Dr Anne M. WALDER Ph.D. - CHE-168.840.137 RC
professionnelle située dans une pluralité
d’approches disciplinaires. En 2008, Eymard,
évoquant les professionnels du secteur de
l’éducation thérapeutique du patient, soulignait
que « les éclairages disciplinaires sont
nombreux. Tous ces modèles sont utilisés, voire
combinés par les soignants qui ont plus ou
moins connaissance de leurs fondements » (p.
3). Ce constat est sans doute généralisable à
l’activité infirmière qui se situe dans un
environnement complexe de soins et d’acteurs.
Cependant, cela ne suffit pas à définir la
disciplinarité des sciences infirmières. « La
disciplinarité est importante, car elle est le lieu
de la spécialisation et par la même le support du
développement scientifique des savoirs
infirmiers » (Eymard, 2010, p.5). Plus
précisément, puisque notre propos est de porter
le débat sur la formation infirmière, il semble
essentiel de s’interroger sur la création d’une
« science de l’enseignement infirmier » qui
pourrait refléter les innovations pédagogiques
actuelles. Dans cette optique, la construction
disciplinaire est en partie dépendante de la
définition et de la maîtrise de concepts
fondateurs. « Elle est donc indissociable des
travaux de recherche qu’elle conduit et de leur
diffusion, des concepts qu’elle génère, de la
didactisation de ses savoirs » (Eymard, 2010,
p.5).
Le concept de transposition didactique
Le concept « transposition didactique » est une
construction sémantique où étymologiquement,
le terme « transposer » est emprunté (v. 1180)
au latin transportare, et signifie « porter à un
autre endroit » (Rey, 1992, p. 2157), alors que le
terme « didactique » est pour sa part emprunté
(1554) au grec didaktikos qui signifie « propre à
instruire », « relatif à l’enseignement », de
didaktos, adjectif verbal de didaskein
« enseigner, faire savoir » (Rey, 1992, p. 392).
Le concept de transposition didactique est à
comprendre sémantiquement comme l’action de
déplacer le savoir de manière à le rendre propre
à être enseigné. La genèse du concept de la
transposition didactique est à attribuer au
sociologue Verret (1975) qui s’intéressait au
phénomène de transmission des savoirs en tant
qu’action humaine comportant des contraintes et
donc des répercussions sur les savoirs
enseignés. Cependant, c’est Chevallard,
didacticien des mathématiques, qui va donner
une définition formelle du concept. « Un contenu
de savoir ayant été désigné comme savoir à
enseigner subit […] un ensemble de
transformations adaptatives qui vont le rendre
apte à prendre sa place parmi les objets
d’enseignement. Le « travail » qui d’un objet de
savoir à enseigner fait un objet d’enseignement
est appelé la transposition didactique »
(Chevallard, 1985/1991, p. 39). Issu de
disciplines épistémologiquement ancrées dans
les sciences exactes (mathématiques, physique,
etc.), le concept de transposition didactique s’est
étendu aux sciences humaines. Ainsi, des
chercheurs ont transféré ce concept à des
disciplines où les savoirs savants sont moins
prégnants, en énonçant des dimensions
nouvelles : les « savoirs d’experts » (Joshua,
1996, p. 73) ou les « pratiques sociales de
références » (Martinand, 1986, p. 137). En
pratique, le processus de transposition
didactique comporte deux étapes : la
« transposition didactique externe » qui consiste
à transformer les savoirs scientifiques (ou objets
de savoirs) en objets d’enseignement et la
« transposition didactique interne » qui produit
des transformations complexes dans le cadre de
la relation didactique. « Les autres
transformations qui se produisent dans le cadre