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réalisés avec des chefs projets. Elle nous permettra de comprendre en particulier quels sont les
nouveaux mécanismes de contrôle au travail et leurs conséquences sur le métier de chef de projet1.
2. VERS DES MODELES D’ORGANISATIONS HYBRIDES
Le propos de cette partie est de montrer l’intérêt des modèles hybrides pour les organisations.
2.1. Le phénomène de débureaucratisation des organisations
La débureaucratisation des organisations continue d’être un sujet de préoccupation, autant pour des
grandes firmes que pour les services publics. La bureaucratie, en tant qu’idéal-type, est désormais
devenue utile non pas comme modèle référent vers lequel il faut tendre, mais comme modèle de rejet.
Tout d’abord, c’est le système de sanctions et de récompenses de la bureaucratie qui est critiqué
(Thompson, 1976). Ce système est destiné à obtenir la conformité des individus aux règles : en
somme, c’est l’obéissance qui est recherchée, pas l’initiative. Chaque travailleur est évalué par son
supérieur hiérarchique qui veille au respect de ces règles. Le problème est que l’innovation, atome
présumé du changement et clé de la réussite dans l’environnement post-fordien de la firme, suppose
l’exercice de la déviance et la remise en cause partielle des normes de fonctionnement de
l’organisation (Alter, 2000 ; Dougherty et Heller 1994). Le deuxième élément qui fait l’objet de critiques
est la division horizontale et verticale des tâches, donc la division des responsabilités. La mission de
l’organisation et les objectifs de celle-ci sont en effet traduits par la hiérarchie et découpés en sous-
objectifs. Chaque individu a alors plus intérêt à défendre les intérêts de son département plutôt que
ceux, plus généraux, de son organisation. Le salarié n’est souvent informé que des objectifs de son
unité de travail et il est évalué sur sa capacité à contribuer à ceux-ci uniquement. Sa responsabilité
est donc limitée et l’émergence de nouveaux problèmes posés à l’organisation globale risque de se
trouver sans solution. D’autres auteurs remarquent aussi que le traitement d’un nouveau problème
met en œuvre les expertises de manière séquentielle, plutôt que simultanée. Chacun traite une partie
du problème, plutôt que de rechercher à plusieurs une solution globale, qui est souvent plus efficace
face à l’accroissement de la complexité de ces problèmes (Dougherty, 1996 ; Van De Ven, 1986). Par
ailleurs, la bureaucratie cherche, par nature, l’utilisation optimale des ressources en recourant à une
1 Deux études de cas ont été utilisées pour notre analyse. Nous avons opté pour des méthodes qualitatives d’observation et la
réalisation d’entretiens semi-directifs plus aptes à faire émerger des hypothèses et laissant une liberté de parole importante aux
individus. Il faut souligner les difficultés d’accès à des informations souvent stratégiques et confidentielles, ainsi que des
réticences des chefs projets à parler de leur travail. Le cas d’un projet d’implantation d’un ERP1 dans une entreprise de
fabrication de sol en matières plastiques [Plasticmat] ainsi que celui du management projet dans une entreprise fabriquant des
camions [Véhicules SA] ont été étudiés. Les noms des entreprises ont été changés.