ne sont pas spécifiques à un style, même s’il est associé au surréalisme et au néo-primitivisme. Les
thèmes demeurent sa vie intime autour du folklore russe et du village juif. Il s’installe en France en 1910, où il décède le
28 mars 1985 à Saint-Paul de Vence.
28 juillet : Naissance de Marcel Duchamp
Issu d’une longue lignée familiale d’artistes-peintres, Marcel Duchamp naît le 28 juillet 1887 à Blainville-Crevon, en SeineMaritime. Autodidacte, il est à la fois peintre, homme de lettres et plasticien. Son influence s’étend tout au long du XXe
siècle jusqu’aux œuvres contemporaines. Il se rend célèbre par l’invention des ready-made, objets classiques du quotidien
élevés au rang d’objets d’art par choix de l’artiste. Naturalisé américain, il meurt le 2 octobre 1968 à Neuilly-sur-Seine.
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16 septembre : Naissance Nadia Boulanger (ci-contre), pianiste, compositrice, organiste, chef
d’orchestre et pédagogue française († 22 octobre 1979).
17 octobre : la France crée l’Union indochinoise (Cochinchine, Annam, Tonkin, Cambodge et Laos
en 1893) sous l’autorité d’un gouverneur général représentant la France (dont Lanessan, Paul
Doumer, Albert Sarraut). Si la royauté est conservée dans les protectorats, elle est vidée de toute
substance au profit des résidents. Les rois peu complaisants seront exilés.
13 novembre : « Bloody Sunday » à Londres où un manifestant indépendantiste irlandais trouve la
mort dans des affrontements avec la police.
Le savant allemand Heinrich Hertz découvre les ondes radio et l’effet photoélectrique.
Publication d’un des premiers ouvrages sur le béton armé par A.G. Wayss.
Invention du disque en cire par Emile Berliner, qui permet une reproduction fidèle des ondes sonores. En 1889, il inventera
le gramophone.
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LES CHANTEURS LYRIQUES [ CANTOR / CANTATRICE ]
Et quand tout ce beau monde se met à chanter ensemble duos
d’amour, trio, quatuor, quintette (Rossini est le spécialiste
des disputes et autres règlements de compte familiaux), c’est
l’occasion d’entendre les complémentarités entre tessitures
masculines et féminines.
© SOPHIE CHAUSSADE
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en savoir plus... sur la voix
Selon que l’on soit un homme, une femme ou un enfant,
le chant lyrique connaît une classification spécifique par
tessiture. À savoir la partie de l’étendue vocale ou de son
échelle sonore qui convient le mieux au chanteur, et avec
laquelle il évolue avec le plus d’aisance.
Les tessitures sont associées à des caractères : en
général, les méchants ou les représentants du destin
(mains vengeresses) comme Méphistophélès dans Faust,
Le Commandeur dans Don Giovanni ou Zarastro dans La
Flûte Enchantée sont basses.
Le héros est ténor ou baryton. Le baryton est plus un
double vocal du héros, l’ami, un protagoniste, un intrigant.
Les héroïnes, âmes pures bafouées, victimes du destin,
sont sopranos comme Gilda dans Rigoletto ou concernent
les rôles travestis : Chérubin dans Les Noces de Figaro,
Roméo dans Les Capulets et les Montaigus ou Octavian
dans Le Chevalier à la Rose. Il existe des sopranos lyriques,
légers, coloratures selon la maturité vocale du personnage.
On associe également à des compositeurs des caractères
vocaux (soprano wagnérienne, verdienne). Ils ont
composé spécifiquement pour valoriser ces tessitures.
Les matrones, servantes, nourrices, confidentes,
pendant négatif ou positif de l’héroïne sont souvent
des mezzosopranos mais elles peuvent endosser le rôle
principal, comme Carmen de Bizet ou Marguerite du
Faust de Gounod. Une voix plus rare, la contralto ou alto
est la voix la plus grave qui possède une sonorité chaude
et enveloppante, par exemple : Jezibaba, la sorcière de
Rusalka.
Enfin, les enfants sont assimilés à des sopranes, ils
interviennent fréquemment en chorale, comme dans le
Chœur des Gamins de Carmen.
Il n’est pas exagéré de comparer la vie professionnelle d’un
chanteur d’opéra à celle d’un sportif de haut niveau.
Acquérir une voix lyrique, c’est-à-dire une voix cultivée, prend
plusieurs années. Il faut commencer jeune, après la mue pour
les garçons et vers 17 ou 18 ans pour les filles. La voix lyrique
se distingue par la tessiture et la puissance. Le corps est
l’instrument de la voix car il fait office de résonateur.
Le secret de la voix lyrique réside dans le souffle. Il faut
apprendre à stocker méthodiquement l’air, puis chanter
sans que l’on sente l’air sur la voix. Cela nécessite d’ouvrir
la cage thoracique comme si l’on gonflait un ballon, c’est
une respiration basse, par le ventre, maintenue grâce au
diaphragme. Cette base permet ensuite de monter dans les
aigus et de descendre dans les graves, sans que la voix ne soit
ni nasale ni gutturale.
Les vocalises, basées sur la prononciation de voyelles,
consonnes, onomatopées servent à chauffer la voix en
douceur et à la placer justement.
Vous pouvez être surpris de voir l’expression du visage des
chanteurs lorsqu’ils sont plongés dans l’interprétation d’une
œuvre. Les mimiques, la gestuelle des chanteurs que l’on peut
trouver caricaturales, sont souvent des aides techniques.
Il faut dégager le voile du palais comme un bâillement,
écarquiller les yeux d’étonnement.
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LES INSTRUMENTS DE L’ORCHESTRE
LES INSTRUMENTS À VENT : LES BOIS
LA FLÛTE TRAVERSIÈRE
Dans la première moitié du XIXe siècle, Théobald Bœhm développe et améliore considérablement
la flûte qui est un instrument très ancien. Elle n’a pas évolué depuis. Il positionna tous les trous
nécessaires à leur emplacement idéal pour jouer dans toutes les tonalités. Il ne tient pas compte de
la «jouabilité» : il y a bien plus de trous que le joueur ne possède de doigts. Ils sont, de plus, placés
parfois hors de portée. Ensuite, il mit au point le mécanisme qui permet de boucher et déboucher
les trous.
LE HAUTBOIS
Le hautbois d’orchestre actuel est d’origine française. Il tient sa facture moderne d’un
perfectionnement du début du XXe siècle. Employé davantage dans l’orchestre à l’époque
romantique, il revient actuellement comme instrument soliste. Le hautboïste donne le « LA » à
l’orchestre lorsqu’il s’accorde.
LA CLARINETTE
Son nom vient du latin « clarus » qui signifie clair. Elle a été inventée en Allemagne à la fin du XVIIe
siècle à partir d’un instrument préexistant : le chalumeau dont-on a augmenté l’étendue. Elle est
modifiée au XIXe siècle pour atteindre le perfectionnement que nous lui connaissons aujourd’hui. Il
en existe une multitude de types, plus ou moins graves. Il s’agit de l’instrument à vent possédant
la plus grande étendue : 45 notes.
LE BASSON
Le basson est de la famille du hautbois. La sonorité du basson est mordante dans le grave et
étouffée dans l’aigu. Le dulcian est l’ancêtre du basson qui permet un jeu plus aisé. Au XIXe siècle
le basson allemand se différencie du basson français, si bien qu’il faut un grand travail pour passer
de l’un à l’autre. Le basson allemand est le plus joué.
LE SAXOPHONE
Le saxophone est de la famille des bois mais n’a jamais été fabriqué en bois.
Le saxophone a été inventé par le belge Adolphe Sax en 1846. Il souhaitait créer un nouvel
instrument pour l’orchestre et en fit la publicité auprès des compositeurs de son époque comme
Berlioz. Mais c’est plus la musique militaire et le jazz qui le rendirent célèbre.
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LES INSTRUMENTS À VENT : LES CUIVRES
LE COR
Aux XVIe et XVIIe siècles, le cor, ou trompe de chasse, est limité comme le clairon qui peuple nos
fanfares. Il a été plusieurs fois amélioré, en y ajoutant des pistons, pour pouvoir figurer dans
l’orchestre. Il devient « cor d’harmonie » avant de devenir « cor chromatique » et enfin « double
cor » en acquérant de nouvelles sonorités au milieu du XIXe siècle.
LA TROMPETTE
La trompette est un très ancien instrument de musique. Fabriquée en os, en bois, en cornes ou
utilisant des coquillages, elle servait à communiquer, donner l’alarme ou effrayer des ennemis, des
animaux dangereux. Dans son évolution, elle garde un côté guerrier et militaire. Les cérémonies
romaines sont ponctuées de sonneries à la trompette. Les casernes aujourd’hui sont encore
rythmées par le clairon. Les chasseurs sonnent le cor lors des battues. La trompette reste
longtemps
un instrument limité avant l’invention du piston qui lui donne son allure actuelle.
LE TROMBONE
L’origine du trombone est très ancienne. Il descend de la saqueboute utilisée au Moyen-âge. Son
succès connaît des hauts et des bas. Il disparaît et revient plusieurs fois au goût du jour. C’est
au XVIIIe siècle qu’il revient définitivement. Sa coulisse est apparue au IXe siècle, cette originalité
donne des possibilités uniques qui attireront de nombreux compositeurs.
LE TUBA
Le tuba a une histoire complexe. « Tuba » signifie « trompette » en latin et n’a pas toujours désigné
l’instrument que nous connaissons aujourd’hui. C’est au XIXe siècle qu’Adolphe Sax et l’invention
des pistons lui donnent la forme que nous pouvons voir dans les orchestres symphoniques:
LES INSTRUMENTS À CORDES : LES CORDES FROTTÉES
LE VIOLON
Il se situe au terme de l’évolution des cordes à archet. Ses ancêtres datent du IXe siècle au moins
auxquels furent ajoutées petit à petit des caisses de résonance. Au XVIIIe siècle il remplace les violes
de gambe dans la musique de chambre comme dans les orchestres symphoniques. Pour tous les
luthiers, le modèle de référence est celui du célèbre Antonio Stradivari (1644-1737).
L’ALTO
Il est plus grand que le violon sans que sa taille soit clairement définie : elle peut varier de 10
centimètres. En fait, la forme de l’alto n’est pas la forme idéale qu’il devrait avoir. Pour sa tonalité, il
devrait être plus gros, plus grand. Mais il doit garder une taille jouable ; peu épais pour pouvoir se
loger sur l’épaule de l’altiste, ne pas avoir un manche trop grand... Bref, l’alto est un compromis.
Seul son timbre est clairement reconnaissable, très chaud dans les graves. Il a longtemps été le
parent pauvre des orchestres. Quelques œuvres pour alto ont été écrites par des compositeurs
romantiques tel Carl Ditters von Dittersdorf.
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LE VIOLONCELLE
Les premiers violoncelles apparaissent au milieu du XVIe siècle. Ils viennent concurrencer fortement
l’instrument roi de l’époque : la viole. Le rejet a été très fort en France et il devient populaire par
l’Allemagne où J.S. Bach lui consacre ses très célèbres Suites pour violoncelle seul. Longtemps
contenu à des rôles d’accompagnement, c’est avec les orchestres symphoniques modernes qu’il
s’installe définitivement.
LA CONTREBASSE
La contrebasse est le plus grand (entre 1,60m et 2m) et le plus grave des instruments à cordes
frottées. Elle est apparue plus tardivement que les violons, altos et violoncelles. Les partitions
d’orchestre pour contrebasse se contentent souvent de doubler les violoncelles à l’octave inférieure.
Mais la richesse de son jeu a incité les compositeurs à lui consacrer plus de place. Les jazzmen
l’affectionnent particulièrement et ont inventé de nombreux modes de jeux avec ou sans archet,
voire même avec l’archet à l’envers, côté bois.
LES INSTRUMENTS À CORDES : LES CORDES PINCÉES
LA HARPE
La harpe fait partie des instruments les plus vieux qui existent : sa première forme remonte à
l’époque égyptienne (vers 2000-3000 av. J.C.). Elle a été très prisée au Moyen-âge. C’est en 1697
qu’un allemand invente un mécanisme à pédales qui lui redonne du succès.
LE CLAVECIN
Le clavecin peut être muni de un, deux ou trois claviers. Il apparaît au début du XVIe siècle, dérivé
du psaltérion. Tout d’abord simple remplaçant du luth comme instrument d’accompagnement
du chant, il prend une importance croissante jusqu’au XVIIIe siècle. Puis il est abandonné pour le
pianoforte avant de réapparaître au XXe siècle avec la grande claveciniste Wanda Landowska.
LE PIANO (CORDES FRAPPÉES)
Le piano que nous connaissons aujourd’hui est le fruit d’une très longue évolution. L’antique
tympanon fût le premier des instruments à cordes frappées. Mais c’est le clavicorde qui est le
précurseur de notre piano. Toutefois, entre le clavicorde et le piano, tous deux à cordes frappées,
deux siècles s’écoulent où le clavecin, à cordes pincées, fait son apparition. Il faut attendre la
seconde
LES PERCUSSIONS
La famille des percussions se répartie en deux catégories : les membranophones et les idiophones.
Les membranophones sont construits autour d’une membrane ou de cordes qui vibrent au-dessus
d’une caisse de résonance lorsqu’on les frappe. Le son est amplifié par cette caisse. On peut citer les
tambours (membrane), les cymbalums (cordes). Les idiophones sont les instruments dont le corps
est lui-même l’élément sonore. Citons les castagnettes, les carillons ou le triangle.
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LES INGRÉDIENTS DE L’OPÉRA
L’AIR OU L’ARIA
Passage d'un opéra, généralement détachable dans
lequel un personnage seul chante avec accompagnement
d'orchestre. Les quatre structures les plus répandues de
l'air sont :
LE CONTINUO
Accompagnement en partie improvisé du récitatif, confié
simultanément ou successivement à des instruments aussi
divers que le clavecin, l'orgue, la harpe, le luth…
- L'ARIA DA CAPO
LE THÈME
En musique, phrase musicale répétée au moins une fois.
Le terme est utilisé dès qu'une phrase musicale apparaît
plusieurs fois dans une même œuvre. Le thème peut être
associé à un personnage, un objet, un sentiment ou une idée.
Wagner inventera le leitmotiv, "motif conducteur".
Sous la forme d'une première partie (A), puis d'une
deuxième (B), puis à nouveau de A "orné" c'est-à-dire
décoré de notes virtuoses ajoutées par le chanteur selon
son bon vouloir et ses capacités.
- L'AIR EN RONDO
Sous la forme A B A C A, la partie A jouant pour ainsi dire le
rôle de refrain, avec des "couplets" différents.
- L'AIR EN DEUX PARTIES
AB qui correspond généralement à un Lent-Vif
- L'AIR CONTINU
Il se construit sans articulation marquée et qui s'enchaîne
avec la suite de la partition.
LE RÉCITATIF
Passage d'une partition où le rapport texte musique est
inversé en faveur du texte. Le récitatif permet à l'action
d'avancer. Le chanteur adopte un débit proche du langage
parlé. Ce "réciter en parlant" recitar cantando, est d'ailleurs
à l'origine de l'opéra.
L’OUVERTURE OU SINFONIA OU PRÉLUDE
Page de musique purement orchestrale jouée au début,
rideau fermé. Plusieurs types d'ouverture existent : celle
qui n'a aucun rapport avec la suite de l'histoire, celle qui
est une sorte de "pot pourri" des thèmes musicaux les
plus importants de l'opéra, celle dite "wagnérienne" en
référence au compositeur qui introduisait une pincée de
thèmes à développer plus tard dans le drame.
L’ENSEMBLE
Passage d'un opéra où deux personnes au moins joignent
leurs voix. Les duos, les trios, les quatuors et autres
quintettes sont donc des ensembles.
LA MUSIQUE DE SCÈNE
Présence d'un petit groupe instrumental sur la scène ou en
coulisses, ce qui crée un effet de distance entre la musique
"pure" qui jaillit de la fosse d'orchestre et d'une musique
"fictive" qui fait partie intégrante de l'histoire.
LE LIVRET
Ce sont les paroles de l'opéra. Le mot vient de l'italien
"libretto"; "petit livre" désignant le texte des opéras.
L'adéquation entre un livret et une musique tient a tant à
la bonne collaboration entre le librettiste et le compositeur
qu'au choix du sujet abordé
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Conférence gratuite
2015-2016 Opéra de massy
ACTION CULTURELLE
“Otello, dernier opéra tragique de Verdi, prend son équilibre entre influence wagnérienne et tradition italienne. Edmond
Lemaître nous entraîne dans ce chef-d’œuvre que les contemporains qualifièrent parfois de complexe et intellectuel. “
par Edmond Lemaître ( musicologue )
Otello ou la réponse italienne à l’idéal esthétique allemand.
Mardi 3 novembre - 19h à l’auditorium
Renseignements et inscriptions au 01 69 53 62 26
L’OPéRA ACCESSIBLE
© christian dresse
L’Opéra de Massy est équipé d’un matériel d’amplification (casques et boucles magnétiques)
à destination des publics sourds et malentendants.
Disponible sur tous les spectacles de la saison sur simple demande.
Renseignements au 01 69 53 62 26.
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