L`efficacité des programmes de fidélisation dans le secteur

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Business School
WORKING PAPER SERIES
Working Paper
2014-259
L’efficacité des programmes de
fidélisation dans le secteur hôtelier :
proposition d’un cadre conceptuel
Lubica Hikkerova
Jean-Michel Sahut
http://www.ipag.fr/fr/accueil/la-recherche/publications-WP.html
IPAG Business School
184, Boulevard Saint-Germain
75006 Paris
France
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peer-reviewed and may not be reproduced without permission of the authors.
L’efficacité des programmes de fidélisation dans le secteur
hôtelier : proposition d’un cadre conceptuel
Lubica Hikkerova
IPAG Business School, Paris
Université Matej Bel (Banska Bystrica, Slovaquie)
Jean-Michel Sahut
IPAG Business School Paris.
Cerege-Université de Poitiers
Résumé
La généralisation des programmes de fidélisation dans le secteur touristique nous amène à s’interroger
sur leur pouvoir différenciant et plus globalement sur l’avantage réel qu’ils procurent pour les firmes. Nous
proposons, dans le cadre du secteur hôtelier, un modèle conceptuel sur les déterminants de la fidélité à un hôtel
ou une chaîne d’hôtels. L’hypothèse sous-jacente est de déterminer si un programme de fidélisation et ses
avantages associés arrivent à rendre les autres facteurs de choix secondaires et à modifier ainsi la probabilité de
choix de l’hôtel. Plus précisément, on cherche à mieux comprendre les antécédents de l’engagement et la
confiance ainsi que la manière dont ces facteurs influencent la fidélité des clients d’une part, l’impact des
programmes de fidélisation d’autre part.
The effectiveness of loyalty programs in the hospitality industry: a conceptual
framework
Abstract
The widespread use of loyalty programs in the tourism sector raises questions about their differentiating capacity
and more globally on the real advantages they offer firms. We propose, in the hotel sector, a conceptual model
on the determinants of loyalty to a hotel or a hotel chain. The subjacent hypothesis is to determine if a loyalty
program and its associated perks manage to make other factors which influence choice of secondary importance
and thus modify the probability of the hotel being chosen. More precisely, we seek to better understand the
antecedents of commitment and trust as well as look at how these factors influence customer loyalty on the one
hand, the impact of loyalty programs on the other.
Post Print : Gestion 2000.
1
L’accroissement de la concurrence oblige les entreprises à chercher constamment le
moyen d’être plus attractives et donc compétitives. Comme les coûts de rétention d’un client
serait moins élevés que les coûts d’acquisition, de nombreuses firmes ont lancé des
programmes de fidélisation. Ces programmes sont définis comme des actions marketing
visant à récompenser et donc à encourager les comportements fidèles. Leur coût par rapport
aux bénéfices qu’ils rapportent aux firmes a amené de nombreux auteurs à s’interroger sur
leur efficacité réelle (Meyer-Waarden, 2002). En effet, le coût des programmes est souvent
sous estimé (et a amené certaines firmes à le revoir comme Air France avec son programme
Flying Blue) d’une part, l’imitation des concurrents anéantit peu à peu l’avantage
concurrentiel qu’il représentait initialement.
Le secteur touristique a été le pionner dans ce domaine avec les compagnies aériennes
puis les chaînes hôtelières. Cet article propose donc de s’interroger sur l’efficacité des
programmes de fidélisation dans le secteur hôtelier. Cela suppose de hiérarchiser les
déterminants de la fidélité : un client est-il fidèle à un hôtel ou une chaîne d’hôtels pour des
raisons pratiques et de confort, ou alors parce qu’il est satisfait, ou encore parce que le
programme de fidélisation suscite son intérêt, ou enfin pour tous ces facteurs réunis ? La
réponse à ces questions devrait permettre de déterminer si un programme de fidélisation et ses
avantages associés arrivent à rendre les autres facteurs de choix secondaires et à modifier
ainsi la probabilité de choix de l’hôtel. Plus précisément, on cherche à mieux comprendre les
antécédents de l’engagement et la confiance ainsi que la manière dont ces facteurs influencent
la fidélité des clients d’une part, l’impact des programmes de fidélisation d’autre part. Après
une revue de la littérature des théories de la fidélité, nous proposons un modèle conceptuel
visant à d’expliquer la fidélité du consommateur à un hôtel ou une chaine hôtelière et donc à
évaluer l’efficacité des programmes de fidélisation.
I/ De la fidélité à la fidélisation
Dans cette section, nous proposons une revue synthétique des principaux apports de la
littérature en marketing sur les concepts de fidélité et fidélisation afin de mieux comprendre
leurs liens intrinsèques.
1) Du paradigme transactionnel au paradigme relationnel
L’approche marketing de l’échange a connu durant ces dernières décennies des évolutions
remarquables dues aux changements de préoccupations des firmes. En effet, le concept de
marketing traditionnel s’intéresserait principalement à la satisfaction des besoins et des désirs
du consommateur ainsi qu’à la création d’une orientation vers un produit ou une marque sans
prise en compte du lien social possible entre les acteurs. Dans ce cadre, la communication
entre les coéchangistes (entreprises et clients) était presque inexistante. Ces derniers étaient
considérés comme totalement étrangers et n’éprouvant aucun intérêt quant à la personnalité de
2
leur partenaire car le rôle qui leur était attribué consistait à respecter leurs obligations
conformément aux termes de l’échange. Cet échange, nommé par les chercheurs « échange
transactionnel » (Dwyer et al., 1987) ou également « échange restreint », possède également
un caractère discontinu dans le sens où chaque transaction réalisée est considérée comme
étant unique et indépendante des autres transactions qui ont déjà eu lieu ou qui pourraient se
conclure à l’avenir. Le client n’a aucune préférence, ni considération, ni fidélité vis-à-vis du
vendeur. Réciproquement, le vendeur n’exprime aucune envie de connaître les préférences du
client, ni sa perception et évaluation personnelle du produit ou service vendu. Cette vision très
restrictive de l’échange a été critiquée compte tenu de ses limites à expliquer les
comportements et pratiques réelles. Elle laisse progressivement la place à une nouvelle voie
de recherche qui s’est développée ces dernières décennies, aussi bien sur le plan théorique que
pratique, laquelle se focalise sur la notion d’échange relationnel et fait de la relation entre les
partenaires l’objet principal de l’analyse (Oliver, 1999).
Ce concept d’échange relationnel se caractérise par son aspect réaliste reposant sur deux
hypothèses de base à savoir ; le caractère temporel continu du processus d’échange, et
l’existence de lien social entre les deux parties de l’échange (entreprises et client). Nous
remarquons ici l’introduction de la notion de coopération entre les deux partenaires pour la
réussite de l’acte d’échange dans un cadre relationnel. Cela sous-tend un certain niveau de
connaissance et de compréhension réciproque entre les coéchangistes, qui nous ramène à
supposer que le développement de liens sociaux entre les acteurs favorise le maintien des
partenaires dans la relation.
L’existence d’une relation partenariale entre les deux acteurs entraîne la réduction
d’incertitude entre eux, l’augmentation de la fréquence des échanges, et une meilleure
circulation de l’information, permettant ainsi à chaque partie une meilleure connaissance des
attentes de son partenaire, et créant un environnement de confiance partagée et d’engagement
mutuel. C’est dans ce cadre que se construit la fidélité du consommateur.
2) Typologie des théories de la fidélité en marketing
Les chercheurs en marketing se sont intéressés fortement ces dernières décennies au concept
de fidélité (notamment à la marque) pour tenter de le définir et mesurer précisément. Pour
préciser ce concept, nous retenons la définition avancée par Jacoby et Keyner (1973) qui
stipulent que la fidélité est « une réponse comportementale biaisée (car non aléatoire)
exprimée dans le temps par une entité de décision, considérant une ou plusieurs marques
prises dans un ensemble, en fonction d’un processus de décision ». Ainsi, un comportement
d’achat répété (dans le temps), et orienté (non aléatoire), ainsi qu’une attitude favorable
doivent être observés pour introduire la notion de fidélité.
3
Cette définition pose une question sous-jacente : est-ce que pour parler de fidélité, les
chercheurs doivent se limiter à l’observation et la description des comportements, ou doiventils prendre en compte également les sensations, les croyances, les intentions et les attitudes
des acteurs ? En effet, les recherches initiales reposant sur l’observation et la description des
comportements d’achats répétés pour caractériser la fidélité (approche behavioriste) ont été
largement critiquées car elles ne tiennent pas compte du processus cognitif influençant la
décision d’achat. De nouvelles approches ont alors émergé considérant que la fidélité est
formée, en plus du comportement d’achat répété, d’un ensemble de facteurs psychologiques
d’évaluation et de prise de décision d’ordre cognitif, affectif ou conatif.
La littérature a essayé de cerner certaines variables explicatives de la fidélité que nous
synthétiserons dans ce qui suit, sachant qu’à ce jour tous les facteurs qui peuvent être associés
à la fidélité ne sont pas encore identifiés :
1) La fidélité dépend des attitudes envers une marque ou un prestataire. Ces attitudes ont
été définies comme étant l’ensemble des intensions et prédispositions établies à partir
des achats précédents et construisant un comportement de fidélité. Ce concept a fait
l’objet de nombreuses recherches, toutefois, le reproche majeur qui lui a été attribué
concerne essentiellement les problèmes de fiabilité et de validité des mesures
attitudinales,
2) Pour un consommateur, l’intention de ré-achat ne conduit pas automatiquement à la
décision effective. En fait, une phase de réévaluation est introduite pour identifier la
conformité des attentes à la qualité réelle (suite à l’expérience de consommation), d’où
l’introduction de la notion de la satisfaction1 comme antécédent à la fidélité,
De ce fait, la satisfaction éprouvée envers une marque va stimuler la préférence pour
cette marque, favoriser la construction d’attitude positive, renforcer l’intention de réachat, et par la suite conduire à la fidélité.
3) La fidélité se construit et se développe dans le cadre d’une relation durable que le
client établit avec l’entreprise suite à ses différentes expériences de consommation. La
confiance et l’engagement mutuel constituent donc des facteurs déterminants pour le
maintien de la relation et la construction de la fidélité.
La littérature a accordé un grand intérêt à ces deux concepts déterminants de la qualité
relationnelle dont nous nous limitons, dans cet article, à donner de brèves définitions.
L’engagement a été définit dans la littérature comme étant une promesse implicite ou
explicite de la continuité de la relation entre les partenaires de l’échange, c’est
également le désir de maintenir une relation appréciée.
1
De Wulf., Oderkerken-Schroder & Iacobucci (2001), Garbarino & Johnson (1999).
4
Plus récemment2, l’engagement a été identifié en tant que concept à deux dimensions,
l’une cognitive ou calculée liant la continuité de l’échange aux anticipations de gains
ou de pertes issues du maintien ou cessation de la relation, et l’autre dimension est
affective reflétant le degré d’attachement envers la marque ou l’entreprise,
l’appréciation du partenaire, le partage d’intérêts et de valeurs communes.
D’autre part, la confiance3 a été abordée dans la littérature selon plusieurs aspects qui
la construisent tels que l’honnêteté, la fiabilité, la réduction de l’incertitude, la
crédibilité et la bienveillance.
4) La fidélité est également influencée par les coûts de changement dans le sens où les
efforts déployés par un consommateur pour changer de prestataire ou de marque sont
importants par rapport aux gains espérés de ce changement, qui peuvent parfois
s’avérer non significatifs.
Il en résulte que la création d’une relation durable et solide avec le client devient une
préoccupation majeure pour les entreprises. La recherche de la satisfaction des intérêts du
client aussi bien cognitifs qu’affectifs devient primordiale, et la firme cherche à bâtir avec ses
clients une relation continue et axée sur le long terme dans le cadre d’un marketing
relationnel. De nombreuses entreprises se sont donc lancées dans des programmes de
fidélisation coûteux dont l’efficacité ne serait pas garantie. Dans le cadre de cette réflexion sur
l’efficacité de ces programmes, il nous parait nécessaire de s’interroger sur les antécédents de
la fidélité et d’appréhender la manière dont les programmes de fidélisation les influencent.
II/ La fidélité de la clientèle hôtelière : une proposition de modèle conceptuel
Sur la base de la revue de la littérature, nous proposons un modèle conceptuel 4 permettant
d’expliquer la fidélité du consommateur à un hôtel ou une chaine hôtelière. Ce modèle repose
sur deux concepts ; l’engagement et la confiance, dont on cherche à identifier les antécédents :
(les facteurs économiques, liés et sociaux) ainsi que l’influence des programmes de
fidélisation.
* Le triptyque confiance-engagement-fidélité
Pour définir le concept de confiance, nous nous référons à Gefen et al. (2003) pour lesquels
« la confiance est un ensemble de croyances relatives à l’honnêteté, à la bienveillance (le
partenaire de l’échange devrait agir dans les intérêts de l’autre partie), à la compétence (la
2
Ganesan. & Hess (1997), Gilliland & Bello (2002)
Gurviez & Korchia (2002)
4
Selon Gravitz (1988), un modèle conceptuel est « une représentation idéale cherchant à expliquer un
phénomène ».
3
5
capacité du partenaire à répondre aux besoins de l’autre partie) et à la prédictibilité (le
comportement du partenaire devrait être constant et prévisible) du fournisseur de services ».
L’engagement a de nombreuses définitions dans la littérature en marketing et a fortement
évolué ces dernières années. C’est pourquoi, nous retenons celle de Rylander et al. (1997)
pour lesquels l’engagement correspond au désir de développer entre un consommateur et une
firme une relation durable dans l’objectif de générer des bénéfices à long terme pour les deux
partenaires.
En se référant à Mc Knight et al. (2002), on relie la confiance et l’engagement à la théorie de
l’action raisonnée (Fishbein et Ajzen, 1975). Ainsi, les réactions du consommateur peuvent
être modélisées par la séquence suivante: croyance, attitude, intention, comportement. Par
analogie à cette proposition, nous supposons que la confiance (exprimée en tant que croyance)
entraîne l’engagement du consommateur (attitude). Cet engagement donne lieu, ensuite à une
intention et un comportement effectif de réachat exprimé à travers la fidélité
comportementale. La confiance apparaît alors comme un élément implicite dans l’intention de
fidélité et constitue un facteur fondamental dans l’orientation à long terme du consommateur
(Chaudhuri et Holbrook, 2001).
Bien que la thèse de l’influence de la confiance sur la dimension attitudinale de la fidélité
(engagement) soit plus soutenue, celle qui suggère l’impact positif de la confiance sur la
dimension comportementale de la fidélité trouve également un certain appui théorique et
empirique (Jarvenpaa et Tractinsky, 1999).
En se référant aux résultats des recherches mentionnées ci-dessus, nous formulons les
hypothèses suivantes :
H1 : Pour un consommateur, la confiance dans une firme est positivement liée à son
engagement vis-à-vis de cette firme,
H12b : L’engagement est associé à une plus forte fidélité,
H12c : La confiance est associée à une plus forte fidélité.
* L’impact médiateur des programmes de fidélisation
Les consommateurs adhèrent à un programme de fidélisation dans l’objectif d’accroître leur
utilité par des gains (monétaires ou en nature) supplémentaires ou une meilleure
reconnaissance (services additionnels liés au programme). Les programmes de fidélisation
apparaissent dans notre modèle conceptuel comme une variable médiatrice. Il importe donc
d’identifier comment leurs avantages sont jugés par les consommateurs, s’ils influencent leur
engagement et confiance vis-à-vis de l’hôtel et par conséquent leur décision d’achat de nuitée.
On aboutit ainsi aux hypothèses suivantes :
H2 : Les programmes de fidélisation sont associés à un degré élevé d’engagement.
H3 : Les programmes de fidélisation sont associés à un degré élevé de confiance.
H12a : Les programmes de fidélisation sont associés à une plus forte fidélité.
6
Nous allons maintenant nous intéresser aux antécédents de l’engagement et de la confiance,
que nous avons regroupés en trois catégories : les facteurs économiques, les facteurs liés et les
facteurs sociaux.
Selon Meyer-Waarden (2002), la confiance, l’engagement et les programmes de fidélisation
renforcent la dépendance fonctionnelle du client par rapport à l’entreprise à la fois de manière
positive du fait d’une valeur économique perçue plus importante de la relation fournisseurclient, et négative via une augmentation de la perception des coûts de changement. Dans le
domaine des services, les coûts de changement comprennent les coûts en termes de temps,
d’argent et d’effort nécessaire pour changer de prestataire. L’hôtellerie ne peut pas facturer
des coûts de changement explicites, à l’inverse de certains autres secteurs (comme la banque
au travers des frais de fermeture et transfert de compte). Le seul recours des hôtels est de créer
une proposition de valeur telle qu’il devient difficile pour le client de trouver un substitut chez
les concurrents. Ainsi, un des objectifs des programmes de fidélisation est d’accroître la
proposition de valeur pour le consommateur et par conséquent la valeur perçue des coûts de
changements de manière à le verrouiller. De plus, la perception de cette proposition de valeur
est liée à son degré d’engagement vis-à-vis de la firme. En effet, un consommateur qui a
investi significativement dans un programme de fidélisation trouve que ses coûts de
changement sont bien supérieurs à un consommateur moins fortement engagé dans sa relation
avec la firme (Lee et al., 2001).
On en déduit les hypothèses suivantes :
H4a : Pour un consommateur, la valeur économique perçue par le consommateur pour une
firme est positivement liée à son engagement vis-à-vis de cette firme.
H4b : Les programmes de fidélisation sont associés à un haut niveau de valeur économique
perçue.
H5b : Pour un consommateur, les coûts perçus pour changer de firme sont positivement liés à
son engagement vis-à-vis de cette firme.
H5a : Les programmes de fidélisation sont associés à un haut niveau de coûts de changement.
Au-delà de la valeur perçue, la seconde condition pour développer l’engagement du
consommateur est, d’après la théorie des ressources, la présence de certains facteurs liés aux
ressources de la firme lesquels déterminent sa position concurrentielle. La littérature en
recense généralement deux : la réputation en termes de qualité et la personnalisation du
service (Barney, 1991 ; ainsi que Hunt et Morgan, 1995).
La réputation en terme de qualité de l’entreprise attribuée par le consommateur dépend de sa
représentation de la qualité de service passée mais également anticipée, donc de nombreux
jugements de valeur sur les produits ou services de l’entreprise (Nguyen, 1991). Elle porte
généralement sur la réputation globale de la firme et pas sur un produit ou service particulier.
La littérature a montré l’influence directe de ce facteur sur la fidélité mais également via
l’engagement et la confiance (Téboul, 1999). En effet, plus la réputation est forte, plus la
7
confiance dans le prestataire l’est également car l’incertitude sur le service et ses attributs
délivrés au client devient faible, ce qui lui procure un certain confort.
Ce qui nous amène à poser les hypothèses suivantes :
H6a : Pour un consommateur, la réputation en termes de qualité de la firme est positivement
liée à l’engagement vis-à-vis de cette firme.
H6b : Pour un consommateur, la réputation en termes de qualité de la firme est positivement
liée à la confiance vis-à-vis de cette firme.
H6c : Les programmes de fidélisation sont associés à un haut niveau de réputation en termes
de qualité de la firme.
Un autre facteur lié à l’engagement et la confiance est la personnalisation du service. Elle
créée un attachement émotionnel à la marque ou au service (Rust et al., 2000) car le client se
sent reconnu et bénéfice d’un traitement particulier. Ainsi, la personnalisation du service
devient un enjeu crucial dans le processus de fidélisation du consommateur. C’est d’ailleurs
un des objectifs des programmes de fidélisation qui procurent à leurs membres des services
spécifiques, comme le choix des caractéristiques de la chambre (fumer ou non, type de lit,
etc.) dans l’hôtellerie. De plus, ces programmes permettent de sauvegarder les préférences des
clients et par conséquent de spécifier le service à leurs besoins sans leur avoir à les
questionner. De plus, le processus de réservation est facilité car la nécessité d’échanger des
informations avec l’hôtel est moins grande (Bendapudi et Berry, 1997).
Nous formulons ainsi les hypothèses suivantes :
H7a : Pour un consommateur, une personnalisation du service est positivement lié à
l’engagement vis-à-vis de cette firme.
H7b : Pour un consommateur, une personnalisation du service est positivement lié à la
confiance vis-à-vis de cette firme.
H7c : Les programmes de fidélisation sont associés à une meilleure personnalisation du
service de la firme.
Le troisième élément parmi les facteurs relationnels favorisant l’intensification d’une relation
marketing porte sur les facteurs sociaux. Il comprend la communication et le partage de
certaines valeurs éthiques ou morales (Czepiel, 1990).
La communication entre l’hôtel et ses clients se définit comme l’action de transmettre de
manière formelle ou informelle un message à ses clients visant à les informer ainsi qu’à
promouvoir ses produits, services et activités. Si la communication de l’hôtel est fréquente et
que les informations sont pertinentes et transmises au moment opportun, alors l’engagement
et la confiance du consommateur se renforcent de part l’alignement de sa perception du
service avec ses attentes. La communication concerne toutes les informations diffusées
pendant les différentes phases de l’acte d’achat : avant vente (publicité), vente (informations
délivrées à la réservation et dans l’hôtel en particulier à la réception), et après vente
(questionnaire de satisfaction et retour d’expérience).
8
Les programmes de fidélisation sont généralement utilisés par les firmes comme un de
véhicule privilégié de leur politique de communication. Cette communication est facilitée et
rendue moins onéreuse avec la diffusion d’outils électroniques comme le mail et les
newsletters.
Ces résultats nous conduisent à établir les hypothèses suivantes :
H8a : Pour un consommateur, la communication de la firme est positivement liée à
l’engagement vis-à-vis de cette firme.
H8b : Pour un consommateur, la communication de la firme est positivement liée à la
confiance vis-à-vis de cette firme.
H8c : Les programmes de fidélisation sont associés à une haute qualité de communication.
Enfin, le partage des valeurs correspond dans notre cadre conceptuel aux perceptions du
consommateur des buts, politiques et croyances de l’hôtel qui sont compatibles avec les siens.
La perception de partager des valeurs avec l’hôtel accroit la relation marketing et favorise
l’engagement relationnel ainsi que la confiance (Sirdeshmukh et al., 2002). Même s’il n’est
pas dans la logique initiale des programmes de fidélisation d’inclure des préoccupations
écologiques ou sociales (via par exemple des systèmes de donation à des œuvres caritatives
ou de défense de l’environnement au lieu d’attribuer des avantages aux membres de ce type
de programme), les firmes les utilisent pour communiquer sur leur politique de
développement durable qui s’immisce de plus en plus au cœur de leur stratégie. On peut citer
en exemple le cas d’Accor qui a fait du développement durable un des axes majeurs de sa
stratégie et qui incite fortement l’ensemble des hôtels de ses marques, même ceux qui sont
franchisés, à appliquer sa charte « Environnement » (Guillon, 2006).
On élabore ainsi les trois hypothèses suivantes :
H9a : Pour un consommateur, le partage de valeurs est positivement lié à l’engagement vis-àvis de cette firme.
H9b : Pour un consommateur, le partage de valeurs est positivement lié à la confiance vis-àvis de cette firme.
H9c : Les programmes de fidélisation sont associés à un fort partage de valeurs.
9
Programme de fidélisation
H3
H4b
Facteurs économiques
H4a
Valeur économique
Coûts de changement
H5a
H6c
Facteurs liés aux ressources
Réputation de la
firme/qualité
H7c
H12a
H2
H5b
Engagement
Fidélité
H6b
H7a
Personnalisation
H12b
H6a
H7b
H12c
H1
Confiance
H8 c
Facteurs sociaux
Communication
H9c
H8 a
H8 b
H9a
Valeurs
H9b
Conclusion
Cet article permet, au travers du modèle conceptuel exposé, de mieux comprendre les
déterminants de la fidélité et par conséquent l’efficacité des programmes de fidélisation dans
le secteur hôtelier. En particulier, nous avons analysé l’impact des stratégies relationnelles de
la firme sur la confiance et l’engagement lesquels influencent la fidélité du consommateur.
Les relations de ce modèle nécessitent d’être vérifiées empiriquement afin d’identifier celles
qui ont le plus d’importance et d’en tirer des conclusions managériales sur l’efficacité des
programmes de fidélisation. Il pourrait ainsi paraître plus opportun d’améliorer certains
attributs du service plutôt que d’ajouter des avantages monétaires ou non à un programme de
fidélisation déjà fort coûteux.
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