SOMMAIRE I- INTRODUCTION….….….….….….….….….….….….….…. 3 II- HISTORIQUE DE LA CHIRURGIE DANS LA P.N.S. ….…. 5 III- RAPPELS ANATOMIQUES….….….….….….….….….….…. 10 1- ANATOMIE DESCRIPTIVE….….….….….….….….… 11 2- ANATOMIE ENDOSCOPIQUE….….….….….….…… 32 3- LES DANGERS….….….….….….….….….….….……. 39 IV- RAPPELS PHYSIOPATHOLOGIQUES….….….….….….….. 46 1- FACTEURS INTRINSEQUES….….….….….….….….….…. 47 2- FACTEURS EXTRINSEQUES….….….….….….….….….…. 56 3- INTOLERANCE A L’ ASPIRINE….….….….….….….….…. 58 V- MATRIEL ET METHODES….….….….….….….….….….…. 60 1- MATERIEL D’ETUDE….….….….….….….….….…… 61 2- METHODES D’ETUDE….….….….….….….….….…. 61 VI- RESULTATS ET ANALYSE….….….….….….….….….….…. 65 1- ETUDE EPIDEMIOLOGIQUE….….….….….….….…. 66 2- DIAGNOSTIC ET BILAN….….….….….….….….…... 66 3- L’INDICATION THERAPEUTIQUE….….….….….…. 80 4- LA CHIRURGIE….….….….….….….….….….….…… 82 5- LA SURVEILLANCE….….….….….….….….….….…. 87 1 VII- DISCUSSION….….….….….….….….….….….….….….…… 93 1- ETUDE EPIDEMIOLOGIQUE….….….….….….….…. 94 2- ETUDE CLINIQUE….….….….….….….….….….…… 95 3- ETUDE PARACLINIQUE….….….….….….….….…… 107 4- DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL….….….….….….…… 117 5- LE TRAITEMENT….….….….….….….….….….….…. 121 6- EVOLUTION GLOBALE DES SYMPTOMES APRES CHIRURGIE….….….….….….….….….….….….….….139 7- LES COMPLICATIONS DE LA CHIRURGIE ENDONASALE….….….….….….….….….….….….….….. 140 8- RECIDIVES ….….….….….….….….….….….….…… 151 VIII- CONCLUSION….….….….….….….….….….….….….….…. 152 IX- RESUME….….….….….….….….….….….….….….….….…. 155 X- BIBLIOGRAPHIE ….….….….….….….….….….….….….…. 159 2 INTRODUCTION 3 La polypose nasosinusienne est une affection inflammatoire chronique de la muqueuse nasosinusienne, relativement fréquente. Longtemps considérée comme une conséquence de l’atopie, elle apparaît aujourd’hui comme une affection complexe dans son déterminisme étiopathogénique. Sous une symptomatologie relativement stéréotypée se cachent des formes cliniques multiples, notamment dans ses associations syndromiques. Son diagnostic a grandement bénéficié de l’avènement de l’endoscopie et de la tomodensitométrie. Concernant son traitement, une meilleure maîtrise de la corticothérapie et de la chirurgie endonasale vidéo endoscopique a permis une prise en charge plus rationnelle de cette affection. Nous essayons à travers cette étude prospective, réalisée au service d’otorhino-laryngologie de l’hôpital OMAR DRISSI du C.H.U. HASSAN II de FES, et à travers une revue de la littérature de préciser les aspects cliniques et radiologiques de cette pathologie et mettre le point essentiellement sur l'apport de l’ethmoïdectomie fonctionnelle par voie endoscopique endonasale dans la prise en charge de cette affection. . 4 HISTORIQUE DE LA CHIRURGIE DANS LA P.N.S. 5 Partageant comme l’ensemble de notre spécialité, les progrès des techniques modernes, la chirurgie nasosinusienne a de tout temps nourri la créativité de nos ainés. Hippocrate proposait déjà des alternatives chirurgicales peu éloignées de celle utilisées à la fin du XIX siècle et probablement de la rhinologie, proposait des alternatives chirurgicales peu éloignées de celles utilisées à la fin du XIXe siècle. Ce sont les travaux grecs, romains puis byzantins comme en témoignent les écrits d’Oribasius (IVe siècle), de Théophane Chryssovalantes (Xe siècle) ou d’Ioannes Anctuarius (XIVe siècle) qui transmettent ces techniques. La connaissance des pathologies endonasales suit la même évolution, trouvant des descriptions et des explications variées. C’est ainsi que les polypes furent décrits par Aetius puis Paul Aegina (650 ap J.C.) comme des « créatures de la mer » dont l’origine proviendrait d’une descente d’humeur de la tête [1]. Durant la période byzantine, si le traitement des polypes des fosses nasales fut conservateur en recourant aux anémones, encens, blanc d’œuf et autres graines de moutarde, il sera aussi chirurgical par l’usage de lassos de cautérisation et du couteau à polypes de Paul Aegina [2]. Ce n’est qu’à la fin du XIXe siècle qu’apparaissent de nouvelles techniques permettant plus de sûreté et moins de douleurs : le miroir de Clarr, le serre nœud métallique et la cocaïne, seront utilisés par Garel [2, 3, 4]. Ainsi Mikulitz en 1886, GW Caldwell et HP Luc en 1895 puis Claoué en 1896 initièrent la chirurgie maxillaire endonasale moderne. Mais c’est au début du XXe siècle que la chirurgie endonasale trouve sa place grâce à une meilleure connaissance de l’anatomie et de ses dangers [5,6] .La voie endonasale sera condamnée par l’un de ses ardents concepteurs. En effet le manque de vision, les 6 dangers per opératoire et les complications postopératoires ainsi que la médiocrité des résultats arrêtèrent l’élan .La sagesse consista donc à ôter ce qui dépassait. La voie endonasale cède progressivement la place à la voie externe puis à la voie de De Lima. Les scores des résultats étaient tout de même de 30% mais l’ablation des récidives obligeaient à repérméabiliser le nez de façon plus durable. Curieusement, ce sont les avancées thérapeutiques médicales et physiopathologiques qui vont venir en aide à la chirurgie. Dans les années 40, la corticothérapie est à l’origine de ce renouveau. Son engouement n’était pas sans séquelles, en effet les conséquences étaient grave, HTA, obésité et diabète arrêtèrent les médecins pour un traitement à long terme. L’essor du microscope binoculaire, de l’instrumentation et des produits anesthésiques offre de nouvelles possibilités dont témoignent les travaux de Wigand [7] qui reprendra les principes anciens de la voie d’ethmoïdectomie endonasale en y associant les points suivants : - Exérèse d’une grande partie du cornet moyen - Vaste ouverture du sphénoïde - Infundibulotomie du sinus frontal - Association d’une méatotomie moyenne La « nasalisation », terme consacré par Wigand et repris par Jankowski, est née. Cette technique n’est rendue possible qu’au prix d’un respect de la muqueuse non pathologique et de soins postopératoires dans le but d’éviter la crustation et de guider la cicatrisation. Il faudra encore quelques années pour que la technologie endoscopique soit utilisée. En effet, Hirchmann dès 1901 [8] fut le pionnier de l’exploration endoscopique rhinosinusiennes en détournant l’utilisation d’un cystoscope. 7 Cette technique fut, dans un premier temps, réservée au sinus maxillaire puis élargie à l’ethmoïde et au sphénoïde dans les années 20 grâce à Portmann et Botey [5, 9]. Mais l’endoscope, par sa faible vision en cas de saignement per-opératoire, restera avant tout un instrument de diagnostic. Il fut, ensuite, très nettement supplanté, dans les années 1968, par le microscope sous l’impulsion de Prades. Pour Wigand, Messerklinger, Draf, Kennedy, Terrier et Rouvier, l’endoscope redevient un instrument thérapeutique à part entière et permet la chirurgie fonctionnelle des sinus sous endoscopie (Functional Endoscopic Sinus Surgery ou FESS des anglo-saxons). En 1985, grâce à Friedrich en Suisse et à Klossek en France suivi par Dessi, Jankowski et Serrano, l’école Européenne adoptera comme instrument chirurgical l’endoscope grâce à l’avènement de moyens optiques modernes [10] : - Source à lumière froide. - Câble de fibres optiques permettant de déporter la source lumineuse. Le développement de la chirurgie endonasale a nécessité progressivement la création d’une instrumentation adaptée. C’est ainsi que la vidéochirurgie, introduite en France en 1987 par Dessi [11], prit son plein essor, rendant possible : - Un confort opératoire accru, - Un meilleur contrôle des gestes, - Une qualité d’enseignement sans égale. Ceci ne fut possible qu’au prix d’une chaîne optoélectronique performante et d’une bonne visibilité assurée par un lavage constant du champ opératoire. Nous ne débâterons pas de l’intérêt supérieur du microscope ou de l’endoscope, puisque au delà de convenances personnelles, l’endoscope semble avoir remporté l’adhésion de la majorité des rhinologistes. 8 Cet instrument s’approche aux mieux des lésions et permet une exérèse et mise à plat des cellules ethmoïdales, et redevient ainsi un instrument thérapeutique à part entière. Cette transforme nouvelle discipline aujourd’hui une connait polypose actuellement, nasosinusienne l’optimisme est de rigueur ». 9 un grand essor « on sans la guérir, mais RAPPELS ANATOMIQUES 10 Il s’agit là d’un véritable pré requis, nécessaire à tout chirurgien rhinologiste. Nous rappellerons dans un premier temps l’anatomie des fosses nasales et des sinus puis nous mettrons en exergue les points indispensables à leur abord endoscopique. 1. ANATOMIE DESCRIPTIVE 1.1. LA CAVITE NASALE a. Sa partie antérieure : Elle correspond au vestibule nasal, véritable « porte d’entrée du nez ». Ce dernier est tapissé d’épiderme où s’implante les poils ou vibrisses ce qui le différencie du reste de la fosse nasale. Il est compris entre l’orifice externe et interne des fosses nasales [12]. Le vestibule est formé à sa partie supérieure par la valve nasale [13], véritable angle dièdre formé par : • Le bord inférieur du cartilage triangulaire ou plica vestibuli. • La partie haute du cartilage quadrangulaire. Cette zone revêt un intérêt physiologique puisqu’elle contribue avec la valve septo-turbinale à la majeure partie des résistances nasales et dirige le courant aérien [14, 15, 16, 17]. b. Son plancher : Le plancher sépare la cavité nasale de la cavité orale. Il est formé par le processus palatin du maxillaire pour ses deux tiers antérieurs et la lame horizontale de l’os palatin pour son tiers postérieur. c. Sa face médiale : Le septum nasal est une structure médio sagittale ostéo-cartilagineuse formée par la réunion (figure III-1) : • du cartilage quadrangulaire en bas et en avant, 11 • de la lame perpendiculaire de l’ethmoïde en haut, • du vomer en arrière. d. Sa paroi latérale : Elle est constituée de l’association de six os qui définissent trois plans se chevauchant (figure III-2) : • Le maxillaire supérieur qui dans sa partie inférieure voit s’aboucher le canal lacrymo-nasal. • l’apophyse ptérygoïde qui fait parti de l’os sphénoide. • La lame verticale du palatin. • L’unguis qui protège la partie médiane de la voie lacrymale. • Le cornet inférieur. • L’ethmoïde par l’intermédiaire de l’apophyse unciforme, de la bulle, du cornet moyen et du cornet supérieur. 12 Figure III-1 : Rapports du septum (coupe sagittale). C. cartilage septal– E. lame perpendiculaire de l’ethmoïde – V. vomer. (D’après Dessi) Figure III-2 : Os de la paroi latérale de la fosse nasale éclatés (les cornets sont sectionnés à leur base d’implantation (Anatomie ORL de BONFILS). 13 e. Sa voûte : Elle présente une forme de gouttière concave sur sa face inférieure. Ses bords latéraux correspondent aux parois latérales des fosses nasales et au septum. Elle peut être divisée en trois segments : • Un segment antérieur fronto-nasal, oblique en haut et en arrière répondant à l’épine nasale, à la face postérieure des os propres du nez et à la voûte septotriangulaire. • Un segment moyen horizontal, constitué par la lame criblée puis par le processus ethmoïdal du corps du sphénoïde. • Un segment postérieur ou sphénoïdal oblique en bas et en arrière La vascularisation (figure III-3 et 4): La muqueuse des fosses nasales est très richement vascularisée, par des contingents artériels provenant de la carotide interne et externe, avec une anastomose de ses deux systèmes au niveau de la tâche vasculaire. • Le système carotidien interne : Il vascularise les fosses nasales par l’intermédiaire des artères ethmoïdales antérieure et postérieure issues de l’artère ophtalmique. Ces deux artères prédominent dans la vascularisation de la partie supérieure et externe des fosses nasales. • Le système carotidien externe : Il tient une place prépondérante (75% de la vascularisation) grâce à l’artère maxillaire interne et à l’artère faciale. La première prend le nom d’artère sphénopalatine lors de sa sortie du foramen sphéno-palatin où elle donne naissance aux artères postéro-septales et postéro-latérales. 14 L’artère faciale donnera naissance à l’artère labiale qui, après anastomose avec son homologue controlatéral, formera l’arcade coronaire. Cette arcade donne une branche à destiné septale ou artère de la sous cloison. Toutes ces artères s’anastomosent réalisant des suppléances parfois redoutables en cas d’épistaxis. La plus importante de ces anastomoses demeure la tâche vasculaire décrite à la fin du XIXe siècle par Little et Kiesselbach. Il s’agit d’une zone de ramifications terminales des artères palatines antérieures, nasopalatines, ethmoïdales antérieures et de la sous-cloison. Le réseau veineux est quant à lui prédominant à la partie latérale des fosses nasales où il s’organise en un véritable tissu caverneux. 15 Figure III-3 : Vascularisation de la cloison (d'après Legent et Perlemuter) 1. Artère ethmoïdale antérieure.2. Artère ethmoïdale postérieure.3. Artère nasopalatine. 4. Tache vasculaire. 5. Artère de la sous-cloison.6. Artère palatine supérieure. 7. Artère coronaire supérieure. Figure III-4 : Vascularisation de la face latérale (d'après Legent et Perlemuter). 1. Artère ethmoïdale antérieure. 2. Artère ophtalmique. 3. Artère ethmoïdale postérieure. 4. Artère nasopalatine. 5. Foramen sphénopalatine. 6. Artère du cornet moyen. 7. Artère du cornet inférieur. 8. Artère palatine supérieure. 16 1.2. LES CAVITES ANNEXES AUX FOSSES NASALES a. LE SINUS MAXILLAIRE C’est la cavité sinusienne la plus volumineuse (5 à 12 cm3) [18]. Il présente une forme pyramidale ayant pour base la cloison intersinuso-nasale et un sommet latéral externe. Ses faces sont supérieure (orbitaire), antérieure (jugale), postérieure (ptérygo-maxillaire) et inférieure (dentaire) (figures III-4 et 5). Ø La paroi supérieure : Répond au plancher de l’orbite séparé en deux par le canal infra orbitaire, plus ou moins déhiscent. Dans l’hypothèse d’une pneumatisation infra-orbitaire à l’origine de ce que l’on nomme cellule de Haller, cette paroi est amincie dans sa partie postéro-interne. Ø La paroi postérieure : Réunion des os zygomatique et maxillaire, elle peut être séparée en trois sous régions, respectivement de dehors en dedans : • L’espace rétromaxillo-zygomatique où se situe la boule de Bichat. • La région intermédiaire où siègent les muscles ptérygoïdiens et l’artère maxillaire. • La fosse ptérygopalatine contenant le nerf maxillaire et les branches de l’artère maxillaire. Ø La paroi médiale : Elle correspond à la partie inférieure de la paroi inter-sinuso-nasale, comprise entre l’apophyse frontale du maxillaire en avant et la lame perpendiculaire du palatin en arrière. Elle constitue le lieu d’attache du cornet inférieur qui s’insère en haut dans le processus unciforme de l’ethmoïde et en bas, dans le processus maxillaire. A sa partie inférieure, elle est le lieu d’abouchement du canal lacrymal au niveau de l’apophyse auriculaire. 17 Le méat moyen est délimité en avant par l’os lacrymal, en bas par le cornet inférieur, en haut par le labyrinthe ethmoïdal et en arrière par la lame verticale du palatin. L’apophyse unciforme referme en dedans incomplètement cet ensemble. Cette zone est constituée de 3 orifices de déhiscence osseuse où sont accolées les muqueuses nasales et sinusiennes correspondant aux fontanelles. Dans l’immense majorité des cas l’ostium du sinus maxillaire se situe à la jonction de la portion horizontale et de la portion verticale de l’apophyse unciforme. Dans 15 à 40% des cas, une seconde déhiscence des fontanelles aboutit à l’orifice accessoire de Giraldés. Ø La face inférieure : Elle correspond à la projection de l’arcade dentaire. 18 Figure III-5 : Coupe frontale passant par les sinus maxillaires. (D’après DESSI). Figure III-6 : Coupe axiale des sinus maxillaire (d’après DESSI). 19 b. L’ETHMOÏDE Il s’agit d’un os impair et médian formé d’une lame perpendiculaire sagittale à laquelle s’attache, de part et d’autre, une lame horizontale dite « criblée ». L’ethmoïde est logé latéralement entre les cavités orbitaires et le bulbe olfactif. Il est constitué de deux masses latérales parallélépipédiques, appelées « carter ethmoïdal » [19] (figures III-7et 8). Ø Le labyrinthe ethmoïdal. Il est plus étroit en avant qu’en arrière. Ses limites sont : - En avant, l’os lacrymal et la lame papyracée. - Médialement, la lame des cornets [20]. Le méat moyen présente deux cornets accessoires dont la courbure est inversée : l’apophyse unciforme et la bulle ethmoïdale. - Sa face inférieure répond d’avant en arrière à l’os maxillaire, à l’os palatin et au sphénoïde. - Sa partie postérieure, est constituée par la paroi antérieure du sphénoïde selon Hajek [21]. - Sa face supérieure répond à l’os frontal. Ø La systématisation du labyrinthe ethmoïdal (figure III-9) : Chacun des labyrinthes contient un ensemble complexe et variable de cellules qu’il est possible de systématiser. Elles présentent toutes un orifice de communication avec les fosses nasales ou ostium, situé sous les cornets moyen et supérieur. Comme l’ont montré Seydel, Zuckerkandl in [20] puis Mouret [18, 22], les prolongements endo-ethmoïdaux des cornets principaux (moyen, supérieur, suprême) et secondaires (unciforme et bulle), correspondent cloisonnantes et délimitent les différents compartiments cellulaires. 20 aux racines Il est possible de décrire, successivement d’avant en arrière, les racines cloisonnantes de l’unciforme, de la bulle, du cornet moyen et du cornet supérieur (voire suprême) qui séparent l’ethmoïde en différents secteurs. La racine cloisonnante du cornet moyen compartiments ; antérieur et postérieur. 21 divise le labyrinthe en deux Figure III-7 : Paroi latérale de la cavité nasale visualisant l’éthmoïde( atlas d’anatomie). 22 Figure III-8 :Rapports internes, postérieurs et supérieurs du carter ethmoïdal droit (d’après Perlemuter &Legent). Figure III-9 : Systématisation de l’ethmoïde d’après Terrier. Ethmoïde antérieur PM : préméatique - MA et MP. Méatique antérieure et posterieure - UT. Unciformiennes terminale - IB et SP infra bullaire et supra bullaire Ethmoïde postérieur et sphénoïde PA, PC et PR. Postérieure avancée, centrale et reculée - SS. Sinus sphénoïde Racines cloisonnantes RCAU : racine cloisonnante de l’unciforme RCB : racine cloisonnante de la bulle RCCM : racine cloisonnante du cornet moyen RCCS : racine cloisonnante du cornet supérieur 23 v L’ethmoïde antérieur L’ethmoïde antérieur est séparé dans son petit axe par la racine cloisonnante de la bulle pour donner naissance (figures III-8, 9, 10, 11, 12, 13, 14) : - En avant au système prébullaire. - En arrière au système bullaire (bulle et supra-bulle). A son tour le système prébullaire est scindé en deux dans le sens sagittal, c'est-àdire parallèlement au grand axe de l’ethmoïde, par la racine cloisonnante de l’unciforme. Elle définit alors le système: - Prébullaire interne ou cellules méatiques. - Prébullaire externe ou cellules orbitaires ou unciformiennes. A leur tour les cellules méatiques se divisent dans un plan frontal pour créer les cellules : - Préméatique. - Méatique antérieure. - Méatique postérieure. Enfin le groupe unciformien se divise en quatre parties - Terminale. - Antérieure. - Postérieure. - Inférieure. Quelques précisions doivent être apportées. C’est habituellement la pneumatisation de la cellule méatique antérieure qui va coloniser l’os frontal et donner naissance à son sinus [20]. Ce n’est que dans de très rares cas que ce phénomène reviendra à la cellule unciformienne (figure III-11). 24 L’hyperpneumatisation de certaines cellules unciformiennes conduit à la cellule de Haller pour l’unciformienne terminale et à l’Agger Nasi pour l’unciformienne antérieure. v L’ethmoïde postérieur : Il se situe en arrière de la racine cloisonnante du cornet moyen. A son tour, il est le siège d’une division par la racine du cornet supérieur et du cornet suprême (inconstant), en trois compartiments (figure III-9 et 15) : - Postérieur avancé. - Postérieur central. - Postérieur reculé (cellule d’Onodi ou pré-sphénoïdale). v La vascularisation : Elle est assurée par les artères ethmoïdales, branches de l’artère ophtalmique. Elles courent sous le toit de l’ethmoïde dans des canaux osseux (figure III-11). Le canal antérieur contient l’artère ethmoïdale antérieure et le nerf nasal interne dans un dédoublement de la racine cloisonnante de la bulle. Le canal postérieur, contient l’artère ethmoïdale postérieure. Il chemine au sommet de la racine cloisonnante du cornet supérieur. 25 Figure III-10 : Projection des différentes cellules ethmoïdales antérieures (coupe sagittale d’après Agrifoglio). 1. pré-méatique – 2 et 3. méatiques antérieure et postérieure – 4,5,6 et 7. Unciformiennes terminale, antérieure, postérieure et inférieure – 8 et 9. Suprabullaire et bulle Figure III-11 : Rapport anatomique de l’ethmoïde droit et vascularisation (d’après Perlemuter & Legent). 26 Figure III-12 : Projection des cellules unciformiennes (d’après Terrier). Figure III-14 : Projection des cellules supra-bullaires (d’après Terrier). Figure III-13 : Projection des cellules préméatiques, méatiques antérieurs et postérieures (d’après Terrier). Figure III-15 : Projection des cellules éthmoïdales postérieures (d’après Terrier). 27 c. LE SINUS SPHENOÏDAL C’est la cavité la plus profonde du complexe sinusien. Elle fait suite à la cellule d’Onodi. Il est pair et médian, logé dans l’os spongieux du corps du sphénoïde. C’est la seule cavité qui se draine hors des systèmes méatiques ethmoïdaux (figure III-16). Chaque sinus comporte 6 parois : Ø La paroi antérieure : Elle répond principalement dans sa portion externe aux cellules ethmoïdales postérieures [23]. Dans sa partie médiale elle accueille l’ostium qui se trouve en moyenne à 1 cm au dessus de l’arc choanal et à 0,5 cm de la ligne médiane [7, 24]. Cette paroi est limitée latéralement par le cornet supérieur. A sa partie inférieure une branche de l’artère sphéno-palatine, nommée artère de la cloison, chemine fréquemment en direction du septum nasal. Ø La paroi inférieure : Il s’agit d’une structure épaisse responsable de la voûte de la partie postérieure des cavités nasales. Les canaux sphéno-vomériens, vidiens et ptérygopalatins la parcourent. Ø La paroi supérieure : Elle répond aux étages antérieur et moyen de la base du crâne dont elle est séparée par la dure-mère. A l’avant se trouve la région olfactive, au centre le canal optique et en arrière l’hypophyse. Ø La paroi postérieure : Elle est en regard de l’étage postérieur de la base du crâne dont elle est séparée par la dure-mère, le sinus occipital transversal, le tronc basilaire et la 6ème paire crânienne. 28 Ø La paroi latérale : Elle est en rapport d’arrière en avant avec le sinus caverneux, le canal optique, la paroi médiale de l’orbite mais aussi la carotide interne et les nerfs oculomoteurs. Ø La paroi médiale : Elle est inconstante et sépare chacun des sinus. Figure III-16 : Rapport du sinus sphénoïde et voie de drainage (d’après Perlemuter & Legent). 29 d. LE SINUS FRONTAL Il correspond à la cavité aérique la plus antérieure située dans un dédoublement de l’os frontal. Comme nous l’avons vu, sa pneumatisation est sujette à de nombreuses variations. Sa vascularisation est assurée par des branches de l’artère ethmoïdale antérieure. Quatre parois et un canal lui sont décrits : Ø La paroi antérieure : Elle est en rapport avec le périoste, le muscle frontal et le muscle sourcilier ainsi qu’avec des éléments vasculo-nerveux. Ø La paroi postérieure : Elle forme un angle aigu avec la paroi inférieure. A sa partie interne, elle devient naso-ethmoïdale et se prolonge par le toît de l’ethmoïde. Ø La paroi inférieure : Elle est le siège de l’orifice nasal du sinus frontal. Klossek [18] décrit deux segments : • Un premier, orbitaire : réunion de l’os frontal, de l’os lacrymal, de l’os planum et de la lame papyracée. Il est en rapport avec le muscle oblique supérieur, la capsule de Tenon, le coussinet adipeux orbitaire ainsi que les structures neuro-vasculaires orbitaires. • Un second, ethmoïdo-nasal : limité latéralement par le segment orbitaire, médialement par la cloison inter-sinusienne et en arrière par la région ethmoïdofrontale. Ø La paroi médiale : Elle est variable quant à sa position et sa taille. Elle sépare les cavités frontales droite et gauche. 30 Ø Le canal naso-frontal : Il s’abouche dans l’ethmoïde antérieur. Il mesure de 2 à 4 mm de diamètre et sa forme n’est que très rarement arrondie. Si classiquement on admet que toutes les cellules de l’ethmoïde antérieur sont capables de donner naissance au sinus frontal, deux voies principales de drainage sont admises [20] (figure III-17): • Au niveau de la gouttière unci-bullaire, c’est à dire en dedans de la racine cloisonnante du processus unciforme par l’intermédiaire de la cellule unciformienne terminale (conformation la moins fréquente). • Au niveau de la gouttière méatique, c'est-à-dire en dehors de la racine de l’unciforme par la cellule méatique antérieure (conformation la plus fréquente). Figure III-17: Rapports du canal naso-frontal (cnf). F. sinus frontal – cm et cs. Cornet moyen et supérieur – S. sphénoïde. 31 2.ANATOMIE ENDOSCOPIQUE Les progrès liés à l’apparition des optiques (0°, 30°, 45° et 70°) nous ont permis d’appréhender l’anatomie des fosses nasales d’une manière plus précise et rentable vis-à-vis des gestes opératoires [20, 22, 25, 26, 27, 28, 29]. Nous retiendrons essentiellement trois régions : - La région turbinale. - Le méat moyen. - Le récessus sphéno-septal ; Nous décrirons les structures visibles en endoscopie puis nous attacherons une attention toute particulière au danger de cette chirurgie, ce que soulignent de nombreux travaux [30, 31, 32, 33, 34, 35]. 2.1. LA REGION TURBINALE L’endoscopie est réalisée à l’optique 0 ou 30° de bas en haut et d’avant en arrière. Elle permet un repérage des différentes structures. Le cornet inférieur est la première structure visible. Il s’insère sur la paroi inter sinusonasale et masque l’abouchement du canal lacrymo-nasal situé à sa partie inférieure, c'est-à-dire au sein du méat inférieur. Au dessus, nous retrouvons le cornet moyen, avec en avant la bosse lacrymale (figure III-20). 2.2. LE MEAT MOYEN Après luxation du cornet moyen (figure III-18), l’endoscopie à l’optique 30 ou 45° met en évidence les principaux éléments de la région méatique moyenne : - L’apophyse unciforme dans un plan oblique masque partiellement la bulle par son bord libre. Elle s’insère en avant sur la branche montante du maxillaire supérieur, situé en arrière de la bosse lacrymale. Cette zone d’insertion peut être responsable d’un « repli pré-turbinal » en avant du cornet moyen. 32 - La bulle ethmoïdale masquée partiellement par l’unciforme qui la recouvre en dehors - La région de l’ostium et des fontanelles du sinus maxillaire. Suite à l’exérèse de l’unciforme, nous avons accès au rond point bullaire [23, 37] correspondant aux voies de drainage du sinus frontal et ethmoïdal antérieur. Cette région observée à l’optique 70° ou 45° prend (dans 77% des cas) un aspect d’étoile à trois branches ou « étoile des gouttières » [20, 22, 36] (figure III-19). Chacune de ces trois branches correspond à :(figures III-20 et III-21) - La gouttière méatique : elle est antérieure entre le cornet moyen et l’apophyse unciforme. Elle assure le drainage des cellules méatiques. - La gouttière rétrobullaire : elle est supéro-médiale et située entre la bulle et le cornet moyen. Il s’y draine les cellules du groupe bullaire. - La gouttière unci-bullaire : elle est inféro-latérale délimitée par la bulle ethmoïdale et l’apophyse unciforme. Elle assure le drainage des cellules unciformiennes et à la partie postérieure du sinus maxillaire. La gouttière unci-bullaire est recouverte à sa partie antéropostérieure par la racine cloisonnante de l’unciforme. Ce canal peut dans certains cas mener au canal naso-frontal. Dans les autres cas le sinus frontal se draine dans la gouttière méatique. 33 Figure III-18: paroi latérale de la fosse nasale gauche. Figure III-19: endoscopie de la fosse nasale gauche et de son méat moyen. C. cornet moyen – U. unciforme. – B. Bulle 34 Figure III-20 : schéma d’une étoile des gouttières gauche (vision à l’optique 70° d’après Agrifoglio). 1. pré méatique – 2. Méatique antérieure – 3.méatique postérieure – 4. Unciformienne terminale –5. supra bulle – CM. Cornet moyen – B. bulle – AU. Apophyse unciforme. Figure III-21 : ostium ethmoïdaux. 1. méatique post – 2. Méatique ant – 3. pré-méatique – 4, 5, 6 et 7 .unciformienne terminale, antérieure, postérieure et inférieure – 8. Ostium maxillaire – 9. Supra-bulle – 10. Bulle. 35 3.3 LE RECESSUS SPHENO-ETHMOÏDAL En poursuivant l’endoscopie (à l’optique 0 et 30°) vers l’arrière, nous rencontrons le méat supérieur puis le méat suprême : - Le méat supérieur est situé entre le cornet moyen et supérieur et assure le drainage des cellules ethmoïdales postérieures avancées et centrales qui sont inconstantes. - Le méat suprême est situé entre le cornet supérieur et l’espace pré-sphénoïdal. Il assure le drainage de la cellule ethmoïdale postérieure reculée ou cellule d’Onodi. Le récessus sphéno-ethmoïdal est la région la plus postérieure et la plus profonde de la fosse nasale. Il a une forme ovalaire et ses limites répondent (figure III-2224): - En dehors : à la queue du cornet moyen et par la portion libre du cornet supérieur - En dedans : au septum nasal - En bas : à la partie supérieure de la choane - En arrière : à la partie médiale de la face antérieure du sinus sphénoïdal L’endoscopie du sinus sphénoïdal est effectuée après ouverture de l’ostium, grâce à l’optique 0° degré (figure III-23). La paroi postérieure présente le bombement de la selle turcique et celle latérale répond en haut au nerf optique et en bas à la carotide interne. 36 Figure III-22 : rapports de ethmoïde et du sinus sphénoïde (5).Racine cloisonnante de l’unciforme (1), de la bulle (2), du cornet moyen (3) et du cornet supérieur (4). (d’après Dessi) Figure III-23: recessus sphéno-ethmoïdal gauche vue endoscopique 0°. C. cloison nasale – OS. Ostium du sphénoïde – CM. Cornet moyen. 37 Figure III-24 : ostium et récessus sphéno-ethmoïdal gauche. 38 3.LES DANGERS L’anatomie endonasale complexe, expose le chirurgien à des risques liés à: - Des dangers naturels, liés la proximité de structures nobles. La connaissance anatomique est donc essentielle. - A des variations anatomiques, au mieux analysées sur la tomodensitométrie préopératoire. 3.1. LE CANAL LACRYMO-NASAL Il répond : - En dehors à la gouttière lacrymale du maxillaire - En dedans à l’unguis - En haut et en avant à la bosse lacrymale A son extrémité inférieure, il s’abouche, au niveau du méat inférieur lacrymal, sous le cornet inférieur. Ce canal, situé dans la gouttière lacrymale, est proche de 2 à 3 mm du bord libre de l’apophyse unciforme. Il est particulièrement vulnérable car l’unguis qui le protège est peu résistant. Ainsi la voie lacrymale peut-être lésée : - Au cours d’une méatotomie moyenne, lors de son agrandissement antérieur à la pince rétrograde d’Ostrom-Terrier [37]. Cette dernière doit être utilisée plus comme une curette que comme une pince emporte-pièce. Toute dureté tissulaire au niveau de la berge antérieure de la méatotomie doit alerter le chirurgien. - Dans le temps de réalisation de l’unciformectomie. 39 3.2. LA LAME PAPYRACEE Cette lamelle osseuse, peu résistante ferme le labyrinthe ethmoïdal en dehors. Elle peut être le siège d’une effraction per-opératoire. Pour quatre raisons principales, cette lésion est rencontrée le plus fréquemment dans la portion antérieure : - Etroitesse de l’ethmoïde en avant dans un plan axial. - Finesse de l’os - Verticalité maximale à la partie antérieure - Convexité marquée en avant [38] Il importe de garder à l’esprit les repères constitués par la cloison médiale du sinus maxillaire. Ainsi, en s’aidant de la méatotomie moyenne, il est possible d’apprécier la limite de la lame papyracée [39]. Une unciformectomie trop profonde peut entraîner une lésion immédiate de cette structure. La faux nécessaire à la réalisation de ce geste doit garder une direction tangentielle à l’ethmoïde. En cas de doute, une pression sur le globe oculaire recherchera des mouvements transmis à la cavité ethmoïdale ainsi qu’une issue de graisse orbitaire. (Figure III-25). Dans cette éventualité tout geste de traction sera proscrit [26]. La lame papyracée est soumise à de nombreuses variations interindividuelles [20, 40]. Moulin et Dessi [40] rapportent 6 cas de déhiscence spontanée découverts sur 783 tomodensitométries sinusiennes. 3.3. DANGERS VASCULAIRES a. L’artère sphéno-palatine et ses branches C’est la branche latérale de l’artère sphéno-palatine ou artère des cornets qui est le plus souvent lésée au cours d’une chirurgie endoscopique. Elle fait issue dans la fosse nasale par le trou sphéno-palatin. 40 Le sinus sphénoïdal et la cellule d’Onodi peuvent la surplomber. Deux situations font encourir le risque de lésion de cette artère : - La turbinectomie inférieure, au niveau de la queue du cornet. - La méatotomie moyenne, au niveau de sa berge postérieure b. L’artère carotide interne La carotide interne, dans son trajet intra-caverneux, nourrit des rapports intimes avec la paroi latérale du sinus sphénoïde. Elle est recouverte d’une fine lamelle osseuse et peut être, dans 12 à 25% des cas, intra-sphénoïdale [41, 42, 43]. Pour Dessi [41] la procidence est mise en évidence dans 20,3% des cas, avec dans 10% des cas une protrusion sur plus de 50% de sa circonférence. Dans l’ensemble de ces situations la carotide interne est protégée par une lamelle osseuse d’une épaisseur supérieure à 1mm (figure III-26). c. Les artères ethmoïdales Le relief du canal ethmoïdal antérieur peut manquer dans 8,5 à 16% des cas [44] échappant à la vision du chirurgien. L’artère ethmoïdale antérieure représente un danger lors de l’ouverture de la cellule suprabullaire [11]. Le risque majeur est l’hématome compressif en cas de rétraction de l’artère dans le cône orbitaire. Le canal ethmoïdal postérieur, selon Ohnishi, présente une raréfaction osseuse dans 26% des cas et des déhiscences dans 14% des cas [45, 46]. La blessure de l’artère correspondante survient essentiellement lors de l’ouverture de la cellule postérieure centrale. Ses conséquences sont généralement moindres que précédemment. 4.4 LE NERF OPTIQUE Le nerf optique présente un rapport intime avec la paroi latérale et l’angle antéro-supéro-latéral du sinus sphénoïdal. L’hyperpneumatisation sphénoïdale peut conduire à un canal optique en position intra-sinusienne [47, 48]. 41 Dessi et Moulin [49] retrouve dans 8% des cas une procidence du nerf optique dans le sinus sphénoïdal toujours associée à une pneumatisation homolatérale de la clinoïde. En cas de cellule d’Onodi volumineuse, (figure III-27). Un contact intime avec le nerf optique est possible [43, 47, 48]; notion non retrouvée par Dessi et Moulin [49]. La tomodensitométrie préopératoire et la prohibition de gestes latéraux dans le complexe ethmoïdo-sphénoïdal postérieur complications. 42 limiteront les risques de Figure III-25 : déhiscence de la lame papyracée gauche a à l’IRM et au scanner. Figure III-26: procidence bilatérale du nerf optique et de la carotide interne vue au scanner en coupe axiale. 43 Figure III-27: rapport du nerf optique avec l’ethmoïde postérieur (en cas d’hyperpneumatisation de la cellule d’Onodi). 4.5 LE TOIT DE L’ETHMOÏDE Le toit ethmoïdal est formé de deux structures osseuses différentes : - En dehors, il est constitué par la surface ethmoïdale de l’os frontal - En dedans, il correspond à la lame criblée de l’ethmoïde Ceci peut être à l’origine de la différence de hauteur constatée entre la lame criblée et le toit ethmoïdal. Pour Klossek, cette variation de hauteur est comprise entre 1 et 16 mm [11] alors qu’elle est en moyenne de 5mm pour Dessi [50]. Le cornet moyen, véritable frontière entre os frontal et lame criblée est un repère fondamental à ne jamais franchir. Dans un plan frontal, l’asymétrie du toit de l’ethmoïde, retrouvée dans 10% des cas, peut être une autre cause de lésion per opératoire. Dans 8,6 % des cas, selon Dessi [50], il est constaté dans un plan frontal, que le toit ethmoïdal droit est situé de 2 à 7 mm plus bas que le gauche. 44 Des variations du toit dans le plan sagittal ont été soulignées par les anatomistes [51].Castro et Dessi [31, 32] mettent en évidence, lors d’une étude scanographique, un décrochage dans 3,6% des cas entre les toits ethmoïdaux et sphénoïdaux. Un dernier facteur anatomique lié à la pénétration des artères ethmoïdales parait jouer un rôle dans la fragilité du toit de l’ethmoïde [43]. Enfin selon Ohnishi [45] des déhiscences spontanées de ce toit pourraient expliquer certaines complications (figure III-28). Figure III-28 : coupe coronale explorant l’ethmoïde. Toit ethmoïdal (*) droit plus bas que le gauche. 45 RAPPEL PHYSIOPATHOLOGIQUE 46 La polypose naso-sinusienne (PNS) est une maladie inflammatoire caractérisée par la dégénérescence œdémateuse multifocale et bilatérale de la muqueuse des masses latérales de l’ethmoïde. Elle concourt à la formation de lésions polypeuses lisses, gélatineuses, translucides et piriformes [52], qui progressivement viennent s’accoucher par les méats ethmoïdaux dans les fosses nasales. A cet égard le terme de polypose naso-sinusienne gagnerait grandement à être remplacé par celui de polypose ethmoïdo-nasale. Elle est, par ailleurs, exclusivement mise en évidence chez l’homme et le chimpanzé [53]. Le mécanisme pathogénique aboutissant au développement d’une polypose naso-sinusienne est mal connu et sans doute plurifactoriel [54]. 1. FACTEURS INTRINSEQUES 1.1.Facteurs histopathologiques Comme en témoigne d'une part le rôle actif de l'épithélium nasal sur la prolifération cellulaire, et d'autre part la richesse en population cellulaire inflammatoire retrouvée dans les polypes, la physiopathologie de la PNS fait intervenir : - des facteurs épithéliaux - des facteurs inflammatoires Bien que l’histologie des polypes soit aspécifique et qu’elle est été considérée comme monomorphe pendant longtemps, il semble exister un certain polymorphisme dans leur structure. Si la structure fibro-œdémateuse et l'infiltrat inflammatoire restent les caractéristiques histologiques principales des polypes, d'autres anomalies sont classiquement observées : - des atypies cellulaires associées à des plages de métaplasie - des zones de kératinisation avec métaplasie plate des cellules cylindriques [55]. 47 Bien que la classification histologique des polypes de types œdémateux, glandulaires et fibreux ait permis d'élaborer différentes théories concernant leur formation, elle ne semble plus actuellement suffisante pour expliquer la genèse de la maladie. Des travaux expérimentaux récents [56] ont fait émerger la théorie de « la rupture épithéliale » et d’une réparation anormale de la muqueuse respiratoire. 1.2. Facteurs cellulaires inflammatoires Le facteur commun retrouvé dans toutes les PNS est une inflammation chronique population de la muqueuse cellulaire respiratoire, retrouvée dans les comme polypes en et témoigne la l’importante muqueuse nasale environnante. L'infiltrat inflammatoire est constitué de types cellulaires différents, selon la nature de la polypose. - Dans les polyposes les plus fréquentes, dites "primitives" et celles associées à la triade de Fernand Widal, l'infiltrat cellulaire inflammatoire est caractérisé principalement par la présence d'éosinophiles activés. - Dans les polyposes dites "secondaires", rencontrées dans la mucoviscidose et les dyskinésies ciliaires, les polynucléaires neutrophiles prédominent. Cette subdivision est artificielle et la présence de polynucléaires neutrophiles semble consécutive à l'infection locale fréquemment rencontrée dans les polyposes dites "secondaires", où les processus de défense sont altérés [57]. a. Rôle du polynucléaire éosinophile Les éosinophiles sont retrouvés de façon constante dans la PNS dite "primitive", aussi bien au niveau des sécrétions nasales qu'au sein du tissu polypeux. Ils jouent un rôle actif dans la pérennisation de la réaction inflammatoire, du fait de leur richesse en récepteurs membranaires et en médiateurs actifs. Le recrutement des éosinophiles sur le site de l'inflammation est un processus complexe dont la régulation est dépendante de cytokines et de chémokines. 48 L'interleukine-5 (IL-5) et le Granulocyte-Macrophage Colony-Stimulating Factor (GM-CSF) semblent jouer un rôle clé dans le recrutement des éosinophiles [58, 59]. Les mécanismes d'action de ces deux molécules sont : - l'induction de la prolifération éosinophilique au niveau de la moelle osseuse - la libération des éosinophiles de la moelle osseuse vers le courant sanguin - l'inhibition de l'apoptose (ou mort cellulaire programmée) des éosinophiles D'autres molécules, dont les chémokines Eotaxin (EO) et la Regulated on Activation normal T cells Expressed and Secreted (RANTES) sont présentes au sein des polypes. Elles recrutent et activent les éosinophiles. En outre, l'Eotaxin jouerait avec l'IL-5 un rôle synergique d'activation de la migration tissulaire des éosinophiles [60]. Le maintien de l'infiltration éosinophilique dans la PNS s'explique par : - l'inhibition de l'apoptose des éosinophiles - l'action des molécules d'adhésion exprimées au niveau des tissus cibles l'Intercellular Adhesion Molecule-1 (ICAM-1) est fortement exprimée à la surface des cellules respiratoires épithéliales activées et constitue le support principal de la fixation des éosinophiles. L'ICAM-1 s'exprime sous l'influence de médiateurs proinflammatoires libérés par les mastocytes, les éosinophiles, et les cellules épithéliales elles-mêmes. Il existe comme pour le recrutement des éosinophiles, une véritable boucle de stimulation de la survie et du maintien des éosinophiles au sein même des polypes. Plusieurs mécanismes initiateurs de l'éosinophilie tissulaire dans la polypose ont été proposés. L'allergie est un mécanisme séduisant pour expliquer l'éosinophilie tissulaire dans la polypose, car de nombreux facteurs de recrutement et de maintien tissulaire des éosinophiles, impliquant cytokines et molécules d'adhésion, sont communs aux 49 deux affections. Ainsi, si l'allergie IgE dépendante ne peut expliquer à elle seule le développement d'une PNS, il parait licite de penser qu'elle puisse contribuer à l'éosinophilie tissulaire de la polypose, quand ces deux affections sont associées. Cependant, même en cas d'association, la participation des mécanismes allergiques reste pour certains un phénomène mineur de l'éosinophilie tissulaire [61]. Trois mécanismes liés à l'infection locale naso-sinusienne ont été évoqués pour expliquer l'éosinophilie dans la PNS : - Le premier est celui d'une allergie bactérienne développée consécutivement à une infection locale responsable d’une inflammation éosinophilique chronique de la muqueuse nasale [62]. - Le deuxième mécanisme évoqué est le développement d'une réaction inflammatoire chronique, consécutive à une infection locale par le Rhinovirus qui induit entre autre une production particulière d'interleukine-8 (IL-8) par les cellules épithéliales nasales. Cette IL-8 participe au recrutement de neutrophiles et conduit à l'installation de la réaction inflammatoire secondaire. L'infiltration à éosinophiles est donc secondaire à l’infiltrat à neutrophile, et pourrait dans certaines conditions conduire à l'installation d'une polypose. - Le troisième mécanisme évoqué est celui d'un stress local de la muqueuse nasale. Il serait induit par une infection responsable d’un afflux d'éosinophiles secondaire à l'expression locale de kinines. Cette inflammation neurogène associée à une hyperadrénergie nasale conduirait à une infiltration éosinophilique tissulaire, caractéristique du NARES dont on connaît le potentiel évolutif vers la polypose. Le rôle des leucotriènes : Son rôle dans la PNS a été évoqué sur la base des mécanismes physiopathologiques rencontrés dans l'intolérance à l'aspirine. Il s'agit d'un trouble du métabolisme de dégradation des phospholipides membranaires, et plus 50 particulièrement de l'acide arachidonique, ayant pour conséquence une production exagérée de leucotriènes. Ces derniers, caractérisés par des effets pro- inflammatoires et vaso-actifs provoqueraient une réaction inflammatoire chronique avec éosinophilie tissulaire. Il semble que les produits de dégradation de l'acide arachidonique (leucotriènes et prostaglandines) ne jouent qu'un rôle mineur dans la constitution de l'infiltration éosinophilique, observée dans la PNS [63]. Ø La théorie micro-environnementale : La théorie micro-environnementale de l'éosinophilie tissulaire fait intervenir de façon prédominante les cellules épithéliales, endothéliales et les fibroblastes, dans la genèse et l'entretien de la réaction inflammatoire. Cet ensemble cellulaire auto-activé participe, grâce à l'expression de facteurs pro-inflammatoires, au recrutement et au maintien de l'éosinophilie au sein du tissu cible. Ø La théorie dite "autocrine" : La théorie dite "autocrine" d'activation de l'éosinophile repose sur un trouble primaire de la physiologie de l'éosinophile et aboutirait à leur auto-activation, assurant leur survie et leur maintien au niveau du tissu cible. L'anomalie primaire pourrait se situer au niveau du récepteur membranaire de l'éosinophile pour l'IL-5, et ferait intervenir cette cytokine de manière prédominante dans la théorie "autocrine" de l'éosinophilie tissulaire dans la PNS. b. Rôle des mastocytes Le rôle des mastocytes dans la PNS est controversé. La mise en évidence de facteurs de croissance mastocytaires dont le Stem Cell Factor (SCF) au sein du polype, conforte l'hypothèse d'un recrutement et d'une activation mastocytaire participant à l'activation éosinophilique par l'intermédiaire de cytokines proinflammatoires. Cette hypothèse est renforcée par d'autres travaux mettant en 51 évidence une infiltration mastocytaire dans la polypose, indépendamment de toute allergie associée [64]. c. Rôle des lymphocytes Le rôle des lymphocytes dans la PNS est également discuté. Certains travaux [56] avaient avancé une hypothèse dysimmunitaire à médiation cellulaire avec infiltration éosinophilique secondaire. En réalité, d'autres études [56] n'ont pas permis de confirmer cette hypothèse. En conséquence, il semble que les lymphocytes dans la polypose soient caractéristiques de la réaction inflammatoire, et non pas de la polypose proprement dit. d. Rôle des polynucléaires neutrophiles Comme nous l’avons dit les polynucléaires neutrophiles pourraient jouer un rôle actif dans les polyposes dites secondaires où les surinfections sont fréquentes. 1.3. Facteurs cellulaires épithéliaux : place de l'épithélium a. Structure et fonction de l'épithélium respiratoire nasal Les voies aériennes supérieures sont tapissées par un épithélium de surface de type respiratoire, pseudo stratifié, prismatique et cilié (à l'exception de la zone criblée de l'ethmoïde tapissée par le neuroépithélium olfactif). La composition de cet épithélium varie le long des voies aériennes selon les régions anatomiques, et au moins sept principaux types cellulaires peuvent être individualisés : - Les cellules ciliées, majoritaires en nombre. - Les cellules caliciformes, riches en granules sécrétoires. - Les cellules basales, assurant l'ancrage épithélial sur la membrane basale. - Les cellules intermédiaires, intervenant dans la régénération épithéliale. - Les cellules séreuses, présentes dans les glandes sous-épithéliales. - Les cellules en brosse, participant aux échanges hydro électrolytiques. - Les cellules neuroendocrines, rares, secrétant des neuropeptides. 52 L'épithélium respiratoire repose sur une membrane basale peu épaisse qui le sépare du chorion sous-jacent. Ce dernier est riche en vaisseaux sanguins et lymphatiques, nerfs, glandes sous muqueuses et cellules dites "mobiles", telles que des lymphocytes isolés ou organisés en amas (Nasal Associated Lymphoïd Tissue, NALT). Face aux agents contaminants, l'épithélium nasal constitue une barrière physique et fonctionnelle, grâce à des complexes de jonctions. Les cellules épithéliales sont unies entre elles à leur partie apicale par des jonctions serrées, et à leur partie latérale par des desmosomes qui permettent le maintien de l'intégrité épithéliale, et constituent une barrière physique. La rupture de l'intégrité de cette barrière épithéliale expose directement les cellules sous-jacentes aux agents toxiques contenus dans l'air, et les cellules ainsi stimulées peuvent initier une réaction inflammatoire. b. Rôle de l'épithélium dans la physiopathologie de la PNS Bien qu'étant très "artificielle", la subdivision en polypose primitive à éosinophiles et polypose secondaire sans éosinophile permet une étude séparée et plus précise des mécanismes physiopathologiques de la PNS. Ø Polypose à éosinophiles ou primitive : L'épithélium nasal joue un rôle actif dans la réaction inflammatoire grâce à différents médiateurs. Ceux-ci vont permettre le recrutement et l'activation des cellules de l'inflammation, qui à leur tour, vont sécréter des médiateurs proinflammatoires. Ces molécules participent au recrutement et à l'activation d'autres cellules inflammatoires, tout en agissant sur les cellules épithéliales et structurelles de la muqueuse respiratoire (fibroblastes et cellules endothéliales). Ainsi, la cellule épithéliale est bien un acteur clef de la réaction inflammatoire, d'autant qu'elle se trouve en première ligne face aux stimuli et agressions de 53 l'environnement. Les cytokines jouent un rôle central par leur puissante action proinflammatoire ou pour certaines anti-inflammatoire ainsi que par leur organisation en réseau. La famille des cytokines est très vaste et s'agrandit de jour en jour. Très schématiquement, au cours de la réaction inflammatoire, on distingue les cytokines inflammatoires de la réponse précoce, des cytokines de la réponse tardive: - Les cytokines "précoces" des phases d'initiation et de propagation de l'inflammation sont caractérisées par des actions puissantes mais peu spécifiques, interleukine (IL-1) et Tumor Necrosis Factor (TNF-α). - Les cytokines de la phase d'amplification ont des actions plus ciblées sur tel ou tel type cellulaire (interférons (IFN), Colony Stimulating Factors (CSF), TGF, chémokines, IL-3-4-5-6). L'éosinophile étant la cellule inflammatoire clef de la PNS primitive, la plupart des travaux explorant l'implication des cytokines dans l'inflammation des polypes se sont particulièrement attachés à caractériser l'expression des cytokines les plus spécifiques du recrutement et de l'activation de cette cellule : - IL-3, IL-5, IL-8, - GM-CSF - RANTES L'épithélium pourrait également être impliqué dans l'inflammation des polypes par le biais de la sécrétion de médiateurs distincts des cytokines. En effet, les cellules épithéliales sécrètent des dérivés de l'acide arachidonique qui ont de puissantes actions pro inflammatoires telles que les leucotriènes et prostaglandines. De même, les cellules épithéliales expriment la forme constitutive de la NO synthétase (enzyme permettant la synthèse du monoxyde d'azote (NO)) et sont donc une source importante de sa production. 54 Ce monoxyde d'azote est un médiateur aux actions variées, étant notamment impliqué dans l'inflammation [65]. La surexpression par les cellules épithéliales des protéines de surface du complexe majeur d'histocompatibilité de type II (HLA-DR) ainsi que des protéines d'adhésion cellulaire (intercellular adhesion molecule-1 : ICAM-1) qui attirent localement les cellules inflammatoires, semblent également participer à l'action locale. Au total, les cellules épithéliales ont une place importante dans le réseau complexe des facteurs cellulaires et moléculaires intervenant dans l'inflammation nasale chronique, qui caractérise la PNS à éosinophiles. Ce réseau a été récemment conceptualisé sous la forme d'une théorie dite « microenvironnement ale » [56, 66, 67]. Ø Polypose "sans éosinophile" ou secondaire : Les mécanismes inflammatoires impliqués dans la PNS "sans éosinophiles" semblent différents et sont probablement spécifiques des affections sous-jacentes telles que la mucoviscidose ou les dyskinésies ciliaires congénitales (DCC). Ces pathologies représentent des cas particuliers d'inflammation nasale chronique liée à une anomalie congénitale des cellules épithéliales. c. Intervention directe des cellules épithéliales dans le développement des polypes. Les mécanismes de formation et de croissance des polypes naso-sinusiens sont encore discutés. L'hypothèse actuelle est basée sur la notion primitive de rupture de la continuité épithéliale et de la membrane basale. Alors que le tissu conjonctif contenant les fibroblastes et les cellules inflammatoires s'infiltre à travers cette rupture, l'épithélium progresse à partir des berges du défect dans les deux directions : 55 - d'une part, il tapisse la hernie conjonctive - d'autre part, il s'enfonce dans la lamina propria et se creuse de micro-cavités Ces micro-cavités s'agrandissent et fusionnent, alors que leur épithélium se différencie avec apparition de cellules ciliées et sécrétrices. En fusionnant, ces cavités vont cliver l'épithélium puis aboutir à l'individualisation d'un polype. Aux vues des travaux expérimentaux réalisés chez l'animal et des modifications observées in situ dans les polypes, le développement des polypes naso-sinusiens pourrait correspondre à un phénomène "exagéré" de réparation tissulaire. Ce mécanisme impliquerait : - Les cellules inflammatoires. - Les cellules mésenchymateuses et endothéliales. - Mais aussi et surtout les cellules épithéliales. La dysrégulation du processus de réparation est complexe. Schématiquement, différents facteurs de croissance sont sécrétés de façon inadaptée par les cellules inflammatoires, épithéliales et mésenchymateuses de la muqueuse nasale, et aboutissent à la formation de polypes. Inflammation et réparation épithéliale étant intimement liées, ce processus de réparation exagérée pourrait être intégré au concept de la théorie micro environnementale qui conceptualise l'emballement de l'inflammation dans la PNS. Ainsi, inflammation chronique et développement des polypes seraient deux mécanismes physiopathologiques interdépendants dans lesquels les cellules épithéliales ont un rôle majeur. 2. FACTEURS EXTRINSEQUES Ce chapitre a pour but de préciser l'influence que peuvent avoir sur la PNS certains facteurs environnementaux, notamment le climat, la pollution, le tabac, les allergènes. 56 Bien que certains patients se disent améliorés ou aggravés par des facteurs climatiques, ces derniers paraissent avoir un rôle négligeable, la PNS ne répondant à aucun critère d’unité de lieu. Si l'influence de la pollution sur les maladies allergiques d'une part et les rhinites d'autre part, a fait l'objet de quelques études, une seule porte sur la PNS. Ce travail prospectif multicentrique français [68] a permis de préciser la responsabilité de facteurs environnementaux tels que la pollution urbaine. Aucune différence significative entre l'incidence de la PNS en milieu rural ou urbain n'a été mise en évidence, la pollution ne semble donc pas être un facteur déterminant. Si depuis Younge en 1907 [69], la polypose a été souvent associée à l’allergie, il est actuellement admis qu’elle n'est pas une maladie atopique. Tout au plus cet élément peut être considéré, comme un facteur aggravant. L'augmentation des IgE constatée dans certaines PNS pourrait être une conséquence de la polypose et non une cause : pour certains, l'existence dans les polypes, de surfaces épithéliales abrasées, faciliterait la sensibilisation aux pneumallergènes [70]. D’autres, mettent en cause l’existence même d’une abrasion épithéliale [69]. L'âge d'apparition tardif de la PNS, le caractère fréquemment intrinsèque de l'asthme, la précession par un NARES ne plaident pas en faveur d’une l'hypothèse allergique [69]. En définitive, l'hypothèse allergique ne pourrait être le facteur physiopathologique principal que dans un très faible pourcentage de cas, tel que celui des sinusites fongiques allergiques [71]. A contrario, de nombreux travaux actuels [62, 72, 73] soulèvent le rôle de l’allergie microbienne dans la genèse de certaines PNS. 57 Au total, la responsabilité des facteurs extrinsèques dans la PNS ne remporte pas l’adhésion de la majorité des auteurs, si ce n’est comme facteurs aggravants. 3. L’INTOLERANCE A L’ASPIRINE Elle est à l’origine de la triade de Widal que nous aborderons dans les formes cliniques. Depuis sa découverte en 1899 l’aspirine (acide acétyle salicylique) a été largement employée pour ses propriétés antipyrétique, analgésique et antiinflammatoire. Cette molécule présente nombres d’effets secondaires tels que des éruptions cutanées, de l’asthme, des angio-œdèmes. La première description de l’intolérance à l’aspirine fut réalisée par Hirschberg en 1902 à propos d’une urticaire et d’un angio-œdème associés à une obstruction nasale apparue au décours d’une prise d’aspirine [74]. A cette période, l’intolérance fut considérée comme rare (0,3% de la population) et uniquement liée à la prise d’aspirine. Il faudra attendre les publications de Samter, Settipane, Slavin et Szczeklik [74, 75] pour que cette intolérance soit élargie aux autres antiinflammatoires non stéroïdiens et autres substances. Si la théorie allergique fut longtemps mise en exergue, elle est actuellement abandonnée au profit d’un mécanisme biochimique faisant intervenir la cyclo-oxygénase ou COX [74, 76, 77, 78]. 3.1. Symptômes liés à l’intolérance : L’intolérance à l’aspirine peut être divisée en trois catégories - Type A (15% des cas) : caractérisé par des symptômes respiratoires (asthme et rhinite). - Type B (75 % des cas) : caractérisé par une urticaire et un angio œdème. - Type C (10% des cas) : représenté par des formes cliniques particulières telles qu’érythème, exanthème, syndrome de Stevens-Johnson ou syndrome de Lyell. 58 Les symptômes peuvent être cutanés et/ou respiratoires (ORL et bronchiques) et surviennent une heure et demie après l’ingestion d’une dose de 10 à 100 mg. Dans les types A, une obstruction nasale, suivie d’une rhinorrhée, d’une hyperhémie conjonctivale, d’une toux quinteuse et d’un bronchospasme sont fréquemment retrouvés et peuvent conduire à l’arrêt cardio-respiratoire. Si la forme princeps est liée aux AINS, d’autres substances peuvent être responsables de ces symptômes. Il semble exister une prédominance liée au sexe, les femmes étant plus fréquemment atteintes excepté pendant la petite enfance. Des antécédents familiaux d’allergie sont retrouvés dans un tiers des cas [79]. 3.2. PATHOGENIE La théorie actuelle accorde un rôle prépondérant à la COX de type 1 et 2 [74, 77, 78, 80]. Les AINS inhibent les COX, ce qui engendre un déséquilibre du métabolisme de l’acide arachidonique au profit d’une des voies accessoires responsable. - D’une inhibition de la synthèse des prostaglandines. - D’une activité excessive de la 5-lipoygénase responsable d’une production accrue de leucotriènes (LTC4, LTD4 et LTE4), médiateurs puissants de l’inflammation [81, 82]. - D’une expression accrue de la LTC4 synthétase. Cette accumulation de leucotriènes est responsable des manifestations cliniques. 59 MATERIEL ET METHODES 60 1. MATERIEL D’ETUDE Notre étude repose sur l’analyse prospective de dossiers concernant des patients opérés pour polypose naso-sinusienne durant la période qui s’étend de Décembre 2006 à Mai 2008. 15 patients ont été opérés par voie endonasale sous vidéocontrôle au sein du service d’oto-rhino-laryngologie à l’hôpital OMAR DRISSI du C.H.U. HASSAN II de FES. 2. METHODE D’ETUDE Nous avons élaboré une fiche d’exploitation comprenant les différentes variables nécessaires à notre étude qui a consisté en l’analyse prospective des données des dossiers cliniques permettant de déterminer le profil épidémiologique, les manifestations radio-cliniques ainsi que les particularités du traitement endoscopique endonasale entrepris et enfin l’évolution et les complications. 61 FICHE D’EXPLOITATION I-IDENTITE • Nom et prénom :………………………………….……… • Sexe : F H • Age :…………………………………………………….…….. • Origine :………………………………………………….…... II-TERRAIN • Habitudes toxiques : • ATCD médicaux : Ø Maladie de FERNAND WIDAL Ø Asthme isolé suivi Ø Intolérance à l’aspirine et aux AINS isolée Ø Dermatite atopique Ø Allergie médicamenteuse autre Ø Otites moyenne chronique Ø Autres tares :………………………………………….. • ATCD chirurgicaux naso-sinusiens : Ø Ponction des sinus Ø Polypectomie Ø Chirurgie nasosinusienne • ATCD familiaux : Ø Polypose nasosinusienne Ø Atopie III-ETUDE CLINIQUE • Signes cliniques d’appel lors de la première consultation : Ø Age du diagnostic :…………………………………. Ø Délai du diagnostic :………………………………... Ø Symptômes (selon le score ADORE) § § Anosmie : Douleur : § Obstruction : § Rhinorrhée : § Eternuement : Ø Autres : § agueusie § Prurit palatin § § Toux nasal Dyspnée d’effort • Données de l’examen clinique : Ø Inspection : 62 oculaire § Déformation de l’auvent nasal § Autres : Ø Rhinoscopie antérieure : § § Atteinte unilatérale bilatérale Hypertrophie du cornet inférieur • Endoscopie nasale : Stade de la polypose : Ø Surinfection Ø Architecture endonasale :……………………………… • Reste de l’examen ORL :…………………………………..…… ……………………………………………………………………… IV-ETUDE PARACLINIQUE • TDM : Ø Comblement ethmoïdal : § stade ……………………………………………..…… Ø Atteinte des autres sinus : § Frontal § Maxillaire § Sphénoïdal stade….…… stade……… • Bilan pneumo- allergologique : § stade……… E.F.R………………………………………………….... V-TRAITEMENT • Traitement médical avant l’indication opératoire : Ø Corticothérapie générale (nombre de cure/an et posologie) :……………………………………………..… ……………………………………………………………... Ø Corticothérapie locale :(dose et durée)…………………………………… Ø Résultats du traitement : Ø Cortico dépendance Ø Cortico résistance Ø CI ou intolérance à la corticothérapie • Traitement chirurgical : Ø Technique opératoire : § Polypectomie à minima § Méatotomie moyenne : droite § Ethmoidectomie : § Sphénoïdectomie antérieure § Turbinectomie moyenne § Turbinectomie inférieure 63 gauche postérieure § Autres :………………………………………………… Ø Anatomopathologie :………………………………… • Traitement postopératoire : Ø Médical : § Corticothérapie ü Générale :…………………………………….….…. ü Locale :…………………………………………....… § Antibiothérapie :………………………………….…... Ø Déméchage à ………………………………………….… Ø Lavages des fosses nasales :…………………………. VI-COMPLICATIONS • Préopératoire : • Per-opératoire : Ø Hémorragie Ø Issue de graisse orbitaire Ø Mise à nu des méninges : sans fuite du L.C.R. du L.C.R. • Postopératoire : Ø Immédiate : § Oculaire : ecchymose emphysème § Neurologique : brèche ostéoméningée § Hémorragique Ø A distance : synéchie mucocèle Récidives perforation septale Sténose du canal naso-frontal stade et délai : VII-SURVEILLANCE • Rhinoscopie et score ADORE à Ø J21 :…………………………………………………. Ø 2mois :………………………………………………. Ø 6mois :………………………………………………. Ø 1an :…………………………………………………. Ø 18mois :……………………………………………… 64 avec fuite RESULTATS ET ANALYSES 65 1. ETUDE EPIDEMIOLOGIQUE 1.1. AGE L’âge moyen de nos patients est 37,5 ans, avec dans 80 % des cas un âge compris entre 30 et 50 ans, les extrêmes quant à elles situées entre 20 et 50 ans. 1.2. SEXE La répartition selon le sexe est de 11 femmes pour 4 hommes. 6 5 4 femme 3 homme 2 1 0 20 30 40 50 Graphique VI-1 :Répartition selon l'âge et le sexe 2. DIAGNOSTIC ET BILAN Tous les patients ont été soumis au même protocole diagnostique 2.1. L’INTERROGATOIRE Il permet d’apprécier : a. LES ANTECEDENTS Ils déterminent le passé personnel et familial du patient quant à l’asthme, l’allergie et la polypose naso-sinusienne. 66 Le syndrome de Fernand Widal est noté chez 5 patients, 2 sont porteur d’un asthme isolé. Aucun cas d’intolérance aux AINS isolée n’a été objectivé dans les antécédents. La majorité des patients (12 cas) sont sans antécédents chirurgicaux tandis que 3 cas avaient été opérés au moins une fois. Ils s’agissaient chez tous ces patients d’une polypectomie à minima. Parmi ces 3 patients un seul présentait une complication à type de perforation septale. b. L’HISTOIRE DE LA MALADIE Elle définit le début des symptômes, leurs chronologies et les traitements antérieurs. L’âge ainsi que le délai du diagnostic sont donnés dans le tableau suivant : Age du Délai du diagnostic (an) diagnostic (an) minimum 16 0 maximum 48 6 moyenne 35 2 Tableau VI-1 : valeurs relatives à l'âge dans la population étudiée. La symptomatologie inaugurale d’entrée dans la pathologie rhino-sinusienne est dominée par l’obstruction nasale dans 6 cas et la rhinorrhée dans 5 cas. c. LA SYMPTOMATOLOGIE FONCTIONNELLE Elle est évaluée à l’aide du score A.D.O.R.E : noté de 1 à 3 en fonction de l’importance de chacun des symptômes : 67 - A : anosmie - D : douleur de la face se projetant dans une aire nasale ou sinusienne - O : obstruction nasale - R : rhinorrhée antérieure et / postérieure - E : éternuements Le saignement n’est pas pris en compte dans l’évaluation fonctionnelle de cette pathologie rhino-sinusienne compte tenu de sa faible incidence. Dans notre expérience, il n’est jamais un symptôme initial lié à la maladie. L’évaluation des signes fonctionnels est transcrite dans le tableau suivant : 1 2 3 Anosmie absente hyposmie anosmie Douleur absente pesanteur algie Obstruction absente légère complète Rhinorrhée absente Faible importante Eternuement absent rare fréquent Autres critères frontale maxillaire éthmoïdale claire purulente antérieure Tableau VI-2 : score fonctionnel ADORE. (D’après DESSI) 68 postérieure Dans la population colligée la répartition de valeurs obtenues est la suivante : 15 10 10 5 5 0 0 2 15 15 anosmie 1 3 15 obstruction algie 2 3 15 rhinorrhée 10 10 10 5 5 5 0 0 0 2 3 1 2 éternuement 1 3 2 3 Graphique VI-2 : proportion des différents symptômes préopératoires. Les localisations algiques sont maxillaires dans 4 cas, frontales dans 3 cas et médio-faciale dans un seul cas. Les caractéristiques de la rhinorrhée sont les suivants : ü concernant la localisation : la rhinorrhée est mixte dans 7cas, antérieure isolée dans 5cas et postérieure isolée dans 2cas. ü Concernant son aspect : elle est claire dans 10 cas et purulente dans 4 cas. 2.2. L’EXAMEN CLINIQUE Il est réalisé dans le même temps de la consultation à l’optique rigide 0° sans préparation de la fosse nasale. 69 a. LE STADE (société française d’O.R.L.) L’examen endoscopique permet d’évaluer la polypose à l’aide d’une échelle concernant quatre degrés : - Stade 0 : pas de polype visible - Stade 1 : polypes localisés au méat moyen - Stade 2 : polypes développés dans la fosse nasale ne dépassant pas le cornet inférieur. - Stade 3 : polypes atteignant le plancher des fosses nasales Lors de l’examen préopératoire, nous retrouvons 10 cas de stade 3 et 5 cas de stade 2, aucun stade 1 n’a été colligé la répartition des stades cliniques constatés est exprimée sur le graphique suivant : 15 10 5 0 stade 2 stade 3 Graphique VI-3 : Répartition du stade initial de la polypose b. CONDITIONS ANATOMIQUES ENDONASALES Nous recherchons systématiquement : ü Des anomalies anatomiques constitutionnelles : les patients opérés présentaient une déviation septale dans 1 cas et une hypertrophie turbinale dans 2 cas. 70 ü Des anomalies acquises par des interventions antérieures. ainsi une perforation septale est retrouvée dans 1 cas. Aucune synéchie n’a été retrouvée. La présence d’une unilatéralité impose la réalisation d’une biopsie. Afin d’éliminer tout processus tumoral. Dans notre série aucune atteinte unilatérale n’a été objectivée. c. EXAMEN CLINIQUE ORL COMPLET Il évalue l’existence d’autres pathologies associées. Aucune autre anomalie n’a été objectivée chez nos patients. 2.3. LE BILAN COMPLEMENTAIRE a. BILAN PNEUMO-ALLERGOLOGIQUE Face à une symptomatologie d’atopie, d’allergie ou d’hyperréactivité bronchique les patients sont adressés à un allergologue. Le Phadiatop® et les tests cutanés peuvent être effectués à la recherche d’une hypersensibilité de type I. Nous n’avons pas réalisé de test de provocation à l’aspirine du fait des risques encourus par Les sujets. Tout antécédent d’intolérance à l’aspirine, à un anti-inflammatoire non stéroïdien ou à un conservant alimentaire nous fait suspecter et considérer le patient comme intolérant. Notre population présente 3 cas d’allergiques et 5 cas d’intolérants aux A.I.N.S. Une épreuve fonctionnelle respiratoire (EFR) a été réalisée systématiquement chez tous nos patients. En cas de positivité de ces tests, un avis pneumologique a été demandé. L’atteinte asthmatique a été appréciée grâce aux critères suivants : 71 - 1 : asthme sans traitement au long cours - 2 : asthme stable sous traitement local au long cours - 3 : asthme instable nécessitant une corticothérapie générale Ainsi, 8 patients soit 53,3% de notre effectif sont asthmatiques, les différents stades sont exprimés dans le graphique suivant : 72 Figure VI-1 : E.F.R. d’une patiente porteuse d’un syndrome de Fernand Widal objectif un trouble ventilatoire obstructif 73 15 10 5 0 stade 1 stade 2 stade 3 pas d'asthme Graphique VI-4 : Nombre des atteintes asthmatiques (1 : stable sans tt au long cours, 2 : stable sous tt au long cours, 3 : asthme instable). Parmi les patients asthmatiques de la série, 62,5% sont intolérants aux AINS. Ainsi, 33,3% de la population soit 5 patients sont porteurs de la maladie de Widal. b. LE TYPE DE LA POLYPOSE En fonction du bilan médical pré-thérapeutique les patients ont été classés en plusieurs catégories : - Type I : polypose isolée - Type II : polypose associée à un asthme sans intolérance aux AINS. - Type III : maladie de Widal - Type IV : syndrome de Woakes, de Young, de dyskinésie ciliaire ou de mucoviscidose. En fonction de l’existence ou non d’un terrain atopique, les types I et II peuvent être subdivisés en groupe Ia et IIa s’il existe un terrain allergique et Ib et IIb s’il n’en existe pas. 2 polyposes de Woakes ont été objectivé dans notre série (Figure VI-2). 74 La répartition dans notre population est exprimée dans le tableau suivant : TYPE Pourcentage Ia 6,6% IIa 26 ,6% IIb 0 IIc 20% 33 ,3% 20% Effectif 1 5 4 0 3 3 III 33,3% 5 IV 13,3% 2 Tableau VI-3 : pourcentage des différents types de polypose nasosinusienne. Figure VI-2 : Polypose de WOAKES : aspect de la face en « museau de tapir » (service ORL Pr EL ALAMI). 75 c. LA TOMODENSITOMETRIE Sa réalisation est systématique en préopératoire, elle est effectuée en coupes axiales, coronales et sagittales sans injection de produit de contraste, en fenêtre osseuse et parenchymateuse. Cet examen a été effectué à tous les patients de l’étude. Nous le considérons comme essentiel à plusieurs titres : ü Il apprécie l’envahissement sinusien de la polypose et guide le geste à effectuer. ü Il met en évidence l’existence d’anomalies anatomiques sinusiennes : déhiscence de la lame papyracée, protrusion de la carotide interne et du nerf optique dans la cellule d’Onodi et dans le sphénoïde, différence de hauteur des toits ethmoïdaux. ü Nous le considérons comme ayant une valeur médico-légale L’atteinte sinusienne radiologique a été appréciée sur les clichés scanographiques réalisés avant chaque intervention (Figure VI-3-7). L’échelle retenue comporte 3 stades, dont le détail apparait dans le tableau suivant. Stade Images scanographiques Libre ou épaississement 1 inférieur à 5 mm Image en cadre ou 2 persistance d’une aération 3 Sinus plein Tableau VI-4 : Stades radiologiques. 76 Figure VI-3 : polypose naso-sinusienne évolutive avec comblement total des sinus maxillaires et des fosses nasales (service Pr EL ALAMI) Figure VI-4 : polypose naso-sinusienne avec comblement total des cellules éthmoïdales et du sinus sphénoïdal (service Pr EL ALAMI) 77 Figure VI-5 : polypose naso-sinusienne avec comblement total du sinus sphénoïdal (service Pr EL ALAMI) 78 Figure VI-6 : Polypose naso-sinusienne évolutive avec comblement total des cellules éthmoïdales des fosses nasales et du sinus maxillaire gauche épaississement en cadre de la muqueuse du sinus maxillaire droit (service Pr EL ALAMI). Figure VI-7 : polypose naso-sinusienne avec comblement total des deux sinus frontaux (service Pr EL ALAMI). 79 Mise à part l’ethmoïde qui est par principe comblé, toute atteinte unilatérale a été évaluée en prenant pour référence le coté le plus atteint. . Les résultats sont résumés dans les graphiques suivants : Graphique VI-5 : Evaluation tomodensitométrique préopératoire des différentes atteintes sinusiennes 3. L’INDICATION THERAPEUTIQUE Avant toute décision opératoire et en l’absence de contre-indication thérapeutique, un traitement médical est effectué. Il fait appel à la corticothérapie : § Générale : ü Par de la prédnisolone 1mg/kg/j ou méthylprednisolone 0,8mg/kg/j, pendant 10 jours. ü En une prise matinale pendant le petit déjeuner afin de ne pas interférer avec le rythme circadien de cortisol. 80 ü Associée à une couverture antibiotique per os par Amoxycilline et Acide Clavulanique à la dose de 1g matin et soir ou par la cefuroxime à la dose de 250mg matin et soir pendant 10 jours. ü Avec arrêt brutal, sans posologie dégressive. § Locale : Par pulvérisation de corticoïdes inhalés quotidiennement à raison de deux pulvérisations par narine et par jour (fluticasone 50 mcg) En cas d’échec du traitement, trois groupes peuvent être définis : ü Les cortico-dépendants : la corticothérapie suivant les modalités décrites devant être répétée jusqu’à trois fois par an totalisant 30 jours de corticothérapie annuelle. ü Les cortico-résistants : l’amélioration est faible ou nulle conduisant à une poursuite de la corticothérapie générale pendant plus de 30 jours consécutifs. ü Les contre-indiqués : la présence d’une pathologie associée rendant impossible la corticothérapie. L’effectif de ces différents groupes est rapporté dans le graphique suivant : Graphique VI-6 : Répartition des différents groupes vis-à-vis de la corticothérapie. 81 Ainsi, 86,7% des patients opérés présentaient une résistance à la corticothérapie. Nos indications opératoires ont été posées à partir de l’ensemble de ces résultats. Nous avons retenus principalement : ü Les doléances, avec au premier plan l’obstruction nasale. ü La répétition des cures associant antibiotiques et corticoïdes, c’est à dire trois cures d’une semaine réparties sur un an ou après une dose cumulée de corticoïde supérieure à 30 jours. ü Une corticothérapie non supportée ou contre indiquée. 4. LA CHIRURGIE 4.1. LA PREPARATION MEDICALE Elle est adaptée en fonction du terrain des patients. Nous avons recours à une antibio-corticothérapie par voie générale 4 jours avant la chirurgie. Pour les patients asthmatiques, une stabilisation de leur asthme est nécessaire avant toute chirurgie. 4.2. L’ANESTHESIE & PREPARATION DU PATIENT a. L’ANESTHESIE La chirurgie est réalisée sous anesthésie générale à l’aide d’une intubation orotrachéale avec une sonde armée. . En l’absence de contre-indication une «hypotension contrôlée » est réalisée. b. L’INSTALLATION DU PATIENT Le sujet est en décubitus dorsal, les bras le long du corps en léger proclive. L’opérateur est placé à la droite du patient à hauteur du cou quel que soit le coté opéré. 82 L’aide est en face, décalé vers le bas, le moniteur placé à la tête face au chirurgien. La tête du patient en légère extension, est tournée de 30° vers l’opérateur. Le champ opératoire laisse dégager la pyramide nasale et les yeux afin de pouvoir démasquer à tout moment des signes d’effraction orbitaire. c. LE MECHAGE En l’absence de contre-indication, la rétraction de la muqueuse est effectuée à l’aide de tampons imprégnés d’une solution composée : - De deux flacons de Xylocaïne Naphazoline® - D’un mg d’adrénaline Ils sont introduits dans les fosses nasales à l’aide d’une pince à mors cupules et laissés en place 15 minutes : - Un tampon dans le couloir éthmoïdo-méatique en regard du méat moyen - Un tampon dans le recessus sphéno-éthmoidal, - Deux tampons à la partie basse de la fosse nasale. 83 Figure VI-8 : installation du patient lors d’une ethmoïdectomie endonasale vidéo-endoscopique (service Pr EL ALAMI). 4.3. LE MATERIEL a. LE SYSTEME OPTIQUE La chaîne vidéo-optique comprend : - un endoscope Stortz de 4 mm permettant une vision panoramique à 30°, - Une caméra mono CCD type storz. - Une source de lumière froide - Un écran de contrôle -un graveur DVD. b. LES INSTRUMENTS Ø Plateau d’instrumentation endonasale - 1 micropince d’oreille à mors-cupules 84 - 1 jeu d’aspirations boutonnées de Wigand - 1 jeu de pinces Blakesley 0°, 45° fine et large, 90° - 1 pince d’Ostrom-Terrier - 1 pince contre-coudée à mors-cupules - 1 faux - 1 pince Bipolaire de Dessi - 1 paire de ciseaux de Prades - 1 spéculum de Killian - 1 pince Politzer - 1 porte aiguille - 1 pince muqueuse - 1 pince Citelli 4.4. LA TECHNIQUE OPERATOIRE Ses buts sont : - Repérméabiliser les ostium, pour rétablir la physiologie des cavités nasosinusiennes en assurant leur drainage - Préparer le lit de la future corticothérapie locale Tous nos patients ont bénéficié d’une ethmoïdectomie fonctionnelle d’avant en arrière, la sphénoïdotomie et la chirurgie turbinale y sont associées en fonction du cas. Les différents gestes réalisés sont consignés sur le tableau suivant : 85 chirurgie 1ère Effectif Ethmoïdectomie Chirurgie des sinus Ethmoïdectomie + Sphénoïdotomie 0 Cautérisation 0 Aucun geste 15 Exérèse de la tête 13 Aucun geste 2 Exérèse d’un rail 2 septoplastie 1 inférieure moyenne Chirurgie septale 5 Exérèse Chirurgie turbinale Chirurgie turbinale 10 Tableau VI-5 : répartition des différents types de gestes opératoires réalisés. a. EN FIN D’INTERVENTION Ø Le contrôle des cavités Il convient de faire un dernier examen des cavités après un lavage abondant au sérum physiologique afin de s’assurer de l’absence de complication au niveau : - du toit ethmoïdal « white hard roof » : déhiscence, fuite de liquide céphalorachidien - de la lame papyracée : issue de graisse orbitaire - de la voie lacrymale - des artères ethmoïdales et sphéno-palatines Ø Une électrocoagulation : à la pince bipolaire est réalisée Ø Le méchage 86 Le méchage est non systématique Ø Anatomo-pathologie N’est pas systématique. Nous avons réalisé un examen histopathologiques chez 3 patients. 5. LA SURVEILLANCE Elle se conçoit à trois niveaux 5.1. IMMEDIATE : Elle débute en salle de réveil. Dans notre série aucune ecchymose orbitaire ou diplopie ou chute de l’acuité visuelle ou mydriase ou saignement non contrôlé par un tamponnement n’ont été objectivés. 5.2. A COURT TERME : Il s’agit de la surveillance classique de tout opéré en unité d’hospitalisation (état local, signes de pancarte). Les suites opératoires de nos patients étaient sans particularité. Une antibiothérapie par Amoxicilline et acide Clavulanique à la dose de 1g matin et soir est mise en place pour une durée de 8 jours. Une corticothérapie, en l’absence des contre-indications habituelles, est prescrite à la dose de 1 mg/kg/j pendant 6 jours. Le déméchage s’il est réalisé, est retiré après 24H. Dès la sortie et durant un mois, des lavages des fosses nasales se font à l’aide de 200cc de sérum physiologique dans chaque narine, répartis matin et soir. Une corticothérapie locale, à base du fluticasone à la dose de 400mcg par jour,est débutée dès le déméchage. 87 5.3. A MOYEN ET LONG TERME : La nécessité d’un suivi régulier sous forme de visites avec examen clinique et endoscopique s’impose dans le but de détecter des complications et une récidive à un stade précoce (Figure VI-9). Un premier contrôle est réalisé à 3 semaines. Il permet apprécier l’état des fosses nasales (croûtes, surinfections et cicatrisation). En l’absence de complication, il permettra de mettre fin aux lavages tout en maintenant la corticothérapie locale au long cours. Seules les visites systématiques à 2 et 6 mois puis annuellement réalisées ont été prises en compte. Elles permettent d’évaluer : - La symptomatologie fonctionnelle grâce au score ADORE, de façon identique à celui de la visite préopératoire. - L’état de la muqueuse à l’aide d’une rhinoscopie en notant la présence de croûtes. 88 Figure VI-9 : contrôle endoscopique d’un évidement éthmoïdal fonctionnel (service Pr EL ALAMI) - Le suivi thérapeutique : prise d’antibiothérapie et corticothérapie générale et d’antihistaminique. L’observance de la corticothérapie locale, sans arrêt supérieur à 3 mois, est comprise entre 90.8 et 96.1%. 5.4. LE RECUL. La durée moyenne du suivi est de 1an. Au terme de l’étude c'est-à-dire en Mai 2008 ; 12 patients ont été suivi avec un recul variable de 1 mois et 18 mois et 3 patients ont été perdus de vue. Sur l’ensemble des patients de la série, aucun patient n’a été réopéré. 89 5.5. EVOLUTION GLOBALE DES SYMPTOMES APRES LA CHIRURGIE Nous avons assimilé l’ensemble des valeurs du score A.D.O.R.E. à des variables quantitatives afin de pouvoir réaliser des moyennes. Ces dernières ont été exprimées en fonction du temps à l’exclusion de tout autre covariable. 3 2,5 2 Anosmie 1,5 Rhinor rée Obsruction 1 0,5 0 0 2mois 6mois 12mois 18mois Graphique VI-7 : courbe moyenne du suivi de l'anosmie, de l'obstruction et de la rhinorrhée après intervention. Nous avons réalisé le même type de courbe pour les symptômes plus rares : 90 3 2,5 2 algie 1,5 eternuement asthme 1 0,5 0 0 2mois 6mois 12mois 18mois Graphique VI-8 : Courbe moyenne du suivi de l’algie, des éternuements et de la stabilité de l’asthme. 5.6. LES COMPLICATIONS : Elles regroupent tous les incidents et accidents pouvant survenir durant la période pré et postopératoire, à court, moyen et long terme. Les résultats sont consignés dans le tableau suivant : 91 1ère complications Nombre de cas Fosse nasale précoces orbite méninges Surinfections 1 Croutes 0 hémorragies 2 Déhiscence lame 0 Emphysème orbite 0 Hématome orbite 0 Mise à nue sans fuite 0 Brèche méningée avec fuite 0 synéchies 1 Perf septale 0 mucocèles 0 Sténose canal naso-frontal 0 tardives Tableau VI-6: incidence et répartition des différentes complications au cours des interventions. Aucune récidive n’a été observée au cours du suivi de nos malades. 92 DISCUSSION 93 Notre étude prospective porte sur 15 patients opérés de polypose nasosinusienne sur 18mois. Les articles publiés dans la littérature font état de séries numériquement plus élevées [28,83, 84, 85]. La même remarque s’applique à la durée de suivi. L’effectif et le recul dont nous disposons nous ont permis de réaliser une étude préliminaire des résultats de l’ethmoïdectomie fonctionnelle sous guidage endoscopique. 1. ETUDE EPIDEMIOLOGIQUE 1.1. L’AGE La polypose naso-sinusienne est une affection de l’adulte jeune. L’âge moyen de nos patients est de 37,5 ans avec dans 80% des cas un âge compris entre 30 et 50 ans, on retrouve globalement les mêmes taux dans la littérature [86]. 1.2. LE SEXE La prédominance masculine est classiquement retrouvée SERRANO.E. [4] 70% BONFILS [87] 54% ; JANKOWSKI [88] 56% ; BATTEUR [89] 70% ; FOMBEUR [90] 59%. Dans notre série la prédominance est plutôt féminine 36,6%. Ce qui a été avancé par WYNN [91]. Nous ne sommes pas en mesure d’en fournir l’explication. 1.3. LE TERRAIN Ø la répartition de notre population (46,6% de P.N.S. isolée, 20% de formes associées à un asthme et 33,3% de maladie de Widal) est confirmée par les études de JANKOWSKI [88] KORCHIA [92] KRAMER [59] et SALVIN [52]. Les différences constatées dans certaines séries [93, 94,95] sont probablement dépendantes du mode de recrutement. 94 Ø L’importance des antécédents chirurgicaux : 20% des cas. Ainsi leurs multiplicités chez le même patient confirment 2 notions classiques : • Le caractère chronique de la polypose • Le résultat transitoire de toute chirurgie soit par son caractère incomplet (polypectomie) soit par l’absence de traitement médical de relais (corticothérapie locale). C qui corrèle avec nos résultats puisque les 3 patients déjà opérés ont bénéficié d’une polypectomie. v L’hérédité : il parait intéressant de donner les principaux résultats d’une étude prospective française multicentrique [D.STOLL ; R.PEYNEGRE ; L.CRAMPETTE ; JM.KLOSSEK ; E.SERRANO ; P.ROUVIER] portant sur 224 patients présentant une P.N.S. (1999) • Si l’on considère l’antécédent familial dans la P.N.S. : 58,7% des cas soit 150 patients ayant correctement rempli le questionnaire familial, ont un parent ou plus atteint de la même affection [56] • Nous estimons que le nombre de cas de nos malades ayant un antécédent familial de polypose est mal élucidé vu la méconnaissance des malades des pathologies de leurs entourages. 2. L’ETUDE CLINIQUE 2.1. LES SIGNES D’APPEL a. Les signes fonctionnels rhino-sinusiens Le début de la maladie peut être brutal (rhinite aigue qui ne guérit pas) ou insidieux (s’étalant sur plusieurs années). Les signes fonctionnels n’ont rien de spécifique. 95 Devant un dysfonctionnement nasal chronique, l’existence d’une anosmie doit cependant faire évoquer le diagnostic ; dans la très grande majorité des cas la P.N.S. survient après un NARES, après une durée d’évolution moyenne de 8 ans. v Obstruction nasale Symptôme principal, elle est le plus souvent inaugurale, permanente ou intermittente. Dans ce cas, elle prend toute sa valeur si elle persiste plus de 8 jours consécutifs en dehors de toute affection saisonnière. Cette obstruction nasale est haute dans les formes débutantes et peu évoluées, haute et basse dans les formes évoluées et invalidantes, elle constitue la doléance principale de nos patients. v Anosmie La découverte d’une anosmie présente une importance fondamentale pour le diagnostic de NARES ou de P.N.S. [96]. Parfois, elle passe inaperçue ou semble avoir été améliorée par la prise de corticoïdes. Elle n’est pas obligatoirement proportionnelle à l’importance macroscopique des polypes. v Rhinorrhée Elle est souvent séreuse ou aqueuse. La rhinorrhée postérieure est fréquente, souvent ressentie comme une gêne pharyngée v Douleur Elle se limite souvent à une sensation de plénitude de la face sans douleur vraie. v Eternuements Ne sont considérés comme gênants que lorsqu’ils surviennent en salves incoercibles. 96 ü D’autres signes sont également recherchés : rhinolalie fermée, signes otologiques, signes d’irritation pharyngée. b. Les signes fonctionnels broncho-pulmonaires L’atteinte de l’arbre trachéo-bronchique par la maladie inflammatoire chronique n’est pas constante dans la polypose, comme la polypose n’est pas constamment retrouvée lors de pathologie pulmonaire. Mais l’association doit être recherchée systématiquement car les choix thérapeutiques en dépendent. v L’asthme L’asthme est une pathologie à rechercher en priorité, que ce soit un asthme cliniquement patent ou des équivalents d’asthme (toux à l’effort ; sensation d’oppression thoracique) v La dilatation des bronches v La bronchite chronique v La mucoviscidose Dans notre série l’obstruction nasale et l’anosmie sont quasi-constantes (100%) quelque soit le stade de la P.N.S. la rhinorrhée leur est associée dans des proportions variables. Les données de cette étude clinique sont conformes à celle rencontrées dans la littérature [90, 97]. Cependant dans notre contexte l’obstruction nasale est le principal motif de consultation suivi de la rhinorrée et accessoirement de l’anosmie. 2.2. L’EXAMEN CLINIQUE L’examen commence par une inspection de la pyramide et de la columelle à la recherche d’une déformation. 97 a. La rhinoscopie antérieure : permet de préciser l’existence de polypes, d’œdème ou de secrétions. Elle permet aussi de prévoir les difficultés thérapeutiques qui peuvent être rencontrées ultérieurement lors du traitement chirurgical en mettant en évidence un cornet à courbure inversée, une déviation septale. b. L’endoscopie : permet l’examen des fosses nasales ainsi que les gestes explorateurs aboutissant au diagnostic : palpation, aspiration des sécrétions, prélèvements. Les polypes ont un aspect caractéristique : grains de raisin plus ou moins translucides, pales ou rosés, de consistance molasse à la palpation au stylet, œdémateux, peuvent être sessiles ou pédiculés, toujours bilatéraux. Exceptionnellement au début, la polypose peut sembler unilatérale, mais l’examen soigneux du méat controlatéral révèle le plus souvent des modifications inflammatoires chroniques : œdème de la gouttière unci-bullaire, aspect dédoublé de l’apophyse unciforme. L’unilatéralité vraie d’une polypose est un élément inquiétant qui fera évoquer une anomalie locale majeure. L’examen clinique nous permet de préciser, le stade selon la classification déjà étudiée, la taille, la diffusion de la polypose, son caractère infecté ou non (figure VII-1). Dans notre série l’aspect observé était le plus souvent celui d’une polypose massive obstruant presque totalement les 2 fosses nasales. L’exclusivité des 2 stades que nous présentons (66,6% de stade III et 33,3% de stade II) est difficilement comparable à la littérature anglo-saxonne, qui s’appuie sur une classification souvent radiologique [98, 99, 100] DANIELSEN [101] avec un classement 98 superposable au notre, rapporte 21% de stade I, SIMON [97] n’en retrouve que 5%. Cette différence est sans doute, en rapport avec notre schéma thérapeutique conforme à la majorité des écoles françaises [33, 56, 89,95] qui privilégie le traitement médical dans les formes peu évoluées. Figure VII-1 : polypose stade III (service Pr EL ALAMI). 99 2.3. FORMES CLINIQUES DES PNS Par ses associations et ses mécanismes physiopathologiques, la polypose naso-sinusienne est une pathologie pouvant se rencontrer de façon isolée ou syndromique. a. PNS ET ASTHME v Aspects cliniques L'association de la polypose naso-sinusienne et d'un asthme est classique. Sa fréquence est variable selon les séries. L'âge moyen de la découverte d'une polypose chez l'asthmatique se situe entre 30 et 50 ans [102]. Dans deux tiers des cas, la polypose est diagnostiquée après le début de la maladie asthmatique, souvent tardivement au cours de l'évolution des symptômes bronchiques. Il n'est pas impossible que le début insidieux de la symptomatologie nasale, volontiers négligée par les patients, explique cette observation. Bien que la polypose ne figure pas dans les recommandations internationales de prise en charge de la maladie asthmatique, elle est en pratique souvent considérée comme un facteur de déstabilisation. v Aspects thérapeutiques La prise en charge thérapeutique ne se conçoit que sous forme d’un partenariat multidisciplinaire. L’avis ORL est motivé par l'intensité des symptômes rhinosinusiens ou lorsqu'il existe une relation nette entre les poussées de PNS et l'aggravation de l'asthme. Des travaux ont mis en évidence une réduction de la fréquence des exacerbations de l'asthme, après prise en charge médicale et/ou chirurgicale de la polypose nasale [103, 104, 105]. 100 b. PNS ET MUCOVISCIDOSE La mucoviscidose est responsable de la majorité des polyposes de l’enfant. Cette association a été mise en évidence par Lurie en 1957 [54]. Les patients atteints de mucoviscidose dans sa forme classique (atteinte pulmonaire, insuffisance pancréatique et chlore sudoral élevé) ont une PNS associée dans 6 à 50% des cas [106, 107]. v Aspect clinique Dans la mucoviscidose, l'étiopathogénie de la PNS est encore mal définie. Les manifestations fonctionnelles de la PNS ne sont nullement spécifiques. L'obstruction nasale, la rhinorrhée, les éternuements, l'anosmie et les douleurs faciales évoluent sur un mode chronique, selon tous les schémas possibles [108]. A l'examen clinique les polypes ont un aspect classique, mais la présence de sécrétions mucopurulentes verdâtres liées à la surinfection par le pyocyanique, doit faire suspecter le diagnostic de mucoviscidose. L'incidence de la PNS, dans cette affection, varie selon les séries. Triglia [107], sur une évaluation de 135 patients porteurs d'une mucoviscidose, a montré une incidence de la polypose dans 54.8% des cas. Ils représentent 72% de l’ensemble des PNS diagnostiquées sur une population pédiatrique. Le pic d’incidence se situe entre 4 et 12 ans [109] et parait augmenter chez les patients ayant subi une greffe cœur-poumon [106]. v Aspects thérapeutiques L'évolutivité de la PNS est difficile à évaluer et la régression spontanée est rare. L'antibiothérapie permet de contrôler les éventuelles poussées infectieuses et la corticothérapie pose le problème du risque de son utilisation au long court chez l'enfant. Depuis le début des années 1990, le principe de l'ethmoïdectomie par voie endonasale s'est imposé [106, 110, 111, 112, 113]. Certains travaux ont permis de montrer que le traitement chirurgical de la PNS, chez les patients présentant une 101 mucoviscidose, pouvait réduire les besoins annuels d'une antibiothérapie mais ne semble pas améliorer la fonction pulmonaire [114]. Selon Rowe-Jones [106] les sujets dont la rhinorrhée purulente est la doléance principale, ont un taux de récidive inférieur à ceux se plaignant d’obstruction nasale. Seules des études à long terme pourront préciser l'évolution de l'état broncho-pulmonaire de ces patients opérés. La prise en charge diagnostique et thérapeutique d'une PNS dans le cadre d'une mucoviscidose doit répondre à certaines règles : - Toutes PNS survenant avant l’âge de 20 ans imposent la pratique d’un test de la sueur. - La chirurgie sinusienne par voie endoscopique peut être actuellement proposée mais ne doit être décidée qu'en collaboration avec le pédiatre et le pneumologue. c. PNS ET SYNDROME DE FERNAND WIDAL Le syndrome de Widal, Abrami et Larmoyez décrit en 1922 [115] représente la forme la plus agressive de PNS [54]. Tombé dans l'oubli, il fait l'objet des travaux de Samter [75, 116] qui le décrit sous le terme de triade associant : polypose nasosinusienne, asthme intrinsèque et intolérance à l'aspirine [75]. Dans une population de patients atteints de polypose naso-sinusienne, 13% [117] sont porteurs de cette triade. v Aspect clinique Le syndrome survient le plus souvent dans la 4e et 5e décennie. Sa survenue dans l'enfance est tout à fait exceptionnelle. Le délai entre l'apparition des symptômes respiratoires et l'intolérance à l'aspirine est variable, allant de quelques mois à 25 ans. La rhinite non allergique à éosinophile (NARES) correspondant à un stade pré-polypeux, est considérée comme une modalité d'entrée dans la maladie 102 [118, 119, 120]. Une fois la maladie polypeuse installée, il n’est pas toujours possible d’objectiver des différences cliniques ou tomodensitométriques avec les autres formes. L'asthme se caractérise par une franche éosinophilie, retrouvée par le lavage broncho-alvéolaire de la muqueuse bronchique. Le syndrome de Fernand Widal ne reconnaît pas d'étiologie allergique. Un terrain atopique est retrouvé dans 20 à 35% des cas, conformément à sa prévalence dans la population générale. v Conduite diagnostique et thérapeutique Dans les formes avérées de PNS, le diagnostic de maladie de Widal repose avant tout sur l’anamnèse. Les tests de provocations cliniques sont aujourd’hui abandonnés du fait de leur gravité potentielle. Au stade pré-polypeux, outre l’interrogatoire, la cytologie nasale reste à la base du diagnostic de NARES (éosinophilie muqueuse supérieure à 25% de la lignée blanche). D’un point de vue thérapeutique la seule spécificité de cette affection, repose sur l’éviction totale et définitive des AINS. d. PNS ET SYNDROME DE DYSKINESIE CILIAIRE PRIMITIVE (SDCP) La fréquence de la polypose dans la pathologie ciliaire est mal connue. Le tableau clinique est celui d'infections récidivantes ou chroniques des voies aériennes, évoluant depuis les premiers mois de la vie et s'associant à l'âge adulte à un tableau d'infertilité. Dans certains cas, une polypose naso-sinusienne d'aspect classique peut être associée. Un simple brossage de la muqueuse nasale permet de recueillir un échantillon de cellules épithéliales dont l'étude en microscopie optique à contraste de phase et en microscopie électronique permet d'apporter le diagnostic étiologique précis. La prise en charge thérapeutique de la polypose naso-sinusienne de ces patients n’est pas spécifique, et répond aux mêmes règles que pour une polypose primitive. 103 e. PNS ET ALLERGIE FONGIQUE Historiquement, la sinusite fongique fut décrite par Safirstein en 1976. Cet auteur admet l’existence de formes associant PNS et infections mycosiques intrasinusiennes[121]. Il fait un rapprochement avec la broncho-pneumopathie allergique aspergillaire révélée par Hinson [122]. Il faudra attendre les années 80 pour voir naître le concept de sinusite fongique allergique ou syndrome de Katzenstein [123, 124]. La sinusite fongique allergique est classiquement décrite comme une affection chronique, résistante au traitement médical ou chirurgical. La présence de "mucine allergique" contenant cristaux de Charcot Leyden et filaments mycéliens ainsi que l'identification d’éléments mycosiques à l'examen direct et en culture permettent le diagnostic. Une revue de la littérature anglo-saxonne met en évidence sur 263 cas, 168 cultures positives avec 87% de Dematiae et 13% d’Aspergillus [125, 126]. Percodani [127] retrouve jusqu’à 94% de Dematiae. v Aspects physiopathologiques D'un point de vue physiopathologique, de nombreuses incertitudes persistent. Pour la plupart des auteurs, cette affection est en rapport avec une réaction d'hypersensibilité à l’élément fongique initial par combinaison de réactions immunologiques de type I (IgE) et III (complexes immuns) de la classification de Gell et Coombs. Il semblerait possible d’imbriquer un mécanisme allergique et infectieux dans la genèse de cette pathologie. Au départ de la maladie il est retrouvé l'inhalation et le trapping de spores fongiques par le mucus sinusien. La libération du matériel antigénique stimule la production d'immunoglobuline E, G et A. En conséquence, les antigènes aspergillaires réagissent contact des cellules mastocytaires sensibilisées aux IgE. 104 La réaction antigène-anticorps induit alors la dégranulation mastocytaire avec libération des médiateurs de l'inflammation. Ces réactions allergiques entraînent œdème et inflammation responsables de l'obstruction ostiale et de la stase intra-sinusienne. Cette situation est idéale pour la prolifération fongique qui à son tour augmente la quantité d’antigène, générant ce qu’il est convenu d’appeler un cercle vicieux aboutissant à la formation de mucine [128]. Pourtant, certaines questions demeurent quant à la nature allergique de l’affection : pourquoi la pathologie peut-être unilatérale ? Pourquoi le taux d’IgE reste t-il élevé ? Une alternative à cette théorie a été proposée par l’équipe de la Mayo Clinic [129] qui démontre, dans un premier temps, que les éléments fongiques sont présents chez 93% des patients atteints de sinusites chroniques. Ainsi pour cette équipe il ne s’agit pas d’une réaction inflammatoire IgE-dépendante mais du résultat d’une action conjointe du chimiotactisme des éosinophiles et d’une réaction inflammatoire induite par les lymphocytes T. Diverses interrogations demeurent tant sur la méthodologie que sur le rapport existant entre le nombre élevé de culture fongique retrouvé et la rareté de la sinusite fongique allergique. Dès lors, si la forme clinique est criante il persiste des zones d’ombre quant à sa physiopathologie. Enfin, la réponse inflammatoire à éosinophiles ne serait qu’un des facteurs parmi lesquels interviendraient : - L’atopie - L’expression de certains récepteurs HLA sur les lymphocytes T - L’exposition à des éléments fongiques particuliers - La réaction aberrante de défense de la muqueuse naso-sinusienne Ainsi, Marple[130] propose un schéma physiopathologique faisant intervenir différents paramètres. 105 v Aspects cliniques Ce syndrome est présenté comme une forme particulière de sinusite fongique au caractère non invasif, extra-muqueux chez le sujet jeune immunocompétent [130], quelque soit le sexe [125]. Un asthme est retrouvé dans 40 à 80% des cas [125], une polypose nasale réfractaire au traitement médical dans 90 à 100% des cas et une atopie dans 40 à 80% des cas [127]. Souvent pluri-sinusienne, l’atteinte est mise en évidence au scanner, par la présence d’opacités hétérogènes ou de calcifications et dans 20% des cas par des érosions. L’IRM retrouve un hypo-signal central en T1 et T2. En périphérie ce signal augmente ce qui le distingue des sinusites fongiques classiques et des mucocèles. L'aspect macroscopique per-opératoire viendra renforcer le diagnostic. Dans cette hypothèse les sécrétions épaisses, visqueuses, verdâtres, d'aspect "mastic" sont fréquentes. L'examen anatomopathologique de ce matériel met en évidence l’aspect classique de la mucine allergique constituée d’agrégats de polynucléaires altérés (essentiellement éosinophiles), de cristaux de Charcot-Leyden et de filaments mycéliens altérés. Difficile à réaliser, la recherche d’un agent fongique ne doit pas être considérée comme pathognomonique de l’affection [125]. Ainsi Bent et Kuhn [131] proposent les critères suivants : - Hypersensibilité de type I (antécédents, test cutané ou sérologie) - Polypose naso-sinusienne - Critères radiographiques - Mucus riche en éosinophiles et éléments fongiques sans invasion des tissus. Dans notre série un cas de sinusite allergique fongique a été objectivé par la présence de calcifications intra sinusiennes sur la TDM, opératoire la présence de sécrétions épaisses gélatineuses. 106 Avec à l’exploration v Le traitement Il repose essentiellement sur : - La chirurgie : pour ôter l’agent fongique et permettre une bonne aération des cavités sinusiennes. - La corticothérapie : pour contrôler l’inflammation. Habituellement locale sous forme de pulvérisation nasale, elle peut être dans certain cas administrée oralement. - Les thérapeutiques antifongiques par voie générale devront être discutées au cas par cas au regard de leurs effets secondaires et d’une efficacité non clairement définie [130]. f. Polypose de WOAKES Il s’agit d’une PNS particulièrement rebelle aux traitements, de caractère familial, et responsable d’une déformation de la pyramide nasale avec élargissement et augmentation de volume des os propres du nez, alors que la pointe reste normale, réalisant le classique faciès en « museau de tapir ». dans notre série deux cas de maladie de Woakes ont été objectivés. 3. ETUDE PARACLINIQUE 3.1. LES EXPLORATIONS ALLERGOLOGIQUES Si le rôle de l’allergie dans la physiopathologie de la P.N.S. n’est pas clairement établi et semble même accessoire, le bilan allergologique est cependant nécessaire. La mise en évidence d’un facteur aggravant de nature allergologique permet en effet d’infléchir la prise en charge thérapeutique [63]. 107 a. Les tests cutanés d’allergie immédiate : Leur résultat est indispensable pour la poursuite éventuelle du bilan et l’établissement du diagnostic et du traitement. b. Les examens biologiques v Numération formule sanguine : L’hyper éosinophilie sanguine est rarement présente. Des taux très élevés( supérieurs à 1500/dl)orientent vers des étiologies particulières, allergiques parfois (aspergillose broncho-pulmonaire allergique, allergie médicamenteuse), mais aussi non allergiques( syndrome de Churg-strauss, péri artérite noueuse, parasitose). v Dosage des IgE totales sériques : En raison de l’intérêt des tests multi allergéniques de dépistage, le dosage des IgE totales n’a plus grande valeur dans le diagnostic de la composante allergique d’une rhino-sinusite ou d’un asthme. v Tests multi allergéniques de dépistage Ce sont des tests sériques (phadiatop, capphadiatop, matrix…) [132, 133] la spécificité et la sensibilité de ces tests sont supérieures à 90% et en tous cas bien meilleures que celles des du dosage des IgE totales. v Dosage des IgE spécifiques sériques Leur recherche est surtout intéressante lorsqu’il existe une discordance entre l’allergie cliniquement suspectée et les résultats des tests cutanés. 108 v Autres examens biologiques L’analyse des secrétions nasales ou de l’expectoration montre de façon caractéristique une hyper éosinophilie. La découverte d’éosinophiles n’est pas synonymes d’allergie, puisqu’elles sont retrouvées par exemple de façon systématique dans les NARES. 3.2. LES EXPLORATIONS BRONCHO-PULMONAIRES La mesure du débit de pointe permet d’évaluer rapidement et simplement l’existence d’une obstruction bronchique. L’exploration fonctionnelle respiratoire est un examen clé et objectif dans le diagnostic et l’appréciation de la sévérité de l’asthme ; elle va mettre en évidence l’obstruction bronchique réversible sous beta 2 mimétiques, caractéristique de l’asthme. Les tests de provocation à la recherche d’une hyperréactivité bronchique non spécifique à la méthacholine , au carbachol, ou à l’effort sont utiles devant une symptomatologie atypique ou fruste. 3.3. LES EXPLORATIONS RADIOLOGIQUES Si une approche chirurgicale est décidée, il est nécessaire de faire un bilan anatomique et topographique des comblements tissulaires en précisant en particulier l’aspect de la lame criblée, les relations cellulaires avec le nerf optique et l’artère carotide interne. L’imagerie est intéressante afin d’apprécier l’étendue des lésions et leurs répercussions sur les parois osseuses. 109 Elle constitue ainsi un élément de référence dans les formes atypiques ou avant un traitement chirurgical. a. La tomodensitométrie C’est l’examen de référence dans les atteintes sinusiennes chroniques. Deux modes d’acquisition des données sont utilisés de façon courante : le mode séquentiel et le mode hélicoïdal ou spiralé qui devrait vite devenir le mode d’acquisition le plus utilisé en raison de la rapidité de l’acquisition, de la facilité de positionnement du patient et de l’absence d’artefacts liés aux prothèses dentaires et aux mouvements. Les classiques incidences axiales et coronales peuvent suffire, cependant certains auteurs somme DUVOISIN et SCHYDER utilisent quatre incidences. Les indications de la TDM dans le cadre de la P.N.S. sont : ü Evaluation de l’étendue lésionnelle d’une polypose diagnostiquée. ü Exploration d’une polypose atypique ü Bilan préopératoire anatomique en vue d’une chirurgie endonasale. ü Recherche d’une complication pré ou post opératoire. ü Evaluation d’une récidive post opératoire. Elle renseigne également en arrière sur les dangers liés à la position du nerf optique par rapport aux dernières cellules éthmoïdales et la paroi externe du sinus sphénoïdal. Elle donne des indications sur la situation de la carotide interne. v Zone d’intérêt Il y a trois zones d’intérêt principales de chaque coté : • Le labyrinthe éthmoïdal et la partie supérieure de la cavité nasale (fente olfactive). 110 • Le processus orbitaire de l’éthmoïde (os planum) formant la majeure partie de la paroi médiale de l’orbite. Des déhiscences physiologiques, non visibles en T.D.M., permettent le passage des branches éthmoïdales de l’artère ophtalmique. • Le méat moyen et le cornet moyen Les zones d’intérêt plus accessoires sont : • Le septum nasal. • Les sinus maxillaires. • Les sinus frontaux, les sinus sphénoïdaux et le cavum. Des variations morphologiques peuvent coexister: concha bullosa, éperon de cloison, asymétrie de développement des sinus maxillaires. v Zones à risque opératoire: Le traitement de la maladie est avant tout et longtemps médical; cependant certaines PNS invalidantes peuvent devenir chirurgicales au moment de leur évolution. La chirurgie, à minima ou maximaliste présente des risques, des contraintes et des insuffisances maintenant bien établis: la TDM doit dans tous ces cas au préalable faire l'analyse des zones dangereuses: • La fente olfactive et la lame criblée, où les risques sont la brèche méningée avec fuite de LCR et la lésion de l'artère ethmoïdale antérieure, • Le processus orbitaire de l'ethmoïde (os planum où les risques sont l'hématome orbitaire postopératoire immédiat par blessure d'une artère éthmoïdale, la diplopie par atteinte du muscle droit médial, et surtout l'atteinte directe du nerf optique, • le toit de l'ethmoïde (Figure VII-2). • le nerf optique. • L’artère carotide interne (figure VII-3). 111 Figure VII-2 : images scanographiques montrant une déhiscence, asymétrie du toit de l’éthmoïde (d’après Dessi). Figure VII-3 : images scanographiques montrant une déhiscence de l’artère carotide interne. 112 v Sémiologie de la polypose: [134] Toutes les images de la muqueuse pathologique se traduisent sur la tomodensitométrie par un épaississement qui peut aller jusqu'à l'opacité complète de la cavité sinusienne. Dans les polyposes peu évoluées, le comblement ethmoïdal peut être partiel, asymétrique mais intéresse généralement le méat moyen. Les fentes olfactives peuvent être obstruées par les polypes expliquant en grande partie l'anosmie. Dans les formes plus évoluées, le blocage ostial, 1'hyperplasie œdémateuse et inflammatoire et les rétentions liquidiennes associées aux polypes conduisent à un comblement naso-sinusien diffus, bilatéral avec une participation maxillaire, frontale et sphénoïdale variable. Les méats peuvent être élargis par les polypes. La visibilité de l'unciforme, des cloisons ethmoïdales et des racines des cornets est parfois difficile en raison des remaniements des cloisons et du comblement naso-ethmoïdal. Lorsque l'opacité est totale, il n'est pas possible de distinguer alors les polypes, l'hyperplasie œdémateuse ou inflammatoire, la rétention sinusienne et la surinfection. Ces atteintes muqueuses inflammatoires chroniques sont associées à des modifications osseuses. Par ordre décroissant, les atteintes osseuses concernent: le labyrinthe ethmoïdal, le cornet moyen, le septum nasal et le sinus maxillaire. Au niveau ethmoïdal et des fosses nasales, la pression des polypes sur les parois osseuses conduit à un amincissement des cloisons osseuses en particulier 113 ethmoïdales qui sont désorganisées, soufflées avec des aspects parfois très inquiétants simulant des lésions plus agressives. Ces zones d'atteinte osseuse doivent être signalées car elles témoignent d'une fragilité osseuse qui peut être source de complications en cas de chirurgie fonctionnelle. En définitive, dans les formes de PNS anciennes ou rapidement évolutives, les atteints osseuses sont réelles, mais certainement sous ou surestimées en TDM d'un patient à l'autre. v La classification tomodensitométrique: De nombreuses classifications existent dans la littérature anglo-saxonne, celles de LUND et METGSONN [83] tiennent compte de l'importance de l'atteinte muqueuse dans chacune des cavités sinusiennes et du nombre de cavités sinusiennes touchées. Cependant, elles ne prennent pas en compte les anomalies anatomiques, les modifications osseuses et les éventuelles complications (Figure VII-4 et 5). 114 Figure VII-4 : polypose naso-sinusienne avec atteinte stade 2 de Lund des sinus éthmoïdaux et sphénoïdaux (service Pr EL ALAMI). Figure VII-5 : polypose naso-sinusienne avec atteinte stade 2 de Lund des sinus maxillaires (service Pr EL ALAMI). 115 v La recherche d'une complication: Les complications sont souvent liées à des poussés de surinfection en particulier au niveau ethmoïdal avec extension vers l'orbite ou l’endocrâne. - Les complications orbitaires: La TDM met en évidence les modifications de la graisse orbitaire au contact de la paroi interne de l'orbite, en regard des opacités ethmoïdales souvent associées à des atteints osseuses d'importance variable. - Les complications vers l'endocrâne. En mettant en évidence des pachyméningites, des collections épidurales, sous-durales et intracérébrales ainsi que des thromboses veineuses cérébrales. Dans notre série, l’atteinte sphénoïdale, frontale et maxillaire est complète dans respectivement 66,6%, 73,3% et 66,6% des cas. Ce qui est en accord avec la littérature et pourrait être expliqué par l’évolutivité clinique de la polypose nasosinusienne (dans notre série 66,6% de stade III clinique). v L'exploration post thérapeutique: Après l'intervention, devant la réapparition de la symptomatologie, l'imagerie postopératoire permet une évaluation précise de la récidive et la recherche de sténose cicatricielle en regard des a.xes de drainage de petit calibre. En cas de complication per opératoire immédiate (effraction vers l'endocrâne ou l'orbite, rhinorrhée) l'imagerie de contrôle permet d'évaluer l'atteinte orbitaire ou méningo-encéphalique et repérer la brèche osseuse. b. L'imagerie par résonance magnétique: [135] Elle complète la TDM dans l'exploration de certaines polyposes atypiques ou compliquées et permet de dissocier un éventuel processus tumoral des lésions inflammatoires et de la rétention. 116 Elle évalue de façon plus précise que la TDM les extensions infectieuses ou tumorales extra sinusiennes, en particulier vers l'orbite et l’endocrâne. Elle est plus performante pour mettre en évidence les brèches méningées. La réalisation systématique d’un scanner préopératoire est en accord avec la littérature [136, 137, 138]. Dans notre série le bilan immuno-allergologique a été réalisé chez trois patients, ce bilan a une importance capitale dans la préparation du malade à l’intervention. Tous les auteurs mettent l’accord sur l’intérêt de l’étude du terrain de ces patients. L’exploration fonctionnelle respiratoire a été réalisée chez cinq patients et n’a pas décelé une contre-indication à la chirurgie. 4. DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL Le diagnostic clinique étant généralement affirmé sans difficulté, il ne se pose aucun problème sur le plan radiologique. Dans les formes débutantes ou atypiques ou unilatérales, le diagnostic précis peut encore être incertain. On se basera sur le caractère uni ou bilatéral des atteintes et sur le contexte clinique. 4.1. FORMES BILATERALES:[139] a. Rhinosinusites chroniques suppurées vraies sans polypose: Il s'agit de pansinusites infectieuses récidivantes ou d'évolution chronique d'emblée (plus de 3 mois). Elles sont aussi moins concentrées sur l'ethmoïde. On peut y trouver quelques formations polyploïdes réactionnelles dites d'accompagnement au méat moyen ou dans le sinus maxillaire, sans entrer dans le cadre d'un e PNS. 117 Les opacités radiologiques des cavités naso-sinusiennes sont souvent multiples, dispersées et polymorphes et épargnant généralement la partie haute des cavités nasales. 4.2. FORMES UNILATERALES: a. Papillomes inversés: Il s'agit d'une prolifération épithéliale intense qui pénètre à l'intérieur du stroma (d'où le terme «inversé») en formant des cryptes. Cette tumeur est unilatérale et doit être considérée comme maligne à évolution lente. La localisation initiale est très caractéristique: paroi latérale de la cavité nasale, cornet et méat moyens, parfois septum nasal. Il s'agit donc d'une masse naso-ethmoïdomaxillaire unilatérale, avec destructions osseuses localisées. La conjonction d'un doute clinique et radiologique conduit forcément à une biopsie et à l'examen anatomopathologique de tout le matériel d'exérèse (figure VII-6 et 7). 118 Figure VII-6 : image scanographique d’un papillome inversé de la fosse nasale droite. Figure VI-7 : aspect endoscopique d’un papillome inversé (service Pr EL ALAMI). 119 a. Epithéliomas de l'ethmoïde: Très souvent d'origine professionnelle chez les travailleurs du bois, ce sont des épithéliomas cylindriques. Au début, la localisation est unilatérale ou à prédominance unilatérale. L'extension se fait ensuite vers l'orbite et l'étage antérieur de la base du crâne. Sur le plan radiologique, les lésions sont contiguës dans un seul secteur ethmoïdonasal. Sur le plan clinique, la conjonction de l'antécédent professionnel et d'épistaxis incite évidemment à la biopsie. L'IRM est ici d'un apport précieux dans la différenciation entre processus inflammatoire et néoplasique. b. Polypes dits angiomateux et fibrome naso-pharyngien: On rapproche du polype antro-choanal de Killian tous les « polypes dits angiomateux» qui ne sont que des épaississements de la muqueuse de la cavité nasale, mais dont la vascularisation peut être assez importante et leur conférer un caractère hémorragique. En TDM, après injection IV de contraste, le rehaussement est de densité faible, comme c'est le cas du polype de Killian, et n'a donc rien de commun avec la prise de contraste massive que l'on retrouve dans le fibrome naso-pharyngien. Ce dernier est par ailleurs « centré» sur le trou sphéno-palatin. c. Estesioneuroblastomes C'est une tumeur maligne rare siégeant au niveau des fosses nasales ou de l'éthmoïde s'étendant dans la région sous-frontale. Cette lésion est hétérogène, prend le contraste au scanner et peut présenter des calcifications et s'accompagne d'une lyse de la lame criblée de l'éthmoïde. 120 5. LE TRAITEMENT Si de nombreux progrès ont été réalisés ces dernières années dans la compréhension des mécanismes physiopathologiques de la PNS, son (ses?) étiologie et les facteurs qui favorisent sa survenue restent méconnus. Ainsi, aucun traitement préventif n'existe à l'heure actuelle et les traitements curatifs ne reposent en fait que sur la corticothérapie et la chirurgie. Ces traitements sont efficaces dans nombre de cas pour améliorer la gêne fonctionnelle importante des patients. 5.1. METHODES THERAPEUTIQUES a. MOYENS MEDICAUX: [87, 140, 141] Ø Corticothérapie: [53, 142] Le seul traitement médical réellement efficace de la PNS est à l'heure actuelle la corticothérapie dont le pouvoir anti-inflammatoire n'est plus à démontrer. Leurs mécanismes d'action immunologique et anti-inflammatoire et leurs effets endocrino-métaboliques seront brièvement rappelés. v Corticothérapie par voie générale: - Le mode d'action des glucocorticoïdes est complexe car ils agissent sur de nombreuses cellules cibles, exerçant sur chacune de ces cellules plusieurs effets. Ils passent facilement la membrane cytoplasmique grâce à leur grande solubilité puis rentrent en contact avec leur récepteur cytoplasmique. Le complexe récepteurcorticoïde migre dans le noyau, se fixe sur l'ADN nucléaire, induisant la production de protéines. Ainsi, la synthèse des lipoprotéines habituellement présentes à l'état basal dans la cellule, augmente considérablement. Or, cette protéine a un effet antiphospholipase A2, propriété permettant d'expliquer l'inhibition puissante de la production des médiateurs de l'inflammation. 121 Les glucocorticoïdes inhibent également la phospholipase C qui est stimulée dans les cellules effectrices de l'allergie par le complexe IgE allergène récepteur ce qui déclenche une cascade de réactions aboutissant à la libération des médiateurs de l'allergie. Citons l'action des glucocorticoïdes sur la réponse immunitaire: Ils inhibent la reconnaissance antigénique, l'activation et la multiplication des lymphocytes, la production et/ou de l'effet des cytokines pro-inflammatoires, la phagocytose et la synthèse des radicaux libres de l'oxygène. Par contre, ils stimulent la production d'anticorps par les lymphocytes B. - Principes du choix d'un corticoïde dans la polypose naso-sinusienne: Le choix d'un corticoïde dans le traitement de la polypose naso-sinusienne doit tenir compte de son efficacité et de sa demi-vie biologique. Cette dernière est essentielle à considérer car elle traduit, en particulier, la durée d'inhibition de l'axe hypothalamo-hypophysaire. Dans le PNS la corticothérapie doit être de courte durée. En particulier la cure courte respecte l'axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien, respecte le métabolisme phosphocalcique, assure une bonne tolérance digestive et ne modifie ni le métabolisme glucidique, ni le métabolisme hydro sodé chez un sujet sans antécédents. Ses règles de base sont: • Utilisation d'un corticoïde à demi-vie biologique courte. • Adaptation de la posologie en fonction du poids (0.5 - 1mg/kg/j de Prédnisolone). • Administration en prise unique matinale de manière à reproduire le Rythme circadien physiologique du cortisol. • Durée de prescription inférieure ou égale à 10 j. 122 La répétition de ces cures courtes peut poser un problème qui n'est malheureusement que peu abordé dans la littérature. Des auteurs fixent la limite à quatre cures annuelles espacées d'au moins trois mois [4], d’autres [140] préconisent de ne pas dépasser trois cures par an. • Arrêt brutal possible sans posologie dégressive; • Association systématique à un traitement antibiotique dès qu'il existe une participation infectieuse. • Respect des contre-indications absolues: syndrome infectieux non contrôlé, virose en évolution tel le Zona ou 1'herpès oculaire, l'hépatite virale aiguë, la tuberculose évolutive, la cirrhose alcoolique avec ascite, les états psychiatriques en évolution. • Surveillance des contre-indications relatives. v Corticothérapie par voie locale: C'est le traitement réel de fond de PNS. Une corticothérapie par voie générale ne peut se concevoir sans une corticothérapie par voie locale associée. Cette corticothérapie par voie locale est basée sur quelques principes simples: • L'administration doit être continue, c'est un traitement de fond. • La technique doit être bien expliquée au patient: viser l'angle interne de l’œil, pas d'inspiration profonde au moment de la pulvérisation. Certains conseillent l'administration en position tête en bas et en avant. [143] • La dose thérapeutique est souvent élevée: 800 à 1600 microgrammes de béclométasone (flunisolide, budésonide...) par fosse nasale et par jour. Des effets secondaires mineurs, le plus souvent transitoires, peuvent se voir: picotements du nez, sécheresse nasale, épistaxis, douleurs rhinopharyngées postérieures. Ceux-ci surviennent en général au début du traitement et ont 123 tendance à disparaître ensuite. Ces effets secondaires sont variables en fonction du support d'administration (aérosol, spray, solution aqueuse). v Comment entreprendre le traitement et juger de son efficacité: Le traitement doit être entrepris après avoir établi avec certitude le diagnostic. Le traitement d'attaque associe: • Une corticothérapie par voie générale de 5 à 7 jours en l'absence de contreindication absolue • Une corticothérapie locale à la dose de 800 à 1600 microg de béclométasone par fosse nasale et par jour. • Une antibiothérapie surtout en cas de surinfection de la polypose nasosinusienne. Le patient est revu [2 mois et 1/2] à 3 mois plus tard. Les points significatifs d'efficacité du TRT de base sont: l'amélioration de l’obstruction nasale, la diminution voire la disparition de l'anosmie. Si les symptômes sont bien contrôlés, une simple corticothérapie locale sera poursuivie durant des mois. En l'absence d'efficacité, une seconde cure, identique à celle du traitement d'attaque, sera prescrite. Certains auteurs préconisent des corticothérapies séquentielles. Ø Antibiothérapie: L'utilisation des antibiotiques ne se conçoit que comme traitement d'appoint soit en association avec une cure courte de corticoïde soit uniquement en cas de poussée de surinfection franche. Les antibiotiques sont également préconisés en prophylaxie lors des actes chirurgicaux dans le but de limiter les phénomènes infectieux et inflammatoires sources de saignements per opératoires [144] Le choix de l'antibiothérapie, souvent en stratégie probabiliste, se portera sur des produits au spectre large ayant une 124 bonne diffusion locale. Les Bétalactamines restent les plus adaptées (amoxicilline+ acide clavulanique) mais en cas d'allergie à ces dérivés, le recours aux macrolides ou aux sulfamides sera de mise. Si possible, un prélèvement bactériologique guidera la stratégie antibiotique dans les cas où l'infection est permanente comme dans les mucoviscidoses, les dyskinésies ciliaires primitives et les déficits immunitaires. Les germes fréquemment rencontrés étant le staphylocoque doré et surtout le pyocyanique, le recours aux quinolones (théoriquement proscrites chez l'enfant) voire au traitement parentéral, sera justifié par un prélèvement bactériologique avec antibiogramme. L'intérêt de l'antibiothérapie locale n'a pas été étudié sauf en postopératoire dans la mucoviscidose (instillation de tobramycine) où elle semble un complément utile à la chirurgie. Ø Traitement à visée antiallergique: Depuis les publications de MULLARKEY et JACOBS, qui ont individualisé le N.A.R.E.S et depuis la filiation reconnue entre N.A.R.E.S et polypose nasosinusienne, la place des antihistaminiques est diversement appréciée. Certains auteurs ne voient aucune place pour les antihistaminiques le travail de HAYE, mené sur la citérizine, tend à prouver que les antihistaminiques n'ont aucun effet sur la polypose elle même, en revanche, ils paraissent efficaces pour limiter les symptômes liés à l'hyperréactivité nasale tels: obstruction, rhinorrhée, éternuements. Alors que d'autres insistent sur l'intérêt d'un traitement antiallergique intensif chez ces mêmes patients. 125 Ø Immunostimulants et immunomodulateurs: Ils permettent parfois de diminuer la fréquence et l'importance des surinfections dans la PNS surtout en période hivernale. Les produits type «vaccin» (MRV, Bruschettini) ne sont plus guère employés. La préférence irait aux traitements plus récents (Imocur, Ribomunyl et Biostin) qui auraient en outre une action antiinflammatoire [144]. Dans la polypose constituée, des auteurs optent pour l'immunothérapie surtout pour les polyposes opérées, pour éviter des poussées de surinfection virales et bactériennes associées [141]. Ø Crénothérapie: La crénothérapie ne se conçoit qu'après libération des fosses nasales soit après un traitement médical, soit après une polypectomie. Après évidement ethmoïdal, les soins thermaux peuvent aider à la cicatrisation muqueuse. Ils doivent cependant être évités si l'on observe un aspect « calme» de la muqueuse. Classiquement, les eaux bicarbonatées conviennent particulièrement aux muqueuses de type allergiques congestives et spasmodiques et les eaux sulfurées réservées aux muqueuses suppurées et atrophiques. La maladie de FERNAND WIDAL n'est pas une indication de cures soufrées qui pourraient même jouer un rôle aggravant [145]. Pendant la cure, le patient apprend 1'hygiène nasale nécessaire au maintien du confort nasal. Des résultats encourageants sont obtenus au Mont-Dore par infiltration locale de gaz thermaux [146]. Cependant des mesures d'appoint non négligeables doivent être instaurées: • Les lavages des fosses nasales au sérum physiologique, associés à des dérivés soufrés s'il existe une suppuration. • L'arrêt du tabac. 126 • le traitement d'un reflux gastro-œsophagien éventuel. • En cas de maladie de FERNAND WIDAL, une liste de tous les produits contre indiqués contenant de l'acide acétyl salicylique doit être remise au patient. 5.2. Moyens chirurgicaux Le traitement chirurgical n'a pas pour but de guérir la polypose, mais de permettre une meilleure action de la corticothérapie locale. Il ne doit être entrepris qu'en cas de récidive ou après échec du traitement médical. Les techniques chirurgicales d'abord des cavités naso-sinusiennes dans le cadre de la polypose naso-sinusienne ont considérablement évolué depuis quelques années. Il y a encore quelques années, l’ethmoïdectomie était réalisée par voie transfaciale: intervention de CALDWELL-LUC et LIMA, section du nerf Vidien... La simple polypectomie, souvent réalisée au fauteuil de consultation avec Un serre-nœud, est encore parfois effectuée. Le traitement chirurgical est l’ethmoïdectomie par voie endonasale sous guidage endoscopique et moniteur vidéo, ou microchirurgie endonasale. a. principes et indications: Les grands principes de cette chirurgie de la polypose naso-sinusienne sont actuellement: ü De réserver un traitement chirurgical aux formes de polypose nasosinusienne, soit récidivantes rapidement dès le sevrage en corticoïdes, soit résistantes aux corticoïdes. ü D'éviter les polypectomies itératives. Les récidives polypoïdes ne sont pas rares après ethmoïdectomie. Néanmoins, la nasalisation des cavités sinusiennes permet une prise en charge plus facile et plus satisfaisante des patients. Les récidives polypoïdes peuvent être alors traitées par corticothérapie orale, polypectomie et laser. 127 La présence d'un asthme associé à une polypose naso-sinusienne, parfois entrant dans le cadre d'une maladie de WIDAL, a longtemps été un frein, voire une contre-indication à tout traitement chirurgical. Néanmoins, la plupart des auteurs ne considèrent actuellement que l'asthme ne soit pas aggravé par ces techniques chirurgicales lorsqu'elles sont effectuées avec rigueur: Et même dans certains cas, la chirurgie ethmoïdale améliore la symptomatologie bronchique. b. polypectomie Sous anesthésie locale. Elle se pratique généralement en utilisant des endoscopes rigides. Une nouvelle instrumentation fait son apparition: microdébrideurs, lasers. Il est souvent nécessaire, au début de l'opération de procéder à l'ablation des polypes qui obstruent les fosses nasales et qui cachent les repères. L'objectif essentiel est d'identifier parfaitement le cornet moyen dont la tête peut être confondue avec un polype ou une bulle ethmoïdale proéminente. Il faut toujours conserver le cornet moyen qui est le repère fondamental. L'anesthésie doit être bonne. L'intervention est souvent peu hémorragique. Il est bon de ne traiter qu'une narine à la fois, ne serait ce que pour ne pas abuser des anesthésiques locaux. Ø Indications actuelles: • Indications liées à la maladie: Une polypectomie peut se révéler suffisante face à des polyposes de stade modeste CI ou 2) récidivantes après corticothérapie générale. La polypectomie pour être efficace doit s'accompagner d’une corticothérapie locale et d'une surveillance au long cours. 128 • Indications liées au malade: Tout patient porteur de tares organiques rendant difficile ou dangereuse une anesthésie générale peut être justiciable d'une polypectomie sous anesthésie locale. v Résultats, inconvénients: • Les polypectornies présentent plusieurs inconvénients: Elles n'améliorent pas la symptomatologie de manière durable. • Elles détruisent les rapports anatomiques essentiels qui permettent d'effectuer, le moment venu, une ethmoïdectomie endonasale en toute sécurité. • Elles peuvent engendrer une fibrose de l’ethmoïde • Elles pourraient décompenser un asthme sous-jacent, si elles n'étaient pas pratiquées avec un environnement médical suffisant. c. L’ethmoïdectomie: [84, 88, 97, 147] L'ethmoïdectomie par voie endonasale sous guidage endoscopique et moniteur vidéo a pour principe de nasaliser les cavités ethmoïdales, éventuellement les sinus maxillaire voire sphénoïdal. Cette intervention est le plus souvent réalisée sous anesthésie générale et demande 3; à 5jours d'hospitalisation. Elle est indolore et doit être suivie, durant 4 à 6 semaines, de soins en consultation qui ont pour but de nettoyer les cavités ethmoïdales des croûtes qui ont tendance à se former. Ces soins, pratiqués par le chirurgien ORL, sont essentiels pour la cicatrisation postopératoire. Cette intervention requiert une certaine expérience de la chirurgie par voie endonasale. Lorsque la fosse nasale est étroite, une septoplastie préalable est réalisée; toutefois, à la fin de l'intervention, la contention est assurée par des attelles bilatérales suturées en transcolumellaire pour éviter le méchage, source de synéchies. 129 Ø L'ethmoïdectomie fonctionnelle: [56] Ce geste associe à la polypectomie, l'ouverture et le drainage, selon l'importance des lésions, de toute une partie du contenu ethmoïdal, ainsi que l'ouverture et le drainage à la demande des lésions des sinus: frontal, maxillaire et sphénoïdal. Les différentes étapes chirurgicales qui sont décrites ci-dessous d'après STAMMBERGER ne sont pas, toujours selon l'auteur, nécessairement toutes réalisées au cours d'une ethmoïdectomie fonctionnelle, mais elles résument tous les gestes chirurgicaux possibles. La description qui suit, traduit la technique exposée par STAMMBERGER dans son livre «Functional Endoscopic Sinus Surgery » v L'unciformectomie: L'unciformectomie verticale est le premier temps opératoire, elle est réalisée avec une spatule tranchante de bas en haut c'est-à-dire du cornet inférieur au col du cornet moyen. L'instrument doit ouvrir le fond de la gouttière unciformienne en sectionnant à la fois la muqueuse et la lame osseuse. La portion horizontale est sectionnée aux ciseaux à la jonction avec le cornet inférieur. Une pince mors-curette saisit l’apophyse unciforme à son extrémité supérieure et détache son attache supérieure par un mouvement de torsion délicat dirigé de dedans en dehors. L'extrémité postérieure est détachée selon le même principe, l'unciforme est extrait de la fosse nasale (Figure VII-8). v La résection de la bulle ethmoïdale [ethmoïdectomie antérieure]: L'ouverture de la bulle se fait facilement par ponction directe de sa face antérieure. La résection des parois puis de la racine de la bulle conduit sur le toit ethmoïdal. A ce niveau se situe l'artère ethmoïdale antérieure qui traverse l'espace ethmoïdal 130 soit dans un canal osseux soit parfois dans un canal appendu par un méso osseux. Elle est dans ce cas très exposée au traumatisme chirurgical (Figure VII-9). Figure VII-8 : unciformectomie (service Pr EL ALAMI). Figure VII-9 : ouverture de la bulle éthmoïdale (d’après Pr EL ALAMI) 131 v L'ouverture de la racine cloisonnante du cornet moyen [Ethmoïdectomie postérieure]: La racine cloisonnante du cornet moyen sépare l'ethmoïde antérieur de l'ethmoïde postérieur. Elle forme en arrière, sous la queue du cornet moyen, le toit du méat moyen puis juste en arrière de la zone de résection de la bulle elle se courbe et monte verticalement pour s'insérer sur le toit de l'ethmoïde. Si l'ethmoïde postérieur doit être exploré, il est recommandé d'ouvrir la racine cloisonnante à la partie inférieure du segment vertical, juste en dessous de la jonction des deux segments. L'orifice ainsi crée est agrandi à la demande pour explorer l'ethmoïde postérieur. L'importance de l'exérèse ethmoïdale postérieure est décidée en fonction de l'étendue des lésions. v Sphénoïdotomie: Lorsque le sphénoïde doit être exploré, il peut être abordé par deux voies différentes: * Dans la voie trans ethmoïdale, la pénétration s'effectue au niveau de la paroi antérieure, au-dessus et latéralement par rapport à l’ostium naturel. Avant toute résection d'une cloison intra sphénoïdale, il faut s'assurer que son insertion ne s'effectue pas ni sur le canal carotidien, ni sur le canal optique. * Dans la voie trans nasale, qui est recommandée lorsqu'un abord isolé du sphénoïde est envisagé ou lorsque la voie trans-ethmoïdale est dangereuse, la pénétration dans le sphénoïde pourra être tentée au travers de l’ostium. 132 v Ouverture du récessus frontal: La technique varie en fonction de l'anatomie individuelle de chaque patient. Il est généralement possible d'obtenir une vue suffisante dans le sinus frontal et ceci en réséquant des extensions supérieures de l'apophyse unciforme. v Elargissement de l'ostium maxillaire: Si le bilan lésionnel le justifie, l'étape suivante consiste à repérer et à élargir l'ostium naturel du sinus maxillaire. Si à ce stade l'ostium n'est pas encore visible, le meilleur moyen pour le repérer est alors de palper le long de l'insertion du cornet inférieur avec une curette courbe. La palpation ne doit pas trop remontrer vers le haut car il y a alors un risque de pénétration orbitaire par fracture de la lame papyracée. L'apparition de bulles d'air garantit une pénétration dans le sinus. La méatotomie moyenne n'est pas systématique en chirurgie fonctionnelle pour STAMBERGER et n'est réalisée qu'à la demande. Ø La nasalisation: Sur le plan technique, le déroulement d'une nasalisation est très différent de celui d'une ethmoïdectomie. L'ethmoïdectomie fonctionnelle décloisonne le contenu ethmoïdal en ouvrant pas à pas les différents compartiments. La nasalisation réalise une exérèse chirurgicale complète de l'organe ethmoïdal, basé sur une dissection soigneuse des parois. Selon Freche [56], cette technique chirurgicale radicale de JANKOWSKI, semble permettre un meilleur contrôle de la maladie à long terme Elle comprend les étapes suivantes: v Unciformectomie 133 v méatotomie moyenne, est réalisée systématiquement dès le début de l'intervention, car elle est un fil conducteur fiable pour identifier la paroi interne de l'orbite à sa partie basse et la disséquer. v Dissection sous périostée de la branche montante du maxillaire, v Dissection sous-muqueuse de la paroi orbitaire. v Identification et dissection sous- muqueuse du toit ethmoïdal v Evidement éthmoïdal antérieur et dégagement de l'ostium frontal, v Résection du cornet moyen, v Sphénoïdotomie, v Evidement ethmoïdal postérieur v Dissection de la lame des cornets, v Révision de la cavité d. La voie externe pralatéro-nasale: La conception physiopathologique des interventions décrites par Voie externe à la fin du siècle dernier est basée sur une éradication de la maladie, donc de toute la muqueuse pathologique. Nous savons aujourd'hui que la chirurgie n'est pas le traitement de la maladie de la muqueuse. Les travaux des écoles suédoises et suisses ont montré le rôle de la dysperméabilité ostiale dans l'entretien d'une sinusite chronique. WIGAND a insisté sur les capacités de récupération de la muqueuse après désobstruction ostiale. Si bien qu'actuellement, le traitement chirurgical n'a plus comme but l'éradication de toute la muqueuse d'un sinus pathologique mais celui d'éradiquer uniquement les lésions irréversibles (polypes intra sinusiens ou nasaux) et d'assurer ventilation et drainage de la cavité sinusienne pour permettre à la muqueuse laissée 134 en place une récupération qui, en fait, sera fonction des mécanismes étiopathogéniques en cause. Si bien que la chirurgie par voie externe ou radicale n'est plus que rarement indiquée, quand l'ablation de lésions irréversibles s'avère impossible par voie endonasale. 5.3. Les lasers: [56] Ø Les lasers sont indiqués dans les cas suivants: ü Les polyposes exubérantes endonasales, les récidives endonasales après chirurgie, ü L'hypertension, ü L'asthme sévère, ü Refus chirurgical du patient, ü Age du patient, ü Corticothérapie agressive et prolongée, ü Traitement anticoagulant. Ø Les avantages de l'utilisation des différents lasers [YAG doublé, Néodyme YAG 1060, HOLMIUM 2100, DIODES 10] dans le traitement de la polypose nasale sont: ü Eviter l'utilisation de la corticothérapie sous toutes ses formes, ü Rattraper les échecs de la chirurgie; ü Reculer voire éviter la chirurgie. Il s'agit donc d'une thérapeutique ambitieuse surtout dans la dernière indication. 135 5.4. Navigation chirurgicale assistée var ordinateur: [148] Les interventions chirurgicales de la base du crâne et des sinus sont souvent difficiles en raison des structures complexes et délicates impliquées. Des complications graves peuvent survenir. Afin de mieux les éviter, ces opérations peuvent actuellement être réalisées à l'aide de la navigation assistée par ordinateur. Celle-ci est basée sur le contrôle visuel permanent en per opératoire des instruments chirurgicaux superposés aux images tomodensitométriques stockées dans l'ordinateur. Cette visualisation est possible grâce à un système de caméras optoélectroniques qui permettent de localiser les instruments équipés de diodes infrarouges. L'utilisation du système de guidage a aidé l'opérateur dans l'identification des structures anatomiques importantes et a permis une chirurgie plus sûre, plus rapide et plus efficace. De plus, un tel système permet de limiter l'étendue de la voie d'abord et de développer de nouvelles techniques opératoires peu invasives. Cependant, ces systèmes ne doivent en aucun cas se substituer au repérage visuel qui reste le fil conducteur des interventions et qui nécessite une connaissance parfaite et précise de l'anatomie. En conclusion, les systèmes de navigation assistée sont opérationnels, fiables et efficaces pour la chirurgie endonasale et apportent une aide appréciable Pour l'ethmoïdectomie radicale dans le cadre de la polypose, en particulier dans la chirurgie de seconde intention (figure VII-10). e. La place de la diathermo-Coagulation bipolaire dans le traitement de la polypose naso-sinusienne: [56] Son efficacité sur la rhinite hypertrophique a engendré son extension à la polypose naso-sinusienne qui est une hypertrophie pédiculée de la muqueuse 136 ethmoïdale pouvant aller de l’œdème à la fibrose plus ou moins dense [Y.LALLEMONT]. Pour obtenir le maximum d'efficacité la diathermo-coagulation doit être bipolaire, ses effets sur le tissu pathologique vont de la réduction à la carbonisation, stade qu'il n'est pas nécessaire d'atteindre pour obtenir le résultat escompté. En effet, le but du traitement ne doit pas outre passer les souhaits du malade à savoir la restitution de la respiration nasale et si possible la récupération au moins partielle de l'odorat. Tous nos malades ont bénéficié d’une ethmoïdectomie fonctionnelle sous guidage endoscopique. L’indication thérapeutique a été posée selon un ensemble de critères qu’on a détaillé dans le chapitre précédent, il s’agissait dans 86,7% des cas d’une cortico-résistance. Le suivi post opératoire avec un recul moyen d’un an a permis de juger de la nette amélioration de la symptomatologie fonctionnelle avec des résultats satisfaisants par rapport à correlle avec les l’obstruction, à l’anosmie et à la rhinorrhée, ce qui résultats des séries de la littérature qui considèrent l’ethmoïdectomie fonctionnelle comme un succès, Chez 136 parmi 154 patients opérés d’une P.N.S. par LEVINE avec un recul de 1 à 3 ans [149]. KENNEDY obtient une amélioration d’au moins 50% des symptômes dans 89,2% des cas de P.N.S. limitée au méat moyen et dans 85,4% de P.N.S. diffuse. D’autre part, il ressort de notre étude que l’état broncho-pulmonaire des patients atteints d’asthme ne s’est pas aggravé, au contraire, il s’est amélioré : les crises d’asthme sont espacées, la dose de corticoïdes nécessaire pour équilibrer ces malades est sensiblement réduite. 137 Dans la littérature, l’effet favorable de l’ethmoïdectomie sur l’asthme est souligné par plusieurs études [90, 150, 152] ; WIGAND sur 38 patients présentant une P.N.S. et un asthme, note 79% d’amélioration, 16% sans changement et 5% d’aggravation. ENGLISH rapporte 84% d’amélioration nette et FAMBEUR 60%. Figure VII-10 : Navigation chirurgicale assistée par ordinateur. 138 6. EVOLUTION GLOBALE DES SYMPTOMES APRES LA CHIRURGIE Les courbes des 3 symptômes les plus fréquemment rencontrés objectivent une importante disparité dans l’efficacité chirurgicale.les meilleurs scores sont obtenus vis-à-vis de l’obstruction, les plus médiocres vis-à-vis de l’anosmie. La rhinorrhée se situe dans une tranche intermédiaire. Ce qui corrèle avec la littérature [83]. Dans la polypose, la douleur et les éternuements sont rarement au premier plan de la symptomatologie.la relative stabilité, associée à un faible score de doléance après chirurgie, n’en fait pas un critère majeur de gêne. Pour ce qui est de l’asthme, on assiste à une diminution des formes instables, une augmentation des asthmes stables sans traitement. Ajoutons à cela qu’aucune aggravation n’a été relevée dans notre série. De nombreux travaux admettent que 20 à 91% des patients opérés sont améliorés [103, 152, 153, 154, 155]. L’étude d’Uri [156] nuance ces résultats. Il confirme l’amélioration subjective de l’asthme mais l’absence, dans 59% des cas, de modifications objectives. Enfin, Lund [157] résume la situation en considérant que 2 /3 des patients bénéficient d’une amélioration clinique de l’asthme et d’une consommation moindre de médicaments après chirurgie. 139 7. LES COMPLICATIONS DE LA CHIRURGIE ENDONASALE La chirurgie endonasale impose une parfaite connaissance de l'anatomie ethmoïdale. Un entraînement sur pièce anatomique est souhaitable pour apprécier les différents temps opératoires et s'habituer à la manipulation des instruments. Depuis qu'elle existe: l’ethmoïdectomie endonasale a été décrite par de nombreux auteurs en raison des complications graves qu'elle risque d'entraîner (MOSHER). En relisant la revue de la littérature, il est apparu que ces complications reprises par de nombreux articles, sont en fait très rares (de 2.5 à 10 %) et que les séquelles qu'elles entraînent sont exceptionnelles. Néanmoins le risque potentiel de complications majeures doit toujours rester présent à l'esprit, même si l'amélioration des conditions techniques permet une conduite des interventions plus sures. Cette notion doit toujours être mise en balance avec le caractère bénin de l'affection. 7.1. LES COMPLICATIONS OPERATOIRES IMMEDIATES: [56, 95] a. Les complications hémorragiques: Ø Le saignement muqueux: Il est impératif de limiter ce risque de saignement par une série de mesures appropriées à chaque stade de la prise en charge du patient: ü Lors de la consultation préopératoire, il faut en cas de lésions très inflammatoires et/ou surinfectées, instaurer un traitement médical antibiocorticoïde les jours précédents l'intervention. ü A la consultation de pré anesthésie, il est essentiel de rechercher les troubles tensionnels et ceux de l'hémostase. Dans certains cas, le saignement muqueux peut être abondant, il convient alors de faire une pause dans l'intervention, de remécher la fosse nasale avec la solution 140 de vasoconstricteur et de passer à l'autre fosse nasale ou d'attendre quelques minutes. En cas de persistance d'un saignement abondant, il est préférable d'arrêter l'intervention plutôt que d'exposer le malade à des complications graves. Ø Les saignements artériels: Ils sont liés à une blessure de l'artère sphéno-palatine ou de l'une de ses branches de division ou plus rarement à une atteinte des artères ethmoïdales. ü La prévention passe par une préservation de la queue du cornet moyen en réalisant une section de celui-ci au ciseau, plutôt que par un arrachement source de déchirure artérielle au cours de la méatotomie moyenne; l’ostectomie de la lame verticale du palatin sera limitée permettant de protéger le tronc de l'artère sphéno-palatine à son émergence dans la fosse nasale au niveau du trou sphéno-palatin. ü L'atteinte des artères ethmoïdales se fait le plus souvent au niveau de l'artère ethmoïdale antérieure au cours de l’ethmoïdectomie antérieure qui se trouve particulièrement exposée en cas de déhiscence du canal osseux. La prévention en sera faite par une ouverture prudente de la racine cloisonnante de la bulle, en particulier au niveau de la cellule supra bullaire où il faut chercher à identifier une artère non protégée par son canal osseux. ü L'atteinte de l'artère carotide interne: Elle reste exceptionnelle, sa blessure est responsable d'une hémorragie cataclysmique qui peut s'observer au cours de la sphénoïdotomie. La prévention de cette blessure passe, d'une part, par l'étude minutieuse du scanner préopératoire, avant d'engager une sphénoïdotomie et d'autre part par l'abstention de tout geste chirurgical sur les parois supérieures externes du sinus sphénoïdal. 141 b. Les complications orbitaires: Ø Effraction de la paroi orbitaire interne: L'effraction de la lame papyracée est le plus souvent sans conséquence. Si elle n'est pas immédiatement remarquée, il y a par contre un risque d'ouverture de la péri orbite et de constitution d'un hématome périorbitaire extensif, voire rétroorbitaire. Il faut alors: ü Demécher le malade. ü Instituer un traitement médical par corticoïdes et diurétiques à fortes doses. L'absence d'amélioration rapide impose une décompression chirurgicale. Ø La diplopie: Les muscles oculomoteurs, droit médial et grand oblique, présentent des rapports intimes avec la paroi orbitaire interne. v Son mécanisme: ü Atteinte directe par les instruments ou mécanisme vasculo-nerveux. Son diagnostic: ü L'atteinte du muscle droit médical innervé par le nerf moteur oculaire commun se traduit par une diplopie horizontale avec divergence de l’œil atteint et paralysie de l'adduction oculaire. . ü L'atteinte du muscle grand oblique innervé par le nerf pathétique se traduit par une diplopie verticale qui s'accentue lorsque le sujet regarde vers le bas et le côté sain. 142 Ø L'emphysème: Il apparaît lors d'un mouchage intempestif. Il n'est que palpébral s'il existe une simple brèche extra-périostée. Il peut être orbitaire quand il y a eu effraction du périoste. En général, l'emphysème se résorbe en quelques jours sans problèmes. Ø La blessure du nerf optique: C'est un des accidents les plus graves. Sa prévention passe par une parfaite reconnaissance de son trajet sur les coupes tomodensitométriques et par une dissection prudente de la paroi externe des cellules ethmoïdales postérieures. On peut considérer que l'intérêt majeur de l'anesthésie locale est de pouvoir prévenir cet accident en conservant le contact verbal avec le patient. En cas de blessure, le pronostic est réservé, un avis ophtalmologique s'impose en urgence. HERZON a récemment proposé un monitoring per opératoire du nerf optique par potentiels évoqués visuels. c. Les complications lacrymales: Ø La blessure de la voie lacrymale: Elle peut survenir lors de l'utilisation de pinces à mors rétrogrades lors de la méatotomie moyenne d'avant en arrière. Une telle blessure nécessite le plus souvent la réalisation d'une dacryocysto-rhinostomie endonasale et mise en place d'une sonde de calibrage. d. Les complications cérébro-méningées: Ø Fistules de liquide céphalo-rachidien: Lorsqu'elles sont dépistées pendant l'intervention, elles n'ont pas le caractère redoutable des fausses routes crâniennes révélées secondairement par une complication. 143 Elles se manifestent en per opératoire, par la survenue d'une rhinorrhée cérébro-spinale sous la forme d'un écoulement de liquide claire pulsatile au niveau du toit de l'ethmoïde ou de la lame criblée, en cas de doute la mise en position de Trendelenburg et la compression des veines jugulaires aident à visualiser la fuite en augmentant la pression intracrânienne. 7.2. LES COMPLICATIONS TARDIVES: a. Synéchies: Ce sont les complications tardives les plus fréquentes. Elles peuvent se produire entre le cornet moyen et la paroi latérale, gênant ainsi l'accès de la corticothérapie locale à la cavité d’ethmoïdectomie, entre le cornet moyen et la cloison pouvant alors entraîner une anosmie et qui sont prévenues par les attelles de silastic, entre le cornet inférieur et la cloison, pouvant entraîner une obstruction nasale (figure VII-11 et 12). Leur prévention repose sur des soins locaux postopératoires soigneux, basés sur des lavages prolongés des fosses nasales et une corticothérapie locale au long cours b. Fermeture des méatotomies: A type de voile muqueux ou d'obstruction organisée. Souvent, elle nécessite lm traitement réglé après bilan tomodensitométrique. c. Epiphoras tardifs: Observés au 7ème 8ème mois en postopératoire. Elles nécessitent une dacryo-cysto-rhinostomie d. Mucocèles: Elles peuvent survenir plusieurs années après le geste chirurgical et sont liées au génie évolutif de la maladie polypeuse; la localisation de ces mucocèles est le plus, 144 souvent ethmoïdale ou ethmoïdo-frontale ce qui les rend parfaitement accessibles à une simple marsupialisation par voie endonasale endoscopique; ce geste devant être associé à une reprise chirurgicale de la maladie polypeuse(figure VII-13). Figure VII-11 : TDM en coupe coronale montrant des synéchies du cornet moyen après ethmoïdectomie fonctionnelle (service Pr EL ALAMI). Figure VII-12 : vue endoscopipique des synéchies du cornet moyen après ethmoïdectomie fonctionnelle 145 -a- -b- -c - Figure VII-13 : Mucocèle ethmoïdale droite après ethmoïdectomie antérieure. a : coupe axiale TDM montrant la masse soufflant la lame papyracée (flèche). b : coupe IRM axiale SE T1 montrant l’hypersignal T1 spontané (flèche). c : coupe IRM axiale TSE T2 montrant l’hypersignal T2 de la lésion (flèche) et l’extension orbitaire avec refoulement du droit interne et exophtalmie [158]. 146 e. Paraffinomes orbitaires: Ces lésions sont exceptionnelles et sont liées au passage de corps gras, refoulés en intra orbitaire par le méchage, en cas d'effraction de la paroi interne. Elle se manifeste par l'apparition quelques semaines après l'intervention, d'une pseudotumeur inflammatoire de l'orbite. La prévention de ces complications passe par l'abstention de toute mise en place de pommade dans la cavité opératoire ou sur le méchage en particulier en cas d'effraction orbitaire. f. Les complications infectieuses, orbitaires, méningées: Elles sont exceptionnelles grâce aux progrès de l'antibiothérapie. Une étude rétrospective réalisée sur une période de 10 ans (de 1990 à 1999) intéressant 2446 patients qui ont été opérés par [CASTILLO L. ; CRAMPETTE L. ; GILAIN L. ; JANKOWSKI.R ; KLOSSEK J.M. ; SERRANO E. ; DESSI P.] et ont bénéficié d'un évidement ethmoïdal pour polypose nasosinusienne sous guidage endoscopique, afin d'étudier la fréquence des complications chez des opérateurs « experts» dans cette chirurgie. Ces complications ont été notées et sont rapportées sur le tableau suivant : 147 MAJEURE • Décès 0 • Cécité (RRO ou blessure du 0 nerf optique) • Blessure de l'artère carotide 0 interne • Effraction de l'étage antérieur 10(0.4%) ü RCS réparée en per 8 opératoire 1 ü RCS postopératoire 1 ü Méningite + RCS postopératoire 6 (0.2%) • Hémorragie nécessitant une 28 (1.1%) reprise chirurgicale 22 (0.9%) • Mucocèle 6 (0.2%) • Sténose du canal naso-frontal 1 (0.04%) • Sténose de la voie lacrymale • Paraffinome orbitaire MINEURE • Synéchies 80 (3.5%) • Hématome palpébral 14 (0.5%) • Hémorragie nécessitant un 13 (0.5%) nouveau tamponnement 148 Dans notre série, on retrouve 1 cas de surinfection, 2 cas d’hémorragie, et un cas de synéchie sur déviation septale. ce qui constitue un début encourageant dans notre contexte. Les facteurs favorisant la survenue de ces complications: v L'importance des remaniements anatomiques secondaires au passé chirurgical du patient, avec disparition des repères endoscopiques, 2 de nos 3 complications per opératoires avaient des antécédents chirurgicaux. Pour FREDMAN et KERN, 10 de leurs 26 complications sont survenues chez des patients ayant bénéficié d'interventions antérieures. v Le manque de vision: Tout geste à l'aveugle, quelle qu'en soit la cause (saignement, manque de moyens techniques, anatomiques, préparation médicale insuffisante en préopératoire...) peut être à l'origine d'une complication. v Le côté opéré: Pour un droitier, le côté droit est le côté où se produit la plupart des complications, le geste étant rendu plus difficile par la disposition anatomique des structures endonasales. v La maîtrise du geste opératoire: L'expérience de la chirurgie sinusienne constitue un des facteurs majeurs du risque de complications, STANKIEWICZ [159] retrouve un taux de complication dix fois plus fort pour ses 150 premières ethmoïdectomies par rapport aux 150 suivantes. 149 Aux Etats-Unis, le chiffre de plaintes pour complications opératoires a placé très récemment la chirurgie endonasale au premier rang. (STAMMBERGER H.) Apprécier les résultats d’une intervention comme l’ethmoïdectomie endonasale est difficile. La P.N.S. possède un potentiel évolutif et une tendance à la récidive très importante. 8. LES RECIDIVES: Leurs survenues sont variables: v Les récidives précoces, moins d' 1 an, sont observées chez les patients à terrain fragile: asthénie, maladie de Widal. Leur traitement fait souvent appel aux traitements médicaux associés parfois à des gestes locaux: polypectomie sous anesthésie locale. v Les récidives tardives: Elles sont de plus en plus observées, Elles sont traitées par une reprise chirurgicale sous anesthésie générale. Dans notre série aucune récidive n’a été observée, quoique la réponse polypoïdes n’est pas signe de faute chirurgicale mais plutôt un fait attendu [160]. Ceci peut être expliqué par l’effectif et le recul modeste dont on dispose. 150 CONCLUSION 151 La polypose naso-sinusienne (PNS) peut se définir comme une maladie œdémateuse chronique caractérisée par une hyperplasie inflammatoire de la muqueuse naso-sinusienne sous forme de polypes. , L'étiopathogénie de la maladie reste très incomplètement élucidée, mais sans doute multifactorielle. (Inflammation chronique, dérèglement du métabolisme de l'acide arachidonique, hérédité..). La polypose est souvent associée à un asthme. La maladie de FERNAND WIDAL se caractérise par l'association d'une PNS, d'un asthme bronchique et d'une intolérance à l'aspirine. Le diagnostic clinique repose sur une triade symptomatique associant: obstruction nasale, rhinorrhée et anosmie. L'endoscopie et la tomodensitométrie constituent les moyens fondamentaux du diagnostic positif d'une PNS. Le but du traitement de la PNS est de donner aux patients porteurs d'une telle affection chronique un confort en atténuant les principaux symptômes. Ce traitement est basé sur : ü Un traitement médical qui fait appel à une corticothérapie par voie générale et surtout locale. ü Un traitement chirurgical qui est mis en œuvre devant l'échec du traitement médical. L'ethmoïdectomie fonctionnelle endonasale est actuellement le meilleur traitement chirurgical de la PNS invalidante: elle doit être encadrée d'un traitement local, voire général. Réalisée par un opérateur entraîné et ayant une bonne connaissance de l'anatomie du complexe ethmoïdo-nasal, 152 elle permet sans complications rédhibitoires, non seulement une amélioration fonctionnelle considérable, mais surtout le retour à des cavités nasales largement ventilées. Les progrès à venir dans la compréhension des mécanismes de la maladie et dans le développement de nouveaux outils médicamenteux et chirurgicaux devraient permettre d'améliorer la prise en charge thérapeutique, curative mais aussi préventive de la PNS. 153 RESUME 154 RESUME Notre travail présente une étude prospective de 15 patients opérés pour une polypose naso-sinusienne par voie endoscopique endonasale, sur une période de 18 mois de décembre 2006 à mai 2008, au service d’oto-rhino-laryngologie à l’hôpital OMAR DRISSI du C.H.U. HASSAN II de FES. Dans notre série le syndrome de Fernand Widal a été retrouvé dans 33,3% des cas et la maladie de Woakes dans 16,6% cas, l’asthme existait chez 8 patients et le terrain allergique chez 5 malades. 3 patients avaient été opérés au moins une fois, mais seul un cas avait une anatomie architecturale endonasale modifiée. Tous nos patients ont bénéficié d’une ethmoïdectomie fonctionnelle, la surveillance des malades était à la fois clinique et endoscopique, 12 patients ont été suivis avec un recul moyen d’un an, aucune récidive n’a été notée et le résultat concernant la symptomatologie fonctionnelle naso-sinusienne était satisfaisant notamment pour nos patients asthmatiques. L’ethmoïdectomie endonasale qu’elle soit fonctionnelle ou radicale est actuellement le traitement de choix de la polypose naso-sinusienne invalidante résistante aux traitements médicaux. Cependant des progrès plus significatifs sont à attendre dans la recherche de son déterminisme éthiopathogénique et surtout dans la chirurgie guidée et assistée par ordinateur qui devrait augmenter la sécurité de l’ethmoïdectomie endonasale. 155 ABSTRACT Our work provides a prospective study of 15 patients operated for naso-sinusal polyposis by endoscopic endonasal surgery over a period of 18 months from December 2006 to May 2008 in department of oto-rhino-laryngology of C.H.U. HASSAN II of FES. Our series included 33.3% of Fernand Widal syndrome and 16.6% Woakes’ disease. Asthma was present in 8 patients and allergic field in 3 patients.3 patients had been operated at least once, but only one case had an architectural endonasal anatomy amended. All our patients have benefited from a functional ethmoïdectomy. Monitoring of patients was both clinical and endoscopic, 12 patients were followed with an average decline of one year. No recurrence has been noted and the result of naso-sinusal functional symptoms was satisfying particularly for our patients with asthma. The endonasal ethmoïdectomy whether functional or radical, is currently the adequate treatment of the naso-sinusal polyposis which is disabling and resistant to medical treatment. However, more significant progress to be expected in seeking its étiopathogénic determinism, and especially in surgery guided and assisted by computer, which should increase the security of endonasal ethmoïdectomy. 156 ﻣﻠﺨﺺ ﯾﻘﺪم ﻋﻤﻠﻨﺎ دراﺳــﺔ ﻣﺴﺘﻘﺒﻠﯿﺔ ل 15ﻣﺮﯾـﺾ ﺗﻤﺖ ﺟﺮاﺣﺘـﮭﻢ ﻟﺴﺒﺐ داء اﻟﺴﻠـﯿﻼت اﻷﻧﻔﯿﺔ اﻟﺠﯿﺒﯿـﺔ ﻋﻦ ﻃﺮﯾﻖ اﻷﻧﻒ و ﺗﺤﺖ ﺗﻮﺟﯿﮫ ﺗﻨﻈﯿﺮ داﺧﻠﻲ ﺧﻼل ﻓﺘﺮة 18ﺷﮭﺮا ﻣﻤﺘﺪة ﻣﻦ دﺟﻨﺒﺮ 2006إﻟﻰ ﻏﺎﯾﺔ ﻣـﺄي 2008ﺑﻤﺼﻠﺤﺔ اﻷذن واﻷﻧﻒ واﻟﺤﻨﺠﺮة ﺑﻤﺴﺘﺸﻔﻰ ﻋﻤﺮ اﻹدرﯾﺴﻲ ﺑﺎﻟﻤﺮﻛﺰ اﻹﺳﺘﺸﻔﺎﺋﻲ اﻟﺠﺎﻣﻌﻲ اﻟﺤﺴﻦ اﻟﺜﺎﻧﻲ ﺑﻔﺎس .وﻓﻲ ﺳﻠﺴﻠﺘﻨﺎ وﺟﺪت ﻣﺘﻼزﻣﺔ ﻓﺮﻧﺎﻧﺪ ﻓﯿﺪال ﻓﻲ 33.3ﺑﺎﻟﻤــﺎﺋﺔ ﻣﻦ اﻟﺤـﺎﻻت وﻣﺘﻼزﻣـﺔ واﻛـﺲ ﻓﻲ ﺣﺎﻟﺘﯿﻦ وﺗﻮاﺟﺪ اﻟﺮﺑﻮ ﻋﻨﺪ 8ﺣﺎﻻت و اﻻﺳﺘﮭﯿﺎء اﻷرﺟﻲ ﻋﻨﺪ 3ﺣﺎﻻت ﻣﻦ ﺳﻠﺴﻠﺘﻨﺎ ﺳﺒﻖ ﻟﮭﺎ إﺟﺮاء ﻋﻤﻠﯿﺔ ﻋﻠﻰ اﻟﺴﻠﯿﻼت اﻟﺠﯿﺒﯿﺔ اﻷﻧﻔﯿﺔ ﻋﻠﻰ اﻷﻗﻞ ﻣﺮة واﺣﺪة ﻏﯿﺮ أن واﺣﺪة ﻣﻨﮭﺎ ﻓﻘﻂ ﻛﺎن اﻟﺘﺸﺮﯾﺢ اﻟﮭﻨﺪﺳﻲ داﺧﻞ أﻧﻔﮭﺎ ﻣﺘﻐﯿﺮا .ﻛﻞ اﻟﺤﺎﻻت اﺳﺘﻔـﺎدت ﻣﻦ ﻗﻄـﻊ ﻏﺮﺑﺎﻟـﻲ وﻇﯿﻔـﻲ ﻣﻊ ﻣﺮاﻗـﺒﺔ ﺳﺮﯾﺮﯾـﮫ وﺗﻨﻈﯿﺮﯾﺔ ﺑﻌﺪ إﺟﺮاء اﻟﻌﻤﻠﯿـﺔ ﺣﯿﺚ أن 12ﺣﺎﻟﺔ ﺗﻮﺑﻌـﺖ ﻟﻔـﺘﺮة ﻣﺤﺪدة ﻗﺪرھﺎ 12ﺷﮭﺮا ,ﻟﻢ ﺗﺴﺠـﻞ أﯾﺔ ﻧﻜﺴﺔ ﻓﻲ ﺳﻠﺴﻠﺘـﻨﺎ و اﻟﻨﺘﺎﺋـﺞ اﻟﺘﻲ ﺗﺨــﺺ اﻷﻋﺮاض اﻟﻮﻇﯿﻔﯿﺔ اﻷﻧﻔﯿﺔ اﻟﺠﯿﺒﯿﺔ ﻛﺎﻧﺖ ﺟﺪ ﻣﺮﺿﯿﺔ ,وﺧﺎﺻﺔ ﻋﻨﺪ اﻟﻤﺮﺿﻰ اﻟﻤﺼﺎﺑﯿﻦ ﺑﺎﻟﺮﺑﻮ .ﯾﻌﺘﺒﺮ اﻻﺳﺘﺌﺼﺎل اﻟﻐﺮﺑﺎﻟﻲ,ﻛﺎن وﻇﯿﻔﯿﺎ أو ﺟﺪرﯾﺎ ,داﺧﻞ اﻷﻧﻒ ﺗﺤﺖ ﺗﻨﻈﯿﺮ داﺧﻠﻲ ﺣﺎﻟﯿﺎ اﻟﻌﻼج اﻟﻤﺨﺘﺎر ﻓﻲ ﺣﺎﻟﺔ داء اﻟﺴﻠﯿﻼت اﻷﻧﻔﯿﺔ اﻟﺠﯿﺒﯿﺔ اﻟﻤﻌﻘﺪة واﻟﻤﺴﺘﻌﺼﯿﺔ ﻋﻠﻰ اﻟﻌﻼج اﻟﻄﺒﻲ.ﻓﻲ ﺣﯿﻦ ﺗﺮﺗﻘﺐ ﺗﻄﻮرات ﻣﻠﻤﻮﺳﺔ ﻓﻲ ﻣﺠﺎل ﺗﺤﺪﯾﺪ أﺳﺒﺎب ھﺬا اﻟﺪاء ﻓﻲ اﻟﺠﺮاﺣﺔ ﺑﺘﻮﺟﯿﮫ اﻟﺤﺎﺳﻮب اﻟﺬي ﻣﻦ اﻟﻤﻔﺮوض أن ﯾﻌﺰز ﺳﻼﻣﺔ اﻻﺳﺘﺌﺼﺎل اﻟﺠﯿﺒﻲ ﺑﺎﻟﺘﻨﻈﯿﺮ اﻟﺪاﺧﻠﻲ. 157 BIBLIOGRAPHIE 158 1- Lascaratos JG, Segas JV, Assimakopoulos DA. 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